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L'Atlas et la Lettre ouverte aux astronomes de Fès et Marrakech par Cassini
Posté par: Lakhdar Omar (IP enregistrè)
Date: 14 février 2010 : 14:52

Selon Cassini, le nom de notre fameuse chaîne de montagne : l’Atlas, serait le nom d’un roi d’un royaume berbère qui avait existé bien avant de l’arrivée des carthaginois au Maroc (600 ans avant notre ère). En reconnaissance des connaissances d’Atlas en astronomie, les Grecs, auraient porté au ciel les noms de toute la famille d'Atlas, Électre, Maïa, Taygète, Stérope, Mérope, Alcyone et Céléno les donnant aux étoiles de la plus petite mais plus remarquable constellation, qui est celle des Pléiades (Thuraya), dont chaque étoile porte le nom propre de ses filles, tel qu'on le lit encore aujourd'hui dans nos catalogues d’étoiles modernes.
On peut aussi comprendre à travers les éléments de la lettre que les savants marocains étaient des érudits en astronomie. Ils avaient découvert des objets célestes, tenaient des assemblées ou séminaires périodiques entre eux… Mais que reste-t-il de tout cela ?
Rappelons que la montagne Atlas fut connue par les autochtones par Adrar n-Dern , qui signifie en berbère : ‘La montagne des Montagnes’. Le géographe Al Idrissi (1100 - 1165), la mentionna avec ce nom.

Cette histoire s’était passée lors de la visite de l’ambassadeur marocain Abdallah Ben Aïcha à Versailles en 1699. Il fut chargé par le Sultan Moulay Ismaïl d’une ambassade auprès du roi Louis XIV. La curiosité d’Ibn Aïcha était inlassable. Lors de sa visite à l'Observatoire de Paris, il fit la connaissance du grand astronome français Cassini Jean Dominique, dit Cassini 1er (1625-1712). Né près de Bordighera, dans le golfe de Gênes, Cassini était appelé en France par Colbert à la tête de l'Académie des sciences en 1669 et dirigea, à la demande de Louis XIV, l'observatoire de Paris. Il découvrit deux satellites de Saturne. La famille des Cassini constitue entre autre, le point de départ de l’histoire de la cartographie actuelle. Avant le départ d’Ibn Aïcha pour le Maroc, Cassini lui remit une lettre qui n'est pas une des moins curieuses de cet astronome. En voici le contenu sad smiley1)

« L'ambassadeur de votre grand roi, qui, pendant le temps de son séjour en France, a donné dans toutes les occasions des marques d'esprit et de sagesse, étant venu à l’'Observatoire royal, a considéré la magnificence de ce bâtiment destiné aux observations astronomiques, comme un monument éternel de la protection que notre grand monarque, Louis le Grand, prend des sciences les plus sublimes, et les plus utiles à la société humaine.
« Il a admiré la construction singulière, et considéré attentivement les instruments et les machines dont il est fourni, et en a voulu savoir distinctement les usages; il aurait souhaité que vous eussiez les mêmes commodités d'exercer le talent que vous avez pour l'astronomie; il nous a assuré que vous en avez des écoles nombreuses, et que vous vous assemblez en certain temps de l'année pour conférer vos observations et en tirer des conséquences. Vous êtes dans un climat tout propre pour les observations du ciel, où elles ont été cultivées par les plus célèbres astronomes de toute, l'antiquité.

« Nous ne considérons pas comme, de simples fables, les découvertes d'Atlas, roi de Mauritanie, qui, ayant inventé la sphère artificielle, donna sujet aux poètes de dire qu'il soutenait le ciel, et que dans ce travail il fut soulagé, par Hercule, qui fut son disciple clans l'astronomie. Les plus célèbres de nos anciens poètes héroïques relèvent magnifiquement ce qu'Atlas enseigna des éclipses du soleil et de la lune et les constellations du ciel, qu'il fait le sujet des cantiques qui se chantaient sur les instruments en Afrique, aux festins des princes, avant l'empire des Carthaginois. Les plus anciens poètes de la Grèce, en reconnaissance de ces belles inventions, ont porté au ciel les noms de toute la famille d'Atlas, les donnant aux étoiles de la plus petite mais plus remarquable constellation, qui est celle des Pléiades, dont chaque étoile porte le nom propre de ses filles, tel qu'on le lit encore aujourd'hui dans nos catalogues modernes. On les comptait anciennement au nombre de sept, mais il rapporte qu'il y en eut une qui se cacha, dans l'embrasement de Troie: ce qui peut être pris pour une époque de l'observation de quelques étoiles fixes, qui se voient pendant quelque temps et se rendent ensuite invisibles.
«Nous en avons observé plusieurs de nos jours, et je crois que vous en aurez observé aussi; car M. l'ambassadeur m'assure qu'il y a parmi vous un astronome qui découvrit, il y a trente ans, une nouvelle étoile qui s'est depuis vue tous les ans. Je ne sais pas si elle ne serait pas une des étoiles qui se sont vues diverses fois en ce siècle paraître et disparaître dans la constellation du Cygne, ou une dans le cou de la Baleine, qui depuis un siècle a été prise ici plusieurs fois pour nouvelle, et qu'on a depuis trouvé qu'elle se cache tous les ans, et retourne au même degré de clarté d'onze en onze mois, avec quelque irrégularité. Je donnerai à M. l'ambassadeur quelques exemplaires d'une carte qui comprend toutes les constellations visibles dans ce climat de Paris, où cette étoile est décrite.
« J'y ai aussi marqué deux chemins par où sont retournées des comètes que j'ai observées : ce sont des endroits du ciel qui méritent d'être regardés attentivement de temps en temps, pour voir s'il n'y passe pas d'autres comètes. Les dernières qu'on a vues ici étaient si petites, qu'elles n'ont été aperçues que des astronomes exercés dans les observations. Nous ne savons pas si elles ont été vues ailleurs. Les observations qu'on aurait faites, tant de ces comètes que des autres apparences célestes, me seraient très agréables.
« Je prie M. de la Croix, interprète du roi et professeur royal de la langue arabe, d'ajouter à la carte que j'envoie les éclaircissements qui sont nécessaires dans votre langue.
Je prie Dieu de tout mon cœur de vous donner les plus hautes et les plus importantes connaissances du ciel. »

- Sur la photo : l'ambassadeur du Maroc et sa suite à la Comédie Italienne de Paris , février 1682 ( Versailles : Musée National du château et des Tranons

(1) - Sources : R. Thomacy- le Maroc et ses caravanes - 1845
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L'Atlas et la Lettre ouverte aux astronomes de Fès et Marrakech par Cassini
Posté par: Maghribi (IP enregistrè)
Date: 15 juillet 2010 : 23:08

Juste une question de dates.

La mission de l'ambassadeur ben Aicha est arrivee en France en 1699.

Or le tableau representant l'ambassadeur a la Comedie Francaise parle de l'annee 1682.

Qui croire?

L'Atlas et la Lettre ouverte aux astronomes de Fès et Marrakech par Cassini
Posté par: Lakhdar Omar (IP enregistrè)
Date: 17 juillet 2010 : 12:23

Bonjour Maghribi!

Vous avez raison! Il y a confusion de document! L'image de l'ambassadeur insérée dans le texte est celle de H’âjj Muhamad Temîm qui a été envoyé en France en 1681!

Merci pour votre remarque judicieuse!



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