69 ans après le massacre de Jedwabne (Pologne)...Juifs, vous nous manquez...
Un artiste polonais brûle une grange, 69 ans après le massacre de Jedwabne
VARSOVIE (AFP)---Un artiste polonais, Rafal Betlejewski, a fait brûler dans le centre de la Pologne une grange, 69 ans après le massacre de Juifs de Jedwabne (nord-est), brûlés vifs dans une grange par leur voisins.
Plus d'un millier de personnes, des membres des forces de l'ordre et deux unités de pompiers étaient présents dans un champ près de Zawada (centre), selon un habitant du village contacté par téléphone.
L'incendie était visible de la voie rapide reliant Varsovie et Katowice (sud) située à quelques centaines de mètres.
M. Betlejewski avait appelé les Polonais à poster sur son site [
www.tesknie.com] "toutes les mauvaises pensées qu'ils ont pu avoir à l'égard des Juifs et qui leur pèsent", pour qu'elles soient brûlées définitivement.
Il a d'abord lu les noms des gens qui avaient envoyé de telles pensées, puis a placé dans la grange les morceaux de papier sur lesquels elles étaient inscrites. Ensuite, il a versé de l'essence sur la grange, s'y est enfermé, y a mis le feu et est ressorti de l'autre côté alors que bâtiment brûlait déjà.
Pour son happening, il avait acheté une grange en bois, l'avait fait démonter et réinstaller près de Zawada.
Depuis un an, il mène sur son site internet et dans des espaces publics une campagne intitulée "Tesknie za toba, Zydzie" ("Juif, tu me manques") en rassemblant des témoignages de la Seconde guerre mondiale ou de 1968, quand de nombreux Juifs ont été forcés par les communistes à l'émigration.
Selon différents historiens, de 340 à 1.500 Juifs ont été tués dans le massacre de Jedwabne. Celui-ci a été perpétré par des Polonais à l'instigation des Allemands, avait conclu en 2003 une commission de l'Institut de la mémoire nationale (IPN).
La publication en 2000 du livre "Les voisins" de l'historien américain d'origine polonaise Jan Tomasz Gross, qui a mis en lumière l'implication de la population polonaise dans le massacre, a provoqué un grand choc psychologique en Pologne.
Dimanche, à Jedwabne, des cérémonies ont eu lieu en présence de l'ambassadeur d'Israël en Pologne Zvi Rav-Ner. "Quand certains (Polonais) cachaient leur voisins juifs, risquant la peine de mort, ici, malheureusement, ils ne les cachaient pas, au contraire, ils les tuaient", a rappelé l'ambassadeur, cité par l'agence de presse polonaise PAP.
Interrogé sur le happening, controversé dans la communauté juive et dans toute la société polonaise, il a émis des doutes sur cette forme de mémoire: "C'est de l'art. Ici (à Jedwabne), nous sommes venus pour commémorer des gens qui y périrent, pour prier de manière traditionnelle".
Selon le grand rabbin de Pologne Michael Schudrich, Betlejewski est "très sincère" et "milite pour rompre les stéréotypes et la haine". "Il cherche à provoquer les gens pour qu'ils affrontent des faits et des réalités désagréables", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ses intentions sont pures même si ses méthodes ne sont pas acceptées par tout le monde", a-t-il ajouté
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