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La nouvelle propagande antijuive - Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 avril 2010 : 22:17

La nouvelle propagande antijuive

par Pierre-André Taguieff




Depuis quelques années la critique d’Israël a pris la forme d'une disqualification généralisée du sionisme. Ses enjeux sont désormais, explicitement, non pas la politique des gouvernements israéliens, l’occupation des territoires conquis en 1967 aux pays arabes, ou les implantations juives dans ces territoires, mais la légitimité de l’idée d’un État juif et, donc, l’existence même d'Israël.

Pourtant, la coexistence de deux États – un État juif et un État arabe – selon la résolution de l’ONU du 29 novembre 1947 est non seulement la base juridique de toutes les tentatives pour mettre fin au conflit israélo-arabe, mais aussi la seule base - historiquement, politiquement et moralement – de toute solution juste et durable à ce conflit.

La délégitimation et la diabolisation d’Israël, partagées par de larges couches de l’opinion occidentale, notamment dans l’intelligentsia, apparaissent de fait comme autant d’expressions d’un aveuglement politique.

C’est également, et plus encore, un scandale moral, qui se manifeste particulièrement à travers les différentes manipulations médiatiques qui ont marqué les dernières années, mais aussi à travers le détournement par lequel, paradoxalement, la Shoah est devenue une arme idéologique contre Israël et le sionisme.

Le livre de Pierre-André Taguieff, La nouvelle propagande antijuive (Paris, PUF, 2010) analyse et critique l'idéologie perverse de la diabolisation de la victime (le Juif) et son retournement imaginaire en bourreau (l'Israélien).

Le "Juif nazi" est inventé et diffusé par la nouvelle propagande antijuive. C'est cette invention d’un nouvel antisémitisme qu'il s'agit d'analyser et de dénoncer.

Yves Charles Zarka, directeur de la collection « Intervention philosophique »


À distance du « politiquement correct », Pierre-André Taguieff entreprend de montrer pour la première fois dans ce livre que la haine des Juifs est entrée dans un nouveau régime.

Israël et le « sionisme » sont en effet devenus les cibles d’une guerre médiatique qui vise à criminaliser et à diaboliser l’ennemi, l’antisionisme radical ayant désormais pour objectif proclamé la destruction de l’État juif.

Pour comprendre comment s’est accomplie la mondialisation de cette nouvelle configuration antijuive, Pierre-André Taguieff dissèque au scalpel le nouveau discours de propagande des ennemis déclarés d’Israël tel qu’il s’est développé au cours des années 2000.

Il souligne l’importance de la reformulation « antiraciste » des thèmes judéophobes, qui a dominé les conférences internationales de Durban (2001) et de Genève (2009) et explique comment elle a structuré la nouvelle vision antijuive, qui consiste à « nazifier » les « sionistes » en tant qu’« agresseurs » et à « judaïser » corrélativement les Palestiniens en tant que « victimes », cet amalgame polémique permettant d’accuser les « sionistes » de « génocide.

Ce discours de propagande est resitué dans son contexte international, marqué par la menace islamiste autant que par les divisions et les hésitations du camp occidental/démocratique.

Pour Pierre-André Taguieff, les thèmes d’accusation indéfiniment sollicités peuvent se réduire à trois : le « racisme », le meurtre d’enfants palestiniens (l’opération al-Dura) et la manipulation de la politique mondiale à travers la direction occulte de la politique extérieure des États-Unis (de l’action du « lobby juif » à l’organisation d’un « complot américano-sioniste »).

Analysant les divers matériaux symboliques exploités par la nouvelle propagande antijuive - images ou discours -, Pierre-André Taguieff fournit ici au lecteur les moyens de comprendre comment et pourquoi la haine des Juifs, plus d’un demi-siècle après la Shoah, a pu renaître, notamment sous les habits neufs de l’« antiracisme », et, grâce aux nouveaux médias, se diffuser internationalement en recueillant l’assentiment d’individus souvent convaincus d’être étrangers à tout sentiment antijuif.

S’il peut exister, selon la formule consacrée, un antisémitisme sans Juifs, il existe aussi une judéophobie sans judéophobes déclarés.

Tel est le paradoxe mis en évidence dans cet essai : la judéophobie mondialisée des années 2000 est une judéophobie sans judéophobes.

[www.primo-info.eu]

La nouvelle propagande antijuive - Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 19 mai 2010 : 19:34



Pierre-André Taguieff




« La nouvelle propagande antijuive », dont la parution est annoncée pour le 19 mai 2010. Cette somme phénoménale de 592 pages -qui est l’aboutissement de plusieurs années de travaux, de recherches et d’érudition- est une réflexion sur le sens de l’antisionisme radical, dans le nouveau contexte international marqué par la menace islamiste et les hésitations du monde occidental. C’est aussi une analyse fouillée des nouveaux aspects de la propagande antijuive dans les années 2000-2010, autour des trois principaux thèmes d’accusation « antisionistes » : « racisme », meurtre d’enfants (l’affaire al-Dura et les accusations récentes de vols d’organes), direction cachée de la politique américaine, « complot américano-sioniste ». Enfin l’auteur livre une étude de cas concernant la guerre des mots et des images à l’âge de la globalisation.


Le lecteur trouvera ci-après quelques pages qui sont tirées de l’introduction de « la nouvelle propagande antijuive », ouvrage à paraître de Pierre-André Taguieff. Premiere partie publiee par le CRIF

Dans ce passage, l’auteur donne les grandes lignes qui permettent de comprendre et de mesurer ce qu’est la judéophobie radicale contemporaine et comment elle s’exprime dans toute sa virulence et son outrecuidance.

Marc Knobel

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L’une des principales particularités de la judéophobie radicale contemporaine est le caractère chimérique de ses thèmes d’accusation. Qu’il s’agisse de la vision paranoïde du « sionisme mondial » dirigeant d’une façon occulte la marche du monde, des accusations jumelées de « racisme » et de « génocide » lancées contre les « sionistes » ou de la conviction que les Juifs (ou « les sionistes ») prennent plaisir à tuer des enfants en vertu de leur nature criminelle, le nouveau discours antijuif relève de la fiction, il n’est qu’un produit de l’imagination fabulatrice, dénué du moindre ancrage dans le champ de l’observable. Ce caractère fictionnel prend une allure caricaturale dans le discours de facture islamiste, qui déborde considérablement les frontières de l’islamisme radical thématisé comme tel.

Dans les prêches du vendredi, les accusations rituelles visant les Juifs se réduisent à des expressions d’un imaginaire paranoïde prenant appui sur un mélange répulsif de haine, de crainte et de mépris. En témoignent les images et les métaphores polémiques utilisées pour stigmatiser maximalement les Juifs ou « les sionistes », qui oscillent entre les modes de bestialisation (« singes », « porcs », « sangsues », etc.) et les modes de démonisation (assimilation de l’ennemi juif à Satan).

Dans leurs travaux des années 1960 et 1970, les historiens Léon Poliakov et Norman Cohn ont montré l’importance de la structure démonologique des accusations antijuives délivrant un « permis de tuer », aussi bien dans l’antisémitisme pogromique russe (ou plutôt russo-ukrainien) que dans l’antisémitisme rédempteur/génocidaire de type nazi. On doit à ces deux historiens l’élaboration d’un modèle d’intelligibilité, incluant une généalogie, de cet « antisémitisme exterminateur » aux implications totalitaires. Dans la préface à l’édition française de sa grande étude sur les Protocoles des Sages de Sion, Norman Cohn pose que « la forme première de l’antisémitisme fut l’antisémitisme démonologique, c’est-à-dire l’idée que le judaïsme est une organisation conspirative, placée au service du mal, cherchant à déjouer le plan divin, complotant sans trêve la ruine du genre humain », et que cet antisémitisme démonologique, qui s’est constitué surtout à partir du XIIe siècle, « fut ranimé et modernisé aux XIXe et XXe siècles », avant de se transformer, à l’âge de la sécularisation et dans un espace idéologique orienté par un antichristianisme plus ou moins assumé, en noyau dur de la vision hitlérienne du « Juif » comme ennemi absolu à combattre inconditionnellement.

Dans la judéophobie islamiste, nous avons également affaire à une démonologie antijuive, constituée d’accusations délirantes, totalement dénuées de bases empiriques. Ces accusations bestialisantes, démonisantes ou pathologisantes sont, pour leurs auteurs, à la fois irréfutables et toujours illusoirement vérifiables, du fait que les événements sont interprétés de telle façon qu’ils en paraissent toujours des illustrations. Tout événement peut se transformer en preuve de la nature démoniaque des Juifs ou des « sionistes » dès lors qu’est systématiquement appliquée à sa lecture une grille d’interprétation bien définie, celle d’un « code culturel » antijuif fabriqué avec des matériaux symboliques empruntant à la tradition de l’islam (du Coran aux hadiths), à l’antisionisme radical du nationalisme arabe ainsi qu’à certaines traditions antisémites européennes, exploitées d’une façon sélective (les images du Juif comme « conspirateur », « manipulateur », « menteur » et « criminel »). Tout événement ainsi interprété tend à satisfaire les attentes ou les demandes judéophobes, en vertu d’un phénomène bien connu par les psychosociologues, la « prophétie auto-réalisatrice ». Un mode d’inférence est toujours prêt à l’emploi : s’il arrive malheur à un musulman, c’est qu’un Juif est coupable. Ces accusations contre les Juifs s’expriment par des énoncés qu’on peut caractériser, à la suite de l’historien médiéviste Gavin I. Langmuir, comme chimériques. Ils sont du type : « Les Juifs saignent rituellement les enfants non-juifs » (accusation de meurtre juif), ou du type : « Les Sages de Sion complotent depuis 929 av. J.-C. pour dominer le monde » (accusation de complot mondial). Certains propagandistes n’hésitent pas à dénoncer la réalisation en cours d’un « plan d’extermination des musulmans » dans le monde, imputé aux Juifs (ou aux « sionistes ») et/ou aux Américains (supposés être sous l’emprise juive ou « sioniste »). Dans une interview réalisée en septembre 1998, Oussama Ben Laden résume ainsi sa vision manichéenne et djihadiste du monde :

Je dis qu’il existe deux parties dans cette lutte : la croisade mondiale alliée au judaïsme sioniste conduite par l’Amérique, la Grande-Bretagne et Israël, et l’autre partie : le monde musulman. […] Le jihad est une obligation individuelle pour la Communauté [oumma]. […] Nous sommes convaincus que la Communauté est capable aujourd’hui […] de mener le combat contre les ennemis de l’Islam et plus particulièrement contre le plus grand ennemi : l’alliance judéo-croisée. […] J’affirme que le monde (occidental) a décidé unanimement de dévorer ce monde musulman. Le monde croisé a décidé unanimement de nous dévorer. […] Seigneur ! Donne-nous la victoire sur les Américains, sur Israël et sur ceux qui s’y sont alliés ! ».

Ce thème d’accusation, présent avec des accents plus ou moins paranoïaques dans nombre de prêches de facture djihadiste dont les vidéos sont diffusées sur Internet, se rencontre aussi dans certains milieux propalestiniens (…)

Le conflit israélo-palestinien, politique et militaire, enveloppe à la fois un conflit israélo-arabe et un conflit judéo-musulman, lequel s’est greffé sur un conflit opposant une partie de l’Occident (chrétien ou non) et une partie du monde musulman. Tous ces conflits prennent une dimension mythique ou mythopolitique dans le méga conflit entre le « sionisme mondial » et l’antisionisme radical (dans toutes ses variantes, nationalistes, néo-nazies, néo-gauchistes et islamistes). Ce méga conflit se caractérise par un dualisme manichéen qui le structure idéologiquement et un horizon apocalyptique qui lui confère le sens d’un mode de rédemption. Il se définit dès lors comme un conflit « final », prenant place dans une conception eschatologique dont on trouve divers bricolages intellectuels chez les théoriciens de l’islamisme radical. On connaît les déclinaisons symboliques de ce méga conflit : guerre culturelle et politique, guerre sémantique et lexicale (guerre des mots) conduite par des intellectuels48, les unes et les autres impliquant une guerre médiatique, c’est-à-dire à la fois guerre des communiqués/de l’information/de communication et guerre des images. Les conflits armés locaux entre les deux « camps » se doublent tous d’une guerre symbolique mondiale pour le monopole des représentations, des opinions et des modèles interprétatifs diffusés dans les médias. Pour les antisionistes radicaux, il s’agit toujours d’imposer une vision diabolisante de l’ennemi « sioniste » (« raciste », « impérialiste », « criminel de guerre », « tueur d’enfants ») et de donner à toute victime du « sionisme » un visage attrayant, celui d’une victime innocente, ou, s’il s’agit de l’auteur d’une action terroriste, celui d’un héros ou d’un « martyr ».

Pierre-André Taguieff




La nouvelle propagande antijuive - Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 19 mai 2010 : 19:39

La nouvelle propagande antijuive. Du symbole al-Dura aux rumeurs de Gaza, PUF, coll. «Intervention philosophique», 2010 - Deuxieme partie publiee par le CRIF.

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Dans ce passage, l’auteur montre à quel point les contempteurs d’Israël sont mus par une haine féroce. Pour diaboliser Israël, des intellectuels ou des artistes, par exemple, sont prêts à utiliser tous les stratagèmes afin de nazifier cet État. C’est ainsi qu’un certain nombre d’entre eux n’hésitent pas à parler de « génocide » du peuple palestinien. Ils accusent alors Israël des pires atrocités, reprenant à leur compte « les clichés de la propagande palestinienne ».


Marc Knobel

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En France tout particulièrement, le terrorisme intellectuel, héritage du stalinisme, s’est reconstitué autour de la vulgate propalestinienne et anti-israélienne, qui a pris la dimension d’une vision du monde : l’ennemi satanique est devenu le « sionisme mondial », désigné comme la cause de tous les malheurs du genre humain.

Commencée dans les années 1980, la vague de terrorisme intellectuel « antisioniste » semble avoir gagné la bataille idéologique, en France comme dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest : le propalestinisme fanatique et sectaire s’est constitué en un camp médiatiquement hégémonique, d’autant plus intolérant qu’il se confond avec le conformisme culturel. L’ordre moral est désormais « antisioniste ».

Et qui se sent du « bon côté » ou se croit dans le camp du Bien se croit tout permis. D’où la virulence croissante des dénonciateurs d’Israël et du « sionisme ». On en trouvait une expression frappante dans un article palestinophile de style hagiographique du philosophe Gilles Deleuze, « Grandeur de Yasser Arafat » (rédigé en septembre 1983), publié en 1984 et en 2002 dans la Revue d’études palestiniennes. Dans sa célébration d’Arafat, Deleuze faisait appel à nombre de stéréotypes « antisionistes », en particulier à l’accusation de « génocide », qu’il s’efforçait maladroitement de justifier :

« On dit que ce n’est pas un génocide. Et pourtant c’est une histoire qui comporte beaucoup d’Oradour, depuis le début. […] C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique. […] L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. »

L’accusation de génocide, Deleuze l’avait déjà lancée l’année précédente dans un article qui, paru en mai 1982 dans Libération, était significativement titré « Les Indiens de Palestine ». Pour justifier la métaphore « indienne », Deleuze, s’inspirant d’un livre à paraître de son ami l’intellectuel palestinien militant Elias Sanbar, Palestine 1948, l’expulsion, esquissait une comparaison historique avec le génocide des Peaux-Rouges en Amérique du Nord : « Les Palestiniens ne sont pas dans la situation de gens colonisés, mais évacués, chassés. […] L’histoire du sionisme et d’Israël comme celle de l’Amérique est passée par là : comment faire le vide, comment vider un peuple ? »

Le philosophe français ne devait pas savoir qu’il ne faisait que remettre au goût du jour un fantasme déjà présent chez les Arabes palestiniens dans les années 1920, et devenu, à force d’être sollicité, un cliché de la propagande palestinienne. Dans son reportage sur les massacres de Juifs commis durant l’été 1929 par des bandes armées de Palestiniens à Jérusalem, Safed et Hébron, Albert Londres raconte l’entretien qu’il eut avec dix responsables arabes à Jaffa, à qui il demanda de préciser ce qu’ils reprochaient aux Juifs. La première réponse est la suivante :

« D’être un ramassis de tout ce que l’Europe ne veut pas ! De vouloir nous chasser !… De nous traiter en indigènes !… Voyons ! le monde ignore-t-il qu’il y a sept cent mille Arabes ici ?… Si vous voulez faire ce que vous avez fait en Amérique, ne vous gênez pas, tuez-nous comme vous avez tué les Indiens et installez-vous !… Nous accusons l’Angleterre ! Nous accusons la France!… »

Tel était le discours d’accusation tenu par des responsables arabes palestiniens tandis que, dans les rues de plusieurs villes, des Juifs étaient égorgés, mutilés, torturés à mort. L’idéologie victimaire était déjà en fonctionnement en 1929 chez les Arabes palestiniens, alors que les victimes réelles - leurs victimes - étaient juives.

Cette projection sur l’autre de pulsions criminelles a fait tradition dans la culture du nationalisme palestinien, au point de devenir le cœur de sa mythologie de propagande. Avant et après la création de l’État d’Israël.

Les déclarations « antisionistes » du cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard sont de la même teneur. Parmi ses saillies les plus récentes, la plus caricaturale est certainement représentée par les propos sur les Juifs qu’il a tenus en 2006, alors qu’il était filmé par Alain Fleischer (le film sera intitulé Morceaux de conversations avec Jean-Luc Godard). Lors du tournage, Godard aurait tenu d’autres propos virulents contre les Juifs, notamment sur les deux films de Claude Lanzmann, Shoah et Tsahal. Ces propos ont été en partie écartés au montage. Dans son roman intitulé Courts-circuits, Alain Fleischer raconte qu’en commentant les attentats suicides commis par des Palestiniens en Israël, Godard a déclaré devant son ami et interlocuteur Jean Narboni, ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma : « Les attentats-suicide des Palestiniens, pour parvenir à faire exister un État palestinien, ressemblent, en fin de compte, à ce que firent les Juifs, en se laissant conduire comme des moutons et exterminer dans les chambres à gaz, se sacrifiant ainsi pour parvenir à faire exister l’État d’Israël. »

Propos à la fois odieux et confus (les victimes juives de la Shoah n’ayant rien à voir avec les tueurs/suicidaires fanatiques que sont les « bombes humaines » islamistes), lancés par le cinéaste « antisioniste » comme une provocation consciente en même temps qu’une manière d’exprimer son opinion, qui revient à un acte de légitimation du terrorisme palestinien. Alain Fleischer commente sans complaisance les propos de Godard : « Dans ce genre d’insanité, de propos malsains, c’est Godard lui-même qui commet un attentat-suicide : attentat à la vérité, suicide de la pensée. » Le journaliste du Monde Jean-Luc Douin ajoute que Godard est « coutumier de ce type de provocations », au moins depuis le début des années 1970, durant lesquelles il a rendu public son ralliement à la cause palestinienne et sa détestation corrélative d’Israël. En 1976, par exemple, dans son film Ici et Ailleurs, il n’hésite pas à faire se chevaucher deux images : l’une de Golda Meir, alors Premier ministre israélien, l’autre d’Adolf Hitler. C’est là reprendre l’amalgame polémique le plus outrageant visant les Israéliens : la reductio ad Hitlerum. Godard tient régulièrement depuis, sur Israël ou les Juifs, des propos aussi confus que provocateurs. Il s’est ainsi maintes fois plu à sous-entendre, selon la formule banalisée par l’abbé Pierre, que les victimes d’hier étaient devenues les bourreaux d’aujourd’hui. Ou encore, décrivant la Bible comme un « texte trop totalitaire », il ironise sur ces Juifs qui, selon lui, auraient « sauvé Israël en mourant dans les camps » (sic) : « Au fond, il y a eu six millions de kamikazes. » Et de lancer en 2004, d’une façon fielleuse : « Le peuple juif rejoint la fiction tandis que le peuple palestinien rejoint le documentaire. » Le cinéaste, réalisateur inspiré d’À bout de souffle (1960) et de Pierrot le fou (1965), étrangement frappé de stérilité depuis la fin des années 1960, s’est insensiblement transformé, après une longue plongée dans le bouillon de culture gauchiste, en un propagandiste « antisioniste ».

Ce qui est nouveau, dans ces interventions d’artistes ou d’intellectuels qui se multiplient depuis la fin du XXe siècle, ce n’est pas l’opinion antijuive comme telle, c’est le fait de la rendre publique, soit pour marquer qu’on est du « bon côté », soit sur le mode d’un acte de provocation méritoire, de « résistance ». On « résiste » à « l’impérialisme américain », au « sionisme mondial », au « néo-libéralisme », etc. Cette posture « résistancialiste » est devenue courante dans les milieux culturels occidentaux. La pose du « rebelle » s’inspire désormais moins du révolutionnaire latino-américain à la Che Guevara (dont le remuant Hugo Chávez n’est qu’un simulacre plutôt grotesque) que du « combattant » palestinien, dont Arafat a été la
première figure héroïsée et esthétisée - le keffieh noir et blanc faisait partie de la panoplie : depuis les années 1980, il est arboré par les militants d’extrême gauche, mais aussi d’extrême droite, comme symbole du soutien total à la cause palestinienne.

Pierre-André Taguieff




La nouvelle propagande antijuive - Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 19 mai 2010 : 19:43

La nouvelle propagande antijuive. Du symbole al-Dura aux rumeurs de Gaza, PUF, coll. «Intervention philosophique», 2010 - Bonne feuilles, troisième partie

Dans ce passage, l’auteur montre à quel point les médias ne s’ouvrent guère qu’au discours idéologisé des nationalistes palestiniens et des intellectuels arabo-musulmans qui accusent Israël de tous les maux, comme par exemple de vouloir jeter les Palestiniens à la mer. Selon Pierre-André Taguieff, les idéologues palestiniens « ont même inventé la Naqba pour faire pièce à la Shoah, dans un processus classique de rivalité mimétique ». Et, rares sont les journalistes et intellectuels arabes qui osent dénoncer ce discours ambiant et/ou s’élever contre l’exploitation qu’ils font de la question des réfugiés palestiniens.

Marc Knobel

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« Nous les jetterons à la mer ». C’est ce rêve d’extermination que la propagande antisioniste ne cesse d’attribuer aux « sionistes » depuis la création de l’État juif. Une attribution causale par projection sur l’ennemi d’un programme criminel formulé par certains leaders arabes contre les Israéliens : il n’est guère de pire calomnie. Et pourtant, le nombre de ceux qui, dans le monde, la prenne pour une vérité historique n’a cessé d’augmenter. La nouveauté en la matière tient seulement à ce que la thèse palestinienne, relevant du discours de propagande, a été réactualisée et habillée de « scientificité » par les conclusions militantes des « nouveaux historiens » israéliens « post-sionistes », largement médiatisées depuis les années 1990 par tous les ennemis d’Israël. Le résultat de cet intense travail de transformation d’une vision politique des faits en une approche savante supposée « objective » est l’imposition d’une représentation stéréotypée prise pour une vérité historique : en 1948, les Palestiniens auraient été « chassés » de leur patrie par les « sionistes », mus par d’inavouables intentions criminelles. L’affaire des « réfugiés palestiniens » montre comment s’opère la construction d’un thème de propagande à partir d’un fait historique mésinterprété et instrumentalisé : l’exode massif des Arabes de Palestine est d’abord interprété globalement comme un exil forcé des populations locales, une expulsion violente mise au compte d’une forme de « colonialisme », il est ensuite assimilé à un « nettoyage ethnique » impliquant une forme de « racisme », pour finalement être dénoncé comme un « crime contre l’humanité » ou un « génocide » accompagné d’un « ethnocide ». Parallèlement à la création du vocabulaire usuel de la stigmatisation maximale, utilisable par le discours palestinien de propagande, on observe une mythologisation de l’événement-catastrophe censé être fondateur de la Cause palestinienne. À l’événement fondateur est donné un nom qui l’inscrit dans l’ordre du mythe : la Naqba. Depuis 1994, le 14 mai, le jour de la proclamation d’indépendance de l’État d’Israël, est ainsi devenu pour ses ennemis le jour de la commémoration de la « tragédie » palestinienne. Ces opérations symboliques se produisent dans l’arène de la concurrence victimaire : les idéologues du nationalisme palestinien ont inventé la Naqba pour faire pièce à la Shoah, dans un processus classique de rivalité mimétique. Le cadre idéologico-politique de ces affrontements symboliques est celui des batailles pour s’assurer le monopole du statut de victime maximale.

Mais la grande imposture consiste à rendre Israël seul et unique responsable du « problème des réfugiés », alors qu’il s’agit clairement de la fabrication cynique, par les pays arabes et les stratèges nationalistes palestiniens, d’une arme multidimensionnelle contre Israël. Lorsque des personnalités arabes et musulmanes, certes minoritaires, osent s’élever contre cette imposture et dénoncent l’instrumentalisation du « problème des réfugiés » (rendu insoluble tant qu’Israël existe), il convient de leur rendre hommage : c’est le cas de la journaliste et essayiste d’origine égyptienne Nonie Darwish qui, née au Caire, a grandi à Gaza avant de s’installer aux États-Unis où elle s’est engagée dans un combat intellectuel contre l’islamisme et en faveur de la paix avec Israël. Sa critique de la politique des pays arabes et des dirigeants palestiniens va de pair avec un engagement pro-israélien, dont témoigne son initiative de créer le blog « Arabs for Israel » (http://arabsforisrael.com/). Un itinéraire qui n’était guère prévisible pour la fille d’un officier égyptien nassérien ayant combattu les Israéliens à Gaza, où il mourut en « shahid ». Réagissant d’une façon non conformiste, en février 2009, à la situation désastreuse dans laquelle se trouve la bande de Gaza sous la dictature du Hamas, Nonie Darwish a publié un article titré « La fin du statut de réfugiés du peuple palestinien », où, mêlant son témoignage personnel à une analyse politique, elle dénonce avec fermeté la création et l’entretien de la « question des réfugiés » par les dirigeants palestiniens comme par tous les États arabo-musulmans :

La terrible situation humanitaire dans la bande de Gaza m’est très pénible à voir parce que j’y ai vécu enfant dans les années 1950. Les histoires montrées aux actualités disent que cette condition est uniquement due aux actions militaires et économiques israéliennes contre le Hamas, mais elles évitent d’en expliquer l’origine : 60 ans de politique arabe visant à maintenir le peuple palestinien comme des réfugiés apatrides dans le but de nuire à Israël. Enfant à Gaza dans les années 1950, j’ai ressenti les résultats précoces de cette politique. L’Égypte, qui contrôlait alors Gaza, menait des opérations de type guérillas contre Israël à partir de Gaza. […] Ces opérations exécutées par des « fedayin » (« ceux qui se sacrifient eux-mêmes ») sont devenues la ligne de front du jihad arabe contre Israël. […] Le monde arabe a commencé sa politique de réfugiés palestiniens dans les années durant lesquelles la Ligue arabe mettait en place ses lois spéciales concernant les Palestiniens et auxquelles tous les pays arabes devaient obéir. Les pays arabes ne devaient pas intégrer les Palestiniens. Même si les Palestiniens se mariaient avec un citoyen d’un pays arabe, ils ne pouvaient pas devenir citoyens du pays de leur conjoint. Un Palestinien peut naître, vivre et mourir dans un pays arabe sans jamais en obtenir la nationalité. Je reçois encore des e-mails de Palestiniens qui me disent qu’ils ne peuvent pas obtenir un passeport d’un des pays arabes. Ils doivent rester Palestiniens même s’ils n’ont jamais mis un pied à Gaza ou en Cisjordanie. Cette politique consistant à imposer l’identité palestinienne aux Palestiniens pour toujours était destinée à perpétuer et à exacerber la crise des réfugiés palestiniens. Ceci s’applique également à la politique arabe de surpeuplement de Gaza. Soixante ans durant, les Palestiniens ont été utilisés et abusés par les nations arabes, et par les terroristes palestiniens, dans le seul but de détruire Israël. Aujourd’hui, c’est le Hamas qui utilise et abuse de ses frères, soeurs et enfants palestiniens à cette fin. Alors que les leaders du Hamas se cachent dans les bunkers bien achalandés et les tunnels qu’ils ont préparés avant de provoquer Israël par leurs attaques, les civils palestiniens sont exposés […] aux feux croisés mortels entre le Hamas et les soldats israéliens. Et la bande de Gaza, aujourd’hui contrôlée par le Hamas, une organisation terroriste islamiste soutenue par l’Iran, s’enflamme. La conséquence de cette politique arabe de 60 ans est que Gaza est devenu un camp de prisonniers pour 1,5 million de Palestiniens, qui souffrent alors que - et parce que – cette politique continue à servir de rampe de lancement pour les attaques contre les citoyens israéliens. Aujourd’hui ces attaques prennent la forme des missiles du Hamas qui ciblent aveuglément les jardins d’enfants israéliens, les maisons et les commerces. Et le Hamas exécute ces attaques plus de deux ans après qu’Israël se fut totalement retiré de Gaza dans l’espoir que ce pas marquerait le début d’un processus de construction d’un État palestinien et conduirait à une solution pacifique du conflit israélo-palestinien, fondée sur la coexistence de deux États. […] Le monde arabe doit mettre fin au statut de réfugiés des Palestiniens et ainsi à leur désir de nuire à Israël. Les 22 pays arabes doivent ouvrir leurs frontières et intégrer les Palestiniens de Gaza qui souhaitent être intégrés. Il est temps pour le monde arabe d’aider réellement les Palestiniens et non de les utiliser.

Mais le discours de la courageuse et lucide Nonie Darwish n’est pas celui qui domine dans les médias, qu’ils soient proche-orientaux ou occidentaux. À quelques exceptions près, les médias ne s’ouvrent guère qu’au discours idéologisé des nationalistes palestiniens et des intellectuels arabo-musulmans qui accusent litaniquement Israël et « le sionisme » d’être la cause de tous les malheurs des Palestiniens et des pays arabes.

Pierre-André Taguieff




La nouvelle propagande antijuive - Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 19 mai 2010 : 19:47

La nouvelle propagande antijuive. Du symbole al-Dura aux rumeurs de Gaza, PUF, coll. «Intervention philosophique», 2010 - Bonne feuilles, quatrième partie


Dans cet extrait, l’auteur rappelle comment, lors de la 3è conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance, réunie à Durban, en Afrique du Sud, du 31 août au 8 septembre 2001, sous la présidence de Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Israël a fait l’objet de toutes les attaques les plus virulentes. Dans un climat hystérique, certains militants propalestiniens ont même diffusé les Protocoles des Sages de Sion. Des Protocoles qui sont instrumentalisés ou qui semblent fasciner les dirigeants du Hamas et même de hauts responsables… de l’autorité palestinienne.

Marc Knobel

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À Durban, les militants « antiracistes » et tiers-mondistes, flânant parmi les stands des milliers d’ONG, pouvaient en effet se procurer les Protocoles des Sages de Sion, censés dévoiler les criminels plans de « domination mondiale » des éternels « ennemis du genre humain », les Juifs, ou « les sionistes ». Le faux antijuif est en effet bien connu des islamistes de toutes obédiences, qui y voient un document authentique, permettant de connaître la psychologie de l’ennemi et de le combattre efficacement. La Charte du Hamas (18 août 1988), par exemple, mentionne les Protocoles dans son article 32 en tant que preuve du criminel « projet » des « sionistes » :

« La conspiration sioniste n’a pas de limites. Après la Palestine, les sionistes veulent accaparer la terre, du Nil à l’Euphrate. Quand ils auront digéré la région conquise, ils aspireront à d’autres conquêtes. Leur plan a été énoncé dans les Protocoles des Sages de Sion, et leur conduite actuelle en est la meilleure preuve. Sortir du cercle de la lutte contre le sionisme est une haute trahison. Maudits soient ceux qui agissent de la sorte. […] Nous n’avons d’autre choix que de mobiliser toutes nos forces et nos énergies afin de combattre cette vicieuse invasion nazie-tartare [sic]. […] Au sein du cercle du combat contre le sionisme mondial, le Hamas se considère comme le fer de lance et l’avant-garde. […] Tous les groupes islamiques du monde devraient faire de même, car ces derniers sont mieux équipés pour combattre les Juifs bellicistes. »

Vingt ans plus tard, la lecture des Protocoles n’avait nullement cessé d’éclairer les « résistants » palestiniens. En 2007, Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, interrogé à Gaza sur les Protocoles par la réalisatrice Barbara Necek, lui déclarait :

« Nous, au Hamas, nous considérons très précisément que les Protocoles ont été écrits par les Juifs, parce que les Juifs sont des fauteurs de troubles partout dans le monde, dans le monde
arabe, dans les pays musulmans, en Europe et aux États-Unis. C’est tout le temps la même chose : là où il y a un Juif, il y a un problème. »

En 2007 également, Hazem Abou Shanab, l’un des représentants de la jeune génération du Fatah dont il est le porte-parole, précisait à propos du document intitulé Protocoles des Sages de Sion :

« Nous l’avons lu, nous continuons à le lire et nous demandons à nos membres de lire ce livre très attentivement pour connaître la façon de penser de notre ennemi. C’est un livre authentique, vous pouvez le toucher, le sentir, le comprendre. Vous pouvez voir les résultats de ce livre. Il existe et il y a même des gens qui ont été élevés selon des principes qui sont décrits de manière très précise dans ce livre. »

À la question « Yasser Arafat a-t-il lu les Protocoles ? », Hazem Abou Shanab répond :

« Bien sûr qu’il les a lus. Vous savez, tous les membres du Fatah ont lu les Protocoles du Sionisme [sic], mais la question importante est de savoir si nous croyons ce qui y est écrit. Nous ne pensons pas qu’ils [« les sionistes »] vont arriver à réaliser leur plan même s’ils ont réussi à en réaliser certaines étapes. Notre rôle est justement de les en empêcher. »

Revenons à 2001, l’année du grand basculement dans le siècle du terrorisme international et de l’islam politique conquérant, de la corruption idéologique de l’antiracisme, de l’instrumentalisation cynique des droits de l’homme et du déclin des démocraties occidentales, minées par la perte de confiance en soi et l’esprit de capitulation. Les militants « antiracistes » pouvaient également se procurer à Durban une brochure publiée par l’Union des avocats arabes et largement distribuée durant la Conférence, Racisme, sionisme et Israël, qui commence ainsi :

Israël est le parfait exemple d’un racisme complexe et étendu. Cet État est en effet l’incarnation de ce racisme spécifique qui fonde le sionisme et fait d’Israël le dernier avatar d’une sombre histoire qui fut le témoin des souffrances endurées par l’humanité, suite à l’agressivité du racisme et à son abjecte discrimination entre les hommes.

Un tract massivement diffusé affichait une photo d’Adolf Hitler, accompagnée de la légende suivante : « Si j’avais gagné il n’y aurait pas eu d’Israël, et il n’y aurait pas eu de sang palestinien versé. » À Durban, comme dans les prêches du vendredi partout au Proche-Orient, les « sionistes » de la judéophobie euphémisée des années 1970-1990 se sont transformés en « Juifs », expressément criminalisés, par exemple à travers ce slogan crié et diffusé par tracts alors que se tenait la prétendue Conférence mondiale contre le racisme : « Un Juif, une balle » (« One Jew, one bullet »). Des manifestants « antiracistes » et « pro-palestiniens » n’ont plus dissimulé leur désir profond en hurlant à Durban : « Kill (the) Jews ! » Fidel Castro termina son discours par le slogan « Free, free Palestine ! », et la foule, décryptant le message, reprit en choeur « Kill, kill the Jews ! ». « Tuer les Juifs » et détruire Israël : les deux mots d’ordre de la nouvelle judéophobie mondialisée. Dans le forum des ONG, les accusations et les injures antijuives convergeaient toutes en effet vers un appel à la destruction de l’État d’Israël. À Durban I s’est accompli un pogrom symbolique : sur une scène internationale a été présenté le spectacle d’une mise à mort allégorique des Juifs au nom de l’antiracisme et de la tolérance. Un « permis de tuer » a été délivré au nom de l’antiracisme. Odieuse manipulation. Certes, le texte finalement adopté - non sans négociations tumultueuses - par les États représentés à la Conférence de Durban I respecte les normes du langage diplomatique. Mais la touche « antisioniste » n’y manque pas. L’article 63 de la Déclaration finale précise :

Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les États de la région, y compris Israël, et engageons tous les États à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement.

Dans le cadre d’une conférence sur et contre le racisme, présenter ainsi le triste « sort du peuple palestinien » censé vivre sous « occupation étrangère », en soulignant qu’il est « préoccupant », c’est laisser entendre qu’il se confond avec celui d’une victime du racisme de la puissance d’« occupation étrangère », laquelle ne peut qu’être Israël. Une accusation euphémisée de racisme reste une accusation de racisme, même si le mot « racisme » n’est pas mentionné dans l’acte d’accusation. Le recours à un langage codé ne change rien à la gravité de la charge.

Pierre-André Taguieff



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