Sdérot : la face cachée d’une enfance brisée
pour se mettre à l’abri, les enfants ont entre 0 et 15 secondes
( Les personnes âgées aussi )
A l’approche des examens de la fin de l’année scolaire notre attention va aux enfants de Sdérot, ville où il est impossible d’y vivre, de sortir, de s’amuser, impossible d’avoir une enfance normale et où le quotidien est dirigé par les bombes, la peur et l’angoisse.
Jusqu'en avril 2001, Sdérot était pourtant une ville très calme et, soudain, un premier missile a atterri. Et, tout d'un coup, les Israéliens ont découvert qu’ils sont situés à moins d'un kilomètre d’un ennemi impitoyable qui va les empêcher de vivre normalement sur leur sol.
Depuis, plus de 6000 missiles ont atterri à l'intérieur de la ville. Des dizaines de personnes ont été tuées par ces tirs.
Mais parmi les faces cachées de cette guerre,,c’est la souffrance silencieuse des préjudices psychologiques provoqués sur une population – surtout aux enfants - soumise à la peur quotidienne ou au bruit incessant des explosions.
Aujourd’hui donc tous nos regards vont vers les enfants de Sdérot meurtrie par la barbarie terroriste de leurs voisins criminels. Les “Quassam”, ces missiles artisanaux qui se perfectionnent de jour en jour tant en portée qu’en charge destructive dégrade chaque jour un peu plus l’état psychologique des enfants, des parents et même des enseignants.
Des milliers et des milliers de personnes souffrent actuellement de post-traumatisme: les petits enfants refusent de sortir après le coucher du soleil, les élèves ne sortent plus dans la cours de recréation et les instituteurs eux-mêmes craquent parfois, et n’ont pas toujours les outils pour répondre aux situations.
Chaque Quassam tiré sur Sdérot a un effet désastreux sur la morale des gens qui font des cauchemars ou n'arrivent pas à dormir... Les courses aux abris sont quotidiennes et les habitants de la région désespèrent de l'arrêt des tirs de roquettes sur leurs têtes.Un stage dans le sud d'Israël permettra pourtant, à chacun de nous, de voir la souffrance de ces gens qui reçoivent tous les jours des dizaines de bombes et malgré tout ils continuent de travailler, d’étudier, d’essayer de vivre etc.Les conséquences les plus lourdes -et certainement les moins connus- des tirs des roquettes demeurent donc les impacts psychologiques gravissimes et leurs menaces permanentes à longues durées sur la morale des israéliens comme aucun conflit n’en a jamais fait connaître à des citadins ! Les habitants de Sdérot, dont les plus jeunes, en resteront marqués à jamais.Les enfants sont traumatisés par les bombardements quasi-quotidiens. La population, intimider sans riposte, souffre aujourd’hui de stress post-traumatique. Cette pathologie, fréquente chez les vétérans de guerre et les victimes de violence et de terrorisme, est caractérisée -par l’illusion d’une récurrence des événements traumatisants, une réaction exacerbée aux stimuli (bruits, sirènes, explosions…) et de l’anxiété.Depuis 7 ans les habitants de Sdérot n’ont qu’un seul réflexe : tout le monde a quinze secondes pour rejoindre les abris après chaque sirène .Pour eux c’est tous les jours l’Intifada. Chaque matin ils se réveillent avec les sirènes et ils comptent les Quassam et les victimes des Quassam.C’est toute une population, des familles, des femmes et des enfants qui ne dorent plus la nuit. Au moins 75 pour cent des enfants de Sdérot âgés de quatre à 18 ans présentent des symptômes de stress post-traumatique qui se manifestent notamment par des troubles du sommeil et une grande anxiété, selon les conclusions d’une étude publiée au mois de janvier 2008 (1).
Environ 28 pour cent des adultes souffrent de troubles de stress post-traumatique. L’étude révèle par ailleurs que ces troubles affectent beaucoup plus les enfants, qui souffrent de cauchemars, de perte d’appétit et de problèmes de concentration à l’école. Cela n’a rien d’étonnant, puisque les roquettes sont souvent tirées tôt le matin, lorsque les enfants se rendent à l’école.
Chaque fois qu’un tir de roquette déclenchait l’alerte – le tristement célèbre « Tseva Adom » (« couleur rouge »), diffusé par haut-parleurs – les enfants couraient pour se mettre à l’abri. Ils ont entre zéro et 15 secondes ; c’est le temps nécessaire qui sépare entre la vie et la mort à Sdérot pour trouver un abri (2). Il sera ainsi difficile de soigner les enfants dans les circonstances actuelles car les roquettes continuent de tomber. Les élèves de Sdérot ne pourront se rendre à l’école à pied sans craindre les tirs de Quassam.
La situation à Sdérot reste très frappante. Les centaines d’attaques à la roquette lors des trois derniers mois ont mis une pression énorme sur tout le monde notamment les enfants. Les préjudices psychologiques sont devenus visibles :
- des traumatismes à répétition qui engendrent des symptômes qui peuvent être conservés toute une vie ou ressurgir des années plus tard;
- des problèmes de développement personnel et d’évolution physique et intellectuelle;
- des problèmes affectifs dus à des familles éprouvées par la situation de tension perpétuelle qui perturbent autant les familles que les couples dans leurs relations au quotidien.
- des retards scolaires, de compréhension, de concentration et d’assimilation du matériel scolaire.
Les bombardements provoqués sur une population civile soumise à la peur quotidienne ou au bruit incessant des explosions a engendrer l’ouverture de milliers de dossiers en psychiatrie (3).Les maladies psychosomatiques sont légion.
Il y’a aujourd’hui une nécessité de soutien psychologique pour les enfants, les parents et même les enseignants.
Il ne faut pas perdre de vue que Sdérot est une ville relativement pauvre et dispose de ressources financières faibles. Les postes de psychologue scolaire manquent cruellement et l’absence de moyens stimulants pour attirer les psychologues est persistante .En plus, ça reste toujours difficile de faire venir des gens pour travailler dans une ville bombardée.
Malgré les efforts faisant venir des psychologues des kibboutzim et localités de la région, les psychologues et les conseillers en éducation manquent au renfort pour aider les enfants.
En cette période des examens de fin d’année, il est pourtant besoin d’organiser des activités éducatives au sein des classes pour remonter la morale des enfants ainsi que des excursions à l’extérieur de Sderot. Signalant aussi que certaines classes de première et terminales ont été transférées à Beer Seva afin de ne pas interrompre trop longtemps la préparation du baccalauréat.
Les conditions du déroulement des examens dans cet environnement demeurent difficiles. Il faut donc se comporter en conséquence, car l’état psychologique des enfants de Sderot relève d’une situation d’urgence.
Il faudrait penser à long terme à trouver une plateforme d’aide et de réadaptation pour les enfants et adolescents touchés par le terrorisme à Sdérot. Le rôle du Président de la Commission de l’Education de la Knesset serait le bienvenu dans ce sens.
Victimes des tirs incessants de Quassam, les enfants de Sderot sont exposés à une guerre d’usure qui ne cesse de se prolonger. Ces enfants, contrairement aux autres, vivent des moments dramatiques. Ils sont dans une situation psychologique terrible et les tirs quotidiens de Quassam, par les terroristes palestiniens, ont transformé ce qui devrait être les plus beaux moments d’une vie en véritable cauchemar.
Devant ces enfants qui souffrent du terrorisme quotidien des assassins du Hamas, nous faisons part de notre émotion, et surtout de notre volonté d’agir en faveur de la population qui vie dans la peur constante des roquettes.
Laisser dépérir Sdérot, c’est compromettre Israël tout entier, car c’est l’objectif des ennemis d’Israël est clair : saper le moral en empêchant les israéliens de vivre normalement sur leur sol et repousser chaque jour un peu plus la zone frontalière en danger.
souhailftouh@hotmail.com
(1) L’étude réalisée par Natal, le Centre israélien de traitement des traumatismes chez les victimes du terrorisme et de la guerre, est fondée sur une enquête représentative.
(2) Durant chaque alerte qui dure 15 secondes, les enfants s’enfuient vers les “miklatim”, les abris prévus à cet effet (quand ils existent et sont équipés correctement) en laissant au sol leurs cartables. Pendant ce temps les habitants stressent et déclenchent les appels par les cellulaires miraculeux…jusqu’à ce que le réseau sature et les appels ne passent plus.
(3) Selon le docteur Adriana Katz, du centre de traitement post-traumatique de Sdérot, il y’a 3 500 dossiers en psychiatrie, pour une ville de 22 000 habitants (journal le Monde du mercredi 20 février 2008).
Léon