je vous propose un article du journal lemonde sur ce sujet, qu'en pensez vous.
L'intérêt de la circoncision dans la réduction du risque de transmission du VIH mis en doute
Le Conseil national du sida (CNS) a rendu public, jeudi 21 juin, un avis dans lequel il estime que la circoncision constitue "une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH". Cette prise de position fait suite à une annonce de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onusida, qui ont affirmé, le 28 mars, qu'ils considéraient "la circoncision comme un moyen supplémentaire important de réduire le risque de transmission hétérosexuelle de l'infection à VIH chez l'homme" dans les pays à forte endémie.
De récentes études menées en Afrique ont mis en évidence de manière concordante une réduction d'environ 60 % de la contamination par le VIH chez les hommes qui avaient accepté d'être circoncis pour l'occasion. Elles ont "fait l'objet de procédures de vérification" confirmant ces conclusions. Le Conseil rappelle cependant qu'une partie des études plus anciennes sur la prévalence de l'infection par le virus du sida dans des régions où la circoncision est une pratique traditionnellement répandue avaient montré des résultats discordants.
Surtout, le CNS estime "plus discutable" le modèle extrapolant, à partir de données récentes, l'impact possible sur l'épidémie d'une politique d'encouragement à la circoncision. Ces modèles prédisent une diminution d'environ 2 millions des nouvelles infections et de 300 000 des décès au cours des dix prochaines années.
"DANS LA VIE RÉELLE..."
Le CNS considère que ce type de modèle mathématique ne tient pas compte "de données sociologiques, anthropologiques ou de la possibilité de reproduire dans la vie réelle des résultats obtenus dans des expériences encadrées". En cas d'exposition répétée, l'homme circoncis s'infecterait lui aussi, "même si cela lui prend plus de temps", indique le CNS.
Outre que la circoncision, on le sait, ne protège pas directement les femmes - et qu'aucune étude n'a été réalisée chez des hommes ayant des rapports homosexuels -, le danger existe, selon le Conseil, de voir les hommes circoncis avoir une activité sexuelle plus risquée que ceux qui ne le sont pas. Des études sont en cours pour évaluer le phénomène.
Le CNS craint que la promotion de la circoncision brouille les messages de prévention existants et aboutisse à une augmentation des infections, sans compter le risque de voir se développer des pratiques contraires à l'éthique (imposition d'un dépistage coercitif, stigmatisation...).
L'avis relève que "c'est le message d'une "solution miracle" qui a prévalu dans les médias, malgré les réserves de l'OMS". Pour cette raison, le CNS juge que "la circoncision ne peut être à elle seule un moyen de prévention".
Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 22.06.07.
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