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Ou va l'Egypte ? Et le reste du monde arabe ? - Alexandre Adler
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 07 février 2011 : 12:07

Où va l’Egypte? Et le reste du monde arabe? Spécialiste des relations internationales, Alexandre Adler ne croit pas au scénario d’un basculement général dans la révolution démocratique.

Michel Audétat

Vendredi devait être la «journée du départ». La mobilisation a été un succès, mais Hosni Moubarak n’a pas quitté le pouvoir. Son sort est-il néanmoins scellé?

Il a déclaré vouloir rester en Egypte jusqu’au jour de sa mort. Ce ne sont évidemment que des mots. Mais il aura en tout cas montré une certaine fermeté qui aide les militaires à négocier durement avec l’opposition. Cela dit, Moubarak ne peut bien sûr pas rester. Parce que l’opinion y est parfaitement hostile. Parce que Barack Obama a manifesté de façon très appuyée sa volonté de le chasser tout de suite. Mais surtout parce que l’individu Hosni Moubarak n’est pas supérieur à l’institution militaire dont il est l’expression. Loin d’être un pharaon, comme on le dit souvent, il serait plutôt le fondé de pouvoir de cette grande organisation collective.

Les militaires égyptiens, véritable colonne vertébrale du régime, sont-ils prêts à renoncer à une part de leur pouvoir pour permettre l’établissement de la démocratie et de l’Etat de droit?

En aucun cas. Je pense au contraire que l’actuelle situation d’anarchie crée une demande militaire. Les Frères musulmans se disent prêts à collaborer avec l’armée. Et, pour les autres, elle constitue un bouclier. Aujourd’hui, dans les salons cairotes de Zamalek, on ne déborde pas d’enthousiasme devant l’invasion des rues par le peuple. Au fond, tout le monde serait d’accord pour que l’armée remette de l’ordre dans le pays en permettant une espèce de voie moyenne: plus de nationalisme, mais dans le respect des engagements internationaux; plus de liberté, mais sans renoncer à la force de l’Etat.

Les Frères musulmans sont apparus à la fin des années 1920 avec un fameux mot d’ordre: «Le Coran est notre constitution.» Aujourd’hui, la confrérie reste-t-elle sur cette ligne théocratique?

C’est la question la plus difficile. Si vous prenez les fondements doctrinaux, il est évident qu’il s’agit d’un mouvement intégriste. Mais, depuis l’ère de Sadate, la confrérie a vécu dans une cohabitation de plus en plus intime avec le pouvoir politique. Y compris sous Moubarak. Les Frères musulmans ont donc adopté, à la fois par prudence et par intelligence politique, une tactique différente en investissant la société civile sans affronter l’appareil d’Etat. Leur guide suprême, Mohamed Badie, reste aujourd’hui sur cette ligne dont on connaît les résultats: la séparation des sexes dans la vie quotidienne, la censure au cinéma, la disparition de la danse du ventre, les cinq prières qui retentissent chaque jour dans l’aéroport du Caire… On peut se dire que les Frères musulmans sont déjà au pouvoir dans la société égyptienne.

Leur association au pouvoir politique sera inévitable?

Il faudra en passer par là pour éviter une guerre civile. Mais à condition de combattre leur idéologie, leur xénophobie et leur hostilité profonde aux minorités religieuses: il faut rappeler que l’instauration de la charia figure toujours dans le programme des Frères musulmans et, même s’ils ne donnent pas d’ordres, ils ne sont pas pour rien dans les violentes attaques lancées ces derniers temps contre les Coptes. En revanche, je ne pense pas qu’ils iront faire la guerre à Israël.

Vous ne craignez pas une remise en cause des accords de Camp David que l’Egypte a signés avec Israël en 1978?

Sur le plan militaire, un franchissement du canal de Suez par des unités de l’armée égyptienne me semble en tout cas exclu. Cela déboucherait sur une crise internationale. Et, face à une telle décision, Israël ferait la guerre. En revanche, il est vraisemblable que l’Egypte exerce une mainmise sur la bande de Gaza en faisant passer le Hamas sous sa coupe. Pour Israël, ce ne serait pas forcément une mauvaise affaire dans la mesure où les Egyptiens devraient alors interdire au Hamas les tirs de roquettes à partir de ce territoire. Pour le reste, le gel des relations diplomatiques pourrait sans doute atteindre un degré supplémentaire. Surtout si Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, fait son entrée dans la vie politique égyptienne. C’est un homme fanatiquement anti-israélien, voire antisémite.

Quels sont les maillons faibles du Moyen-Orient où la contagion démocratique peut se propager?

Je pense à deux pays qui se situent dans l’orbite égyptienne. La Libye, où Kadhafi est malade et où l’immigration égyptienne constitue une véritable minorité nationale, me semble réunir beaucoup de conditions pour l’éclatement d’une crise. Et il y a le Soudan qui est tétanisé par la sécession de son sud. Mais la contagion, s’il est vrai qu’elle existe, sera malgré tout limitée. Car le monde arabe n’est pas monolithique. Les autres pays vont être secoués, c’est évident, et le Yémen plus que les autres. Mais aucun n’est menacé de basculement. Ni l’Algérie, ni le Maroc, ni la Jordanie, ni la Syrie dont le système répressif interdit ce qui est en train de se passer en Egypte. Ce que je crois, c’est que le pays véritablement mûr pour une révolution est l’Iran. Là, nous pourrions avoir une révolution de sens contraire par rapport à ce que fait redouter l’Egypte: non pas la montée de l’islamisme, mais sa marginalisation définitive.

Barack Obama a-t-il eu raison de réclamer un rapide changement de régime en Egypte?

Bien entendu, il ne s’agit pas de s’accrocher désespérément à Moubarak. Mais Obama a pratiqué une diplomatie du haut-parleur en lançant ce «now» qui résonne encore dans nos oreilles. A tous ceux qui sont les alliés des Etats-Unis dans le monde arabe, cela va donner le sentiment qu’ils peuvent être jetés à la poubelle du jour au lendemain. Je crois qu’Obama a commis la grande erreur stratégique de sa présidence en prenant une option radicale qu’il n’était nullement forcé de prendre.

[www.lematin.ch]

Ou va l'Egypte ? Et le reste du monde arabe ? - Alexandre Adler
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 02 novembre 2011 : 12:12

Interessantes reflexions de Alexandre Adler qui datent de fevrier 2011

Ou va l'Egypte ? Et le reste du monde arabe ? - Alexandre Adler
Posté par: derka (IP enregistrè)
Date: 02 novembre 2011 : 13:50

effectivement tres interessante analyse, j'en retiens une idée que j'ai toujours pensé ils n'iront pas jusqu'à provquer Israel car ils ont bien en tete un hadith celebre de leur prophete : il ne faut jamais s'exposer à la destruction, et c'est ce qui leur arrivera s'ils attaquent Israel. C'est leur nature et leur politique depuis la naissance de l'islalm de faire le dos rond quand ils sont faibles tout en faisant un travail de sape et d'etre tres féroces en cas ce position de force.



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