Re: Les Tourtereaux se marient .....vivent les mari?s..
Posté par:
lionel (IP enregistrè)
Date: 08 juillet 2006 : 23:46
Voulez-vous que je vous raconte "notre histoire" que seuls quelques initi?s connaissent?
Alors, la voici:
En juillet 1960, nous fumes, mes parents et moi, invit?s ? s?journer sur la C?te d?Azur chez le pr?sident de la soci?t? dont mon p?re dirigeait la filiale marocaine et avec lequel il avait de vieux liens d?amiti?. Ce monsieur avait de nombreux petits-enfants dont certains s?journaient l??t? aupr?s de lui dans une agr?able villa qu?il poss?dait en bord de mer, ? Anth?or. A notre arriv?e, nous fumes pr?sent?s ? une autre famille amie de notre h?te dont je remarquais imm?diatement la fille, une tr?s jolie blonde qui approchait de ses 16 ans, ?ge que je venais moi-m?me d?avoir. Elle portait un curieux pr?nom, Laila, a priori ? consonance arabe mais en r?alit? d?origine scandinave, car son p?re ?tait Danois.
Je la regardais avec les yeux du loup dans le dessin anim? de Tex Avery, tant je la trouvais ravissante, sa plastique impeccable ?tant mise en valeur par son maillot deux pi?ces. J??tais n?anmoins contrari? de constater qu?elle flirtait gentiment avec un petit brun ? l?air rev?che, un des petits-enfants de notre h?te. La suite des ?v?nements confirmera l?attirance de Laila pour les bruns un peu maigres, par opposition aux blonds plut?t dodus dont je faisais malheureusement partie !
Bref, je me contentais donc de la regarder et de craquer devant ses yeux verts et son joli sourire mais elle ne faisait pas plus cas de moi que je n?en fais actuellement de mon premier pantalon long?Elle me confia plus tard ne pas m?avoir trouv? particuli?rement sexy avec mon short hors d??ge (terme plus positif quand appliqu? ? un alcool), mes gros mollets (Ah bon !?) et mes sandales de cur?..
Un jour, j?appris que cette joyeuse petite bande allait organiser dans la crique o? nous nous baignions, un ? bain de minuit ?. Ne sachant pas de quoi il pouvait s?agir (j?ai ?volu? depuis, merci !), j?appris, avec horreur, car j??tais tr?s pudique, qu?il s?agissait d?un bain collectif dans la tenue que nous avons tous ? la naissance (cordon ombilical en moins) ? la lueur de la lune. Absolument d?cid? ? ne pas participer ? un d?vergondage que je r?prouvais, je me r?fugiais ? l?heure dite dans ma chambre et me plongeais dans la lecture d?une bande dessin?e, ce qui augurait bien des facult?s intellectuelles que je d?velopperais par la suite?..
Les vacances se pass?rent ainsi entre jeux, baignades, visite ? notre voisin l?humoriste Fernand Raynaud?.. Puis vint le jour de regagner le Maroc. Comble de d?lice, j?appris que la famille de Laila, et Laila avec, ?videmment, venait s?installer ? Casablanca au mois de Novembre. Son p?re devait prendre la direction d?une soci?t? ? capitaux danois, la SIHAM (Savonneries et Huileries du Maroc) et exercer les fonctions de consul g?n?ral honoraire du Danemark.
J??tais d?autant plus r?jouie de cette venue au Maroc, que le petit brun rev?che, amourette d?un ?t?, ne suivait pas mais retournait dans la r?gion parisienne d?o? il ?tait originaire.
Donc, au d?but du mois de Novembre (exactement le 6, jour de son anniversaire) la famille de Laila d?barqua ? Casablanca et ce fut pour nous l?occasion de faire la connaissance de Marie-Jos?, la s?ur a?n?e (de deux ans). J?ai omis de dire qu?il y avait aussi St?phanie, la troisi?me s?ur ?g?e de deux ans et n?e ? Londres o? la famille r?sidait auparavant.
Je fr?quentais Laila de fa?on relativement espac?e car elle s??tait constitu?e une bande d?amis avec lesquels elle organisait des soir?es et des surprises-parties. Je ne faisais pas partie de ce groupe mais nous nous voyions tous les deux pour aller au cin?ma, prendre des pots, ?couter des disques et se baigner. Nous nous voyions aussi au cours de repas chez nos parents qui se fr?quentaient. En fait, Laila avait deux vies : une vie avec sa bande de copains avec lesquels elle ? s??clatait ? et une vie avec deux amis, moi et un autre gar?on, ? qui elle confiait ses joies et ses peines de c?ur. Inutile de vous dire que tomb? amoureux d?elle, j?appr?ciais moyennement qu?elle me confie ses peines d?amour avec un autre !?.mais cela ne l?emp?chait pas de continuer. Ignorait-elle vraiment mes sentiments ? j?ai compris par la suite que non mais elle n?en faisait pas cas. Quel int?r?t un gamin de 16 ans un peu nunuche de surcro?t, pouvait il pr?senter aux yeux d?une fille du m?me ?ge, plut?t en avance pour son ?ge, hein ? je vous le demande?
Et comme je me maintenais dans une prudente r?serve, attitude due ? ma timidit? naturelle et ? ma peur de me faire rabrouer et perdre ainsi peut-?tre son amiti?, la vie continuait ainsi..
En septembre 1961, mes parents d?cid?rent de m?envoyer comme pensionnaire dans un lyc?e climatique des Pyr?n?es pour la rentr?e scolaire car je souffrais de rhume des foins. J??tais triste de ne plus voir Laila qui m??crivit deux petites fois, puis ce fut le silence?Je revins ? Casa pour les vacances de fin d?ann?e, l?espoir au c?ur?.las ! Laila ?tait en Autriche, en convalescence ? la suite d?une n?phrite. Je repartis donc dans mon lyc?e climatique et revins ? nouveau ? P?ques. Laila ?tait l? et vint me voir d?s que je lui t?l?phonais ? ma descente d?avion. Nous nous v?mes quelques temps puis je repartis et ne revins plus jamais au Maroc. L??t? 1962, apr?s avoir ?chou? au premier Bac, je retrouvais Laila chez notre h?te de la C?te d?Azur, en compagnie de la bande de jeunes habituelle. Elle ?tait contente d?avoir r?ussi son Bac mais je la trouvais tendue, pensive et, disons-le, peu aimable. Nous repr?mes nos activit?s d??t?, baignades, ballades, etc? et nos compagnons partant les uns apr?s les autres, nous nous retrouv?mes quelques jours tous les deux seuls. Son humeur ne s?am?liorait pas, je me faisais m?me enguirlander puis, subitement, elle m?annon?a qu?elle regagnait le Maroc, sans autre explication. C??tait le 9 Ao?t 1962 et je me souviens encore de ce triste jour ? Je ne devais plus la revoir jusqu?en 1997, mais c?est une autre histoire?.j?appris par mes parents les raisons de ce retour pr?cipit? : ses parents l?avaient rappel?e au Maroc car elle leur avait annonc? qu?elle ?tait enceinte et elle repartait pour se marier avec le fils d?un m?decin italien de Casablanca. Lorsque j?appris cela, install? ? Marseille depuis quelque semaines, je fis, d?apr?s les souvenirs de ma m?re, une belle col?re dont, curieusement, je ne me souviens pas?
Install? ? Marseille, j?ai pass? mes deux bacs et entrepris des ?tudes de sciences. En 1970, j?ai ?pous? une jeune Marseillaise, Martine, qui m?a donn? une fille, Caroline en 1971 et un fils, Christophe, en 1975. Nous v?cumes ainsi jusqu?en 1997 mais je n??tais pas parfaitement heureux : quelque chose n?allait pas. Martine et moi avions des divergences assez profondes dans notre appr?ciation de la relation ? la famille, parents et collat?raux, et, de plus, des caract?res peu en harmonie. Je songeais s?rieusement au divorce mais ne voulais rien faire avant que nos enfants ne soient tir?s d?affaire. En 88, nous sommes partis nous installer ? Lyon. Mais comme les choses ne s?arrangeaient pas pour autant, en 97, consid?rant que cela suffisait et n?ayant jamais vraiment oubli? Laila, je suis parti ? sa recherche. Son p?re, le consul, divorc?, ?tait ? la retraite et habitait une belle villa ? Saint-Rapha?l/Valescure. Je suis carr?ment all? le voir et lui ai demand?, mine de rien, des nouvelles de ses filles. Il m?a r?pondu (oh merveille), que Laila ?tait divorc?e et habitait seule ??Lyon , apr?s avoir v?cu ? Milan et ? Nevers. J?obtins son adresse, lui ?crivis, elle me t?l?phona (? mon bureau, naturellement !), nous nous fix?mes rendez-vous et tomb?mes dans les bras l?un de l?autre?35 ans apr?s s??tre totalement perdus de vue. Donc, mon divorce a suivi et nous vivons depuis en totale harmonie. Son p?re est d?c?d? en Avril 2004, la villa de Valescure a ?t? vendue et nous retournons parfois dans la villa de la m?re de Laila, situ?e dans le m?me secteur.
Il y a deux ans, nous avons fait un p?lerinage en retournant ? Aqua Moresca, la villa du bord de mer ? Anth?or o? nous avons revu une des filles, maintenant septuag?naire, de notre h?te des ann?es 60. Nous nous sommes ? nouveau baign?s dans la crique en contrebas de la maison?
Chaque fois que nous descendons sur la C?te d?Azur, nous passons devant la villa qui est bien riche de nos souvenirs d?adolescence.
Belle histoire, non ?