Il n'y a pas de solution militaire, par David Grossman
17 aout 2014
[
gerardrouah.wordpress.com]
Il n'y a pas de solution militaire.
Il n'y a pas de photos de victoire dans cette guerre, d'aucun côté. Il n'y a pas de photos de victoire, il n'y a que des images de destruction de morts et de souffrances que l'on ne peut décrire.Â
Chaque image de cette bataille abjecte est en fait l'image d'une défaite profonde des deux peuples, qui après cent ans de conflit ne sont en mesure de parler avec l'autre presque uniquement que dans le language de la violence.Â
Dans ces  circonstances et dans les limites actuelles, les limites de la force, les limites morales, et les limites de la pression internationale,
il n'y a pas de solution militaire au conflit entre Israël et le Hamas.
Il n'y a pas de solution militaire qui mettra un terme aux souffrances des habitants du sud du pays et aux terribles angoisses qu'ils vivent, et il n'y a pas de solution militaire à la détresse des Palestiniens dans la bande de Gaza.
En d'autres termes: tant que que ce ne sera pas résolu la sensation d'étouffement des habitants de Gaza, nous aussi en Israël nous ne seront pas en mesure de respirer librement, nous ne pourrons pas respirer a plein poumon.
Donc, dans le cadre de la négociation qui reprendront demain déjà au Caire et après qu'Israël insistera, comme il se doit, sur ses besoins sécuritaires  essentiels afin que les résidents de Sderot et Nahal Oz puissent vivre en paix et en securité  et après qu'Israël exigera du Hamas de s'engager à cesser les actions de guerre contre elle et des préparatifs de guerre pour l'avenir, Israël doit faire aux Palestiniens dans la bande de Gaza des offres significatives et généreuses. Pas un accord limité et local avec un cessez le feu mais une offre généreuse d'un changement entre les belligerants.
Un grand programme généreux avec de réelles offres pour l'amélioration de vie des résidents de la bande de Gaza, et ce, pour faire revivre en eux l'espoir d'un avenir meilleur et les encourager a des sentiments respect de soi et de respect humain.
Si aujourd'hui les habitants de Gaza sont momentanément des ennemis, ils seront pour toujours nos voisins et cela a une importance capitale car leur chute n'est pas forcement notre victoire et leur bien est finalement notre bien.
Immédiatement après que le cessez-le-feu sera stabilisé, Israël et l'Autorité palestinienne, qui est représentée par le gouvernement palestinien d'union nationale élaboreront des conversations directes pour apporter la paix entre les deux peuples.
Cela doit se faire sans hésitations, sans mais, sans peut-être, une déclaration d'intentions claire et des deux côtés, israélien et palestinien. Si Israël ne le fait pas, il y aura donc une explication unique: qu'Israël préfère la certitude des guerres aux risques des concessions de la paix. Et nous saurons également que le dirigeant d'Israel aujourd'hui n'est pas disposé à suivre le chemin de la paix parce qu'il craint d'en payer le prix, principalement du retrait de Cisjordanie et le prix de l'évacuation des implantations.
Les problèmes sociaux, la rancoeur due à la pauvreté, le racisme, la corruption des politiques … sont les tunnels qui sont en train de miner la fragile démocratie israélienne, risquant de transformer en un temps très court, plus court qu’on ne l’imagine, un pays avancé tourné vers l’avenir en une secte extrémiste, militante, détestant les étrangers et refermée sur elle même.
PS[1]: tiré du discours de David Grossman sur la place Rabin le 16 aout 2014
PS[2]: désolé pour ma traduction un peu boiteuse, mais ici ce qui compte c'est l'idée de paix en pleine guerre
PS[3] Ecouter son discours en hébreu sur le site Ynet: [
www.ynet.co.il]