Re: CHERS CASABLANCAIS RACONTEZ-NOUS CASABLANCA
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place de france (IP enregistré)
Date: 22 novembre 2005 a 11:00
LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES
d'apres Hans Christian Andersen
Il faisait vraiment tres, tres froid ce jour le; il neigeait depuis le matin et maintenant il faisait deje sombre; le soir approchait, le soir du dernier jour de l'annee. Au milieu des rafales, par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait pieds nus dans la rue. Lorsqu'elle etait sortie de chez elle ce matin, elle avait pourtant de vieilles chaussures, mais des chaussures beaucoup trop grandes pour ses si petits pieds. Aussi les perdit-elle lorsqu'elle courut pour traverser devant une file de voitures; les voitures passees, elle voulut les reprendre, mais un mechant gamin s'enfuyait en emportant l'une d'elles en riant, et l'autre avait ete entierement ecrasee par le flot des voitures.
Voile pourquoi la malheureuse enfant n'avait plus rien pour proteger ses pauvres petits petons.
Dans son vieux tablier, elle portait des allumettes: elle en tenait une boete e la main pour essayer de la vendre. Mais, ce jour-le, comme c'etait la veille du nouvel an, tout le monde etait affaire et par cet affreux temps, personne n'avait le temps de s'arreter et de considerer l'air suppliant de la petite fille.
La journee finissait, et elle n'avait pas encore vendu une seule boete d'allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se traenait de rue en rue.
Des flocons de neige couvraient maintenant sa longue chevelure. De toutes les fenetres brillaient des lumieres et de presque toutes les maisons sortait une delicieuse odeur de volaille qu'on retissait pour le festin du soir.
Apres avoir une derniere fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant apereut une encoignure entre deux maisons. Elle s'y assit, fatiguee de sa longue journee, et s'y blottit, tirant e elle ses petits pieds: mais elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant elle n'ose pas rentrer chez elle.
Elle n'y rapporterait pas la plus petite monnaie, et son pere la battrait.
L'enfant avait ses petites menottes toutes transies.
"Si je prenais une allumette, se dit-elle, une seule pour rechauffer mes doigtse"
C'est ce qu'elle fit. Quelle flamme merveilleuse c'etait! Il sembla tout e coup e la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poele en fonte, comme elle en avait apereut un jour. La petite fille allait etendre ses pieds vers ce poele pour les rechauffer, lorsque la petite flamme de l'allumette s'eteignit brusquement et le poele disparut. L'enfant resta le, tenant dans sa main glacee un petit morceau de bois e moitie brele.
Elle frotta une seconde allumette: la lueur se projetait sur la mur qui devint transparent. Derriere cette fenetre imaginaire, la table etait mise: elle etait couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'etalait une magnifique oie retie, entouree de pommes sautees: et voile que la bete se met en mouvement et, avec un couteau et avec une fourchette, vient se presenter devant la pauvre petite affamee. Et puis plus rien: la flamme de l'allumette s'eteint.
L'enfant prend une troisieme allumette, et elle se voit transportee pres d'un splendire arbre de Noel. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs: de tous cetes, pendait une foule de merveilles. La petite fille etendit la main pour en saisir une: l'allumette s'eteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent des etoiles. Il y en a une qui se detache et qui redescend vers la terre, laissant une trainee de feu. "Voile quelqu'un qui va mourir" se dit la petite.
Sa vieille grand-mere, la seule personne qui l'avait aimee et cherie, et qui etait morte tout recemment, lui avait raconte que lorsqu'on voit une etoile qui file vers la terre cela voulait dire qu'une eme montait vers le paradis.
Elle frotta encore une allumette: une grande clarte se repandit et, devant l'enfant, se tenait la vieille grand-mere. - Grand-mere, s'ecria la petite, grand-mere, emmene-moi. Oh! tu vas aussi me quitter quand l'allumette sera eteinte: tu vas disparaetre comme le poele si chaud, l'oie toute femante et le splendide arbre de Noel. Reste, s'il te plaet!... ou emporte-moi avec toi.
Et l'enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour voir sa bonne grand-mere le plus longtemps possible. Alors la grand-mere prit la petite dans ses bras et elle la porta bien haut, en un lieu oe il n'y avait plus ni froid, ni faim, ni chagrin.
Le lendemain matin, les passants trouverent sur le sol le corps de la petite fille aux allumettes; ses joues etaient rouges, elle semblait sourire : elle etait morte de froid, pendant la nuit qui avait apporte e tant d'autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa petite main, toute raidie, les restes breles d'un paquet d'allumettes.
- Quelle petit sotte! dit un sans-coeur. Comment a-t-elle pu croire que cela la rechaufferait e
D'autres verserent des larmes sur l'enfant; mais ils ne savaient pas toutes les belles choses qu'elle avait vues pendant la nuit du nouvel an, ils ignoraient que, si elle avait bien souffert, elle goetait maintenant, dans les bras de sa grand-mere, la plus douce felicite.
soly