L'emancipation sociale des Juifs du Maroc et le passage
du Mellah a la ville moderne.
C'est un sujet qu'il est bon de soulever, a savoir, a partir de quelles dates, les Juifs du Maroc ont commence a modifier leur traditions culturelles, a sortir du Mellah pour habiter la ville nouvelle, a modifier leur facon de s'habiller, etc...
Quelle a ete le role de l'AIU et celui de la France ?
Suivant un texte dont voici quelques extraits, l'AIU aurait deborde de son role connu educatif et solaire, pour elargir son influence et ameliorer les conditions de vie en ce temps la, des Juifs du Maroc.
Vers les annees 47-49, l'Alliance Universelle Israelite dont le siege principal se trouvait a Paris a commence tout doucement a influence les autorites francaises du Protectorat au Maroc afin de considerer le probleme de la tres forte densite de population juive habitant le Mellah.
L'Alliance, dont le role, jusque la etait educatif modifie son approche et l'elargit sur le statut social, economique et juridique des Juifs du Maroc.
Un projet de réforme globale
"René Cassin s’est livré à une démarche politique des plus significatives en adressant aux autorités une demande de réformes globales des conditions de vie des Juifs marocains. Nous n’avons pas les lettres adressées par Cassin aux autorités mais nous connaissons leur contenu grâce à une série de lettres sur cette affaire, écrites au début de septembre 1949, par Francis Lacoste, l’adjoint de Juin, à la plupart des directions du Protectorat.
L’AIU soulève un ensemble de questions : le statut juridique des Juifs du Maroc, leur condition de logement, leur santé et leur situation sanitaire, leur éducation professionnelle ainsi que leur installation sur des exploitations agricoles. Pour chacune d’entre elles, l’Alliance présente des observations et des propositions précises.
Concernant le logement, elle avance l’argument selon lequel la densité moyenne de la population juive de Sefrou, par exemple, est de 5 865 habitants au km2 et que la densité dans les bidonvilles juifs est quatre fois supérieure à celle des bidonvilles musulmans, ce qui laisse entendre que les Juifs sont défavorisés par rapport aux musulmans [10]. L’AIU demande donc qu’il soit tenu compte des besoins des Juifs dans les futurs programmes de construction de logements publics.
Dans le domaine de la santé, l’UNICEF, qui a convenu avec les autorités du Protectorat de vacciner la population des moins de 18 ans contre la tuberculose, a consacré des sommes importantes à cette opération. Cependant, observe-t-elle, le problème sanitaire principal du Maroc n’est pas la tuberculose mais le trachome, un maladie oculaire contagieuse. Elle propose donc d’utiliser ces sommes pour organiser un système intégré capable, avec une équipe unique, à la fois de vacciner contre la tuberculose et de soigner le trachome.
Quant à l’éducation professionnelle, l’AIU rappelle sa collaboration avec l’Organisation-Reconstruction-Travail (ORT) pour améliorer le sort de la jeunesse juive et demande au Protectorat de lui consentir des fonds sur ceux accordés par le Plan Marshall, le programme d’aide américain destiné à l’Europe. Le secteur agricole, estime l’Alliance, offre des perspectives de promotion sociale pour les Juifs du Maroc. Aussi, précise René Cassin, l’AIU a-t-elle conclu un accord de principe avec la Jewish Colonization Association (JCA ou ICA) pour mener une action commune visant à développer l’agriculture juive au Maroc.
La création de deux écoles agricoles à Mekhnès et à Marrakech, qui fonctionnent déjà mais avec un budget infime, constitue la première étape de cette entreprise. Désormais l’Alliance demande des concessions foncières, en exprimant l’espoir que cette action aura un impact économique et social bénéfique.
Sa requête la plus détaillée et la plus documentée touche au domaine juridique. Puisqu’elle s’intéresse au statut personnel des Juifs du Maroc et, par conséquent, à une réforme juridique en leur faveur, Lacoste adresse les propositions de l’Alliance à ce sujet au conseiller chargé des questions chérifiennes, responsable des relations avec le Makhzen (l’administration du sultan).
Sans entrer dans une analyse détaillée du contenu de la demande de réforme de l’Alliance, il convient de souligner combien cette initiative globale de l’AIU s’exprime dans un style inhabituel et de saisir ses multiples implications. Les revendications de l’Alliance ne concernent pas son domaine d’activité traditionnel, c’est à dire les écoles et l’éducation. Elles englobent des problèmes de société, d’économie et de statut juridique. Sa démarche peut donc être perçue comme une tentative de sa part, ou de l’élite juive française qui la soutient, pour imprimer un nouveau cours à sa politique à l’égard des Juifs du Maroc : il ne s’agit plus de limiter son intervention, si énergique soit-elle, au seul développement culturel et spirituel, mais de l’étendre au statut social et politique. Il n’est plus question d’agir en coulisses mais de mener une démarche publique et officielle.
La démarche de l’AIU contraint l’administration française à réagir. Les archives révèlent son déplaisir : les propositions de l’Alliance sont perçues comme une ingérence dans des affaires intérieures relevant des autorités. Ce genre d’initiative n’est jamais du goût des administrations et celle du Maroc de l’époque ne fait pas exception à la règle. Au contraire même, les administrations coloniales sont particulièrement sensibles à ce genre de procédés. Rien d’étonnant donc si, dans l’ensemble, son premier mouvement est de contester les données avancées par Cassin et de dénier tout fondement à ses arguments.