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HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 20 dcembre 2007 : 07:32

HISTOIRE DES SEPHARADES





Substantif et adjectif, l'appellation "séfarade" est appliquée aux Juifs dont les ancêtres vécurent dans l'Espagne médiévale, et plus généralement les membres des communautés juives non ashkénazes. Dans le livre du prophète Abdias (verset 20), le terme "Sefarad" est une localité où demeurent des exilés de Jérusalem. Bien que, pour les savants modernes, ce verset biblique s'appliquât à Sardes en Lydie, il fut rapporté à Ispania ou Ispamia par les premiers commentateurs juifs. En hébreu médiéval et moderne, Sefarad équivaut à Espagne. Aujourd'hui, séfarade tend à supplanter dans l'usage les formes savantes sefardi ou sefaraddi (pluriel sefardim ou sefaraddim ), qui dérivent directement de l'hébreu.

On distingue trois périodes majeures dans l'histoire des séfarades. La première va des origines légendaires (une colonie salomonienne en Espagne) à l'expulsion des Juifs d'Espagne (1492). Jusqu'au VIIe siècle, l'essor des communautés du bassin méditerranéen et de l'Espagne s'accomplit sans encombre, en relation avec les foyers palestinien et babylonien. En 589, à la suite de la conversion au catholicisme du roi wisigoth Reccarède, un siècle de persécution pour les Juifs d'Espagne commence, persécution à laquelle met fin l'invasion musulmane (711).

La période comprise entre 711 et 1036, qui coïncide avec l'époque du califat de Cordoue et des royaumes islamiques qui lui succédèrent, est considérée comme l'âge d'or du judaïsme espagnol. Au XIe siècle principalement, le judaïsme séfarade contribue à la renaissance de la langue hébraïque avec ses grammairiens, ses lexicographes et ses poètes (notamment Salomon ibn Gabirol, Moïse ibn Ezra et Juda Hallevi); ce renouveau donne au judaïsme occidental son premier grand talmudiste, Isaac ben Jacob al-Fasi, et son philosophe, Moïse ben Maimon, dit Maimonide.

L'invasion des Almohades, d'une part, la Reconquista, d'autre part, entraînent au XIIe siècle la migration des Juifs de l'Andalousie vers l'Espagne du Nord, qui est chrétienne. Les communautés juives, régies par des fueros (privilèges royaux) et par leurs propres constitutions (ascamot ), y mènent une existence paisible fondée sur une économie très diversifiée (allant du cultivateur au fermier des impôts).

Les rabbins espagnols jouissent d'un prestige reconnu dans toute l'Europe, particulièrement Moïse ben Nahman, dit Nahmanide, et Salomon ben Adret. Moïse de León, rabbin à Ávila, transcrit (ou écrit) le maître livre de la kabbale, le Zohar . Les Juifs participent à l'éclosion de la science et de la littérature castillanes, notamment sous Alfonse le Savant (1254-1284). En 1391, une vague de massacres, inaugurée à Séville le 15 mars, déferle sur les communautés de Castille et d'Aragon, déterminant l'apostasie et l'émigration de multiples familles, ainsi que la disparition de communautés entières comme celle de Barcelone.

L'effort de restauration du XVe siècle ne peut empêcher le déclin des communautés espagnoles, dont l'Inquisition réclame l'expulsion. Décrétée le 30 mars 1492 au palais de l'Alhambra de Grenade, l'expulsion des Juifs d'Espagne met fin au foyer majeur du judaïsme médiéval. Elle ouvre une période dite Diaspora séfarade (1492-1776). Désormais dispersé de l'Empire ottoman, son principal établissement au Nouveau Monde (avec des crypto-Juifs d'abord et des communautés déclarées au XVIIe siècle), le judaïsme séfarade conserve une unité de culture, d'organisation de type communautaire, de langue (l'espagnol médiéval devenu le judéo-espagnol ou ladino et le portugais).


Les grandes communautés des exilés d'Espagne sont à Constantinople et à Salonique, mais aussi à Venise, à Amsterdam, à Londres, à Pernambouc (au Brésil) et à Curaç ao. La population juive de Terre sainte s'hispanise largement avec la renaissance, grâce à l'immigration espagnole, de Jérusalem, de Safed (où Joseph Caro rédige un code dit Šulhan Arukh - table servie - bientôt adopté par l'ensemble du judaïsme), d'Hébron et de Tibériade.
Le XVIe siècle est le siècle d'or pour les communautés de Turquie et de Grèce: les imprimeries qu'elles y établissent diffusent la création intellectuelle du judaïsme médiéval et l'intense floraison hébraïque et judéo-espagnole postérieure à l'expulsion de 1492.

Au XVIIe siècle, encore que moins peuplées, les communautés "portugaises", (Angleterre, France, Provinces-Unies, Amériques) participent vigoureusement à l'essor du commerce atlantique et constituent une sorte de fédération autour d'Amsterdam, dont l'activité intellectuelle est exceptionnelle, bien que Baruch de Spinoza soit amené à s'en détacher, et dont l'imposante synagogue, l'Esnoga, fait l'admiration des visiteurs européens. En 1666, communautés d'Orient et d'Occident sont prises dans l'effervescence messianique du "messie mystique" de Smyrne, Sabbatai Zevi, Séfarades et Ashkénazes attendant une rédemption imminente.
Au XVIIIe siècle, Livourne tend à surpasser Amsterdam comme centre majeur du judaïsme séfarade en Occident par son activité commerciale et par la production de ses presses hébraïques. Cependant, la crise de l'Empire ottoman atteint des communautés orientales qui s'appauvrissent, tandis que les problèmes sociaux accablent celles d'Occident, notamment d'Amsterdam. Avec la dispersion extrême des familles s'est établie une sorte d'organisation mondiale informelle des Séfarades.

Une période nouvelle commence avec l'indépendance des États-Unis d'Amérique en 1776. Ralliés par le rabbin Gershom Seixas à la cause de l'indépendance, les Juifs américains obtiennent un statut d'égalité, offrant ainsi aux Juifs d'Europe un modèle d'émancipation. Le modèle est repris par les Séfarades français, qui font campagne en 1789, de concert avec les Ashkénazes d'Alsace d'abord, seuls ensuite, pour l'obtention des droits de citoyens actifs.

L'émancipation des Juifs de France (29 sept. 1791) est en grande partie une œuvre séfarade. Désormais, le modèle français inspire les communautés juives d'Orient et d'Occident en quête d'une émancipation mettant fin à leur statut médiéval. En fait, l'oppression se prolonge en Afrique du Nord et en Orient jusqu'en 1860. Cette année-là est créée à Paris l'Alliance israélite universelle, qui s'attache à promouvoir le régime statutaire, économique et scolaire des communautés orientales: son réseau d'écoles, de l'Afrique du Nord aux Balkans et à la Perse, prépare les Juifs à entrer dans le monde moderne; ses interventions obtiennent un recul de l'arbitraire dans ces pays.

Pourtant les centres vitaux du judaïsme séfarade se vident de leurs effectifs avec l'émigration vers l'Occident et l'Amérique, tandis que l'espagnol recule devant les progrès du français chez les séfarades orientaux. Chant du cygne de la culture séfarade, une presse judéo-espagnole, d'une richesse et d'une diffusion prodigieuses, popularise au XIXe et au XXe siècle le patrimoine intellectuel séfarade et l'apport occidental (traductions multiples des romans français, dont ceux d'Alexandre Dumas et d'Eugène Sue). Des courants nouveaux s'expriment dans cette presse, socialiste ou nationaliste (le rabbin Juda Alkalai est un précurseur du sionisme politique).
Comme les communautés ashkénazes, les communautés séfarades sont frappées par l'holocauste hitlérien dans leurs centres les plus authentiques, en Bulgarie et en Grèce surtout (la déportation des Juifs de Salonique a fait disparaître le foyer du parler judéo-espagnol). Aujourd'hui, les communautés nord-africaines sont en cours de liquidation et les groupements séfarades de la Diaspora se trouvent en France et aux États-Unis (plus de 30 000 à New York); près de 60 p. 100 de la population d'Israël sont séfarades. En Israël, si traditionnellement le grand rabbin d'Israël séfarade, dit le Rišon le Sion, a la prééminence sur le grand rabbin ashkénaze, la vie politique, économique, intellectuelle est largement dominée par l'élément ashkénaze, et la disparité des niveaux de vie entre l'un et l'autre élément pose un problème grave. Les études séfarades, longtemps négligées, connaissent un essor spectaculaire avec les travaux de l'institut Arias Montano de Madrid, l'institut Ben Zvi à Jérusalem, l'Institut mondial pour les études séfarades de New York, les enseignements de langue et civilisation séfarades de l'Institut des langues et civilisations orientales de Paris.

D'après l'Encyclopediae Universalis




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 20 dcembre 2007 : 08:04

L'ESPAGNE DE 910 A 1492












HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 aot 2008 : 22:39

LES JUDÉO-CONVERS
TOLÈDE XVÈME-XVIÈME SIÈCLES
DE L’EXCLUSION À L’INTÉGRATION



Nous nous rapprochons bien de ce que nous appellerions une sorte de révisionnisme de bonne compagnie. Le problème marrane en Espagne proprement dite serait évacué. Les convers d’origine juive auraient perdu dès le XVIème siècle tout lien religieux ou affectif avec leur communauté d’origine. Ou plutôt ils n’auraient conservé de leur appartenance juive que les réseaux familiaux de “solidarité”, en un mot la fameuse entraide, au service d’une “stratégie” d’ascension sociale.

Leur réussite au fil des siècles dans cette ascension prouverait que le régime inquisitorial n’a pas freiné leur intégration. Les convers ont voulu “rester entre eux”, pour mieux réussir, sans se mêler aux vieux chrétiens Dès lors, l’amalgame étant réalisé, il n’y a plus ni victimes ni bourreaux, si ce n’est dans l’imagination des Juifs et des “progressistes”.
On admet bien que les vieux-chrétiens renâclaient généralement à toute alliance matrimoniale avec la caste “impure”, mais cela coïncidait avec le propre souhait des membres de cette caste. Oui, l’on constate que cette volonté d’ascension se traduisit par des alliances matrimoniales au sein de l’aristoccratie. Mais..mais...Il fallait que ces convers fussent à la fois mus par une irrésistible volonté d’ascension sociale et par l’auto-ségrégation. En somme ils ne seraient restés fidèles qu’à eux êmes. Les évolutions sociales de ces familles converses sont intéressantes à suivre, mais leur stratégie est-elle si lointaine de celle de toutes les bourgeoisies ascendantes en Europe ? Quant à leur dimension morale, les analyses de l’auteur sont rarement valorisantes parce que, tout en épinglant à juste titre la petitesse de certaines conversions de cour, et en constatant l’énorme pression politique, terroriste et économique conduisant à la conversion, il fait bon marché de la forte résistance rencontrée chez ceux qui préférèrent l’exil, ou sauvegardèrent un espace intérieur de liberté de penser et de croire. On sait par Revah, sorte d’aryen d’honneur de l’histoire des marranes, à en croire le brevet de rigueur historique - exceptionnel, dit on, pour un Juif - que lui délivre Parello, qu’une synagogue fut créée à Madrid au milieu du XVIIIème siècle avec l’aide des Juifs de Livourne, ce qui montrait quelque persévérance et combativité chez les exilés, et une belle survivance de la fidélité chez ceux de l’intérieur.

Cet événement insolite, mais révélateur, fut le signal d’une série de procès et de bûchers en plein siècle des Lumières. On aurait aimé que l’auteur nous montrât, au milieu d’une humanité banale, quelques échantillons de grandeur comme celui-là. Fallait-il, pour l’honneur des
conversos, des preuves plus récentes encore ? Certes, rien ne résiste éternellement à l’usure du temps. Comme l’écrivait déjà Montaigne sur le même sujet, parlant des conversions forcées à Lisbonne : … “quelques uns se firent Chrestiens ; de la foi desquels, ou de leur race, encore aujourd’hui cent ans après peu de Portugois s’asseurent, quoy que la coustume et la longueur du temps soient bien plus fortes conseilleres que toute autre constreinte”. Mais faut-il souscrire à l’analyse socio-économique de Parello pour la seule raison qu’elle serait intéressante ? Pour lui, en effet, le dynamisme économique et social de la minorité converse constitue la preuve que les barrages idéologiques ne tiennent pas face aux impératifs économiques. Et de constater le paradoxe d’une société qui, voulant exclure, n’en a que mieux intégré.

Mais qu’est-ce qu’une intégration qui effacerait ? Est-ce l’économie qui a provoqué l’effacement, ou la terreur sous laquelle l’identité du groupe s’est dissoute dans les réussites individuelles de certains de ses membres ?

Ce que n’ont guère compris de savants analystes s’interrogeant sur la nature profonde des marranes, c’est que, bien au delà de la théologie, la source de leur résistance fut dans le sens judéo-ibérique de l’honneur et que, dans leur culture propre et millénaire, le premier honneur est celui qu’on rend aux ancêtres. Il est vrai qu’on ne comprend pas sans aimer. L’honneur de Dieu : la formule est dans les statuts des premiers mahamad des Portugais d’Amsterdam. Mais on la trouvait chez Calvin. Elle a armé la résistance des protestants des Cévennes. Le postulat selon lequel la majorité des conversions du XVème siècle aurait été sincère ne tient pas compte de cette universelle règle de droit : tout consentement est vicié par la force. Le réalisme conduit à croire que les conversions proprement spirituelles, pour honorables qu’elles fussent, furent infimes. Les religions conquérantes se répandent par le fer et le feu. Il existe, quelques fois en un siècle, une personnalité atypique ou d’exception pour obéir au seul mouvement des spéculations métaphysiques. L’une d’elles bénéficia de la présomption de sincérité : Bergson. Il jugea contraire à l’honneur de rallier la religion majoritaire au moment même où la minoritaire était persécutée. ❑


Lionel Lévy

[www.sefarad.org]




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 septembre 2008 : 07:52

LES SECRETS D'UN PASSE OUBLIE

par Ruffina Bernadetti Silva Mausenbaum




Ce n'est que tout a fait recemment que j'ai découvert que je n'étais pas unique. Il ya beaucoup d'autres comme moi qui demeurent secretement caches dans un passé oublié, nés d'un peuple qui a disparu. Ces secrets refirent surface au cours des années 1930 au Portugal quand une lumière sous la forme d'une renaissance des marranos surgit et mourut avant meme de s'elever en une flamme d'espoir. Jusqu'à maintenant enfouis sous les cendres de la peur, l'humiliation et la honte, on estime que, seulement au Brésil il y aurait entre 15 et 30 millions de personnes et peut-être jusqu'à la moitié de l'ensemble au Portugal !

Le Portugal est un pays ancien et le plus au sud-ouest de l'Europe, ses frontières inchangées depuis 800 ans, avec une histoire complète et riche de la culture juive, son histoire et ses martyrs, sa noblesse, tout autant que ses paysans sont "entachés" de sang juif. Aujourd'hui, le Portugal est un pays où les Juifs dominent la vie et excellent dans tous les domaines, qu'il s'agisse de commerce, d'universitaires ou d'intellectuels. Il fut un temps ou les Espagnols ainsi que d'autres, se plaignaient que l'on ne pouvait pas, partout en Europe ou dans le nouveau monde, faire d'affaires à moins d'avoir pour partenaire un Portugais. Portugais étant synonyme de juif !

Le Portugal s'est efforcé de devenir "Judenrein" (sans Juifs) depuis 500 ans. Un cruel prélude à ce qui se preparait avec l'Allemagne nazie. Pour moi, avec un patrimoine portugais, cela est particulièrement douloureux de constater que mes propres origines, mon histoire et ma culture ont été completement effacées.

Un vestige du dynamique passé juif demeure, en partie grâce à un petit garçon né à Amarante, une ville en dehors de Porto. Il était age de 10 ans en 1897, lorsque son grand-père lui a dit «Nous sommes Juifs" et lui a appris le secret de la prière dite "Crypto" de ceux qui etaient secretement des Juifs, qui disaient en entrant dans une église; «Je viens ici non pas pour visiter ni le bois ni la pierre, mais pour vous adorer vous, notre Seigneur, qui nous gouverne, nous, "les Crypto Juifs du Portugal "par David Augusto Canelo 2nd Ed.. 1990.

Le petit garçon s'appelait Arthur Carlos de Barros Basto, et même s'il a été baptisé comme catholique, comme beaucoup d'autres "anusum" (contraints de se convertir) ils ont tous conservé leur judaïsme dans leur coeur. Il s'est ensuite converti au Judaïsme orthodoxe a l'age de 33 ans. De nombreuses familles du Portugal ont continue a maintenir les traditions et les pratiques juives à travers les années. Certains sans connaissance de leurs origines, comme dans ma propre famille, tous catholiques mais ont conservé de nombreuses traditions juives transmises sans explications.

Ma grand-mère, dont je porte le nom, était allée dans le village où notre famille chercha refuge et anonymat afin de survivre. "Odd", signifiait que une fois par an, elle devrait disparaître en se rendant dans les champs pour toute la journee et la nuit. On appelait cela "antepura" (Jour du Grand Pardon).

Bien que Artur Carlos de Barros Basto est à peine mentionné dans l'encyclopédie Judaïca, il est un heros et un martyr moderne pour avoir maintenu un judaïsme portugais. Il fut connu sous le nom de "Dreyfus portugais" parmi ceux qui prirent connaissance de son histoire. Il a fait des études et obtenu un diplôme d'Ingenieur. Il devint ensuite un soldat de metier et fut décoré après la Première Guerre mondiale pour bravoure par les Britanniques et les Portugais et promu capitaine. Un capitaine qui a été démis de l'armée parce qu'il était Juif. Il a fait face a son humiliation comme il le pouvait parce qu'à la différence de Dreyfus, il n'y avait pas de monde ou supporters pour l'aider à se défendre et a faire valoir sa foi. Il a mene la bataille contre les préjugés tout seul.

À la fin du 19ème siècle, les historiens croyaient que le Portugal avait atteint son objectif. L'Inquisition, qui a duré 300 ans dans ce pays a réussi à débarrasser le Portugal de tous ses Juifs. Les gouvernements estimerent que les conversions forcées et les persécutions avaient annihiler 4000 ans d'histoire d'une culture et d'une religion et, comble de l'ironie, se remirent a "inviter les juifs» dans le pays pour tenter d'inverser le déclin économique qui a culminé avec la «Judenrein».

Quelques uns arrivent du Maroc, Tanger et Gibraltar et furent reconnus en 1892.
L'autorisation fut donne de construire une nouvelle synagogue mais celle-ci n'etait pas autorisée à faire face à la rue. Le Shaare Tikva (Porte de l'Espoir), ne se remarque pas derrière de hauts murs et des barrières dans une cour à la Rua Alexandre Herculano, Lisboa.



C'est dans ce contexte religieux de "tolérance" que le capitaine de Barros Basto a créé une petite synagogue a OPorto. Il a également lancé un journal hebdomadaire, écrit sous son nom hébreu d'Abraham Ben Rosh tout en visitant les zones reculées, souvent en pleine insignes militaires. Il l'a fait pour rassurer du «secret des collectivités» et convaindre chacun de l'acceptation de leur véritable religion. Beaucoup de ces voyages ont été effectues accompagnes de deux médecins afin d'effectuer des circoncisions en cas necessaire.






La Circoncision étant une partie intégrante du judaïsme, elle a été interdite par l'Inquisition et beaucoup, effrayes ont dû renoncer à ce rituel. Cette crainte a continué jusqu'à cette periode ...

La synagogue de Porto est passée d'une petite chambre a un bel immeuble offert par Elie Kadoorie, lui-même d'une famille "sefarade" (juif de l'Espagne et du Portugal) et ayant des liens de commerce avec la Chine - Shang Hai et Hong Kong. La synagogue "Kadoorie" a été construite sur un terrain offert par le Baron Edmond de Rothchild de Paris, tandis qu'a Braganca, une autre synagogue avec son propre rabbin s'ouvrit, appelée "Portes de la Rédemption».

Le capitaine, marié et père d'une famille, installa une Yeshiva (école religieuse) à Porto, qui, en 9 ans de son existence réussi à former 90 étudiants en hébreu, français, portugais, histoire et d'études juives.

Ces activités ne sont pas passées inaperçues par Salazar, jugé lui-même de descendance Marranos, ainsi que son gouvernement que la situation n'impressionnait pas. On estime que 10.000 familles au Portugal, précédemment dites catholiques, admettent maintenant avoir vécu secretement une double vie jusque-là, et avouent etre des Juifs secrets.

Forgées de toutes pièces, des accusations ont été portées contre le capitaine et dans les 24 heures qui suivirent, il fut conduit au tribunal, dépouillé de son rang dans la hiérarchie et recut l'ordre de fermer la Yeshiva. Il fut detruit mais resta fidèle à ses convictions religieuses, priant tout seul dans la synagogue Kardoorie, jusqu'à sa mort en 1961.

La renaissance des Marranos, encore à ses débuts s'eteignit petit à petit ramenant à l'esprit le souvenir de la peur parmi les Juifs du Portugal. La fragilité des communautés se rappelerent qu'il n'y avait pas si longtemps, pendant une bonne partie du 19ème siècle, on pouvait être enterré vivant par l'"Auto-da-Fe" (loi de la foi) sur un simple soupçon de pratiquer le judaïsme.

La montee du nazisme et, avec lui, l'antisémitisme virulent inquiéta les Juifs du secret. En visualisant une carte du Portugal, les 3 principaux centres de l'inquisition formant le "coeur" du pays, Lisbonne, Coimbra, Evora, le Portugal qui avait detruit ses propres enfants, pourrait facilement recommencer ...

Pourtant, le miracle du Judaïsme portugais continue, en particulier dans la communauté de Belmonte. Une ville dans le nord-est du Portugal. Auparavant connus sous le nom de "crypto" (secret) Juifs, ils ont récemment, en décembre 1996, rejoint fièrement le judaïsme orthodoxe, après 500 ans de secret et de peur.
Dans l'obligation de se cacher dans cette charmante ville haute dans la «Serra da Estrela" (montagne d'étoiles) ils sont parvenus avec foi et persévérance à maintenir leur religion. Ils étaient formellement catholiques mais resterent Juifs de coeur. Ils sont les enfants de cette communauté qui avait participé à l'établissement de la Yeshiva du capitaine Barros Basto dans les années 1930.

C'est avec fierté que je me souviens de ma grand-mère Rufina, et d'autres comme elle, qui, en dépit du danger encouru réussirent à garder leur foi vivante. Combien heureuse aurait-elle été si elle avait ete temoin du fait que son humiliation ne fut pas vaine. Qu'aujourd'hui, bien des années plus tard, sa petite-fille observe les "antepura" (Yom Kippour - Jour du Grand Pardon) juive d'ouverture avec un patrimoine portugais. Bien que moi aussi, j'ai été baptisé a l'Église catholique, tout comme le capitaine de Barros Basto je suis aujourd'hui reconvertie à la religion de mes ancêtres, le judaïsme orthodoxe. Souvent, lorsque l'on écoute la musique portugaise "Fado" (musique populaire) je me rappelle d'un peuple oublié, et ma "saudade" (nostalgie) pour le passé continue ...

Notes:
Lorsque le capitaine Barros a été enterré dans Armarante, près de son grand-père, l'Etat d'Israël a proposé de l'enterrer honorablement aux côtés d'autres grandes figures de l'histoire juive, mais il avait laissé des instructions, il voulait être près de ses proches.
Un merci spécial à mon héros Mario Soares, président du Portugal qui a fait des excuses publiques à la communauté juive du Portugal le 17 Mars 1989 pour l'horreur et la tragédie du passé. Il a lié la baisse du Portugal directement à l ' «expulsion» du pays des citoyens juifs.

L'expulsion du Portugal n'a jamais eu lieu. Les citoyens ont été plutot convertis et baptisés en masse par la force. Bien que nous ne pouvons pas oublier ou changer le passé, il ya de l'espoir pour un avenir ensemble, pour les gens qui partagent la noble lignée du roi David, une fois de plus ...
Je suis fier, une fois de plus à dire: «Je suis d'origine juive portugaise".

Texte en anglais et traduit en francais par moi-meme pour Darnna.com a partir du site [www.saudades.org]




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: revital (IP enregistrè)
Date: 07 mars 2009 : 18:42

MERCI POUR CETTE DOCUMENTATION DARLETT C EST INSTRUCTIF

HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: echkol (IP enregistrè)
Date: 07 mars 2009 : 19:17

Darlett

Bienvenue au club des portugais, tu te souviens de mon Arriere Grand pere (son acte de naissance mis par moi "ICI" meme) Né ds l'ile des acores ( Portugal)
apres tout on reste des juifs
david

HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 mai 2009 : 04:02

LES SEFARADES ET L'ESPAGNE




I. La Diaspora Sefarade

L’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 n’engendre pas la diaspora séfarade.

Elle lui donne son envergure, sa diversification géographique, ses « mythes de création », ses traumatismes, sa mémoire, sa conscience. Mais bien avant 1492, il y a des Juifs espagnols installés un peu partout en Méditerranée : en Afrique du Nord ou depuis Kairouan l’Aghlabide et Fes l’Idrisside, les échanges d’idées et d’hommes, sont constants ; en Italie où de petites communautés d’hommes d’affaires espagnols, liés à la péninsule, sont présentes durant tout le 15ème siècle ; en Egypte et en Palestine, qui voient en ce même siècle débarquer de nombreux Juifs espagnols, poussés surtout par des espérances messianiques.

L’exil de 1492 donne des dimensions nouvelles à cette diaspora. Plus de 100.000 hommes partent en quête d’un nouveau port d’attache, d’un nouvel abri, en Méditerranée. Quête qui dure pour nombreux – peut-être pour la plupart – de longues années, et qui implique de nombreuses étapes, pas toutes heureuses.

Nombreux sont les lettrés et les rabbins qui ont mis par écrit le récit de leur périple personnel, témoignant aussi pour la masse silencieuse de leurs coreligionnaires. Un récit laconique que nous a laissé R. Yehuda « Hayyat dans son introduction à l’ouvrage mystique Ma’arakhot Haelohout (« les systèmes de l’Obinite ») peut servir d’exemple. Expulsé d’Espagne, il passe au Portugal proche. En 1493, il quitte Lisbonne sur un bateau qui transporte 250 passagers . Frappé par la peste, le bateau ne reçoit nulle part permis d’accoster, et tourne en Méditerranée pendant 4 mois. Il est finalement attaqué par des corsaires basques qui « libèrent » les passagers de leurs biens et forcent le navire à revenir au port de Malaga. Les autorités espagnoles laissent le bateau ancrer au large du port, sans lui fournir ni eau ni victuailles, permettant de descendre à terre seulement ceux qui acceptent de recevoir l’eau du baptême. Un cinquantaine de personnes périssent, de maladie et d’épuisement physique, et une centaine franchissent le pont par désespoir et renient leur foi un an après avoir quitté l’Espagne, pour avoir décidé autrement. Après deux mois, le bateau est enfin autorisé à quitter le port, et réussit à faire descendre sa cargaison humaine sur les côtes atlantiques de la « Berberie ». Hayyat, qui a perdu sa femme entre-temps, est emprisonné, accusé d’avoir insulté le prophète. Il passe 40 jours dans une geôle jusqu’à ce que les Juifs de Fes le libèrent moyennant rançon. A Fes, il travaille comme aide meunier pour un salaire de misère et, n’ayant pas où se loger, passe les froides nuits d’hiver pelotonné dans des dépôts d’ordures. L’hiver passé, il reprend la route pour le royaume de Naples où le surprennent les « guerres d’Italie » du roi de France Charles VIII. Après un nouvel emprisonnement, il passe à Venise, où, aidé par d’autres réfugiés espagnols, son sort s’améliore peu à peu.

Les avatars de R. Yehuda Hayyat ne sortent pas du commun. Des dizaines de milliers de Juifs de sa génération ont connu le même sort. Et de ce fait pour la mémoire juive séfarade, l’expulsion d’Espagne est un traumatisme qui unit en une même et seule dénomination et le déracinement des expulsés et leur longue route d’exil.

Ces exilés, dispersés à tout vent autour de la Méditerranée, font de cette mer une « Mare Nostrum » séfarade. De par leur grand nombre évidemment, mais aussi de par leur conscience de provenir d’une judéité culturellement supérieure.

Partout où ils vont, ils créent des congrégations religieuses particulières aux côtés des congrégations déjà existantes, où ils cultivent leurs traditions et leur culture propre. Un esprit de clocher exacerbé les amène même à se particulariser entre eux, et dans de nombreuses communautés, nous voyons naître des congrégations catalanes, aragonaises, castillanes, léonnaises et andalouses, qui ne se mélangent point. Mais c’est leur sens de supériorité qui les pousse non seulement à garder leurs traditions, mais à essayer de les imposer aux Juifs autochtones, à ceux qui les ont accueillis. C’est une longue et souvent fière lutte, presque partout couronnée de succès. Au Maroc, ils réussissent à imposer, dans toutes les grandes villes, leurs fameux Statuts de Castille rédigés principalement à Fes. Dans les Balkans et en Turquie, ils arrivent à faire encore mieux : leur langue, base de leur culture hispanique, deviendra le vernaculaire de tous les Juifs de ces régions ; au bout d’un siècle, c’est une judéité complètement hispanophone, et le judéo-espagnol – évidemment truffé d’hébraïsmes, arabismes, turkismes et grécismes – saura jusqu’au 20ème siècle, garder la mémoire de tout un corpus de contes, de chants et de « romanças », né en Espagne.

« Mare Nostrum » séfarade donc : en Italie, en Egypte, des communautés ou des congrégations particulières suivent les traditions juives espagnoles. En Afrique du Nord, ces mêmes traditions sont imposées aux Juifs autochtones. Dans les Balkans et en Turquie, en Palestine, au Nord du Maroc, se créeront des espaces géoculturels hispanophones, qui développeront une culture hispanique propre, quoique coupés de l’Espagne.





II. La Diaspora de Culture Hispanique

Le 16ème siècle atteste une floraison spirituelle inouïe de cette diaspora séfarade méditerranéenne. Un véritable âge d’or. Des historiens comme Salomon Ibn Verga régénèrent un genre délaissé jusque-là par les lettrés juifs. Des exégètes et des mystiques comme Don Isaac Abravanel, R. Abraham Sabba et R. Jacob Berab, réécrivent leurs ouvrages crus perdus et les multiplient par des nouveaux apports. Si la philosophie juive perd un peu de terrain (citons quand même Leone Hebreo, le fils de Don Isaac Abravanel), les écrits apocalyptiques et cabbalistiques en gagnent et très tôt préparent le terrain de la célèbre école Lurianesque de Safed. Le fait de toute cette création est sans doute la codification la plus importante des lois juives : le Shoul’han Aroukh sad smiley « La table dressée ») de R. Joseph Caro.

Toute cette production littéraire est secondée par un effort conscient de formation, de création d’un « leadership » rabbinique, d’une élite spirituelle nombreuse, chargée de transmettre et de renouveler le legs du judaïsme espagnol. R. Joseph Taitatzak de Salonique est le symbole de ceux qui vouèrent leur vie à cette tâche éducationnelle.

Cet âge d’or spirituel est ancré dans un grand essor économique, surtout des communautés italiennes et de l’Empire Ottoman. L’énorme communauté d’Istanbul, déjà très importante avant l’arrivée des expulsés espagnols, est choyée par le Sultan et dirige beaucoup de ses entreprises économiques et commerciales. Mais aussi Salonique, Safed, où les Juifs espagnols sont une majorité, se trouvent en pleine expansion industrielle, grâce aussi à ces mêmes Juifs.

Mais cette conjoncture n’est pas éternelle. Au 17ème siècle, l’Empire Ottoman est en perte de vitesse. Une certaine stagnation économique le touche, qui prépare et annonce déjà sa déchéance prochaine. Les Juifs perdent de leur importance auprès de la « Sublime Porte » et ce sont des Arméniens et des Grecs qui les supplantent dans les finances et dans le grand commerce ottoman. Les communautés juives du Levant commencent donc à pâtir d’une régression économique. En ce 17ème siècle, elles sont en plus touchées grièvement par l’affaire du faux messie Sabbetay Tsevi. Quand celui-ci se convertit à l’islam, nombreux sont les Juifs « déconnectés », grand nombre de rabbins et de dirigeants communautaires étant disqualifiés à leurs yeux pour leur attitude dans cette affaire. Une minorité optera même pour suivre Sabbetay Tsevi dans la religion musulmane et formera la secte des « Deunmeh ».

Temps de crise donc que ce 17ème siècle pour les communautés séfarades du Levant. Loin de la Méditerranée surgit une nouvelle diaspora séfarade : des communautés de création « marrane » naissent et grandissent en Europe : Bordeaux, Amsterdam, Hambourg, plus tard Londres. Il est peut-être significatif que leurs créateurs, fuyant l’Espagne et surtout le Portugal, après des générations cultivant sous le masque une conscience juive pou le moins particulière, aient choisi d’autres centres que ceux du Levant pour se réincorporer au Judaïsme. Mais ce temps de crise, qui s’accentua au 18ème siècle avec une décadence ottomane déjà palpable, sera paradoxalement, pour les communautés hispanophones du Levant, un temps de renaissance culturelle. Si le 16ème siècle est le grand siècle de la culture juive séfarade de contenu juif et en langue hébraïque, il porte aussi en filigrane un courant d’écrits en judéo-espagnol, à destination populaire.

Ce courant littéraire ne tarit pas. Au contraire, il va s’accentuant jusqu’à recevoir au 18ème siècle ses « lettres de noblesse » avec la parution du Me’am Lo’ez. Jacob Khouli : énorme compilation d’exégèses, de légendes et de traditions populaires adressée aux masses mais aussi à une « intelligenzia » non rabbinique, non spécialisé : aventure littéraire de grande envergure que continueront d’autres que Khouli. Avec l’impression de nombreuses pièces poétiques populaires, « coplas » et « romanças », c’est à une nouvelle renaissance de la littérature séfarade que nous assistons aux Balkans, une renaissance hispanique cette fois-ci. Contrairement à la production littéraire hispanique des séfarades d’Europe du Nord, la production balkanique va en s’accentuant et en s’approfondissant tout le long du 18ème et du 19ème siècles : aux genres traditionnels, poétiques et éducatifs, s’ajoutera au 19ème siècle une littérature populaire très dense : des traductions et des adaptations d’œuvres européennes (surtout françaises), mais aussi des pièces de théâtre, de très nombreuses courtes nouvelles, quelques plus courts romans, bref de quoi assouvir la soif de culture des séfarades, dans leur propre langue, le judéo-espagnol. La deuxième moitié du 19ème siècle voit aussi apparaître une presse séfarade judéo-espagnole qui se divise très vite politiquement et devient un facteur certain de modernisation des masses.

Au 19ème siècle, une division culturelle du monde séfarade est donc déjà accomplie : de nombreuses communautés sont dès lors appelées telles, dû à leurs traditions et leurs coutumes judaïques particulières, ainsi qu’à leur conscience et leur mémoire historique. Mais elles ont perdu un trait de culture important : leur hispanophonie. C’est le cas en Italie, en Afrique du Nord , au nord de l’Europe. Les communautés des Balkans et de la Turquie au contraire, ainsi qu’une petite frange du littoral méditerranéen du Maroc et quelques autres points au Levant comme Jérusalem, voient s’affirmer cette hispanophonie. Cela ne doit rien ou presque rien à des contacts avec l’Espagne même ; c’est le fruit d’une évolution culturelle propre, d’un mûrissement interne.



III. Les « Retrouvailles » Hispano-Sefarades

Mais cet état de choses va permettre le renouvellement des contacts, quand au 19ème siècle, des Espagnols prendront conscience de l’existence des communautés hispanophones et essaieront de les insérer dans l’ordre du jour politique et culturel espagnol. Sans grand succès. Le rapprochement des deux « peuples » (séfarade et espagnol) que prôneront des courants philosémites espagnols se fera à petit train, cahin-caha. Pour plusieurs raisons. En cette Espagne du 19ème siècle où des luttes constitutionnelles opposent libéraux et conservateurs, les libéraux, qui veulent faire du renouvellement des contacts avec des Juifs et de leur réacceptation possible en Espagne un « test-case », trouvent évidemment, face à eux, un grand courant conservateur qui s’oppose non seulement à un retour des Juifs en Espagne, mais à tout dialogue avec eux. Mais même si nous laissons de côté les grandes luttes de courants politiques espagnols, nous voyons que les processus humains du « reencuentro », de la redécouverte mutuelle des deux peuples, sont aussi empreints d’ambiguïté émotionnelle. Le « reencuentro » commence – de par la proximité géographique – autour du détroit de Gibraltar.

Très tôt au 19ème siècle, des Juifs Tétouanais et Tangerois commencent, par le biais de Gibraltar ou par l’entremise d’hommes de paille musulmans, avec de ports espagnols. A Gibraltar même, dont la communauté juive est créée par des immigrés du Nord du Maroc dès le 18ème siècle, et où nombreux sont les travailleurs temporaires juifs habitués à passer quelques mois par an sur le « rocher » tout en laissant leurs familles au Maroc, les liens et les contacts directs avec des Espagnols sont monnaie courante et ont des conséquences culturelles certaines. Le vernaculaire judéo-espagnol du Nord du Maroc (la « Haketia ») se réhispanise, ou pour être plus précis, subit l’influence du Castillan moderne ; de nombreux mots modernes font irruption dans ce parler, amis c’est surtout sa prononciation qui change, accueillant peu à peu la prononciation espagnole moderne de lettres comme le « j » (=kh) ou le « s » qui avant étaient prononcées comme le « j » et le « z » français. Hors du domaine linguistique, des chansons espagnoles à la mode franchissent le détroit et se popularisent dans les « juderias » du Nord du Maroc, à un point que la mélodie de certaines comme la chanson dite de « Mambru » (ou « Malbru »), serviront de support musical à des « piyyoutim », des hymnes rituels hébraïques chantés dans les synagogues.

Mais toutes ces influences culturelles étant unilatérales, elles n’entraînent évidemment pas de changements dans l’attitude des Espagnols vis-à-vis des Juifs séfarades du Nord du Maroc. En fait, le peu de Juifs que nous trouvons alors en Espagne y séjournent en clandestinité, cachant leur religion, ou bien ce sont des convertis au christianisme, en majorité des éléments marginaux qui fuient les communautés pour se créer une nouvelle identité dans un nouvel endroit, ou leur passé ne leur pèsera plus, plus quelques convertis par amour. La masse des Espagnols, même la masse plus éduquée et plus moderne des villes, voit encore le Juif d’une façon stéréotypée, issue du Moyen-Age, alimentée par de célèbres voyageurs comme Badia y Lieblich (alias Bey El Abbasi).

Pour nombre d’historiens espagnols, la guerre de 1860 entre l’Espagne et le Maroc, et l’occupation de Tétouan cette même année, est le grand événement originaire du « reecuentro » entre les deux peuples et du changement d’attitude espagnol. Mais là aussi, il n’en est rien. Les reportages et les ouvrages sur cette guerre étant aussi nombreux que populaires, les Espagnols sont exposés au récit, renouvelé à satiété, de l’étonnante découverte de ces Juifs qui les accueillirent aux portes de Tétouan aux cris de « Viva la Reina » et « Viva Espana ». Mais la présentation de ces Juifs dans les différents reportages est très ambiguë. Côte à côte, avec l’émotion ressentie à l’écoute de leur parler, un parler qui semble faire irruption tout droit de l’Espagne moyenâgeuse, comme si le temps s’était figé pour eux, surgissent d’ancestraux stéréotypes dans leur description. Il y a de très belles femmes, quoique la plupart aient des teints maladifs ; les hommes ont pour la plupart le dos courbé et un nez d’aigle, et quant au moral, on ne peut s’y fier : fourbes, faux-jetons, menteurs, voleurs : des rapaces âpres au gain. En comparaison, les Arabes font noble figure, fiers même dans la disgrâce.

Ce ne sont pas de telles descriptions qui inciteront un mouvement populaire espagnol de rapprochement vers ce peuple vu à la juderia de Tétouan. En fait, cette rencontre physique de 1860-1862 a très peu d’impact, et ce n’est pas elle qui apportera de l’eau au moulin des politiciens libéraux : ce n’est pas de ces Juifs-là qu’ils avaient rêvé. Il faudra attendre encore quelques dizaines d’années pour que des rencontres fortuites d’Espagnols avec des Juifs balkaniques rouvrent la question, du côté de l’Espagne.

Quant aux communautés juives du Nord du Maroc, malgré leur hispanicité de fait, malgré leur soi-disant enthousiasme pour l’Espagne (qui en fait n’est attesté que par des sources espagnoles, et non par des sources hébraïques internes), elles s’ouvriront ces mêmes années à une autre culture européenne, la française, et ce grâce à l’œuvre d’une organisation d’entraide juive née à Paris, l’Alliance Israélite Universelle, qui crée en 1862, à Tétouan, une école moderne, la première de ce qui sera bientôt un immense réseau scolaire. Les conséquences de la création de l’école (et de ses consoeurs à Tanger, Elksar et Larache, ouvertes toutes dans les années 60-70) seront énormes :



1) des tendances modernisatrices envahissent toutes les couches sociales des dites communautés, qui deviennent les plus émigrantes de tout le Maroc, ses membres aspirant à de meilleures conditions de vie.

2) Le français pénètre la « haketia » parlée dans la région, et surtout devient la langue porteuse de culture par excellence, celle dans laquelle arrivent la pensée moderne ainsi que les classiques, la langue de littérature apprise dès le jeune âge, celle que l’on utilise pour citer une vers dans de grandes occasions.



Les Juifs commencent à considérer leur langue, la « haketia », comme plus vulgaire, comme tout juste bonne à garder la mémoire de dictons et de proverbes populaires, et ce malgré le processus de réhispanisation qui l’a déjà atteint.

L’Alliance Israélite Universelle est arrivée à point. Son oeuvre éducatrice assouvit une grande soif de connaissance de cette culture européenne que l’on admire en la devinant à peine, vue à travers la puissance économique et industrielle présente déjà au Maroc. Avec les écoles de l’Alliance, cette culture européenne recevra obligatoirement un prisme français. Occasion ratée donc pour l’Espagne de faire œuvre durable de rapprochement, de rapatriement culturel de ces Juifs hispanophones. Même quand l’Espagne assumera le Protectorat du Nord du Maroc, de 1912 à 1956, elle n’arrivera pas à supplanter l’Alliance, ni à déraciner ses influences francisantes.

Mais revenons au 19ème siècle et aux Balkans. En 1880, un Espagnol, le docteur Angel Pulido, qui plus tard sera député aux « Cortes » (le Parlement espagnol) puis sénateur, fait la rencontre sur le Danube d’un couple de séfarades. Une conversion s’engage et Pulido en sort émerveillé. Il rendra compte de cette rencontre dans des journaux espagnols. Mais c’est un deuxième voyage, en 1903, alors qu’il est déjà entré en politique, qui l’incitera à faire campagne pour que l’Espagne se décide à œuvrer dans les communautés hispanophones levantines.

Cela devient l’œuvre de sa vie, du moins de la fin de sa vie. Il a été appelé – à tort ou à raison –l’apôtre du philoséfardisme. Cependant, s’il est hors de doute qu’il concevait le rapprochement avec les séfarades comme une sorte d’absolution de l’expulsion de 1492, qui était pour lui une tache noire dans le passé espagnol, il y voyait aussi un intérêt primordial pour la diplomatie espagnole, pour la politique internationale espagnole. Dans un pamphlet publié en 1923, il résume ainsi les grandes lignes de son « programme hispano-hébraïque » :



a) Réconciliation spirituelle entre les deux peuples (l’Espagne et Sefarad)

b) Préservation et purification de la langue castillane dans la diaspora séfarade (le judéo-espagnol n’étant pour lui qu’un dialecte dégénéré)

c) Etablissement de liens sérieux et fertiles entre les marchés d’Afrique et du Levant et les centres industriels de l’Espagne


Pulido déclara ailleurs que le principal but des associations hispano-hébraïques (qui s’étaient entre-temps créées au Maroc, et essaimaient ailleurs aussi) devait être le rapprochement – jusqu’à l’union – des deux peuples. A cette fin, il commença par publier des lettres et des textes que lui envoyaient des séfarades à travers le monde, pour sensibiliser l’opinion publique, et fit campagne aux Cortes pour y introduire la reconnaissance des séfarades comme espagnols par la classe politique espagnole. Après la création des associations hispano-hébraïques, il fut au berceau de la création, à Madrid, d’une « maison Internationale des séfarades », et contribua largement à la « Revista de la Raza », la revue qui tint lieu en Espagne d’organe non-officiel des philoséfarades espagnols. Multipliant les interventions et les demandes auprès d’hommes politiques, il arriva dans ses efforts jusqu’au roi pour que l’action culturelle et économique auprès des séfarades soit approfondie.

Si Pulido réussit à sensibiliser une partie de l’opinion espagnole, il trouva aussi des adversaires qui attaquèrent l’idée même que les séfarades étaient, au 20ème siècle, des « fils » légitimes de l’Espagne, ni même ses alliés naturels sur la scène internationale. En fait, il n’arriva pas à intensifier l’aide culturelle espagnole aux communautés juives balkaniques, et les liens commerciaux prônés par lui ne prirent aucune ampleur non plus, malgré les commissions envoyées étudier la question sur place dans les années vingt. Sa grande réussite reste donc dans le domaine de la prise de conscience : il introduisit le « fait » séfarade, l’existence des communautés séfarades hispanophones, dans l’ordre du jour espagnol. Sans son action, et celle du groupe de philoséfarades qui l’entouraient et le secondaient, il est difficile de comprendre certaines initiatives politiques espagnoles vis-à-vis des séfarades. La plus importante de ces initiatives est le décret de 1924 permettant aux Juifs séfarades, une fois prouvée leur descendance d’expulsés d’Espagne, d’accéder à la nationalité espagnole. Le décret prévoyait, comme date ultime de demande de nationalité, l’année 1930. En fait, jusqu’à cette date, rares furent les demandes, et ce pour plusieurs raisons :

1) Le décret ne reçut pas de grande publicité de la part des diplomates espagnols au Levant et ailleurs, et nombreux furent les Juifs qui n’en surent rien.

2) Les Juifs séfarades voulant lier leur avenir à l’Espagne ne faisaient pas foule. Le souvenir de l’expulsion était pour eux très vivant, et constituait, comme nous l’avons vu, une des bases de leur identité et de leur culture. Cette culture était hispanique, reliée au monde culturel espagnol, principalement à travers l’Expulsion, et donc avait d’importants traits intrinsèques antagonistes à l’Espagne, vue comme un archétype du mal. Qui plus est, l’Espagne de cette première moitié du 20ème siècle, n’offrait pas une image bien alléchante. Les Juifs, éduqués aux écoles de l’AIU, ne pouvaient manquer de faire la comparaison avec la France, au détriment de l’Espagne.

3) Les conditions du décret, étaient draconiennes ; il n’était pas facile de prouver une ascendance jusqu’en 1492, et les simples traditions familiales ne furent évidemment pas reconnues comme preuves.

Le décret d’accession à la nationalité de 1924 n’entraîna donc pas un mouvement de naturalisation de masse. Et le relations hispano-séfarades continuèrent, une fois Pulido décédé, leur petit cours d’échanges épistolaires entre Juifs et philoséfarades espagnols, de mission scientifiques de linguistes et de littéraires cherchant les sources du Romancero, d’appels sporadiques aux gouvernements pour une action plus affirmée. Les bonnes volontés n’aboutissaient pas à des actes.

La guerre civile espagnole et la victoire franquiste accrurent le sentiment d’aliénation vis-à-vis de l’Espagne chez les Séfarades du Levant. Quant au petit noyau du Nord Marocain, vivant sous domination espagnole directe, il ne laissait pas, pour des raisons évidentes de « realpolitik », transparaître ses sentiments ni ses idées, et s’accommodait comme il pouvait des régimes successifs que connaissait la péninsule : royauté, dictature, république, franquisme.

Cependant, le régime franquiste, allié aux fascismes européens, va avoir une attitude un peu paradoxale vis-à-vis des Juifs durant la seconde guerre mondiale. Les essais de sauvetage de Juifs balkaniques par des consuls espagnols, plus ou moins appuyés par leur gouvernement, ont été montés en épingle par Franco lui-même, une fois la guerre terminée, mais leur ampleur et leur effectivité ont été appréciés de façon diverse par les historiens qui se sont occupés de cette affaire. Dans cette polémique, il peut être profitable d’ajouter des éléments qui ont été jusqu’ici peu utilisés, concernant l’attitude de l’Espagne de Franco envers les Juifs qui étaient sous sa domination directe.

J’entends par là les Juifs du Protectorat Espagnol au Nord du Maroc (y compris Tanger qui fut occupée unilatéralement par les Espagnols de 1940 à 1945), mais aussi les nombreux réfugiés juifs qui passèrent les Pyrénées clandestinement pendant la guerre.

Plusieurs dizaines de milliers de réfugiés juifs, passèrent par l’Espagne.

Tous s’y voyaient uniquement en transit, essayant d’atteindre Lisbonne ou l’Afrique du Nord. Mais pour nombre d’entre eux, ce passage s’étira à de longs mois, des fois plus d’un an. Les gouvernements franquistes menaçaient périodiquement de les chasser vers la frontière française, mais en fait ne le firent jamais, et toutes ces menaces n’étaient destinées qu’à soutirer une aide financière des alliés et des différentes organisations juives internationales.

On peut dire que tout Juif qui réussit à passer les Pyrénées peut être considéré comme sauvé, sachant aujourd’hui l’ampleur des déportations de la France vers les camps d’extermination d’Europe de l’Est. Ce sauvetage de Juifs, rendu possible par une politique de non blocage des frontières et de chantage économique envers les Alliés, est bien plus important numériquement que celui que permirent les actions des consuls espagnols aux Balkans. Il est vrai que c’est un sauvetage passif et qu’aux Balkans nous parlons d’actions parfois dangereuses, et qui nécessitèrent des prises de position plus fermes. Cela explique que ce sont ces actions que les Espagnols eux-mêmes montèrent en épingle quand ils voulurent se créer une opinion publique favorable à travers le monde.

Dans leur zone de Protectorat au Maroc, les Espagnols eurent aussi une politique qu’on pourra appeler passive, mais qui gagne à être comparée à la politique du Protectorat Français voisin. La zone espagnole ne connut ni de législation anti-juive ni de mesures d’exclusion, comme ce fut le cas en zone française. Les Juifs furent soumis aux mêmes restrictions économiques et politiques que le reste des habitants, dues à la guerre et aussi aux conditions du régime, mais sans plus. Tanger put même devenir, sous l’œil des autorités espagnoles, un grand centre d’accueil et d’aide pour des réfugiés juifs européens.

L’attitude de l’Espagne pendant la deuxième guerre mondiale, vis-à-vis des Juifs et en particulier des séfarades, est donc assez positive. Elle aurait pu servir de point de départ idéal pour une amplification et une normalisation des rapports avec les séfarades. Mais il était trop tard. Le bras exterminateur nazi n’était point passé outre ces communautés, celles de Grèce en particulier ayant été, hélas, pratiquement annihilées. Après la guerre, des courants migratoires entamés dès le début du siècle prirent de l’ampleur, vidant carrément des pays balkaniques comme la Bulgarie ou la Yougoslavie de ses Juifs, et diminuant de beaucoup les communautés turques. Ces courants migratoires passaient outre l’Espagne et amenaient les Juifs vers la France, ou surtout vers les Amériques et le nouvel Etat d’Israël. C’est une nouvelle diaspora séfarade qui se créée, une diaspora au second degré, très diversifiée géographiquement, et dont le point de départ et la source des nostalgies n’est plus l’Espagne, mais la Méditerranée. En Amérique, en Belgique ou en Israël, ce sont maintenant les communautés de Rhodes, Salonique et Smyrne, entre autres, qui seront chantées et pleurées.

Une faible partie des séfarades originaires du Maroc seront les seuls à adopter l’Espagne comme nouvelle patrie, comme nouvelle base pour asseoir leurs communautés, bouclant ainsi un périple commencé près de 500 ans avant. Avec eux, les communautés de Madrid et de Barcelone passent des centaines de membres aux milliers, et de nouvelles se créent en d’autres villes. Grâce à eux l’Espagne est, avec certains pays d’Amérique Latine, l’endroit où une culture séfarade hispanique a le plus de chances d’être conservée, et peut-être même de rester vivante, de connaître des développements internes normaux. Partout ailleurs la perte de la langue, du judéo-espagnol, a pratiquement fait de cette culture un objet d’étude, une pièce de musée. Revenus au sein de l’Espagne, ce sont ces quelques milliers de Juifs qui, par leur simple immigration et leur simple installation physique, ont fait le plus pour que, du côté juif, l’expulsion des Juifs d’Espagne soit vue comme une page d’histoire, triste mais passée, et du côté espagnol, la culture séfarade ait pu revenir et reprendre une place reconnue au sein de la culture hispanique globale.




Isaac Guershon
[74.52.200.226]

HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 05 septembre 2009 : 05:18

Victor Malka dans "Les Juifs sepharades" - Presses Universitaires de France. (1986)

"Sur la scène du monde juif, ils ont été absents durant plus de trois siècles. Un long silence historique, culturel surtout.
D'autant plus étonnant que, du Xie siècle à la fin du XVe, ils avaient en fait régné en maitres sur la vie intellectuelle et religieuse du judaïsme."


...

"Tout au long de leurs exils, les juifs ont développé le sentiment d'une communauté de destin et d'avenir, d'une conscience historique. Ils ont eu un même vécu. Les mêmes références historiques, d'identiques nostalgies et des aspirations communes.

La foi juive et la pratique religieuse n'ont pas été différentes selon qu'il s'agissait de shettels de l'Europe de l'Est, des juderias andalouses ou des mellâhs marocains.
Par delà des différences de formulation, par dela le folklore, les quartiers juifs d'Orient et d'Occident ont véhiculé les mêmes valeurs, aspiré aux mêmes lendemains, prie pour les mêmes accomplissements et observé les mêmes commandements.

Les façons de vivre étaient différentes mais, ici et là, il y avait et il y a aujourd'hui encore le même désir de servir le judaïsme et d'assurer sa permanence. Les coutumes divergeaient mais c'est une même harmonie qui a existe dans le domaine religieux. Car l'âme juive est indissolublement une.
Les maitres du judaïsme séfarade, fut-ce aux meilleures heures de l'age d'or espagnol, n'ont pas le moins du monde le sentiment de fonder une identité différente. Ils vivent ainsi le judaïsme parce que c'est ainsi qu'ils le ressentent."

Victor Malka - Les juifs sepharades - Presses Universitaires de France - 1986 - p. 67, 68.




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 21 octobre 2009 : 05:00

"je me suis empressé de dresser ce dictionnaire bio-bibliographique de tous les auteurs juifs d'origine espagnole, qui ont écrit en espagnol ou en portugais, ainsi que de tous ceux qui ont publié des ouvrages espagnols ou portugais sur et contre les Juifs et le judaïsme.
Il est à remarquer que l'orthographe chez les auteurs juifs est très différente et variable, même celle des noms propres est souvent diverse; on trouve par exemple: Ishac, Yshac, Isac; Moseh, Mosse, Mosé; Aboab, Abuab, Abohab; Jessurun et Jesurun; Neto et Nieto; Uziel, Huziel et Usiel."

Budapest en novembre 1889.

M. Kayserling.






Aperçu sur la littérature des Juifs Espagnols.



Les Juifs d'Espagne, particulièrement ceux des royaumes de Castille et d'Aragon, conquis par les rois chrétiens, remplacèrent bientôt la langue arabe qu'ils parlaient, par la langue du pays, c'est-à-dire la langue espagnole ou castillane. Déjà au milieu du treizième siècle elle était si générale parmi les Juifs, que non seulement les savants, les médecins et les rabbins s'en servaient. On sait que R. Moseh de Nachman ou Nachmanide soutint dans la langue du pays, la défense du judaïsme contre Pablo Christiani, Juif converti, en présence du roi Jacques d'Aragon et des grands seigneurs du royaume.

Aussi les Juifs qui ne comprenaient pas l'hébreu en faisaient-ils usage même dans le culte divin: dans quelques communautés israélites de Castille et d'Aragon le rôle d'Esther fut lu publiquement en langue espagnole à la fête de Purim.

Sous le règne d'Alphonse X, surnommé le Savant, qui fit bien des efforts afin de purifier la langue castillane des éléments arabes et romans, quelques Juifs s'essayèrent comme écrivains dans la langue vulgaire. Les premiers essais littéraires des Juifs espagnols sont des traductions de l'arabe en castillan, qu'ils composèrent par ordre du roi : Juda de Moseh Cohen, un Juif nommé Abraham^ Yshac Ibn Sid et Semuel ha-Levi traduiront pour lui des ouvrages astronomiques et en composèrent quelques uns eux-mêmes.

Sous le successeur d'Alphonse nous trouvons deux Juifs : Jacob de Las Leyes et Jacob Zaddik de Ucles, qui composèrent, ou mieux compilèrent, comme Jehuda de Astruc de Barcelone, des oeuvres philosophiques en castillan, et Abraham Ibn Hayint écrivit un traité espagnol sur la préparation de l'or et des teintures appliquées à la peinture dans les livres. Aussi les traités sur le jeu des échecs de Abraham Ibn Esra et Moseh Açan de Zaragua furent traduits en espagnol.

Quelque temps après des Juifs espagnols rivalisèrent avec les troubadours. Le premier Juif qui composa des vers pleins de grâce en langue castillane fut R. Santob de Carrion, connu sous le nom de Rabbi.Don Santo, cité par les écrivains espagnols comme un grand troubadour; il a mis en vers des "Proverbios morales», tirés de l'Ecriture sainte et du Talmud.

Après la terrible persécution en 1391 bien des Juifs acceptèrent le baptême, entre lesquels un assez grand nombre cultivant la littérature espagnole. Le poète Juan Alphonso de Baena est l'auteur d'un recueil intitulé "Cancionero», qui contient des poésies de divers auteurs, entre autres de Pero Ferrus, Juan de Espana^ yuan de Valladolid, Antonio de Montoro tel Ropero» ; ils étaient, comme Baena et Rodrigo Cota, le premier dramaturge espagnol, des Juifs baptisés.

Mais aussi des fidèles adhérents du judaïsme écrivirent en même temps en langue espagnole. D. Chasdai Crescas et Joseph Albo, deux philosophes bien connus, composèrent des traités polémiques contre le christianisme. D. Mosek Zarzal^ médecin du roi Henri III, fit des vers à l'occasion de la naissance de Juan II, roi d'Espagne.

D. Méir Aiguadez, médecin et rabbin, composa un traité médical; Sentuel Esperial et Selomoh Marik composèrent des traités de chirurgie. Des parties des ouvrages de Galen, de Lanfranc, de Théodoric de Cervie e. a. furent traduits, ainsi qu'un opuscule «sur la peste» de Jean de Tornamira, et «las Especias de litargirio», qui fut traduit ou transcrit en espagnol. Tous les ouvrages précités furent écrits en caractères hébraïques et probablement en Espagne.

La reine Isabelle bannit en 1492 les Juifs de l'Espagne; D. Manuel, qui employait des astronomes juifs, tels que Joseph Vecinho, son médecin, et Abraham Zacuto, son astrologue et chroniste, auteur d'ouvrages astrologiques, les chassa bientôt après du Portugal.

Les fugitifs se réfugièrent en Italie, en France, dans les diverses provinces de la Turquie; les Pays-Bas et l'Angleterre, Hambourg et Vienne accordèrent plus tard asile à ceux qui, persécutés par l'inquisition, quittèrent les pays intolérants. Partout ils emportèrent avec eux la langue maternelle. «Llevaron de acà», dit Gonzalo de lUescas, «nuestra lengua y todavia la guardan y usan délia de buena gana; y es cierto que en las ciudades de Salonique, Constantinopla, Alesandria y el Cairo y en otras ciudades de contratacion y en Venecia no compran ni venden ni negocian en otra lengua sino en espanol, Y yo conoci en Venecia hartos Judios de Salonique que hablaban castellano, con ser bien mozos, tambien 6 mejor que yo.»

Ainsi que la langue, les Juifs espagnols ont conservé les coutumes espagnoles ; les romances, les chansons, les mélodies et les proverbes nationaux, même le menu des Juifs d'origine espagnole existent encore aujourd'hui en Espagne.

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Suivre pour lire ce livre numerique qui instruit sur tout les realisations litteraires, scientifiques, religieuses, philosophiques, artistiques des Juifs espagnols depuis le 13ieme siecle.

[www.archive.org]




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 23 mai 2010 : 16:37

L'expulsion de 1492


L'une des copies du décret de l'Alhambra

(...)«Nous avons décidé d'ordonner à tous les juifs, hommes et femmes, de quitter nos royaumes et de ne jamais y retourner. A l'exception de ceux qui accepteront d'être baptisés, tous les autres devront quitter nos territoires à la date du 31 juillet 1492 et ne plus rentrer sous peine de mort et de confiscation de leurs biens ». (...)
Article détaillé : Décret de l'Alhambra.

Dès la publication du décret, Isaac Abravanel et Abraham Senior font tout leur possible pour obtenir son abrogation, promettent des milliers de ducats, mais en vain. Comme cela s'est répété plusieurs fois dans l'histoire, les Juifs sont forcés de vendre leurs biens pour des sommes dérisoires[88]. Des Marranes, qui s'étaient réfugiés à Grenade pour revenir au judaïsme, croient pouvoir se fier aux promesses de Torquemada et retourner à Tolède où ils sont envoyés au bûcher[89].

Finalement, la date du départ fut repoussée de 2 jours par Ferdinand et Isabelle, au 2 août 1492 (9 Ab 5252 selon le calendrier hébraïque, date anniversaire de la destruction des Premier et Second Temples)[90].

Parmi les plus riches, qui avaient le plus à perdre, certains se convertirent, comme Abraham Senior, grand-rabbin d'Espagne, qui abjura avec toute sa famille tandis qu'Isaac Abravanel prenait la route de l'exil. Les chercheurs ont du mal à s'accorder sur le nombre exacts de Juifs qui partirent et ceux qui préférèrent se convertir. Les estimations vont de 50 000 à 300 000 exilés :



Historiens--------------------- Nombre d'expulsés

Heinrich Graetz --------------------- 300 000[89]
Yitzhak Baer (he) --------------------- 150 000 à 170 000[91]
Haïm Beinart (he) --------------------- 200 000[92]
Bernard Vincent --------------------- 150 000[93]
Joseph Pérez --------------------- 50 000 à 150 000
Antonio Domínguez Ortiz (es) --------------------- 100 000
Luis Suárez Fernández (es) --------------------- 100 000
Julio Valdeón (es) --------------------- 100 000
Miguel Ángel Ladero Quesada (es) ----------- +/- 90 000
Jaime Contreras --------------------- 70 000 à 90 000

Selon Esther Benbassa, le chiffre de 100 000 à 150 000 paraît le plus plausible [94].


Le rabbin et historien Isidore Loeb dans la « Revue des Etudes Juives » (xiv. 162-183) a donné les estimations suivantes quant aux destinations des Juifs expulsés :

Alger--------------- 10,000
Amériques --------------- 5,000
Égypte et Tripoli --------------- 2,000
France ----------------------------------------- 3,000
Hollande, Angleterre, Scandinavie et Hambourg --------------- 25,000
Italie --------------- 9,000
Maroc --------------- 20,000
Turquie --------------- 90,000
autre --------------- 1,000
--------------- ________
Total émigrés --------------- 165,000
Convertis --------------- 50,000
Morts sur la route de l'exil --------------- 20,000
--------------- ________
Total en Espagne en 1492 235,000


La synagogue portugaise d'Amsterdam par Emanuel de Witte

La première destination des Juifs d'Espagne est le Portugal qui ouvre alors ses portes. Selon les archives portugaises, le nombre de Juifs entrés au Portugal (principale destination en 1492) se monterait à 23 320 personnes [95]. Mais, dès 1496, les souverains espagnols forcent leur voisin portugais à expulser à son tour les Juifs du Portugal, qui seront connus dans toute l'Europe comme Juifs portugais, qu'ils viennent du Portugal ou d'Espagne à travers le Portugal.

De nombreux autres choisissent l'Italie mais les plus chanceux sont ceux qui émigrent dans l'empire ottoman où le sultan Bajazet II ordonne de bien les accueillir et peut déclarer : « Vous appelez Ferdinand un monarque avisé, lui qui a appauvri son empire et enrichi le mien ! »[89]. Ils sont à l'origine de la très importante communauté de Salonique qui disparut dans la Shoah.

Les Juifs espagnols emportent avec eux leur culture et leur langue. Le ladino et le judéo-espagnol vont perdurer jusqu'au XXe siècle, principalement en Turquie et en Grèce et aussi au Maroc.

D'autres choisissent d'aller vers le nord. Quelques-uns s'arrêteront dans le sud-ouest de la France où ils seront tolérés par les rois et y fonderont la communauté juive portugaise. D'autres iront aux Pays-Bas où se développera une prospère communauté séfarade dont on peut encore voir la synagogue à Amsterdam, qui elle-même sera à l'origine des communautés sud-américaines puis nord-américaines. Cette émigration des Juifs puis des marranes se continuera durant les XVIe et XVIIe siècles.

Avec le décret de l'Alhambra suivi 10 ans plus tard de l'expulsion des musulmans d'Espagne, les souverains catholiques mettent fin à la « convivance » qui a permis, à Grenade, aux trois communautés de vivre ensemble[96].

De l'expulsion à la fin de l'exclusion (1492-1855)

L'Espagne ne compte officiellement plus de Juifs après leur expulsion. Toutefois, de nombreux nouveaux chrétiens pratiquent encore le judaïsme, tandis que les Juifs séfarades fondent des communautés dans les pays méditerranéens, en France, en Europe du nord et en Amérique.

Avec l’expulsion des juifs en 1492, celle des musulmans de Castille en 1502, suivie en 1525 de l'expulsion des musulmans de la couronne d'Aragon, et enfin, en 1609, l'expulsion des morisques d'Espagne, les souverains catholiques font de l'unité de foi le ciment de la communauté politique. Un tel projet trouvera un écho, par exemple, dans la France de Louis XIV avec la Révocation de l'Edit de Nantes (1685).

Le 22 mars 1797, trois siècles après l’expulsion, don Pedro Varela, ministre du commerce, adressait au roi Charles IV un mémoire où, après avoir exposé les conséquences de celle-ci et démontré les avantages qu’il y aurait pour le royaume d’accueillir à nouveau les Juifs, il lui proposait de rapporter l’édit de 1492. Il ne fut pas entendu, et le roi par une ordonnance du 22 juillet 1800, maintint et renouvela dans toute leur rigueur les prescriptions de l’édit de 1492.

La dernière condamnation de judaïsants prend place à Séville en 1799[97].

Pendant l'occupation française, sous le règne de Joseph Bonaparte, l'Inquisition est abolie mais elle est restaurée au retour des Bourbons. Elle n'est officiellement abolie que le 15 juillet 1834, par un décret de la régente Marie-Christine de Bourbon.

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Notes et References

88 ↑ Qu'on se rappelle seulement l'expulsion des Juifs de France en 1306 ou, beaucoup plus récemment, la saisie des biens des Juifs en Allemagne nazie ou sous Vichy ou encore celle des Juifs expulsés des pays arabes dans les années 1950 (Irak, Égypte) ou 1960 (Algérie)

89 ↑ a, b et c HJ, 3, 2, XVI

90 ↑ Pour la conversion des dates, on peut se rapporter au site Le Calendrier juif en n'oubliant pas qu'il faut ajouter 9 jours à la date du 2 août 1492, car le calendrier alors en usage était le calendrier julien)

91 ↑ Yitzhak Baer, A History of the Jews in Christian Spain
# ↑ Haim Beinart, The Expulsions of the Jews from Spain, Oxford and Portland, 2002

92 ↑ cité par Alessandro Stella dans Compte-rendu sur Bernard Vincent, 1492. « L'année admirable » sur Persée, 1992. Consulté le 5 octobre 2009

93 ↑ Esther Benbassa, La diaspora juive 1492, in Histoire, économie & société, année 1993, volume 12, n° 12-3, lien p. 335-343, page 337

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[fr.wikipedia.org]




HISTOIRE DES SEPHARADES
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 23 mai 2010 : 16:38

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La première destination des Juifs d'Espagne est le Portugal qui ouvre alors ses portes. Selon les archives portugaises, le nombre de Juifs entrés au Portugal (principale destination en 1492) se monterait à 23 320 personnes [95]. Mais, dès 1496, les souverains espagnols forcent leur voisin portugais à expulser à son tour les Juifs du Portugal, qui seront connus dans toute l'Europe comme Juifs portugais, qu'ils viennent du Portugal ou d'Espagne à travers le Portugal.

De nombreux autres choisissent l'Italie mais les plus chanceux sont ceux qui émigrent dans l'empire ottoman où le sultan Bajazet II ordonne de bien les accueillir et peut déclarer : « Vous appelez Ferdinand un monarque avisé, lui qui a appauvri son empire et enrichi le mien ! »[89]. Ils sont à l'origine de la très importante communauté de Salonique qui disparut dans la Shoah.

Les Juifs espagnols emportent avec eux leur culture et leur langue. Le ladino et le judéo-espagnol vont perdurer jusqu'au XXe siècle, principalement en Turquie et en Grèce et aussi au Maroc.

D'autres choisissent d'aller vers le nord. Quelques-uns s'arrêteront dans le sud-ouest de la France où ils seront tolérés par les rois et y fonderont la communauté juive portugaise. D'autres iront aux Pays-Bas où se développera une prospère communauté séfarade dont on peut encore voir la synagogue à Amsterdam, qui elle-même sera à l'origine des communautés sud-américaines puis nord-américaines. Cette émigration des Juifs puis des marranes se continuera durant les XVIe et XVIIe siècles.

Avec le décret de l'Alhambra suivi 10 ans plus tard de l'expulsion des musulmans d'Espagne, les souverains catholiques mettent fin à la « convivance » qui a permis, à Grenade, aux trois communautés de vivre ensemble[96].

De l'expulsion à la fin de l'exclusion (1492-1855)

L'Espagne ne compte officiellement plus de Juifs après leur expulsion. Toutefois, de nombreux nouveaux chrétiens pratiquent encore le judaïsme, tandis que les Juifs séfarades fondent des communautés dans les pays méditerranéens, en France, en Europe du nord et en Amérique. Leur histoire est abordée dans les articles ci-dessous et dans les articles d'histoire des Juifs par pays, listés dans l'encart en haut de cet article.
Articles détaillés : Limpieza de sangre, Marranisme, Nouveaux chrétiens et Séfarade.

Avec l’expulsion des juifs en 1492, celle des musulmans de Castille en 1502, suivie en 1525 de l'expulsion des musulmans de la couronne d'Aragon, et enfin, en 1609, l'expulsion des morisques d'Espagne, les souverains catholiques font de l'unité de foi le ciment de la communauté politique. Un tel projet trouvera un écho, par exemple, dans la France de Louis XIV avec la Révocation de l'Edit de Nantes (1685).

Le 22 mars 1797, trois siècles après l’expulsion, don Pedro Varela, ministre du commerce, adressait au roi Charles IV un mémoire où, après avoir exposé les conséquences de celle-ci et démontré les avantages qu’il y aurait pour le royaume d’accueillir à nouveau les Juifs, il lui proposait de rapporter l’édit de 1492. Il ne fut pas entendu, et le roi par une ordonnance du 22 juillet 1800, maintint et renouvela dans toute leur rigueur les prescriptions de l’édit de 1492.

La dernière condamnation de judaïsants prend place à Séville en 1799[97].

Pendant l'occupation française, sous le règne de Joseph Bonaparte, l'Inquisition est abolie mais elle est restaurée au retour des Bourbons. Elle n'est officiellement abolie que le 15 juillet 1834, par un décret de la régente Marie-Christine de Bourbon.
Lente réintégration des Juifs dans l'Espagne moderne [modifier]

Le 20 février 1855, les Cortes votent l’article II de la Constitution qui, tout en reconnaissant une place privilégiée au culte et à la religion catholiques, stipule qu’aucun Espagnol ou étranger ne peut être inquiété pour ses opinions religieuses aussi longtemps qu’elles ne se manifestent pas par des actes publics contraires à la religion de l’État[98]. C’est accorder la liberté de conscience mais pas celle des cultes. Toutefois on pouvait considérer depuis longtemps que les lois moyenâgeuses édictées contre les Juifs étaient tombées (partiellement) en désuétude. Si la religion juive n'était pas encore tolérée, les Juifs étaient acceptés malgré leur religion, voyageaient librement dans toute l’Espagne et pouvaient même s’y établir, mais les Juifs et les descendants de conversos sont encore vus très négativement[99].

De 1865 à 1870, les règlements sur la pureté de sang sont abrogés[100],[101].

Le 12 avril 1869, à la séance des Cortés, Emilio Castelar parle avec chaleur des principes de complète liberté religieuse. Et en mai 1869, est votée une nouvelle Constitution dont l'article 21 stipule : « La nation s’oblige à entretenir le culte et les ministres de la religion catholique. L’exercice public ou privé de tout autre culte est garanti à tous les étrangers résidant en Espagne, sans autre limitation que les règles universelles de la morale et du droit. Toutes les dispositions du paragraphe précédent s’appliquent également aux Espagnols qui professeraient une autre religion que la catholique. »

La Constitution du 2 juillet 1876, modifie l'article 21 qui, devenu article 11, diminue les libertés précédemment accordés : « La religion catholique, apostolique, romaine, est la religion de l'État ; la nation s'oblige à en entretenir le culte et les ministres. Personne ne sera inquiété, sur le territoire espagnol, pour ses opinions religieuses, ni pour l'exercice de son culte respectif, pourvu que la morale chrétienne soit respectée. Il n'est permis, cependant, de pratiquer publiquement d'autres cérémonies et manifestations publiques que celles de la religion de l'État. »

Cette tolérance des non-catholiques, sans liberté de culte public va persister près d'un siècle.



Notes et References

95 ↑ Os judeus em Portugal no século XV [archive] par Maria José Pimenta Ferro Tavares (Universidade Nova de Lisboa, Faculdade de Ciências Sociais e Humanas, 1982)

96 ↑ Bernard Vincent, « "Convivance" à Grenade [archive] » sur Revues plurielles [archive], Printemps 1994. Consulté le 5 octobre 2009

97 ↑ Rozenberg 2006, p. 14

98 ↑ Rozenberg 2006, p. 57

99 ↑ Rozenberg 2006, p. 15

100 ↑ (en) María Elena Martínez, Genealogical fictions: limpieza de sangre, religion, and gender in colonial Mexico, Stanford University Press, 2008 (ISBN 0804756481) page 316 [archive].

101 ↑ Instituto Internacional Luis de Salzar y Castro de Genealogía y Heráldica, Estudios a la convención del Instituto Internacional de Genealogía y Heráldica con motivo de su XXV aniversario (1953-1978), Ediciones Hidalguia, 1979 (ISBN 840004410X) , page 325 [archive].

[fr.wikipedia.org]




HISTOIRE DES SEPHARADES/Rehabilitation de BARROS BASTO qui decida de retourner au Judaisme
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 aot 2012 : 10:51



BARROS BASTO en famille


En Février de cette année, l'Assemblée de la République portugaise, la loi suprême de classement de ce pays, a décidé, à l'unanimité, de réhabiliter le nom du capitaine Barros Basto, z "l, qui avait été expulsé de l'armée en 1937 pour une prétendue« conduite immorale »

En quoi la conduite de Barros Basto était immorale ?



Capitaine Barros Basto




Le capitaine Barros Basto (Lire a son sujet sur les messages postes plus haut sur cette meme rubrique)

Né en 1887 dans la ville d'Amarante, Portugal septentrional, Artur Carlos Barros Basto choisit une carrière militaire, après avoir occupé une place importante à la fois dans la mise en place de la République dans la ville portuaire a la Grande Guerre.
Durant la Première Guerre mondiale, il commanda un bataillon du corps expéditionnaire portugais et reçut une mention élogieuse pour son rôle dans la bataille des Flandres, en France. Sa vie changea du tout au tout quand il apprit, par son grand-père, qu'il etait issu d'une famille juive qui avait été convertis de force au christianisme comme il était arrivé à des milliers d'autres familles portugaises, qui, pour beaucoup d'entre elles, ont continué leurs pratiques religieuses dans le secret et à l'intérieur de leur maison.



Amarante - Portugal


Décidé à retourner pleinement au judaisme, Barros Basto a traversé le détroit de Gibraltar vers la ville de Tanger au Maroc où, en plus de l'apprentissage de l' hébreu, il a subi la circoncision et approfondi ses études de la religion mosaïque. De retour au Portugal, avec le nom d'Israël Abraham Ben-Roch, il était prêt à retrousser ses manches pour travailler sur le retour de ses compatriotes juifs à la foi ancestrale.

Il finit par payer un prix élevé pour cette décision courageuse.



Vieille Synagogue à Tanger - Maroc


Barros Basto en 1923 a fondé l'Institut de théologie juive et posé la première pierre de ce qui allait devenir la plus grande synagogue de la péninsule ibérique, le Temple Kadoorie Mekor Haïm, à Porto.

Le travail de Barros Basto, connu comme le travail de la Rédemption, se répandit comme une traînée de poudre a l'intérieur du Portugal et des milliers de personnes décidérent de quitter le secret dans lequel elles se trouvaient en se declarant publiquement comme juives.
Les temps étaient durs, le nazi-fascisme detenait des fans à travers l'Europe et le travail de Barros Basto commençait à agacer les pouvoirs en place au Portugal qui ne cachait pas sa sympathie pour les régimes autoritaires.



A l'intérieur du Kadoorie Synagogue Mekor Haïm - Porto


Comment faire dans un pays qui se proclame, du bout des lèvres, en faveur des libertés religieuses? Le régiment militaire était rigide et interdisait les pratiques homosexuelle et considerait negativement les cérémonies de circoncision de jeunes rapatriés.
Le pouvoir etait totalement dispose à y mettre fin. Un essai mené par le Conseil de discipline de l'armée pris la decision de l'expulser de ses rangs, sous forme de résumé, il y exactement 75 ans.

Loin de la disgrâce de l'armée, Barros Basto, dont le cas devint connu sous le nom de Dreyfus portugais, a reçu comme prix de consolation, la satisfaction de voir le Kadoorie, la prunelle de ses yeux, inauguré un an plus tard, en 1938.
Cependant, et jusqu'a sa mort en 1961, et avec la douleur de ne pas avoir été réhabilité, il prophétisa, sur son lit de mort qu'il obtiendrait un jour justice.
Assure de l' adage bien connu que la justice est lente, mais ne tombe jamais en panne.

Dans le cas de Barros Basto, bientôt exactement 50 ans apres sa mort, le Portugal a honoré la mémoire de l'un des héros les plus lésés.

Isabel Lopes Ferreira, la petite-fille de Barros Basto, l'une de ceux les plus engagés dans la réhabilitation du nom de son grand-père, émue, a déclaré en prenant connaissance du vote de l'Assemblée de la République,[b] «Barros Basto n'était pas immoral. C'est la sentence qui le condamnait qui était immorale. "

En cliquant sur le lien ci-dessous vous pouvez effectuer une visite virtuelle et voir la grandeur du Temple Kadoorie, dont le nom est un hommage à l'une des familles les plus traditionnelles et louables juives d'origine irakienne. Le film dépeint la cérémonie poignante qui eut lieu à l'intérieur, en juin dernier et dirigé par la petite-fille de Barros Basto, actuelle vice-président de la Communauté juive de la Lopes Port. Isabel Ferreira, qui a certainement hérité de son grand-père le courage et l'esprit de dégoût des injustices .



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