Crescenzo Del Monte, le poète du ghetto de Rome
Posté par:
Claudina (IP enregistrè)
Date: 18 février 2008 : 20:39
Bonjour à tous,
L'Italie est souvent un peu oubliée dans les évocations du monde juif. POurtant, bien que sa comunauté soit peu nombreuse, elle a un immense patrimoine culturel.
La communauté de Rome, implantée depuis l'Antiquité, a eu un grand poète, Crescenzo Del Monte (1868-1935), qui dans trois recueils de sonnets, "Soneti Giudaico-Romaneschi", "Nuovi Soneti Giudaico-Romaneschi" et "Soneti Giudaico-Romaneschi Postumi" a rendu à travers ses poésies, écrites en dialecte judéo-romain (mélange d'hébreu, et de dialecte romain, avec quelques vcocables espagnols apportés par les excilés de 1492), la vie intense du ghetto de Rome.
Né en 1868,deux ans avant l'Unité italienne, qui donnera aux Juifs l'égalité des droits, mort en 1935, trois ans avantla promulgation des lois raciales par le régime fasciste, Crscenzo del Monte a pu assister à la transformation du ghetto de Rome, au fils des années, à mesure que les Juifs italiens accédaient à la pleine citoyenneté,aux professions intellectuelles et libérales,et quittaient le Ghetto pour s'établir dans d'autres quartiers, plus "chics" et surtout plus salubres pour ceux qui pouvaient se le permettre.
Crescenzo del Monte a décrit dans ses poèmes difficilement traduisibles en français (mais je pourrais m'essayer à en traduire quelques-un,si cela intéresse), la vie du Ghetto de Rome, d'abord au début du siècle, quand le ghetto était encore habité par de nombreux Juifs, les coutumes, les fêtes, les traditions, dont certaines ne sont pas sans rappeler celles des mellahs marocains.
Il y a vait aussi les personnages du ghetto, hauts en couleurs, comme le schequez, non-Juif, chargé d'allumer les feux le shabbat,"l'invitatrice"chargée d'apporter les invitations aux mariages et bar-mitsvot (Il y avait autrefois dans les mellhas marocains un persoonage appelé 3arrad, qui avait aussi pour mission d'inviter), la sage-femme, le gros mangeur appelé Achlone (de l'hebreu ochel, manger), les commères, les gâteaux et plats typiques pour chacune des fêtes, les coutumes comme l'exposition des trousseaux de mariée (au Maroc aussi, c'était le cas),la procession du jeune bar-mitsva dans les rue du ghetto, les autres surperstitions propres à la communauté de Rome comme d'ouvrir une fenêtre quand le défunt est sur le point de rendre l'âme, pour que l'âme se libère ou la coutume de faire traverser un pont sur le Tibre à une femme enceinte quelques jours avant son accouchement, pour que le passage de l'enfant soit facilité.
Crescenzo del Monte évoque aussi les temps anciens,à l'époque où les Juifs,sujets du pape, étaient soumis à toutes sortes de contraintes. Dans un sonnet très drôle, Del Monte raconte l'audience que le Pape (appelé "Apifior" en dialecte judéo-romain) accordait aux dirigeants de la communauté. Ce jour-là ,toute la communauté organisait des prières et des lectures de tehelim pour que l'audience se passe bien. Le retour du Vatican des responsables communautaires était attendu avec le plus grand intérêt et la plus grande anxiété
Il y avait aussi les conversions forcées et dans son sonnet "A mare accorata" (La mère affligée), Del Monte évoque cette mère juive à laquelle son fils a été arraché pour être emmené dans les maisons de catéchumènes où les enfants juifs devaient séjourner avant de recevoir le baptême.
Bref, tout un monde haut en couleurs, qui disparaîtra au fils des années, ne resteront dans le Ghetto de Rome que les gens de conditions modeste, ne pouvant se permettre de loger ailleurs, les personnes les plus pratiquantes qui ne voudront pas s'éloigner de la synagogue , de l'école juive et des comemrces cachers (les autres synagogues ne seront son construites dans d'autres quartiers de Rome que plus tard, après la guerre, à l'exception de l'oratoire Di Castro qui sera construit dans les années 20). Resteront aussi les grossistes et commerçants ainsi que les artisans qui avaient leurs boutiques au Ghetto.
Crescenzo del Monte, notable de la communauté, administrateur de l'hôpital juif avait approuvé le régime fasciste (qui,rappelons-le, n'était pas du tout antisémite dans ses quinze premières années) mais le fait qu'il écrive en dialecte passait our subversif, le régime fasciste professant un profond mépris pour la littérature dialectale, qu'elle qu'elle fût. Il en sera de même pour les comédies de De Filippo, écrites en dialecte napolitain.
Beaucoup de ce qu'écrivait Del Monte m'a rappelé la vie dans les mellahs du Maroc, autrefois. C'est pour faire ce prallèle que j'ai voulu ouvrir ce sujet.
Et je renouvelle mon offre de traduire des sonnets si cela peut intéresser des Darnneurs désireux de s'ouvrir aux autres communautés juives.N'oublions pas que l'Italie a ses judéo-langues (j'y consacrerai un sujet prochainement), sa cuisine juive, son onomastique juive, ses traditions propres.
Ne sachant pas mettre de photos, je ne peux pas mettre des photos de synagogues italiennes, qui sont d'une grande beauté. Si quelqu'un sait s'y prendre, merci de m'expliquer comment on fait.
Ceux d'entre vous qui sont allés à Rome ont sûrement visité le Ghetto et la synagogue et constaté qu'aujourd'hui le quartier rappelle un peu le Marais de Paris,habité par une population mélangée, de Juifs et de non-Juifs, devieux habitants de souche et de ce qu'on appelle en france des "bobos". Le quartier est devenu un quartier coté,surtout pour les maisons qui donent sur le Tibre ou sur laplace mattei avec sa célèbre Fontaine aux Tortues.
Amitiés. Ciao a tutti.
Claudina