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Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: redalinho (IP enregistrè)
Date: 16 mai 2007 : 19:57

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Il n’est de pire injure, pour les 5 000 juifs qui refusent de quitter le Maroc, leur patrie, que de s’entendre dire qu’ils sont «eux aussi» Marocains. Ce «eux aussi» signifie implicitement, qu’ils sont une population «de plus», ou de second rang. Or, eux considèrent que leurs racines plongent si profondément dans le terroir marocain que le judaïsme est bien, historiquement, la première religion monothéiste qu’ont embrassée les premiers habitants de ce pays, les berbères. Une histoire riche de 2 000 ans, bien avant l’apparition du christianisme et, de loin, avant la conquête islamique.


Re: Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 17 mai 2007 : 06:16

Merci redalinho pour cet article.

"Plus que 5000 Juifs au Maroc contre 300.000 en 1948"

"La communauté juive s’est réduite en peau de chagrin au fil du temps : les départs massifs ont eu lieu en 1948, 1961, 1967.

Des milliers de membres de la diaspora juive reviennent chaque année pour les moussems et les fêtes religieuses.

Le Conseil des communautés israélites travaille d’arrache-pied pour sauver de l’oubli le patrimoine judéo-marocain."

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Re: Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 17 mai 2007 : 06:26

Je vais placer tout l'article qui est suffisamment interessant pour paraitre ici

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La communauté juive s’est réduite en peau de chagrin au fil du temps : les départs massifs ont eu lieu en 1948, 1961, 1967.
Des milliers de membres de la diaspora juive reviennent chaque année pour les moussems et les fêtes religieuses.
Le Conseil des communautés israélites travaille d’arrache-pied pour sauver de l’oubli le patrimoine judéo-marocain.

Il n’est de pire injure, pour les 5 000 juifs qui refusent de quitter le Maroc, leur patrie, que de s’entendre dire qu’ils sont «eux aussi» Marocains. Ce «eux aussi» signifie implicitement, qu’ils sont une population «de plus», ou de second rang. Or, eux considèrent que leurs racines plongent si profondément dans le terroir marocain que le judaïsme est bien, historiquement, la première religion monothéiste qu’ont embrassée les premiers habitants de ce pays, les berbères. Une histoire riche de 2 000 ans, bien avant l’apparition du christianisme et, de loin, avant la conquête islamique.

Pour étayer ce sentiment profond, Simon Lévy, secrétaire général de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain et directeur du Musée du judaïsme marocain, nous raconte cette histoire. Le 17 mai 2003, soit le lendemain des attentats de Casablanca, une délégation du Conseil de la communauté israélite marocaine partie visiter ses coreligionnaires dans les synagogues pour s’enquérir de leur moral, a été surprise de trouver les synagogues remplies de personnes en prière. Les membres de la délégation n’en revenaient pas : le moral des juifs ainsi rencontrés était au beau fixe. Le monde entier, pensaient ces derniers, connaît des attentats, pourquoi faudrait-il s’en alarmer outre mesure ? Aucune panique, aucune rancune. «Cela dit, ajoute Simon Lévy, je connais des juifs qui ont reçu des lettres de menace, mais cela ne ne les a nullement poussés à envisager de partir vivre ailleurs, parce qu’ils se sentent chez eux, dans leur pays.»

90% des juifs ont émigré en Israël
Pourtant, des dizaines de milliers de juifs marocains ont fui le Maroc, pays où ils avaient vécu pendant vingt siècles en toute sécurité pour émigrer vers Israël, en France, au Canada, aux Etats-Unis et ailleurs. La communauté juive s’est réduite ainsi en peau de chagrin, pour passer de quelque 280 000 âmes (jusqu’à 300 000) en 1947, à environ 5 000 soixante ans plus tard, en 2007. 90% de ceux qui ont quitté le pays sont partis vivre en Israël (voir encadré en page suivante).

Ces Marocains de confession juive avaient-ils très peur ? Y avait-il, comme dans d’autres pays, des pogroms qui auraient pu leur faire craindre pour leur sécurité ? Ni l’un ni l’autre, répondent les historiens. Avec du recul, les survivants (et leurs enfants) se disent même incapables de comprendre ce qui les a poussés à quitter si brutalement le Maroc, terre de leurs ancêtres, pour émigrer dans des pays qui ne sont pas les leurs.

Deux facteurs auraient milité pour pousser à ce départ, note Simon Lévy : l’action du mouvement sioniste, qui présentait l’immigration en Israël comme la seule perspective de salut, et la pauvreté due à une période de sécheresse durement ressentie par la majorité des juifs marocains. Le racisme, l’antisémitisme ? «Le vrai racisme et le vrai antisémitisme, c’est avec les Français que je les ai vécus dans ma chair. En fait, jusqu’en 1956, note M. Lévy, les départs pour Israël ont concerné principalement les couches défavorisées, pauvres de toujours et aussi victimes directes ou indirectes des changements économiques induits par la colonisation... Il faut dire que le conflit israélo-arabe au Moyen-Orient avait eu des retombées négatives, comme les émeutes anti-juives de 1948 à Oujda et Djerrada, qui ont fait de nombreuses victimes.»

Les 5 000 juifs - selon les estimations les plus optimistes - qui ont voulu rester au Maroc vaille que vaille, résident essentiellement à Casablanca qui en compte 90%, le reste étant réparti sur quatre ou cinq grandes villes du Maroc. Dans les petites villes ou localités connues jadis pour leurs fortes communautés juives comme Sefrou, Azemmour, Essaouira,l Taroudant et Debdou (région d’Oujda), il n’en reste plus aucun.

Jacky Kadoch, né à Marrakech dans les années 50, est l’un des rescapés de ces vagues successives d’immigration. Actuellement président de la communauté israélite de Marrakech-Essaouira, il avance le chiffre rond de 240 juifs qui résident encore dans la ville ocre, et de 7 à Essaouira. Les deux villes comptaient des dizaines de milliers de juifs au milieu des années 1940. Parlant la darija avec l’accent d’un pur Marrakchi, Jacky Kadoch appartient à une famille installée à Marrakech depuis plus de cinq siècles. Comme beaucoup de ses coreligionnaires qui vivent encore au Maroc, il est dans les affaires et le négoce, notamment la promotion immobilière et l’agroalimentaire.

Il comptait même participer à la gestion locale de sa ville natale en 1998, puisqu’il a été candidat sous la bannière du RNI aux élections municipales, mais sans succès. Ce qu’il pense de la petite communauté juive encore installée à Marrakech ? «Nous sommes des Marocains comme tous les autres, répond-il, à cette différence près que nous essayons autant que faire se peut de jouer le rôle d’ambassadeurs pour les 50 000 à 70 000 visiteurs juifs d’origine marocaine qui viennent chaque année passer leurs vacances au Maroc, ou pour participer aux moussems. Aucun attentat ne peut éroder notre moral et notre détermination à rester dans notre pays. Il y en a qui reviennent investir dans la restauration, l’hôtellerie : une centaine l’ont fait en 2006».

Les juifs sont dans la communication, le négoce, les professions libérales...
Les moussems et visites des mausolées qui abritent les tombeaux de saints juifs constituent, en effet, des occasions inespérées pour drainer chaque année des milliers de pèlerins juifs des quatre coins du monde. Ils viennent pour les fêtes religieuses, mais aussi pour se ressourcer dans leur pays d’origine. Une diaspora juive estimée actuellement par le Conseil de la communauté israélite marocaine à un million d’âmes. La plus célèbre et la plus importante de ces rencontres est le pèlerinage de la Hiloula qui a lieu chaque année le 33e jour après la «Pessah», (la Pâques juive) autour du sanctuaire de Rabbi Yahya Lakhdar à Ben Ahmed dans la province de Settat. D’autres moussems sont organisés chaque année à Essaouira, Demnat et Ouezzane (au mausolée Amrane Ben Diwane), des régions naguère à très forte population juive.

Quelles activités exerce cette population juive viscéralement attachée au Maroc ? D’abord, reliques de l’histoire, ces métiers d’artisanat spécifiquement juifs comme l’orfèvrerie, notamment à Fès et à Essaouira, ou le tissage du skalli (fil d’or) très répandu dans la ville de Fès. Autre métier qui était une spécialité presque exclusivement juive, celui de matelassier. La raison en est que les matelassiers de confession juive avaient facilement accès aux maisons où il y avait les femmes musulmanes, maisons formellement interdites aux hommes musulmans étrangers à la maison. Les juifs étaient aussi fonctionnaires dans les administrations, enseignants, petits et grands négociants.

L’apparition des écoles françaises de l’Alliance israélite allait donner un coup de fouet à une nouvelle génération de juifs marocains et à de nouveaux métiers correspondant à leurs qualifications. On les trouve notamment dans la finance, la communication et les professions juridiques. Ils sont aussi ingénieurs et médecins, voire ministres et même conseiller du Roi (André Azoulay). Au moins deux fois, le gouvernement marocain a compris en son sein un ministre juif : le Tangérois Léon Benzaquen, chef du département des PTT dans le premier gouvernement de l’indépendance dirigé par Mbarek Lahbil Bekkai, et l’avocat meknassi Serge Berdugo, ministre du tourisme dans les années 90.

Ce dernier, d’ailleurs, occupe aujourd’hui la présidence du Conseil de la communauté israélite du Maroc, tout en assumant le poste d’ambassadeur de la paix que le Roi Mohammed VI lui a confié. Les juifs marocains sont aussi dans la communication, le cinéma, la musique, le showbiz, dans le mouvement associatif et les droits de l’homme.

Quand on lui demande ce qui prime pour elle, son appartenance à la communauté juive ou sa nationalité marocaine, une chef d’entreprise répond qu’elle se sent «étrangère au communautarisme» et assume pleinement sa citoyenneté. Izza Genini, passionnée du cinéma et de musique, raconte son histoire. Née à Casablanca, en 1960, c’est à Paris qu’elle rejoint ses parents pour faire éclater ses talents : il en sort une collection de films baptisée «Maroc corps et âme» qui met en exergue la richesse musicale et culturelle d’un Maroc qui l’habite comme une obsession.

Les juifs marocains sont aussi des hommes de lettres, des historiens et des militants invétérés des droits de l’homme: Germain Ayyache pour l’histoire, Edmond Amran El Maleh pour le roman, Abraham Serfaty et Sion Assidon (fondateur de Transparency Maroc) pour la cause des droits de l’homme, pour ne citer que ceux-là. Pour ceux-ci, et comme pour tant d’autres comme Simon Lévy, et pour tous ces juifs modestes et usés par les ans, qui habitent toujours place de Verdun, à Casablanca, judaïté et marocanité sont indissociables : la première n’est rien sans la seconde, et vice-versa. Et il y a ce sentiment tenace d’appartenance à une communauté ne serait-ce que pour préserver un patrimoine religieux et culturel marocain pour qu’il ne finisse pas dans l’oubli.

Histoire :

100 000 juifs en 1912, 280 000 en 1947, 5 000 en 2007

Au moment de l’instauration du Protectorat français, en 1912, ils étaient 100 000 à 110 000 juifs à vivre au Maroc. A cette époque, toute la population marocaine ne dépassait guère 3 à 5 millions d’habitants (on ne peut avancer de chiffre exact à cause des famines, épidémies et sécheresses qui sévissaient). Entre 1912 et 1950, quand la population totale marocaine est passée à 10 millions, celle des juifs a atteint les 280 000 (dont presque 74 000 à Casablanca). Et c’est en 1948 qu’a commencé l’émigration, principalement vers Israël. Entre 1948 et 1956, il y a eu 90 000 départs.

Plus de 70 000 émigrants se sont rendus légalement en Israël entre 1948 et 1955. Une deuxième vague d’émigration, clandestine cette fois-ci, se produira entre les années 1955 et 1961, avec environ 65 800 personnes. Il faudra attendre 1961 et 1962, sous le règne de Hassan II, pour voir l’émigration reprendre avec force, aussi bien clandestinement que légalement, avec l’autorisation des autorités marocaines selon un pacte conclu avec l’Agence juive. Des informations parlent même de transactions entre les autorités et ladite agence, celle-ci ayant versé 25 dollars pour chaque juif émigré. Avec la guerre de 1967, 40 000 juifs sur les 70 000 restants quittent le territoire.

«La guerre des six jours, reconnaît Simon Lévy, a été la première et la seule à avoir entraîné des actions contre la communauté juive marocaine : boycott, campagnes de presse et même un assassinat. Au bout d’un mois et demi, la tension s’est calmée mais le mal était fait. Des personnes qui n’avaient jamais songé à s’expatrier le firent».

On avait créé, selon M. Lévy, un climat de départ : on envoyait des cars de la CTM dans les villages les plus éloignés de l’anti-Atlas, avec la complicité de l’Etat, pour embarquer les juifs, en leur affirmant que c’était leur dernière chance de partir. Le plus surprenant est que ces incitations au départ «ont été contrées par la population musulmane elle-même qui parfois s’y opposait physiquement.
Ce fut le cas notamment à Ighil, à 60 km d’Ifrane»



Zoom:

Le Musée du judaïsme, vingt siècles d’histoire

En l’espace de soixante ans, deux mille années d’histoire juive du Maroc allaient partir en fumée, sans l’inlassable travail entrepris par ceux qui ont choisi de rester, vaillants citoyens juifs marocains, pour sauvegarder ce patrimoine culturel et social millénaire.

La création d’un Musée du judaïsme marocain, à Casablanca, le seul aujourd’hui dans le monde arabe, en est l’illustration brillante. Ce musée, clame Simon Lévy, son directeur, est un acte de marocanité avant tout. «Il est inadmissible qu’une partie aussi importante de la population et de l’histoire du Maroc disparaisse sans qu’on s’en inquiète. Il y a une trentaine d’années, on ne sait par quel ordre, on a supprimé les juifs des programmes d’histoire». Grâce aux efforts conjugués de la Fondation des Communautés israélites et du Conseil qui les regroupe, et à la combativité des gens qui les animent, des synagogues et des cimetières ont été restaurés, et leur garde peut être assurée. D’autres actions suivront.



JAOUAD MDIDECH
Publié le : 11/05/2007


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Re: Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 21 mai 2007 : 05:11

Un article souligne par Leon Oiknine et que j'ai retrouve. Je le reprends integralement car il est egalement interessant. Merci Leon

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Le roi Mohammed VI consulte les Juifs marocains


By ELIAS LEVY
Reporter

Le roi Mohammed VI du Maroc tient mordicus à consulter les Juifs marocains du Canada sur son projet de création d’un Conseil supérieur des Marocains résidant à l’étranger. Pour remplir cette tâche, le souverain alaouite a nommé comme émissaire le professeur Albert Sasson, le seul Juif membre du Conseil Consultatif des Droits de l’Homme du Maroc (C.C.D.H.)

Ce scientifique de renommée mondiale, ancien Doyen de la Faculté des Sciences de Rabat, membre de l’Académie Hassan II des Sciences et Techniques et ex-sous-directeur général de l’UNESCO, a rencontré dernièrement, avec l’autre émissaire dépêché par le monarque marocain, l’universitaire Mohammed Berdouzi, une quarantaine de leaders et de membres de la Communauté sépharade de Montréal. Cette rencontre a été organisée par la Fédération Sépharade du Canada.

Canadian Jewish News: Pourquoi le C.C.D.H., que vous représentez officiellement, a-t-il pris l’initiative de consulter la Communauté juive marocaine du Canada?

Albert Sasson: Pour le roi Mohammed VI, et au nom d’une vieille tradition marocaine, les Juifs marocains sont toujours des Marocains. Que vous soyez devenus Canadiens, Américains, Français, Belges, Hollandais… personne ne le nie, mais il y a cette vieille allégeance, cette vieille tradition, qui date de plusieurs siècles. On peut s’en moquer, on peut ne pas en tenir compte, mais pour le Maroc, c’est important. Rappelez-vous de ce que disait feu le roi Hassan II: “Je n’ai pas simplement 5000 ou 10000 Juifs résidant au Maroc, j’ai 1 million de sujets Juifs marocains, dont beaucoup sont en Israël”. C’est au nom de cette allégeance que son fils, le souverain Mohammed VI, tient à ce que les Juifs marocains soient aussi consultés.

C.J.N.: Croyez-vous que la majorité des Juifs marocains vivant au Canada, et plus particulièrement la deuxième et la troisième génération -leurs enfants et leurs petits-enfants-, maintiennent toujours une relation étroite avec le Maroc?

A. Sasson: Certains Juifs marocains ont tourné la page de leur séjour au Maroc ou de leur origine, ne veulent plus en parler, sans aucune hostilité. Simplement, ils sont indifférents à tout rapport avec le Maroc parce qu’ils ont mené leur vie autrement. On en prend note. Par contre, il y a beaucoup de Juifs marocains, y compris en Israël, qui ont préservé des relations avec leur pays natal. Ils y vont pour visiter des membres de leur famille ou des amis, pour pèleriner les tombeaux des Saints juifs… Ce Maroc leur plaît, la façon dont le pays évolue aussi. Il faut venir voir ce qui se passe dans le Maroc d’aujourd’hui, c’est un chantier permanent. Il y a beaucoup de Marocains de confession juive qui ont gardé des relations étroites avec le Maroc, qu’ils cultivent. Ils voyagent au Maroc, font des affaires, certains investissent, certains jouent des intermédiaires avec des organisme d’État… Le Maroc cultive aussi sa relation avec ses fils.

C.J.N.: La Communauté juive du Maroc rétrécit comme une peau de chagrin. Les perspectives d’avenir de cette Communauté sont plutôt sombres.

A.Sasson: Vous avez parfaitement raison. Dans quelques années, la Communauté juive marocaine sera du domaine du symbole. Il y aura toujours quelques familles. Il faut d’ailleurs rendre hommage aux Juifs qui n’ont pas voulu partir et qui vivent toujours au Maroc. Bien sûr, leurs enfants sont en France, en Israël, au Canada, aux États-Unis… Mon credo, comme celui de Serge Berdugo, Secrétaire général des Communautés israélites du Maroc, est: “Quand bien même il ne resterait qu’un seul Juif au Maroc, ce n’est pas une raison pour abandonner le symbole de cette présence”. Cultivons les lieux d’existence juive, par exemple les cimetières, pourquoi pas, celui de Fès est magnifique, il est bien tenu, les gens y vont pour pèleriner. Supposez un jour la paix entre Israël et le monde arabe, des milliers d’Israéliens d’origine marocaine retourneront alors visiter le Maroc. Il faudra que quelqu’un les accueille, qu’on leur montre les cimetières, qu’on les amène dans les Hiloulot, dans les endroits où la Communauté juive a vécu.

Mais il faut que l’État marocain fasse aussi sa part, en rappelant dans les programmes éducatifs d’histoire, de géographie, de philosophie… la contribution importante du judaïsme marocain à l’histoire et à la culture nationales. C’est le combat que nous sommes en train de mener. Nous voulons que la Communauté juive existe et qu’on dise aux jeunes Marocains que leur pays, comme le proclame leur souverain, est une nation plurielle, dont les racines sont carthaginoises, berbères, juives, arabo-musulmanes… Une fois que le Maroc reconnaîtra sa pluralité, la judéité marocaine sera évidente. Il faudra alors la cultiver. C’est à ce moment-là que la responsabilité de la pérennité du patrimoine historico-culturel juif marocain reviendra, comme si on transmettait un flambeau, aux Communautés juives marocaines de l’extérieur, du Canada et du Québec, d’Israël, de France, de Hollande, des États-Unis… Ces Communautés devront continuer à perpétuer ce souvenir, cette Mémoire.

C.J.N.: L’histoire des Juifs du Royaume chérifien est complètement éludée dans les manuels pédagogiques marocains?

A. Sasson: Oui. Nous menons un combat pour qu’on donne à la Communauté juive marocaine la place qui lui revient dans les manuels d’histoire nationaux, ce qu’on lui a niée jusqu’ici. Cette revendication est capitale car aujourd’hui, la majorité des jeunes Marocains n’ont jamais rencontré ou vu un Juif. André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI, m’a dit dernièrement qu’il a le sentiment d’avoir appris une histoire du Maroc mutilée d’une partie d’elle-même. Les Juifs ne sont pas les seuls grands absents de l’histoire nationale marocaine, les Berbères le sont aussi. 30 à 40% des Marocains sont de culture berbère. Il y a un gros travail à faire dans le domaine pédagogique. Le roi Mohammed VI a créé un Institut royal de l’enseignement de l’histoire, qui regroupe une quinzaine des meilleurs historiens du Maroc. Ces derniers sont en train de rédiger un livre général d’histoire, en arabe et en français, qui relatera une histoire plurielle du Maroc, depuis les Carthaginois jusqu’à nos jours. Croyez-moi, cette fois-ci, la Communauté juive marocaine ne sera pas oubliée.

C.J.N.: Que devraient faire les Juifs marocains canadiens pour perpétuer le riche patrimoine légué par leurs ancêtres?

A. Sasson: À mon avis, cultiver la Mémoire juive marocaine, ce n’est pas que du domaine du posthume, ça peut être aussi du domaine du contemporain. On peut imaginer des projets communs de développement, des projets de solidarité… Si demain, la Communauté juive marocaine de Montréal décidait de financer une école technique à Casablanca, qui ne sera fréquentée que par des Musulmans, l’impact d’une telle initiative serait énorme et très positif. À l’entrée de ce bâtiment, on mettrait une plaque remémorant: “Don de la Communauté juive canadienne” ou “Don de la Communauté juive marocaine et canadienne”.

Les étudiants musulmans qui seront formés dans cet établissement éducatif prendront vite conscience que c’est grâce à des dons provenant d’une Communauté juive marocaine de l’étranger qu’ils ont pu faire faire leurs études. Vous imaginez l’impact qu’un tel projet aurait sur la Communauté musulmane, qui est très sensible à tous les aspects de solidarité, qui pour elle sont beaucoup plus importants que les aspects relatifs aux Palestiniens et au conflit israélo-arabe.

Imaginez aussi tout ce qui pourrait être fait avec l’important patrimoine immobilier que la Communauté juive possède au Maroc. Ce patrimoine est aujourd’hui en déshérence parce qu’on ne peut rien en faire, si ce n’est le vendre, et à condition de le remplacer par quelque chose de vivant. Le jour où la Communauté juive du Maroc vendra ses vieilles synagogues, ses terrains… et utilisera les fonds générés par cette vente pour bâtir une université, des écoles, des bibliothèques… le souvenir du judaïsme marocain sera perpétué.

Moi, je suis très confiant en l’avenir. Même si le centre de gravité doit rester le Maroc, avec un Juif ou une Juive seulement vivant dans le pays, la responsabilité incombera désormais aux Communautés juives marocaines de l’extérieur. Elles auront un rôle important à jouer, en tout cas celles qui s’intéressent, celles qui sont indifférentes feront évidemment ce qu’elles voudront.

C.J.N. : Toutes les organisations visant à rassembler les Juifs marocains d’Israël et de la Diaspora se sont avérées de grands fiascos. Pourquoi?

A. Sasson: Vous avez tout à fait raison. Il y a eu des initiatives tout à fait louables, tout à fait intéressantes, soutenues au demeurant par le pouvoir marocain, en l’occurrence par feu le roi Hassan II, qui y voyait là aussi un intérêt pour sa realpolitik d’avoir des Associations de Juifs marocains puissantes et efficaces dans le monde. Malheureusement, le constat est clair et net, il ne faut pas aller chercher midi à quatorze heures, ce sont hélas les dissesions entre personnes -le président qui ne s’entendait pas avec le Secrétaire général, qui avait maille à partir avec le vice-président…- qui a tout court-circuité. Ces organisations juives marocaines sont devenues alors des fantômes de ce qu’elles auraient dû être. Je suis le premier à déplorer l’échec de ces organisations, dont j’ai été membre de certaines. Cela dit, on a quand même laissé derrière nous un certain nombre de réalisations tangibles, des petites choses qui valent ce qu’elles valent: le CD Rom sur l’histoire de la Communauté juive marocaine; le Musée du judaïsme marocain de Casablanca… Ce ne sont pas les structures ni le soutien qui manquent, malheureusement, ce sont les leaders juifs marocains qui ne s’entendent pas entre eux. Ils sont incapables de travailler ensemble.

C.J.N.: Quelle pourrait être la contribution des Juifs marocains du Canada aux travaux préparatifs pour créer un Conseil supérieur des Marocains résidant à l’étranger?

A. Sasson: Je crois que ce n’est pas si théorique que ça parce que les Marocains musulmans pourraient s’inspirer de la façon dont la Communauté juive a réglé ses questions religieuses en bonne harmonie avec l’État d’accueil. Ce n’est pas pour donner des leçons aux autres, mais la façon dont les Rabbins marocains ont fait évoluer le moudawana, c’est-à-dire le statut de la femme juive, pourrait servir de référence aux Imams marocains, qui ont également une démarche assez comparable à celle des Juifs.

Les Juifs ne vont pas demander au futur Conseil supérieur des Marocains résidant à l’étranger de régler leurs problèmes de religion, ils les ont déjà réglés depuis longtemps. Ils savent quoi faire, comment faire, avec qui faire… En revanche, les Musulmans ont besoin de cette intercession.

C.J.N.: Vous préconisez un rapprochement entre les Communautés juive et musulmane marocaines de Montréal. Mais force est de constater que les relations entre ces deux Communautés sont aujourd’hui quasi inexistantes.

A. Sasson: C’est vrai. Aujourd’hui, il n’y a pas de relations entre ces deux Communautés, alors que quand la Communauté musulmane marocaine avait commencé à s’installer au Québec, il y avait beaucoup plus d’échanges, notamment au niveau des étudiants, qui sollicitaient des familles juives montréalaises pour les aider dans leur intégration et même pour les dépanner financièrement. Mais, au fur à mesure que la communauté musulmane a mûri et grossi, qu’elle est devenue plus importante, elle s’est évidemment tournée vers ses propres problèmes: la religion, l’état civil, la citoyenneté… La relation avec la Communauté juive n’était plus alors sa priorité.

Je pense qu’avec ce Maroc nouveau qui se forme, avec cette nouvelle relation qu’on veut favoriser entre immigrés, qu’ils soient Canadiens ou en cours de le devenir, ça va peut-être créer une nouvelle dynamique. Plusieurs de nos coreligionnaires institutionnels, à la Communauté sépharade du Québec et à la Fédération Sépharade du Canada, essayent aussi de favoriser ce rapprochement intercommunautaire entre Juifs et Musulmans.

C.J.N.: Le sempiternel conflit israélo-arabe n’est-il pas le principal point de blocage du dialogue entre Juifs et Musulmans marocains?

A. Sasson: Disons que c’est un point de malaise plus qu’un point de confrontation. Mais, aujourd’hui, beaucoup de nos amis, camarades et concitoyens musulmans arrivent à dépasser ce point de malaise. Ce n’est pas facile, mais ils arrivent à le surmonter parce que le Maroc se démocratise, la parole s’est libérée. D’un côté comme de l’autre, on parle volontiers, et en toute franchise, de sujets qui fâchent.


Scientist Albert Sasson, the only Jewish member of the advisory committee on human rights in Morocco, was recently sent by King Mohammed VI to talk to the Sephardi community about his country’s move to create a council of Moroccans living abroad.





Re: Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: Mostafa (IP enregistrè)
Date: 28 juin 2007 : 22:51




Il est à rappeler et à bien souligner que les juifs et les berbères sont les premiers habitants du Maroc. Ils étaient là, bien avant l'invasion des arabes venus de l'est. Aucun marocain arabe musulman ne peut alors avoir des droits sur le Maroc autant qu'un marocain de confession juive.

Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: james cohen (IP enregistrè)
Date: 30 octobre 2007 : 02:51

Citation:
redalinho
http://www.yabiladi.com/article-societe-1869.html
Il n’est de pire injure, pour les 5 000 juifs qui refusent de quitter le Maroc, leur patrie, que de s’entendre dire qu’ils sont «eux aussi» Marocains. Ce «eux aussi» signifie implicitement, qu’ils sont une population «de plus», ou de second rang. Or, eux considèrent que leurs racines plongent si profondément dans le terroir marocain que le judaïsme est bien, historiquement, la première religion monothéiste qu’ont embrassée les premiers habitants de ce pays, les berbères. Une histoire riche de 2 000 ans, bien avant l’apparition du christianisme et, de loin, avant la conquête islamique.


JE SUPPOSE QUE LES 5000 JUIFS RESTES AU MAROC , N'ONT PAS D'AUTRE SOLUTION ,RACINES OU PAS ILS SERAIENT BIEN CONTENTS D'ETRE AILLEURS !!
LE PRINCIPAL EST DE GARDER SA RELIGION D'ORIGINE !! S'ILS EN SONT LIBRES !!




Les juifs ne sont pas "aussi" marocains mais marocains tout court
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 10 novembre 2007 : 00:38

A ce sujet, un Professeur universitaire, Mohamed Kenbib est l’auteur du livre “Juifs et Musulmans au Maroc 1859-1948”.
Dans l’entretien accordé à MHI, cet historien-chercheur parle de la communauté juive au Maroc de ces racines historiques et de son évolution. Il apporte un éclairage de spécialiste sur la situation de nos compatriotes de confession juive dans le contexte actuel.•



Mohamed Kenbib

“L’apport de la communauté juive est considérable”



Maroc Hebdo International : Peut-on parler encore de judaïsme marocain quand on sait que la communauté juive du pays ne compte plus que 3000 personnes ?

- Professeur Mohamed Kenbib : Le chiffre de 3000 est approximatif. Il mérite d’être vérifié. Est-il possible de parler encore, pour reprendre votre expression, de judaïsme marocain ? À mon sens, les deux aspects ne sont pas nécessairement liés. Et ce dans la mesure où le judaïsme marocain peut ne pas se limiter strictement au cadre territorial marocain. Des Juifs d’origine marocaine vivent un peu partout dans le monde et n’en continuent pas moins de cultiver la dimension marocaine de leur identité et d’exprimer leur appartenance à ce que l’on peut appeler par commodité de langage « le judaïsme marocain ». Si on veut schématiser, on peut assimiler ce qu’on entend par là à une sorte de vaste communauté ethno-religieuse et culturelle où l’ancrage géographique, le Maroc en l’occurrence, a sa place au niveau de l’imaginaire et de l’affect.

• MHI : Qu’en est-il du judaïsme marocain sur place ?

- Mohamed Kenbib : Au Maroc même, il me semble que l’on doit prendre en considération deux aspects, l’un ayant trait au présent et l’autre s’inscrivant dans le passé et la longue durée. Pour ce qui est du premier aspect, le fait est qu’un certain nombre de milliers de nos concitoyens sont de confession juive. En tant que tels, et quel que soit leur nombre, ils perpétuent un judaïsme enraciné dans le paysage marocain depuis plus de deux mille ans. Cette communauté a ses institutions, ses synagogues, ses écoles, ses maisons de retraite, ses fêtes religieuses, ses moussems… Elle est partie prenante dans la diversité culturelle du pays. Si l’on considère ce qui s’est passé et ce qui se passe sous d’autres horizons, je crois qu’il s’agit là d’une sorte «d’exception», dans le sens positif du terme, qu’il convient de souligner.

• MHI : Quel est l’apport de la communauté juive à la culture marocaine ?

- Mohamed Kenbib : Il y aurait sans doute lieu de préciser que l’on avait affaire dans le passé non pas à une communauté mais à des communautés juives. Il est peut-être superflu de rappeler ici la distinction classique entre les Juifs dits Tochabim, qui s’appelaient eux-mêmes «beldiyines», établis au Maroc depuis l’Antiquité, et leurs coreligionnaires Meghorachim expulsés d’Espagne en 1492..
Peut-on présenter en quelques mots la nature exacte et l’étendue (ou les limites) de l’apport que vous évoquez ? On ne peut tout au plus le jauger en n’oubliant pas le caractère multi - séculaire de la présence juive dans le pays et la fréquence des niveaux d’interpénétration et d’interaction avec l’environnement musulman. Par ailleurs, il ne faudrait pas perdre de vue le rôle de «médiateurs», ou d’intermédiaires, rempli par les Juifs dans les relations du Maroc avec l’Europe. De par leurs «fonctions» à ce niveau, ils ont servi de courroie de transmission d’un certain nombre d’innovations techniques apparues en Occident.

• MHI : Pouvez-vous illustrer le propos par quelques exemples qui nous permettraient d’appréhender, de manière concrète et vivante en quelque sorte, en quoi consistait précisément pareil apport. En quoi était-il perceptible au quotidien ?

- Mohamed Kenbib : Cet apport a été «multiple». Au niveau du costume, par exemple, les Juifs, ou tout au moins des éléments appartenant à leurs strates supérieures, ont été quasiment les premiers à endosser des vêtements de type occidental. Ceci est valable aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Celles-ci ont été, par ailleurs, les premières à utiliser des machines à coudre. Elles ont aussi précédé les Musulmanes dans l’apprentissage de la dactylographie et à enseigner. Dans l’intérieur des maisons, c’est en milieu juif qu’est d’abord apparu «le salon européen» (ou «roumi») aux côtés du traditionnel «seddari». C’est aussi dans les mellahs que l’on a commencé à s’éclairer aux lampes à pétrole. L’on pourrait évoquer aussi l’éducation moderne, l’apprentissage et l’usage des langues étrangères. L’actualité qui est la nôtre et le débat ouvert autour de la Moudawwana m’incite à indiquer que les communautés juives ont à leur actif plusieurs siècles d’avance concernant la question de la polygamie. Ce sont les «Meghorachim» qui ont contribué, au fil du temps, à l’évolution des familles juives vers la monogamie. En incitant leurs coreligionnaires «Tochabim» à adopter les «Ordonnances de Castille», ils ont fait tomber en désuétude une pratique qui était courante auparavant. On peut évoquer aussi la «Kettouba» : il s’agissait d’un véritable contrat de mariage dans lequel la famille de la mariée faisait spécifier explicitement les conditions auxquelles elle consentait à son mariage et mentionnait, par exemple, les cas où elle était en droit d’obtenir le divorce même en l’absence de l’époux. Il faut cependant préciser que, jusqu’au lendemain de la Deuxième guerre mondiale pratiquement, les mariages précoces restaient l’une des plaies des mellahs.

• MHI : Les Juifs du Maroc se considéraient-ils véritablement chez eux dans ce pays ?

- Mohamed Kenbib : Il n’est guère possible ici d’entrer dans le détail et de préciser ce que l’on entend exactement par sentiment national, nationalisme, patriotisme, appartenance nationale, communauté de destin…De manière très générale, on peut dire que les juifs ont été à la fois témoins et acteurs de l’histoire du Maroc. Ils considéraient le Maroc comme leurs pays. Faudrait-il rappeler à cet égard qu’ils ont commencé à commémorer dans les synagogues la victoire de Oued El Makhazine dès 1578. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y avait pas des périodes de tension et de heurts violents entre les individus et les groupes. La détérioration du contexte général se répercutait évidemment sur les relations intercommunautaires. En périodes de sécheresse prolongée, par exemple, l’instabilité affectait tout le monde.

• MHI : Si vous aviez à vous prononcer sur la situation actuelle que diriez-vous de ce sentiment. Les Juifs du Maroc ont-ils le sentiment d’être des citoyens à part entière ?

- Mohamed Kenbib : Vous n’ignorez pas les dispositions de la Constitution et l’égalité qu’elle établit entre tous les citoyens, qu’ils soient musulmans ou juifs. Les aléas de la conjoncture et les images d’horreur dont nous assaillent les médias ne doivent pas, à mon sens, nous inciter à mélanger les genres et à perdre de vue l’essentiel. Demandez à nos concitoyens Edmond A. El Maleh, Abraham Serfati, Simon Lévy et Sion Assidon, par exemple, s’ils se considèrent moins marocains que vous et moi! Ce serait les offenser et porter gravement atteinte à leur engagement citoyen précisément que de leur poser pareille question… Et que dire aussi de tous ces vieillards d’origine modeste que la communauté prend en charge et qui, dans leur jeunesse ou à l’âge adulte, ont préféré rester au Maroc ? Qu’est-ce qui les a retenus si ce n’est le sentiment qu’ils étaient chez eux ici ?

• MHI : Comment expliquez-vous précisément l’exode massif des Juifs marocains et qu’en l’espace de quelques décennies ils ne soient plus que près de 3000 alors qu’ils étaient près de 250.000 avant le début de l’ère coloniale ?

- Mohamed Kenbib : Le phénomène est complexe en raison de la diversité des facteurs qui l’ont provoqué. En gros, disons que le processus s’est enclenché à la veille de la création de l’Etat d’Israël. Le rôle des organisations sionistes à été décisif dans ce que j’ai qualifié de «transferts» et de «déracinement stricto sensu» dans mes publications. Le sionisme n’explique pas tout. Pour comprendre l’étendue et la rapidité du phénomène, il me semble qu’il faut prendre en considération les mutations économiques, sociales et culturelles que le Maroc a connues depuis pratiquement le milieu du XIXème siècle. Ces mutations se sont amplifiées encore davantage et accélérées sous le régime colonial. Elles ont fini par frapper de caducité les «fonctions» économiques traditionnelles des Juifs. Ceci veut dire que la paupérisation et l’absence de perspective ont provoqué des prédispositions au départ. La propagande menée par les activistes sionistes sont couvertes de «philanthropie» et les passions soulevées par les affrontements en Palestine ont fait le reste.

• MHI : Peut-on affirmer, au risque de choquer, que les Marocains sont antisémites ?

- Mohamed Kenbib : Dire qu’un Arabe ou un Berbère est antisémite est en tant que tel déjà, si je puis dire, une contradiction dans les termes. Il est inutile de s’étaler sur ce qu’on entend par Sémites… Si l’on veut parler de judéophobie, c’est autre chose. Mais même dans ce cas, comment expliquer une cohabitation multi-séculaire marquée d’innombrables formes de complémentarité, voire de symbiose, si on attribue à la majorité des sentiments de haine des Juifs ? Pour répondre à cette question, il faut sortir du cadre marocain et comparer avec le vécu et le devenir de communautés juives en Europe aussi bien au Moyen-Age qu’à l’époque moderne et surtout à l’époque contemporaine. Pour le cas qui nous concerne, les turbulences moyen-orientales, la tragédie qui se joue sous nos yeux en Palestine et la politique suivie par le gouvernement israélien dans les territoires occupés ne doivent pas nous conduire à de dangereux amalgames. Le judaïsme ne se confond pas avec le sionisme politique.

• MHI: Il y a tout de même eu assassinats de juifs marocains, dans la foulée du 16 mai!

- Mohamed Kenbib : Ceci étant dit, comment expliquer les événements du 16 mai? L’historien est habitué à travailler loin de l’immédiateté.
Il a pour lui la «terre ferme» des archives. Je vous réponderai donc en tant que citoyen essayant de rester attentif à ce qui se passe autour de lui. Comme vous le savez, et en l’état actuel de ce que les médias ont porté à la connaissance du public, c’est de terrorisme qu’il s’agit. L’écrasante majorité des victimes des attentats de Casablanca sont des Musulmans. Que des institutions juives aient été la cible des terroristes ne change rien à la nature du problème.
Et les Musulmans qui sont descendus en masse pour manifester et exprimer leur solidarité avec leurs concitoyens juifs ont donné la réponse appropriée à tous ceux qui cherchent à faire de l’amalgame. La menace nous concerne tous et il n’y a pas de distinguo ethno-religieux à faire face à ce péril.

• MHI : Qu’en est-il des recherches menées à l’Université sur la dimension juive de l’histoire et de la culture marocaine ?

- Mohamed Kenbib : Là aussi il y aurait de saines comparaisons à établir entre ce qui se fait chez nous et ce qui se fait ou ne se fait pas ailleurs. Je crois que le bilan est globalement positif dans le domaine historiographique, linguistique et littéraire en particulier.
Ces acquis nous permettent de nouer ou de poursuivre, dans le domaine académique, des relations de coopération et de partenariat avec des institutions universitaires étrangères sur un pied d’égalité. En ces temps de globalisation où la culture et le savoir constituent des enjeux de première importance et où les velléités hégémoniques prennent une acuité particulière, pareils acquis méritent d’être rappelés.

Source : [www.maroc-hebdo.press.ma]




NOS JUIFS MAROCAINS
Posté par: akachmir (IP enregistrè)
Date: 26 octobre 2007 : 01:48

NOS JUIFS MAROCAINS


Le judaïsme berbère remonte très loin dans le temps, les navigateurs commerçants phéniciens, sans qu’il soit possible de situer exactement la date à laquelle cette migration a commencé. Certains la font remonter à l’époque de Salomon (1er millénaire av. J.-C.), d’autres à la période qui a suivi la destruction du Premier Temple (587 av. J.-C.), d’autres encore à une date plus récente, après la destruction du Second Temple (70 de l’ère chrétienne).Une première remarque s’impose : de tous les peuples qui, très tôt, ont commencé à se déplacer en Méditerranée d’Est en Ouest, seuls les Juifs n’avaient aucune visée conquérante ou colonisatrice et tout à fait paradoxalement, de tous les peuples qui se sont succédés, les seuls ont survécu jusqu’à nos jours, s’infiltrant dès le début et s’intégrant dans la trame de la société et de la culture locales. Très tôt, ils essaimèrent depuis les comptoirs phéniciens côtiers vers l’intérieur des terres, s’insérant de manière organique dans chaque tribu, chaque village, s’imprégnant de l’environnement et l’influençant en retour.
Ironie du sort : ceux qui ont su et pu survivre à tous les bouleversements qui ont secoué la région, se sont trouvés, au milieu de ce siècle, impliqués, imbriqués dans un autre phénomène historico-politique non moins étonnant que leur survie. C’est celui du retour en masse des juifs du Maghreb et d’Orient, sous l’impulsion de la vague messianico-sioniste des années 50 et 60, vers la même terre qui a vu certains de leurs lointains ancêtres, plusieurs siècles auparavant, partir à l’aventure en compagnie des intrépides marins de Tyr et Sidon. Ici semble se clore un chapitre passionnant de l’histoire des migrations en Méditerranée. Fin d’une coexistence qu’évoquent avec nostalgie ceux qui sont restés sur place, beaucoup moins ceux qui sont partis vers leur nouveau antique destin.
Le « printemps berbère », comme a été baptisé l’éveil ethno-culturel amazigh, constitue une motivation supplémentaire pour tenter d’élucider ce phénomène d’osmose entre le Maghreb préislamique et les premiers représentants du monothéisme que les Berbères ont rencontrés, ce qui les a probablement préparés à adopter plus facilement l’autre version du monothéisme, celle de l’islam. Cette rencontre judéo berbère que certains auraient tendance à décrire comme un coup de foudre, présente des aspects énigmatiques que l’absence de preuves historiques irréfutables rend encore plus obscurs. L’intérêt très marqué de la part de certains militants pour le judaïsme, qu’ils considèrent comme une composante de leur identité, est à la fois un adjuvant et un danger. Une recherche plus poussée s’impose pour en savoir plus sur les affinités, les apports mutuels et les relations réelles entre la communauté juive minoritaire qui a conservé sa pleine et entière autonomie religieuse et culturelle, et la communauté berbère majoritaire qui, malgré son islamisation totale, a cependant conservé dans son patrimoine quelques traces indélébiles de son contact avec le judaïsme bien avant l’arrivée de l’islam.

Mais qui sont les Berbères ? Ont-ils toujours vécu en Afrique du Nord et aux abords du Sahara ? L’incertitude des historiens et des archéologues, l’insuffisance de preuves épigraphiques, laisse la place libre à l’imagination qui, de toute façon et traditionnellement, s’est donné libre cours, renforcée en cela par certains écrits juifs et arabes du Moyen Age. Ces écrits font état de légendes sur l’origine « cananéenne » des Berbères, dont l’ancêtre ne serait autre que le célèbre chef militaire Goliath (en berbère Jalout). Le légendaire s’imbrique ici dans l’histoire, l’interprète, la pervertit, l’idéalise, favorisant l’exploitation idéologique, culturaliste. Il faut dire qu’il y a là une sorte de revanche de la part d’une civilisation dénigrée cherchant à se réhabiliter, en minimisant ce qu’elle doit à l’environnement culturel dominant et en amplifiant la dette qu’elle pense avoir contractée vis-à-vis d’une autre, dénuée, celle-là, de toute prétention à l’hégémonie. Mais il y a davantage : outre le mythe de l’origine juive (ou cananéenne), a cours une autre thèse reconnue plus ou moins comme historique, bien qu’encore insuffisamment attestée, selon laquelle les Berbères auraient été en partie judaïsés. Les divergences à ce sujet entre historiens vont bon train, principalement quand il s’agit de la figure historico-légendaire de la Kahina.
La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme. Le droit berbère, azref, dit « coutumier », contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, « laïque » et égalitaire, et n’impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, « protégé », soumis à certaines obligations et interdictions. Le juif occupait une place bien définie dans le système socio-économique du village berbère : il remplissait généralement la fonction soit d’artisan (orfèvre, cordonnier, ferblantier), soit de commerçant, l’une et l’autre occupation pouvant être ambulantes. Aujourd’hui encore, après trente ou quarante ans, les villageois de l’Atlas et des vallées sahariennes se souviennent avec nostalgie du temps où les juifs faisaient partie du paysage, allant jusqu’à imputer à leur absence la raison de leurs misères actuelles.
Peut-on en dire autant de l’image du Berbère musulman auprès de son ex-compatriote juif ? Rien n’est moins sûr. Il y a eu là comme un refoulement chez les juifs berbères immigrés en Israël quant à leur passé, dû sans doute à plusieurs raisons : leur nouvelle identité israélienne acquise « aux dépens » de leur précédente identité, les préjugés et quolibets qui frappaient et frappent encore les « chleuhs » (même en Israël). Leurs enfants et petits-enfants, nés en Israël, sont dans l’ignorance totale du patrimoine berbère de leurs parents.
La recherche sur les Juifs vivant parmi les Berbères reste encore à faire et nous sommes conscients des lacunes qui restent à combler. Ce que j’ai essayé de montrer dans cette recherche est que notre savoir sur les Juifs ruraux du Maroc, reste largement tributaire des stéréotypes sur le Juif berbère. Ces stéréotypes sont acceptés aussi bien par le colonisateur et que par les colonisés, reflétant les divisions qui ont été entretenues en Israël du fait de la parennité des mythes concernant les Juifs berbères. Haïm Zafrani a même identifié un texte sacré, la Haggada de Pesah, écrit en amazigh.

Les propos d’El Bekri témoignent de leurs succès, dit-il « Fez est le centre d’activité commerciale des premiers Juifs expulsés d’Andalous. Ce fut à Fez que Moshé Ibn Maïmoun dit Maïmoudi rédigea en arabe vers 1159-1165 sa célèbre Epitre sur la persécution (Igueret Hachemad). Il préconisait pour sa part, soit de quitter ces lieux pour aller là où on pourra pratiquer la Torah sans crainte ni peur ». En 1165 le Dayan de Fez est brûlé vif. Les Juifs sont restreints à porter des vêtements distinctifs, bleus et larges, avec la tête couverte d’un châle jaune. Il est difficile d’évaluer l’impact des recommandations sur le maintien de la communauté juive, en particulier à Fez, jusqu’à l’événement des Mérinides, où elle s’impose avec éclat. En 1438 les Juifs de Fez sont accusés d’avoir profané une mosquée et sont contraint de s’installer dans un nouveau quartier près d’une mine de sel, qui prendra le nom de « mellah » Des conseils sans doute ont contribué à nourrir la suspicion tenace dont étaient entourés les Juifs convertis à l’Islam. Descrimination dictée par des considérations autour de ce haut lieu du commerce fassi qui était la kissaria ? En tout cas les musulmans fassis d’origine juive, furent par s’imposer dans tous les domaines. La communauté juive diminuée par les conversions mais grossies par l’arrivée d’autres vagues successives en provenance de la péninsule ibérique, d’ailleurs bénéficia d’un apport décisif en 1391-1392. L’une de leur particularité fut leur intégration avec les autochtones fassis. La stabilité intervient à partir de 1470 et surtout en 1492 avec l’afflux des réfugiés.

Après l’avènement de l’Islam et surtout au milieu du XIIe siècle sous le règne des Almoravides, la conversion était sous la contrainte, les non convertis étaient simplement exécutés. Pendant cette période plusieurs tribus juives ou berbères judaïsmes furent convertis à l’Islam et nous en portant les gènes. Et là, c’est un grand tabou. Combien de marocains sont actuellement juifs convertis à l’Islam ? En toute logique statistique un peuple installé depuis des milliers d’années ne peut pas se réduire sans raison. Notre subconscient « Si on cherche dans nos racines, nous risquons de tomber sur un ancêtre Juif ». Des grandes familles et des tribus musulmanes portent toujours des noms hébraïques. Il y a lieu de rappeler que notre territoire a connu la coexistence des trois religions manotheistes : Judaïsme, Christianisme et Islamisme. Les traces des ancêtres éponymes de plusieurs tribus amazighes : Ait Daoud (David), Ait Ishaq (Isaac), Ait Yacoub (Jacob)……,et pour l’Islam Moh, Moha , Ait M’hammed (Mohamed), Akka (Abdelkader), Bihi (Brahim), également on remarque un manifeste dans les arts culinaires, artisanat, agriculture et notre monnaie ancienne est gravée de l’étoile David. C’est au Maroc et Afrique du Nord qu’une grande partie du peuple Juif a réussi à vivre en paix alors que partout au monde les Juifs ont subi les pires répressions, c’est un motif de fierté pour Imazighen. La tolérance a toujours guidé leur mode d’existence.

Ils furent les premières victimes des troubles et des soulèvements provoqués par l’ingérence des Européens. Tant que les raisons complexes qui ont poussé cette communauté installée depuis plus de deux milliers d’années au Maroc à s’exiler, n’auront pas été clairement enseignées dans les livres d’histoire, les générations futures ne pourront jamais concevoir que l’on peut être juif et marocain. Pour eux « le vieux Maroc » s’écroula en montrant son plus mauvais visage, celui de la haine et des persécutions. Le Judaïsme marocain traversa alors des moments difficiles tout en connaissant une crise interne du fait de l’opposition en son sein entre une minorité agissante largement éprise de modernité et une majorité demeurée fidèle sur le plan culturel, intellectuel et encore plus religieux, à une tradition figée depuis l’arrivée des expulsés d’Espagne en 1492-1497. Bien après des années 1940, ils furent victimes de discrimination raciale instaurée en France, la communauté qui épouse les idéaux du colonisateur au point de vouloir prendre sa nationalité, se trouve en butte contre sa politique raciste

Depuis 1860 avec le processus de modernisation imposé par les puissances étrangères sous le règne de Sidi Mohamed ben Abderrahman, la France en l’occurrence, un processus dans lequel la minorité juive adopte un comportement très différent de la majorité musulmane. C’était un point de départ aussi lors de la prise de Tétouan par l’armée espagnole à la suite d’une escarmouche avec l’armée marocaine dès le règne de Maulay Yazid ben Sidi Mohamed. C’est aussi de cette date que commence l’intérêt des organisations philanthropiques juives internationales d’Angleterre, d’Allemagne, des Etats-Unis et surtout de la France pour le Judaïsme marocain. La démarche était d’intervenir auprès des autorités marocaines en vue de l’amélioration de leurs conditions sociales et surtout de leur statut « Dhimmis » qui leur était imparti en temps que minorité religieuse. Il faut également reconnaître que la rigidité de la politique marocaine dans ce domaine leur facilita la tache. Une minorité agissante était conquise à l’appel de la modernisation, la grande majorité des Juifs marocains étaient conservateurs. En dehors de l’orfèvrerie, de la frappe de monnaies, du travail de cuirs, de laines et de fabrication d’armes, les Juifs intervenaient par le biais « d’associations » dans l’agriculture (oliviers, figuiers, vignobles) et jouaient un rôle important dans le ramassage de ce produit stratégique. . Pour ce qui est de notre histoire, les Berbères et les Juifs ont cohabité en harmonie. Des Berbères furent convertis au Judaïsme, des brassages génétiques avaient lieu, alors du fait de l’absence de l’obstacle religieux. Les premiers Juifs sont arrivés cinq siècles avant J.C, donc les Marocains par leurs ancêtres ont du être juifs ou animistes. Les Arabes sont venus en colonisateurs, il a fallu asseoir l’Islam et la civilisation, ils ont donc piétiné tout ce qui existait déjà. L’histoire berbère en a également fait les frais.

De 1912 au 1927, les opérations de pacification se poursuivent ; grâce à l’alliance israélite, l’enseignement du français va prendre une importante considérable dans la communauté juive. Le protectorat permettra également l’immigration des Juifs vers l’Amérique du Nord et du Sud. La communauté juive en France bien avant la première guerre mondiale n’eut son salut que grâce à l’intervention du Roi Mohamed V, il l’a soutiendra à plusieurs reprises, il a ainsi déployé un énorme parasol royal qui a protégé les Juifs marocains de la vindicte génocidaire de l’Allemagne nazie et de ses exécutants, par procuration, de Vichy.
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En juin 1948 quelques jours après la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël des persécutions ont éclaté à Jerada et à Oujda. En 1954 à la veille de l’indépendance du Maroc, dans les mellahs de Casablanca, de Rabat, des biens ont été pillés, des écoles saccagées et des synagogues brûlées car pour les jeunes marocains le Juif est d’abord Israélien. Cette vision existe même chez une certaine élite marocaine. Après la résistance de Mohamed V qui réduit la pression de la résidence sur les Juifs marocains, le Roi entre publiquement en dissidence selon une note du Quai d’Orsay lorsqu’il déclare aux notables juifs invités à la fête de trône « Je n’approuve nullement les lois anti-juives et je refuse de m’associer à une mesure que je désapprouve. Je tiens à vous informer que comme par le passé, les israélites restent sous ma protection et je refuse qu’aucune distinction soit faite entre mes sujets ». Puis une audience secrète accordée aux représentants de la communauté juive afin de les assurer qu’ils ne seront, en aucun cas, dépouillés de leurs biens. Ces actes font de lui jusqu’aujourd’hui comme leur sauveur, le plus grand, le plus juste et aussi l’un des dirigeants les plus tolérants que les Juifs n’aient jamais connu dans leur histoire.

Chez les Ahl Debdou, le tombeau de Sidi Youssef Elhadj que Musulmans et Juifs se réclament de lui. Toujours à Debdou la tombe du Rabbin Chloumou Mimoun (au temps des Mérinides), il y existe un clan d’Aoronides au XIXe siècle à propos d’eux, Sloush écrit « Les Berbères préférent tuer vingt musulmans que de toucher à un seul Juif ». Sidi Ali ou Yahia dit Bou Tkhnift ancêtre des Ait Sidi Ali aussi Ait Serghouchène tous sont des marabouts d’El Mers. Un tombeau juif à Rich (Rachidia) de Rabbi Itzhak Abessehra, un autre à Ben Ahmed, celui de Rabbi Yahia Lakhdar, un autre à Ouezzane, celui de Amrane Bendiwana, un autre…… Des dizaines de mausolés sont visités annuellement par des Juifs du Maroc et du monde entier qui viennent spécialement pour célébrer leur saint. C’est la fameuse Hiloula ; Chinoune plus connu sous Sidi Chenaoui, aussi Daniel ou Sidi Diniale sont des saints juifs qui sont également visités par des pèlerins berbères musulmans.

Les Juifs berbères sont non seulement des sujets de fierté pour nos concitoyens, mais ces marocains juifs sont nous et nous sommes eux. Ils étaient nos collègues au travail, nos copains de classe, nos partenaires en affaires, nos voisins. Il est crucial pour nous autres marocains de renier notre propre identité. On trouve donc surprenant aujourd’hui que les Juifs marocains véhiculent la culture marocaine alors que l’on trouverait cela normal si c’étaient des musulmans. Aujourd’hui la nouvelle génération c’est uniquement l’Israélien vu à la télévision par contre l’ancienne génération c'est-à-dire nos arrières grands pères, le lien entretenu était étroitement lié à l’espace dans lequel on se situait. Une autre raison importante est la méconnaissance totale des marocains de leur vraie histoire : les Arabes sont venus en colonisateurs, il fallait asseoir l’Islam et la civilisation arabe, donc ils ont piétiné tout ce qui existait déjà. L’histoire des Berbères en a également fait les frais. Il y a eu d’autres éléments comme la colonisation. On évoque souvent le Dahir berbère, mais on oublie de parler des autres pratiques qui ont favorisé la séparation des communautés juives, berbères et arabes.

Les contingents Amazighs conduits par les chefs dans de fructueuses conquêtes faites au nom de l’Islam furent amenés tout naturellement à la conversion. A vrai dire c’est étrange cette merveilleuse histoire de transformation d’une population de plusieurs millions d’Amazighs par quelques milliers de bédouins. Les communautés juives marocaines ont été plurielles, leur cœxistence avec l’autre n’a pas été linéaire. Elles dépendaient étroitement des religions, des tribus et des espaces partagés. C’est cette pluralité qui s’est inscrite de manière indélébile dans l’identité marocaine. La fête de la Mimouna qui se tient chaque année, le dernier jour de Pâque, à cet occasion les familles juives préparaient un panier plein de mets juifs et allaient prendre leur premier thé sucré chez une famille musulmane. En échange de l’offrande, la famille recevait de la part de ses hotes musulmans de la farine, du lait et du miel. Cette fête a donc institutionnalisé le dialogue entre les communautés et nulle part on ne retrouve une telle symbiose. Autrefois les mères juives et marocaines (musulmanes) avaient l’habitude d’allaiter chacune l’enfant de l’autre, si un bébé musulman pleurait, la mère juive l’allaitait et vice versa. Les familles juives aisées pratiquaient également les métiers de courtage, le commerce de produits agricoles et une activité interdite aux musulmans : le prêt à intérêt.

A l’indépendance en 1956, des Juifs vont occuper des postes importants, les positions hostiles du Parti de l’Istiqlal vont favoriser une nouvelle émigration, souvent dans la clandestinité mais tous ces Juifs gardent toujours une partie de leur cœur au Maroc, leurs ancêtres ont vécu près de trois millénaires.

Aujourd’hui plus de la moitié des Marocains sont défavorables aux Juifs. La situation désastreuse dans les années 80 des camps de Sabra et Chatilla a écoeuré les Marocains au point de considérer tous les Juifs comme des monstres. Une autre raison importante est la méconnaissance totale par les Marocains de leur histoire.

Si le coeur qui bat pouvait parler

NOS JUIFS MAROCAINS
Posté par: james cohen (IP enregistrè)
Date: 30 octobre 2007 : 02:18

ON DIT EN HEBREU "IL NE FAUT PAS CRACHER DANS L'ASSIETTE DANS LAQUELLE TU AS MANGE" CELA EXISTE CERTAINEMENT EN ARABE " ET BRAHT ELLAH" NOUS AVONS TRES BIEN VECU AU MAROC !! QUOIQUE TOUJOURS CONSIDERES COMME DES DEMIS-FRERES ( que nous sommes depuis AVRAHAM )!!

EN FAIT CE SONT LES TENDANCES NATIONALISTES ( des deux cotes) QUI NE NOUS ONT PAS PERMIS DE SUIVRE UN CHEMIN COMMUN !!

QUANT AUX CONFLICTS ACTUELS , ILS SONT BEAUCOUP PLUS COMPLIQUES QU'ON
NE LE CROIT, IL Y A EUT CERTAINES ERREURS J'EN CONVIENT ,MAIS NOS
PAYS VOISINS NE SONT PAS NON PLUS TRES INNOCENTS !!! b^bb^b%>M%>M

NOS JUIFS MAROCAINS
Posté par: akachmir (IP enregistrè)
Date: 09 novembre 2007 : 03:38

J'ai posté par erreur mon sujet" Nos Juifs marocains"dans ce forum. Je vous prie de trouver les réponses dans le forum "LE MAROC" de ce même Site et merci.

Si le coeur qui bat pouvait parler



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