Les JUSTES de Yad Vachem
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Bravo (IP enregistrè)
Date: 02 mars 2012 : 02:16
Varian Mackey Fry, né le 15 octobre 1907 à New York et mort le 13 septembre 1967, était un journaliste américain qui depuis Marseille, a sauvé entre 2 000 et 4 000 Juifs et militants antinazis en les aidant à fuir l'Europe et le régime de Vichy. Il ne bénéficia que d'une reconnaissance tardive et fut fait chevalier de la Légion d'honneur par la France le 12 avril 1967.
Il reçut une éducation quaker. En 1927, Varian Fry fonda, avec Lincoln Kirstein, Hound & Horn, une revue littéraire. Il se maria avec la sœur de Lincoln Kirstein, Eileen.
Correspondant du journal américain The Living Age, Varian Fry visita Berlin en 1935. Il fut alors témoin de la barbarie des nazis envers les Juifs. Il vit notamment deux nazis poignarder sans aucun motif la main d'un juif assis à la terrasse d'un café.
Choqué par cette expérience, il aida à lever des fonds pour soutenir les mouvements antinazis. Juste après l'invasion de la France, il se rendit à Marseille, officiellement en tant que journaliste mais en fait envoyé par l'Emergency Rescue Committee (ERC) (Comité de sauvetage d'urgence) qui officia à Marseille sous le nom de Centre américain de secours1 le 14 août 1940. « Fry est arrivé à Marseille en août avec 3 000 dollars, une petite valise et une liste de quelque deux cents écrivains et artistes en danger.
Presque immédiatement il s'est trouvé confronté à un énorme drame humain et ce qui devait être une mission de reconnaissance de trois semaines se transforma en une aventure éprouvante de treize mois »2.
Ce n’est pas exactement une opération humanitaire : il s’agit d’attribuer deux cents bourses à “certains des meilleurs scientifiques et universitaires européens” pour les aider à fuir l’Europe et à se réinstaller outre-Atlantique.
Sa mission était d'aider des intellectuels, artistes, écrivains et antinazis, dont certains militants trotskystes, à fuir l'Europe. Il s'installa tout d'abord à l'hôtel Splendide où il avait rencontré un autre Américain, Franck Bohn, envoyé par l'American Federation of Labor (AFL) et aidé par le Jewish Labor Committee (JLC) pour aider des militants syndicalistes ou socialistes à s'enfuir.
Malgré la surveillance du régime de Vichy, il cacha de nombreuses personnes à la villa Air-Bel et les aida à s'enfuir. Plus de 2 200 personnes se réfugièrent notamment au Portugal, alors neutre, avant de se rendre aux États-Unis. D'autres passèrent par la Martinique, comme André Breton ou Victor Serge.
Les plus proches collaborateurs de Varian Fry furent Miriam Davenport, ancienne étudiante de l'Institut d'Art et d'Archéologie à la Sorbonne, Mary Jayne Gold, héritière à la vie romanesque, Daniel Bénédite, Albert O. Hirschman, Charles Fawcett, Leon Ball, Jean Gemähling ou Charles Wolff. Il a également bénéficié de l'aide financière de Peggy Guggenheim. Fry fut grandement aidé par Hiram Bingham IV, vice-consul américain à Marseille, qui combattit l'antisémitisme du Département d'Etat et sa politique frileuse en matière de visas. Hiram Bingham IV n'hésita pas à délivrer des milliers de visas, vrais ou faux.
Par conviction personnelle, Bingham fournira des visas à tous ceux que lui indiquera Varian Fry, et finalement, ils seront près de deux mille à en bénéficier, généralement des intellectuels ou des artistes de renom comme Max Ernst, André Breton, Hannah Arendt, Marc Chagall, Lion Feuchtwanger, les fils de Thomas Mann, Alma Mahler, Anna Seghers, Arthur Koestler, Jacques Hadamard ou Otto Meyerhof. Quant aux autres, les anonymes qui ne sont pas sur la liste et qui assiègent jour et nuit le consulat américain, ils n’ont guère d’illusions à se faire, car, comme l’explique Varian Fry dans son livre “Surrender on Demand”, “nous refusons d'aider quiconque n'est pas recommandé par une personne de confiance.”
Cette politique déplut au régime de Vichy et au gouvernement américain, alors neutre face au conflit européen. Varian Fry se fit confisquer son passeport par les autorités américaines. Il dut peu après quitter le territoire français le 16 septembre 1941. Il rentra alors aux États-Unis et essaya par tous les moyens de sensibiliser l'opinion publique américaine au sort des Juifs en Europe. En décembre 1942, il publia dans The New Republic, un article intitulé « Le Massacre des juifs en Europe ». En 1945, Fry publia Surrender on Demand (Livrer sur demande, publié aussi en France sous le titre La liste noire) qui racontait son périple en France.
L'éditeur censura la préface qui dénonçait la politique américaine en matière de visas. L'ouvrage n'est sorti qu'en 1999 en France5.
Il exerça alors divers métiers, se remaria après le décès de sa première femme et devint professeur de latin.
Personnalités aidées par Varian Fry
Hannah Arendt
Jean Arp
Hans Aufricht
Hans Bellmer
Georg Bernhard
Victor Brauner
André Breton
Camille Bryen
De Castro
Marc Chagall
Frédéric Delanglade
Oscar Dominguez
Marcel Duchamp
Heinrich Ehrmann
Max Ernst
Edvard Fendler
Lion Feuchtwanger
Leonard Frank
Giuseppe Garetto
Oscar Goldberg
Peggy Guggenheim6
Emil S. Gumbel
Hans Habe
Jacques Hadamard
Konrad Heiden
Jacques Hérold
Wilhelm Herzog
Erich Itor-Kahn
Berthold Jacob
Heinz Jolles
Siegfried Kracauer
Wifredo Lam
Jacqueline Lamba
Wanda Landowska
Lotte Leonard
Jacques Lipchitz
Alberto Magnelli
Alma Mahler Gropius Werfel
Jean Malaquais
Golo Mann
Heinrich Mann
Valeriu Marcu
André Masson
Roberto Matta
Walter Mehring
Alfredo Mendizabel
Otto Meyerhof
Boris Mirkine-Guetzevitch
Soma Morgenstern
Hans Natonek
Ernst Erich Noth
Max Ophüls
Hertha Pauli
Benjamin Péret
Alfred Polgar
Poliakoff-Litovzeff
Peter Pringsheim
Hans Sahl
Jacques Schiffrin
Anna Seghers
Victor Serge
Ferdinand Springer
Bruno Strauss
Sophie Taeuber
Franz Werfel
Kurt et Helen Wolff
Wols
Ylla
Honneurs et récompenses
En 1967, la France le fit chevalier de la Légion d'honneur. C'est le seul honneur qu'il a reçu de son vivant.
En 1991, le Conseil américain du mémorial de la Shoah lui attribua la Médaille Eisenhower de la Libération.
En 1995, Varian Fry est devenu le premier américain à être reconnu comme Juste parmi les nations au mémorial de Yad Vashem. Il a également reçu la citoyenneté d'honneur de l'État d'Israël le 1er janvier 1998.
À l'initiative de Samuel V. Brock, consul général des États-Unis à Marseille de 1999 à 2002, le parc devant le consulat américain de Marseille a été renommé « Place Varian Fry ».