Dans le cockpit du vol AF477
Comment le crash de l’Airbus A330 a-t-il pu se produire ? Le magazine russe Itogui a organisé une reconstitution du vol à bord d’un simulateur.
Simulateur de vol d’un Airbus A330
Ce système d’entraînement virtuel prend la forme d’une cabine mobile montée sur plusieurs cylindres hydrauliques. Les mouvements de l’appareil sont gérés par un logiciel reproduisant en temps réel le contrôle du pilote, les conditions atmosphériques et le comportement de l’avion. Le simulateur restitue l’environnement visuel extérieur (paysage, météo, visibilité…) à l’aide d’un modèle graphique en 3D, ainsi que l’ambiance sonore du cockpit.
Dimanche 31 mai, 23 heures. A l’aéroport de Rio de Janeiro, les conditions météo sont celles d’une splendide nuit de saison, “vent de nord-ouest en rafales, nébulosité basse insignifiante à 1 000 mètres, masses nuageuses à 3 000 mètres”. Le vol d’Air France décolle à minuit pile heure de Paris. Soixante minutes passent, et rien ne laisse présager une catastrophe ; la visibilité est de l’ordre de 10 kilomètres et promet de rester stable durant les trois heures suivantes. Le dernier contact radio entre l’équipage et le sol a lieu un peu moins de trois heures et demie plus tard, avant que l’appareil entame sa traversée de l’Atlantique. Mais cette nuit-là, au-dessus de l’océan, quelque chose d’inconcevable va se produire.
“Quand on regarde les cartes météo, on voit que la zone depuis laquelle l’avion a émis une série de signaux automatiques, c’est-à-dire la zone de sa chute, subissait un phénomène de convergence intertropicale, autrement dit un ouragan tropical extrêmement violent”, explique Alexandre Poliakov, directeur adjoint de l’Agence météorologique russe. “A l’équateur, les nuages d’orage peuvent monter jusqu’à 16 000 mètres. L’Airbus, lui, volait à 10 700 mètres, donc en plein milieu de la tempête, qui s’accompagnait de décharges de foudre extraordinairement puissantes. En outre, sur les relevés de cette nuit-là, on note au-dessus de l’Atlantique de grosses concentrations de cumulus tropicaux, qui provoquent toujours de formidables turbulences.”
La plus grave menace pour un avion, ce ne sont pas les vents qui le poussent, ni même les vents contraires, c’est le gradient de vitesse du vent selon les altitudes, ou, plus simplement, les courants ascendants. Si, à un niveau donné, la vitesse du vent est de 10 à 20 mètres par seconde et que, juste au-dessus ou au-dessous, elle atteint 40 mètres par seconde, cela crée des tourbillons susceptibles d’exercer, d’après les experts, une “forte action mécanique sur le fuselage et les systèmes de l’appareil concerné”.
Les équipages qui sont amenés à traverser l’Atlantique connaissent bien ces phénomènes. Tous les pilotes qui ont vécu des orages tropicaux affirment qu’il n’y a rien de plus terrifiant au monde. Fatikh Koutiouchev, un pilote familier de l’Atlantique et qui a souvent survolé les lieux où a péri l’Airbus, évoque une zone où la météo change à vue d’œil : “On approche toujours de ce piège en se demandant si on arrivera à passer. On consulte le radar, on regarde à travers les vitres du cockpit, tout indique qu’on devrait pouvoir traverser, et, soudain, quand on arrive dans la zone censée être dégagée, on réalise qu’on est tombé dans un traquenard. Les pilotes se basent sur ce que leur dit le radar de bord, mais, si la route est barrée par une épaisse muraille de nuages, on n’a aucun moyen de voir ce qu’il y a derrière. Quand on survole ces régions, on est aveuglé et ballotté, autour de l’avion tout bouillonne, vibre, trépide, s’illumine, ça secoue à un point inimaginable.”
Droit devant se dresse un mur de nuages noirs
Nous sommes à la saison où les ouragans tropicaux prennent l’Atlantique d’assaut. La nuit de l’accident, l’immense espace qui sépare le Brésil de l’ouest de l’Afrique était en proie à un déchaînement de tempêtes. “L’Airbus a abordé cette zone avec un angle de 30°, détaille Alexandre Poliakov. Mais ce qui est étrange, c’est que, là où il a disparu, le vent était plutôt faible. C’est au-dessus de l’altitude à laquelle il volait que la météo était vraiment exécrable, avec beaucoup plus de turbulences. C’est vraiment très curieux.”
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