Vœux de l’an de la Ména 2012
Stéphane Juffa
Benyamin Netanyahu est probablement l’un des pires premiers ministres qu’aient expérimenté les Israéliens. Il parle en haussant le ton, mais n’agit pas ; il appelle à protéger la société contre la ségrégation machiste exercée par des groupes d’ultrareligieux, mais il oublie qu’il est le chef de l’exécutif et que c’est à lui qu’il appartient de prendre les dispositions nécessaires pour ramener ces dangereux détraqués sexuels dans leurs écoles rabbiniques, afin qu’ils cessent de s’exciter sur des fillettes de huit ans.
Il permet à ces ultrareligieux, qui ne font aucun bien à l’armée, d’introduire, pour la première fois depuis 1948, les disputes entre dévots et laïcs au sein de Tsahal, au risque de corrompre l’instrument dont dépend exclusivement notre survie à tous.
Il s’insurge contre les agressions subies par les soldats de la part d’edennistes violents, aux cris de nazis et d’antisémites. Mais il leur permet de se moquer de l’ordre public, et négocie avec eux des compromis à propos des avant-postes, allant à l’encontre de décisions prises par la justice.
Il donne son accord pour la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie, absolument inutiles, inviables, car peuplées par quelques dizaines d’illuminés faisant face à des dizaines de milliers d’Arabes, et privées de toute perspective de développement économique. Netanyahu participe ainsi à persiller l’espace vital des Palestiniens, aux côtés d’individus n’ayant pour autre objectif que celui de s’assurer que toutes les perspectives de cohabitation seront hermétiquement condamnées. C’est de la folie suicidaire.
Le 1er ministre choisit de s’aliéner nos principaux partenaires économiques et stratégiques, en soutenant l’implantation de quelques edennistes sans importance. Il contribue ainsi à isoler Israël, et à la faire se recroqueviller sur elle-même, comme si nous possédions le luxe de vivre en autarcie.
Netanyahu permet que des politiciens stupides, marginaux, n’entendant rien au droit, fragilisent notre système juridique, qui constitue l’une des plus grandes réussites de l’Etat ressuscité et l’une de ses clés de voûte.
Il choisit d’ignorer les revendications de la population active, dont l’existence économique est l’une des plus ardues parmi les nations civilisées.
Il ne prend aucune initiative, se contentant de boucher les trous à sa façon. Toujours la même, celle qui favorise les intérêts politicards de sa coalition, au détriment de l’intérêt général d’Israël. Amen à ceux qui veulent y voir le clivage gauche-droite, ils bénéficient du droit le plus absolu de mourir naïfs.
Sarkozy, qui s’y connaît en la matière, a raison : Netanyahu ment à tout le monde et tout le temps : il promet à la chancelière allemande [la meilleure amie mondiale d’Israël, et la plus importante] des effets qu’il sait qu’il ne pourra pas tenir, ou nous fâche avec nos alliés stratégiques, parce qu’il les trompe. Sans en retirer quelque avantage que ce soit. Par mépris et par suffisance. Par auto-aveuglement.
Le pire de tout est que Benyamin Netanyahu, après trois ans aux affaires, n’a pas encore défini la moindre politique. Il n’a aucune idée quant aux frontières définitives qu’il souhaite au pays qu’il dirige ; il ignore où sa politique d’implantation va le mener ; il n’a pas l’ombre d’un projet pour parvenir à une entente avec Abbas, Fayyad et les quatre millions de Palestiniens ; c’est un mini-politicien. Un homme d’Etat privé d’envergure.
Ayant dit tout cela, face au péril qui menace le monde et Israël, tous ces immenses problèmes n’ont aucune importance ; aucune importance, en cela qu’ils peuvent attendre un peu, et que rien d’irréversible ne surviendra à cause de la médiocrité infernale de Bibi Netanyahu et de ses pitoyables décisions.
Ce qui n’est pas le cas de la menace nucléaire iranienne. Qui prendra les formes de bombes atomiques et de missiles intercontinentaux, en 2012, si rien de décisif n’est entrepris. A la Maison Blanche, trône un président tout aussi médiocre que Netanyahu. Un président qui a réussi l’exploit de rendre pauvre et d’endetter le pays le plus riche du monde.
Pour matérialiser l’importance de la menace iranienne, il me suffit d’expliquer la chose suivante : en matière stratégique, si Obama et Netanyahu nous libèrent de la menace de l’Armageddon perse, toutes leurs monumentales bêtises leur seront pardonnées. Et on leur dira même merci, moi le premier.
J’espère vous avoir aidé à saisir à sa juste mesure la gravité de la situation. On pourrait même légitimement me taxer d’optimisme exagéré. Bonne année civile (ou militaire ?) 2012 à tous ceux qui constituent la famille sans cesse grandissante de la Ména. Merci d’exister. Le monde est un peu moins creux grâce à vous.
Et les habitants de Cisjordanie, il entend les mettre où ?
Il n’y a pas encore pensé…
[
www.menapress.org]