Bonjour la liste, serait-il possible que des Marranes portugais, FERNANDES, aient "atterri" à Naples, dans le quartier Espagnol, du temps du Roi d'Aragon ou à une autre époque ??

Merci

Dany

Absolument et nous savons que dans une large mesure, beaucoup de marranes ont fui vers l'Italie.

La bibliographie a ce sujet est abondante et j'ai lu quelques livres qui en parlaient...

Fernandes, tout comme Gomez ou Pinto, ou Carvalho ou Diaz ou Costa ou Pinheiro, Pereira, Da Silva, Oliveira...etc... est un nom extremement repandu parmi les juifs portugais et nous savons que parmi les Nouveaux chretiens, secretement marranes, certains se deplacerent vers l'Italie.

Lorsque l'Inquisition se faisait plus harcelante, des marranes ont rejoint le Sud de la France au 16 et 17e siecle. Certains sont meme retournes en Espagne en tant que "Nouveaux chretiens" et d'autres ont continue sur l'Italie et plus precisement vers la Toscane, a Pise ou ils ont pu former une communaute juive assez importante, cela suite a l'invitation du Grand Duc Cosimo I qui projettait de coloniser et developper la region pauvre autour de la ville de Pise.

Mais ce fut au fils de Cosimo I, Ferdinand I Medici de realiser les plans de son pere en fondant la ville de Leghorn et son port qui jusque la, etait une pauvre et miserable agglomeration de pecheurs.

Par l'instauration de nouvelles lois proclamees le 10 Juin 1593, Ferdinand invita "les marchands de toutes les nations" a venir s'installer a Leghorn et Pisa. Cependant cette invitation connue comme "Cartas Patentes" (licence) ou "Constitution de la Nation Juive de Leghorn" s'adressait principalement aux "Nouveaux chretiens" portugais.

A la fin du 18eme siecle, ils furent approximativement 5000 juifs. Avec l'expansion du commerce maritime, les Juifs de Leghorn se deplacerent vers d'autres villes, generalement en envoyant en premier des membres de leur famille. Ainsi les communautes telles que celles de Tripoli, Tunis et Izmir connurent l'influence des Juifs leghorniens.
La communaute juive tunisienne connue comme "Gorni" (derivation de Lehgorn), apparue en 1685.

Les Leghroniens forgerent leur identite en etablissant un "jargon", le Bagitto.
Guido Bedarida (1900-1962) ecrivit quelques pieces de theatre inspirees par les Juifs de Leghorn.

Plusieurs personnalites sont originaires de cette communaute : le Rabbin Joseph Ergas, Hezekiah da Silva, Haim Joseph David Azulay, Sabato Morais (founder of the Jewish Theological Seminary of America), le grand cabaliste Elijah Benamozegh et son disciple Alfredo Sabato Toaff ainsi que son Elio Toaff, et la famille de Sir Moises Montefiore, le grand bienfaiteur.


Source : Dictionnario sefaradi de Sobrenomes de Guilherme Faiguenboim, Paulo Valadares, Anna Rosa Campagnano. - p. 90
Traduit de l'anglais par Darlett pour Darnna.com

en plus darlett, tu sais que beaucoup de marranes sont encore en sicile et ont leur synagogue? a palerme ou a catania c'est sur. a naples , si ils existent j'en ai pas rencontre a la communaute juive ou je suis inscrite.


liberez-le

:clap:Merci Darlett et Suzanne pr vos réponses rapides...la branche Potugaise Maranne de mon arrière grand-mère se précise..mais pourquoi le quartier Espagnol à Naples ?? : auriez vs des références littéraires à me conseiller??
Merci encore. Dany

Dany, je ne peux te dire exactement concernant la ville de Naples mais je lis actuellement un livre de Yosef Hayim Yerushalmi intitule "De la Cour d'Espagne au Ghetto italien"- Fayard et je pourrais t'en parler lorsque je l'aurais fini ou alors tu pourrais, peut-etre, l'acquerir toi-meme et le lire.

Ce livre raconte l'histoire des Marranes en suivant l'itineraire du portugais Isaac Cardoso, medecin et frere de Fernando Cardoso, jusqu'a son arrivee en Italie apres sa comparution devant les Inquisiteurs de Madrid, son refuge a Venise puis Verone et ensuite sa vie dans le Ghetto italien.

"Vers le milieu du XVIIe siecle, un Marrane quittant l'Espagne avec l'intention de pratiquer le judaisme dans une communaute juive ouverte avait generalement le choix entre plusieurs regions. Il pouvait entreprendre le long voyage vers la Turquie ou vers une autre partie de l'empire ottoman. S'il desirait rester en Europe occidentale, il avait le choix entre la Hollande, Hambourg ou l'Italie"

et en annexe, en anglais :

"In Italy, the Jews are generally protected by all the Princes. Their principall residence is in the moste famous City of Venise ; so that in that same City alone they possesse about 1400 houses ; and are used there with much courtesy and clemency. Many alos live in Padoa and Verona..." Menasseh Ben Israel, Humble Addresses.

Y. Yerushalmi (livre mentionne plus haut) p. 179

Bonjour, le nom de famille de ma mère est FERNANDEZ avec Z. et j'ai lu avec beaucoup d'intérêt ce que vous aviez écrit. J'aimerai savoir si qqun peut me dire qqch au sujet de mon nom avec Z.
Merci

Aucune importance entre Fernandez avec Z et Fernandes avec S. La difference se situe seulement dans l'origine et avec S, l'origine est espagnole alors que le Z signifie que l'origine est portugaise. (ou l'inverse)

Je donnerai plus tard la copie des sources ou figure ce nom de famille.

Amities
Darlett

Bonjour à tous,

Pour compléter votre information, le "quartier espagnol" de Naples est appelé ainsi car il servait de logement aux soldats espagnols qui étaient en garnison dans la ville. Naples et la Sicile ont subi une longue période de domination espagnole, une branche cadette des Bourbons d'Espagne a régné à Naples et en Sicile jusqu'en 1860, date de l'unité italienne. On appelle cette branche les Bourbon Deux-Siciles. On retrouve des traces importantes de la domination espagnole à Naples, (comme les rues qui portent le nom de Medina et Toledo,noms des personnages importants qui gouvernaient la ville), une partie de l'aristocratie naplitaines est d'ascendance espagnole,et dans le dialecte napolitain,qui utilise de nombreux vocables espagnols. Il est également d'usage d'appeler les Napolitains quand on s'adresse à eux : Don ou Donna, suivi du prénom, comme ne espagnol. En dialecte napolitain, "avoir" se dit "tener" comme en espagnol, a lorsqu'en italien "avoir" se dit "avere". On conjugue aussi les verbes "essere" et "stare" à la manière espagnole. ceux qui connaissent les deux langues peuvent très biens saisir les nuances.

Il n'est pas rare de trouver à Naples des noms espagnols, Perez, Lopez, Sanchez, Suarez,portés par des descendants d'espagnols ayant fait souche à Naples, mais aussi par des Marranes émigrés en Italie, esentiellement en Toscane, puis émigrés à Naples plus tard.

Les Juifs ont été chassés du royaume de Naples en 1501, justement à cause de la domination espagnole.Ils y sont revenues au XVIIIème siècle pmour une brève période, puis au XIXème siècle,vers 1820-1830, leur retour a été autorisé par les Bourbons, en raison de l'ouverture à Naples d'une banque par Salomon de Rosthschild, cinquième fils du fondateur de la dynastie, Meyer Amschel Rosthschild.

Salomon de Rothschild a loué un appartement à Naples pour le transformer en synagogue (le culte juif était alors à peine toléré, il fallait donc être discret). C'est toujours là que se trouve la synagogue actuelle. Cet appartement a été ensuite acheté par le baron Ascarelli,anobli par le roi Victor Emmanuel après l'unification de l'Italie et l'accès à la citoyenneté pour tous les juifs d'Italie.

il y a effectivement des Marranes en Sicile; Beaucoup de villes de Sicile ont leur rue ou leur porte "giudecca" (quartier juif en dialecte italien) ou "judica" en dialecte sicilen ancien. on trouve des traces de la présence juive à Syracuse,à Trapani, à Palerme, à Taormine,qui a une rue appelée"vicolo degli Ebrei" (Impasse des juifs en italien). L'expulsion des Juifs de Sicile a eu lieu au début de l'année 1593, la Sicile était possession personnelle de Ferdinand d'Aragon, mari d'Isabelle la Catholique. Sur intervention du vice-roi de Sicile, qui avait compris combien l'expulsion des Juifs pouvait être préjudiciable à l'économie sicilienne, petite île beaucoup moins riche que l'Espagne, et qui avait demandé à Ferdinand d'accorder un délai, les Juifs sont partis quelques mois après ceux d'Espagne. Certains métiers n'étaient pratiqués que par des juifs et il fallait le temps aux habitants de l'île chrétiens d'apprendre ces métiers,la teinture des tissus par exemple.

Les juifs de l'Ile de Malte aussi ont du partir en 1492-1493.

Je me suis permis d'apporter ce complément; c'est un sujet que je connais assez bien. mon mémoire de maîtrise d'italien a porté sur les minorités religieuses en Italie et j'ai consacré un important chapitre à la communauté juive.

Amitiés.

Claudina

Merci chere Claudina pour ces informations extremement interessantes. Tu faisais mention des noms espagnols tels que Lopez, Suarez, Sanchez, Perez, Nunez, Fernandez, etc... qui sont des noms espagnols mais qui avant tout etaient portes par des Juifs marranes ou conversos.
L'Italie au 17ieme siecle etait un lieu de refuge d'une grande tolerance pour les Juifs qui s'y retrouverent en grand nombre apres la chasse des Inquisiteurs qui en avait rejoint certains jusqu'en Italie.

L'excellent livre de Yosef Hayim Yerushalmi intitule "De la Cour d'Espagne au Ghetto italien"- Fayard (signale plus haut) mentionne a travers les freres Cardoso, portugais d'origine, l'itineraire de ces "nouveaux chretiens" revenus au judaisme justement en Italie et particulierement a Venise ou les judaisants etaient a nouveau libres de pratiques religieuses. Il s'agit surtout du 17eme siecle, date a laquelle l'inquisition etait encore extremement active.

Joyeuses fetes de Pessah)))

Merci pour ton message, Darlett.Effectivement, les noms espagnols indiqués sont des noms de Marranes. l'Italie a été terre d'accueil pour les expulsés d'espagne,même le pape les a accueillis à Rome.

Une petite rectif par rapport à mon mesage précédent,l'expulsion des Juifs de Sicile a eu lieu en 1493 et non en 1593. Désolée pour cette erreur.

A ce sujet,il y a le livre de l'historien sicilien Isidoro La Lumia, traduit en français par Michel Valensi et publié aux Editions Allia "l'expulsion des Juifs de Sicile".

Bonne fête de Pessah !

Claudine

plus "qu'atterris" il y eu un exode dans le sud de l'Italie en général et il n'est pas rare de trouver dans de nombreux villages un quartier que l'on appelle la "Giudecca" ; en fait beaucoup de Juifs du sud de l'Italie ignorent que leurs ancêtres l'étaient et parfois même perpétuent des traditions sans même savoir qu'elles sont juives. Il y a une perte de "mémoire" souvent due au fait que les communautés perdaient leurs élites et les gens se retrouvaient culturellement livrés à eux-mêmes et avec le temps ils ne savaient même plus ce que le mot Juif signifait.
En principe quand un quelqu'un porte un patronyme espagnol dans le sud de l'Italie, il y a de fortes chances pourqu'il y ait une origine juive ; un de mes cousins s'appelle Lafuente et un ami de mon père Lopez ou Lopes.L'armée espagnole est repartie en Espagne.