Robert LEVY : Un homme d’exception
parNathalie Elgrably
Que tous ceux qui s'occupent de la collectivité le fassent au nom du Ciel, car le mérite de leurs pères les aide ainsi que leur vertu qui subsiste à jamais. Et vous, Je vous accorderai une récompense aussi importante que si vous aviez accompli
(le reste) Pirqé Avot Chap 2, 2.Il ne t'incombe pas de terminer le travail, mais tu n'es pas libre de t'en dispenser; Pirqé Avot Chap 2, 16.
Lorsque j’ai rencontré Robert Lévy pour la première fois en 1987, j’ai immédiatement compris qu’il avait l’âme d’un bâtisseur, le flair d’un visionnaire et la détermination d’un battant. Puis, en 1995, alors que j’intègre, - par alliance - la famille Lévy, j’ai pu découvrir et apprécier non seulement ses qualités humaines et sa magnanimité, mais également sa soif insatiable d’idées pour préserver, promouvoir et améliorer la vie juive à Montréal. Et si le temps n’a jamais eu raison de cette quête perpétuelle, c’est parce que Robert Lévy montre une capacité de résilience exceptionnelle. Il persévère là où beaucoup auraient renoncé. Il reste serein devant les obstacles, et use de patience et de finesse pour les abattre un à un. Et à en juger par son parcours impressionnant, on peut certainement tirer des leçons de son approche.
Robert Lévy s’implique dans la communauté juive dès son arrivée au Canada en 1970. Fort d’une expérience de plus de 15 ans dans l’organisation d’activités communautaires au Maroc et en France, Robert Lévy, aussi connu par son totem scout «Héron consciencieux. Engagé par Jean-Claude Lasry, il devient le premier directeur général de l’Association sépharade francophone (ASF), située autrefois sur la rue Lucerne. Il collabore à la publication du journal Présence (qui deviendra plus tard la Voix Sépharade), et en assume le rôle de rédacteur en chef. Déterminé également à permettre aux enfants juifs de se retrouver et de se divertir tout en respectant les commandements de la Tora, Robert Lévy crée, dès 1972 et en compagnie de son ami de longue date Armand Elbaz, la 224e sépharade, le premier groupe de scouts juifs affilié à l’Association des Scouts du Canada, qui, plus tard fut transférée au Centre Communautaire juif (CCJ). Cette initiative a permis à beaucoup de jeunes d’exprimer leur judaïsme et de vivre des expériences qu’ils se remémorent encore aujourd’hui avec émotion et nostalgie. Simultanément, il participe à l’organisation de la première Marche vers Jérusalem, il importe à Montréal le concept des hiloulotes, contribue à la réalisation de pièces de théâtre, assume la présidence du Comité de parents de l’école Maïmonide et crée le Journal Parent Thèse, un journal destiné aux parents des enfants fréquentant cet établissement.
À la même période, Robert Lévy prend une initiative importante. À l’époque, la Bérit Mila (circoncision) était réalisée à l’hôpital. Mais, en collaboration avec son ami Shalom Delmar, il remet à l’ordre du jour la célébration de la circoncision dans les synagogues et l’usage du Kissé Eliyahou.
Puis, face à la croissance rapide de la population sépharade, il devient évident que l’ASF ne répond plus aux besoins de cette jeune communauté. Robert Lévy propose alors la création de la Communauté sépharade du Québec, et bataille pour trouver le financement nécessaire à son existence. Il se révèle alors être une locomotive tant il entreprend de projets. Notamment, il est l’architecte, avec M. Yossi Lévy, des deux premières Semaine Sépharade.
Infatigable et déterminé, Robert Lévy fonde, en février 1975 le Rabbinat Sépharade du Québec, qui deviendra plus tard le Grand Rabbinat du Québec, une entité vouée à assurer la direction spirituelle et religieuse des séfarades du Québec. À la même période, Robert Lévy fonde la synagogue Beth Rambam, jadis située au coin des rues Victoria et Chemin de la Côte-Sainte-Catherine, dont il transmet la charte de la synagogue, des bancs et un Séfère Tora à M. Perez qui en assure la continuité à Côte-St-Luc, puis, en collaboration avec Madame Elka Palombo Z.L., il crée le Club sépharade de l’âge d’or. Il met également en train plusieurs offices des fêtes de Roche Ha-Chana et Yom Kippour à travers le Grand Montréal.
En août 1978, la CSQ convoque l’ensemble des synagogues et centres communautaires de Montréal, réunion tenue dans les locaux de la synagogue Maghen David, située rue Darlington, tous les responsables décident conjointement et unanimement de confier la direction spirituelle au Rabbin David Sabbah domicilié au Maroc. Jack Delmar Z.L., président de la CSQ, confie à Robert Lévy le mandat de rédiger un contrat en vue d’engager le Rabbin Sabbah en qualité de Grand Rabbin, cette tâche fut accomplie avec l’aide d’un jeune avocat Me. Henry Simon.
Grâce à la contribution notable de Mardoché Lévy, Robert Lévy coordonne la construction du Centre séfarade Maghen David avec Dan Muyal, architecte et Léon Hazan entrepreneur, cet édifice deviendra le siège social du Grand Rabbinat.
Au début des années 1980, il réalise avec Charles Lugassy et Charles Barchechath l’émission de télévision Or Ha-Hayim, diffusée sur les ondes du canal communautaire, et il assume les rôles de rédacteur en chef et de concepteur pour le Magazine Kol Yaâcov. Puis, dans un autre registre, Robert Lévy fait évoluer l’organisation vouée à l’accompagnement des défunts vers une entité légale dotée d’un corps administratif bien articulé. C’est ainsi qu’en 1983, il fait naître officiellement la Confrérie du dernier devoir, mieux connue sous le nom de Hevra Kadisha Hessed Veemet, qui s’occupe des funérailles selon les spécificités séfarades, il édite en 1995 en collaboration de M. Nessim Bouzaglo et Aaron Bensimon, Ahavat Hesssed Veemet, le Manuel destiné aux professionnels de la Confrérie du Dernier Devoir.
En 1979, Robert Lévy accepte la direction du Grand Rabbinat du Québec en plus d’agir à titre d’officier d’état civil. Mais, surtout, il entreprend de venir en aide aux femmes dont le mari refuse de donner le Guèt (divorce religieux). En 1979, en collaboration avec le Grand Rabbin David Sabbah, il soumet au Gouvernement du Québec le premier mémoire en ce sens. Par la suite, d’autres entités ont pris la relève du dossier et, en 1990 un amendement est finalement apporté à la loi sur le divorce.
Son travail ne s’arrête pas là. Soucieux de permettre à sa communauté de respecter les principes de la diététique juive et les Halakhot séfarades qui s’y rattachent, Robert Lévy a mis sur pied un département de Kacheroute, et a introduit l’estampille KSR sous laquelle opèrent de nombreux restaurants et un nombre croissant de salles de fêtes.
Toujours dans le cadre de ses fonctions au Grand Rabbinat, Robert Lévy a mis au point en adaptant les règles de translittération permettant la transposition d'un texte en hébreu en caractères latins et à l’usage des francophones. Mais surtout, il est l’architecte d’une entente historique avec l’Université Laval pour ouvrir le premier département de Théologie juive. Cette association a duré une décennie et a permis à plus de 150 étudiants de décrocher un Certificat ou un Baccalauréat délivré par l’Université Laval.
Finalement, qui ne connait pas Radio Shalom ? Tous les juifs de Montréal sont heureux de pouvoir écouter une station de radio qui offre un contenu unique et multilingue auquel ils peuvent s’identifier. Aujourd’hui, le 1650 AM nous renseigne, nous divertit et nous instruit. Or, il faut savoir que ce petit bonheur que nous nous offrons chaque fois que nous allumons notre radio a été rendu possible grâce au travail de Robert Lévy. Radio Shalom est la concrétisation de la vision et des efforts d’un seul homme dont l’énergie n’a d’égale que sa persévérance.
En compagnie d’Éric Aouizerats, Robert Lévy assume la responsabilité de l’émission Chalom-Horizon-séfarade sur les ondes de Radio Ville-Marie, dont le principal animateur fut Solly Lévy, qui, grâce au sérieux et à la richesse de sa programmation, incite la direction de Radio Ville-Marie à leur offrir en 1999 la possibilité de diffuser une programmation juive 24/24. Après avoir commencé à diffuser sur le canal secondaire du 91,3 FM SCA Robert Lévy entreprend une demande de licence de radiodiffusion auprès du C.R.T.C. La difficulté de la démarche ne l’effraie pas, et les revers ne le découragent pas, et il obtient finalement la licence tant convoitée, en mars 2006. Mais le périple ne fait alors que commencer, car tout est à faire. Il a démarré sans financement, sans infrastructures et sans équipe. Trois ans plus tard, il a relevé tous les défis et dirige maintenant une station de radiodiffusion qui reflète l’âme de la communauté juive de Montréal.
Grâce aux encouragements et au soutien indéfectible de sa femme, Esther, et des enfants, Laurence, Serge et Patrick Robert Lévy a consacré 40 ans à notre communauté. Il a réussi de grandes choses avec très peu de moyens financiers, mais une passion infinie, faisant ainsi mentir quiconque subordonne la réussite à l’argent. C’est un pionnier multidisciplinaire exceptionnel. Et même s’il est le cerveau et le maître d’œuvre incontesté de nombreuses réalisations, il reste humble et modeste. Autant de qualités qui font de Robert Lévy un homme d’exception !
Les témoignages qui suivent de la part de ses compagnons de route rendent hommage à sa remarquable contribution :
« Robert Levy achieved the impossible -- the only Jewish radio station in North America. As an early follower -- a hearty mazeltov! » Stanley Asher, retired college teacher.
« Il existe des associations d'idées tellement évidentes que nous les prenons pour acquises de façon permanente. Pour moi, le parfait exemple est Robert Lévy- Radio Chalom. » Julien Bauer, professeur à l’Université du Québec à Montréal.
« Robert Lévy, tu as toute mon affection et toute mon admiration. Mon affection, parce que je n'oublierai jamais que la période la plus triste de ma vie, toi et Esther, avez été si généreux de votre temps et de votre chaleur fraternelle. Mon admiration, parce que tu as des idéaux juifs, tu y as tenu, tu les as réalisés avec courage, calme et sans jamais fléchir. » Dr. Jean-Charles Chebat, professeur titulaire, Chaire de recherche ECSC, Hec, Montréal.
« Robert Lévy appartient à une génération où l'idéal et l'intégrité communautaire sont vécus sans compromis ni intérêts personnels. Son dévouement n'a d'égal que sa passion pour le travail bien fait. » Sidney Elhadad, président fondateur de la Yéchiva Yavné.
« Parmi toutes les personnes que j’ai rencontrées dans ma vie, de certaine ce fut un plaisir, et pour de très rares ce fut en plus un honneur. C’est le cas de Robert Lévy. Il vous reçoit comme un fils, et vous parle avec calme et intelligence, tout simplement un homme, un vrai. » Felix Gray, auteur, compositeur.
« Robert Lévy est un homme intègre, sage, patient, persévérant, qui reste calme même lorsqu'il y a des problèmes. Il est un flambeau dans la communauté juive et un grand ambassadeur de paix auprès des autres communautés. » André Joly, Président directeur-général, La Radio Gospel, Communications Média Évangélique.
« Robert Lévy est un homme d'ouverture, et, paradoxalement pour un homme de radio, il écoute plus qu'il ne parle, et est à mes yeux une référence morale incontournable. » Eric Le Ray Ph.D. Président-fondateur Société EPC @ Partners Electronic Paper.
« La plus héroïque des aventures collectives de la communauté juive du Canada a été la création de Radio Shalom Montréal. Bravo Robert Lévy, visionnaire infatigable ! » Solly Lévy, écrivain, comédien et humoriste.
« Robert est un communautaire. Authentique et désintéressé. Le seul qui ait fait passer les besoins de la communauté avant les siens. Aucune recherche de prestige. Ni de gloire. Ni de médaille. Alors qu'il en aurait mérité plus d’une. » Charles Lugassy.
« Robert Lévy est non seulement un gentlemen, c’est l’âme de Radio-Shalom. C‘est grâce à lui que les juifs de Montréal ont une radio! » Michel Mathieu, Consultant en radiodiffusion
« Robert est homme de réflexion et d’action; plus on cherche à le diaboliser, plus il réalise des projets communautaires. Toujours en avance d’une réalisation. C’est le moins qu’on puisse en dire ! » Grand Rabbin David Sabbah.
« Robert est une inspiration et un modèle de détermination et de générosité. Jamais il n'a baissé les bras et a travaillé sans relâche pour le bien de sa communauté. Il a incarné la paix et harmonie autour de lui. Robert est définitivement un de nos grands citoyens du Québec. Merci mon ami Robert. Notre Grand Patron doit être fier de toi. » Marc Savoy,
savoymedia@ca.inter.net.
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