Cinq questions sur Ulcan
Posté par:
gerard (IP enregistrè)
Date: 11 octobre 2014 : 00:07
Le journal LeMonde s'inquiéte !!
Grégory Chelli, plus connu sous son pseudo Ulcan, a revendiqué, jeudi 9 octobre, sur sa page Facebook le piratage des sites Internet de France Info et de France Inter, qu'il accuse de « ne respecter ni la présomption d'innocence, ni les droits de réponse », de « mentir » ou de « diffamer » quand « il s'agit des juifs, d'Israël ou de moi ».
Le hacker franco-israélien a également menacé la maire de Lille, Martine Aubry. « J’ai également trouvé l’adresse de Martine Aubry et son numéro, mais j’ai pas encore décidé quelle sanction serait appropriée pour elle », a-t-il écrit. Une attaque qui intervient deux jours après le vote par les élus lillois de la mise en sommeil du jumelage de la capitale du Nord-Pas-de-Calais avec la ville de Safed, rapporte Metronews Lille. Le site de la ville de Calais aurait également été piraté.
 Quels sont ses antécédents ?
Le pirate informatique a récemment fait parler de lui pour avoir harcelé un journaliste de Rue89, Benoît Le Corre, et le cofondateur du site, Pierre Haski. Le père de Benoît Le Corre, qu'Ulcan avait appelé en se faisant passer pour un policier lui faisant croire que son fils avait été tué, avait fait une crise cardiaque trois jours après le canular et est mort deux semaines plus tard.
Membre autoproclamé de la Ligue de défense juive (LDJ), Grégory Chelli se présente comme un « militant sioniste » et un hackeur. Il se trouverait actuellement dans la station balnéaire d'Ashdod en Israël. En France, il a notamment été condamné pour des faits de violence — une peine assortie d'une obligation de soins — et pour le saccage de la librairie militante Résistances (dans le 17e arrondissement de Paris) en 2009 avec des camarades de la LDJ. Il est également cité dans l'instruction, toujours en cours, de l'agression d'un militant propalestinien par des membres de la LDJ la même année.
Quelles sont ses méthodes ?
Depuis Israël, Grégory Chelli utilise différentes techniques pour s'en prendre à distance à ses victimes.
– Le déni de service : le site attaqué s'écroule parce qu'il reçoit beaucoup plus de requêtes qu'il n'en a l'habitude.
– Le défacement : il modifie la page d'accueil de sites, notamment ceux élaborés via une plateforme SPIP et y appose un message proisraélien.
– Le « doxing » : il dévoile des informations privées sur Internet.
– Le « swating » : il dénonce un crime imaginaire pour faire intervenir la police chez quelqu'un.
– Il pratique également des canulars téléphoniques très violents, où il fait par exemple croire à la mort de proches. Il enregistre ces canulars et les diffuse sur son site Internet.
– L'appel à un commissariat en se faisant passer pour un policier afin d'obtenir les antécédents judiciaires et l'adresse d'une personne. Une pratique contre laquelle les commissariats ont été particulièrement mis en garde depuis cet été.
Pourquoi s'attaque-t-il aux médias ?
Ulcan dit vouloir continuer à s'attaquer aux médias qui « n'écoutent qu'un seul son de cloche ». Sont également visés les sites qui parlent, considère-t-il, négativement de lui. Les sites de Rue89, Mediapart, Le Parisien, Arrêt sur images, France Inter ou France Info ont ainsi été successivement touchés par des actes de piratage.Â
Quelles sont les procédures judiciaires en cours contre lui ?
Deux informations judiciaires ont été récemment ouvertes contre lui par le parquet de Paris.
Une enquête a été ouverte début octobre pour les chefs de « violences volontaires avec préméditation », « dénonciation de crimes et délits imaginaires », « usage de données d'identification d'autrui en vue de porter atteinte à sa tranquillité ou son honneur » ou encore « détention et diffusion de documents portant atteinte à l'intimité de la vie privée », pour les actes commis contre les journalistes de Rue89. Il reviendra aux juges d'enquêter sur le lien éventuel entre les faits de harcèlement et le décès du père de Benoît Le Corre.
Une autre enquête a été ouverte début août sur des actes de piratage informatique revendiqués par Ulcan contre Rue89. Le 8 août, le parquet a ouvert une information judiciaire pour accès frauduleux à un système de traitement automatique de données, modification de données et entrave au fonctionnement dudit système.
Pourquoi ces procédures judiciaires seront-elles compliquées ?
« Ce qui est assez rare, c'est qu'il révèle son identité. D'habitude, les hacktivistes sont dans l'anonymat. Il a un sentiment d'impunité », expliquait en août à l'AFP un expert en sécurité informatique, qui tenait à garder l'anonymat. L'absence de convention d'extradition entre la France et Israël contribue à ce sentiment d'impunité.
Pierre Haski, le cofondateur de Rue89 et cible répétée des attaques d'Ulcan, s'interroge sur « le silence de tous ceux dont on pourrait attendre la condamnation et l'action, à commencer par les autorités israéliennes ». « Si elles pouvaient penser pendant la guerre de Gaza que les activités d'un "hacker-qui-emmerde-les-antisémites", pour faire court, étaient toujours bonnes à prendre », elles « ne peuvent plus fermer les yeux devant ce qui a pris un tour criminel », écrit le journaliste, ajoutant :
« Les plaintes qui s'accumulent, l'ouverture de deux informations judiciaires avec la nomination de deux juges d'instruction, les démarches diplomatiques, finiront-elles par réveiller un gouvernement israélien qui ne peut plus ignorer cette affaire ? Ou devra-t-on, à un certain moment, se demander si ce silence ne devient pas complice ? »
En août, Christiane Féral-Schul, une avocate spécialiste des questions de cybercriminalité, avait été interrogée par Les Inrocks. « En l'absence d'accord d'extradition, il peut néanmoins y avoir une coopération entre les autorités policières des deux Etats, expliquait-elle. Cependant, les autorités policières nationales du pays dans lequel se situe le délinquant conservent leur entière indépendance et sont libres de ne pas l'arrêter ou l'extrader. Cela confirme qu'aujourd'hui, la principale difficulté sur Internet réside dans l'exécution des décisions en raison du caractère transfrontière des délits et crimes commis. »