Magistral commentaire ecrit par un certain Ram Zenit sur Causeur.fr. Cet intervenant a admirablement resume la situation aussi bien des Juifs de France, d'Israel, des medias francais, de la politique du PS, etc...

Excellent article ou tout est dit. Merci a Bravo pour avoir en premier signale ce texte.

Ce commentaire fait suite a un article Juifs de France : le désastre et l’urgence
L’exode a commencé



Ram Zenit dit

Sans commentaire. Parce que ras-le-bol de se dire “on l’avait bien dit”. Parce que ras-le-bol de se faire traiter “d’anti français” quand on dit qu’il y a de l’antisémitisme en France. Et ce, par des membres de la famille. Alors qu’on s’inquiète pour eux.

Sans commentaire. Parce que ça fait mal au bide de voir que tout ce qui faisait notre monde à 20 ans a créé le lit de la lie depuis tant d’années :

Les journaux – le Monde, notre référence d’alors, le Nouvel Obs, qu’on attendait avec impatience au club du kibboutz pour lire Jean Daniel et bien sûr Libé et le Canard Enchaine !

Les partis, comme le parti socialiste – on avait débouché le Champagne quand Mitterrand a été élu président, à deux cents mètres de la frontière avec le Liban. Et « Touche pas à Mon Pote », et la LDH, et le MRAP, les gens de notre culture, française, et universelle, les Sartre, les Günter Grass, les Theodorakis, les Joan Baez…

Mais voilà, au fil des années, les choses ont changé…

Ça a commencé par le choc de la Guerre de Kippour. Sartre écrivant dans je ne sais plus quel journal, sa grande satisfaction de voir que maintenant ce sont les chaussures des soldats israéliens qui sont abandonnées dans le désert. On pouvait le voir jouir de bonheur entre les lignes alors que nous enterrions nos morts, et qu’un temps, deux jours, trois jours, une semaine, deux millions de Juifs se voyaient se faire jeter à la mer… Et ma mère, fille de Juifs émigrés de Roumanie envoyés à la mort dans les chambre à gaz par la police de Paris une nuit de Septembre quarante-deux, elle qui enseignait le français à d’autres émigrés, du Maghreb ceux-là, n’a pu continuer ce bénévolat avec ces gens qui criaient « mort à Israël, mort aux Juifs », elle qui avait trois fils en Israël à ce moment-là ; la Juive qui enseignait le Français à des Arabes !

Puis c’est Joan Baez qui refuse de venir chanter à Eilat “occupée”, elle qui souille jour après jour la terre de je ne sais quelle tribu amérindienne décimée, nettoyée ethniquement. Nos frères, des autochtones qui n’ont pas pu retrouver, comme nous, leur terre ni leur langue, ni leur culture.

Vint ensuite la révolution iranienne. Horreur ! Le Nouvel Obs publie un article de Maxime Rodinson, Grand Orientaliste devant l’Eternel, et pourfendeur d’Israël, titrant “la Révolution Iranienne nous fait redécouvrir la dimension [sous entendu la « grandeur »] politique de la religion” ! Le Nouvel Obs ? Le Nouvel Obs ! Jean Daniel ? Jean Daniel ! Plus d’un siècle de laïcité française et ses combattants, maitres et maitresses d’écoles de France se retournent dans leur tombe – retrouver la dimension politique de la religion ! Et quelle religion ! Dans un journal de gauche ! Misère de la pensée de gauche. Les premières concessions d’une certaine gauche intellectuelle à une certaine religion.

Et puis vingt ans plus tard, au début de la deuxième intifada, le bruit court qu’une certaine Sarah Daniel (“nan! t’es sur?”) écrit un article à dégueuler sur de soi-disant viols de Palestiniennes par des soldats israéliens. Et ce, alors qu’une Palestinienne rédige une thèse de doctorat dans une université israélienne sur la question du pourquoi il n’y a jamais eu de viol de Palestinienne par des soldats israéliens depuis le début de “l’occupation” et de conclure que c’est par racisme !

Les accords de paix. Sadate à Jérusalem ! Oslo ! Et les attentats ! Ce “haver”, camarade en français, du kibboutz voisin qui doit identifier les restes de sa femmes explosée dans le bus numéro 25 à Tel Aviv, une main et son alliance… Plus tard on saura qu’ils étaient commandités par Arafat lui-même au Hamas, le même Arafat, à qui la France a fait tous les honneurs, et attribué Jérusalem pour lieu de naissance, réécrivant ainsi l’histoire selon le narratif palestinien, mais qui ne dit pas de quoi il est mort et laisse les pires bruits courir.

Et petit à petit les voiles se lèvent, les placards s’ouvrent, les Günter Grass, les Theodorakis font leur outing. Ils ne sont plus antisionistes, ils se disent franchement antisémites.

Un jour d’hiver 1988, pendant la première intifada, j’étais à Paris. Le Monde titre sur toutes ses colonnes de première page sur un garçon de 13 ans blessé dans les territoires palestiniens. Et quelque part en fin de journal entre la météo et quelques petites annonces, un entrefilet d’une dizaine de lignes sur une colonne, l’annonce de 5000 Kurdes gazés à mort par Saddam Hussein. Le Monde, le journal des intellectuels, des gens qui pensent, des gens de gauche, met en place une nouvelle éthique dans laquelle un jeune de treize ans, parce que blessé par un soldat israélien, “pèse” beaucoup plus que 5 000 villageois assassines par un tyran arabe.

Quelques années auparavant nous étions quatre cent mille Israéliens, dix pour cent de la population du pays d’alors, dans les rue de Tel Aviv pour exiger la démission du ministre de la Défense, un certain Sharon, parce que des assassins chrétiens libanais avaient massacré près de huit cents Palestiniens à Sabra et Chatila au Liban, à quelques centaines de mètres des soldats israéliens qui n’étaient pas intervenus.

Un peu plus de dix ans plus tard, aucun français, zéro pour cent de la population française, n’est descendue dans les rues de Paris pour exiger la démission d’un quelconque ministre français, parce que des assassins africains avaient commis le génocide de quelques huit cent mille autres africains, alors que l’armée française était présente sur le terrain. Le président français était à l’époque socialiste et il dirigeait directement la politique française en Afrique. On aurait pu s’attendre à quelques 6 millions de manifestants, dix pour cent de la population française d’alors pour exiger sa démission. Mais rien ! Nada ! Le PS français continua à haïr Sharon et à encenser Mitterrand. A exiger certaines éthiques d’Israël et d’autres pour lui-même.

C’est l’époque où l’antisionisme de gôche devient antisémitisme sournois, ou courtois…

Un certain Pascal Boniface, spécialiste de stratégie publie un livre “Peut-on critiquer Israël”. Alors qu’Israël est le pays le plus critiqué du monde, que ce soit sur les plateaux télés ou les journaux. Et en spécialiste de stratégie il définit une nouvelle stratégie électoraliste pour le PS, toute basée sur l’électorat arabo musulman. Et le dénigrement d’Israël. Comme dans les pays arabes.

Ainsi comme dans les dictatures arabes, la haine d’Israël assure le pouvoir. Et comme dans les pays arabes, dans les dictatures arabes, la haine d’Israël devient au fil des années la haine du Peuple d’Israël, la haine du Juif ! Un reporter de France 2, Israélien, fait un reportage à Gaza sans être sur place. Un jeune Juif est enlevé, séquestré et torturé à mort pendant trois semaines, parce que Juif, dans la région de Paris… « Importation du conflit israélo-palestinien : c’est la faute d’Israël ». Un rabbin et des enfants sont tués à l’entrée de leur école… « Conflit israélo palestinien importé ; Jeune mal intégré ».

Sans commentaire. Parce que je ne trouve pas les mots !

Et puis si ! J’ai un commentaire ! Ionesco, reviens ! Ton rhinocéros court et dévaste Paris !!

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