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La Kasbah Agafay
Posté par: redalinho (IP enregistrè)
Date: 26 juin 2005 : 23:09



Une histoire d'amour
Non loin de Marrakech, entre le désert et les champs d'oliviers, avec en toile de fond les cimes enneigées de l'Atlas, se dresse une kasbah tout droit venue du XVIIIe siècle.
Il y a peu, elle n'était encore que ruines.
C'est un immense acte d'amour et de foi qui lui a redonné vie...

Derrière les murs en pisé, un monde de lumière...
Elle m'est apparue au détour d'un virage pour disparaître aussitôt. Ces quelques secondes ont suffi pour que j'en tombe éperdument amoureux. Je savais que c'était "Elle"... Sous les ruines, j'avais deviné la beauté... Dès cet instant, je n'ai plus eu qu'une envie : la prendre par la main comme une femme, l'habiller, la parer et lui rendre toute sa grâce ". Mais avant de signer l'acte de mariage, Abel Damoussi, un homme d'affaires marocain installé depuis vingt ans à Londres, doit obtenir l'accord des héritiers. Pas moins de trente-six ! " J'ai mis trois ans à tous les convaincre. Conscients de ma passion, ils l'exploitaient pour faire monter les enchères. J'avais l'impression de traverser une rivière sans pouvoir revenir sur mes pas, obligé coûte que coûte de passer sur l'autre rive. J'ai pourtant continué d'avancer sans me soucier du courant. Mais l'acte enfin signé, je me suis rendu compte que la propriété était en fait sous le parrainage de l'Etat. Il m'a fallu payer la dot une seconde fois... " Abel Damoussi va désormais pouvoir consacrer toute son énergie à la restauration de l'antique kasbah...

Les parures de la mariée
Les travaux vont durer quatre ans, de 1996 à 2000, avec la participation de l'architecte Quentin Wilbaux. " Je voulais rester le plus proche possible de l'architecture originelle. J'ai donc interrogé tous les membres de la famille afin de savoir comment vivaient leurs grands-parents, et j'ai ainsi pu reconstituer l'agencement de la kasbah ", explique Abel Damoussi. Première étape : le jardin.
Les abords sont déblayés, la pelouse semée, les arbres plantés - dont cent vingt palmiers de la région de Zagora - et une allée de graviers tracée. Chaque pièce est ensuite choisie avec soin. L'entrée dans la bâtisse se fait par une lourde porte berbère en cèdre, ornée de clous. " Elle provient de la place de Bab f'touh, qui signifie littéralement " place de l'ouverture ", située près d'un lieu saint. J'y ai vu un signe du destin. J'ai alors acheté deux portes, l'une pour l'entrée et l'autre pour la sortie ". La première, presque toujours ouverte, donne sur le mur du couloir qui mène au premier patio. " Dans le Coran, il est signifié que nous devons vivre discrètement et ne rien dévoiler. Mais d'un autre côté, il serait inconcevable de laisser un visiteur à la porte. De ce fait, quand quelqu'un vient, il est invité à passer la porte et à patienter le temps d'être annoncé. Ainsi, il est déjà à l'intérieur, sans pourtant voir ce qui s'y passe ". Au bout du couloir se trouve le riad andalou, ancien espace des domestiques. Six marches y descendent, qui donnent sur un petit jardin orné d'une fontaine en zelliges bleus et verts, entourée de quatre cyprès. Deux suites et un salon andalou bordent le riad. Les fenêtres des chambres datent des XVIe et XVIIe siècles. Sans soudure, maintenues uniquement par des crochets, elles forment des arrondis harmonieux au travers desquels la lumière passe pour dessiner sur le sol des formes symétriques. Au centre de ce jeu d'ombres, le salon ouvre ses grandes portes de verre sur des coussins recouverts de tissus anciens en velours vert et blanc. Les rondins du plafond sont garnis de fleurs peintes en bleu et vert sur un fond rouge. " Aucun artisan ne voulait peindre sur du peuplier. C'était pour eux comme une injure que de devoir s'exprimer sur un bois qui n'était pas noble. J'ai dû user de mille ruses pour arriver à mes fins. Je les priais de faire encore une fleur, une de plus... et de fleur en fleur, le plafond a été entièrement peint. "


Des traditions respectées et le confort en prime
À cette architecture traditionnelle viennent se greffer tous les éléments du confort moderne : chauffage central, climatisation, téléphone, Internet. Seule la télévision est proscrite. La rénovation de la kasbah a aussi donné lieu à quelques rectifications. " Quand il pleuvait, le ruissellement abîmait les murs en pisé. Nous avons donc creusé des fondations consolidées avec des briques, avant d'installer la tuyauterie et enfin de remonter le pisé. " Sur l'extérieur de ces murs, épais de deux mètres, sont accrochés de grands tapis tissés en cuir et en paille, aux motifs naïfs. Douze autres chambres, réparties autour de quatre autres riads - Dar Zahra, Dar Anissa, Dar Kenza et Dar Ouarda - bénéficient chacune d'une décoration fine et originale : rideaux en tissus d'anciennes jellabas de Fès, maintenus par des contrats de mariages ou des actes de vente en bois calligraphié des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, miroirs encadrés par de vieilles poutres nomades, cheminées ornées de poèmes d'Omar Khayyam calligraphiés sur des zelliges verts, lampes de cuir et de terre parées de proverbes, également calligraphiés, interrupteurs à tirette en corde et thuya, murs et baignoires en tadellakt, plafonds en peuplier...
Avant même de pénétrer dans les patios clairs, parfumés d'essences rares, les salons communs donnent un avant-goût du raffinement des appartements privés. La première pièce, " Koubba " - qui signifie coupole, en référence à celle qui orne le plafond - est l'endroit idéal pour feuilleter un livre dans un fauteuil en cuir décoré de ceintures traditionnelles, devant une table dont le plateau est une ancienne porte berbère. Du plafond pend un tissage de Soumaya Jalal Mikou, en paille et lin. Les portes en bois, entourées de plâtres sculptés, donnent sur deux grandes pièces : la salle à manger et " Dar Ouarda ". La première - qui est la seule d'origine - est meublée de tables en cèdre et de fauteuils recouverts de cuir bordeaux brodés en fils de soie à l'emblème de la kasbah ; en partent les escaliers qui mènent aux trois tours et à une terrasse panoramique...

Célébration des cinq sens
La deuxième, " Dar Ouarda " - littéralement " la maison de la rose " - s'ouvre sur deux portes en bois sculpté des XVIIe et XVIIIe siècles : au centre, une fontaine en zelliges bleus ; au plafond, des roseaux qui laissent filtrer le soleil pour créer des jeux d'ombres tamisées. Au-delà des lourds rideaux de velours, maintenus par des ornements de selles de chevaux de fantasia, s'étend une terrasse de briques rouges. En contrebas, quatre tentes caïdales ont été aménagées en suites luxueuses, avec lits à baldaquins soutenus par des poutres berbères en cèdre, tables créées à partir d'anciens plafonds en bois peint et sculpté de Fès, baignoires en tadellakt... Le même confort que celui des chambres de la kasbah a été transposé dans ces tentes, climatisation, téléphone et Internet compris. Quelques marches plus bas, la piscine, bordée d'oliviers... Au fond, les motifs en zelliges verts ont été dessinés par Chrissy Piercy, qui en a également conçu pour la reine d'Angleterre. Silence doucement troublé par les bruits d'eau de la fontaine, fragrances des citronniers et des orangers... Tout est conçu pour satisfaire les sens. Le centre de beauté en plein air, couvert de roseaux, en est l'aboutissement. Dans un jardin d'aromates, sont cultivées plus de vingt-cinq espèces de plantes qui, mélangées ensuite à des huiles essentielles, serviront aux soins du corps. Moments exquis de relaxation, dans des cabines individuelles agrémentées de fontaines, de plantes vertes et d'abat-jour en feuilles d'eucalyptus...
Bercée par le bruissement des oliviers et de l'eau des bassins, la dame berbère, sauvée par l'amour d'Abel Damoussi, a retrouvé sa grâce et sa jeunesse. Comme la Belle au Bois Dormant arrachée au sommeil éternel par le baiser du prince...

Texte de Couleurs Marrakech,

Cette ville est entrain de devenir l'une des plus belles au monde

Re: La Kasbah Agafay
Posté par: hassanazdod (IP enregistrè)
Date: 26 juin 2005 : 23:41

bravo habibi
moi qui suis marrakchi j ai frissonne tout le long de la lecture de ce texte
voila ce que j appelle agir pour le bien de son pays et des autres
allah yaatikoum ssahha
car chez nous on parle beaucoup et on agit moins ou pas du tout
hassan
agafay est tout pret et j y vais faire un tour
stp encore des photos de ce projet revolutionnaire

Re: La Kasbah Agafay
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 27 juin 2005 : 00:13

C'est en effet extremement emouvant cet acharnement de la part de cet homme d'affaire londonnien originaire du Maroc de restaurer cette ancienne Kasbah.
La description est bien prometteuse ! Et j'aimerais tellement la visiter.
C'est pas bien loin de chez toi Hassan. Et oui, Redalinho, d'autres photos de cet endroit enchanteur nous combleraient.

Re: La Kasbah Agafay
Posté par: redalinho (IP enregistrè)
Date: 27 juin 2005 : 16:12

Bonjour mes amis

Il est vrai que cette kasbah a une valeur à la fois historique, civilisationnelle et culturelle, le fait de la réaménager en produit touristique ne peut être que bénéfique pour la ville tant que la rénovation se fait dans le respect de l'architecture locale

Je vous laisse avec quelques photos winking smiley












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