Re: Constructions de style Art Deco a Casablanca
Posté par:
darlett (IP enregistrè)
Date: 28 juillet 2007 : 18:40
"De Casablanca, Jean-Louis Cohen, architecte, universitaire et écrivain, écrit :
«Ville mythique, mise en scène par Hollywood, aujourd’hui capitale économique du Maroc, Casablanca fait figure d’expérimentation dans le domaine de l’urbanisme et de l’habitation. En six décennies, de 1900 à 1960, elle s’est métamorphosée en une métropole tumultueuse, façonnée par toutes les cultures méditerranéennes».
Et ces reflexions melancoliques que je retire du site La vie economique sur la ville de Casablanca et son architecture.
"Style arabo-andalou revisité à la française, art déco, cubisme, art nouveau rivalisent encore dans les artères casablancaises, grâce à des architectes méconnus à l’époque, à l’exemple de Marius Boyer, Adrien Laforgue, Gaston Jambert, Jean Balois, Marcel Desmet, Albert Greslin, ou pratiquement inconnus, tels Albert Laprade, Jean-François Zevaco, Henri Prost…
Ils ont offert à Casablanca une guirlande de bâtiments étonnants : la poste centrale (Laforgue, 1920), l’immeuble Lévy-Bendoyan (Boyer, 1930), la villa Sami Suissa (Zevaco, 1947), la villa Schulman (Azagury, 1952), le Théâtre municipal (1922)… L’indépendance vint et cette belle architecture se défit. La furie bétonneuse la mit à mal, impunément, cruellement. Effacée la villa Benazeraf (rue d’Alger, 1928). Soufflée la villa El Mokri (Anfa, 1928). Débâti le cinéma Vox et sa salle de 2 000 places à toit ouvert.
Terni le charme quasi bucolique du quartier Gautier, naguère un îlot de verdure. Décrépie la façade de l’hôtel Lincoln, ce morceau d’anthologie architecturale maintenu sous perfusion, au corps défendant de ses avides propriétaires…
Depuis que l’ancien bastion de corsaires, promu ensuite cité-phare, a troqué sa vêture élégante contre les frusques de la mégapole vibrionnante et échevelée, des pans entiers de sa mémoire architecturale ont été abattus. Tout se passe comme si Casablanca en avait honte et se faisait un plaisir, pas malin du tout, d’en effacer les inscriptions, les plis et les recoins. Avec une frénésie telle que les bonheurs architecturaux d’antan ont vécu.
Ceux qui résistent miraculeusement tombent en morceaux. Pour les savourer, il faut prendre des chemins buissonniers, s’aventurer dans des impasses, s’égarer dans des dédales. Parfois, au bout d’une ruelle, ils apparaissent comme une récompense. Contre la conspiration amnésiante, des hommes de bonne volonté font front. Avec ardeur. Sans se bercer d’illusions. Les fossoyeurs de la mémoire ont toujours le dernier mot.