Nabi est un nom dérivé du mot hébreu navi qui signifie "prophète" ou "voyant" ; il a été choisi pour définir l'attitude du groupe, dont le soucis était de retrouver le caractère sacré de la peinture. Les influences conjuguées des peintres de Pont-Aven (surtout de Gauguin, dont Paul Sérusier transmet les innovations), du symbolisme (presque tous les nabis sont d'anciens élèves de Gustave Moreau) et des gravures sur bois japonaises, sont déterminantes pour ces artistes qui se regroupent à Paris entre 1888 et 1900, sous le nom de nabi et dont les principaux membres sont Pierre Bonnard, Aristide Maillol, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Félix Vallotton, Paul Sérusier, Paul Ranson et Ker-Xavier Roussel. Le groupe s'est séparé en 1903.
le bateau1894
Les nabis adoptent les cernes sombres, les couleurs en aplats, ils refusent la perspective et privilégient l'arabesque. L'importance accordée à la construction du tableau va de pair avec un goût affirmé du décoratif, qui les mènent à créer des tapisseries, des céramiques ou des décors de théâtre, et également à donner un nouvel essor à l'art religieux (fresques, vitraux, notamment Maurice Denis) et au mysticisme. Le mouvement eut une portée importante dans le domaine de l'art moderne. D'après Maurice Denis : "Une peinture, avant d'être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées"
En 1891, le hollandais Jan Verkad
e et le danois Mogens Ballin s'intégrent au groupe initialement constitué.les sept princesses1892 Jan Verkade
Bien que partageant des convictions communes, les Nabis développent des tendances diverses à l'intérieur du groupe : emploi de la couleur en aplat et des arabesques décoratives chez Denis et Ranson, grâce intimiste chez Bonnard et Vuillard, simplification et observation chez Vallotton… A côté du courant mystique représenté par Sérusier, Denis, Verkade et Ballin, d'autres se rapprochent du milieu de la Revue Blanche dirigée par les frères Alexandre, Alfred et Thadée Natanson.
Édouard Vuillard, décor pour la pièce de théâtre : La Farce du Pâté et de la Tarte, 1892
Tous en revanche participent au mouvement général qui tente de lever la barrière qui sépare l'art décoratif de l'art de chevalet. Ils s'intéressent particulièrement à l'estampe et à l'affiche, collaborent à de multiples journaux et illustrent de nombreux livres. Désireux d'intégrer l'art à la vie, ils créent des papiers peints, des tissus, des tapisseries, dessinent des vitraux, des meubles, des paravents, des décors de théâtres…
Grâce à leur esprit d'ouverture et à leur richesse d'inspiration, les Nabis participèrent à tous les combats de l'avant garde et constituent l'un des mouvements les plus importants et les plus novateurs de la fin du siècle dernier.
De gauche à droite :
Roussel, Vuillard, Coolus, Vallotton