Pourquoi François Hollande a revu sa Conférence à la baisse
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Tout montre que la Conférence de Paris a fait pschitt. De nombreux pays attendus ne sont pas venus puisqu'on ne comptait qu'une trentaine de participants effectifs sur les 70 annoncés.
Les représentants étaient de simples ministres des Affaires étrangères, les chefs d'État n'étaient pas là . Le Royaume Uni de son coté, n'avait envoyé qu'un responsable du Foreign Office, Michael Howells, tandis que l'ambassadeur en place à Paris était jugé d'un rang suffisant par la Russie. Antonio Guterres, un ingrat, a considéré qu'il avait mieux à faire ailleurs, au grand dam de ses hôtes parisiens qui avaient soutenu activement sa candidature au poste de secrétaire général de l'ONU. Cerise sur le gâteau, le Royaume Uni a refusé de signer le communiqué final. Et l'absence criante de l'état-major du prochain président américain enlevait d'emblée toute consistance politique au rassemblement parisien.
C'est ainsi qu'en convoquant un grand forum mondial négligé par la communauté internationale, l'actuel locataire de l'Élysée est parvenu à dévaluer le prestige de la place diplomatique de Paris, comme il a déjà dévalué la fonction présidentielle et l'autorité du politique dans le pays. Il s'imaginait en mesure de verrouiller un plan de règlement conforme aux vues de ses amis de Ramallah. Il suffisait, croyait-il, d'obtenir le consentement unanime de l'Union européenne et le vote d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité le 17 janvier, juste avant le départ d'Obama.
Patatras ! En lieu et place des oukases adressés à Israël qui sont le fonds de commerce du Quai d'Orsay, le président français a adopté un profil bas, sinon très bas. Il s'est défendu d'avoir eu l'intention "de dicter aux parties les paramètres du règlement". Il a mangé son chapeau en déclarant: "Je réaffirme ici que seules des négociations directes entre les Israéliens et les Palestiniens peuvent conduire à la paix. Nul ne le fera à leur place," alors qu'il est d'ordinaire friand des "pressions internationales". Il s'est aussi abstenu de qualifier Jérusalem de "territoire occupé", une mention qui disparaît aussi du communiqué final.
Comment expliquer ce rétropédalage? Hollande a d'abord observé que l'administration américaine finissante Obama-Kerry ne désirait pas pousser un peu plus la provocation envers l'administration suivante qui s'installera à la Maison Blanche en fin de semaine. Kerry téléphonait à Netanyahou au cours de l'après-midi pour lui assurer qu'aucun texte ne serait soumis par la suite à l'ONU. Le président français a pris note aussi du manque d'enthousiasme des pays participants, qui comme le Royaume Uni n'avaient pas l'intention de compromettre, au nom d'un conflit qui leur est indifférent, leurs nouvelles relations avec Washington. Pour la même raison, le communiqué ne contenait aucune allusion au déplacement de l'ambassade américaine à Jérusalem.
En fait Hollande a touché du doigt, comme l'a joliment formulé Benjamin Netanyahou, que la Conférence n'était que "le soubresaut terminal du monde d'hier. Le monde de demain sera bien différent et demain est tout proche."
Mais cet homme est roué et sa détermination intacte. Sans en citer le contenu, il a qualifié de "point d'appui" la féroce résolution du 23 décembre. Ainsi, le communiqué final de la Conférence qu'il a nécessairement approuvé réitère l'exigence d'une "fin totale de l'occupation qui a commencé en 1967".
Dans cette vision, comme l'affirmaient déjà les résolutions de l'UNESCO, les Israéliens, les Juifs, sont des étrangers à Jérusalem, et il faut confier cette ville à des conquérants musulmans.
Hollande a accusé "l'accélération de la colonisation" d'être la première cause du blocage de la paix. Or, comme le note Eliott Abrams, cette "accélération" n'existe pas, et les statistiques le montrent. La population des implantations augmente au rythme de 4% par an ce qui est globalement insignifiant et n'empêcherait nullement de parvenir à une solution.
En revanche, Hollande a omis de demander à son ami Abbas dans quels termes énergiques il avait condamné l'attentat de Jérusalem au camion-bélier qui a coûté la vie à quatre jeunes israéliens de vingt ans, le 8 janvier dernier. Le chef de l'OLP avait refusé toute condamnation. Il a aussi omis de lui demander combien les proches du djihadiste Fadi al-Qanbar, l'auteur de ces meurtres, allaient percevoir au titre de la rente à vie versée par Ramallah aux familles des "martyrs" avec les subsides occidentaux.
Jean-Pierre Bensimon
le 16 janvier 2017
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