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Elections Européennes.
Posté par: Bravo (IP enregistrè)
Date: 09 juin 2009 : 12:13


Le paradoxe d'un vote.


Cela semblera paradoxal, mais l’Europe existe. Ses électeurs ont massivement boudé les urnes. Ils ont ainsi dit confirmé qu’ils ne lui faisaient guère confiance pour faire face à la crise mondiale, qu’ils ne comprenaient plus rien ni à ses institutions ni à sa finalité, mais il n’y a, paradoxalement, pas de preuve plus éclatante de son unité politique, à la base, de la réalité de mouvements d’opinion paneuropéens, que le résultat de ces élections, partout marqués par un même phénomène qui ne se limite pas à l’abstention.

La gauche les a remportées en Suède, en Slovaquie, à Malte, en Grèce mais, dans l’ensemble, c’est toute la gauche européenne qui boit la tasse, marquant un moment politique européen aussi net et commun que lorsque la gauche dominait l’Union, à la fin des années 90. Comme dans un seul pays, l’alternance est générale.

En France, on sait : prise entre l’UMP et Europe Ecologie, la gauche est apparue, hier soir, perdue, désemparée, mais que dire d’autre du PSE, du parti socialiste européen, qui aura plus d’une centaine de députés de moins que le PPE, le Parti populaire européen, la droite, au Parlement de Strasbourg ?

En Grande-Bretagne, la débâcle est si terrible que Gordon Brown, le Premier ministre, pourrait ne pas y survivre.

En Italie, malgré les scandales financiers et sexuels dans lesquels nage Silvio Berlusconi, ses alliés de la Ligue du Nord et lui remportent ensemble 20% de voix de plus que la gauche.

En Espagne, la droite devance la gauche au pouvoir de près de 4 points, infligeant sa première défaite au Président du gouvernement socialiste, José Luis Zapatero, pourtant confortablement réélu l’année dernière.

Au Portugal, les socialistes au pouvoir perdent 18 points par rapport aux dernières européennes et sont largement devancés par la droite. En Pologne, les gauches unies confirment avec un maigre 12% leur quasi disparition de l’échiquier politique au profit de la droite, centre-droit libéral et droite conservatrice.

En Allemagne, la démocratie chrétienne devance les sociaux-démocrates de quelques 17 points tandis que la gauche de la gauche, Die Linke, ne fait pas mieux qu’en France mais que les Libéraux doublent ou presque leur dernier score avec 11% des voix.

C’est un mouvement d’ensemble, paneuropéen, qui fait apparaître un électorat paneuropéen, beaucoup plus uni qu’on ne le dit.

Cela ne signifie qu’une chose. Bien au-delà des problèmes de tel ou tel parti, tous les électeurs européens viennent de réagir de la même manière. Face à une crise mondiale qui justifie, pourtant, toutes les dénonciations des dérives libérales par la gauche, ils ont préféré des droites recentrées qui redécouvrent l’Etat et l’interventionnisme à des gauches dont les propositions ne sont pas claires.

Tant que les gauches européennes ne se résoudront pas à se battre ensemble, derrière des candidats communs et un programme de réinvention de la portection sociale, pour conquérir le pouvoir à Bruxelles et à y recréer une puissance publique à même de peser dans un marché mondialisé, elles ne retrouveront ni identité propre ni force de séduction.

Cela est vrai dans toute l’Europe car, confrontés aux mêmes problèmes, l’électorat paneuropéen a, partout, les mêmes réactions.

Elections Européennes.
Posté par: Bravo (IP enregistrè)
Date: 11 juin 2009 : 13:17

Pourquoi les gauches vont mal


On peut s’attacher, car ils comptent, aux problèmes spécifiques des socialistes français. Pour tenter de comprendre pourquoi la gauche paraît si mal en point, on peut se dire que le PS n’a pas encore su se trouver un leader de la taille de François Mitterrand, que la succession dure, qu’elle a usé beaucoup des figures des années 80 et use, déjà, la génération suivante.

On peut surtout se dire que la gauche française continue de souffrir de sa division historique entre réformistes et révolutionnaires qui l’empêche encore, si anachronique qu’elle soit, de former un grand parti de toutes les gauches, le front commun auquel la droite a su parvenir et sans lequel la gauche peinera toujours, logiquement, à réunir une majorité électorale.

Tout cela est vrai, tout cela pèse, et très lourd, mais rien de tout cela n’explique pourquoi les autres partis de la gauche européenne ne sont pas en bien meilleure forme.

Le problème fondamental de la gauche européenne est que le monde dans lequel elle avait su inventer et imposer la protection sociale n’existe plus. La « forteresse ouvrière », disait-on de Renault, entreprise mythique qui déterminait les rapports de force sociaux en France mais où sont, aujourd’hui, les forteresses ouvrières ? Les mines ? Elles sont fermées. La sidérurgie ? Il y a longtemps que ses effectifs ont été drastiquement réduits. L’automobile ? Chacun sait qu’elle est en surproduction et que le rapport de force n’y est plus du côté des salariés.

Le poids de l’industrie lourde et de ces grandes concentrations ouvrières qui la caractérisaient a considérablement régressé dans les économies européennes. Les services, le secteur tertiaire, comptent de plus en plus. Ses lieux de travail sont éclatés. Les luttes syndicales sont autrement plus difficiles à y mener et, désormais, face à des revendications sociales ou salariales, les entreprises ont, de surcroît, la possibilité de délocaliser.

Conséquences, cette permanente recherche du compromis entre le Travail et le Capital qui était la marque, la tâche, la raison d’être de la gauche est devenue bien aléatoire et, plus grave encore, l’allongement de la durée de la vie comme l’endettement des Etats rendent chaque jour plus difficile la défense des acquis de la protection sociale.

La gauche va mal car le rapport de forces social, politique, économique, n’est plus du côté du Travail. Le problème de la gauche, de toutes les gauches européennes, est de savoir comment restaurer un rapport de forces et cela passe par deux choses dures à vendre, politiquement parlant.

La première est une réinvention de la protection sociale, le sauvetage de l’essentiel pour ne pas tout perdre, et la seconde est l’Europe politique. Face à un capital qui ne connaît plus de frontières, il n’y a pas d’autre voie pour la gauche que de recréer une puissance publique à même de peser dans un marché mondialisé, et cela n’est possible qu’à l’échelle européenne. On peut craindre pour la gauche que ses électeurs mettent d’autant plus de temps à le comprendre qu’elle rechigne à le leur dire. Tant qu’elle ne s’y résoudra pas, elle continuera de décliner.






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