Les premiers indices de l'existence de la cité remontent au IIIe siècle av. J.C. Centre organisé, disputé et convoité tour à tour par les Phéniciens et les Carthaginois, dans un subtil jeu d'alliances, de contre-alliances et de retournements, Volubilis tombe, un siècle plus tard, dans le giron du royaume maurétanien. La ville devient même résidence royale de juba II.
Lorsqu'en 40, la Maurétanie est annexée par Rome, la ville se transforme et en garde pendant deux siècles et demi les traces. Le troisième siècle est fatal au site. Rome, en butte à de graves crises et à des luttes intestines, se retire de l'Afrique du Nord. Volubilis est livrée à elle-même. Le site tombe alors peu à peu en ruines.
L'avènement de l'Islam, les conquêtes arabes vont redonner un semblant de vie au site. Moulay Idriss 1 er s'y installe même pendant quelques temps avant d'adopter Fès comme capitale.
Au XIIe siècle, Volubilis tombe peu à peu dans l'oubli. Dès 211 et jusqu'au milieu du XVIe siècle, des historiens et des géographes apportèrent de précieuses indications sur l'évolution du site. Dans sa «Description de l'Afrique», Abou al-Hassan al-Wazzani, plus connu sous le nom de Léon l'Africain allait faire naître une légende : Volubilis devenait «Ksar Pharaoun»! «Le Palais de Pharaon, écrit-il est une petite ville antique fondée par les romains à un peu moins de milles Gualili. La population de Zarhoun croit fermement que Pharaon, roi d'Egypte au temps de Moïse, a bâti cette ville et lui a donné son nom».
Oubliée, désertée, Volubilis (Oualili selon les sources arabes), intéresse à nouveau les archéologues. Dès 1750, un ouvrage publie une gravure représentant l'arc de triomphe du site. Cette série de prospection culmine sous l'ère du protectorat.
Des travaux de dégagement sont entrepris. Le site est alors décrit comme «un inextricable amas constitué par les éboulis de pierres, les gonflements des serres et la végétation». Au lendemain de l'indépendance, les archéologues et les historiens marocains prennent la relève. Les travaux sont concentrés sur le «quartier tardif» négligé jusqu'alors ou encore sur les problèmes de datation. Les ouvrages consacrés au site antique ne sont pas légion. Le dernier ouvrage date de 1972.
Le mérite de «Volubilis, une cité du Maroc antique» est d'avoir réussi à redonner sa véritable identité à un site que d'aucuns ont voulu à tout prix romain. Volubilis a subi de multiples influences locales et africaines. Les différentes fouilles menées sur le site ont permis d'en étayer la preuve et même de déceler l'existence de l'homme du début du néolithique, 4000 avant notre ère.
Jean-Luc Panetier a réussi, dans son superbe ouvrage, à remettre, en quelque sorte, les pendules à l'heure. Cette réactualisation des connaissances, appuyée par de solides références, des documents et des archives inédits, plonge le lecteur dans un récit passionnant de l'histoire d'un site prestigieux.