CIMETIERE DE MAZAGAN
Je m’adresse en particulier à notre ami Emile Elalouf qui a parfaitement résumé la situation dramatique du cimetière et d’une façon très réaliste a indiqué les différentes pistes à suivre afin d’entreprendre sa réfection. J’ajouterai cependant quelques précisions et suggestions.
Il est vrai que toute entreprise de cette dimension n’est pas une tâche facile, il est également vrai que sans moyens financiers relativement importants il est pratiquement impossible d’entreprendre le moindre projet tant l’état de détérioration est proche de l’état de ruine. Mais il est également vrai que rien n’est impossible lorsqu’on est animé par la foi et le désir de sauvegarder notre patrimoine culturel, moral et historique.
Le Maroc comptait 500.000 juifs avant 1955, aujourd’hui 2300 essentiellement établis à Casablanca. Certaines villes comme Mazagan n’en comptent qu’une petite poignée.
C’est la raison pour laquelle le cimetière de Casablanca est parfaitement entretenu, et que la communauté Juive se désintéresse complètement du sort des autres villes.
J’ai rencontré à plusieurs reprises Monsieur Boris Toledano avant et après la pétition pour lui faire part de ce problème et lui demander d’agir. Il en a pris bonne note mais s’est contenté après plusieurs relances de dire que la communauté finançait déjà le débroussaillage et l’entretien du cimetière, ce qui ne se voit vraiment pas lorsqu’on s’y rend. Je pense sincèrement comme le précise Emile qu’il ne faut plus compter sur une aide quelconque d’une autorité ou organisme. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, ex Mazaganais.
Je le disais plus haut, la tâche n’est pas facile.
Il y a plusieurs volets dans la mise en œuvre d’un tel projet.
-La réfection en maçonnerie et finition du mur d’enceinte et bâtiments
-Le débroussaillage et déblaiement des gravats permettant la circulation
-La restauration des tombes
Il s’agit de 3 métiers différents qui exigent un budget important, un constat précis de l’état des lieux, une estimation budgétaire, l’élaboration d’un projet et d’un cahier des charges par un professionnel et après la collecte éventuelle des fonds nécessaires un suivi irréprochable.
Les 2 premiers volets touchent directement le domaine de la construction et ne semblent pas poser de problèmes en dehors évidemment de leur financement.
La restauration des tombes par contre pose problème étant donné l’état déplorable d’une grande partie d’entre elles qui sont véritablement à l’état de ruine et ne comportent même plus d’inscription. Mais sauvons ce qui peut être sauvé !
En 2005 nous avons décidé avec ma mère de restaurer les tombes de ses parents et grand-parents qui reposent au cimetière de Mazagan, nous avons rencontré au cimetière de Casablanca un artisan qui s’est déplacé et a réalisé en 3 jours un travail admirable. Je suis resté en contact avec cet artisan (qui lit et parle couramment l’hébreu) et je tiens ses coordonnées à la disposition de tous ceux qui voudraient en faire autant. Pour donner un ordre d’idée nous avons payé 4.000 dirhams (moins de 400 euro) pour 5 tombes, vous pouvez voir le résultat sur les photos jointes. A titre indicatif la tombe de Nadia Maimaran, ma grand-mère, date de 1937, celle de mon arrière-grand-père Joseph Adjiman de 1947, celle de mon grand-père Léon Maimaran de 1955.
Depuis 3 ans je passe 80% de mon temps au Maroc et je me tiens à la disposition de tous ceux qui voudraient former un groupe de travail et d’étude en organisant une visite à Mazagan afin d’avancer d’une manière plus rationnelle et éviter les bonnes volontés individuelles qui ne mènent qu’à des mesures insuffisantes par rapport à l’ampleur de la tâche.
Chanatova,
Amicalement, Fred Benarroch