Ces bateaux inconnus tel l'Exodus qui tentaient d'accoster en Palestine...
Voici un courrier interessant que me soumet ILAN BRAUN, l'auteur d'un emouvant poeme "La Rafle de Jesus" publie sur ces pages par Liliane Braun, [
www.darnna.com]
Il s'agit de tenter, et ce avec l'assistance des anciens de Tanger, de retrouver les traces d'un certain Roberto de Tanger, qui se trouvait sur l'un de ces bateaux qui faisaient route vers la Palestine, afin d'echapper aux camps de la mort allemands, sans succes evidemment, puisque les Anglais pendant et apres la guerre, cruellement, les renvoyaient vers l'Europe !
Exodus est connu mais il y eut, parait-il, beaucoup d'autres bateaux dont le souvenir et l'histoire sont restes inconnus.
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Bonjour/Chalom !
Je viens de découvrir votre site. Félicitations ! Bien construit et très instructif !
En quelques mots, comment suis-je tombé sur votre site ? Pour m’amuser.. j’ai tapé mon propre nom : ILAN BRAUN : et j’ai eu la surprise d’y trouver mon poème « La Rafle de Jésus » !! J’en suis flatté car on apprécie toujours d’avoir des réactions de ses lecteurs. Je me sens « honoré » de « me retrouver » sur vos pages qui m’apparaissent très motivées et pleines d’enseignement !
Grand bavard, en raison de mon état de poète, journaliste (magazine « l’Arche »), écrivain et chercheur en Shoah, je profite de l’occasion pour vous demander un service.
Depuis plusieurs mois, j’effectue une recherche (comme finalité, un bouquin) sur un petit bateau français qui en août 1946 a emmené en Eretz Israel (alors encore sous mandat britannique) 180 rescapés des camps de la mort (comprenant plusieurs femmes enceintes, des personnes âgées, un rabbin, un médecin). C’est une longue histoire mais absolument passionnante, même si elle ne traite que d’un petit groupe de personnes !
Grâce à des témoignages : par exemple, le fils d’un des matelots bretons qui servaient à bord, deux des membres du Mossad Aliyah Beth qui se trouvaient à bord (et qui supervisaient en fait l’équipage français), un membre de la Haganah qui a accueilli sur la plage du kibboutz de Sdot Yam (où comme par hasard –ein mazal léIsrael- il n’y a pas de hasard pour Israël- j’ai vécu plusieurs mois !) et un des « clandestins », une gamine alors âgée de 14 ans, que je viens de retrouver en Israël et qui me raconte son histoire depuis l’arrestation et déportation de sa famille en Hongrie jusqu’à Auschwitz puis Terezinstadt, et finalement après la « libération » (pour les Juifs, était-ce vraiment « la » libération ? j’ai quelques doutes lorsqu’on connaît les détails : les camps de réfugiés en Allemagne et Autriche où certaines personnes sont restées (pourries ?) jusqu’en 1950 et même plus tard.. je peux donc reconstituer cette véritable odyssée juive qui s’est bien terminée.
Vous devez savoir que les ¾ des bateaux clandestins de l’Aliyah Beth ont été capturés par les Britanniques (on ne dira jamais assez leur perfidie vis à vis des Juifs ; ils ont, j’ose le dire, contribué, directement, à l’assassinat de centaines de milliers de Juifs européens ! Simplement, en interdisant l’entrée d’un pays qui ne leur a jamais appartenu : Eretz Israel ! Ces portes fermées ont fait que ces personnes ont été contraintes de rester en Europe et ont été ainsi arrêtées et déportées, sinon massacrées sur place (les cas abondent) Les Britanniques savaient tout cela depuis presque le début de la guerre (écoute des communications radio des troupes allemandes qui massacraient les Juifs, avant 1942, etc.) cela ne les a pas empêché de continuer leur politique d’exclusion des Juifs de la « Palestine » durant près de dix années : 1938-1948.
Ce petit bateau français a été un des rares a pouvoir passer entre les mailles du filet britannique : une flotte entière de croiseurs, destroyers, corvettes, capables de pulvériser tout navire mobilisée pour surveiller toute la Méditerranée orientale, avec à l’appui, des espions dans tous les ports européens (méditerranéens) des avions, et un système radar ! Tout cela pour empêcher des rescapés des camps sur des rafiots souvent en mauvais état ou surchargés. Une honte car on ne parle que de l’Exodus, mais ce sont plus d’une centaine de navires qui ont fait le même trajet..
Bavard ? Vous avez dit bavard ? Oui, je suis capable de tenir le coup sur cent pages ou plus ou en parler durant des heures. On ne se refait pas, n’est-ce pas ?
Au but : au cours de son voyage, ce bateau, parti de France, a fait escale dans le port de TANGER : c’est là où votre site m’intéresse énormément ainsi que toutes les personnes qui le visitent. Le bateau arrive dans ce port le 4 juillet 1946 où il reste jusqu’au 14 juillet 1946.
Bien que d’après les documents officiels en ma possession ne le mentionnent pas (bien entendu) une personne a été ajoutée à l’équipage de base (10 marins) mais de manière illégale puisqu’elle n’a pas été déclarée. Un certain Roberto, mousse âgé de 13 ou 14 ans. D’après le récit fait par un reporter français qui était à bord (de France-Soir !) il aurait été confié au commandant par sa mère ? De toute évidence il aurait été juif.
Vers le 7 ou 8 août, Roberto tombe à la mer et malgré le demi-tour effectué par le navire, il se noie et son corps ne peut être récupéré.
Impossible d’en savoir plus pour le moment mais ce drame me touche car personne n’a jamais tenté de mettre un nom sur ce jeune garçon, disparu trop tôt.
J’ai vu que vous aviez des « anciens » de Tanger, et je me demandais si
quelqu’un pourrait éventuellement m’aider à retrouver l’identité complète de Roberto ? Des « anciens » pourraient se rappeler de son départ sur ce bateau..
Je sais qu’il y a encore une petite communauté dans cette ville mais je ne les ai pas encore contactés.
Est-il possible de faire paraître ma demande dans vos pages web ?
En contre-partie, je serais ravi de vous raconter l’histoire (presque) complète de ce départ pour Eretz Israel (les détails ne manquent pas : j’ai la transcription, par exemple, des messages radio echangés entre le bateau et le Mossad en Israel ! Absolument fascinant. Et plus encore !)
En attendant votre réponse,
Amicalement,
Ilan Braun