Edward Luttwak, est un économiste et un historien américain. C'est un des spécialistes en stratégie et en géopolitique les plus connus dans le monde.
Il travaille notamment au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington (CSIS) et a publié
Strategy: The Logic of War and Peace[/n], traduit en 14 langues, [b]Le Coup d'État, mode d’emploi, Le Rêve américain en danger et Le Turbo-capitalisme.
Luttwak s'est exprime assez recemment sur les questions politiques qui occupent la scene internationale actuelle et voici ce qu'il dit :
- La Turquie qui jusqu'a il n'y a pas bien longtemps etait consideree comme un pays fort et important, n'arrivera pas a devenir un empire comme ils l'esperent, c'est une fantaisie.
- La Syrie va au devant d'une division
- Le programme nucleaire iranien est tres mal mene par les iraniens eux-memes. Il y a beaucoup de corruption, de depenses et le programme qui a commence en 1985 (28 ans!) est le programme nucleaire le plus lent de l'histoire.
D'autre part, L'armee americaine n'a jamais donne au gouvernement l'option d'une attaque contre ces installations. La decision d'attaquer se trouver seulement aux mains des israeliens.
- Et les Palestiniens ? Ils continueront a craindre l'option d'une independance.
Concernant l'Iraq, Luttwak explique que les historiens ne croiront jamais au fait que l'Iraq a ete envahi par Bush pour y installer la democratie. Cela n'est pas rationnel et les historiens recherchent toujours l'explication rationnelle
Ainsi, ils expliqueront qu'apres l'attaque du World Trade Center, 9/11. les americains accuserent les musulmans de l'attaque et leur reaction fut l'envahissement de l'Iraq,
la chute de Saddam Hussein et le transfert du pouvoir a Bagdad aux mains de Chiites, une action qui a ouvert la voie a une guerre religieuse de 100 ans entre sunnites-chiites.
L'installation de la democratie dans les pays arabes est une leurre et
l'alternative aux dictatures dont s'accommodaient auparavant les americains, sera une anarchie.
En exemple : le "Printemps arabe" a donne en Tunisie un gouvernement faible; en Libye, une direction tenue par des groupuscules ; en Egypte, pas de gouvernement ;
Pour parvenir a l'instauration d'une democratie dans les pays arabes, il faudra encore 200 ans !
Le Ministre des AE turc a affirme l'annee derniere que la Turquie etait un empire succedant a l'empire Ottoman. La realite est toute autre et face a la Syrie qui a reussi recemment a leur faire tomber un avion Phantom, la reaction a ete nulle.
En ce qui concerne les Palestiniens, ils savent que s'ils signent un accord, ils devront rejoindre le monde arabe or, les Palestiniens qui vivent avec les Israeliens ont appris a vivre autrement et ils connaissent la difference.
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Voici ce qu'il dit dans une interview a la "Stampa" en septembre 2012 :
Luttwak: “Nous devons nous retirer du monde musulman, en n’y laissant qu’une présence stratégique minimale pour gérer nos intérêts”. Selon Edward Luttwak, analyste auprès du “Center for Strategic and International Studies”, la vague protestataire de ces dernières semaines sanctionne la fin d’une illusion: “Les néocons ont imaginé que la démocratie arriverait au Moyen Orient dès l’élimination de Saddam et le Président Obama s’est également fourvoyé en croyant que le dialogue la ferait avancer. Du moins, pour le moment, la démocratie n’intéresse pas le monde musulman. Nous devons abandonner nos rêves et nous concentrer, avec réalisme, sur nos intérêts”.
Q.: Que va-t-il se passer dans les pays arabes?
EL: Une explosion généralisée portée par une idéologie anti-américaine et un ressentiment contre les Occidentaux.
Q.: Par quoi aura-t-elle été provoquée?
EL: Par la pauvreté, l’insatisfaction économique, la marginalisation, le sentiment que cette partie du monde va une fois de plus rater le train. La culture judéo-chrétienne dit à ses ouailles qu’en ce monde il faut souffrir parce que la récompense arrivera seulement au paradis. L’islam, en revanche, promet des satisfactions terrestres: dès lors tout échec est inacceptable.
Q.: Donc le “printemps arabe” n’a pas changé les choses?
EL: Il faut que, dans nos têtes, une chose soit bien claire: les manifestations et émeutes ne se sont pas déclenchées parce que les gouvernements en place étaient trop peu démocratiques mais parce qu’ils étaient trop laïques. La famille du Tunisien Mohamed Bouazizi, qui s’était immolé par le feu, a déclaré qu’il avait commis son geste parce qu’il s’était senti outragé quand un fonctionnaire de sexe féminin lui avait refusé une licence. Le problème était donc que Ben Ali avait octroyé trop de charges à des fonctionnaires féminins. Ces révoltes ont donc apporté les élections mais non pas la démocratie. Les musulmans ne s’intéressent pas à une démocratie qui légifère puisque les lois ont déjà été données par Dieu par le biais du Coran. Dans de telles conditions, le vote ne sert qu’aux extrémistes pour arriver au pouvoir avec le soutien d’une majorité de la population.
Q.: Pourquoi avons-nous manqué notre appui à ce “printemps”?
EL: Nous avons commis plusieurs erreurs: avoir envahi l’Irak, avoir cru au “printemps” et avoir aidé les opposants libyens à renverser Khadafi. Quand celui-ci favorisait des attentats et cherchait à se doter d’armes de destruction massive, alors, oui, il aurait été juste de frapper. Mais une fois qu’il y avait renoncé et qu’il s’occupait de ses propres affaires, il fallait le laisser tranquille à son poste.
Q.: L’attaque de Benghazi était-elle prévisible?
EL: Tous savaient qu’à Dernah les hommes d’Al-Qaeda circulaient ouvertement sans se cacher, en plein jour.
Q.: Alors, aujourd’hui, que doivent faire les Etats-Unis?
EL: Parachever le retrait hors d’Afghanistan, éviter d’intervenir en Syrie, supprimer les aides économiques et toute implication dans les affaires de la région. Pendant quelques temps, il faut laisser les musulmans régler leurs comptes entre eux.
Q.: Et ainsi on ne risquera plus de subir des attentats en Occident...
EL: Nous devons certes maintenir une petite présence stratégique et ne frapper que lorsque nous prenons connaissance d’un camp d’entraînement ou que nous avons un affrontement direct avec des groupes terroristes. Nous prendrons le pétrole où nous le pourrons, par exemple en Arabie Saoudite. Nous devons aussi développer nos propres ressources énergétiques et veiller à nos seuls intérêts.
(entretien repris sur [
www.ariannaeditrice.it] en date du 21 septembre 2012).