Jimmy Carter : son livre sur la Palestine déclenche une polémique
Alain Jean-Robert
Agence France-Presse
Washington
L'ancien président américain et prix Nobel de la Paix Jimmy Carter est sous le feu des critiques aux États-Unis pour un livre sur la Palestine paru le mois dernier dont le titre choc: Palestine: Peace, not Apartheid (Plestine, la paix pas l'apartheid) a déclenché un quasi procès en sorcellerie.
L'un de ses anciens collaborateurs, l'ancien directeur du Centre Carter, Kenneth Stein a rompu publiquement avec M. Carter, jugeant le livre bourré d'erreurs tandis que Dennis Ross, ancien envoyé spécial de Bill Clinton au Proche-Orient, a accusé l'ancien président Carter d'avoir copié des cartes qui ne lui appartenaient pas.
Un éminent juriste, Alan Dershowitz a qualifié le titre du livre d'«indécent» et plusieurs commentaires postés sur le site d'achat de livres en ligne Amazon.com qualifient M. Carter d'«antisémite».
Le Centre Simon Wisenthal, l'un des principaux groupes mondiaux de défense des intérêts juifs, a lancé une pétition contre le père des accords de Camp David, en septembre 1978, qui forgèrent la paix entre l'Égypte et Israël.
«Jimmy Carter est devenu l'un des critiques les plus féroces d'Israël», écrit le Centre Simon Wiesenthal. Avec son livre, M. Carter est devenu «un porte-parole virtuel de la cause palestinienne», poursuit le Centre basé à Los Angeles.
La pétition, explique le Centre Simon Wisenthal, est destinée «à rappeler respectueusement à (M. Carter) que la vraie raison pour laquelle il n'y a pas la paix au Proche-Orient est à cause du terrorisme et du fanatisme perpétuel des Palestiniens».
Le Centre affirme avoir déjà reçu plus de 16 000 signatures.
M. Carter s'est défendu en expliquant que le mort «apartheid» ne faisait pas référence à un quelconque racisme de la part d'Israël envers les Palestiniens mais au «désir d'une minorité d'Israéliens de confisquer et de coloniser des sites palestiniens».
«L'ex-président a publié vendredi une tribune dans le Los Angeles Times intitulée: «Parlons franchement d'Israël et de la Palestine». Il explique que son livre est le résultat de trois missions d'observation des élections (en 1996, 2005 et 2006) dans les Territoires palestiniens. Il remarque que ces sujets controversés sont débattus intensément en Israël et dans d'autres pays mais pas aux États-Unis.
«Je souhaite provoquer un débat sur ce sujet parce que nous n'avons pas de vrai débat là -dessus aux États-Unis», a-t-il dit.
Avant même la publication du livre, Mme Nancy Pelosi, future présidente démocrate de la Chambre des représentants, a pris ses distances avec M. Carter affirmant qu'«il ne parlait pas au nom du parti démocrate sur Israël».
«C'est vrai», a rétorqué M. Carter dans Forward, un quotidien de la communauté juive de New York, avant de rappeler qu'il fut le démocrate qui a négocié un accord de paix entre l'Égypte et Israël. «Je n'ai pas à expliquer mes références concernant mon désir d'apporter la paix à Israël», a-t-il dit.