Pour le 63 eme anniversaire d'Israel : ELI ALALOUF recoit le Prix ISRAËL 2011.
Commencons par quelques points points de repère :
Eli Alalouf est né à Fez, le 17 février 1945. Son père, Joseph Amram, décédera quatre ans plus tard. Lui et ses neuf frères et sœurs seront élevés par leur mère, Rehama. Il étudiera à l’Ecole de l’Alliance Israélite Universelle. En 1967, il effectuera son Alyah. Il s’inscrira à l’université hébraïque de Jérusalem l’année suivante, en sciences-po.
Eli Alalouf est membre d’une bonne dizaine de conseils d’administration, membre-fondateur d’autant d’associations, citoyen d’honneur de nombreuses villes qui ont tenu ainsi à lui marquer leur estime. En 2008, le journal économique De Marker l’a inclus dans sa sélection des 100 personnalités israéliennes les plus influentes.
En 2006, il a figuré parmi les douze personnes retenues pour l’allumage des flambeaux, au cours de la cérémonie officielle qui, au Mont-Herzl à Jérusalem, ouvre les festivités du Jour de l’Indépendance.
Eli Elalouf est marié, et père d’un enfant, Ychai.
RENCONTRE EXCLUSIVE ISRAELVALLEY. Il est des êtres qui se gravent dans votre mémoire, à un moment donné. Passent les années, 10, 20, plus et, à chaque fois que l’on entend parler d’eux, au détour d’une conversation, dans un article, c’est cette image-là qui apparaît, qui refait surface. Eli Alalouf est de ces êtres-là .
C’était à Jérusalem, rue Keren Hayesod. Là se trouvait, au milieu des années 70, le quartier général d’été du département du Noah Vehaloutz, section francophone, de l’Agence juive. Une ruche humaine. Un vire-et-volte permanent. La tâche était immense : assurer au cours des mois de juillet et août principalement, l’accueil, le déplacement, le logis, la nourriture, l’encadrement de centaines de groupes de jeunes juifs francophones, venus pour la première fois goûter Israël. Il était donc impératif d’éviter la moindre anicroche, qu’il fallait transformer l’essai. Les accrocher. Leur donner envie sinon de rester immédiatement, du moins de garder le contact et, pourquoi pas, de revenir. L’architecte de cette entreprise n’était autre qu’Eli Allouf. Il était là , massif, dynamisant son entourage du matin jusqu’à tard dans la soirée, gribouillant des notes, lançant des instructions, modifiant l’organigramme épinglé au mur, adaptant, ajustant la planification préparée de long mois durant, interrogeant, s’inquiétant. Imaginez qu’un bus tombe en panne dans la montée de Jéricho à Jérusalem, alors que le soleil s’amuse comme un petit fou… De quoi vous fiche en l’air un potentiel de futurs israéliens. Sans oublier les tournées d’inspection, où il s’en venait prendre la température d’un groupe, percevoir en temps réel les réactions de ces jeunes, souvent désarçonnés par les horaires et le rythme des déplacements. Eli Alalouf n’a jamais été un théoricien du sioniste. Mais son bulldozer.
A parcourir son CV, distribué à l’occasion de l’attribution du Prix Israël 2011, son sionisme pratique n’a pas pris une ride au fil des ans. Il s’est simplement déplacé vers d’autres sujets de préoccupation, liés à la société israélienne en tant que telle : l’éducation, le social, la santé. L’idée qu’il puisse y avoir des laissés pour compte de la rédemption d’Israël lui était, lui est toujours insupportable. D’où ses engagements, tant au plan professionnel que du volontariat. On le retrouve, par exemple, conseiller du vice-premier ministre Yigal Yadin, où il a assume la responsabilité des affaires sociales et de la réhabilitation des quartiers défavorisés Ou encore à l’Agence juive portant deux casquettes : directeur-général de la société de développement de Jérusalem et directeur du renouveau et du développement pour la région-sud.
Mais, tout ceci n’a été, semble-t-il qu’un hors-d’œuvre. Il a fallu, en 1995, cette nomination, en tant que directeur-général de la Fondation Rashi pour qu’il donne sa pleine mesure, tant au plan conceptuel qu’opérationnel. D’une part, il a restructuré cette organisation philanthropique relativement modeste pour l’adapter à des ambitions plus vastes et, d’autre part, en faire un partenaire social incontournable, et des pouvoirs publics et des pouvoirs locaux. Les projets se sont enchaînés, touchant la Galilée et le Neguev, les périphéries des grandes agglomérations, l’éducatif, l’habitat, la Santé…
Un exemple, à titre d’illustration d’un moderne homme-Prothée, pris dans le social, un domaine qu’il affecte tout particulièrement. Suite au lancement réussi de projets éducatifs, Eli Alalouf a perçu les multiples avantages d’une étroite coopération avec les institutions gouvernementales et les conseils locaux pour amener une modification de la carte scolaire dans le sud du pays. Il a donc transposé la recette, en l’affinant, dans le domaine social. A l’arrivée, un projet à long terme, associant la Fondation, le ministère des Affaires sociales et les conseils régionaux et locaux : « Sud 2016 » de type tentaculaire. Il vise à l’amélioration de la qualité de la vie, à une réévaluation des services publics destinés à une frange de la population à risques, D’où la création d’un internat destiné aux jeunes filles religieuses orthodoxes, la fondation d’un centre d’hébergement post-hospitalisation pour des jeunes mentalement déséquilibrés, un programme d’assistance spécifique pour les familles et enfants éthiopiens, la multiplication des crèches…Ce ne fut pas une mince affaire quand on sait les pesanteurs administratives, les rivalités bureaucratiques. Mais bulldozer il fut, bulldozer il est resté. Même si depuis les années 70, il a troqué la chemisette pour le costume-cravate.