Re: La France améliore son image en Israël
Posté par:
suzanne (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2006 : 17:37
Hezbollah : le perpétuel sursis de Chirac
Pour beaucoup d’observateurs, Jacques Chirac a considérablement évolué dans son approche des problèmes qui frappent le Proche et le Moyen-orient. On a cru lire, dans ses dernières prises de position, une nette inflexion donnant l’impression qu’il a enfin pris la mesure du pouvoir de nuisance du chiisme politique et du terrorisme d’Etat de l’Iran et de la Syrie.
Il s’agit malheureusement, non pas d’une adhésion du chef de l’Etat français à une éthique retrouvée, mais bel et bien de l’obéissance à une realpolitik nouvelle et tout aussi aventureuse que la précédente.
La réalité est que les tensions internationales suscitées par l’Iran, à propos de son programme nucléaire à vocation soi-disant civile, ont provoqué la formation de blocs d’intérêts antagonistes à l’échelle mondiale. L’un d’eux, opposé à l’hégémonisme iranien, est constitué de ce que l’on pourrait grossièrement appeler le conglomérat sunnite où l’on retrouve des alliés traditionnels de la France, notamment les monarchies pétrolières qu’on ne saurait caresser autrement que dans le sens du poil.
Par ailleurs, les maladresses d’un jeune président syrien pas très malin et inexpérimenté ont provoqué un clash brutal autant qu’inattendu avec la France. Cette dernière, du fait de ce différend, avait même contribué, en accord avec les États-Unis, à l’élaboration de la résolution 1559 qui a été la base onusienne ayant permis l’évacuation des troupes syriennes du Liban. La France s’était pourtant fort bien accommodée de cette occupation du temps d’Hafez el Assad et n’aurait certainement pas risqué de torpiller ses relations avec le vieux Raïs syrien avec une telle résolution. Comme quoi le cours de l’Histoire tient parfois à peu de choses…
Ce sont là les deux raisons principales qui ont permis la légère déviation de l’axe de la politique étrangère française qui passe désormais par Riyad et Le Caire en prenant soin d’éviter Téhéran et Damas.
Mais pour l’essentiel, la vision de Jacques Chirac n’a pas évolué du tout. Homme de gauche contrarié, gaulliste par accident, dénué de convictions marquées, ballotté entre les influences altermondialistes et les intérêts mercantiles de la France, ses positions restent très éloignées de celles que devraient avoir le chef d’Etat charismatique de la plus importante nation politique européenne. On est à mille lieues des positions très fermes des diplomaties américaine et britannique qui n’hésitent pas, elles, à appeler un chat un chat, en désignant bien le Hezbollah comme l’organisation terroriste responsable de l’escalade de la violence qui sévit en Israël et au Liban.
Chirac continue de se perdre en circonlocutions et s’obstine à vouloir, à tout prix, sauver le Hezbollah. Dans une interview accordée au Monde du 27 juillet 2006, il s’entête
: "Le Hezbollah est actuellement dans le gouvernement libanais. On peut très bien imaginer, en tout cas souhaiter, que le Hezbollah tire les conséquences de sa présence même au sein du gouvernement, et qu'il se transforme en force politique. D'où la nécessité qu'il y a à avoir un minimum de contacts entre le gouvernement libanais et le Hezbollah. Le Hezbollah, désarmé, a une vocation à être une force politique au Liban."
Force politique ? Une cohorte terroriste dont le but ultime et irréductible est l’éradication d’Israël ? En quoi le Liban aurait-il besoin d’une telle "force politique"? Ne serait-il pas judicieux de tout faire pour que cette organisation disparaisse ? Il s’agit même là du souhait consensuel de la plupart des pays arabes, de la plupart des nations occidentales, même de la plupart des Libanais s’ils ne craignaient pas de s’exprimer librement. Mais pas de Jacques Chirac…
Le Hezbollah a beau marteler qu’il n’a qu’un but et un seul, la disparition de l’Etat juif, Chirac s’entête à lui trouver "une vocation politique". Un peu comme si on voulait sans cesse donner sa chance à un tueur en série, refuser de le mettre hors d’état de nuire et lui accorder un sursis perpétuel alors qu’il vocifère pourtant son désir de tuer encore et toujours.
Notre Président est-il dupe de la dichotomie affichée entre la branche sociale et la branche militaire de cette milice ?
A-t-il oublié que les SS avaient eux aussi leurs œuvres sociales ? Aurait-il fallu, au nom de l’existence de crèches nazies, hésiter à extirper le totalitarisme hitlérien d’Europe ?
À chaque époque ses grandes figures :
Aux années 40 : Roosevelt, Churchill, de Gaulle.
Aux années 2000 : Koffi Annan, Romano Prodi et Jacques Chirac…
Jean-Paul de Belmont © Primo-Europe, 27 juillet 2006