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A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 00:28

chers amis, ce texte est pour rappeler ce qui s'est passe il y a 64 ans,il y a beaucoup de politiciens dans le monde qui le nie, mais, par malheur, ca a ete une verite triste .
six millions de juifs et parmis eux Samuel ,le grand-pere d'une amie qui vit en France,on a ajoute d'autres centaines de milliers de gitans,homosexuels ,malades ou simplement des pauvres ames ,choisies par leur couleur, leur religion, ou leur pensee.


De 1941 e 1945, plus de 6 millions de Juifs « hommes, femmes, enfants - ont ete assassines. Soit environ les deux tiers de la population juive d'Europe et le tiers du peuple juif dans son entier. L'estimation la plus basse est de 5 100 000; la plus elevee de 5 800 000. Le Tribunal de Nuremberg estimant le nombre des victimes juives e 5 700 000 a employe le chiffre emblematique de 6 millions, souvent repris par la suite.

Entre 1933 et 1940, les nazis tuerent environ 100 000 Juifs. Le nombre des morts culmine en 1941 (1 100 000) et 1942 (2 700 000), periode des gazages massifs dans les camps. En 1944 (500 000 e 600 000 morts) et 1945 (100 000 morts), etant donne l'ampleur du massacre precedent, les victimes potentielles ne sont plus aussi nombreuses.

On estime que 15% des victimes sont mortes dans les ghettos et dans les transports vers les camps; 25% ont ete assassinees par des SS, des soldats allemands ou des miliciens; 60% sont morts dans les camps, gazes ou fusilles.

J'ai lu des dizainnes de livres,sur la shoa,le dernier est le "shnourer de la rue des rosier" edition anael.

"Voici un petit reportage photo qui m'avait ete envoye voici
quelque temps par cette amie qui est allee e Yad Vashem en avril dernier. "

1er episode



LALLA KLEIN

Toute une vie d'absence...


Je m'appelle Claudette Klein et je suis nee a Casablanca, en 1943.
Nee du bon cote, celui du pain quotidien, du cote des vaccins, celui de l' ecole de la Republique libre laique et obligatoire, mais pas celui des ecoles coraniques du Marghzen, des enfants sans pupitre etudiant par terre.

En cette annee 1943, le regime de Vichy, arrive en 1942, subsistait bien que les Allies avaient deja debarque sur le sol marocain. Le sultan Mohammed V ben Youssef et le president americain Roosevelt s'etaient rencontres e Anfa en juin, et quelque chose commeneait e changer pour le Maroc.
L'annee d'apres, Mohammed V refusera de ratifier les decisions du PResident general et, dans un discours prononce e Tanger, en avril 1947, il commencera enfin a reclamer l'independance. Le gouvernement de Vichy qui lui demandera de soumettre les Juifs aux lois Nazies se verra gratifier d'une reponse de Grand Monarque, cinglante, admirable "il n'y a pas de Juifs dans mon pays, il n'y a que des Marocains...

Alors que je grandissais en tricolore et que les Residents generaux de France se succedaient aux commandes du pays, on me mit au
catechisme. Puis evidement, on me dit d'aller e la messe tous les dimanche, et l'ont me fit faire ma communion solennelle; j'ai toujours trouve bizarre que mes parents n'aillent jamais a l'office dominical, alors que nous les enfants, etions tenus d'y aller au lieu de rester dans notre lit apres une longue semaine scolaire; quand j'en faisais la remarque, mes parents me disaient que les commereants travaillaient le dimanche et eux avaient un magasin, et qu'ils avaient aussi "leurs raisons"...
J'ai souvent de me contenter ainsi d'explications toutes faites,
surtout de la part de mon pere qui, je le comprendrais plus tard, etait le roi de l'esquive et de la dissimulation; maman, elle, ne donnait jamais suite e mes questions; elle repondait souvent par un proverbe espagnol que je ne comprenais pas, et qui ressemblait a une fin de non recevoir. Mais parfois une taloche fusait: c'etait une reponse comme une autre...
Ils m'ont appelee Claudette comme une vedette americaine de l'epoque; quand je suis nee je me suis appelee Christine pendant 24 heures...
La sage femme, une Suissesse, a crie a mon pere par la fenetre donnant sur le Boulevard de Marseille " Christine est nee!"
Je sais maintenant le pourquoi de ce premier nom, mais ils ont bien fait d'aimer le cinema americain, c'est ce que je pense en riant
aujourd'hui... Pourquoi a t'on appele Christian un gamin de Casa que je connais bien, dis, reponds-moi... Christian Cohene

A cette epoque au Maroc, l'oeil de Vichy aux ordres des Boches etait partout... Les Schneider, tout comme les Klein, n'etaient pas des sujets du Sultan. Ils avaient de quoi se faire du souci. A moins de prouver qu'ils etaient bon Chretiens, comme ne l'attestait pas ce nom Allemand, porte par des Juifs comme par des non-juifs d'origine alsacienne, ou germanique. Mais comme la majorite des Franeais non-alsaciens lorrains portant des noms allemands etaient des juifs...Tout Schneider, tout Edelman, Franck, tout Klein, quelque soit son origine, a eu pendant un temps du souci e se faire, au Maroc.
Le merveilleux film "Monsieur Klein" ou Delon, encore au faite de son art campe un francais envoye en deportation a la place d'un autre souligne la double origine a laquelle peuvent appartenir ces gens portant un tel nom. Et c'est le qu'ont commences les mensonges de mon pere....

a suivre

LALLA KLEIN




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: gilou (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 01:06

Lalla Klein
es-tu bien nee en 1943? Tes parents etaient-ils au courant que les americains avaient debarque et que l'on pouvait rester juif sans crainte au Maroc ?. Par ailleurs,de 1940 a 1942, les juifs etrangers et francais n'ont pas plus ete en danger que les juifs marocains. Car le roi du Maroc n'aurait rien pu faire pour ses juifs si la gestapo et les troupes allemandes etaient venues .est-il indiscret de te demander si tu es toujours catholique ?
Je suis intervenu parce que je trouve ton recit un peu incoherent.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 01:26

Avril.2005 - Memorial de YAD VASHEM A JERUSALEM - Photos


J'ai pris ces photos a YAD VASHEM, debut avril 2005. Outre le choc enorme devant tant de documents,
de temoignages, de photos, et mes recherches plus personnelles ont commence ce jour-la.
J'ai mis un minimum de commentaires, les images parlent d'elle-memes, votre refexion prend le relai.




LALLA KLEIN




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 01:48

Gilou,tu n'as lu qu'un seul 1er episode,attends tranquilement et tout va venir,lorsque tu lis un livre ou tu vas au cinema,tu attends bien la fin,non,alors moi meme je vais recevoir episode par episode.

quand on avait un nom juif allemand ce n'etait pas incoherent du tout d'avoir peur en 1943,ou qu'on soit dans le monde!Lalla Klein maintenant n'est plus rien, ni Catholique, ni autre chose.

a bientot soly




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 02:07

gilou,pourquoi le Roi Mohamed 5 est adule de tous les Juifs, si son intervention face aux gendarmes de Vichy, a ton avis n'aurait servi a rien ????????????




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 02:37

Gilou as-tu vu dans le merveilleux film Casablanca de Michael Curtis comme les Allemands sont partout et tentent d'arreter les gens en 1942-1943?

Crois-tu vraiment qu'a cette epoque les Allemands et le regime de Vichy, qui comme le dit Mme Klein subsistait bien que les Allies avaient deja debarque sur le sol marocain, etaient la pour jouer aux cartes? Qu'il n'y avait rien a craindre ? Les gendarmes du protectorat etaient aux ordres de Vichy.
Et tout ca n'enlevait pas la peur de certain de voir la Gestapo se ballader au boulevard de la Gare . On comprend ca ou est l'incoherence?




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 10:27

Je crois aussi que, bien que le roi Mohammed V ait eu une admirable reponse face a la requete allemande, il n'aurait pu faire face a des pressions plus vives si les troupes allemandes etaient venues par elles-memes enlever les Juifs du Maroc.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: gilou (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 11:38

Les films sont de la fiction et n'ont aucune valeur historique. L'incoherence du recit de Lalla apparait dans le rappel inexact de faits imaginaires: tous les juifs vivant au Maroc ont echappe a la deportation parceque le regime de Vichy n'avait pas les moyens logistiques de le faire.
Le Roi savait qu'il ne prenait aucun risque a s'opposer a la demande des autorites francaise d'appliquer aux juifs marocains le statut administratif mis en oeuvre contre les juifs francais (numerus clausus,renvoi des fonctionnaires, mise sous tutelle des entreprises). A aucun moment les juifs n'ont ete menaces physiquement . Sauf a partir du 15 novembre 1942,date prevue pour installer la Gestapo accompagnee d'un pogrom
organise par la Legion Francaise des Combattants.
Le miracle du debarquement americain le huit, lui a evite de constater son impuissance.
Incoherence encore dans la date de sa conversion (1950?)alors que tout danger etait ecarte, mais apparament voulu par des parents decrits suivant la bonne methode antisemite.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 12:02

C'est d'ailleurs en 1942 qu'a eu lieu un premier recencement de la population juive, de triste memoire des juifs mogadoriens etabli par les autorites de Vichy avant le debarquement des Americains. Lire a ce sujet le livre de David Bensoussan "Le fils de Mogador".

Les troupes francaises basees en Afrique du nord jusque la fideles a Petain, rejoignent les Allies debarques eloignant ainsi la menace directe contre les Juifs du Maroc.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 12:14

Citation de Serge Berdugo, secretaire general du Conseil des communaut?s israelites du Maroc, lors du 60e anniversaire de la Shoah, le 30 janvier 2005 :

?Les juifs marocains avaient subi un certain nombre de mesures comme l'inventaire des biens, mais ils n'ont jamais ete inquietes grace a la protection salvatrice de feu SM Mohammed V, alors que des juifs francais et etrangers AVAIENT ETE INCARCERES EN SECRET par les autorites du Protectorat. ?

En secret voulant dire par rapport a l'autorite des Alli?s debarques et de toute facon c'est TRES facile de dire 60 ans apres il n'y avait pas lieu d'avoir peur.
Le Protectorat si gentil TOUJOURS OFFICIELLEMENT EN PLACE ET INFLUENT avait fait que 10 000 juifs algeriens, vivant au Maroc, furent prives de leur nationalite francaise et relegues au statut d' " indigene " Des avocats juifs etaient radies du barreau des medecins juifs radies de l'ordre.

Des centaines de juifs francais et etrangers, d'Europe centrale essentiellement, ont ete internes dans des "camps de sejour surveille ", veritables camps de travail, repartis sur le territoire marocain, comme a El Jadida, Ain Leuh, Beni Mellal, Bou Arfa, Tadla, Mrirt, Tazmamart,(TAZMAMART, Hassan n'avait rien invente, des Juifs Askenasi avaient inaugure le lieu) Agdz, et Ghbila. Ils y ont cotoye d'autres detenus francais et marocains, des socialistes, des communistes et des francs-macons.
Au Maroc on savait que les Nazis en Europe gagnaient du terrain . Je pense que tous nos parents vivant la bas avaient peur.

Je ne vois pas ou Klein a parle de conversion en 1950 j'attends la suite pour comprendre




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 12:46

Samuel est mort en 1942

Donc il y est decede il y a bientot 64 ans pas 61!!!!
DARLETT MA CHERIE RECTIFIES
GILOU TU ES TROP ENERVER,ATTENDS COMME JE T'AI DIT LORSQUE TU AURAS TOUTE L'HISTOIRE TU POURRAS DIRE CE QUE TU VEUX






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 61 ans
Posté par: gilou (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 13:20

Aucun juif n'a ete interne en tant que juif et les camps n'etaient un secret pour personne.(Les juifs refugies d'europe ont ete loges dans les ecoles de l'alliance et chez les particuliers,materiellement soutenus par des organisations americaines). N'y etaient envoyes que les espagnols republicains et les resistants,dont des juifs. Si les francais en avaient eu les moyens,la protection du Roi n'aurait pas pu grand-chose,comme cela serait apparu si les americains n'etaient pas intervenus avant le 15 novembre 1942.
Bien evidemment que tous les juifs avaient peur de subir le meme sort que les juifs d'Europe.
Lalla Klein est nee en 43,je suppose qu'elle n'a ete compris sa conversion (si elle dit la verite) que vers sa septieme annee quand bien meme elle a pu etre baptisee a la naissance.
Et si des fonctionnaires nostalgiques de l'antisemitisme triomphant tentaient desesperement de ne pas abolir le statut des juifs apres 1942,ils n'eurent que peu d'influence contre la reintegration des juifs francais,les marocains restant toujours des dhimmis "proteges" du Sultan.
Je repugne a parler de ma famille,mais en Janvier 1943, mon pere a violemment gifle un haut fonctionnaire des Services municipaux qui l'avait traite de sale juif, puis avait recu les excuses de son chef. La peur avait deja change de camp.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 06 février 2006 : 14:10

Tu dis (si elle dit la verite)

Gilou mais pourquoi ne dirait elle la verite ? elle ne semble pas tenter de convaincre qui que ce soit mais de parler des mensonges familiaux qui lui ont cache une origine lointaine. Jamais elle ne dit qu'elle a ete convertie, d'apres ce que je lis de Soly et d'elle, elle a ete envoyee au catechisme elle n'a jamais ete juive et maintenant je crois comprendre qu'elle est agnostique.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 14:27

Bonjour Gilou,je connais l'histoire de Lalla Klein, elle a ete baptisee catholique assez tard elle est nee de mere non juive et d'un pere athee qui jusqu'a son dernier souffle lui a nie que son propre pere etait juif
Ses parents ne pratiquaient aucune religion mangeaient de la viande le vendredi n'allaient jamais a la messe ne se sont pas marie a l'eglise et elle pense donc sincerement qu'on l'a mise au catechisme par peur car elle portait un nom juif allemand elle ne s'est jamais convertie elle a juste laisse la religion que ses parents lui ont impose sans qu'eux la pratiquent, elle m'a ecrit qu'elle essayait difficilement de reconstituer un puzzle dont on lui a cache les pieces quand elle a fait des decouvertes dures elle commence a peine a regarder en face l'origine de son grand pere sans avoir honte car son pere etait un juif honteux et je l'aide car ce n'est pas facile pour elle

soly






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 14:33

LALLA KLEIN

second episode.



J'ai un peu modifie le cours de mon histoire car un nouveau personnage nomme Gilou vient d'apparaetre dans mon paysage de contradiction et d'incredulite ; incredulite avez-vous dit ? qui ne croit pas ? he bien moi! je ne crois pas a la lecture de ma vie par moi-meme, elle est tellement bancale, tellement ... comment dites vous Mr Gilou? incoherente " dure a admettre, et pourtant ce que je raconte est vrai. Tous les gens que je rencontre d'une maniere ou d'une autre sont dans nos vies sur la meme scene, donc Gilou, vous etes dans mon Truman Show...

Qui croirait que mes 4 grands parents sont , entre 1917 et 1962, morts de faits de guerre ou de suite des grands conflits du XX?me siecle? c'est pourtant vrai...
Le torpillage du Medjerda par un Uboot Boche, le deraillement de Port d'Atelier en 1949, cause par des nationalistes tout aussi Boches qui ont vise un train d'Americains rentrant a leur base en Allemagne, ca c'est pour les deux femmes.
Le chagrin mortel d'un depart d'Algerie alors que l'on est venu en France une fois seulement, en 1914, pour faire la guerre... et Auschwitz en 1942. Voila pour les deux hommes.
Tout ca dans une vie, que vous y croyiez ou pas. Il a fallu vivre avec, et vivre avec des parents qui avaient encaisse les coups de l'histoire en reagissant comme ils pouvaient.

Enfin il faut distinguer 2 choses: les faits reels tels que je les ai vecus, ce dont je peux temoingner, et ce que j'ai cherche a eclairer, en allant par exemple sur Google a la peche aux documents me permettant de cerner le quotidien, l'ambiance d'une epoque comme l'occupation, a Casablanca, celle du climat dans lequel je suis nee. Et la il ne s'agit pas d'incoherences mais de verites historiques. J'aurais tellement de questions a poser e mon pere maintenant, mais ni lui ni ma mere ne sont la.
La pire des interrogations qui me taraudent en ce moment est celle-ci: pourquoi ne lui posai-je aucune question dans les dernieres annees de sa vie, ou un peu avant ? pourquoi m'etais-je contente de ses reponses toutes faites, pire ! de son silence ? Visiblement mon grand pere ne m'interessait pas....non ce n'est pas tout a fait ca: mon pere s'etait arrange pour qu'il ne me concerne pas.

J'ai entame des recherches au sujet de Samuel il y a un an seulement; parceque la grande amitie que j'ai eue pour quelqu'un d'exceptionnel m'a donne le courage de faire face, d'affronter la verite de ce quart de moi meme occulte par mon pere et par sa propre mere en un premier lieu pour une raison que je qualifierai de domestique, un abandon conjugal, puis ensuite pour des raisons historiques, mais il s'agissait dans les deux cas de survie mentale.

Je me demande a present qui m'a fait le plus de peine: mon grand pere Samuel , mon pere Willy, ou David qui m'a fait naitre a moi meme pour me rejeter en bloc ensuite...
Je dois preciser a Mr Gilou que le mot "conversion" qu'il emploie a mon egard n'a aucun sens pour moi, il n'aurait pas eu de sens non plus pour mes parents; ils etaient d'origine chretienne puisque nes de meres d'origine chretienne tous les deux. Ils n'allaient jamais a la messe, ne pratiquaient pas, mangeaient de la viande le vendredi, ne communiaient jamais, et je pense que mon pere n''tait pas baptise. Leur but dans la vie etait le travail, le centre d'interet principal etait leur commerce ; par contre ils m'ont forcee a aller au catechisme, a faire ma communion.
J'ai demande le pourquoi de cela a ma mere bien apres la mort de mon pere, elle m'a repondu qu'apres la guerre, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver de nouveau.
La, sa reponse soutendait qu'elle-meme avait accepte beaucoup de choses, au sujet de ce nom "Klein" et ce qu'il y avait derriere. Elle avait ajoute que de toutes facons ca ne pouvait pas me faire de mal et que ca me calmait ... j'etais si turbulente, un vrai garcon manque. Toujours a viser les poupees de ma soeur avec mon estac, a m'esquiver sur mon velo pour pecher des petits sards jetee Delure, a tirer sur un accordeon toutes fenetres ouvertes sur cour dans mon immeuble du centre ville, a jouer au foot ou au quinet avec des petits Marocains dans le square de la rue du Jura, oubliant les "que verguenza" des commeres du quartier , ou les "garconniereuuuu, des maniereuuuuu" des gamines de mon age, fatiguant les bonnes qui demissionnaient les unes apres les autres...
Bref le "cathe" etait une occupation lenifiante, anesthesiante comme une autre et la communion une cerise sur le gateau ou j'avais eu de beaux cadeaux, et j'avais ete la reine d'un jour ; je ne suis plus allee a la messe ensuite, et ne suis rentree dans les eglises que pour en admirer les voutes et les vitraux, ou pour y ecouter des concerts. Je ne suis pas athee, je suis agnostique. Je doute de tout, comment aurai-je des certitudes apres ce que l'on m'a fait pendant mon enfance? Mais je me rachete en doutant aussi de l'inexistence de Dieu....

La vie s'ecoulait donc a Casablanca, entre le College Mers Sultan pendant la semaine, l'Oued Nekifikh la Cascade, la foret de Boulhaut les dimanche d'hiver et les Zenatas ou Manessman l'ete. Je n'avais pas encore l'age d'aller danser au Balcon et de me baigner sans mes parents au Kon Tiki quand j'ai trouve ce permis de conduire de Papa... avec mention "ne a Vienne Autriche". Je me suis mise a trembler comme une feuille; il m'avait toujours dit qu'il etait parisien. J'avais 12 ans. Il a bien du avouer.
J'etais revenue de l'ecole peu de temps auparavant, demandant a mon pere pourquoi une petite fille m'avait dit que Klein etait un nom Allemand donc que j'etais une sale Boche. Il m'avait rappele que nous etions d'origine Alsacienne ; il m'avait annonce cela tres tot, et je metais alors immediatement imaginee sous la grande coiffe noire avec une cocarde tricolore, comme celle de la dame sur la vitrine de la charcuterie l'Alsacienne, en bas de chez nous; j'avais voulu aussitot me deguiser en Alsacienne pour la fete qu'on allait donner dans le petit square qui jouxtait le Theatre Municipal.

a suivre, ......................................Inch'Allah










Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 14:45

Extremement touchante et passionnante cette histoire. On attend la suite impatiemment !

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 15:19

Oui Oui Oui,Extremement touchante et passionnante cette histoire,
merci lalla,merci de partager ce morceau de ta vie avec nous
robi ykhalik

boussates

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 15:22

Quelle joie de lire un texte aussi "vrai", aussi sensible. C'est le roman d'une vie, avec les formidables secousses de l'Histoire et les details de la vie quotidienne.
C'est tout ca qui nous constitue. Merci a Lalla Klein de mettre le doigt la ou est la vie. Cela nous fait mal aussi pour elle mais elle s'en tire avec un sacre talent!









Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: gilou (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 17:09

Je n'avais aucune intention de modifier le roman de la vie de mlle Klein. Mes remarques concernaient l'apparente incoherence entre les craintes de sa famille chretienne et la realite de notre vie quotidienne de juifs apres Nov 1942 sous le regime du protectorat redevenu republicain d'une part et la reelle influence du Roi sous ce regime d'autre part.
Je suis navre qu'on ait pu mal interpreter mes propos qui ne seront jamais des attaques personnelles sur ce site, fonde sur l'amitie et le partage des souvenirs. Meme quand nos convictions divergent diametralement.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 17:17

Merci Gilou,d'abord sois le bien venu parmi nous et laissons cette Lalla Klein nous raconter toute son histoire,tu verras,cette histoire, touchante et passionnante,est son histoire,et elle a besoin aujourd'hui de la partager avec nous.
soly

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 07 février 2006 : 17:44

La peur est universelle je crois, elle n'a pas de couleur; on ne peut reprocher a Lalla Klein de penser que les disparitions de Juifs (d'Europe, exclusivement) qui avaient encore lieu apres l'arrivee des allies, aient pu marquer des parents dont le patronyme etait un nom juif allemand...
Peut etre tente t'elle ainsi d'expliquer pour quelle raison on a escamote un pan de sa vie.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 02:26

Lalla KLEIN

troisieme episode.

Cette petite Alsacienne me fait penser a cette chanson:
" Vous n'aurez pas, l'Alsace et la Lorraine
Car malgre tout, nous resterons Francais... etc.

J'ai entendu ca si souvent dans mon enfance; et pourtant ils l'ont eue, l'Alsace et la Lorraine, apres Sedan; c'est pour ca que la famille de mon autre grand pere est partie des Vosges apres Sedan pour se fixer en Algerie... Mais la magie de l'Alsacienne et de sa belle coiffe noire m'a longtemps fascinee, comme la lointaine Alsace d'ou je croyais tenir mon nom...

J'ai ete traitee de Boche, mais j'ai aussi recu d'autres injures ; l'ete des mes 13 ans, je suis allee en colonie avec les cures, a Mazagan qui ne s'appelait pas encore El Jadida.

J'avais emmene mon accordeon et ma canne a peche, et nous etions loges dans une sorte de dortoir d'ecole pres de la mer, dans les pins.
Un jour, une gamine de mon age qui s'appelait Jaqueline Brudermann m'interpella, et me dit : "Klein, c'est juif!!!" .

Comment, lui repondis-je ? Pourquoi me dis-tu ca? ? la suite de quoi elle m'a explique que son pere lui avait affirme cela, qu'il ne pouvait en etre autrement!

Je lui repondis qu'elle aussi avait un nom allemand, comme moi; elle retorqua que son nom avait 2 "n", et que son pere lui avait certifie qu'en ce cas, elle ne pouvait etre juive, ELLE, mais que sa copine Klein etait une juive! et une juive chez les cures, au catechisme!

J'ai eu une rancoeur terrible contre cette gamine qui avait ete ma copine de jeux pendant longtemps, je ne lui ai plus adresse la parole et j'ai demande des explications a mon pere a mon retour de vacances a Casablanca.
Bien sur, il a nie que son nom fut juif, et m'a repondu une phrase epouvantable que j'ai du mal a ecrire encore aujourd'hui : "ce nom est allemand, ou autrichien, mais ils prennent les noms de tous les pays ou ils passent"!
- Ils ? qui ca, Papa, "ils"?
- Ils ? mais, les Juifs!
La Papa reniait sa part de judeite mais aussi, il me montrait un certain mepris . Je commencais a avoir le coeur gros, et a me demander qui j'etais, et qui mon pere etait.
Les annees passerent, et parfois, un petit detail par ci, un petit detail par la me demontrerent qu'il etait antisemite. Mais parfois aussi, une tendresse, une contradiction....
Sa mere, ma grand-mere Juliette, ne frequentait a Casa que des Juives allemandes. Elle ne se plaisait qu'en leur compagnie; il y avait Mme Gebler qui habitait place Edmond Doute et dont la petite chienne s'appelait Hilda, et la niece Edith... c'est la seule dont je me souvienne car ma grand mere est morte l'annee de mes 6 ans. Juliette se faisait appeler Frau Klein, mais elle n'a jamais porte ce nom... Elle avait un accent germanique ? couper au couteau!
Mais il faut que je vous parle d'elle a present; nee a la fin du 19 eme siecle en Silesie, a Zuckmantl, un gros bourg catholique au milieu d'un bastion protestant, ce village est maintenant Tcheque et s'appelle Late Hory; Juliette faisait partie de cette minorite germanophone appelee les Sudetes.
Elle etait venue a Vienne comme petite bonne et etait logee chez ses patrons, tout pres d'un grand cafe concert huppe, ou l'on voyait de belles dames et des militaires, des Hulans.
Le fils des proprietaires de ce bel etablissement s'appelait Samuel; il avait un regard de braise et de belles moustaches. Une folle passion naquit entre eux. Samuel ne voulait pas etre bistrotier comme ses parents, et apres une periode d'apprentissage, il etait devenu bijoutier; plus exactement sertisseur de bijoux. La famille etait d'origine juive slovaque.
Samuel et Juliette ne se sont jamais maries et quand mon pere arriva en 1904, il porta le nom de sa mere, de meme un petit frere arrive deux ans apres. En 1911 naquit une petite fille, et la famille emigra vers Paris ou le talent de Samuel l'appelait; il y exerca son metier, apprit un peu le francais, et reconnut ses 3 enfants a la Mairie du IX eme arrondissement , car l'appartement qu'ils occupaient tous les cinq etait au 26 rue Lafayette. Je dispose de ce document administratif.
Ils vecurent dans le IX eme arrondissement, mirent leurs petits a l'ecole, ils sortaient beaucoup, avaient des amis.
Un jour qui se situe dans la seconde dizaine de ce siecle, Samuel repartit pour Vienne, et progressivement, il ne donna plus aucune nouvelle a sa famille.
Le temps passa, mon pere et son jeune frere furent mis en apprentissage chez un patron bijoutier, comme leur pere; ils avaient tous deux de belles dispositions, patience, minutie, et un temperament d'artiste et de createur.
Juliette avait repondu des le d?but aux questions des enfants encore tout petits qui reclamaient leur pere par un solennel "Papa est mort!". Ainsi elle faisait coup double, evitant qu'on ne la questionne encore puisqu'elle avait deja repondu, et debutant le travail de deuil de cet homme qu'elle avait follement aime.
Elle devint une mere autoritaire et tyranique, ne tolerant pas les liaisons de ses enfants. Mon pere, l'aine, qui lui rappelait le plus son homme, avait reussi a se marier entre les deux guerres mais elle s'employait a gacher la vie du jeune couple, comme celle des deux autres couples de ses enfants, d'ailleurs.

Et c'est la que le Maroc arrive...

a suivre...............

Le cafe des parents de Samuel a Vienne, au debut du XX eme siecle (photo authentique). C'est un des documents dont Lalla Klein se sert pour retrouver la famille de Samuel, a savoir principalement les descendants de son frere.










Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 12:14

Lorsque je lis un texte pareil, je ne peux m'empecher de penser encore et toujours a cette immense tragedie de l'homme dont la definition ethnique et religieuse a ete la cause de tellement de drames et de malheur.
Cela tient par exemple a un Brudermann qui se termine par un "n" ou avec deux ! Triste distinction dont l'impact a ete decisif dans la vie de ceux qui portaient le nom avec un n ou deux !

De la distinction religieuse, le debat serait vain et inutile mais de la distinction ethnique, il y aurait encore et beaucoup a dire.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 13:34

Merci Soly, tu avais raison, depuis longtemps tu me demandais de publier ce recit, j'avais peur de le faire. Malgre la negation de mon pere, j'ai enfin accede a une credibilite et une reconnaissance; je t'embrasse.

Lalla Klein





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 13:43

Distinction ethnique, ou religieuse. Un "n" de plus ou de moins, un Goldman ou un Goldmann, un Braun ou un Brown, ou un Brun, qui a peut etre ete un Braun un jour et a change d'Etat Civil... Ce qui est important est de savoir pourquoi. C'est terrible, et independant parfois des religions car les Polonais, les Espagnols aux USA, et meme les Francais dans ce pays ont transforme leurs noms. Et c'est un exemple entre mille. La xenophobie est partout.

J'ai un ami qui vit en France, c'etait un Levy. Son etat civil est devenu "Larry".
Zabou Breitman, actrice jolie comme un coeur et bonne comedienne, s'est longtemps appelee Zabou "tout court"; un jour elle a decide de s'appeler Zabou Breitman. Je pense que les temps changent, et si beaucoup de choses empirent, on peut aussi parfois noter de belles evolutions.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 13:56

Oui Darlett, une lettre de l'alphabet peut etre mortelle !
exactement comme nous dit aussi esmeralda.

Il y a un mois ma cousine Mercedes Zagury nee Matitia est arrivee en Israel pour la bar-misva de son petit fils, et elle a passe une journee a la maison; cette dame de 65 ans a des histoires merveilleuses au sujet de Larache ou elle a vu le jour, et de Rabat ou elle a vecu pendant 30 ans. Elle m'a raconte pourquoi son beau-pere nomme Mr Azagury est devenu ainsi que tous les Azagury de Rabat, un "Zagury".
Lorsque les Juifs du Maroc ont appris que les Allemands voulaient deporter tous les Juifs, ceux-ci ont commencer a enlever "les a et b" qui se trouvaient pendant des siecles lies a leur nom de famille.


Soly




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 14:00

Chers amis, si vous connaissez comme Darlett, Esmeralda ou moi des noms qui ont ete modifies par peur, par panique............vous pouvez ecrire ici, et partagez avec nous, ca fait partie de nos racines au Maroc.
Soly




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 14:03

Soly, n'etait-ce pour passer en dernier , avec un "Z" au debut de leur nom alors que l'appel devait de faire par ordre alphabetique?

En ce cas, Klein etait assez loin des "A" ... mais j'en connais d'autres... BRRRR ....




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 14:43

Pour ma soeur aussi son nom de famille par son mariage se prononce comme Lambert, mais cela s'ecrit Lemberg ! Grave distinction qui a coute la mort a la presque totalite de sa belle famille !

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 14:52

Encore une fois, l'histoire de Lalla Klein deroule ses chapitres avec? force. Sait-elle qu'elle nous a embarques, avec elle, a travers l'Europe et jusqu'en Afrique du Nord dans un recit epoustouflant (j'ai l'impression de me repeter). Il y a tellement de vie et et chair dans cette histoire qu'on ne l'oubliera jamais.
Elle nous introduit dans cette genealogie ou l'Histoire s'est imposee de maniere tragique.
Elle est comme une "rescapee" mais elle tient Samuel par la main et c'est ainsi que nous les voyons passer tous les deux sur ce site qui m'aimante desormais. Grace a des personnes comme elles, grace a tous ceux qui viennent entrecroiser, ici, les fils de leur memoire.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 16:41

> J'ai un ami qui vit en France, c'etait un Levy.
> Son etat civil est devenu "Larry".
> Zabou Breitman, actrice jolie comme un coeur et
> bonne comedienne, s'est longtemps appelee Zabou
> "tout court"; un jour elle a decide de s'appeler
> Zabou Breitman. Je pense que les temps changent,
> et si beaucoup de choses empirent, on peut aussi
> parfois noter de belles evolutions.
>

J'adore Zabou Breitman !

lionel
>
>
>
>




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 20:02

Quand quelqu'un montre la lune....
MDR LIonel!!!







Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 20:15

Ani lo khayevet le chakhnea et af ekhad
Ani mekhapeset rak et a emet
En bi choum sin'a
Ayti me'od atsouva
Rak a a'ava toukhal limkhok et kol a eet'sev
L.



je n'ai a convaincre personne
je cherche juste la verite
je n'ai pas de haine
j'ai eu beaucoup de peine
Seul l'Amour pourra l'effacer

Lalla Klein







Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 20:40

Elle est belle, et intelligente; elle a fait comme realisatrice un tres beau film, au titre merveilleux, beau comme elle "Se souvenir des belles choses"...




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 08 février 2006 : 20:47

Tout a fait: c'est vraiment une de mes actrices preferees avec catherine Frot, Michele Laroque et d'autres dont je ne retrouve pas le nom.

Lionel




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 09 février 2006 : 09:40

Lalla KLEIN

Quatrieme episode

Mon pere etait donc l'enfant d'un fils de famille Viennois, un grand bourgeois dont la famille, connue dans toute la ville, vivait dans l'opulence et le raffinement.
Ma grand mere etait une fille de la campagne, une boniche, une toute petite femme de type plutet slave que germanique, mais elle etait jolie, et avait un charme fou.
Elle m'a legue quelques traits de son physique indetermine, pas vraiment du nord mais pas du sud pour autant, un peu de l'est certes, avec des yeux tantet gris tantet verts, les pommettes hautes, une peau claire avec quelques teches de rousseur et des cheveux chatain fonces, je suis neanmoins plus grande.
Juliette etait de ce genre de petite femme qui fait un peu penser aux filles que l'on trouve en Suisse, autour du Lac...

Mon pere fut employe a Paris comme ouvrier chez un gros bijoutier; il n'avait pas le droit de se syndiquer et travaillait juqu'e 16 heures par jour.
Dans le debut des annees 30, un beau matin, son patron le chargea d'une mission ; il l'envoyait a Marrakech recuperer une creance.
Le Pacha de cette ville avait commande une couronne enorme sertie de pierres precieuses pour une de ses favorites et n'avait jamais regle l'addition. Le temperament debrouillard et temeraire de Papa avait incite le patron a le choisir entre tous les ouvriers pour cette mission.
Mon pere avait donc pris le train, puis le bateau a Bordeaux, et s'etait rendu de Casablanca vers la Perle de l'Atlas. Le Pacha de Marrakech n'a pas paye, il a simplement rendu la couronne; c'etait toujours cela de pris bien que d'apres mon pere, le nombre d'heures de main d'oeuvre passees sur le bijou etait enorme, et comme sa forme grotesque interdisait tout espoir de vente, le patron perdit beaucoup dans l'affaire.

Mon pere avait gagne un voyage et decouvert un pays merveilleux qu'il n'oubliera jamais.
Au moment oe le nazisme commenea a gagner du terrain et quand la menace gronda sur la France, mon pere s'embarqua pour Casablanca definitivement, avec sa premiere epouse, et... avec Juliette, sa Maman qui ne le lechait pas d'une semelle. Papa decida de monter un commerce, un depet de lait, beurre, fromages.
Le couple se defit peu a peu, et Juliette n'etait pas pour rien dans ce naufrage, mais l'epouse de Papa n'avait pas trop le gout pour le reveil matinal que supposait la tenue d'un tel commerce. Mon pere mit sa mere a la caisse de leur Laiterie du Centre Ville et ils travaillerent ensemble. Tout le quartier les connaissait et les appreciait.
La guerre arriva et Papa fut mobilise et envoye a Oujda comme simple soldat, mais il fut vite employe a une tache bien speciale; en tant que germanophone, on le chargea de traduire les messages Allemands interceptes.
Il connut ma mere qui etait aussi en instance de divorce dans cette belle ville d'Oujda... et bientot , j'arrivais. Moi aussi je me suis appelee par le nom de jeune fille de Maman au debut de ma vie...
Je dois mon existence a Marrakech et a Oujda, la belle ville blanche n'a fait que m'accueillir, dans ses jardins, ses ecoles, son bord de mer...
L'on tarda beaucoup a me baptiser, ce fut fait au Sacre Coeur, et j'avais pres de 2 ans! je n'avais pas de marraine ni de parrain, et comme c'etait obligatoire, mes parents demanderent a un petit marin qui passait non loin de le de jouer le role. J'aimais dire, quand j'etais petite "mon parrain, c'est un marin", faisant bien rire mes copines.

Papa ramena Maman a Casa bien avant la fin de la guerre, j'y naquis, et elle travailla a la laiterie avec sa belle mere; les deux femmes se detestaient. Nous vivions tous ensemble dans le petit trois pieces du centre ville, et Juliette prenait une chambre pour elle seule.
Cet immeuble etait habite aux trois quarts par des familles juives. C'etait pour tous les enfants un terrain de jeux etonnant; sept etages et une terrasse aux cheminees rappelant l'univers du petit Poucet, ou les Djinns de Victor Hugo.
Janine Vidarte, Riquette Benatar, Solange et Kika Levy, voile mes amies. Nous faisions des farces dans les ascenceurs, deguisees en fantemes. Nous sonnions chez les voisins en nous evaporant dans les escaliers, nous mettions du faux pipi de chien, en fait de l'aquarelle jaune, devant les portes des Tramzal, de mauvais coucheurs . Nous partions toutes ensemble pour le Parc des Jeux avec nos bicyclettes. Merveilleuse epoque oe les Juifs c'etait nous et eux, les Chretiens etaient eux et nous, ou ne nous rendions compte des differences qu'au moment des fetes, car les rites alors accaparaient les individus...Cabanes e la terrasse, arbres de Noel, oeufs de Peques caches dans les escaliers, tout etait pretexte a complicite et a fou-rires incoercibles.

Le grand absent
Juliette n'a jamais parle du pere de ses enfants. Je ne l'ai jamais entendue evoquer quoique ce soit a son sujet pendant mon enfance; cet homme n'existait ni pour elle, ni pour mon pere. Comme si les enfants de Juliette etaient le fruit d'une generation spontanee...
Juliette m'adorait, elle m'amenait partout, au Marche Central, au Passage Sumica, sous les lumieres du Boulevard de la Gare, place de France, dans les magasins, dans les petisseries et les salons de the. Elle s'arretait dans les cafes quand j'avais soif et me commandait un Judor ou un Crush qui me laissait de belles moustaches oranges sur les joues.
Elle etait fiere de moi et faisait remarquer a tout le monde ma ressemblance avec mon pere. Mais je ne devais jamais l'appeler grand mere, ou Meme. Je devais l'appeler "Tata".
Donc pour moi, elle etait Tata.
Son grand plaisir etait de me donner des gateaux juste avant de dejeuner; je refusais alors de manger a table et Maman m'envoyait une gifle, a la suite de quoi Juliette se levait, se mettait en colere, criant "Pourquoi fou frappez ma petite fille"!!! et le repas etait gache....

A suivre.........................




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 09 février 2006 : 09:58

Lalla Klein, touchante et passionnante cette histoire.
On attend la suite impatiemment !
Pas seulement Lalla tu nous racontes ton histoire, mais j'ai le plaisir de retrouver mon enfance dor?e, le March? Central, le Passage Sumica,les lumi?res du Boulevard de la Gare, la place de France, le Parc des Jeux, les magasins, les p?tisseries, les salons de th?, un Judor , un Crush (mes boissons prefer?es).
merci Lalla pour ces moments de bonheur toutes les 24 h.
bisous

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 09 février 2006 : 12:17

Moi j'adore la derniere phrase :

"Pourquoi fou frappez ma petite fille"!!! et le repas etait gache...

? suivre.........................







Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 09 février 2006 : 12:54

Il y a sans doute, en nous toutes (et tous) quelques chose de Lalla Klein. C'est sans doute pour ca qu'on la lit avec tant d'emotion. On regarde l'autre mais c'est soi qu'on voit aussi dans le miroir. Il n'y a plus qu'a le traverser pour la retrouver, comme dans un film de Cocteau, "Le sang d'un poete" je crois?




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: ANGIE (IP enregistrè)
Date: 09 février 2006 : 18:46

Bonjour tout le monde
Contente de rejoindre mes amis sur un site qui me parait tr?s sympa et tr?s ouvert,et je remercie le webm. de m'accepter.

Lalla Klein ton r?cit m'int?resse beaucoup et j'esp?re que si je l'imprime cela ne te d?rangera pas j'arrive ? peine et j'ai du retard donc ce soir je lis tes 4 ?pisodes, bonne th?rapie que d'?crire! Et c'est sympa que de nous faire partager ta vie et les endroits de Casa que nous connaissons tous.



Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 02:04

Lalla KLEIN

Cinquieme episode. A Madame Sol, mon ame juive.

De "la pauvre Tata" comme mon pere appelait sa mere quand il me parlait, je sais donc pas mal de petites choses, puisque j'ai vecu 6 ans en sa compagnie mais aussi parceque mon pere nous en parlait souvent, et toujours en un discours elogieux.
Ma mere aussi, au debut parlait de "la" grand-mere, celle qu'en bonne fille d'Espagnole d'Oran elle nommait aussi parfois "l'aguela". Et c'etait un peu pejoratif, bien ser.

Ma grand mere, infatiguable et merveilleuse cuisiniere, avait forme Madame Sol, la nounou qui m'a vue naetre. Ainsi, Sol la Sepharade de la zone Nord du Maroc apprenait la cuisine d'Autriche; le samedi l'on faisait lever le Streiselkuhe, pardonnez-moi si j'ecorche le mot allemand, je crois meme que je le fais expres. Sol et nous, les enfants, l'appelions "gateau aux grumeaux" et ce n'etait meme pas mon gateau prefere; je le trouvais trop bourratif et je raclais a la petite cuillere les grumeaux faits de sucre de beurre et de farine qui s'etaient agglutines en grosses bulles sur le dessus. Sol cachait ce gateau car sans cela, on le retrouvait scalpe quand on le sortait devant les invites!
Elle nous faisait parfois aussi des gateaux au pavot, des crepes palatschinken, des geteaux aux noix... Jamais un Viennois n'aurait pris son cafe sans un petit gateau!
Ces petisseries de l'Empire Austro-Hongrois qui comprenait la Tchecoslovaquie comme la Hongrie au debut du XX eme siecle etaient plutet Ashkenazes que typiques de chez Sissi de Habsbourg. Les amandes, les epices, les raisins secs et tous les delices du Proche Orient n'etant pas vraiment teutons ou anglosaxons, mais les Turcs arrives jusqu'e Vienne avaient aussi laisse leur marque, celle du croissant et de la pate feuilletee que l'on retrouve dans les apfelstrudel comme dans la pastilla...
Et notre cuisiniere de Tetuan savait aussi faire les apflestrudels!

Sol m'a parle lontemps de "ma pauvre grand mere", la larme a l'oeil; les yeux de Sol ou etaient imprimes deux disques blancs dans l'iris n'etaient que larmes et stigmates de cataracte, peut etre meme de trachome. Elle parlait le francais, l'arabe, l'italien car elle avait servi dans une maison italienne, et elle parlait aussi l'hebreu.
Elle fut aussi pour beaucoup dans la partie d'ame juive qui a toujours sommeille en moi. Je l'adorais, mais je lui en faisais voir de toutes les couleurs; je lui ai demande un jour ce que voulait dire le mots "tchabab"; elle repondit "c'est dans ma religion, chut, il ne faut pas dire ca" et souvent elle rajoutait "c'est pecher!".
Je lui repondais avec une insolente malice "on ne dit pas c'est peche, en francais, Sol, on dit c'est UN peche!"...
A la suite de quoi bien sur, autant animee par un naturel taquin et turbulent que par le gout des choses interdites et le sentiment d'impiete qui avait germe en moi des que j' eus referme les livres de catechisme, communion solennelle executee comme une fin de contrat, j'assenais des tchabab a repetition en frolant Madame Sol qui finissait par en rire en me courant apres avec un balai.

Sol nous a servis au centre ville, puis au Quartier Gauthier, dans la villa de la rue d'Oran. Elle est restee au moins 30 ans chez nous; partant le matin de tres bonheur de chez elle quelque soit le temps, elle repartait en debut d'apres midi sauf pour des occasions comme les jours de fete ou lorsque nous etions malades, ou bien en rupture d'employee de l'apres midi.
Nous appelions "gouvernantes" ces dames qui relayaient Madame Sol en debut d'apres midi, nous faisaient gouter et vieillaient a nos devoirs. Elles rechauffaient le diner de nos parents prepare par Sol, apres avoir veille e notre toilette du soir et notre mise en pyjama.
Mes parents harasses voulaient trouver tout pret, et parfois Madame Sol etait la, elle dormait dans un petit lit dans la lingerie. Madame Vals, "La Sourde", Madame Meyer, Madame Mayol, Incarnacion de Malaga, et bien d'autres, s'etaient succede apres que je les ees toutes usees. Sol Mellul restait, elle etait chez elle, elle avait fait toutes les guerres, et tant de fois la paix avec moi.
Elle avait tellement cuisine dans sa vie qu'elle pouvait prendre n'importe quel objet brulant sans sentir la douleur, ce qui me fascinait car ma jeune peau souffrait tres vite des que je touchais un couvert ou un plat tant soit peu chaud. Ses mains tremblaient tout le temps, et quand elle servait le cafe, un bruit de vaisselle branlante venant de la cuisine nous signalait son arrivee imminente. Ses bras e la peau flasque, couleur gris-rose, etaient constelles de petites marques de fer e repasser, de brelures d'etincelles de canoun et de marmites bouillantes, d'eclaboussures de the a la menthe...

Sol habitait vers la rue Lusitania et se rendait chez nous en claudiquant, perclue de rumatismes. Pour la Mimouna elle nous invitait dans son quartier le soir, et j'avais appris en trinquant avec des "Terbeh" sonores, qui pour moi sonnaient comme des rots, car le "h" final sur lequel j'appuyais m'amusait beaucoup, rappelant plus une eructation qu'un souhait convivial.
La pire des vilainies que je lui aie faites a la villa du quartier Gauthier, fut de jeter les crottes dessechees presque fossilisees dont ma chienne Tosca parsemait la terrasse par une cheminee a la verticale de ses fourneaux; le couvercle metallique faisait un bruit d'enfer, Sol me cherchait en bas et je retenais mes rires sur la terrasse.
Je n'etais pas tres reconnaissante car combien de fois Madame Sol m'a t'elle protegee des coups de Maman qui partaient tres vite lorsqu'elle etait enervee par les surcharges de travail, a sa boutique, et se vengeait sur moi, car j'ai toujours ete sa tete de turc! Sol se mettait en travers: "non Madame, il ne faut pas"!

Pauvre Madame Sol!
Au depart de mes parents, vieillie, et avec pour seule famille un neveu, elle det partir pour Israel oe elle mourut; ma soeur et moi etions ses enfants car elle etait sterile a son grand desespoir, et ses neveux nous ont ecrit qu'elle nous avait reclamees sur son lit de mort.
Elle est enterree a LOD et je me veux d'avoir vu passer la pancarte de cette ville sur l'autoroute en avril dernier, sans trouver le temps d'aller visiter sa tombe.

Solita, ma seconde mere, ma petite ame juive, ma Marocaine et ma nourrice, je le ferai, je te le promets.



voici Madame Sol avec Hlima, un jour de lessive a la villa







Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 02:38

Apres cette lecture, c'est nous toutes, Madame Sol, qui pourrions prendre la route de Lod, un jour qui c'est, pour chuchoter sur votre tombe combien vous avez ete aimee et sans doute l'avez-vous su.
Lalla Klein qui parle si bien de vous et qui sait tant nous faire partager ses sentiments intimes, vous a sans doute dit aussi son amour, autrefois, mais avec des mots plus pudiques, des mots de rien, des regards...
On voudrait tous avoir eu des Madame Sol dans notre vie. On voudrait tous pouvoir raconter, comme Lalla Klein, les jours et les heures. Bien difficile d'?galer un talent pareil, on se contentera donc de la lire et, ?a, c'est un beau cadeau qu'elle nous fait.
MERCI!




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 16:18

Moi aussi je repete, comme Lalla Kleien, comme Annie, c'est nous tous Madame Sol, qui pourrions prendre la route de Lod, un jour qui c'est,bli neder, pour chuchoter sur ta tombe combien tu as ete aimie, Sol je ne promets rien, si D. veut je vais chercher ta tombe pour Lalla Klein, et pour toi qui n'a pas eu d'enfants.

reposes en paix,chere Sol,Y'YE ZIKHREKH BAROUKH AMEN




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Esmeralda (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 16:38

Madame SOL,
Y'YE ZIKHREKH BAROUKH AMEN

repose en paix, voici des vers de Baudelaire qui semblent parler de toi.


LA SERVANTE AU GRAND COEUR DONT VOUS ETIEZ JALOUSE
ET QUI DORT SON SOMMEIL SOUS UNE HUMBLE PELOUSE
NOUS DEVRIONS POURTANT LUI PORTER QUELQUES FLEURS
LES MORTS, LES PAUVRES MORTS ONT DE GRANDES DOULEURS..................






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 17:36

Merci a Baudelaire et a Esmeralda. Elle a trouve l'ecrivain qui pouvait commenter dignement le texte de Lalla Klein.
Ne rougis pas Lalla Klein, tu merites cette compagnie, tu es, toi aussi, l'auteur de poemes en prose




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 17:41

wow presque 600 clics en 5 jours,esmeralda, tu as trouve les vers de Baudelaire,qui vont a Sol comme un gant.
bisous

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 17:59

l'episode que je place toutes les nuit vers 24 h sera place aujourd'hui a 16 a cause du shabat.
shabat shalom chers amis
bisous soly

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 18:02

Lalla KLEIN

Sixieme episode. Fin de Juliette.


Il est etonnant de constater que les gens qui vous aident et qui vous aiment le plus paraissent souvent transparents, ils font partie du paysage. Il faut que les annees passent, qu'enfin l'on regarde sa vie a rebours, comme au teleobjectif, pour y apercevoir avec regret les petites perles que la vie avait mises sur le chemin. Mais a ce moment, je regardais en l'air, ou droit devant moi.
Si la place de Madame Sol dans mon coeur et dans ma vie a ete si grande, c'est qu'elle a comble le vide que ma mere y a creuse tant par son travail de forcenee que par le manque d'amour maternel que j'ai ressenti; a deux pas de l'amour fou que ma mere portait e ma soeur, je vivais dans un desert affectif; heureusement, Sol elle etait le, elle veillait instinctivement sur moi, comprenant ma turbulence et mes debordements qu'elle avait de percevoir comme une detresse profonde. La jeunesse est egoiste, les enfants partent sans se retourner. C'est normal, car s'ils le faisaient, il ne partiraient jamais; c'est une loi de la nature, un bon de survie. Mais tout de meme! comment ai-je pu ne jamais chercher a savoir ce qu'elle etait devenuee Mes parents ont un peu correspondu avec sa famille, mais comme pour Samuel, je ne posais pas de questions. Certaines personnes sont ainsi sorties de ma vie et de mon affection pour y revenir en trombe, dans un tourbillon de remords et de questions a jamais sans reponse, quarante ou cinquante ans plus tard.
Je pense parfois a ces mots de Jacques Brel "il a fallu bien du talent pour etre vieux sans etre adulte". peut etre que je deviens les deux a la fois, vieille et adulte, soudain; ceci expliquerait que je me pose tant de questions maintenant et c'est une question, ca!

Je ne doute que Juliette qui avait rendu a ma mere la vie impossible pendant sa premiere grossesse, fut pour quelque chose dans son rejet de moi, mais j'ai vraiment ete la fierte de cette grand mere pendant les 6 premieres annees de ma vie. Ce qu'elle me donnait etait bien different de ce que Sol m'offrait. Sans tendresse, avec un brin de perversite. Elle me trouvait digne d'interet parceque je la mettais en valeur, et que, quelque part, cette petite pousse que j'etais lui rappelait ce qu'elle avait aime jadis. Elle la "posait", elle l'occupait, lui donnait une fonction sociale. Je me tenais mal au restaurant, j'etais mal elevee; mes effronteries etaient encensees par un "ah, celle la, elle aura du caractere et ne se laissera pas faire dans la vie". Alors je faisais des betises, expres, pour plaire a celle que j'appelais Tata. Elle essayait de me pervertir pour rivaliser avec Maman. C'etait assez diabolique, qui sait ce que je serai devenue sans son depart premature, et sans Madame Sole "Bon de Dieu", comme aurait dit Madame Sol!!!

Et si Juliette voyait comme je me suis laisse faire et comme encore je me laisse encore mener; rien que pour gagner un peu d'affection, n'importe qui peut m'embarquer au bout de la terre avec un compliment a deux sous, ou un air de chien battu auquel je m'identifie!
Je n'ai pas d'amour propre, j'ai toujours pense qu' il n'arrivait pas a la cheville de l'amour tout court; j'ai tellement de escamoter mon amour propre pour gagner juste un peu d'amour....

Ma grand mere allait souvent en Europe chez des amies, en Allemagne ou a Paris, elle allait ainsi ennuyer un peu ses autres enfants et laisser ceux de Casa souffler un peu.
Elle partit ainsi un jour pour des vacances a Francfort, nous etions en 1949.
Nous avions egalement pris des vacances, ce qui etait rare a l'epoque de la Laiterie. Dans un hetel a Mazagan, nous dejeunions un midi quand un cri strident "La Vigie" se fit entendre; papa acheta le journal au petit vendeur, et comme nous attendions l'addition, commenea e lire son journal.
Soudain des larmes jaillirent de ses yeux comme l'eau des yeux des clowns: il venait de lire qu'il y avait eu un accident de train entre le Paris Francfort et le Calais Bale, et qu'une Casablancaise etait parmi les victimes: sa mere, dont les papiers donnaient comme domicile le netre, e Casablanca.
On m'a donne un dessin que j'ai reconnu, qu'on a trouve sur elle; un brin de muguet du 1er mai que j'avais fait a l'ecole, et auquel je n'ai plus porte attention. Il portait un genre de tache effacee, gondolee, sans doute celle de son sang. Le foie eclate, elle serait morte sur le coup.
Papa est alle en France en avion pour l'enterrement; Juliette fut desormais au cimetiere de Pantin dans le carre reserve a la SNCF. Le chagrin de mon pere fut immense. Ma mere recupera une chambre dans le petit appartement du centre ville, et Papa parla sans cesse de cette mere comme d'une sainte, une "maitresse femme" . Quand j'eus l'age des petits flirts, Papa vit tout de suite que je me laissais mener par le bout du nez par les garcons. Il m'a souvent dit "tu lui cours apres » ah tu n'es pas comme ma mere! elle, au moins, elle au moins avait de l'amour propre avec les hommes! "
Nous allions tous les ans sur la tombe de Pantin. Les tombes etaient sacrees pour mon pere, c'est ce que j'ai pense un jour en m'etonnant que pour Samuel , on ne se soit jamais pose cette question: "mais ou est-il donc enterre! "

A suivre...........................




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 18:59

Et oui!! Bien triste ton histoire... Comme quoi, tu me confirmes que toute la vie d'adulte est conditionnee a celle vecue enfant et que le manque ne se comble jamais totalement. Les blessures de la toute petite enfance, quoiqu'en dise Boris Cyrulnik,ont une incidence enorme sur le comportement de l'adulte ? venir et marquent d'un signe de feu la sensibilite et les relations affectives futures.Evidemment, il y a des enfants plus ou moins sensibles.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 20:39

La lecture du precedent chapitre m'a laisse un peu dubitative et triste pour cette pauvre Mme Sol, si devouee et si demunie jusque dans sa realisation en tant que femme. Et c'etait bien difficile de voir combien les turbulences d'une petite fille devaient peser sur cette pauvre femme incapable de s'en defendre puisqu'en position subalterne.
Et en meme temps, je ne peux m'empecher de ressentir de la compassion pour cette petite fille caracterielle apparemment du fait de ces nombreux secrets planant au dessus de sa petite enfance. Et c'est avec beaucoup de talent, je dois le dire que nous sont contes tous les menus details de sa vie.

Les explications arrivent egalement avec le dernier paragraphe et je me rends compte aussi combien nos parents et nos meres plus particulierement pouvaient faire d'erreurs en nous elevant. C'etait toujours fonction de leurs avoir personnels qu'elle pouvait donner et parfois ayant ete elle-meme demunie d'amour, elle ne faisait que continuer a donner aussi peu qu'elles avaient elle-meme recu.
Ce passage me touche profondement car je m'identifie personnellement a ce vecu : la douloureuse distinction qu'une mere peut faire entre ses filles. N'avoir de regards et d'attentions que pour l'une et negliger l'autre jusqu'a en faire une petite rebelle qui pour attirer son attention lui en fera voir de toutes les couleurs jusqu'au jour ou avec un peu de chance celle-ci pourra elle meme faire la part des choses et comprendre qu'elle est aussi aimable que sa soeur mais que sa mere a eu un comportement errone. Sans plus.

Je te remercie Lalla Klein pour autant de sincerite et surtout pour placer ici et avec autant de talent ce recit de ta vie tellement passionnant.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 21:51

On ne fera pas de compliment a deux sous a Lalla Klein. Encore qu'on aimerait bien s'embarquer avec elle, pour toute cette vie qu'elle nous livre a profusion mais, pour autant, sans impudeur.
Moi la fille unique, unique objet du sentiment de ma mere, ai-je ete plus heureuse? Oui.
Mais l'enfant unique doit correspondre, et a lui tout seul a l'enfant reve et on a beau faire pour repondre a cette pression, on reste toujours en-deca des esperances.
De generation en generation, on essaye, sans doute, de reparer les accrocs, combler les failles, reussir ce qui a pu paraitre gache ailleurs. Bref, on nait avec un sacre poids sur les epaules.
Il faut bien attendre l'age adulte, et un peu plus, pour s'en apercevoir.
C'est ce que chantait Brassens "Le temps d'apprendre a vivre il est deja trop tard, que pleurent dans la nuit nos coeurs a l'unisson..."
C'est terriblement triste mais est-ce que tous, ici rassembles, n'avons-nous pas la chance de trouver toutes ces epaules amies pour nous epancher?

J'ai eu la chance de rencontrer Boris Cyrulnik. C'est un homme lumineux, chaleureux qui a ete sauve des griffes allemandes, tout petit, par une infirmiere. Il ?tait assoiffe d'amour et sa "mere" adoptive racontait qu'elle avait toujours son fils sur un genou et Boris sur l'autre.
Tout le monde ne s'en sort pas comme ca bien sur mais son principe de resilience, comme pour les metaux qui reprennent leur forme, est interessant parce qu'il nous donne de' l'espoir.
Lala Klein, tu nous enchantes et nous bouleverses!




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 10 février 2006 : 22:40

Annie, encore un point commun entre nous, j'ai eu la chance meme de diner avec Boris Cyrulnik lors d'une conference a Toulon voici 7/8 ans.
Il travaille dans le meme groupe hospitalier que mon conjoint, l'hopital de Toulon-La Seyne, ou il est psychiatre; j'ai parle pas mal de temps avec lui pendant le diner.

Il est lumineux et chaleureux certes, mais mon conjoint qui le connait un peu mieux le definit aussi comme un grand seducteur et il avait un grand sourire en coin en me regardant parler avec lui... (rires)




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Esmeralda (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 19:08

darlett a ecrit:
-------------------------------------------------------

> je ne peux m'empecher de ressentir de la compassion pour cette petite fille
> caracterielle apparemment

Elle ne semble pas voir ete decrite comme une caracterielle, ce mot est aussi toujours un peu pejoratif; certes elle etait tres turbulente, remuante, farceuse, mais le caracteriel va quand meme plus loin, enfin dans mon esprit, un caracteriel peut aisement fuguer, voler, mentir a ses parents et ses enseignants; elle semblait bien loin de tout ca, la petite, non?




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 19:56

Bonjour Esmeralda,

La petite est decrite comme farceuse, et meme drolement farceuse comme l'indique le passage suivant :

"La pire des vilainies que je lui aie faites a la villa du quartier Gauthier, fut de jeter les crottes dessechees presque fossilisees dont ma chienne Tosca parsemait la terrasse par une cheminee e la verticale de ses fourneaux; le couvercle metallique faisait un bruit d'enfer, Sol me cherchait en bas et je retenais mes rires sur la terrasse."

Caracteriel n'est pas le terme adapte, je le concois. Car en fait qui donc parmi nous n'a pas dans ses souvenirs d'enfance quelques farces droles dont l'inconscience allait parfois jusqu'a la cruaute face a nos professeurs, ou nos voisins ? Et Lalla klein avait aussi Juliette qui encourageait egalement chez elle la turbulence ! Les enfants ont d'enormes facilites a identifier ce genre de chose !




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 22:05

Lalla KLEIN

Septieme episode. L'identite, Carmen, et les Boches.

Mon recit est influence par vos reactions. Hier vous avez evoque l'impact des evenements de l'enfance sur une vie d'adulte.
Tout cela me ramene aux "cadeaux" que ma mere a recus, de la part de l'histoire du XX eme siecle; tellement d'evenements tragiques sont venus emailler l'enfance et la vie de mes deux parents, creant des nevroses qui ont eclabousse mon propre vecu et a moindre dose celui de ma soeur.
D'un naturel autocentre, en seconde ligne car je faisait front a tout en premier, et blindee par l'amour que ma mere lui portait, elle a semble epargnee. Elle ne l'a pas ete pour autant car elle n'est jamais sortie de ce tandem avec ma mere; voulant rester l'eternelle enfant, elle n'a jamais eu de mari, elle n'a jamais ete maman. Petite fille modele nee sous le signe du Cancer, calme collectionneuse de poupees et danseuse classique, tout ce qui me faisait rire, ou que je detestais.
Je m'en sortais autrement, en me camouflant bien des choses , en bougeant beaucoup, en creant, en inovant ; en jouant les garcons, car c'etait le meilleur moyen de ne pas etre moi-meme. Je n'ai jamais eu de second enfant pour ne pas trahir le premier; j'ai eu si peur de reproduire le comportement de ma mere, m'en sentant bien capable et me mefiant de mes propres reactions.
Est ce par un mecanisme semblable ou par le flou qui persiste encore dans cette histoire, que j'ai du mal e decortiquer ma vie, et e mettre au clair ce recite

L'animosite qui regnait entre ma mere et Juliette, sa belle mere, n'avait-elle une autre origine que celle que j'evoquais plus haute
Comme je l'ai dit au debut, mes quatre grands-parents ont ete des victimes de l'histoire du siecle oe ils ont vecu.

En 1917, la mere de Maman, une petite pied-noir d'Algerie d'origine espagnole prenommee joliment Carmen, prit e Oran un bateau, "Le Medjerda" , pour visiter son epoux qui, au front, venait de beneficier d'une permission. Il l'attendait e Marseille. Ayant beaucoup bavarde avec ses cousins, elle manqua le Sidi Brahim, et prit le bateau du lendemain, Le Medjerda, un beau vapeur qui, helas, transportait des soldats permissionnaires.
Mais un Boche, le Capitaine Johannes Klasing, redait non loin, dans son Uboot; il avait deje le record des navires allies coules en Mediterranee.
En ce 11 mai 1917, il fit feu; comme e son habitude, il remonta voir et tira au canon sur les rescapes. Certains en rechaperent cependant, secourus sur la cete espagnole, mais on ne revit jamais ma grand-mere qui laissa 2 petites filles de 6 et 4 ans et un mari qui imposera des maretres et d'autres enfants e ma mere.
Carmen, fut portee "Morte Pour la France" dans les annees 70.
Je me suis un peu consolee en lisant sur la toile la fin de Klasing; en novembre 1918, sentant le vent tourner, le requin des fonds mediterraneens essaya de se sauver de son espace de jeu favori. Mais devant les Colonnes d'Hercule, les Britanniques veillainet, ils l'attendaient!
L'honneur de couler ce monstre revient e HMS PRIVET (Her Majesty Ship PRIVET) et l'on n'entendit plus parler de lui, ni de ses 32 hommes d'equipages. J'ai pousse un cri de joie dans mon bureau.
En 2004, je "reconstituais" Carmen avant de "reconstituer Samuel"; ordre chronologique respecte. J'avais une photo du Medjerda sur mon bureau, je ne pensais qu'e elle, e ma mere, aux Uboots.
J'ai ecrit aux responsables des sites vantant les Uboot avec force photos, pour leur envoyer, en anglais car je ne parle pas allemand, ceci, plein de mepris:

Quand on a tant torpille de civils, comme pendant la guerre de 1914-1918, on ne se vante pas! Ma grand-mere avait 32 ans, deux petits enfants.
Petite Espagnole qui aimait la vie, vous lui avez prise, et les remous qu'a fait ce naufrage en 1917 ont englouti ma mere et m'eclaboussent encore.
Bravo, c'est bien ce que je pensais de vous, tirer sur des familles de civils, c'est bien votre genre
(*)

La haine des Boches et de tout ce qui etait germanique de pres ou de loin a toujours habite ma mere. L'Autriche et l'Allemagne pour elle, c'etait la meme chose. J'imagine ce qu'elle devait ressentir face e Juliette, quand elle l'entendait parler allemand avec mon pere, ou parler franeais avec un accent teuton...
Apres la mort de Maman, en decembre 2003, ma soeur a debasse sa villa pres d'Aubagne et elle a trouve des papiers bien caches dans des grandes enveloppes de radiographies. Ils concernaient l'accident de train en 1949, celui oe mon autre grand-mere, Juliette, avait trouve la mort. Le aussi, un sabotage... des permissionnaires americains rentrant e leur base en Allemagne apres une nouba e Paris, des Allemands nationalistes voulant leur peau et boum...
Mais Papa, fidele e son art du camouflage de ce qui blesse, ne nous avait jamais dit qu'il s'agissait d'autre chose que d'un accident.

Je suis allee deux fois en Autriche, et les deux fois avec un "mari" different; avec le vrai, le pere de mon fils en 1974, et avec le "faux", mon compagnon, en 1998.
Mon pere a toute sa vie regrette de n'y etre jamais retourne, a l'inverse de son frere et sa soeur qui sont repartis sur les lieux de leur enfance, lui , au Maroc, avait deja tant de kilometres a faire pour venir en France pour ce sacro-saint voyage d'ete...

Et Maman qui lui faisait toujours faire ce qu'elle voulait, avait toujours dit qu'elle n'en voyait pas l'interet. Meme si un demi-siecle etait passe depuis le naufrage du Medjerda, je pense que le fait que ma mere n'ait jamais voulu mettre les pieds en Allemangne ou en Autriche venait de la.

Voile comment deux de mes grands parents, Samuel et Carmen, n'auront jamais comme sepulture que celle du Souvenir.



(*) PAGES D'HISTOIRE sur INTERNET:

liens concernant ce naufrage et l'epave recemment retrouvee par une equipe Catalane. Ma grand mere figure dans le livre de Mr Castellvi, qui est desormais un ami.

[perso.wanadoo.fr]

[perso.wanadoo.fr]

Les Uboot Allemands, redoutables machines de guerre:


[www.uboat.net]

Et aussi Carmen Humbert , en mot clef sur google.fr




carmen



photo du Medjerda







Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 22:41

Lalla Klein,QUEL RECIT je suis fiere d'avoir ete choisie entre toutes tes amies pour publier cette tragedie que de morts par """""""ACCIDENTS"""""""""

CHAQUE JOUR C'EST UNE NOUVELLE HISTOIRE QUI NOUS LAISSE TRES TRISTE

JE T'ENVOIE MILLE BISOUS




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Esmeralda (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 23:11

SOLY c'est un veritable reportage que tu nous fais la!

Je savais que ton reve de petite fille etait de devenir un jour, une journaliste reporter.
Grace a ces colonnes tu as pu un peu le realiser.
Tu nous parles d'une histoire, mais aussi de l'Histoire avec un grand H, celle du siecle dernier qui a fait tant de morts.

Encore BRAVO , SOLY! et... CHAPEAU!
Esmeralda.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 11 février 2006 : 23:20

A quoi donc peut-on penser quand on lit les temoignages des malheurs et souffrances que les guerres et conflits ont infliges a nos parents et grands-parents et par eclaboussures a nous autres aussi, sinon aux hasards de nos destinees ?
Et c'est surtout lorsque l'on reunit l'ensemble de ces donnees que le comportement de nos parents se fait plus coherent pour nous. Et c'est la que nous sommes prets a accepter et pardonner a nos parents les nombreuses bavures dont nous n'avons pu etre exemptees et qui auront ete pour nous la cause de tellement de tourments.
J'ai une pensee chaleureuse pour la petite soeur, calme petite fille modele nee "cancer" qui tout en ayant ete comblee d'amour maternel, n'a pas ete pour autant gatee par la vie.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: pichourin (IP enregistrè)
Date: 12 février 2006 : 13:24






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: gerard (IP enregistrè)
Date: 12 février 2006 : 20:30

Lalla Klein,

Touchant, emouvant, et plus ....on connait en gros les tragedies de la guerre ,mais la tu nous entraines dans une famille et on se sent immerge par tout ce qui arrive a chacun de ses membres.
Au debut j'avais l'impression de suivre un film au cinema mais ta realite est plus saisissante que notre imagination, et avec des phrases simples tu decris si bien l'ambiance, le milieu, les personnages....

Samuel est maintenant entre definitivement dans notre memoire collective.




Amities/Gerard








Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 12 février 2006 : 23:39

Lalla Klein

Huitieme episode. L'Autriche.

Ces histoires, avant d'etre les miennes, sont l'Histoire du XX eme siecle dont je me demande s'il ne fut le siecle le plus meurtier de tous les temps.
L'homme que Carmen avait laisse veuf se remaria avec une veuve de guerre qui avait deja une petite fille en bas age; cette seconde epouse mouret de la fievre typhoide, car en Algerie a cette epoque elle sevissait dans les campagnes; mais avant cela, elle lui donna une fille, ma tata Eliane qui devint veuve de guerre e son tour en 1942.

Je suis donc allee en Autriche deux fois dans ma vie.
Mon pere m'avait dit en 1974 d'aller voir et photographier pour lui un square dans Vienne qui s'appelait Augarten; c'etait le coin de jardin public oe il jouait le "Parc des Jeux" , oe la bonne les emmenait. J'ai pris des photos, mais Papa n'a rien reconnu car une sorte de chateau d'eau ressemblant a un blockhaus etait venu s'installer au milieu du jardin, pendant la seconde guerre mondiale.
Nous avons monte notre petite tente au camping municipal, sous une pluie qui durait des jours et qui pourrissait le tapis de sol; puis nous en avons eu assez , et avons file sur Venise ou le soleil nous attendait et ou nos affaires ont seche enfin. Nous avons crie de joie en voyant la pancarte "Italia" suivie de panneaux "caduta massi" , attention aux chutes de pierre. C'est drole comme souvent des details bizarres restent dans les memoires alors que le principal s'efface.

En 1998, nous ne sommes restes que peu car mon compagnon a prefere des villes baroques comme Melk et Salzbourg; je me suis balladee chez Sacher, le plus grand salon de the de Vienne, avec un bouquin de patisseries viennoises sous le bras, faisant des comparaisons amusees.
Apres avoir visite le chateau de Schoenbrunn, nous nous sommes promenes au pied de la grande roue chere au 3 eme homme, dans le Prater.
Je suis restee pensive devant un manege tres ancien dont la plaque portant sa date de creation me fit penser que mon grand pere et mon pere avaient use leurs culottes sur ces chevaux de bois comme j'ai use ma jupe plissee sur les maneges du Parc des Jeux a Casa. Je suis restee un long moment a les imaginer en regardant ces petits chevaux.
Mais ce qui me frappa le plus fut, au restaurant en plein air, la vue d'un personnage enorme porcin et plein de boutons, qui mangeait un jambonneau entier avec ses mains a quatre heures de l'apres midi. Il etait blond aux cheveux tres courts, le cou plein d'acne luisante et de crateres, il etait rustique et debraille, et je pensais au decalage avec ces Juifs viennois de la bourgeoisie raffinee dans laquelle evoluaient mes arrieres grands parents, celle des Strauss et des Drucker...
Nous sommes partis vers la province, et j'avais eu l'impression que dans cette ville, plus rien ne subsistait de mon histoire personnelle. Je suis convaincue maintenant du contraire, j'apprendrais sans doute des choses etonnantes, cherchant un peu de ci, de la.

Questions lancinantes.
Un jour j'ai pris mon pere de face, j'avais pres de 20 ans et je lui ai demande pourquoi il mentait; je lui ai dit que son pere s'appelait Klein, qu'il s'appelait Samuel, qu'il etait ne a Vienne, qu'il etait bijoutier, et qu'il n'etait pas juif ? je lui ai demande s'il me prenait pour une idiote! Et en plus, lui, Papa, etait a present dans la confection dames!
- ahhhhh mais ca, c'est parce que ta maman etait couturiere, en Algerie, quand je l'ai connue... alors on a monte un magasin de modes car elle etait du metier...
Mais oui je savais bien, que Maman et toutes ses soeurs, la vraie, la fausse, et la demi, etaient couturieres!
J'ai repete cette phrase: pourquoi me mens-tu ?
Il s'est fache tout rouge et m'a repondu cette verite qui ne repondait pas a ma question: "mon pere etait Slovaque!"
Et il ajouta "quand a ma mere, elle est du coin le plus catholique qui soit! ". Au milieu d'un pays de Protestants, et d'ailleurs tous les samedi soir il y avait des assauts de leur part sur Zuckmantl, le village de ta pauvre Tata! (*)
Mais, disais-je, je le sais bien ca, je ne te parle pas de ta mere, je te parle de ton pere! Il hurla de nouveau:
- " Mais mon pere etait Slovaque "!
Il s'en est toujours tenu a cette reponse
- " Mon pere etait Slovaque "!!!
J'ai donc su que mon grand pere etait juif depuis mon adolescence, mais en finissant par adopter l'attitude de mon pere: on en parle pas, on ne questionne pas, c'est vieux, c'est loin, et c'est certainement comme il l'a dit. Amen.
Par contre, on ne me racontait plus que nous venions d'Alsace; ceci depuis le jour ou j'avais lu le permis de conduire de Papa. Il ne fallait pas exagerer, tout de meme.

J'ai pose aussi deux autres questions a mon pere. Je lui ai demande comment son pere etait mort.
Il m'a repondu une chose terrible, incroyable, presque cynique au vu de ce que j'ai decouvert ulterieurement. Il m'a dit que la mort de son pere etait due... a une fuite de gaz. Papa n'aimait pas mentir totalement, c'est le moins que l'on puisse dire.
J'ai demande ou etait sa sepulture, car ne pas pouvoir me recueillir sur la tombe de mon grand pere, sachant l'importance qu'avait la tombe de sa mere pour mon geniteur me paraissait pour le moins etrange. Mon pere m'a repondu "a la fosse commune... ca s'est passe comme ca, il a ete mis a la fosse commune ..."

Le aussi, il disait la verite tout en mentant. Et il me donnait les clefs pour l'avenir, mais sans le vouloir car je suis persuadee que son desir etait d'oublier l'origine et la fin de cet homme, son pere.


(*) Zuckmantel en Silesie Tcheque devenu Zlate Hory , jolie petite ville de villegiature; Kafka a sejourne en son Sanatorium.

Le PRATER, A VIENNE









Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 01:04

J'ai beaucoup de mal a lire ce qui est ecrit. C'est terrible de lire cette negation totale d'un fils de son propre pere. Son pere a ete victime des nazis et il a ete extermine. Alors que le fils aurait du garder et proteger le souvenir de son pere, il choisit de le renier ?

Pourquoi ???

J'essaie de trouver une explication. Le mal aurait ete si grand et si douloureux que pour pouvoir s'en defendre et se proteger afin de continuer a vivre normalement, il choisit de le renier totalement. Cette histoire n'est pas la sienne ! Ainsi, il peut esperer etre comme les autres et ne pas avoir un tel fardeau a porter, et a transmettre a ses enfants, d'autant plus que c'etait tellement plus securisant a cette epoque de ne pas etre juif ! Mais le mensonge est enorme et il faut un jour l'assumer face a ses propres enfants qui exigent la verite.

Le pere de Lalla Klein connaissait tous les details de la mort de son pere. C'est un cruel secret qu'il a du porter en lui. Un secret qu'il a renie avec une telle force jusqu'a en devenir presque antisemite ! D'autre part il ne faut pas negliger le fait que Samuel etait parti et avait quitte sa famille bien avant. Et que de surcroit il s'agissait d'un couple mixte. Il semble presque evident qu'a cette epoque la, il valait mieux ne pas s'attacher a son cote Juif et s'en tenir uniquement a la religion de la mere.

Triste, triste drame ! Un parmi les innombrables cas des familles juives d'Europe.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Esmeralda (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 01:29

Darlett, peut etre as-tu donne une reponse a Lalla Klein dans ton dernier paragraphe?

Mais "presqu'antisemite ? avec ce que j'ai pu lire, ce n'est pas "presque"!

Peut etre que son pere n'aurait pas du faire les choses a moitie. Ou lui cacher tout definitivement de maniere etanche, ou avouer et assumer. C'est comme ces enfants a qui, un jour, on dit "ton pere n'est pas ton vrai pere tu as ete adopte"... Ils etaient heureux avant, et soudain, ne savent plus qui ils sont...




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 11:48

Toutes ces vies exhumees pour mieux inhumer Samuel! Il est, en quelque sorte, inhume dans nos coeurs avec, selon chacun, d'autres protagonistes de cette histoire. On ne fait pas de choix, certains s'imposent, d'autres restent plus effaces.
Tous les membres de cette famille rencontrent notre histoire personnelle. Des hommes et des femmes dans une effroyable tourmente souvent. Avec des douleurs extremes non dites, des secrets qui marquent a jamais, qui orientent tout la vie, sur plusieurs generations.
Et, malgre tout ca, la vie qui est la, bondissante chez "le garcon manque", la petite fille espiegle... la sacree "bonne femme" d'aujourd'hui, avec ses tourments, ses lumieres, ses fulgurances et sa blessure jamais guerie mais enfin reconnue.
Grace a Darnna, cette histoire devient mondiale. Tous peuvent connaitre Samuel.
Merci a toutes celles qui animent ce site pas comme les autres et auquel je suis de plus en plus attachee.Lalla Klein, je ne sais pas si le devoilement de ton histoire te permettra de mieux vivre mais je pense que, pour nombre d'entre nous, il satisfait notre attachement a tout ce qui est profondement humain




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: andre (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 15:12

J'ai lu avec beaucoup de passion ton recit.

On remarque que quasiment, chaque membre de ta famille a ete tristement marque par le destin.

Est-ce en France ou en Allemagne que le sabotage du train dans lequel ta grand-mere avait trouve la mort en 1949 a eu lieu?

Amities

"A"




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: andre (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 17:11

A Esmeralda,

je t'ai repondu sur ta boite a courriel.

"A"




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 19:44

CASAANITA, j'ai beaucoup beaucoup aime ce que tu as ecrit a Lalla Klein, on reve tous de savoir quel sera le prochain episode de cette histoire, comme a dit andre, une famille qui a ete tristement marque par le destin

a tout a l'heure pour le prochain episode
bisous




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 20:27

Lalla Klein

Neuvieme episode. Mais oe sont mes clefse

Ces clefs, je les ai toujours eues au fond de ma poche; comme la femme de Barbe Bleue avait reeu l'interdiction d'aller voir dans le petit cabinet, je savais que mon maetre, Papa, m'avait interdit de me servir de ces clefs. Il avait ses raisons.
De plus, ne sachant dans quelle serrure les introduire, ni meme a quelle porte elles appartenaient, j'ai mis des tonnes de mouchoirs par dessus; jusqu'e ce jour ou, m'etant mise toute nue, j'ai entendu quelque chose tinter dans les vetements que je jetais a terre.
Papa etant mort depuis si longtemps, ses raisons etant desormais caduques, j'ai commence a penser qu'il fallait que je me serve de ces clefs qui ressemblaient plutot aux petits cailloux blancs laisses par le petit Poucet.

Mon identite semblait forgee dans du beton, j'etais la fille de gens d'origine catholique mais qui ne pratiquaient pas et n'avaient aucune attitude religieuse, c'est a dire qu'ils ne se posaient meme pas la question de savoir s'ils etaient athees ou pas; j'etais nee francaise de parents francais, j'avais vu le jour sous le Protectorat dans un groupe social ouvert, compose pour la plupart de Juifs du Centre ville dans les annees d'apres guerre; nous y avions beaucoup de voisins, d'amis, de clients, et pour mes parents, de collaborateurs et employes; puis nous les avons perdus de vue car ils partaient progressivement pour Israel, ou vers d'autres pays d'Europe et du monde.
Nous avons eu alors de plus en plus de Marocains Musulmans comme interlocuteurs car ils avaient repris leurs marques dans leur propre pays. Mais le groupe social dans lequel nous evoluions s'etait effrite au depart des Juifs; je m'en suis certes moins apercue que mes parents, car j'ai quitte ma ville, moi aussi.

Apres avoir effectue ma scolarite ea Casablanca a l'ecole de la Republique, je suis partie a Paris e 18 ans, ou les groupuscules estudiantins dans lesquels j'ai evolue ont fini par casser en moi les derniers restes de petite fille du Protectorat, quitte a me faire devenir pour quelque temps une gauchiste, une "Mao" qui vendait "Garde Rouge " a la sortie des Beaux Arts et qui lisait le "Petit Livre Rouge", et le "Pillage du tiers-monde" de Pierre Jalee en battant sa coulpe. Je fus alors pour une decennie en conflit avec mes parents au sujet de la Colonisation; un fosse enorme se creusait, de meme avec les oncles et tantes du cote de Maman, ceux que j'appelais les "petits blancs".

Un jour, bien que mariee a un franeais "de France", bien que mere d'un enfant ne sur le territoire et moi-meme nee de parents francais, j'ai subi une avanie a la Mairie du XV eme a Paris, alors que j'etais venue y demander un passeport .
L'employe m'a dit, devant une assistance qui n'en perdait pas une miette : Comment ? vous n'etes pas nee en France, vous vous appelez Klein, vos parents ne sont pas nes en France, votre pere est meme ne en Autriche, vous croyez que c'est si facile de se faire faire un passeport Francais, Madame ?
Je repondis, folle de rage, vexee, que ma mere etait nee en France puisque nee en Algerie en 1911, que son pere avait fait la guerre de 1914-18, que quand je suis nee mon pere etait deja naturalise, et que j'etais depuis 15 ans la femme d'un Francais avec un nom bien de chez nous, mais que de ca, je ne devrais meme pas en avoir besoin!
L'employe rougit de confusion, et je pensais a tous ces Francais qui "ont moins de quartiers d'identite franeaise" a mettre sous la dent de scribouillards titilleux, et quelles vexations en public ils doivent subir, fils de Harkis ou petits fils de Tirailleurs Senegalais. La France, et son administration, sont parfois bien cavalieres.

Ma mere avait depasse ses 80 printemps, quand je lui ai pose une question: Papa etait-il circoncise La reponse m'a laissee interdite :

- " Je ne sais pas, je n'ai jamais fait attention a ca"
- " Mais enfin! Maman!"
- " C'est la verite, je ne peux pas te repondre, je NE SAIS PAS"
Mon cousin Claude, qui a joue un grand role dans mes recherches en me comuniquant des pieces essentielles a l'identification de Samuel, pense que son pere n'etait pas circoncis, ce qui etait previsible car les deux garcons sont nes d'un mere non juive alors que le pere, dans leur toute petite enfance, ne les avait pas encore reconnus. Quand il l'a fait, en France, les enfants etaient deja relativement grands. Et ma grand mere s'est sans doute opposee a leur circoncision, je me souviens toujours de ce que disait Maman de Juliette "la grand-mere avait la tete pres du bonnet"!
Mon cousin, qui a beaucoup parle avec son pere pense que Samuel n'etait sans doute pas tres a cheval sur la religion. Ceci sans certitude aucune, beaucoup de reponses que nous apportons actuellement sur des petits details de sa vie sont au conditionnel.
Seul les papiers, les documents officiels, nous donnerons des evidences.
Samuel epousera une Juive, a 47 ans, comme l'attestera un document du Centre Cultuel Juif de Vienne, confirme par un document issu des archives de la Mairie...

Maman ne pourra plus repondre aux questions concernant sa belle famille, et mon pere.
Elle ne pourra non plus me dire qu'elle aimait ses deux filles sans distinction. j'ai attendu ce moment en allant la voir chaque jour a l'hopital pendant les deux derniers mois de sa vie. Je lui ai tendu des perches, disant "ta fille n'est pas venue" alors que je parlais ostensiblement de ma soeur; j'attendais qu'elle me reprenne.. mais elle me repondait simplement "non, je n'ai pas vu Chantal."


A suivre.............




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 21:28

Tu sais Lalla Klein, ce que tu as vecu concernant ta carte d'identite n'est en effet pas unique en son genre ni reserve aux Harkis et autres fils de.... Moi meme ai eu des difficultes sans noms pour faire valoir mon identite francaise en arrivant en France , tout en etant fille de francaise nee a Paris. Mon pere etait danois, et je suis nee au Laos. J'ai fini devant un juge, l'affaire a dure des mois et j'ai du remonter jusqu'aux arrieres grands parents de ma mere! Avant cela, comme les registres ou j'etais enregistree a ma naissance ont etes entierement detruits par les bombardements japonais en 1944, lorsque je me suis mariee a Casablanca en 1962, je n'ai pas pu montrer un certificat de naissance datant de moins de 3 mois comme le demande la loi.J'ai donc du prendre un avocat et passer la encore devant un juge au tribunal de Casa et devant 2 temoins (qui etaient tout betement 2 marocains qui passaient par la) on a bien voulu admettre que j'existais. Et je ne suis pas la seule a avoir vecu cela puisque depuis cette epoque, heureusement, les informations civils concernant toutes les personnes dans mon cas sont reunis a Nantes, ce qui prouvent qu'il y avait problemes! Ainsi, j'ai souvent eu ce genre de problemes a chaque renouvellement de carte d'identite ce qui fait que j'ai toujours ressenti l'angoisse d'une apatride!

Ceci pour dire que la vie et les problemes d'identite peuvent exister de tellement de facons et la faute a qui? A mes parents qui n'ont cesse de voyager et a tous mes ancetres qui ont parcouru le monde au lieu de rester gentiment dans un seul pays??.........




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 21:55

Lalla Klein Comme c'est bien ecrit, avec un peu d'ame, un peu de coeur un peu de rage, un peu de larmes, un peu de nerf et beaucoup de courrage,nous avons aujourd'hui, cette histoire qui est la tienne
je t'admire Lalla Klein, et en plus merci de m'avoir choisi,pour soulager ton coeur
et je vais t'ajouter un proverbe espagnol de mama Sol, ma grand-mere maternelle.
NO AY MAL QUE POR BIEN NO VENGA.
IL N'Y A PAS MAL SANS BIEN
ce qui veut dire que lorsque le mal arrive c'est pour nous ouvrir les yeux et nous donner le bien
bisous






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Lilbg (IP enregistrè)
Date: 13 février 2006 : 22:13

Et Soly, en bien, tu t'y connais; c'est m?me une sp?cialit?.
Bisous a Laila, Annie, Angie, et ? toi SOLY.





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 14:59

Merci Soly de ce proverbe. Il peut nous etre d'un grand secours a bien des moments de notre vie.

Un episode de plus, signe Lalla Klein, sans que jamais l'interet ne flechisse. Bien au contraire. Je me sens personnellement emportee, sans etre balayee, par une houle qui enfle chaque jour. Qui me secoue l'eme tant et si bien que, je l'avoue, je reve de Lalla Klein.
Le premier reve: Lalla Klein se trouve dans un cinema (de Casa, le Liberte), completement envahi par l'eau, jusqu'au plafond. Elle s'en sort miraculeusement et dit:"c'est grece e l'oreiller que j'avais sur le visage". Est-ce que cela signifie "j'ai resiste jusque-le parce qu'on m'avait "endormie" avec des secrets bien verouilles et que maintenant, delivree par mon propre cheminement, je peux respirer enfin libremente
Deuxieme reve: je reviens de voyage, je rencontre Lalla Klein qui me regarde deballer quelque chose avec precaution. "C'est quoi ?" me demande-t-elle. "Un petit arbre de Judee" lui dis-je en exhibant un beau petit plan vigoureux. J'aime bien ce dernier reve.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 18:58

"Deuxieme reve: je reviens de voyage, je rencontre Lalla Klein qui me regarde deballer quelque chose avec precaution. "C'est quoie" me demande-t-elle. "Un petit arbre de Judee" lui dis-je en exhibant un beau petit plan vigoureux".
J'aime bien de dernier reve.CASAANITA,ou tu es un ange qui vient d'entrer par la fenetre, ou tu es une fee,comme celle que nous avons aime dans les recits de "Cendrillon" ou "La belle au bois dormant"mais ton reve "Un petit arbre de Judee" comme c'est doux,comme c'est charmant,comme c'est beau,ea nous fait clic au coeur..........et si un jour nos reves devenaient realite,nous qui revons de retrouver un ami, de realiser un voeux, de retourner au Maroc.
On vit de reves, parfois un , parfois deux, parfois plus.......en attendant qu'ils se realisent,je vais vous placer le dixieme episode
bisous




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 19:07

Dixieme episode

Le temps des recherches

Je construis mon recit comme je dessinerais un batiment ou j'ai jadis habite, recomposant ma vie.
Apres avoir reconstitue l'histoire de Carmen en 2004, aidee par la recente decouverte de l'epave, je m'attaquais a Samuel.
Nos parents, avant leur depart, sont pour nous des livres dans une bibliotheque, une base de donnee consultable a tout moment mais que bien souvent, l'on n'ouvre jamais.
Nous avons, tant qu'ils sont le, un peu l'impression d'etre eternels... Ils sont notre rempart, comme des garde-fous contre la mort.

Et puis un jour les parents disparaissent; apres le temps du chagrin et l'accomplissement de ce qu'on appelle maintenant a tout va le "travail de deuil", voici le temps du vide devant soi. La seule chose de riche parait etre le passe. Le chemin parcouru est de toute faeon bien plus important que ne sera jamais l'avenir... Et l'on regarde en arriere, pour prendre de la distance, se souvenir de ceux qui viennent de nous quitter; et ce faisant, l'on tire sur un fil, et oh surprise, on retrouve les parents, et on tire si fort que l'on remonte le cours du passe, on passe par l'enfance de nos geniteurs, et l'on imagine leurs propres parents, ceux qui les ont berces, entoures, eduques, comme eux-memes nous ont eleves . Les autres generations arrivent, et comme quand on vide un sac, tout ce qui est tout au fond surgit en dernier.
Une rencontre aussi, a compte pour mon envie de faire face et de chercher. Mais maintenant, je n'ai plus envie de parler de cela.

Par quoi commencer, et par ou ?
J'ai d'abord consulte tout ce que j'avais sous la main, ce dont je disposais a la maison, et j'ai contacte les autres descendants de mon grand pere.

J'ai telephone a mes cousins, enfants du second fils de Samuel; ma soeur, quand a elle, ne veut entendre parler de rien, et ca ne la concerne guere, elle a bien assez de mal a gerer son quotidien et c'est pour elle une affaire classee; ma cousine, la fille de la petite soeur de mon pere, ne voit pas l'interet de tout ce remue-conscience, mais elle m'a confirme simplement qu'elle a trouve apres la mort de sa mere un cahier d'ecolier de sa maman ou il etait note "religion mosaeque". Je pense que c'etait un cahier de son ecole e Vienne, avec l'a nnotation "Mosaisch" que j'ai lue sur les papiers de la Mairie concernant Samuel. Je n'avais jamais entendu ce mot et il m'a fait penser a un revetement de sol... Il est etonnant de nos jours, de voir cette mention des religions sur les papiers civils.
Cette cousine a ete elevee dans des institutions religieuses catholiques et est tres anticlericale, athee, libre penseur. Pour elle, un grand pere est un grand pere; sa mere lui a un peu parle du sien sans entrer dans aucun detail, et ea lui suffit largement.
Reste mes deux autres cousins, les fils du petit frere de mon pere; le plus jeune est ouvert e tout ce que l'on pourra lui raconter, il accepte et ecoute avec interet. Mais il n'est pas concerne au point de faire des recherches lui-meme, et n'est pas encore a la retraite, et donc tres occupe.
Son frere, mon cousin Claude qui est par ailleurs l'aine des petits enfants de Samuel, m'a ecoutee, m'a comprise, et s'estrallie a ma cause, rentrant progressivement dans ce jeu de la recherche pour savoir oe est enterre ce grand pere, et comment est il est mort.

Nous avons essaye dans un premier temps de demeler les periodes ou Samuel et Juliette ont vecu a Paris, et celles oe ils ont vecu e Vienne.
Je n'ai pas pu savoir a quelle date la famille est arrivee a Paris pour la premiere fois par contre, mon cousin ayant chez lui les documents attestant de la reconnaissance des enfants par leur pere en 1911 a la Mairie du IX eme arrondissement de Paris, nous savons qu'elle y etait a cette date.
Des documents provenant sur ma demande de la Mairie de Vienne retrouvent Samuel en 1912.

Je me suis souvenue d' une histoire que mon pere m'a racontee; Papa avait 14 ans quand il est parti en train a Zagreb, ville d'ou etait originaire la petite bonne de la maison, avec celle-ci, en fugue d'amoureux; il m'a bien precise aussi qu'il etait en avance pour son ege et que, e 14 ans, il avait meme l'air d'avoir 16 ou 18 ans.
Cette histoire a ete qualifiee de "geniale" par un de mes amis, elle l'a beaucoup fait rire; je pensais pour ma part au desarroi de la petite bonne, congediee, sans doute amoureuse de plus....

Comme les tourtereaux ont pris le train a Vienne, j'en ai donc deduit que la famille entiere se trouvait dans cette belle ville en 1918.
Que faisait donc Samuele j'ai cru comprendre en ecoutant Papa, qu'il etait dans les bijoux et pierres precieuses. Il les sertissait, il a donc ete artisan, mais sans doute les achetait-il aussi, et il es vendait. Papa m'a dit qu'il etait un joueur invetere; qu'il claquait des sommes folles au jeu, aux courses, au poker; et que ma grand mere, excedee, avait plus d'une fois demenage chez des amis avec ses marmots; a la suite de quoi, ne sachant oe sa famille etait, il allait en pleurant chez toutes leurs connaissances, essayant de savoir oe elle se trouvait. Les amis restaient muets, jouant le jeu de Juliette, a qui Samuel promettait ensuite de ne jamais recommencer, mais il ne tenait jamais ses promesses.

Les documents envoyes par la Mairie de Vienne me disent donc qu'en 1912, il etait inscrit au registre du commerce comme artisan, sans doute sertisseur de bijoux. La famille a donc bien quitte Paris vers 1911-1912. En 1920 il est inscrit au registre de cette ville, mais comme commereant. Entre temps, il etait revenu en France avec sa famille, puis reparti seul .

e suivre.......................




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 19:14

Lalla klein,ces quelques lignes que j'ai lu dans ce dixieme episode ,sont exactement ce que je dis chaque jour
Nos parents, avant leur depart, sont pour nous des livres dans une bibliotheque, une base de donnee consultable a tout moment mais que bien souvent, l'on n'ouvre jamais.
Nous avons, tant qu'ils sont le, un peu l'impression d'etre eternels... Ils sont notre rempart, comme des garde-fous contre la mort.

Et puis un jour les parents disparaissent; apres le temps du chagrin et l'accomplissement de ce qu'on appelle maintenant a tout va le "travail de deuil", voici le temps du vide devant soi et quel vide................................

La seule chose de riche parait etre le passe





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 20:11

Bonsoir Soly,


Avec tout le respect que je te dois car tu es une femme que j'admire, cultivee et accomplie , je ne me sens pas en phase avec ce que tu viens d'ecrire :la seule chose de riche parait etre le passe. Je suis totalement a l'oppose de ca. Pour moi, la vie c'est aujourd'hui et demain. Je suis completement tournee vers l'avenir avec ces incertitudes et les peurs qui vont avec. Je vis mon quotidien avec joie et energie pour en retirer le meilleur pour moi et les miens. Le passe, j'y pense forcement comme tout un chacun mais prefere tourner la page. Je ne veux me souvenir que des bons moments et laisser le reste au placard. Je n'en oublie pas mon pere qui vient de disparaitre mais le reste .....

Amicalement, Laila




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 20:41

Et si vous aviez toutes les deux raisons?
Notre corps porte les traces de tout ce qu'il a vecu, notre esprit aussi meme si nous n'en avons pas conscience.
Quel que soit le passe, c'est lui qui nous constitue aujourd'hui, c'est lui qui a forge notre caractere, forme notre personnalite. Qu'on le veuille ou non, on voit tout a travers le prisme de notre experience. Je dis la des banalites peut-?tre
Je croyais avoir tourne certaines pages, il a suffi parfois d'un rien, un parfum, le timbre d'une voix, une image... pour retrouver des douleurs anciennes, des crampes d'estomac, des peurs irraisonn?es.
Le pass? nous parait riche parce qu'on a l'impression au moins de le ma?triser. Alors que le present nous fait courir souvent sans nous laisser le temps de l'analyse.
Soly, je me sens proche de toi et toi, Laila, tu n'es pas loin!




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: Esmeralda (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 20:45

Vous avez raison toutes les deux...

"La seule chose de riche parait etre le passe"...
Cette impression dure une periode plus ou moins longue, comment faire son deuil sans passer par la ?
Pour pouvoir remonter sur son cheval et regarder devant soi, il faut passer par cette phase; le mot PARAIT est bien present, et il n'est pas dit "La seule chose de riche EST le passe..."

Les parents en disparaissant laissent un vide; les individus s'en accomodent plus ou moins bien jusqu'a la fin de leur propre existence, mais le debat (si debat il y a!) n'est pas dans la logique binaire d'un "d'accord" ou "pas d'accord".
La diff?rence entre les gens est aussi leur capacite a s'adapter aux situations nouvelles et a rebondir
Soly est tellement sensible, son deuil est tellement proche que son acuite devant des situations de s?paration est d'autant plus forte.

Et elle en parle si bien.
Bisous a vous deux.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 21:03

Oh! que non, Annie, tu ne dis pas des banalites et je te suis reconnaissante car tu sais si bien ecrire alors que j'hesite si souvent a le faire car ne sachant pas bien comment m'exprimer sans risquer de blesser. Par contre, je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir "maitrise" le passe justement. Mon pere est parti et je n'ai jamais pu lui parler et tout ces "non dits" resteront pour l'eternite......Quand a ma mere que je viens de ramener aupres de moi pour pouvoir m'en occuper convenablement, ca sera pareil meme si je peux mieux lui parler car je la connais si bien ! Elle s'est refugiee depuis si longtemps dans sa depression qu'il n'y a plus grand chose a faire sinon lui apporter des fleurs et la distraire en lui suggerant de regarder des emissions tele sur Arte ,quand il y en a, ayant un lien avec ce qu'elle a vecu ou aime et reveiller un peu d'emotion! Quand a mon defunt mari, que dire? Je ne l'ai jamais compris et ai vecu une vie de femme mariee mais si seule, si seule. D'ailleurs, je suis une solitaire depuis toujours et ne m'ennuie jamais avec 'moi-meme', ce qui ne m'empeche pas de courir tout le temps, prise par mes enfants ou mes petits enfants ou autres ....

Bises a vous deux, Laila




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 21:18

Laila, je crois surtout qu'il y a mesentente sur la petite phrase de Soly. Car en parlant du passe, je crois comprendre que Soly fait allusion a ses parents dont le pere vient de partir recemment. Ce pere qu'elle a tant aime et qui fait partie aujourd'hui du passe. Alors elle considere l'avenir comme incomplet car prive de cette personne si precieuse dans son passe.
Par richesse, elle entend ce lot constitue par la presence de son pere, son amour, son attention. Tant de choses qui etaient et qui ne sont plus. Comment ne pas compatir avec Soly lorsque l'on ecoute ou lit les longues histoires de sa relation avec son pere adore. Son enseignement et education ont ete pour elle une richesse enorme. Et cela n'est plus aujourd'hui

Vous parliez Laila et Soly de deux choses totalement distinctes.






Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 21:28

Et j'ajouterais egalement que connaissant Soly, c'est aujourd'hui une boule d'energie extremement active, positive qui considere certes avec nostalgie le passe et souffre encore du deuil recemment vecu mais dont l'avenir reste prometteur toujours.

Mais ne devions nous pas nous interesser plutot au recit de Lalla ? (rires)




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: CASAANITA (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 21:38

Voile ou nous a entrainees Lalla Klein! A l'essentiel de nos vies. Avec sa formidable histoire personnelle, elle nous a conduites a nous recaler dans nos propres vies. Precieuse Lalla Klein!
Elle nous a reliees, "obligees" quasiment a nous parler, a etre dans le vrai. C'est vraiment fort et je lui en suis reconnaissante.
Aujourd'hui, avec ce dixieme episode, j'ai l'impression d'entrer dans les coulisses de la machinerie (pas la machination!). J'y vois Lalla Klein se debattre, presque toute seule, avec une energie qui n'est pas pres de defaillir.
Et nous la regardons progressivement sortir de l'ombre tous ces personnages. A coups de voyages, de consultations de registres, de recompositions de vies eparpillees.
Lalla Klein, tu as dit "mosaeque" ? C'est bien le sol sur lequel tu peux desormais marcher sans crainte, il te porte.
C'est fou aussi ce que tu peux nous faire marcher... dans le bon sens du terme.
Retourne-toi, on est tous derriere toi!




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 14 février 2006 : 23:42

Chere Laila, lorsque je disait que :La seule chose de riche parait etre le passe,c'est parce que nos parents son une richesse enorme,c'est en partant qu'on devient adulte,tu t'imagine je suis grand-mere et il y a 4 ans encore mes 2 parents m'accompagnaient chez le dentiste, ou a l'hepital lorsque j'etais malade,je ne parlerais pas de ma vie privee qui n'a jamais ete au beau fixe, ni peinte en rose.............(bobo Darlet si on ecrivait chacun sa vie privee,combien de mouchoir........)
Peut-etre a cause de mon deuil tres recent,Peut-etre parce que j'ai vu papa se consumer comme une bougie dans la plus grande des souffrance peut-etre parce que je suis devenue adulte dans ma tete,le jour qu'il est parti, mariee avant 19 ans j'ai eu ce manque,mes parents m'ont manques, Anita a dit il suffit d'une odeur,ce matin, j'ai ecoute une chanson a papa et ea m'a fait mal,je vois son carnet d'adresse et j'ai mal, j'espere que tu me comprends Laila,bisous
et on attend demain le prochain episode




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: babounet (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 00:14

Excuse moi Soly, j'avais perdu de vue que tu avais en effet subi un deuil grave recemment et que tu as apparemment ete tres proche de tes parents qui t'ont entouree d'amour et d'attention. Tu vois, j'ai encore une fois reagi avec cette sensibilite e fleur de peau qui me fait parfois demarrer au quart de tour et qui n'est pas bonne conseillere. Je te prie de ne pas m'en vouloir et je te donne toute mon amitie. Mais comme dit Darlett, nous nous eloignons du sujet de cette rubrique donc j'eviterai d'intervenir aussi brutalement a l'avenir.

bonne soiree e tous, bises, laila





Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: kirstine (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 00:18


Faux pseudo...... C'?tait Kirstine comme vous l'avez devin

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 13:49

Je mets mon grain de sel si vous le permettez.
L'amour du passe repose essentiellement sur des souvenirs, en particulier de parents aimants par lesquels on s'est senti choye.
Soly semble avoir eu cette chance, Darlett aussi, moi aussi, d'autres aussi. ...disons le tout net: Laila n'a pas eu cette chance et elle remplit actuellement un devoir plus qu'autre chose car c'est une femme de devoir.
Elle est a la recherche permanente d'un bonheur qu'elle n'a jamais vraiment pu saisir jusqu'a present.
Ses petits enfants lui en donnent toutefois beaucoup et moi...j'essaie.

Lionel




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 16:57

Onzieme episode

Epilogue

Je connaissais l'annee de naissance, 1881. J'ai contacte le Centre Cultuel Juif de Vienne, qui a trouve 2 Samuel portant mon patronyme, l'un etait ne en 1880 et je l'ai donc elimine. Le second est ne le 12 avril 1881, et les noms et prenoms de ses deux parents figuraient sur le document.

Samuel s'est marie en 1928 avec une autre femme que ma grand mere, donc e 47 ans ce qui est tard, mais qui s'explique aussi par sa vie precedente bien remplie, avec Juliette, jamais epousee, et trois enfants. Je pense que ma grand mere a de le savoir, et la connaissant, j'imagine ce qu'elle a de ressentir. Cette epouse est morte en 1938, laissant Samuel veuf.

Quand et comment la separation avec ma grand-mere intervient elle? J'ai suppose un abandon sans certitude aucune, mais mon cousin pense que c'etait bien probable. Et cela explique aussi l'ecran de fumee et de rancoeur que Papa a tire sur son pere, ouvrant des breches timidement par instants pour me montrer combien il l'avait aime.
Ainsi, il m'avait parle avec tendresse de l'arrivee de son pere en France, et d'un cocasse repas au restaurant; Samuel avait commande le plat qui figurait en premier sur la carte, on lui apporta une soupe; puis il demanda le second plat juste en dessous du premier, on lui apporta ... une seconde soupe, et ainsi de suite. Cette histoire m'avait bien fait rire quand j'etais petite!

De plus en plus impliquee dans la vie de cet homme, soucieuse de rattrapper cette injustice qu'on lui avait faite en le soustrayant e la memoire de ses petits enfants, je decidais d'aller en Israel au printemps dernier. J'avais depuis tres longtemps envie de connaetre ce pays plein de vestiges archeologiques, la Terre Sainte des catholiques, le berceau des 3 religions, et ceci independament de Samuel; m'etre plongee juste avant dans l'histoire de la famille de mon pere etait une occasion de plus de faire ce pas, celui du passage a l'acte

Avec toutes les donnees envoyees par le Centre Cultuel Juif de Vienne, sachant le nom de ses ascendants et sa date de naissance exacte, j'ai retrouve Samuel dans le database de Yad Vashem concernant l'Holocauste. J'ai fait imprimer les feuilles, et je suis revenue en France avec ces papiers.
Se trouver dans ce lieu est deja impressionnant, mais en quand on ressort avec un tel document... Ce que j'eprouvais etait indescriptible.
J'ai fait un petit reportage photo; tout cela etait trop fort, il me fallait le diluer une fois arrivee e la maison.

Samuel a d'abord ete envoye au camp de Theriesenstadt, en Tchecoslovaquie, non loin de Vienne; dans ce camp etaient parques les Juifs originaires de Slovaquie et de Tchequie, provinces qui avaient fait partie de l'Empire AustroHongrois. Un document l'atteste, et il y est mentionne qu'il en est reparti, pour aller e Auschwitz.
Un second document confirme ce sejour e Auschwitz oe il donne pour decede en 1942.

Toutes ces informations ont ete fournis au Database par un de ses neveux, decede e present car de la generation de mon pere, nee au debut du XX eme siecle. Ce neveu habitait la Grande Bretagne et avait change son nom; j'ai realise que ce nom, le mien, celui qui avait ete source de quelques insultes et de bien des questions n'avait jamais ete change par mon pere qui me l'avait legue, ni par son frere; ainsi, les 5 enfants de Claude et ses nombreux petits enfants le portent aujourd'hui.
Pour proceder a une ultime verification concernant une eventuelle sepulture de Samuel, Claude et moi nous sommes partage quelques teches; j'ai contacte databases des cimetieres Israelites d'Autriche et de Slovaquie grece e Internet; je ne l'ai pas trouve; Claude a ecume tous les cimetieres parisiens et ceux de banlieue, par ecrit et par telephone; il ne l'a pas trouve. Il n'a aucune sepulture connue, parcequ'il n'a jamais ete enterre. Cet homme ne le 12 avril 1881 et extermine a Auschwitz en 1942 etait bien notre grand pere.

Ma grand mere et mon pere, separes de Samuel depuis une vingtaine d'annees, ont donc appris sa fin e Auschwitz alors qu'ils se trouvaient a Casablanca, sans doute a la fin de la guerre, et certainement par l'intermediaire de mon oncle reste a Paris, plus facilement reperable.


Mon pere et ma grand mere qui avaient depuis longtemps deja enterre cet homme, ont jete alors une derniere pelletee de terre sur sa Memoire.
Dire qu'il avait trouve la mort e Auschwitz, c'etait avouer qu'il fet Juif. Voici pourquoi, et aussi pour eviter de ressentir de la peine en imaginant les souffrances de ce pere tant aime, on a definitivement jete un voile noir sur Samuel, mon grand pere, des mon plus jeune ege, escamottant sa tragedie, et le rayant de notre vie, afin d'arriver e continuer la netre.

-----------------------------------------------------------------------

Carmen et Samuel ne se sont jamais connus; elle habitait l'Afrique du Nord, lui, l'Europe centrale. Carmen la chretienne et le Juif Samuel, mes ancetres, sont morts tous deux victimes de la barbarie allemande. Autre point commun, ils n'ont ni l'un ni l'autre de sepulture. C'est Internet qui m'a fourni les documents temoignant de la tragedie qui les a balayes.



ALEXANDRINS POUR SAMUEL

Samuel, toi le grand pere qu'on m'a toujours cache
Et dont j'ai depuis peu appris la destinee
Parce qu'on avait honte, ou parce qu'on s'en moquait
Et si leon t'evoquait, c'etait pour mieux te nier

Lorsque tu as laisse, pour repartir un jour
Vers l'Est et vers ta ville, ces trois petits amours,
Et parmi eux mon pere, qui etait leur aine,
Pour repondre aux questions, que lui a t'on narree

On t'a pretendu du mort, alors on a tire
Un grand rideau de deuil sur le pere qui manquait
Jusqu'e ce jour funeste, oe mon adulte de pere
Apprit la verite, a la fin de la guerre.

Il sut que bien du temps, apres ton grand depart,
L'on t'a jete de force dans le fond d'une gare
Et dans un train d'horreur pour un voyage immonde
Nous privant pour toujours, d'aller fleurir ta tombe

Et maintenant bien seule, sans toi, et sans papa,
Je pense e tes Shabbat et e tes Hannuca
Tes Shavouot tes Soukot, tout ce qu'on m'a cache
Parce que tu partis , sans meme te retourner.

Je me demande si, au pied des cheminees
Tu as un jour pense e mon pere, et prie
As-tu vu un Noel, as-tu vecu Pessah,
Avant que de mourir, pour de bon, cette foise


Ecrit le jour de Shavouot, 13 juin 2005




demain viendront les photos...................




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: place de france (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 17:02

Je voudrais evoquer e present les differences, telles qu'elles ont ete
accentuees au cours de cette magnifique histoire,racontee par Lalla Klein, avec une sincerite gigantesque, sans fausse honte, un mouchoir a la main gauche et avalant ses larmes, la main droite sur son clavier avec une peine qui lui arrache la poitrine, elle pleure devant cet echec de ne pas avoir su a temps,sur ce grand-pere juif,et comme une piece de tissus se deroule chez le marchand,on deroule , on deroule....................et on decouvre:
Le riche samuel,et la pauvre Juliette.
les allemands
la mamie Juliette
la mamie Carmen
encore les Allemands
La gentille Sol Meloul
la laiterie des parents
la petite Lalla qui fait les 400 coups
la grand-mere et la maman qui ne s'aiment pas
Les accidents,Paris,Vienne, Casablanca,
encore les Allemands
comme c'est triste tous ces malheurs qui arrivent a la chaenes,ea me fait penser au peuple hebreu, traversant le desert du Sinai et la mer des roseaux, cette famille vit chaque jour dans une cocotte minute (a pression).
la vie est un couloir long de 70 a 80 ans
,parfois
on se cogne la tete avec le mur, parfois on glisse sur une peau de banane,mais a chaque fois on
panse ses plaies
et on continue a marche et hop encore le mur, et une autre peau de banane.
Mais une question logique, importante, se pose
comment se
fait-il que la plupart des individus puissent peiner toute leur vie a cause d'un secret
par exemple j'ai un cousin dans ma famille qui a ete adopte et juste avant son mariage en faisant tous les papiers necessaires il tombe sur ce maudit papier qui fait basculer son equilibre, alors qu'il devait etre le gareon le plus heureux de la terre puisque fils unique,Docteur, des parents merveilleux, une fille a epouser de tres bonne famille,et un joli compte en banque,le ciel lui tombe sur la tete en quelques seconde,aujourd'hui,il a 75 ans,
il ne s'est jamais remis..........
J'ai egalement une amie qui lit ce forum, et elle aussi a la mort de son papa une cousine lui a dit: " dis , tes parents t'ont-ils raconte que tu n'etait pas leur fille, et que ta vraie maman t'a offerte en cadeau e ta naissancee mon amie a ensuite ete la personne la plus malheureuse de la planete.
Si nos parents,naturels ou d'adoption savaient le lourd fardeau qui pesera sur nos epaules .............. toute une vie, apres avoir su la verite.
Chere Lalla Klein ton histoire est sublime, merveilleuse,merci de l'avoir partage avec nous je te souhaite si D.ieu veut de
trouver la tombe de ta nounou Cherie Sol Mellul e Lod en Israel, et tout ce que tu cherches sur Samuel ce grand-pere, et que l'on t'a cache.

bisous de ton amie soly anidjar d'Israel




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: gilou (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 17:54

La sagesse s'acquiert par l'intelligence et la raison.

L'homme que j'ai eu la chance de connaitre, n'a appris son adoption que sur le lit de mort de pere. Son admiration pour l'abnegation et le devouement de parents etrangers a sa naisance,lui a fait comprendre que l'amour n'est pas l'apanage des rencontres genetiques, mais de la volonte d'etres emplis de compassion et de respect de l'etre humain . En memoire de ce pere charitable et humble,il a decide avec son epouse de donner a ses quatre enfants une soeur, enfant abandonnee. Il y a 50 ans, et depuis l'heritage de bonte et d'amour est conserve chez ces enfants.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 15 février 2006 : 19:54

Extremement touchante cette histoire et surtout racontee avec beaucoup de tendresse et d'amour.
C'etait comme si en allant chercher et reunissant toutes les preuves du lien qui liait sa famille avec Samuel, Lalla Klein cherchait a reparer le penible rejet de son pere fait a son propre pere. Elle aura reussi ainsi a reintegrer un membre de la famille parmi les autres membres de cette meme famille.

Ce me semble une delivrance d'envelopper cette longue tragedie qui aura fait tant souffrir sous la forme d'une histoire contee en plusieurs episodes pour la conserver entiere dans le souvenir.

Chere Lalla Klein, je te remercie pour nous l'avoir contee.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: suzanne (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 01:45

chere lalla klein, je me felicite avec toi pour ce recit de ta vie intime, raconte avec tant de passion, je t'assure que tu m'as fais pleurer, en pensant a combien d' histoires comme la tienne ont du subir les 6 millions de juifs extermin?s.on peut constater que meme si tes parents et ta grand-mere t'ont cachee la verit?, le sort a voulu que par un nom juif tu as du decouvrir tes racines.
paix a l'ame de Samuel et a celle de sol qui m'a emue.
mes compliments encore et gros bisous.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: ANGIE (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 04:21

Chere Lalla Klein,
J'ai eu beaucoup de plaisir a lire ces quelques pages, et beaucoup de peine a lire le triste destin de tes Grands Parents. Mme Sol repose en paix elle aussi, il ne reste plus que la petite fille turbulente et farceuse qui est devenue femme. Maintenant faut chercher pour toi une meilleure destin?e et enfin connaitre le bonheur. Une fois que l'on connait son pass? on peut se tourner vers l'avenir et surtout faire en sorte qu'il soit le meilleur possible.
Je te souhaite tout le bonheur du monde.
Gros bisous
ANGIE




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: pichourin (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 16:07

Chere Lalla Klein,tu dis:
Le grand drame que je vis maintenant est d'avoir 2 grands parents sans s?pulture et de me demander pourquoi la jud?it? de mon grand p?re Samuel a tant ?t? cach?e, m?me 10 ans apr?s la guerre quand il n'y avait plus rien ? craindre,oui,ceux qui ont souffert ont voulu cacher tout ce qui pouvait tuer un juif,etre juif,avoir un nom juif,avoir un visage juif,avoir un nez juif,avoir des photos qui representent des synagogues,une circonsition,ume bar-mitsva,un mariage.............................
je vais te raconter 2 histoires celle d'une famille de roumain juifs, qui sont montes sur sur notre bateau,nous sommes sorti 7 jours avant du port de Marseille sur "LE MOLEDET" et en arrivant a Naples quelques familles sont montes.
ma soeur Soly en 2 jours est devenue l'amie de la fille ainee de cette famille de roumains juifs, qui avait pour nom :Amrana,et elle a ete la chercher dans leur cabine,et Soly voit un sachet en plastique avec des tranches de pain,et elle demande se qu'ils vont faire avec ce pain car sur le bateau nous etions en premiere classe,et il nous manquait de rien,au contraire il y avait de trop et les passages a cause du mal de mer ne montaient pas prendre leur repas,alors Amrana lui raconte a Soly que dans sa famille il y a eu des morts par la faim dans les ghettos en Roumanie,et ils ne jetaient jamais les restes de pains qui restait d'un repas,jusqu'a ce qu'il moisissait.
pour la deuxieme histoire,c'est cette famille de marrannes a Belmonte au Portugal,qui a peur de dire qu'ils sont d'origine juive meme apres 500 ans,ils portent la croix vont le dimanche a la messe,et dans leur cave ils allument les bougies du shabat,preparent leur matsot de pessah,et font la priere du yom kippour,ces gens -la comme ton papa,ont eu peur de la mort,des massacres,alors ils ont caches,tout ce qui pouvait les accuses d'etre un juif,eux,n'ont pas su qu'il etait impossible de cacher le soleil avec un doigt,qu'un jour,un petit-enfant ou arriere petit enfant en faisons son arbre genealogique va tombe sur ce secret,et vila tout eclate au grand jour comme l'orage ,et ca fait mal,et on ne sait pas par ou commencer pour chercher,soudain,il y a des choses de ton enfance qui vont te revenir et tu vas dire yaaaaaaaaaaaa,c'etait ca ou c'etait pas ca.
ton histoire est si belle que je me lasse pas de la lire.
mille bisous pour ton courrage et je te souhaite beatslakha dans toutes tes recherches,on voit une sincerite si profonde,dans chaque ligne,qu'on est avec toi,chez toi avec toute ta famille avec Sol Mellul.

Michelle la petite soeur a Soly




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 16:41

Tout a fait juste Michele, etre Juif est difficile a porter partout dans le monde et ceci jusqu'a aujourd'hui, sauf en Israel. Ici enfin, nous pouvons etre citoyen a part entiere sans avoir ni a nous cacher, ni a etre genes.
Il y a eu la Shoah avec ces 6 millions de personnes exterminees mais ensuite il y a eu les survivants qui ensuite ont transmis a leurs enfants des traumatismes certains et difficilement reparables.

Et aujourd'hui on ne peut s'empecher de se demander si le monde, bien qu'ayant reagi avec horreur et effroi lorsque les temoignages des camps et les photos des amoncellements de morts sont parues un peu partout, la lecon aura t-elle ete apprise et un comportement aussi dementiel, ne sera plus possible ? J'hesite a repondre.

En tous les cas, nous ne nous laisserons plus faire !




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 17:03

Moi, je ne suis pas juif et j'y vais donc sur la pointe des pieds dans mes commentaires sur cette malheureuse histoire car je ne voudrais choquer personne.
Je compatis tout a fait a ce que ressent Lalla Klein mais je lui ai dit en priv? que d'une certaine fa?on, je comprenais son pere dans cette attitude de n?gation, ?videmment regrettable et destabilisatrice pour elle.
Je pense que vu la periode plus que troublee qui venait de s'achever et compte tenu des s?quelles subsistant, il est difficile de lui jeter completement la pierre, car il ne semble avoir eu d'autre but que celui de la proteger contre l'antisemitisme ambiant. Par ailleurs, il ne se sentait peut-etre pas tres fier de ce pere qui avait laisse tomber sa femme et ses enfant. On expliquera cette attitude comme on le voudra et je ne suis evidemment pas a la place de lalla Klein pour ressentir ce qu'elle ressent mais je pense vraiment qu'on peut parler de circonstances attenuantes.

Lionel




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 17:28

Mais Lionel, le probleme qui se pose dans cette histoire est bien au dela du comportement comprehensible ou pas du pere de Lalla Klein. Et en fait, je suis d'accord, il est bien loin d'etre condamnable ! Avoir peur en etant Juif pendant la guerre etait quelque chose de reel et s'en proteger en niant etait plausible, d'autant plus que dans cette histoire les circonstances attenuantes existaient reellement.

Ce qui est bouleversant dans ce recit, c'est l'impact du mensonge sur Lalla. Il a ete tres mal vecu par elle et aura eu je suppose quelques consequences dans son developpement de petite fille et plus tard peut-etre de jeune fille. Celle-ci portait un nom juif ! Si l'on ajoute a cela la relation quelque peu conflictuelle avec sa mere, cela fait un gros paquet sur ses petites epaules.

Et dire qu'il aurait suffit d'un "n" supplementaire a son nom pour que les choses soient vecues autrement.

Ah la betise humaine !




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 17:48

je suis d'accord avec toi, Darlett, quand a l'impact de ce mensonge sur Lalla Klein. Mais son pere en avait-il vraiment mesure les consequences ? je ne le pense pas sinon il aurait peut-etre agi autrement. Son but premier a ete de proteger sa couvee, dans une certaine urgence malgre tout et il ne s'est pas trop pose de questions,
Le traumatisme a ete tel pour les juifs qu'ils ont fait jouer un instinct de survie. Cela n'a evidemment pas ete sans bavure, mais peut-on toujours tout prevoir ?
Encore une fois, Darlett, je n'ai pas ete dans cette situation, donc mon avis n'est autorise que dans une toute petite mesure. Mais j'ai simplement voulu exprimer les choses telles que je les ressentais.... de l'exterieur

Lionel




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 17:53

...et moi non plus, figures-toi ! Je n'ai pas connu une telle situation.

Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: lionel (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 18:01

J'en suis heureux pour toi car cela n'est de toute evidence pas facile.




Re: A la memoire de Samuel tue par les allemands il y a 64 ans
Posté par: (IP enregistrè)
Date: 16 février 2006 : 18:15

Un grand Merci a Darlett.


Merci a Soly pour avoir instinctivement tout compris. Je crois que Sol Mellul et Soly Anidjar ont toutes deux le meme grand coeur, avec une porte toujours ouverte...

Puisse-je avoir un jour la capacite d'ecoute et d'empathie de vous deux, Soly, et Sol. C'est fou ce que vous vous ressemblez, petites filles de la Zone Nord de mon pays parties toutes deux pour votre Alyah...

Sol m'a jadis elevee...




A Madame Sol

Lalla Klein




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