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Les Juifs depuis toujours au Maroc
Le vieux Mogador
Pour ces enigmes, appel aux temoins... La machine a remonter le temps...

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MARRAKECH

Raphael Ohayon et famille a Marrakech en 1928

 

 

Marrakech: "L'HEURE du THE"



Si, chez les Anglais est toujours sacrée l'heure du THE
Au Maroc celui-ci, offert, est une marque d'HOSPITALITE
Que toute personne arrivant, s'empresse d'ACCEPTER
Sans jamais ressentir ou exprimer de CONTRARIETE
A toute heure, chez soi et partout, il y en a à VOLONTE
Si vous êtes de passage ou inconnu, il y en a votre PORTEE
Matin, midi ou soir, pour les enfants c'est la GAITE
Acompagné de pâtisserie ou de baignets dont ils sont GATES
Jamais rassasiées ni de l'amour de Dieu, des parents et celui du THE
Loin de l'alcool et de ses méfaits, on peut en boire à SATIETE
Autour d'un beau plateau on se détend en se servant sans s'AGITER
Quel que soit le niveau de ses moyens, on n'en souffre pas de RARETE
Pendant que l'eau chante dans la bouilleoire, il faut PATIENTER
Car, que ce soit au cours de l'automne, l'hiver, le printemps ou l'ETE
Pour se réunir en amis, c'est agréable de se retrouver en toute SIMPLICITE
C'est toujours profitable et réjouissant, car il se boit en toute SOBRIETE
A la mode Marocaine, parfumé de menthe fraiche dont il est AGREMENTE
En résumé, qu'à tout instant, il n'y a rien de plus convivial qu'un verre de THE.

Lissant le ciel gris et ses CONTRARIETES,
A tire d'aile d'avion, vous êtes PORTES
Vers ciel et soleil d'une unique CLARTE
Vous prodiguant, repos, bonheur et SANTE,
Là ou, accueil, sourire et amitié font "PIETE"
Bien sûr, c'est Marrrakech et son verre de THE.


Je dédie ce témoignage à ma Ville natale, à laquelle,
malgré les distances, je reste attaché. Et d’AJOUTER :
Pour les admirateurs et les amis de cette magique CITE,
Où le froids, l'hivers et le soleil cohabitent sans HESITER,
Avec les couleurs, les valeurs et l'ambiance, tout est VERITE
Et, qu'un seul regret on ressent, au moment de la QUITTER


Décembre 2004
Raphaël Ohayon (78 ans) vivant à Versailles

 

 

 

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LE MELLAH DE MARRAKECH

 

La medina commence par le somptueux spectacle de la foule blanche des citadins et des nomades du desert, Berberes nonchalants portant poignard courbe et manteau de bure noir barre d'un vaste motif rouge.

Tous vont, viennent, deroulant harmonieusement les spirales de leurs groupes d'un bout a l'autre de la place Djama al Fna.

Le Mellah n'a pas cette annonce royale. Il se dissimule derriere des murailles sans caractere. On y entre par une kysaria autrefois couverte qu longent les boutiques des marchants d'etoffes. Les maisons sont lepreuses, le sol boueux ; la salete la plus repugnante a mis ses stigmates sur les choses et sur les gens.

Des etres sans nom passent, dans des vetements sans couleurs ! La lumiere meme en est attristee. Elle n'arrive pas, avec toute sa magie, a parer cette unique desolation.

La laideur physique accompagne cette horreur. Plus on avance dans le Mellah, plus elle s'accuse, plus elle marque cette humanite degeneree qui se traine, pele-mele, livree aux souillures, aux plaies, a tout ce qui peut etre cree de malsain et de repugnant.

Le desordre des foundouks surcharges de marchandises, pleins de vie et d'activite, offre la meme scene. En bas, les parmi les sacs de ble ou de legumes, les pieces d'etoffe, les tas de ains de sucre ; en haut sur le pourtour des galeries, a tous les etages des femmes vetues de haillons.

Plus loin, le marche aux legumes etale dans la boue noire ses denrees. A la sortie du Mellah, les marchands de charbon vendent des navets dont le tas blanc voisine avec les tas noirs.

Dans cette synagogue, cependant, insoucieux de l'hygiene violee, des jeunes gens discutent a perdre haleine les subtilites du Talmud. Assis sur des nattes, ou a demi-couches sur les bans, ils crient gesticulent sans treve.

Les Marrakchis sont d'enrages talmudistes - le Talmud n'est-ce pas le seul livre qui jusqu'au vingtieme siecle ait penetre dans le Mellah ? Comme il y est dit qu'un Juif doit toujours s'instruire, les marchands memes, dans leur boutique, etudient en attendant le client.

Les jeunes gens qui travaillent du matin au soir a cette patiente escrime oratoire sont les savants officiels du Mellah. Ils sont entretenus par les hommes les plus riches de la communaute, afin qu'ils soient leur delegues dans la mission de s'instruire.

Tel Juif qui aura peine toute sa vie dans sa boutique etroite, pour ramasser une grosse fortune, donnera sa fille a ce pauvre etudiant, parce qu'il le sait savant et intelligent ; il le nourrira et le vetira, par orgueil et par admiration pour la Science.

Il faudra avoir assiste a la priere dans la synagogue de Marrakech pour comprendre a la fois l'abaissement et la grandeur morale des Juifs de Marrakech.

La loi reste pour eux, plus encore que pour les Juifs de Casablanca, la grande protectrice, la grande lumiere, la raison ideale de vive. Au jour du Sabbat, ils l'embrassent avec une ferveur ou il y a toutes les marques de l'affection que l'on temoigne a une mere veneree.

La Loi est la seule certitude.

Texte ecrit par Pascale Saisset - Heures Juives au Maroc - (Rieder 1930, pages 139-153)


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Les Lettres de mon Mellah

 (des années 30)

De Raphaël OHAYON.

 

                     Si les écrivains français ont eu leurs  inspirations, les uns au Parc du Luxembourg à Paris, les autres  des vagues de l'océan et de la Manche en Bretagne, ainsi que Pagnol de sa Provence et d'Alphonse Daudet  de Maître Martin et de son Moulin, qui m'aurait inspiré à moi, petit juif exilé, si ce n'est mon Mellah ?

En effet, il fallait être insensible pour ne pas avoir les "tripes" prises par la chaleur torride de l'été, le désespoir de ne pas voir arriver ce Messie tant espéré pour sauver cette pauvre population que, seul leur judaïsme  aidait à mener la vie sereine qui était la leur.

La pauvreté, était leur "métier".
La joie de vivre les Chabatot (les samedis) et les  Mohadim (les fetes juives), ainsi que "hassot rétsone konam" ( pour se conformer à la volonté de leur créateur (*). La joie d'avoir encore un enfant à nourrir, malgré la précarité de leur situation « matérielle ».....

La dignité dans la pauvreté. La pureté des sentiments et l'honnêteté  dans la misère. Que dire de ces hommes et de ces femmes  entassés dans des masures qu'il serait  long  à  décrire ?
Bien évidemment, il y avait des familles aisées, avec des maisons bourgeoises, des enfants bien habillés bien nourris, bien instruits. Mais elles n'étaient pas nombreuses, et avaient aussi des parents pauvres à charge.

Les trois prières journalières étaient pratiquées en Synagogue. L'ambiance de nos fêtes  quels que furent les moyens dont disposaient les uns comme les autres, a toujours été maintenue pour la joie surtout des enfants de tous âges.

Je ne cesserais pas de rappeler que le tableau que je brosse date des années "trente".  Dans tout cela, l'étude de la Torah, pour la majorité, était primordiale, bien que l'illettrisme soit fréquent en raison de l'obligation "de sortir travailler" dès le bas âge.

Par la suite, et c'est  "la  sortie meaféla léora"(des tenebres à la clarte) avec l'arrivée des américains, la possibilité de fréquenter  les établissements secondaires, études supérieures à Paris, et l'éclosion  que nous connaissons .

L'élément étant  "fécond",  et les handicaps écartés, il n'y a eu que le temps de "franchir l'espace" pour arriver même, à occuper des chaires à la Sorbonne.

Ce résumé, de couleurs variées, m'amène à justifier le titre que j'ai choisi pour les quelques pages que  j'écris  et qui seraient :  LES LETTRES DE MON MELLAH.

Pour l'Amour de mes frères et sœurs juifs, où qu'ils se trouvent, avec leurs peines et surtout leurs joies.

La génération actuelle, n'ayant connu que Casa des années folles de l'après guerre, est loin d'imaginer une vie juive au Maroc, telle que je l'évoque. A chacun de fleurir ou de "faner" sa nostalgie.  La mienne, objective et « crue » peut ressembler à  "un relief", telle une sculpture.
 
N’est-il pas souhaité que notre fin soit meilleure que notre début ?

Aussi rendons Grâce au Créateur d’Avoir agit ainsi envers nous.

Raphaël Ohayon natif de Marrakech.

Versailles 26 Novembre 2005.

 

 

(*)Kon’am : leur acquéreur, traduction courante : créateur.                

 

 

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Les anciens de Meknes