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Survivre avec les loups.
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 13 janvier 2008 : 22:39

"Survivre avec les loups" de Mischa Defonseca






Mischke, fillette polonaise d’origine juive, a 8 ans quand ses parents sont déportés dans les camps de la mort. Elle ne sait pas son nom de famille, ses parents voulant la préserver d’un sort tragique. Mischke est recueilli par une famille qui la transforme en Monique. Elle ne se sent pas chez elle, ayant perdu son identité. Seul « grand-père », un paysan chez qui elle va faire la navette pour ravitailler sa famille d’accueil lui donne l’envie de vivre, l’amour pour n’importe quel animal qui existe…

Comme elle ne sait pas que l’on a déporté ses parents mais qu’on les a emmenés « vers l’est », elle ne rêve que de les rejoindre. Un jour, grand-père lui donne une boussole et lui apprend où se trouve l’est … Elle part donc à l’aventure « vers l’est » pour retrouver ses parents …

Grâce aux loups elle va apprendre à survivre, à aimer, à respecter …

Quatre ans durant, elle parcourra un chemin, accompagné par les loups, s’étendant de la Pologne à la Yougoslavie la Russie, l’Italie pour revenir à son point de départ.

Quatre ans ou elle endurera, la faim, la souffrance, les horreurs de la guerre, la mort des autres … juste avec sa boussole et son couteau …

Mais quatre ans pour remarquer que l’homme est plus un animal que l’animal lui-même !

Revenue à son point de départ, elle apprendra que ses parents sont morts mais indirectement…

Comme elle n’a aucune identité, elle prend le nom de Misha, en pensant à ce résistant russe dont elle a croisé le chemin et "qui tuaient les boches"

Revenir à la « civilisation » est pour elle une épreuve dont jamais elle ne sera habituée …
Elle a mis plus de 50 ans pour témoigner car personne ne voulait la croire…
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Un livre à lire et à relire !

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Un extrait :

« J’ai chassé la guerre dans ma tête, et les hommes qui la font, d’une manière assez frustre mais logique. Le boche est un assassin et un violeur, le russe est un fier combattant courageux, l’américain est un grand Bibi Fricotin qui est venu nous aider, comme le voulait grand-père. Les frontières pour moi, ce sont des couleurs sur une carte et des uniformes. J’en ai vu des frontières avec des uniformes ! Je suis passée dans les bois comme les lapins ou les écureuils. Je ne suis pas un humain, moi ! Je ne passe pas la frontière des hommes. »

Laila




Survivre avec les loups.
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 13 janvier 2008 : 22:52

Merci chere Laila pour cette information. Je n'en avais pas entendu parler et en effet, c'est une histoire poignante dont on en a fait un film a ce que je constate en cherchant sur Google. Voici a ce sujet ce qui est dit :

" Survivre avec les loups "

FILM de Véra BELMONT
adaptation du livre éponyme de Mischa DEFONSECA
avec pour la première fois à l'écran
Mathilde Goffard
et comme autres acteurs
Yaël Abecassis, Guy Bedos, Michèle Barnier...

UN PERIPLE INCROYABLE

UN FILM EMOUVANT ET INOUBLIABLE !



Ce n’est pas un film que l’on regarde bien tranquillement en famille sur le petit écran.

C’est une œuvre pleine et entière, émouvante qui nous plonge très vite dans une épopée incroyable.

Le grand écran, seul peut nous faire découvrir ces magnifiques paysages et nous faire profiter pleinement des prises de vue soignées que l’on déguste même si le rythme du « voyage » nous laisse peu de répit

Misha n’a que huit ans mais possède une énergie hors norme. Elle est juive dans une Belgique occupée par les nazis. Alors que ses parents sont embarqués sous ses yeux, elle échappe de justesse à la déportation pour être placée comme bonne à tout faire

Elle s'enfuit et part à la recherche de ses parents qui sont très loin à l’est !?

Avec sa petite boussole et les vêtements qu’elle porte elle va parcourir à pied des milliers et milliers de km.

Elle a faim, elle a soif, elle a froid mais elle veut atteindre son objectif, coûte que coûte..

Oui, elle va voler de la nourriture et des vêtements mais peut elle faire autrement ?

Elle va survivre en se faisant adopter par une « famille » de loups…

Les animaux et notamment les loups avec lesquels Misha va survivre sont-ils pleins d’humanité face à la cruauté des hommes ?

Il faut éviter tout cliché et toute simplification et d’ailleurs Véra Belmont la réalisatrice nous montre bien la complexité de la situation.

Tous les hommes ne sont pas comme ces soldats allemands formatés par les nazis ;

Toutes les familles ne sont pas veules et égoïstes.

Mischa va aussi rencontrer des hommes qui vont l’aider et la soutenir.

Beaucoup de scènes sont poignantes mais tellement humaines, traduisant la volonté acharnée de cette petite fille que rien n’arrête

Il est minuit dans le siècle, la barbarie fasciste est toute puissante mais le désespoir n’est pas de mise, une petite fille est capable de défier les bourreaux….

Incroyable ce périple de plusieurs années et pourtant il s’agit là de l’adaptation du livre de Mischa Defonseca racontant sa propre odyssée ;

Que dire des artistes ?

Mathilde Goffard joue admirablement bien, elle est la petite Misha, quant à Guy Bedos, il nous montre qu’il sait donner du corps et de l’âme à son personnage.

A la fin de la projection, on reste tout ému avec l’envie de réfléchir et surtout dans l’incapacité de passer tout de suite à autre chose.

Certaines scènes demandent à être resituées dans leur contexte et c’est à l’adolescence que l’on peut commencer à percevoir les enjeux… Mais ce n’est là que mon humble avis et un public de jeunes collégiens accompagné pourrait avoir accès à cette histoire humaine extraordinaire.

Mais vraiment n’hésitez pas, il s’agit là d’un grand film qui nous montre avec force que l’histoire n’a pas de fin et qu’aucun combat n’est vain

Jean-François CHALOT

Survivre avec les loups.
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 13 janvier 2008 : 23:03

Oui Darlett, je voulais vous parler aussi du film que je vais aller voir avec une amie. Voici un lien avec une interview de Misha Defonseca:




[www.lemague.net]

Je me sens tellement proche de ce qu'elle dit et combien je partage ses opinions et pourtant je n'ai pas vécu ses épreuves..... mais il suffit de voir ce qui se passe dans le monde et on est tout de suite de son avis!!! Voici mes amies!!!








Et toutes deux adorent Rosette!!

Laila




Survivre avec les loups.
Posté par: RACHOU (IP enregistrè)
Date: 16 janvier 2008 : 18:22

En effet magnifique livre et le film promet d'en être à la hauteur,les quelques lancements sont saisissants....

Un bémol, au moment de la présentation du film sur sur Canal +
Guy Bedos non seulement n'a pas parlé de la shoah,
mais plus de résistance concernant son role et a dérapé complétement en faisant un parallèle avec la situation des sans papiers en France !!!!
il a été repris par un des intervenants qui lui a signalé que celà allait surprendre plus d'un, fidèle à lui même ce vieux comique a répondu qu'il en avait lhabitude et qu'il assumait.
rachou

Survivre avec les loups.
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 16 janvier 2008 : 21:44

Ah non Laila, il ne faut pas perdre espoir en l'homme bien que les animaux soient si touchants par leur fidelite a toute epreuve, je te l'accorde.

Rachou, fais pas attention a Guy Bedos, ce doit etre qu'il commence a etre atteint de senelite lui aussi, parce que vraiment pour deraper ainsi!

Victor Hugo.
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 31 janvier 2008 : 11:36

L'Esprit de la lettre
[Livres & Lettres - Expos & manifestations]
Lieu : Maison de Victor Hugo - Paris
Dates : du 26 Octobre 2007 au 03 Février 2008



L'exposition que présente la Maison de Victor Hugo à l'automne 2007, propose une nouvelle illustration de la modernité de l'art graphique de Victor Hugo. Les dessins choisis à cette occasion insistent sur l'intérêt porté par le poète à l'écriture (initiales, majuscules, mots entiers, architectures, signes et taches) autour desquels il a souvent rêvé sa composition. Ce recours à la lettre se retrouve dans presque tous les mouvements d'avant-garde du début du XXe siècle, cubisme, futurisme, cubo-futurisme, constructivisme, dada, surréalisme, voire au-delà. Il constitue même un aspect fondamental de la réflexion des artistes sur l'espace moderne et la réalité nouvelle qui s'en dégage. En regard d'une cinquantaine de dessins de Victor Hugo provenant en grande partie du fonds de la maison de Victor Hugo, seront présentées des oeuvres emblématiques de l'appropriation de la lettre par des artistes du XXe siècle tels que Picasso, Braque, Delaunay, Picabia, Schwitters, Ernst, Klee... ou par des poètes comme Apollinaire, Marinetti, le groupe des constructivistes russes et plus tard Breton ou Michaux. Peintures, collages, dessins, revues d'art, estampes, photographies et montages montreront combien Victor Hugo, dans sa manière de considérer la feuille de papier et de traiter les techniques, peut apparaître comme un précurseur.

Laila




Une vie par Simone Veil
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 17:04

Je viens de terminer cette autobiographie que j'ai beaucoup aimé et qui m'a pas mal appris sur la l'exercice de la politique et certains hommes politiques en France.Très facile à lire.Qu'en à l'auteur, une femme remarquable!!!





Résumé du livre

De son enfance niçoise dans une famille juive complètement assimilée, et de sa déportation à Auschwitz avec sa mère et l'une de ses soeurs en mars 1944, jusqu'à ses fonctions les plus récentes, Simone Veil se raconte à la première personne.

Laila




Une vie par Simone Veil
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 20:27

Magnifique ! Un livre que je lirais volontiers et avec beaucoup de plaisir tres certainement. C'est a coup sur une femme remarquable et l'experience de la Shoah, tout en etant une experience effroyable, ne l'a pas reduite a l'inaction puisqu'elle s'est ensuite distinguee par pas mal de postes. Ces revelations sur la politique et les politiciens sont certainement fort interessantes.
Merci Laila

Une vie par Simone Veil
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 20:48

Bonsoir Darlett......c'est toujours un plaisir de te faire part de mes lectures car tu es partie prenante avec un enthousiame qui réchauffe le coeur.Merci ........je suis sûre que tu aimeras.

Laila

Une vie par Simone Veil
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 21:01

Merci surtout a toi car c'est bien par toi que j'apprends toutes ces choses. N'oublies pas que je suis a mille lieux (physique) de toute cette culture et ce n'est que par vous et l'internet que je me renseigne sur ce qui se passe.

Une vie par Simone Veil
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 21:36

Oui, je te comprends car j'ai vécu ça lorsque j'habitais à Milan en Italie.

Laila

"Les quanrante jours du Musa Dagh"
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 20:46

Je viens donc de commencer ce livre sur le génocide arménien: j'en ai pour un moment: 700 pages!!!

L'auteur

Naissance le 10 septembre 1890, décès le 26 août 1945.
Issu comme Kafka d'une famille de commerçants juifs praguois, Franz Werfel est repéré par le même homme, Max Brod. Après ses études et la guerre, il s'établit à Vienne et œuvre surtout dans la poésie et le théâtre avant de se consacrer aux romans dans les années 30. Il fuit le nazisme avec sa femme Alma Mahler, veuve du grand compositeur Gustav, s'installe d'abord dans le sud-ouest de la France, passant par Lourdes et écrivant Le Chant de Bernadette, signe, sinon de sa conversion, du moins de son fort intérêt pour le catholicisme, et rejoint finalement les Etats-Unis.

Commentaire:

1915. Les jeunes Turcs procèdent à la liquidation des élites arméniennes et des conscrits arméniens qu'ils ont préalablement désarmés. On organise alors systématiquement sur l'ensemble du territoire la déportation des populations arméniennes qui sont exterminées en chemin, au cours du premier génocide du XXe siècle.

Au nord-ouest de la Syrie ottomane, les villageois arméniens groupés aux flancs du Musa Dagh ("La Montagne de Moïse") refusent la déportation et gagnent la montagne. Ils résistent plus d'un mois durant aux assauts répétés des corps d'armée ottomans ; l'arrivée providentielle des navires français et anglais au large d'Alexandrette met fin à leur épreuve. A partir de ces épisodes authentiques, Franz Werfel a bâti un grand roman épique qui ressuscite "l'inconcevable destinée du peuple arménien".

Qu'il relève du domaine de l'imaginaire ou de celui de la mémoire, ce roman est un chef-d-oeuvre."
Elie Wiesel

"Avant tout le monde, un écrivain autrichien comprit le drame de 1915, (...) Werfel a recréé l`épaisse fresque du drame avec une haletante vigueur. »
J.-P. Peroncel-Hugoz, Le Monde.

Laila

"Les quanrante jours du Musa Dagh"
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 21:48

Du genocide armenien, j'en ai entendu parler pour la premiere fois a l'Universite de Jerusalem (plus de 4 decennies deja smiling smiley) ou nous avions un cours dont je ne me rappelle meme plus du sujet, donne par un ancien armenien et la, nous avions appris qu'il y avait eu plus de 1.000.000 de personnes tues par les Turcs.
Cela devait etre un sujet sur l'Art armenien ? je ne sais pas mais je me souviens du devoir qu'on a eu a rendre ensuite et sur lequel je m'etais longuement exprimee sur ce genocide.
Curieux le destin des Armeniens dont il y a, a la vieille ville de Jerusalem, un quartier entier.
Les gouvernements turcs n'ont a ce jour jamais reconnu ce genocide dont ils portent la responsabilite.




"Les quanrante jours du Musa Dagh"
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 22:26

Exact, Darlett.....c'est très grave! Nous avons depuis peu un monument dédié à ce génocide, ici à Lyon.

Empire ottoman, 1915. Nord-ouest de la Syrie ottomane.

Juillet 1915, les premiers massacres de ce qui s'avèrera être le premier génocide du 20ème siècle avaient commencé depuis 2 mois sous les ordres du gouvernement Jeune Turc. Mais dans une province de l'Empire, 5000 arméniens, refusant d'être déportés, se réfugièrent dans le massif du Musa Dagh (La Montagne de Moïse). Sur le point de succomber, après avoir tenu en échec l'armée ottomane, ils devront leur salut à la présence de la flotte française qui, faisant le blocus des côtes syriennes, assurera en septembre 1915 leur évacuation vers Port-Saïd.

[fr.wikipedia.org]

Laila

"Les quanrante jours du Musa Dagh"
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 04 fvrier 2008 : 22:36

As tu vu ou entendu parler du film autobiographique d' Henri Verneuil??

Henri Verneuil, de son vrai nom Achod Malakian, né le 15 octobre 1920 à Rodosto (Turquie) et mort le 11 janvier 2002 à Paris, est un réalisateur et scénariste de cinéma français d'origine arménienne. Il a raconté son enfance dans ses deux derniers films formant diptyque : Mayrig et 588, rue Paradis.Je me souviens d'une scène terrible qui se passe dans le désert lors d'une longue marche effroyable que les turcs avaient imposé aux arméniens pour les déporter et les tuer.

Laila

Survivre avec les loups.
Posté par: CEREJIDO (IP enregistrè)
Date: 05 fvrier 2008 : 23:44

GYU BEDOS est un clown à la dérive et combien de fois n'a-t-il pas dit des sottises aussi sur les arabes? même sa blague que le maroc est plein d'arabes etque même le roi est arabe! n'avait jamais plue à personne.
Un idiot du village sans +

Pêle-mêle, un livre... Une expo... Interessant
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 07 fvrier 2008 : 13:02

Bonjour Cerejido........excuse moi mais..... où est le rapport?? V()

Laila

Pêle-mêle, un livre... Une expo... Interessant
Posté par: CEREJIDO (IP enregistrè)
Date: 07 fvrier 2008 : 18:14

Citation:
kirstine
Bonjour Cerejido........excuse moi mais..... où est le rapport?? V()

Bonjour KIRSTINE (LEILA)

Le rapport ? Ce clown compare la SHOA aux sans papiers ça ne vous suffit pas ?
C'est un habitué des dérapages mais ne lui donnons pas l'occasion de s'en vanter.

Pêle-mêle, un livre... Une expo... Interessant
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 18 fvrier 2008 : 23:55

Alain Robbe-Grillet est mort.



Il etait considere comme le pape du nouveau roman. Je me souviens avoir ete passionnee par son audace litteraire qui consistait a defaire completement le roman de sa forme traditionnelle pour, tout comme l'art abstrait, inventer a nouveau une forme et un contenu.

Nathalie Sarraute s'est aussi lancee dans cette forme d'ecriture, il s'agissait de defaire l'anecdote et les descriptions de personnages que contenaientt les romans jusque la, pour laisseer une plus grande place a l'imagination. Un peu a la maniere de l'art cubiste qui decomposait les elements pour les reconstruire en un ordre nouveau, le nouveau roman partait de descriptions desordonnees laissant au lecteur le soin de recomposer l'ensemble. Difficile a decrire mais c'est interessant d'ouvrir un de ses romans pour comprendre mieux ce dont il s'agit. De Nathalie Sarraute, j'ai lu "L'Ere du soupcon".

Au cinema, Alain Resnais s'est inspire de cette nouvelle maniere de faire passer l'image avec son film fameux "L'annee derniere a Marienbad" et je pense avec l'assistance d'Alain Robbe-Grillet.

On aime ou on aime pas mais c'est tout de meme interessant de connaitre cette demarche.




Pêle-mêle, un livre... Une expo... Interessant
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 19 fvrier 2008 : 20:22

J'ai très envie de lire Nathalie Sarraute.Je viens de terminer "les 40 jours du Musa dagh et je vous le recommande vivement: très intéressant et facile à lire malgré les 700 pages.

Je viens de commencer "Journal" d'Hélène Berr pour ensuite le passer à ma petite fille qui étudie la deuxième guerre mondiale dans son programme de 3ième. Je lui ai déjà passé plein de livres sur le sujet.

Par Patrick Modiano
Préface du «Journal» d'Hélène Berr

Hélène Berr


Elle avait 20 ans en 1942. Parisienne, agrégative d’anglais, elle a tenu son « Journal » jusqu’à sa déportation à Bergen-Belsen, d’où elle n’est pas revenue. Il paraît avec une magnifique préface de l’auteur de « la Place de l’étoile ». La voici

Une jeune fille marche dans le Paris de 1942. Et comme elle éprouvait dès le printemps de cette année-là une inquiétude et un pressentiment, elle a commencé d’écrire un journal en avril. Plus d’un demi-siècle s’est écoulé depuis, mais nous sommes, à chaque page, avec elle, au présent. Elle qui se sentait parfois si seule dans le Paris de l’Occupation, nous l’accompagnons jour après jour. Sa voix est si proche, dans le silence de ce Paris-là…


Le premier jour, mardi 7 avril 1942, l’après-midi, elle va chercher au 40 de la rue de Villejust, chez la concierge de Paul Valéry, un livre qu’elle a eu l’audace de demander au vieux poète de lui dédicacer. Elle sonne et un fox-terrier se jette sur elle en aboyant. «Est-ce que monsieur Valéry n’a pas laissé un petit paquet pour moi?» Sur la page de garde, Valéry a écrit : «Exemplaire de mademoiselle Hélène Berr », et au-dessous : «Au réveil, si douce la lumière, et si beau ce bleu vivant.»

Pendant tout ce mois d’avril et ce mois de mai, il semble, à la lecture du « Journal » d’Hélène Berr, que Paris, autour d’elle, soit en harmonie avec la phrase de Valéry. Hélène fréquente la Sorbonne où elle prépare un diplôme d’anglais. Elle accompagne un «garçon aux yeux gris» dont elle vient de faire la connaissance à la Maison des Lettres, rue Soufflot, où ils écoutent un quintette de Bach, un concerto pour clarinette et orchestre de Mozart… Elle marche avec ce garçon et d’autres camarades à travers le quartier Latin. «Le boulevard Saint-Michel est inondé de soleil, plein de monde, écrit-elle. A partir de la rue Soufflot, jusqu’au boulevard Saint-Germain, je suis en territoire enchanté.» Parfois elle passe une journée aux environs de Paris dans une maison de campagne à Aubergenville. «Cette journée s’est déroulée dans sa perfection, depuis le lever du soleil plein de fraîcheur et de promesse, jusqu’à cette soirée si douce et si calme, si tendre, qui m’a baignée tout à l’heure lorsque j’ai fermé les volets.»

mot d’une chanson de l’époque – fleur bleue. Elle est imprégnée par la poésie et la littérature anglaises et elle serait sans doute de­venue un écrivain de la délicatesse de Katherine Mansfield. On oublieraOn sent, chez cette fille de 20 ans, le goût du bonheur, l’envie de se laisser glisser sur la douce surface des choses, un tempérament à la fois artiste et – pour employer leit presque, à la lecture des cinquante premières pages de son Journal, l’époque atroce où elle se trouve. Et pourtant, un jeudi de ce mois d’avril, après un cours à la Sorbonne, elle se promène dans le jardin du Luxembourg avec un camarade. Ils se sont arrêtés au bord du bassin. Elle est fascinée par les reflets et le clapotis de l’eau sous le soleil, les voiliers d’enfants et le ciel bleu – celui qu’évoquait Paul Valéry dans sa dédicace. «Les Allemands vont gagner la guerre», lui dit son camarade. «Qu’est-ce que nous deviendrons si les Allemands gagnent? » « Bah… rien ne changera. Il y aura toujours le soleil et l’eau…» «Je me suis forcée à dire: “Mais ils ne laissent pas tout le monde jouir de la lumière et de l’eau.” Heureusement, cette phrase me sauvait, je ne voulais pas être lâche…»
Mémorial de la Shoah - Coll. Job
Hélène Berr avec des amis le 8 avril 1942.

C’est la première fois qu’elle fait allusion aux temps sombres où elle vit, à l’angoisse qui est la sienne, mais de manière si naturelle et si pudique que l’on devine sa solitude au milieu de cette ville ensoleillée et indifférente. En cette fin du printemps 1942, elle marche toujours dans Paris, mais le contraste entre l’ombre et la lumière se fait plus brutal, l’ombre gagne peu à peu du terrain.
Mémorial de la Shoah - Coll. Job
Avec Jean Morawiecki le 15 août 1942

Le mois de juin 1942 est pour elle le début des épreuves. Ce lundi 8, elle doit, pour la première fois, porter l’étoile jaune. Elle sent l’incompatibilité entre son goût du bonheur et de l’harmonie et la noirceur et l’horrible dissonance du présent. Elle écrit : «Il fait un temps radieux, très frais – un matin comme celui de Paul Valéry. Le premier jour aussi où je vais porter l’étoile jaune. Ce sont les deux aspects de la vie actuelle: la fraîcheur, la beauté, la jeunesse de la vie, incarnée par cette matinée limpide – la barbarie et le mal représentés par cette étoile jaune.» Sèvres-Babylone-quartier Latin. Cour de la Sorbonne. Bibliothèque… Les mêmes trajets que d’habitude. Elle guette les réactions de ses camarades. «J’ai senti leur peine et leur stupeur à tous.» A la station de métro Ecole militaire, le contrôleur lui ordonne : « dernière voiture », celle où doivent obligatoirement monter les porteurs d'étoile jaune........

Laila

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