Quels regards l'Occident a-t-il vehicules sur le Maroc et ses Juifs au XIXeme siecle ? Une vision peu affable pour les ecrivains voyageurs qui, dans leurs observations, avaient accumule les plus sombres stereotypes et qui, faute de tater du pied cette terre, avaient charge leur imaginaire de combler l'espace d'un vocabulaire convenu.
La ferocite barbaresque, la cruaute des Maures ou l'avilissement des Juifs avaient plante un univers ou la derision disputait la palme aux malentendus, la morgue a la confusion.
Les ecrits reves par Chateaubiand, Lamartine, Byron, Nerval, Flaubert,, Gautier...sous d'autres cieux, avaient suscite des emules au Maroc.
La terre marocaine, que parcouraient seulement les rares envoyes des cours europeennes, gardait ses mysteres.
Un peuple est grand quand sa memoire est forte. Le Maroc a fortifie la sienne aux voix d'antan. Avec naturel, il a trempe ses plis dans des bains anciens, pheniciens, grecs, latins, hebreux, arabes, bambara, guinees et europeens. Ces griffes perdurent. Elles sont sous-jacentes dans la musique comme dans l'incantation, dans l'art de se vetir comme de se divertir, de batir une maison comme une sepulture.
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Fes - Juives de Fes
Laurent Charles Feraud (1829-1888)
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