Rétrospective Jacqueline Mathis-Brodskis à Bruxelles
C'est une exposition riche en émotion culturelle, artistique et historique, englobant les œuvres plastiques de Jacqueline Mathis Brodskis, que le centre de la culture Judéo-marocaine a décidé de révéler au grand public pour témoigner du parcours engagé de l'artiste française de confession juive, qui a choisi dès les années trente comme terre d'accueil le Maroc qui correspond bien à ses valeurs.
Mme Lausberg précise que «le Maroc a cette particularité que la population juive fait partie intégrante de son histoire».
L'œuvre intitulée «ombres et couleurs d'un exil marocain» est un voyage dans la mémoire du temps et de l'espace, touchant le regard contemplatif du profane et des historiens de l'art.
Articulée judicieusement autour de trois temps par le Centre de la culture judéo-marocaine qui a cherché délibérément à donner une lecture visuelle aux toiles, l'œuvre dans ses maillons les plus secrets, reflète un état d'esprit celui de la solitude intérieure et de la recherche spirituelle et artistique.
Les travaux de Jacqueline Mathis-Brodskis, cette marocaine de cœur, reflètent en effet une réelle transparence, une lumière fulgurante, jaillissante des profondeurs pour aveugler le regard le plus voilé et remuer les émotions les plus récalcitrantes.
Tel un mouvement en crescendo qui s'étale sur trois temps, le style s'intéresse d'abord à l'expression des visages. L'esquisse d'ensemble constitue une galerie de portraits au crayon, au pinceau ou encore à l'encre de chine.
Ce premier geste plastique, car l'artiste est encore à ses débuts en 1930, donne une ambiance sobre et figée aux petites aquarelles qui sont à la limite de la caricature poétique.
La vocation de peindre est d'emblée perceptible par le dialogue omniprésent entre l'artiste et sa toile, entre l'artiste et son modèle, entre l'artiste et sa propre intériorité. L'œuvre ainsi brandit reflète un climat silencieux, un air méditatif des différents personnages au regard «figé» parce que voilé. Au deuxième temps de ce parcours si singulier, Jacqueline Mathis Bodskis, cette orpheline de la prime enfance, se réfugie de plus en plus dans son art pour exprimer sa sensibilité écorchée, son tiraillement entre deux mondes : bourgeois et artistique.
Dans un geste de construction-déconstruction observé dans certaines de ses peintures, l'artiste crée pour donner cette fois-ci un profil tendant vers une abstraction qu'elle ne voudra jamais atteindre. La palette devient sujet et la couleur donne à la toile son propre mouvement. Les dégradés de tons de bleus et de verts se transforment en perspective de la forme géométrique, du carré agencé comme pour mieux marquer les limites de l'espace.
Ce travail de la matière sans pareil sera présent dans toute la troisième partie de son œuvre, la plus déterminante de sa vie et la plus remarquable.
Celle qui se déroule au Maroc à partir de 1933 et, au cours de laquelle l'artiste affirme sa pluralité artistique, culturelle, spirituelle et politique. Car c'est au cours d'un bref séjour au Maroc, que l'artiste éprise d'autonomie et de respect s'installe définitivement dans «ce pays de la lumière» pour y peindre, créer par la suite des ateliers d'art spontané et enseigner la peinture à toute une génération d'artistes marocains, explique à la MAP, la commissaire de cette exposition Sylvie Lausberg.
Car, précise Mme Lausberg, «le Maroc a cette particularité que la population juive fait partie intégrante de son histoire».
Source:lemaroc.ma