CULTURES ET TRADITIONS JUIVES :  DARNNA.COM
Musique andalouse, histoire juive, culture judéo-berbère, judéo-espagnol, littérature juive, Rabbins, cimetières juifs au Maroc, Patrimoine juif au Maroc 
Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: Arrik (IP enregistrè)
Date: 09 octobre 2010 : 10:44

Blog du site terredisrael.com - La voix des israéliens francophones


Cliquer ici pour écouter l’enregistrement de l’émission
[www.terredisrael.com]

30 Août 2010
Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire à retrouver une émission de Jean Corcos sur Judaïques FM
Jean Corcos au micro depuis le studio de Judaïques FM recevait Kamal Hachkar et Arrik Delouya le 29 Aout 2010
Bonjour amis auditeurs,
Jean Corcos au micro pour ce direct depuis le studio de Judaïques FM.
Ravi de vous retrouver, après je l’espère des vacances bien reposantes pour la majorité d’entre vous, loin du stress des actualités. Pour cette émission de reprise, j’ai choisi un numéro qui apporte vraiment une bouffée d’optimisme, et qui nous fera voyager un petit peu puisqu’un de nos invités est à Jérusalem au bout du téléphone, bonjour Kamal Hachkar. Alors Kamal vous êtes un jeune franco-marocain de 33 ans, chercheur et professeur d’histoire. Nous-nous sommes connus à l’occasion d’une journée organisée par l’association « Shalom-Paix-Salam », et on peut vraiment dire que l’amitié entre Juifs et Musulmans vous tient à cœur puisque vous êtes cet été en Israël pour vous perfectionner en hébreu, et ce n’est d’ailleurs pas votre premier voyage là-bas. Nous parlerons de votre projet de film sur le Mellah disparu de Tinghir, ce village berbère du Sud Marocain qui est aussi le berceau de votre famille.

A mes côtés, Arrik Delouya, bonjour Arrik. Arrik, nous-nous sommes connus à la « Commission pour les relations avec les Musulmans » du CRIF, commission que j’ai l’honneur de présider depuis maintenant un an. Tu es le président d’une association culturelle, « Permanences du Judaïsme marocain », que tu nous présenteras tout à l’heure. Disons simplement en introduction que tu es un chercheur franco-israélien, travaillant infatigablement à préserver le patrimoine 2 fois millénaire de cette communauté aujourd’hui dispersée, et qui était jadis forte de centaines de milliers de personnes ; alors des chercheurs et historiens de plusieurs pays contribuent à vos travaux, mais tu as surtout obtenu la coopération d’intellectuels marocains, berbères comme notre ami Kamal : ce sera donc notre sujet d’aujourd’hui, « Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire brisée, en éveil et retrouvée ».

1. Première série de questions à l’attention de Kamal Hachkar, avant d’aborder la thématique de votre film et le fond de l’interview : ce n’est pas commun pour un Musulman, même français, de choisir Israël comme destination. Pourquoi ces voyages successifs ? Dans quel cadre se fait cet apprentissage de l’hébreu ? Et est-ce que vous vous sentez à l’aise, en parcourant le pays comme vous le faites ?
2. Arrik Delouya, peux-tu présenter en quelques minutes l’Association « Permanences du Judaïsme Marocain » : combien avez-vous de membres, en France, en Europe, au Maroc, au Canada, en Espagne, aux USA et en Israël ? Quelles sont vos méthodes de travail, la « préservation du patrimoine » est un objet bien vaste, j’imagine que vous cherchez à conserver à la fois des vestiges matériels – synagogues, cimetières – mais aussi une mémoire, avec des témoignages écrits et oraux : en quoi la coopération des Marocains est-elle indispensable ? Est-ce que les Autorités vous soutiennent ?
Arrik Réponse à Question 2: Notre association l’APJM et sa p’tite sœur en Israël « Zohar » ont pour but de « faire connaître la richesse du Judaïsme Marocain sous ses divers aspects au passé et au présent par tous les moyens possibles et contribuer ainsi à sa permanence. On pourra éditer, faire traduire des ouvrages et organiser aussi tous types de rencontres culturelles tels que congrès, colloques, séminaires ou think tanks mais surtout mettre en avant le travail de mémoire qui est le nôtre avec nos côtés nos amis musulmans arabes et berbères du Maroc»
Notre vocation est surtout de faire connaître le judaïsme marocain sous ses multiples aspects, longtemps méprisé, ignoré ou occulté.
Au total nous comptons plus de 3000 sympathisants issus d’une dizaine de pays dont notamment plus de 500 Membres en France qui viennent en turn – over à nos réunions, 400 autres en Israël et plus de 200 au Maroc juifs et musulmans sans lesquels rien n’est possible.
Les projets :
1 Projet de Sauvetage du Patrimoine Juif dans les environs de Marrakech. Reconstruction et rénovation / restauration de l’infrastructure parmi 134 cimetières juifs marocains ruraux arpentés par Charles de Foucauld en 1884
2 On vient de mettre en ligne les photos des 1800 tombes juives du cimetière de Marrakech. Ils planifient de faire la même chose avec tous les cimetières marocains ! Ce site actuellement achevé est entièrement opérationnel avec des textes et analyses sur la Slat Azama, le Rav vénéré le Grand Saint Itzhak Delouya venant de la ville de Loja d’Andalousie. 70% des tombes recensées sont donc lisibles.
2 Mise sur pied et enclenchement du Projet : Combien de temps reste-t-il avant que « Marrakech-la-Juive » ne disparaisse à jamais ? Il est donc plus qu’impératif aujourd’hui de réaliser non pas un livre, un film ou des photos, mais le livre-le film-les photos qui recèleront l’ultime témoignage d’une des plus vieilles communautés juives en exil localement présente depuis 22 siècles. Ce projet, « Marrakech la Juive » est vraisemblablement une dernière bouée jetée dans les filets de l’Histoire des juifs de Marrakech.
3 Coaching et soutien total de doctorants jusqu’à leur soutenance



4 Organisation de 4 colloques et un 5° en cours pour Octobre prochain : à Marrakech et 2 autres à Cordoue en Andalousie :
- ”Résistance et Persistance du Judaïsme Marocain: Mémoire brisée, mémoire en éveil et mémoire retrouvée”
- Continuité et / ou Discontinuité du Judaïsme Marocain ? Existe-t-il une Coexistence Pacifique Judéo – Musulmane à partir de l’exemple du Maroc ?
- « Sépharade : Géographies et Regards de la Mémoire »
- « Sépharade : Mémoires, Identités et Diasporas »
- Prochain colloque sur « la mémoire juive de Cordoue”
1. Alors Kamal, dans le synopsis de votre film que vous m’avez envoyé, vous racontez une étrange rencontre en 2005 en Israël, dans un petit village de Galilée du nom de Pki’in, où coexistent des Juifs, des Druzes et des Arabes. Là-bas vous vous sentez « comme au bled » écrivez-vous, et puis vous y faites la connaissance de Yossi Ben Chetrit, sabra mais dont la mère est née à Tinghir, le village d’où vous êtes originaire ; vous la rencontrez et de fil en aiguille, vous faites la connaissance d’autres Juifs qui sont partis dans les années 50 et 60 puisque toute la communauté a disparu en 1964 : pourriez-vous évoquer pour nos auditeurs ces échanges avec eux ; qu’est-ce qui vous a frappé en leur parlant ?
2. Arrik, notre ami Kamal parle d’une manière très émouvante dans son synopsis des maisons en terre de Tinghir où vivaient autrefois des Juifs, de l’ancienne école de l’Alliance et de la Synagogue aujourd’hui disparues, et il évoque ces chants hébraïques que l’on n’entend plus. Il dit : « Depuis le départ de cette communauté juive, les gens qui sont restés ne les ont pas oubliés » – il a interviewé par exemple sa grand-mère, Zimba, qui se souvient très bien d’une voisine juive, pleurant au moment des adieux et lui disant « Dieu vous protège ». N’est-ce pas trop beau, ou est-ce que d’autres personnes âgées comme sa grand-mère, ont gardé ce genre de souvenirs ? Et quid des jeunes Marocains, qui dans leur écrasante majorité n’ont jamais rencontré de Juifs de leur vie ?
Arrik Réponse à Question 4: dans les villes et dans les campagnes, particulièrement dans le Haut-Atlas et les oasis du Sud marocain, les personnes âgées vous parlent des juifs avec beaucoup de nostalgie. Ils vous parlent de leurs amis, voisins et partenaires de commerce juifs avec qui ils entretenaient des relations amicales, voire fraternelles et dont ils n’hésitent pas à vous dire qu’ils regrettent leur départ. Tous vous diront que depuis leur départ, l’activité économique et commerciale du village a chuté et que bien des métiers artisanaux, notamment la joaillerie a disparu. « Un souk sans juifs est un souk sans témoins » dit l’adage marocain pour expliquer le sérieux et l’animation économique que des acteurs juifs apportaient dans les échanges commerciaux.
Quant aux jeunes aujourd’hui, la propagande autour du conflit du Proche-Orient a intoxiqué et influencé leurs esprits,à tel point qu’ils ne gardent du juif que l’aspect négatif de « l’occupant sioniste » de la Palestine. Néanmoins nous pensons qu’il ne faut pas désespérer car de jeunes voix de plus en plus nombreuses s’élèvent,surtout parmi les étudiants et les intellectuels berbères (Amazighs) pour revendiquer la culture judéo-berbère qu’ils estiment et à juste titre faire partie de leur identité et patrimoine culturels. Des associations naissent partout dans les villes, les villages et dans les douars pour défendre cette mémoire millénaire. L’ouverture démocratique du Royaume a ouvert la voie de la recherche de la mémoire et stimule le désir de relecture de l’Histoire et de retrouvailles. Cette semaine des activistes panarabistes ont organisé à Essaouira (Mogador) une manifestation anti-sioniste et des associations amazighs ont organisé une manifestation contre l’anti-sémitisme.
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1. Kamal Hachkar, vous écrivez au début de votre synopsis : « un pays démocratique se mesure aussi à la manière dont il inclut les minorités au récit national, ainsi qu’à la façon dont il reconnait les richesses dont ces mêmes minorités sont porteuses ». Clairement, et en pensant à une émission récente consacrée au tabou juif en Algérie, on peut dire que votre pays est plus démocratique que vos voisins. Mais, au delà des Juifs, qui ne sont plus aujourd’hui au Maroc qu’une toute petite minorité de quelques milliers de personnes, il y a l’identité berbère : numériquement, les habitants de souche berbère ou parlant une des langues berbères sont majoritaires, mais leur expression culturelle ne l’est pas dans le Royaume qui se revendique d’abord comme arabe. Or on sent une affection particulière des Berbères pour ce passé partagé avec les Juifs, il y a les universitaires qui travaillent avec l’association d’Arrik Delouya mais il y a aussi, par exemple, les 18 enseignants amazighs sont allés l’année dernière visiter le Yad Vashem à Jérusalem : comment l’expliquez-vous ?
2. Alors Arrik Delouya même question, mais cette fois en essayant d’apporter un éclairage historique : au fond d’où venaient ces « Juifs berbères » ? Vous nous aviez dit un jour que 95 % de la population vivant dans les palmeraies au Sud de Marrakech étaient juive jusqu’aux années 40, cela semble énorme: que penser de la théorie selon laquelle beaucoup de tribus de l’Atlas ont été convertis au Judaïsme à l’origine ? Ou alors est-ce que, en sens inverse, beaucoup de Juifs se sont convertis à l’islam, on entend aussi certains Berbères marocains dire qu’ils sont des descendants de Juifs et qu’ils n’ont rien de commun avec les Arabes ?
Arrik Réponse à Question 6: D’après les historiens,le contact entre les deux peuples remonte à plus de 2960 années(calendrier berbère: 950 Av-JC) quand le Roi juif Salomon (970/937 av jc),qui régnait en terre sainte demanda la main de la fille du roi Berbère Sheshonq, fondateur de la 22ème dynastie des Pharaons en Egypte.Cette alliance avait permis au Roi Saloman d’arrêter les appétits du Pharaon sur Jérusalem. Et c’est ainsi que la fille du Roi Phraon Amazigh devint la première épouse du Grand Roi et prophète du peuple hébreu. La fille de Sheshonq, épouse de Salomon donna naissance aux premiers Hébreu-amazigh de l’Histoire. Les mêmes chroniques nous rapportent que les premiers missionnaires, commerçants, aventuriers juifs furent arrivés jusqu’à la côte atlantique sud marocaine du temps du même Roi Salomon.
Quant à la question de savoir si les juifs amazighs sont des juifs berbérisés ou des berbères judaïsés, l’Histoire nous enseigne encore une fois que le seul royaume juif, en dehors de la terre sainte se trouvait en Afrique du Nord sous le règne de la Reine Berbère Deia que les Arabes conquérants appelaient la Kahéna (la sorcière).
C’est notamment la thèse de N. SLOUSCHZ (1909). P. MONCEAUX (1902) affirme également : « A l’arrivée des Arabes, nombre de tribus berbères étaient plus ou moins judaïsées, surtout en Tripolitaine, dans l’Aurès et dans les ksours du Sahara ». D’ailleurs le grand rabbin Eisenbeth (1936) reprend très largement l’hypothèse des berbères judaïsés; il est suivi par de nombreux auteurs plus récents : CHOURAQUI, CHEMOUILLI
Shlomo Elbaz : « La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme »: [ ‘…La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme. Le droit berbère, Izerf, dit « coutumier », contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, « laïque » et égalitaire, et n’impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, « protégé », soumis à certaines obligations et interdictions. …..
Dans les oasis et dans les ksours du sud du Maroc, la présence juive a été prédominante jusqu’à la domination assez tardive de l’Islam. Des historiens rapportent que les populations blanches de ces ksours (Kasbahs) étaient de confession juive. L’âge des cimetières juifs qu’on y recense encore aujourd’hui atteste de cette présence ancienne. Un autre indicateur de taille de cette présence est la multitude de Saints communs vénérés aussi bien par les musulmans que par les juifs encore aujourd’hui. Cette caractéristique capitale se trouve partout au Maroc, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, au nord comme au sud
1. Kamal, la question classique que l’on se pose c’est « pourquoi presque tous les Juifs sont partis, et pourquoi en majorité en Israël » : vous donnez, au moins en ce qui concerne les Juifs berbères, une explication simple, « ils étaient très religieux, ils attendaient le Messie. Le retour sur la terre de Sion fut l’élément déclencheur ». Alors, cela fera aussi la richesse de votre film, vous avez interviewé deux personnalités qui se considèrent d’abord comme marocains et ensuite comme juifs, ils sont d’ailleurs tous les deux d’anciens militants communistes, Simon Lévy et Edmond Amran El Maleh et eux sont restés dans le pays. Est-ce que, entre ces personnalités qui sont tout à fait minoritaires et la masse, à la fois pauvre et religieuse qui est partie, il n’y avait pas d’autres trajectoires personnelles, et d’autres motivations au départ, des raisons économiques, ou la peur de rester dans un pays arabe ?
2. Arrik Delouya, en conclusion est-ce qu’on peut donner quelques éléments pour quantifier l’intérêt des nouvelles générations de Marocains pour ce passé juif : combien d’étudiants ont appris l’hébreu, comme notre ami Kamal ? Combien ont fait des thèses portant sur le patrimoine judéo-marocain ? Et est-ce que, au final, ce n’est pas en préservant le passé que l’on pourra aider à mieux partager l’avenir entre Juifs et Musulmans ?
Arrik Réponse à Question 8: C’est tout à fait dans cette direction que nous avançons. Selon les chiffres avancés par mon ami le Professeur Riveline revu à peine ce Vendredi, plus de 400 étudiants marocains musulmans sont passés par l’Université Paris 8 pour l’étude de l’hébreu et du judaïsme Marocain. Au moins 200 étudiants auraient soutenu le diplôme de Maîtrise et une bonne 100 d’étudiants sont docteurs. La plupart de ces diplômés enseignent dans une dizaine d’Université au Maroc l’hébreu, le judaïsme marocain, la littérature Hébraïque et notamment la littérature israélienne.
Ces mêmes anciens étudiants viennent nous revoir au Maroc lors de nos colloques et y participent très souvent.
Le travail de mémoire et la « passage des pouvoirs et des relais » à nos amis musulmans locaux au Maroc pour la sauvegarde de notre patrimoine laissé là-bas. De plus, le Roi du Royaume du Maroc Mohammed VI vient de mettre sa main à la poche pour offrir une somme colossale à l’entretien des lieux saints juifs du Maroc depuis Tanger jusqu’à Tinghir et après jusqu’à Merzouga. Je dois rappeler ici et à cet effet le récent discours plein de courage et de bon sens sur la Shoah et les juifs lors de la conférence de lancement du projet Aladin en Mars 2009 pour un dialogue interculturel fondé sur la vérité historique, la connaissance et le respect mutuel, qui s’est ouverte en Mars 2009 au siège de l’UNSECO à Paris : « Ma lecture de l’holocauste et celle de Mon Peuple ne sont pas celle de l’amnésie. Notre lecture est celle d’une blessure mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux, dans le Panthéon du Patrimoine universel….. »
• Hassan Majdi, 34 ans, récent docteur en anthropologie avec la mention très honorable et les félicitations du jury de Paris en Décembre dernier est auteur de la sainteté juive au Maroc en travaillant à nos côtés sur notre patrimoine et le tourisme judaïque marocain.
• Tilila Baida, 25 ans, étudiante marocaine titulaire d’un Master en Médiation culturelle de l’art et de la science, obtenu en octobre 2009 avec mention Bien, à l’Université Mohamed V – Souissi.
Passionnée de diversité culturelle et particulièrement de culture juive marocaine, l’axe de recherche que vous dirigez à Paris 8 m’intéresse particulièrement. Je souhaiterais vivement faire partie des étudiants que vous encadrez. Elle travaille sur les sujets suivants :
- Présence juive dans les festivals artistiques au Maroc
- Les relations intercommunautaires dans le film marocain d’expression amazighe
- Patrimoine immatériel judéo-marocain, recensement et perspectives d’avenir
Mes sentiments concernant mon court séjour avec vous tous à Marrakech sont très partagés. J’ai été très heureuse de rencontrer les différents participants de faire connaissance avec certains, de partager des opinions, de raconter des anecdotes, rire, chanter, danser et surtout d’apprendre. Je suis donc repartie à Rabat le coeur gros. D’une part car, « maskhitch », j’aurais voulu continuer le voyage pour continuer à essayer de combler ce manque dont je souffre depuis toujours (étant née en 1986, je n’ai pas eu le chance de grandir auprès d’enfants de confession juive). D’autre part, car je ne pouvais m’empêcher de penser que mes enfants n’auront pas la chance de vivre ce que j’ai vécu. En effet, l’héritage culturel judéo marocain perd peu à peu sa marocanité. D’abord on perd son accent, puis sa langue et peu à peu, ses habitudes et traditions (principalement celles qui ne sont pas liées directement à la religion).
J’ai réalisé que si le « judaïsme marocain »est encore et sera bien vivant pour encore quelques siècles, ce n’est malheureusement pas le cas des « juifs marocains ». Bientôt, il n’y aura plus de juifs marocains, il n’y aura plus que des juifs d’origine marocaine. Pourtant il est très simple de rester ou de redevenir marocain tout en demeurant français, canadien, espagnol ou israélien.
• Kamal Hackar, 32 ans, Son film part à la rencontre de cette mémoire enfouie auprès de la génération qui a connu cette présence juive, mais très vite cette recherche me mène en Israël où je retrouve quelques-unes des familles originaires de Tinghir. Entre ici et là-bas, ces anciens me racontent d’une même voix leurs vies passées et répondent à mes interrogations : Comment nos deux communautés ont-elles cohabité ? Comment et pourquoi cette séparation si soudaine et définitive ? Pourquoi un tel silence ?
• Khouloud Kebali Sajid, 28 ans, Journaliste Responsable marocaine de la communication de notre association Reporter Magazine Economique du Maroc Atlantic Radio a réalisé plusieurs reportages sur les Juifs au Maroc et continue de s’intéresser à notre travail et présence au Maroc.

• Mounim Tarik, 26 ans, acteur de cinéma (film “Adieu Mères”) ? un scénario co-écrit avec Reine Danane, traitant une page d’histoire controversée du Maroc moderne : l’immigration massive de la communauté juive marocaine au début des années soixante. C’est l’histoire de deux familles, une musulmane et une juive, à travers laquelle nous voulons mettre en valeur la cohabitation paisible entre communautés au Maroc, mais c’est aussi l’histoire de 300.000 juifs qui ont quitté, clandestinement pour la plupart d’entre eux, le territoire national a la poursuite de promesses sans lendemain… La paix peut régner avec des efforts mutuels de compréhension de l’autre.

• En plus de 8 thésards Marocains musulmans et surtout d’obédience berbères inscrits chez moi et chez le prof Ephraim Riveline du département d’hébreu de l’Université de Paris 8

• Projet humanitaire « Sauvons une Oasis du Haut-Atlas marocain – Goulmima en Danger » entre l’APJM et Zohar que je représente et l’association berbère « Arraw N’Ghriss » (’Les Enfants de Ghriss en Amazigh, Berbère) qu’animent Ali et Moha nos amis avec lesquels nous tissons des relations professionnelles et amicales depuis 1986 (et notamment un projet agricole de formation avec le Centre Peres pour la Paix)

Arriko




Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: Lilas Leilla (IP enregistrè)
Date: 09 octobre 2010 : 10:57

Merci pour ce partage

Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: Emilio (IP enregistrè)
Date: 26 novembre 2010 : 21:13


emilio

Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: Emilio (IP enregistrè)
Date: 26 novembre 2010 : 21:42



Famille Juive - Kelaa des M'gouna - Dades 1930

Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: Arrik (IP enregistrè)
Date: 29 novembre 2010 : 18:48

Textes par JBB In.: Google
jbisbis@na.ko.com

Blog : juifs berbères
LOCATION: UNITED STATES

English and French Version

Jewish-Berber Exhibition at the Jewish Historical Museum - Amsterdam
Jewish life in Morocco (Radio Netherlands)

Once a lively marketplace, now an abandoned synagogueBY MICHEL HOEBINK*
Unique photographs of Jewish life in southern Morocco in the 1950s are on display at the Jewish Historical Museum in Amsterdam. Today, only dilapidated synagogues and empty cemeteries are the reminders of what was once a vibrant community. The photographer Elias Harrus (1919-2008) took pictures portraying Jewish life in southern Morocco in the 1950s, before most of the country's Jews migrated en masse to Israel. The Dutch photographer Pauline Prior travelled to the same locations last year to photograph what remains of this heritage. Her photos provide a dramatic contrast. "My grandmother told me that Jewish and Berber women used to work the land together," says the secretary of Amsterdam's district council of Zeeburg, Fatima Elatik, at the opening of the exhibition. "They spoke the same language, had the same culture and sang the same songs. I always found it a very special story." The Jews lived around 2,000 years in Morocco, usually in harmony with their Berber neighbours. Since the establishment of Israel in 1948 most of the 270,000 Moroccan Jews have emigrated to the Jewish state. Only a small community remains. Today most Jews live in the large cities in the north of the country. The first wave of migration was underway when Elias Harrus took his photographs. Harrus worked for much of his life for schools founded by the Alliance Israélite Universelle, a Jewish educational organisation dedicated to the emancipation of Jews in Muslim countries by advocating a modern, secular education. As an insider his photographs document the daily life of the Jews of southern Morocco in intimate detail. The organiser of the exhibition, Sulimat Cohen, says Eliat Harrus' photographs form a unique testimony. "They recorded the life of a community just before it disappeared." The photographs testify to the good relations between the Jews and the Berbers. They had daily contact and depended on one another financially. You see Jews working in the trades in which they specialised, such as tanning leather and jewellery making. They fashioned the famous silver ornaments which Berber women in southern Morocco would wear on their wedding day. There are also portraits of Sunday markets where Jews and Muslims would work side by side. Sulimat Cohen: "The Jews often worked as merchants who would travel through the mountains from market to market.This would have been very dangerous for the Berbers, since the different clans were often at odds. However the Jews enjoyed protection from everyone due to their important economic function." Cohen points to comments made by a Berber merchant in southern Morocco which were cited by English writer John Waterbury: "Before the arrival of the French we were always fighting one another. However there were two rules which everyone abided by. We did not tolerate prostitution among our women. And whatever we did to one another, we would never touch a hair on a Jew's head." What is left of the Jewish presence in southern Morocco? In 2008 the Jewish Historical Museum sent the Dutch photographer Pauline Prior to the Atlas mountain range and the Sahara to look for traces. Her photographs are on display alongside those of Harrus. Harrus' portraits are full of people, while those of Prior are silent and empty. You see dilapidated synagogues, a desolate Jewish neighbourhood and an unused cemetery. However the cemeteries - especially the graves of holy rabbis - are the most lively places photographed by Prior. Moroccan Jews revere holy men who worked wonders during their lives the same as Moroccan Muslims do. The graves of holy men are scattered across Moroccow, many of them Jewish. Moroccan Jews who live in Israel frequently visit some of them. Amsterdam district council secretary Fatima Elatik says most young people of Moroccan origin in the Netherlands have little knowledge of the close contact which Jews and Muslims once had in Morocco. She hopes that many children of Moroccan origin will visit the exhibition.
* RNW translation (fs)


Relations entres juifs et berberes
Extrait de 'JEWISH EXISTENCE IN A BERBER ENVIRONMENT' - Moshe Shokeid – 1982

'...My own investigation into the particular situation of Atlas Mountains Jews revealed that most of the writers who explored Jewish life under Berber rule in recent generations comment on the Jews’ relative safety, emphasizing the cordial relationships with their neighbors. Some of these writers refer to symbiotic relationships between Jews and Berbers. Flamand concentrates on the economic dimension of this symbiosis ; Willner, on the other hand, comments in general: ‘The Jews of Ait Ardar lived in virtual symbiosis with their Berber neighbors, and enjoyed excellent relations with them and a high subsistence level’ (1969: 263)....'


Role des juifs dans les communautes berberes
Extrait de 'THE MELLAHS OF SOUTHERN MOROCCO' - H. Goldberg – 1983

'... In the remote tribal areas it was often the case that the Jews were the only specialists. They were metal-workers, tinsmiths, jewelers, tailors, cobblers, saddlemakers and carpenters. These skills were essential to the tribal populations, who attempted to attract Jews into their area. Well-to-do tribesmen, and, perhaps, in some cases, the Berber councils, would build houses which could be used for a member of the family, but which also might be given to Jews who agreed to make their home there. This put the Jews in close proximity to a steady source of income and made available, to the Muslim peasants, important services and a link to the larger markets. Living in these areas, in pre-Protectorate times, meant that the Jews were under the protection of individual Muslims, or the 'strong man' of a region. In determining a place of residence, then, the individual Jewish family had to make a trade-off between the attraction of a steady clientele, the estimation of the degree of physical security, and the value of being in contact with an active and prestigious Jewish community. The distribution of Jews in distinct small hamlets within the same region probably reflects a compromise among these factors.'



Ahwash et Ahidous des juifs berberes
Extrait de l'article 'Changement et continuité dans l'Ahwash des Juifs-Berbères'
- M. Elmedlaoui - membre de l'IRCAM.

'Cela n'est pas d'une notoriété publique, mais certain(e)s initié(e)s au moins savent que parmi les genres musicaux marocains, la musique maroco-andalouse, par exemple, a dépassé les frontière du Maroc pour s'implanter dans d'autres horizons grâce notamment à la mobilité de la communauté juive marocaine immigrée et à son attachement farouche à sa culture malgré tous les effets apparents des contraintes aliénantes de l'immigration.Cette implantation s'est surtout institutionnalisée avec la création de l'Orchestre Andalou d'Israël fondé par Avi Eilam Amzalag. Ce que je ne savais pas personnellement, jusqu'à très récemment, même si je l'ai toujours soupçonné et essayé d'en savoir avec précision en discutant à maintes fois notamment avec feu Haïm Zafrani, est le fait que le genre musical amazighe (berbère) de l'Ahwash ait également franchi les frontières du Maroc il y déjà un demi siècle pour s'implanter ailleurs. Cela, je l'ai appris récemment grâce à la thèse de Sigal Azaryahu (1999) intitulée : “ Processus de préservation et de changements dans la musique des Juifs de l'Atlas en Israël ” et aux échantillons vidéos de cérémonies vives de cet Ahwash d'outre mer que cet auteur a pu enregistrer auprès de certaines communautés de Juifs Marocains établis en Israël depuis les années cinquante du 20e siècle.Je me propose donc dans cet contribution, de faire une lecture de cette image en miroir que les vicissitudes de l'histoire nous renvoient à travers les éléments des travaux de Sigal Azaryahu.
...Il s'agit dune description comparative ethnomusicologique en hébreu (définition des rôles, des étapes, des fonctions et des significations) de certaines variétés de l'ahwash du Haut Atlas central, et de l'ahidus du Sud Moyen Atlas.La comparaison est faite entre les formes d'origine, audiovisuellement documentées à travers un travail de terrain dans les localités d'origine à Igloua , Tidili (Haut Atlas central au Sud de Marrakech) et Ait Bougmmaz (Sud-est d'Azilal), et les aspects que prennent ces formes d'origine dans le contexte de l'immigration judéo berbère marocaine en Israël, notamment dans les mochavim d'Aderet et de Shokeda.
...L'ahwash du mochav d'Aderet dont les acteurs et actrices proviennent des Igloua, et de Tidili dans le Haut Atlas central, se caractérise par une assez grande adhérence aux canons de l'ahwash des lieux d'origine. Cela se voit, entre autres, d'après traits suivants : commencement par un chauffage fonctionnel mais aussi rituel de tambourins authentiques (‘tagnza') sur un brasier afin d'en ajuster les trois tonalités; un cendrier improvisé en ‘naqus'; une bonne maîtrise du rythme quinaire 5/8, typique de l'ahwash, avec ces trois tonalités de percussion de tambourins (lhmz, agllay et nnqqr); des youyous justes et une danse sobre aux épaules et à mouvement vertical du corps; maîtrise des modes pentatoniques des airs; mémorisation d'un riche répertoire de chants et de mélodies anciennes; une diction chleuhe juste et une prononciation chleuhe standard. Par contre, il se trouve que les hommes ont parfois des difficultés à tenir le registre haut, qui caractérise la vocalise du chant chleuh; ils dégradent ainsi parfois la voix d'une octave par rapport aux femmes pour certains airs.
L'ahwash / ahidus du mochav de Shokeda , dont les acteurs et actrices proviennent des Aït Bougmmaz, se caractérise par une interférence des genres (ahwash / ahidus / bughnim) et par beaucoup d'éléments épars qui connotent des aspects d'acculturation aux niveaux, entre autres, (i) de la langue (accent andalou: un /l/ emphatisé et une perturbation des sibilantes), (ii) des répertoires (paroles, mélodies et danses), (iii) du costume masculin, et (iv) des instruments de percussion (tambourins légers).Il s'agit donc fort probablement d'une communauté de megorashim d'origine andalouse, déjà perturbée il y quelques siècles par un changement d'environnement linguistique et socioculturel suite à l'expulsion consécutive à la Reconquista (Andalousie => Maroc) et établie de surcroît , au terme de cette expulsion, dans une zone du Maroc qui est à cheval entre l'aire Tachelhiyt et l'aire Tamazight d'une part, et où interfèrent par conséquent l'ahwash et l'ahidus d'autre part, avant d'être enfin supplantée au milieu du 20e siècle du Maroc et pour s'implanter en Israël. Il y a là, en somme, l'illustration d'un scénario concret, parmi d'autres possibles en de semblables circonstance, de l'agonie d'un genre culturel d'une communauté bimillénaire...'


Parler berbere
Extrait de 'LE JUDÉO-BERBÈRE' de Haïm Zafrani in Encyclopédie de l'Islam:

Les Juifs berbérophones des pays chleuh et tamazight avaient, avec leurs dialectes vivants et un folklore qui n'a rien à envier à celui de leurs voisins musulmans, une littérature orale traditionnelle et religieuse dont il ne subsiste malheureusement que les quelques vestiges que l'auteur du présent article a recueillis à une date récente. Dans la vallée de l'Atlas, dans le Sous et aux confins sahariens (comme aussi, semble-t-il, dans certaines contrées algériennes et tunisiennes), ils constituaient naguère de petites communautés groupées dans des mellahs et établies là depuis des siècles sinon un ou deux millénaires. Aujourd'hui, on n'en trouve guère de trace ; depuis l'indépendance du Maroc, ils ont immigré en bloc en Israël.
...Le berbère a été, jusqu’à ces dernières années, l’une des langues vernaculaires des communautés juives vivant dans la montagne marocaine et le Sud du pays. La plupart d’entre elles étaient bilingues (berbéro-arabophones) ; d’autres semblent avoir été exclusivement berbérophones, comme à Tifnut ; de cette dernière catégorie, nous connaissons quelques individus isolés, immigrés en Israël et repérés à Ashkelon.
Dans la vallée du Todgha (Tinghir), dans la région de Tiznit (Wijjan, Asaka), de Ouarzazate (Imini), à Ufran de l’Anti-Atlas, à Illigh et ailleurs, non seulement le berbère était un parler juif de communication dans le milieu familial, social et économique et dans les contacts avec les autres groupes ethniques et confessionnels, mais il constituait aussi, à côté de l’hébreu, la langue de culture et de l’enseignement traditionnel qui l’utilisait pour l’explication et la traduction des textes sacrés comme le judéo-arabe ou le vieux castillan dans les communautés de langue arabe ou d’origine hispanique ; certaines prières, les bénédictions de la Torah entre autres, étaient dites uniquement en berbère, dont le rôle est attesté dans la liturgie pascale, ainsi que nous allons le voir. Une documentation écrite et sonore sur le folklore et la vie intellectuelle de ces communautés berbérophones a été réunie : quelques textes bibliques dans leur version hébraïque et berbère, cantiques liturgiques et chants de fêtes qui marquent les grands moments de l’existence juive (circoncision, bar-mitsva, mariage, etc.) et notamment la Haggada de Pesah, la pièce la plus importante et la plus précieuse de notre collection et qui présente à nos yeux un intérêt capital pour la connaissance des traditions linguistiques et culturelles d’un monde trop peu exploré quand il en était encore temps, appartenant à une diaspora longtemps ignorée et désormais irrévocablement disparue.
Ce dernier document est la version intégrale en berbère de la composition liturgique que les Juifs récitent au cours de la veillée pascale et dont le thème fondamental est l’histoire de la sortie d’Égypte, accompagnée du hallel (groupe des Psaumes CXIII à CXVIII qui entrent dans la liturgie des grandes fêtes et de certains jours solennisés). C’est une traduction traditionnelle, comme il en existe en judéo-arabe ou en ancien castillan, du texte hébraïque par rapport auquel elle présente néanmoins des variantes et des nuances d’interprétation. Le texte en a été transcrit, à Tinghir, dans la vallée du Todgha à une date récente (vers 1959), en caractères hébraïques carrés munis de voyelles (on ne connaît, à ce jour, aucun autre manuscrit transcrivant un texte berbère en caractères hébraïques).

Extrait de 'Littératures dialectales et populaires juives en Occident musulman', Haim Zafrani - 1970:

La Haggadah de Pesah est une composition liturgique récitée au cours de la veillée pascale. La pâque juive est célébrée du 14 au 22 Nisan, soit pendant huit jours, durée légale de la fête. Par la récitation de la Haggadah, les juifs commémorent un événement capital de l'histoire juive, la sortie d'Égypte et la libération du peuple juif de l'esclavage pharaonique.
La version de la haggadah de Pesah qui est présentée a été recueillie par H. Zafrani au cours d'une enquête sur l'enseignement traditionnel juif au Maroc. C'est le premier texte berbère issu d'un groupe juif maghrébin à être publié. Il offre un double intérêt : pour les études juives d'une part, en tant que texte traditionnel appartenant à des communautés dont l'origine pose bien des problèmes, pour les études de linguistique berbère d'autre part, en tant que témoignage de langue venant de groupes distincts des populations musulmanes. Si les études antérieures sur les Juifs marocains faisant état de berbérophones, aucun échantillon de parler berbère juif, une dizaine de lignes exceptées, n'avait été noté. L'émigration et la dispersion des communautés juives berbérophones du Maroc, au cours de ces dernières années, donne plus de prix encore à cette Haggadah berbère.

Nous reproduisons ci-dessous une partie de ce texte liturgique avec la traduction en français:

s tarula ay s neffagh gh masêr. ayddegh
n ughrum ur imtinn da ttecan
lewaldin nnegh gh maser. kullu mad yagh
lâz iddu ad itec, mad yagh fad iddu
ad isu. asegg°as ddegh gh tmazirt ddegh ;
imal gh bit lmekdes.

C'est par la fuite que nous sommes sortis d'Égypte. En fait
de pain, c'est un pain non levé qu'ont mangé
nos ancêtres en Égypte. Que tous ceux qui ont
faim aillent manger, que celui qui a soif aille
boire ! Cette année-ci, nous sommes dans ce pays-ci ;
l'an prochain au Lieu Saint.

man nhya i yîd ddegh man kull iydân ? kullu
y idân ur da nttduwaz awd yut tikkelt,
îd ddegh snat tikkal.

Quelle différence y a-t-il entre cette nuit-ci et toutes les autres nuits ? Toutes
les autres nuits, nous n'avons pas l'habitude de manger trempé, nous ne le faisons jamais : cette nuit-ci, nous le faisons deux fois.

kullu îdan nekk°ni da ntteca wenna
y imtenn negh ur imtinn, îd ddegh wadda ur imtinn.

Toutes les autres nuits, nous, nous avons l'habitude de manger quoi que ce soit
de levé ou de non-levé, cette nuit-ci ce qui n'est pas levé.

kullu îdan nekk°ni da ntteca, nsu, swa
negh°zdem swa negg°en, îd ddegh akk° negh°zdam.
kullu w îtan nekk°ni da ntteca aydda nufa l lex°dêrt, îd ddegh, lmarur.

Toutes les autres nuits, nous avons, nous, l'habitude de manger et de boire soit
assis soit étendus, cette nuit-ci, nous le faisons tous assis.
Toutes les autres nuits, nous avons, nous, l'habitude de manger ce que nous avons trouvé; en fait de légumes, cette nuit-ci, nous mangeons de l'amer.

ixeddamen ay nga i peràu g° masêr. issufgh agh
rebbi nnegh dinnagh s ufus n ddrà, s ufus
ikuwan. mur ur agh issufgh rebbi lwaldin

Serviteurs de Pharaon, voilà ce que nous étions en Égypte. Il nous en fit sortir,
notre Dieu, là, par un bras fort, par un bras robuste. Si Dieu n'avait pas, pour nous, fait sortir nos parents...

nnegh gh masêr, nsul nekk°ni d isirran
nnegh ixeddamen nga i peràu gh masêr.
waxxa nla làkel, nla lfehemt,
waxxa nssen turat, lazm nnegh an nàawed
gh ufugh n masêr. kullu mad d isgudiyn ad d iàaud
gh ufugh n masêr, tannit waddagh ituskar.

d'Égypte, nous serions encore, nous et nos enfants,
les serviteurs du Pharaon en Égypte.
Même si nous possédons intelligence et entendement,
même si nous savons la Torah, il nous faut répéter
ce qui à trait à la sortie d'Égypte. Quiconque accumule les récitations
de la sortie d'Égypte, est, vois-tu, digne de louanges.


Extrait d'une depeche de AP - Fevrier 2004:

'Pendant trois jours, quelque 600 juifs marocains ou d'origine marocaine, venus des quatre coins du royaume et de la planète, se sont donné rendez-vous début février autour du mausolée de Rabbi Itzhak Abessehra construit près de Rich (630km au sud de Rabat), une bourgade isolée dans les contreforts désertiques de l'Atlas. Une zone caillouteuse complètement isolée, où le défunt roi Hassan II avait fait construire, à quelques dizaines de kilomètres de là, le bagne militaire secret de Tazmamart.
Autour du tombeau et de la synagogue qui le jouxte, les familles les plus assidues à cette "hilloula" (pèlerinage) ont fait construire une dizaine de maisons, occupées trois jours par an mais dans lesquelles chacun -famille, amis ou amis d'amis- est le bienvenu.
Rabbi Ytzhak Abessehra, décédé en 1921, est l'un des 600 saints du judaïsme marocain. "C'était un homme saint qui buvait beaucoup de mahia (alcool de figue distillé au Maroc). C'est pour célébrer sa mémoire que l'on boit en chantant autour de sa tombe", explique Jacques Bensimon. Agé de 48 ans, ce commerçant de Casablanca est l'un des 3.000 juifs encore présents au Maroc alors que la communauté, présente dans le royaume depuis plus de 2.000 ans, a compté jusqu'à 300.000 membres en 1948.
Avec la Turquie, le Maroc est le dernier pays musulman du pourtour méditerranéen où vit encore une communauté juive active et relativement intégrée en dépit d'un exode massif et régulier encouragé et financé par l'Agence juive internationale.
La nuit commence à tomber sur la "hilloula" éclairée par la pleine lune et placée sous étroite surveillance de la gendarmerie royale. Venu des grandes villes marocaines, de France, d'Israël mais aussi du Canada ou des Etats-Unis, qui font figure de nouveaux eldorados du judaïsme marocain, des dizaines de pèlerins de toutes conditions sociales commencent à illuminer le tombeau de marbre avec des milliers de bougies qui brûlent en brasier.
Des chants traditionnels juifs s'élèvent dans la nuit désertique et glaciale. La foule se presse pour boire un verre à l'éternelle santé du saint et formuler un voeu de bonheur.'

J'ai decouvert cette video sur le site du 'Spielberg Jewish heritage archive'. Elle retrace brievement l'histoire des juifs marocains et contient des images et temoignages interessants d'immigrants juifs marocains en Israel, notamment une vieille femme berbere. J'en retiens un certain refoulement des origines apres la 'Aliya vers Israel dans les annees 50 dans le but de s'integrer a la nouvelle nation naissante mais une renaissance reelle ensuite avec une volonte de retour vers les origines. On retrouve cette volonte de retrouver ses racines via la preservation de l'heritage arabo-andalou (musique, habits, traditions...) et le pelerinage aux tombeaux des saints (Halila):


Petite histoire d'Ifrane - Anti-Atlas
Ifrane signifie en Tamazight (berbère) grottes, (singulier:Ifri). Nombreuses dans la région, les grottes ont transmis leur nom à la région...Ifrane renferme l'une des plus anciennes traces de presence juive au Maroc: c'est la tombe du Rabbin Youssef ben Mimoun qui serait mort en l'an 5 av.J.C. Elle se trouve au cimetière juif connu sous le nom de "Lmiâra" ( nom donné par les juifs marocains à leurs cimetières). "Rabbin youssef ben Mimoun" fut l'un des plus venerés saints juifs dont la réputation attire chaque anneé des touristes juifs venant des quatres coins du monde. Dans les anneés soixante les derniers juifs ont quitté Ifrane en direction d'Israél , les vieux du village se souviennent encore des adieux pénibles car -loin de toutes considération religieuse ou autre- ces juifs berbères faisaient tout simplement partie de l'histoire et la culture d'Ifrane d'Anti-atlas, ils avaient vécu avec eux dans la paix le respect et la fratérnité...


Poeme berbere
Poème paru dans la revue Tifinagh, no 2, février-mars 1994:

La judaïsation probable de certaines tribus, trouve un écho dans le folklore berbère, témoin ce court poème oral:

Maman
Pourquoi ne travailles-tu pas la laine le samedi ?
C'est ainsi, mon petit
Depuis longtemps, très longtemps...
Pourtant le fqih dit que c'est le vendredi...
Ta ta ta !
Qu'est-ce qu'il en sait le fqih,
Des gens d'il y a dix mille ans ?

Origine des juifs berberes
Extrait de 'les juifs dans la societe berbere':

'...Le plus probable est que les juifs berbères étaient des autochtones. Vieilles tribus berbères judaïsées... La tradition fait état de sept (parfois dix) rabbins missionnaires venus de Jerusalem il y a très longtemps. On retrouve leurs tombes (en plusieurs dizaines d’exemplaires) disséminées dans de nombreuses tribus de l’Atlas.
Il ya tout lieu de penser que la judéisation des berbères commencée bien avant le début de l’ère chretienne, s’est poursuivie jusqu’au règne des Almoravides (XIè-XIIè.). Aghmat Aïlane, prospère cité de la vallée de l'Ourika au VIIème siècle, était exclusivement peuplée de Juifs (Laoust). Le reflux se produisit sous les Almohades (XIIè – XIIIè) qui ont complétement islamisé les berbères. Après les Almohades, toutes les tribus sont mususlmanes ils ne subsiste plus de chrétiens ni de Berbères judaïsés. Seuls restent des juifs tributaires'.


Origine des juifs berberes
Extrait de 'les juifs dans la societe berbere':

'...Le plus probable est que les juifs berbères étaient des autochtones. Vieilles tribus berbères judaïsées... La tradition fait état de sept (parfois dix) rabbins missionnaires venus de Jerusalem il y a très longtemps. On retrouve leurs tombes (en plusieurs dizaines d’exemplaires) disséminées dans de nombreuses tribus de l’Atlas.
Il ya tout lieu de penser que la judéisation des berbères commencée bien avant le début de l’ère chretienne, s’est poursuivie jusqu’au règne des Almoravides (XIè-XIIè.). Aghmat Aïlane, prospère cité de la vallée de l'Ourika au VIIème siècle, était exclusivement peuplée de Juifs (Laoust). Le reflux se produisit sous les Almohades (XIIè – XIIIè) qui ont complétement islamisé les berbères. Après les Almohades, toutes les tribus sont mususlmanes ils ne subsiste plus de chrétiens ni de Berbères judaïsés. Seuls restent des juifs tributaires'.


Relations judeo-berberes
Extrait d'Interférences culturelles judéo-berbères - Shlomo Elbaz
'...La société berbère semble avoir été l'une des rares à n'avoir pas connu l'antisémitisme. Le droit berbère, azref, dit « coutumier », contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, « laïque » et égalitaire, et n'impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, « protégé », soumis à certaines obligations et interdictions. Le juif occupait une place bien définie dans le système socio-économique du village berbère : il remplissait généralement la fonction soit d'artisan (orfèvre, cordonnier, ferblantier), soit de commerçant, l'une et l'autre occupation pouvant être ambulantes. Aujourd'hui encore, après trente ou quarante ans, les villageois de l'Atlas et des vallées sahariennes se souviennent avec nostalgie du temps où les juifs faisaient partie du paysage...'

Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: adrar (IP enregistrè)
Date: 10 janvier 2011 : 07:39

tanemmirth ARRIK
ASUGGAS 2961 AMEGGAZ A GMA

Juifs et Berbères du Maroc
Posté par: tanirt-tafraout (IP enregistrè)
Date: 10 janvier 2011 : 14:15

azul - SALUT !


s tarula ay s neffagh gh masêr. ayddegh
n ughrum ur imtinn da ttecan
lewaldin nnegh gh maser. kullu mad yagh
lâz iddu ad itec, mad yagh fad iddu
ad isu. asegg°as ddegh gh tmazirt ddegh ;
imal gh bit lmekdes.


WAWW c trés belle poéme !

ayuuz imazighen zdegnin , et tanemmirt!



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