Fès où les cultures se rencontrent:
Nous prenons à peine la sortie menant à Fès pour découvrir les toits parsemés d’antennes paraboliques dans la vallée en contrebas, quand Marrakchi Benjaafar oublie son rôle très officiel de guide de l’Office du toursime marocain pour se transformer en... Stevie Wonder!
«Isn’t She Lovely...» chante-t-il soudainement, un sourire illuminant son visage comme s’il était un enfant.
Marrakchi est né et a grandi à Fès. Il a récemment fait l’acquisition d’une bâtisse qu’il entend rénover lui-même à côté de celle de son cousin. Sa réaction vient droit du coeur. Il revient à la maison et la joie qu’il ressent, nous avouera-t-il plus tard, «arrête le temps».
C’est peut-être vrai, mais en fait, le temps semble rattraper cette ville qui compte parmi les plus libérales du monde arabe. Les différentes cultures se rencontrent à Fès bien plus qu’elles ne s’entrechoquent.
Plusieurs de ses habitants - ils sont plus d’un million - ont délaissé la djellaba pour les jeans, les bulldozers font compétition aux charrettes et les clients des restaurants ont le choix entre le couscous et les MacDonald’s.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Fès une ville universitaire, la première capitale du royaume (en 808) de même que sa capitale intellectuelle.
De nos jours, des arrivants de partout en Europe, ainsi que différentes tribus marocaines font de cette ville une mosaïque aussi colorée que les tapis pour lesquels elle est célèbre.
C’est une cité qui, comme le dit Marrakchi, «appartient à tous les Marocains», même s’ils sont Juifs (bien que le vieux quartier juif se soit graduellement intégré au reste de la ville).
L’imam peut bien appeler à la prière cinq fois par jour des nombreux minarets de la ville, à Fès, la race, la religion et le sexe des habitants sont des éléments rassembleurs, et non le contraire. Source: Canoe