Auteur: attarbladi
Date: 31 janvier 2007 a 01:31
Israel - 12-08-2006
Israël, Liban : Défense contre la magie noire.
Par Gabriel Ash >
g.a.evildoer@gmail.com
Ce long article de Gabriel Ash, paru aux Etats-Unis dans "Dissident Voice"(www.dissidentvoice.org) le 24 juillet, est une rĂ©ponse point par point Ă un auteur anonyme "ami dâIsraĂ«l". Parce quâil ne laisse aucun point dans lâombre, cet article nous a semblĂ© dâun intĂ©rĂȘt spĂ©cial et nous lâavons traduit. Toutes les rĂ©fĂ©rences et liens sont anglophones, faute de temps nous nâavons pas cherchĂ© les Ă©quivalents en français, sâils existent. Gabriel Ash se dĂ©finit comme "un militant et Ă©crivain qui Ă©crit parce que la plume est parfois plus forte que lâĂ©pĂ©e, et dâautres fois non".
A la suite de mon dernier article ("Terrorisme dâIsraĂ«l" du 18 juillet), Dissident Voice a reçu une "lettre Ă lâĂ©diteur" polie et bien Ă©crite.
La lettre, sans se targuer dâaucune originalitĂ©, Ă©tait un enchaĂźnement exceptionnellement dense de "points Ă considĂ©rer" apologĂ©tiques. Comme tout lecteur Ă lâĂ©cart du milieu de terrain reçoit probablement des tas de lettres similaires, jâai pensĂ© que la communautĂ© bĂ©nĂ©ficierait dâune ouverture de courrier publique.
Voici un commentaire ligne par ligne
A lâĂ©diteur
Gabriel Ash ("Terrorisme dâIsraĂ«l" du 18 juillet) nâa pas dit que la capture des deux soldats israĂ©liens et la mort de huit autres a Ă©tĂ© effectuĂ© au cours dâun raid qui violait une frontiĂšre internationalement reconnue.
Câest exactement ce que jâai dit, ajoutant que, âIsraĂ«l ne doit pas jouir de la dĂ©fense de principes quâil ne respecte pasâ.
IsraĂ«l, depuis sa naissance, nâa jamais dĂ©clarĂ© de frontiĂšres. Ses soi-disant frontiĂšres sont des "lignes dâarmistice" qui reflĂštent le rĂ©sultat du conflit militaire.
La seule raison pour laquelle la frontiĂšre dâIsraĂ«l avec le Liban est oĂč elle est, et pas sur la riviĂšre Litani, câest la rĂ©sistance obstinĂ©e du Hezbollah, qui a forcĂ© IsraĂ«l Ă se retirer sur cette frontiĂšre.
Cependant, IsraĂ«l a, Ă rĂ©pĂ©tition, depuis 1948, envoyĂ© ses soldats et agents agir derriĂšre les frontiĂšres internationales, comme il nâa jamais acceptĂ© aucune limitation lĂ©gale de ses forces.
La liste est trop longue Ă Ă©tablir ici, mais on peut mentionner quelques titres saillants : la massacre de Qibya (1953), la guerre de Suez (1956), lâattaque sur Samua (1966), la guerre de 1967, lâopĂ©ration Litani (1978), la guerre de 1982, et bien sĂ»r, lâoccupation permanente de la Cisjordanie et de Gaza depuis 1967.
Pour nous concentrer sur le Liban, nous savons quâIsraĂ«l a planifiĂ© lâoccupation du sud Liban dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 50, mais les raids sur le Liban ont commencĂ© en 1968, et nâont pas cessĂ© depuis. IsraĂ«l a aidĂ© Ă plonger le Liban dans la guerre civile, bombardĂ© les villages du Liban Ă rĂ©pĂ©tition depuis 1968, tuant des milliers de civils jusquâau massacre de Qana en 1996, oĂč 106 rĂ©fugiĂ©s Libanais ont pĂ©ri dans une enceinte des Nations Unies.
IsraĂ«l a maintenu une occupation oppressive et meurtriĂšre du Liban, oĂč 20 000 personnes ont pĂ©ri, dĂ©fiant le Conseil de SĂ©curitĂ© des Nations Unies pendant 18 ans.
Depuis quâil a quittĂ© le Liban, les avions de combat israĂ©liens ont violĂ© la souverainetĂ© du Liban de multiples fois, et des unitĂ©s militaires ont infiltrĂ© le Liban comme elles voulaient.
Par exemple, en fĂ©vrier 2006, les enquĂȘteurs de lâONU ont confirmĂ© que des soldats israĂ©liens avaient abattu et tuĂ© un berger adolescent Ă lâintĂ©rieur du Liban [1].
Si on suit la logique de propagande israĂ©lienne, le Liban devrait avoir rasĂ© HaĂŻfa jusquâau sol pour cela, en reprĂ©sailles. Les frontiĂšres veulent dire aussi peu pour IsraĂ«l que la vie des civils derriĂšre.
Alors, oui, en solidarité avec les 9000 prisonniers politiques qui languissent dans les prisons israéliennes, le Hezbollah a brisé la souveraineté israélienne.
Câest peut ĂȘtre tĂ©mĂ©raire ou Ă courte vue, mais nullement injustifiĂ©. La loi religieuse juive sây applique parfaitement : "Celui qui dĂ©robe Ă un voleur nâest passible de rien".
Selon toute dĂ©finition, le Hezbollah a commis un acte dâagression, qui selon nâimporte quel standard, est un acte de guerre. Aucun pays ne peut admettre une telle atteinte Ă sa souverainetĂ© sans y rĂ©pondre comme il convient.
Je nâattendais pas dâIsraĂ«l quâil tolĂšre un acte "dâagression" du Hezbollah. AprĂšs tout, IsraĂ«l ne tolĂšre mĂȘme pas des manifestations pacifiques contre ses crimes. Il bat, tire et tue les militants pacifistes et les protestataires non-violents [2].
IsraĂ«l ne tolĂšre mĂȘme pas des gens pris alors quâils vivent avec leur famille alors quâils ne sont pas juifs. Peut-ĂȘtre que si IsraĂ«l Ă©tait un lieu moins intolĂ©rant, il nâaurait pas besoin de tolĂ©rer des agressions. Quant Ă la "rĂ©ponse qui convient", voir ci-dessous.
IsraĂ«l ne fait pas exception. LâaĂ©roport de Beyrouth et lâautoroute Beyrouth-Damas ont Ă©tĂ© touchĂ©s pour que lâIran et la Syrie ne puissent pas envoyer dâaide au Hezbollah, comme ils lâont fait pendant longtemps en lui fournissant environ 12000 roquettes de diffĂ©rents types.
Combien de roquettes, obus et dâavions mortifĂšres IsraĂ«l possĂšde t-il, en majoritĂ© cadeaux du contribuable amĂ©ricain ?
Pourquoi les Libanais ne devraient t-ils pas avoir les moyens militaires pour dissuader une attaque israĂ©lienne, en particulier du fait quâIsraĂ«l attaque le Liban avec la rĂ©gularitĂ© dâun droguĂ© qui se shoote Ă lâhĂ©roĂŻne ?
Et comme toujours avec les groupes terroristes, le Hezbollah se cache toujours parmi les civils. Les roquettes sont cachĂ©es dans des maisons oĂč vivent les familles de civils.
Primo, le Hezbollah est un parti politique libanais, un mouvement de résistance militaire et un fournisseur efficace et apprécié de services sociaux. Il y a des spéculations sur la participation possible du Hezbollah à des opérations terroristes.
Mais dâun autre cĂŽtĂ©, ĂȘtre appelĂ© "groupe terroriste" par les USA et IsraĂ«l, les deux premiers fournisseurs de terrorisme mondial, câest une mĂ©daille honorifique.
Un rappel : les Israéliens ont élu comme Premier Ministres Begin et Shamir, tous les deux chefs de groupes terroristes qui ont assassiné des civils Palestiniens, des diplomates étrangers et des Juifs religieux antisionistes.
Ils ont aussi Ă©lu Rabin, le nettoyeur ethnique de Lydda et de Ramle, et Sharon, le commandant du massacre de Qibya et lâogre responsable du massacre de Sabra et Shatila. Les certificats de terrorisme servent de qualification aux hautes fonctions dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne [3].
Secondo, le Hezbollah ne se âcacheâ pas âparmi les civilsâ. En tant quâorganisation intimement shiite, il a sa base dans les rĂ©gions shiites, juste comme les militaires israĂ©liens sont souvent basĂ©s dans les rĂ©gions juives.
Le chef dâEtat Major israĂ©lien "se cache" dans un bunker au centre de Tel Aviv. Ceci fait-il de Tel Aviv une cible militaire lĂ©gitime ? DâaprĂšs la logique israĂ©lienne, la rĂ©ponse est oui.
Les installations nuclĂ©aires dâIsraĂ«l "se cachent" Ă Dimona. Les habitants de Dimona sont-ils des cibles militaires lĂ©gitimes ?
Le mochav Meron, qui a été touché par le Hezbollah, surplombe une installation militaire.
Pourquoi les militaires israéliens se cachent t-ils parmi les civils ? Pour faire bonne mesure, les militaires israéliens se cachent aussi parmi les Palestiniens.
Quant aux roquettes cachĂ©es dans les demeures familiales, ça a la crĂ©dibilitĂ© dâun ragot de lâarmĂ©e.
Quand une roquette Katioucha est tirée sur une ville israélienne, elle ne vise que les civils.
PremiĂšrement, ce nâest certainement pas vrai. Le Hezbollah a aussi visĂ© des installations militaires dans ou prĂšs des villes israĂ©liennes [4].
Ensuite, le Hezbollah, rappelons-le, répondait au bombardement israélien et à la tuerie de civils en tirant sur des villes israéliennes. Est-ce moralement justifié ? Non.
Mais si on croit quâIsraĂ«l a le droit de bombarder des civils, il sâensuit que le Hezbollah a le mĂȘme droit, puisquâil rĂ©pond aux attaques israĂ©liennes.
Le Ministre des Affaires EtrangÚres Livni justifie le meurtre israélien des civils libanais parce que "Les terroristes utilisent la population et vit parmi elle" [5].
Quiconque a visitĂ© IsraĂ«l sait que les soldats israĂ©liens sont prĂ©sents en grand nombre dans presque toutes les villes. Ils vivent parmi la population, et dâaprĂšs Livni, ceci fait des villes israĂ©liennes des cibles lĂ©gitimes pour les Katiouchas.
Je ne pense pas que Livni croie ça.
Les apologistes et les "amis" dâIsraĂ«l sont incapables de faire lâopĂ©ration mentale qui consiste Ă faire abstraction des termes "IsraĂ©liens", "Arabes", "ArmĂ©e IsraĂ©lienne", "Hezbollah".
Ils ne voient pas quâune phrase telle que "X a (ou nâa pas) le droit de tuer Y sous la condition Z" serait vraie (ou fausse) que X=israĂ©lien et Y= arabe ou que ce soit lâinverse. Câest parce que, pour eux, "Arabes" et "IsraĂ©liens" ne sont pas des termes interchangeables.
Le mot qui décrit cette habitude mentale est : racisme.
Israël fait de son mieux pour épargner autant de civils que possible.
De tous les points de discussion de la "Hasbara" (propagande) israĂ©lienne, câest le plus obscĂšne.
Commençons par la guerre actuelle. Il y a dĂ©jĂ plus de 300 civils Libanais tuĂ©s (le comptage est probablement obsolĂšte quand vous lirez ceci), dont des familles entiĂšres, et un grand pourcentage dâenfants.
Il nây a pas de preuve que mĂȘme une poignĂ©e de combattants du Hezbollah figure parmi les tuĂ©s. IsraĂ«l a bombardĂ© des quantitĂ©s de villages et de quartiers fortement habitĂ©s Ă Beyrouth et Ă Tyr.
Parmi les grandes cibles militaires bombardées, il y a eu une église grecque orthodoxe, une usine laitiÚre et des convois de nourriture et de soutien médical.
Les leaders israĂ©liens ne cherchent dâailleurs pas Ă cacher quâils visent des civils sans relation avec le Hezbollah.
Par exemple, le chef dâEtat Major dâIsraĂ«l expliquait le choix attentif des cibles par la formule "rien nâest en sĂ©curitĂ©".
Effectivement, IsraĂ«l a mĂȘme bombardĂ© des quartiers chrĂ©tiens.
âEpargner autant de civils que possible" est une incantation insensĂ©e. Quâest-ce que ça implique en pratique ?
ConsidĂ©rons que des combattants et des civils sont dans le mĂȘme secteur.
Israël considÚre la mort de combien de civils acceptable pour toucher un combattant ? 10, 100, 1000 ?
Y a-t-il un cas de cible épargnée à cause de la présence de civils ?
PuisquâIsraĂ«l bombarde des zones rĂ©sidentielles populeuses (sans parler de Gaza, lâhabitat le plus dense sur terre), la rĂ©ponse est clairement non. "Que possible" veut dire "nous bombardons ce que nous voulons".
Il nây a pas de diffĂ©rence entre des bombardement indiscriminĂ©s et "viser" des civils.
âEpargner autant de civils que possible" nâest mĂȘme pas une expression valable de respect de la vie civile, mais en plus câest un mensonge. IsraĂ«l tue les civils par stratĂ©gie et pas seulement comme sous-produit dâopĂ©rations militaires.
La stratĂ©gie dâattaquer des civils nâest pas nouvelle.
Elle a été formulée en premier dans les années 50 par Moshe Dayan, comme politique de "représailles" contre les civils.
Dayan (contrairement aux frĂšres moraux dâIsraĂ«l aujourdâhui) admettait honnĂȘtement que la politique de reprĂ©sailles israĂ©lienne nâĂ©tait "ni morale, ni justifiĂ©e", mais disait que "la mĂ©thode de punition collective sâest avĂ©rĂ©e efficace jusquâĂ prĂ©sent" [6].
AprĂšs 50 ans on devrait douter de lâefficacitĂ© de la punition collective [6].
Mais câest tout aussi injustifiable maintenant que ça lâĂ©tait quand Dayan le premier a commencĂ© Ă adopter la doctrine nazie du combat contre la rĂ©sistance par reprĂ©sailles contre les civils.
Je ne fais pas cette comparaison Ă la lĂ©gĂšre entre IsraĂ«l et lâAllemagne nazie ; mais quand IsraĂ«l (encore et encore et encore) est en rupture complĂšte avec les lois de la guerre et la convention de GenĂšve, il est important de se souvenir et de rappeler quâun grand nombre de ces lois sont nĂ©es en rĂ©ponse directe aux pratiques dâoccupation nazies.
Dayan est mort depuis longtemps, mais les donnĂ©es prouvent quâIsraĂ«l nâ jamais abandonnĂ© lâusage des punitions collectives contre les civils, qui consiste Ă la fois Ă viser directement les civils et Ă les mettre activement en danger, comme moyen de pression (dĂ©finition, Ă nouveau, du terrorisme).
Des dizaines de livres, dâarticles et de rapports ont Ă©tĂ© Ă©crits sur le sujet, par des universitaires, des journalistes et des organisations de droits de lâhomme. Malheureusement peu dâentre eux sont rapportĂ©s dans nos medias de masse.
La derniĂšre synthĂšse vient du livre de Norman Finkelstein, Beyond Chutzpa, dâoĂč jâextrais au hasard la citation suivante du rapport dâAmnesty International pour lâannĂ©e 2002 : "La majoritĂ© des personnes tuĂ©es participaient Ă des manifestations oĂč les pierres Ă©taient les seules armes utilisĂ©es. Une grande proportion des blessĂ©s et des tuĂ©s Ă©taient des enfants. Des badauds, des gens chez eux et des personnels des ambulances ont aussi Ă©tĂ© tuĂ©s" [7].
Et, plus prĂšs du Liban, voici ce que Human Rights Watch a dit de lâopĂ©ration "Accountability" de 1993, un autre assaut israĂ©lien massif sur le Liban oĂč 118 civils libanais furent tuĂ©s.
"Il apparaĂźt des dĂ©clarations publiques que les civils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme un Ă©lĂ©ment stratĂ©gique crucial de lâopĂ©ration.
Le Premier Ministre Yitzhak Rabin dĂ©clara: âNous voulons que les villageois libanais sâenfuient et nous voulons frapper tous ceux qui sont associĂ©s aux activitĂ©s du Hezbollahâ.
Dans ces deux objectifs de lâopĂ©ration Accountability, les civils Libanais Ă©taient visĂ©s. IsraĂ«l planifia de pousser les civils Libanais Ă Beyrouth au nord pour forcer le gouvernement libanais Ă fondre sur le Hezbollah et pour punir les villageois de permettre au Hezbollah dâopĂ©rer en leur sein. Pour les deux aspects, IsraĂ«l violait gravement la loi humanitaire internationale qui interdit de viser les civils".
DâaprĂšs HRW, la grande majoritĂ© des victimes furent des civils.
Il y a des dizaines de tels faits citĂ©s pour chaque annĂ©e de lâhistoire dâIsraĂ«l. Nâimporte qui avec un minimum de dons pour la lecture peut rassembler assez de donnĂ©es pour choquer sa conscience, sâil en a une.
Revenant aux Ă©vĂ©nements actuels, Olmert annonce quâil ne cessera pas de marteler le Liban jusquâĂ ce quâIsraĂ«l atteigne ses buts : lâĂ©limination des roquettes du Hezbollah du sud Liban, le retour des soldats captifs, et une pression internationale sur le Liban pour rĂ©aliser la rĂ©solution du Conseil de SĂ©curitĂ© 1559.
Les deux derniĂšres des conditions dĂ©clarĂ©es par Olmert pour un cessez-le-feu sont politiques et ne peut pas ĂȘtre atteintes par la destruction dâun quelconque nombre de cibles militaires.
Ainsi, dâaprĂšs la propre formulation des raisons officielles du bombardement du Liban par le Premier Ministre, le meurtre de masse de civils a lieu dans le but de faire pression sur les leaders du Hezbollah, le gouvernement libanais, et la "communautĂ© internationale".
DâaprĂšs ses propres mots, Olmert est un terroriste international.
IsraĂ«l a quittĂ© Gaza, jusquâau dernier centimĂštre, il y a plus de 10 mois. Depuis, plus de 800 roquettes Qassam ont Ă©tĂ© tirĂ©es sur des villes israĂ©liennes. Rien quâen juin, 89 roquettes ont Ă©tĂ© tirĂ©es sur Sderot.
Encore une fois, comme tout autre pays, IsraĂ«l devait rĂ©pondre. Il aurait dĂ» agir dĂšs lâarrivĂ©e de la premiĂšre roquette. Mais mieux vaut tard que jamais.
Ces 800 "roquettes" sont de simples tubes dâacier qui ont causĂ© moins dâune douzaine de victimes. Câest une douzaine de trop. Mais dans le mĂȘme temps, IsraĂ«l a tirĂ© dix fois plus dâobus dâartillerie lourde rĂ©elle, sophistiquĂ©e, made in USA, sur Gaza, tuant au moins 80 personnes, y compris une famille entiĂšre qui faisait un barbecue sur la plage [8].
Comment les Palestiniens devraient t-ils répondre ?
Alors, pourquoi Gaza combat t-il encore ?
Contrairement aux affirmations, IsraĂ«l nâa pas mis fin Ă son occupation de Gaza. Il a redĂ©ployĂ© ses soldats dans le pĂ©rimĂštre, sans jamais cesser son contrĂŽle total sur la vie des habitants, leur infrastructure, leur espace aĂ©rien, leurs frontiĂšres et leur Ă©conomie.
De plus, les dirigeants israĂ©liens ont dit ouvertement que le but de leur redĂ©ploiement Ă Gaza est dâassurer la politique extensive de vol de terres et de colonisation en Cisjordanie.
David Bloom a Ă©crit une analyse au peigne fin du vrai plan de "convergence" dâIsraĂ«l, et de pourquoi il ne prĂ©sage aucune fin Ă lâoccupation.
Les leaders du Hamas se sont publiquement et plusieurs fois engagĂ©s Ă mettre fin Ă la rĂ©sistance violente et Ă accepter IsraĂ«l dans le cadre dâune division de la Palestine en deux Etats.
Le dirigeant élu, Ismaël Haniyeh, a donné les conditions :
â[La] reconnaissance de la dispute centrale sur la terre de la Palestine historique et les droits de tout son peuple ⊠la rĂ©cupĂ©ration de toutes les terres occupĂ©es en 1967, lâarrĂȘt des attaques israĂ©liennes, des assassinats et de lâexpansion militaire âŠ
La souveraineté pour la Cisjordanie et Gaza, une capitale dans la Jérusalem Est arabe, et la solution correcte de la question des réfugiés palestiniens de 1948 sur la base de la légitimité internationale et des lois établies".
Le Hamas ne demande rien au delĂ du consensus lĂ©gal international exprimĂ© par dâinnombrables rĂ©solutions de lâONU. Maintenant IsraĂ«l bombarde et affame la population civile de Gaza parce quâil ne veut pas la fin de lâoccupation ni une solution de bonne foi du conflit.
Il veut continuer de dĂ©nier aux Palestiniens leurs droits internationaux reconnus, et est prĂȘt a tuer nâimporte quel nombre dâentre eux jusquâĂ ce quâils se soumettent.
Ash, apparemment, nâaime pas IsraĂ«l.
Ayant vĂ©cu une bonne part de ma vie en IsraĂ«l, jâose dire que câest peu dire. Mais on ne dĂ©bat pas ici de goĂ»ts personnels, nâest ce pas ? (je nâaime pas non plus les choux de Bruxelles, mais je ne les critique pas).
On discute de crimes contre lâhumanitĂ©.
Ce qui ennuie les "amis" dâIsraĂ«l, câest que certains refusent de se courber devant le veau dâor de lâĂ©ternelle victimisation juive, et osent pointer du doigt la vraie brute du Moyen-Orient.
Bien sĂ»r, câest son droit, mais IsraĂ«l continuera Ă se dĂ©fendre, quâAsh aime ou pas.
IsraĂ«l continuera Ă commettre de nouveaux crimes en dĂ©fense des anciens crimes. Je nâen attends pas moins.
Shakespeare a saisi la dynamique principale qui mĂšne de lâillĂ©gitimitĂ© Ă une criminalitĂ© sans bornes dans ces lignes clairvoyantes de la tragĂ©die de Macbeth :
"For mine own good,
All causes shall give way: I am in blood
Stepp'd in so far, that, should I wade no more,
Returning were as tedious as go o'er."
(traduction libre : Pour mon bien, jâĂ©carterai toute raison : ĂȘtre de sang, engagĂ© si loin, que si je cessais de traverser le guĂ©, revenir serait aussi fastidieux quâavancer)
Il est Ă©tonnant de voir un homme de gauche âprogressisteâ soutenir un des groupes islamo-fascistes fondamentaliste les plus rĂ©actionnaires existant.
Commençons par ce qui est Ă©vident. IsraĂ«l ne peut pas plus justifier ses crimes en dĂ©crivant le Hezbollah comme "Islamo-fasciste" quâen se plaignant de la mauvaise hygiĂšne de Gengis Khan.
On parle de meurtre de civils ici, pas des théories politiques de Nassralah. Pour combattre des théories politiques, il faudrait utiliser des mots, pas des bombes.
Quand mĂȘme, appeler le Hezbollah âislamo-fascisteâ, câest la dĂ©fense classique du sable jetĂ© dans les yeux. Le Hezbollah est un phĂ©nomĂšne complexe, avec des aspects rĂ©gressifs et dâautres progressistes (et nâoublions pas que le Hezbollah a Ă©tĂ© effectivement crĂ©Ă© par IsraĂ«l).
Je ne partage ni la vision islamique de la société, ni le culte du martyr du Hezbollah.
Dâun autre cĂŽtĂ©, le Hezbollah est aussi engagĂ© dans le pluralisme politique et la dĂ©mocratie, et est probablement le parti principal le moins corrompu du Liban, et celui qui fait le plus pour le bien public et lâĂ©galitĂ© sociale et politique. Ces qualitĂ©s font du Hezbollah une des forces politiques les plus progressistes dans un Moyen-Orient rĂ©actionnaire.
Enfin, et ce nâest pas la moindre des choses, dĂ©faire lâarmĂ©e israĂ©lienne et la forcer hors du Liban a certainement Ă©tĂ© un moment de progrĂšs â progrĂšs pour la libertĂ© et les droits de lâhomme.
Sans aucun doute, les femmes juives israĂ©liennes jouissent de plus de libertĂ© que ce quâaccorde le fondamentalisme islamique; diable, elles servent mĂȘme dans lâarmĂ©e !
Mais dĂ©crire IsraĂ«l comme une force "progressiste" dans la rĂ©gion mĂ©ritant les sympathies progressistes, câest de la mâŠ
Le fĂ©minisme nâa pas progressĂ© au sud Liban grĂące Ă lâoccupation israĂ©lienne "Ă©clairĂ©e", comme il nâa pas progressĂ© en Irak grĂące aux "bottes sur le sol" amĂ©ricaines.
Les armĂ©es et les guerres ne sont pas des forces progressistes ; elles sont lâexpression la plus extrĂȘme et la plus rĂ©gressive de lâinĂ©galitĂ© et de lâinjustice humaines, et par consĂ©quent câest la cible la plus urgente de lâaile gauche et de la rĂ©sistance "progressiste" [9].
Et IsraĂ«l, la 3eme sociĂ©tĂ© la plus militarisĂ©e du monde aprĂšs la CorĂ©e du Nord et lâErythrĂ©e, et le second rĂ©gime en inĂ©galitĂ© et corruption du monde dĂ©veloppĂ©, nâest pas une "lumiĂšre des nations "progressiste [10].
Il y a, câest certain, des Ă©lĂ©ments progressistes dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, mais lâEtat ne les reprĂ©sente absolument pas [11].
Nous devons soutenir les Ă©lĂ©ments progressistes en IsraĂ«l, pas lâEtat dâIsraĂ«l. IsraĂ«l est une sociĂ©tĂ© militariste, chauvine et raciste, oĂč la discrimination et lâabus des minoritĂ©s, pas seulement les Palestiniens, est rampant, lĂ©gal, et souvent soutenu par lâEtat [12].
IsraĂ«l nâest pas un phare du progrĂšs. Il nâest pas, comme le raciste Blanc EuropĂ©en Herzl lâimaginait, "un rempart de la civilisation contre la barbarie".
Câest un exemple Ă©difiant de la façon dont lâaddiction Ă la guerre et la foi en la force dĂ©grade une sociĂ©tĂ© et corrompt toute autre valeur quâelle voulait avoir.
Lisez seulement les nouvelles du jour.
NOTES
[1] Sâil vous plait, si vous trouvez des excuses dâIsraĂ«l pour lâincident, envoyez moi un mail. Pareil si vous trouvez une quelconque rĂ©fĂ©rence Ă lâĂ©vĂ©nement dans les mĂ©dias. Je nâai rien trouvĂ©.
Deux semaines plus tard, les soldats israéliens blessaient un autre berger.
En dĂ©cembre 2005, les vedettes israĂ©liennes ont attaquĂ© un bateau de pĂȘche dans les eaux libanaises.
Un autre berger a été tué en avril 2003, un autre kidnappé et interrogé par les soldats israéliens en juillet 2004.
En janvier 2001, IsraĂ«l a blessĂ© un berger de 13 ans Ă 5 km Ă lâintĂ©rieur du Liban, apparemment dans une attaque hĂ©liportĂ©e.
De plus, IsraĂ«l a enterrĂ© environ 130 000 mines au sud Liban, selon les estimations de lâONU, et refuse de fournir les cartes des champs de mine aux autoritĂ©s libanaises (en en une occasion IsraĂ«l a donnĂ© Ă une unitĂ© ukrainienne de lâONU des cartes fausses, voilĂ pour la valeur humaine).
[2] Un Ă©chantillon :
âą www.antiwar.com/hacohen/?articleid=5796
âą www.bilin-village.org/photos_repression_en.php
âą www.aloufok.net/article.php3?id_article=1551
âą www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=7463
âą www.rachelcorrie.org/
âą www.tomhurndall.co.uk/
âą [electronicintifada.net]
âą [electronicintifada.net]
âą www.haaretz.com/hasen/pages/ShArt.jhtml?itemNo=415851
âą [electronicintifada.net]
âą [zope.gush-shalom.org]
[3] Pour encore plus sur le terrorisme israélien :
âą Livia Rokach, Israel's Sacred Terrorism.
âą Noam Chomsky, Fateful Triangle, qui couvre la plus grande part de lâhistoire des intrusions israĂ©liennes au Liban.
⹠Sur la responsabilité de Sharon à Sabra et Shatila.
âą Plus sur Shamir et Begin.
âą Sur Lydda et Ramla
[4] Voir [informationclearinghouse.info] et
[www.antiwar.com]
[5] Cité par Steven Erlanger
[6] Benny Morris, Les guerres frontaliĂšres dâIsraĂ«l, p. 203 (Edition en HĂ©breu)
[7] Norman Finkelstein, Beyond Chutzpah, p. 101
[8] www.dissidentvoice.org;
Pour le massacre au barbecue de Gaza, [www.nytimes.com], voir NY Times 14 Juin 2006.
[9] Une sociĂ©tĂ© militariste peut-elle promouvoir les droits des femmes ? Seulement dans la tĂȘte des inconditionnels dâIsraĂ«l. Voir par exemple Cynthia Enloe, Maneuvers : The International Politics of Militarizing Women's
[10] Sur lâinĂ©galitĂ© Ă©conomique en IsraĂ«l voir ici.
Sur la corruption.
La militarisation peut ĂȘtre mesurĂ©e par diffĂ©rents indices. Je me rĂ©fĂšre au nombre de soldats par rapport Ă la population. En dĂ©penses militaires par habitant IsraĂ«l est premier au monde.
DerniÚres données de 1999.
[11] Ici des références de quelques groupes progressistes israéliens. Soutenez-les, pas Israël !
âą [www.newprofile.org]
âą [www.blacklaundry.org]
âą www.blacklaundry.org/eng-index.html
âą [www.taayush.org]
âą [www.challenge-mag.com]
[www.squat.net]
âą [gush-shalom.org]
[12] Quelques sources sur les abus dans le systÚme légal :
âą Raja Shehada, Occupier's Law.
âą Et voir ici pour une transcription dâune session de tribunal israĂ©lien, nouvelle adaptation du livre de Kafka âLe ProcĂšsââŠ
Voir aussi Adalah
Quelques exemples dâattitudes racistes ; "Le sondage a montrĂ© que plus des 2/3 des Juifs refuseraient de vivre dans le mĂȘme immeuble quâun Arabe. PrĂšs de la moitiĂ© ne laisseraient pas un Arabe entrer chez eux et 41% sont pour la sĂ©grĂ©gation des lieux de loisir. 40% des Juifs israĂ©liens croient que âlâEtat doit soutenir lâĂ©migration des Arabes dâIsraĂ«lâ. 63% des Juifs israĂ©liens considĂšrent que les citoyens Arabes sont âune menace sĂ©curitaire et dĂ©mographique pour lâEtatâ.
Quelque 18% disent ressentir de la haine quand ils entendent quelquâun parler arabe, et 34% sont dâaccord avec la phrase "la culture arabe est infĂ©rieure Ă la culture israĂ©lienne".
Voir aussi Dan Rabinowitz, Overlooking Nazareth; "Racism in Israel"
et Gideon Levy, Haaretz, 26 mai 2003.
Gabriel Ash, le 24 juillet 2006