SAINT-PETERSBOURG, Russie (Reuters) - Jacques Chirac a estimé lundi que l'arrêt des hostilités entre Israël et le Hezbollah passait par l'application intégrale de la résolution 1559 de l'Onu, qui prévoit le démantèlement de la milice chiite, si nécessaire par des "moyens de coercition".
Le président français a défendu à cet égard le déploiement d'une force internationale au Liban qui serait chargée de garantir la sécurité des frontières et serait investie d'une mission "de répression le cas échéant".
"J'ai indiqué hier (dimanche) à tous nos partenaires combien il était essentiel que la résolution 1559 du Conseil de sécurité (...) soit appliquée intégralement", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse au terme du sommet du G8, à Saint-Pétersbourg.
La résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'Onu, adoptée en septembre 2004 sous l'impulsion de la France et des Etats-Unis, a mis fin à l'occupation syrienne au Liban.
Elle appelle en outre au démantèlement et au désarmement des milices sur le territoire libanais, en l'occurrence le Hezbollah, soutenu par Téhéran et Damas, qui a capturé deux soldats israéliens et multiplie les tirs de roquettes sur le territoire de l'Etat hébreu.
"Il faut maintenant aller au terme de ce processus, reconnaître au Liban son autorité, son intégrité, sa souveraineté, son droit à gérer son peuple et son pays", a souligné Jacques Chirac.
"Il n'est pas de pays indépendant qui ait une partie de son territoire sous l'autorité de milices incontrôlées et pouvant obéir à des impulsions qui ne sont pas celles du peuple libanais", a-t-il répété.
CHIRAC FAIT PRESSION SUR ANNAN
Le président français a pressé dimanche le gouvernement libanais de Fouad Siniora d'agir contre le Hezbollah, qu'Israël tente de neutraliser par la force.
Jacques Chirac n'a pas écarté lundi le recours à des "moyens de coercition", dans le cadre légal d'un mandat de l'Onu, pour mettre fin aux agissements de la milice chiite.
"Nous avons une situation qui exige une intervention extérieure de façon à essayer de garantir les frontières et d'éviter les agressions des uns contre les autres au travers des frontières", a-t-il expliqué.
Plusieurs pays du G8, dont la France et la Grande-Bretagne, prônent l'envoi d'une force internationale au Liban sous l'autorité des Nations unies, mais les modalités d'une telle opération restent pour l'heure très vagues.
Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a évoqué une force de "stabilisation" dont les effectifs dépasseraient ceux de la Finul, force "intérimaire" de l'Onu de 2.000 hommes déployée au Sud-Liban depuis 1978 et dont le mandat actuel prend fin le 31 juillet. Le président du Conseil italien, Romano Prodi, a parlé lundi d'une force de "10.000 hommes".
"Il appartient à l'Onu d'en discuter au Conseil de sécurité, d'en définir les modalités", a déclaré Jacques Chirac, exhortant implicitement le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, à prendre une initiative en ce sens.
"Il appartient maintenant à l'Onu de prendre toutes ses responsabilités. Je ne doute pas qu'elle les prenne intelligemment", a-t-il dit.
"L'idée, c'est d'avoir une force internationale et d'avoir également un cordon de surveillance. Il faut avoir un moyen de répression le cas échéant, et en tous les cas de surveillance", a ajouté le président français sans plus de détails.
Pour la France, cette force aurait pour mission l'application pleine et entière de la résolution 1559.