La contestation de l'été 2011 ou la révolte des tentes
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gerardrouah.wordpress.com]
Tout a commencé un 14 juillet, alors qu'à Paris on fêtait la prise de la Bastille. Daphna Leef une jeune femme de 25 ans, réalisatrice de vidéo, déclenche le départ en installant la première tente de protestation sur le terre-plein du boulevard Rothschild à Tel-Aviv, pour dénoncer la flamblée du prix des logements qui a grimpé en moyenne de plus de 60 % en quatre ans alors que les revenus des classes moyennes stagnent.
4 tentes, 8 tentes, 32 tentes.... très vite le mouvement avec l'appui des médias prend de l'ampleur dans toutes les villes en Israel. La vague de contestation ne cesse de s'amplifier et de manifestation en manifestation, de samedi soir en samedi soir le nombre de manifestants pour une justice sociale augmente exponentiellement jusqu'à 450,000 personnes (pour 7 millions d'habitants ce qui équivaut à une manifestation de plus de 4 millions de personnes à Paris !).
Ce ral'bol est avant tout un bol d'air pour la société israélienne, le paradoxe d'un pays en forte croissance qui ne voit pas baisser le nombre de ses pauvres, on y denonce d'une maniere catégorique et radicale le néolibéralisme. Le slogan majeur, absolu, est partout :
le peuple veut la justice sociale.
Une part grandissante de la population israélienne prend conscience du fait que les réformes ultra-libérales menées par les différents gouvernements depuis le début des années 2000 sapent l'un des piliers du sionisme : la justice sociale.
Aspiration suprême de tous ces jeunes, de toutes ces familles qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois:
PLUS de justice sociale.
Ce pilier de la société israélienne porte l‘essentiel du fardeau des obligations citoyennes vis-à-vis de l'Etat - travaillant, payant les impôts et servant dans l'armée. Ils réclament de nombreuses mesures: construction massive de logements pour offrir des locations à bas prix, hausse du salaire minimum, taxes sur les appartements inoccupés et école gratuite à tout âge.
Bref, un retour vers le lointain et impossible Etat providence que leurs parents ont vécu et connu, un Eldorado inaccessible !
Quand un directeur gagne sans honte des millions et n'offre à ses employés que des salaires de misère, quand les grands patrons de l'économie - 18 familles ne cherchent que la maximalisation de leurs profits alors on vit le capitalisme sauvage.
Aujourd'hui on démantèle les tentes: les purs et durs sont menés par Daphni Leef, cette jeune femme qui a tout déclenché en installant la première tente de protestation, devenue le symbole de la lutte.
Face à elle, Itzhik Shmuli, le dirigeant de l'Union des étudiants, représente les réalistes plus «politiques» pour qui la rue a créé un rapport de force favorable à l'ouverture d'un dialogue avec le gouvernement car dans une démocratie, le changement est impossible sans passer par le travail politique, la compétition électorale et la voie parlementaire.
Le pouvoir économique fait pression sur le pouvoir politique mais l'été israelien a fait marque, le mouvement des jeunes a imprégné les mentalités.
On ne peut que les applaudir, ils veulent avoir accès à un logement décent.
On ne peut que les appuyer, ils réclament moins de capitalisme sauvage et plus de justice sociale (on est loin du socialisme).
On ne peut qu'espérer qu'ils reussissent car ce serait un mouvement qui se propagerait à l'Europe pour revenir 25 ans en arrière lorsque l'humain avait encore priorité sur le capitalisme.
Oui pour un monde plus attentif à l’humain !