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Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 18:38

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé



La synagogue Bet Eliahu de Belmonte, inaugurée en 1966



1492. Expulsion des Juifs d'Espagne. Les Juifs réfugiés à Belmonte, au Portugal, doivent eux aussi trouver un compromis : se convertir officiellement, tout en pratiquant leur religion en secret.

1492. Christophe Colomb "découvre" les Amériques, tandis qu'Isabelle et Ferdinand d'Espagne expulsent les Juifs autochtones, qui trouvent un temps refuge au Portugal. Un choix s'impose: rester, et se convertir, ou s'exiler et vivre librement sa foi. Les Juifs de Belmonte, eux, trouvent un compromis : se convertir officiellement, tout en célébrant leur religion dans le secret. Se développe alors, sur 500 ans, mille et une facons de dissimuler ses rites juifs, en les accomodant à la sauce du quotidien catholique...

Les Marranes, peuple juif forcé à l'exil et la conversion...ou à la clandestinité

Lorsque Isabelle et Ferdinand, rois très catholiques d’Espagne, prennent le décret d’Alhambra en 1492, ils jettent sur les routes des milliers de juifs, contraints à l’exil pour survivre. Certains trouvent refuge au Portugal, contre de fortes sommes d’argent. Mais le roi Dom Manuel qui souhaite épouser une fille des rois espagnols suit l’exemple de ses puissants voisins et ordonne à son tour l’expulsion, ou la conversion en 1496 et 1497. Des communautés vont alors officiellement embrasser la religion catholique. D’autres vont continuer à pratiquer la religion juive en secret.

Protégés par l’isolement des contrées intérieures, ces Marranes (ou juifs séfarades, d’Espagne) préservent rites et traditions juifs. Ils côtoient les chrétiens et les « nouveaux chrétiens » (juifs convertis au catholicisme), s’adaptent, font du commerce, se fondent dans l’anonymat et l’isolement. Jusqu’au début du XX ème siècle où leur présence sera révélée au grand jour. Il faudra attendre la fin de la dictature et la révolution de 1974 pour que ces communautés du centre et du nord du Portugal acceptent timidement de revenir vers le judaïsme traditionnel, en se convertissant. Aujourd’hui les Marranes portugais ne sont plus qu’une poignée. Les rites secrets sont en voie de disparition.

La communauté marrane de Belmonte

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Le château de Belmonte, ville natale de Pedro Alvares Cabrals, qui découvrit le Brésil.


Le château de Belmonte, ville natale de Pedro Alvares Cabrals, qui découvrit le Brésil.Bildunterschrift: Großansicht des Bildes mit der Bildunterschrift: Le château de Belmonte, ville natale de Pedro Alvares Cabrals, qui découvrit le Brésil. L’adufe est un tambourin typique des beiras, les marches portugaises. Rythme et mélopée évoquent l’ancienne civilisation maure qui a occupé le territoire durant des siècles. C’est aussi dans la région isolée des beiras que les juifs expulsés d’Espagne avaient trouvé refuge. Un temps protégé par le royaume portugais, ils ont dû ensuite choisir entre exil ou conversion. Cette solution n’a pas empêché les séfarades ou marranes à continuer à pratiquer leur religion en secret.

Pendant cinq siècles, les Marranes de Belmonte ont vécu leur croyance et leur foi dans la clandestinité, la pratiquant en cachette au risque de leur vie. Au musée juif de la ville, on conserve de précieux objets qui symbolisent l’art du secret et de la dissimulation. Comme cette étrange mezuzah qui renferme le texte sacré et qui d’habitude est fixé sur le chambranle de la porte d’entrée des demeures juives.

Contre l'inquisition, une seule arme : l'art de la dissimulation

David Canelo, professeur d’histoire, nous raconte cet art de la dissimulation : "Au temps de l’inquisition, il était impossible de placer ces symboles sur les portes. Un crypto-juif a alors fabriqué cet objet pour le cacher dans la poche droite du pantalon. A l'intérieur, on trouve le rouleau de prières. Cela date du temps de l’Inquisition".

L’inquisition, arme terrible au service de l’église catholique, sera abolie officiellement en 1821. Ce n’est que dans les années 1930 que la communauté marrane de Belmonte ou crypto-juive fait l’objet d’une tentative de rapprochement avec l’orthodoxie juive. Mais l’époque est aux bruits de bottes. Belmonte se referme sur elle-même.

Ce n’est en fait qu’à partir des années 80 que les « nouveaux chrétiens » vont sortir de l’ombre et adopter la religion juive actuelle. Sous l’influence de riches mécènes marocains et nord américains, Belmonte se dote d’une synagogue en 1996. Pourtant, certains membres de la communauté continuent à pratiquer les anciens rituels.

Selon David Canelo, c'est ce qui fait sa force : " Aujourd’hui, cette religion juive secrète existe toujours à l’intérieur du monde juif actuel. Autrefois, elle survivait au sein du monde catholique. Mais de toute manière, il s’agit d’une religion cachée. Comment l’expliquer ? Et bien la raison, c’est la tradition du secret, une tradition transmise de génération en génération et qui a donné à ce crypto-judaisme sa force, son caractère sacré. Et le devoir de continuer à pratiquer en secret la Pâque juive, les prières et d’autres cérémonies".


Source : [www.dw-world.de]




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 18:44

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Solidarité et traditions perpétrées : deux vecteurs de survie de la communauté



Un bon tiers de la population portugaise serait d’ascendance juive séfarade.





Un bon tiers de la population portugaise serait d’ascendance juive séfarade. La fabrication du pain azyme, la tradition des bougies allumées le vendredi soir, l’interdiction de se marier hors de la communauté…quelques uns de ces rites ont perduré jusqu’à nos jours, parfois même dans l’ignorance de leur signification, en raison de l’assimilation et des conversions. Aujourd’hui encore, les juifs de Belmonte, commerçants habiles, restent très unis, soudés par des siècles de prudence.

José Henriques lit encore le ladino, ce mélange d’hébreu, d’espagnol, de portugais, voire de français. Le ladino est une langue qui a pratiquement disparu lorsque les juifs érudits sont partis se réfugier en Hollande. Aujourd’hui, dans la région de Belmonte, ceux qui reviennent vers le judaïsme traditionnel prient en hébreu. Mais la difficulté de cette langue est souvent un motif de désintérêt pour les plus âgés et les plus humbles.

L’affable José Henriques, lorsqu’il se sent en confiance, accepte d’évoquer les rassemblements clandestins de son enfance, les arrangements avec la viande pour ne pas mourir de faim en l’absence de rabbin. A Belmonte, y compris dans la communauté juive, on aime valoriser les bonnes relations qui ont prévalu entre chrétiens et Marranes.

Pourtant c’est bien de peur que parle José Henriques :"Bien sûr l’inquisition a pris fin, mais la peur est restée. Oui, la peur est restée. Parce qu’ensuite, même après l’inquisition, il s’est encore passé beaucoup beaucoup de choses. Il y a eu la guerre. Ici, nous n’avons jamais subi de pression. Mais il y avait cette méfiance... Oui, la peur, qui nous vient de très très loin."

Un bon tiers de la population portugaise serait d’ascendance juive séfarade. Bien qu’ils aient perdu la trace de leur origine, les Portugais descendants ou non des conversos, les convertis ont adopté des coutumes culinaires qui mettent en évidence le génie de la dissimulation des ancêtres crypto-juifs.

Comme pour l’alheira, une saucisse bien particulière. Antonia nous livre le secre de la préparation de l'alheira : " On prend du lapin, de la poule aussi, on coupe en tout petit morceaux, il faut mettre la graisse, on met de la graisse qu’on frit en même temps que la viande. Après il faut mettre du sel, à notre manière, mais aussi les épices et le poivre. On mélange tout. Puis on rajoute un peu de farine pour que ça prenne. De la farine de mais et de la farine de blé. Sinon il y a pas de consistance. Comme si c’était de la viande de porc. C’est comme ça qu’on fait l’alheira". L’alheira n’est autre qu’une saucisse kasher, communément utilisée dans le nord du Portugal, mais madame Antonia ne le sait pas.

[www.dw-world.de]

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Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 18:48

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Vers la reconnaissance des juifs portugais... et l'extinction du marranisme



Une croix sur la porte d'entrée en guise de preuve de conversion au catholicisme.


Une croix sur la porte d'entrée en guise de preuve de conversion au catholicisme.Bildunterschrift: Großansicht des Bildes mit der Bildunterschrift: Une croix sur la porte d'entrée en guise de preuve de conversion au catholicisme. Aujourd’hui, les communautés juives portugaises vivent au grand jour. Depuis une vingtaine d’années, le processus de retour vers Israël, que les Portugais nomment resgate, s’est étendu sous l’influence des rabbins.

Le cinéaste Jorge Neves, fondateur de l’association Ladina à Porto, où le mouvement de retour est le plus important, tient à marquer la différence : "On n’a jamais accepté la reconversion. Parce que ce serait renier notre passé historique. Et il n’en est pas question. On a obtenu qu’Israel reconnaisse qu’il y a toujours eu des juifs au Portugal, qu’ils vivaient cachés, mais qu’ils n’avaient jamais coupé les ponts, et qu’ils soient reconnus comme tels. Aujourd’hui, nous ne sommes plus marranes. Bien que moi et d’autres avec moi, nous assumions notre passé, notre héritage. Cette question du marranisme, c’est une chose très importante culturellement. Aux yeux des autres, des chrétiens, nous étions juifs, mais pour les juifs nous ne l’étions pas. Heureusement ,aujourd’hui on a pu dépasser ces barrières".

Contraints durant des siècles à la dissimulation, au silence, à une sorte d’errance intérieure, persécutés aussi, les juifs portugais vivent désormais librement leur religion. Seuls quelques marranes trop âgés pour accepter la circoncision, ou pour apprendre l’hébreu restent en retrait. Combien sont-ils ? Une centaine peut-être.

Dans moins d’une génération, la contre- culture que représente le marranisme portugais aura sans doute disparu. Pourtant, les tentatives de la faire revivre existent. Le travail des historiens ne fait que commencer. Le ladino est au goût du jour. Les influences touchent la musique, et la nostalgie du fado ladino de Rosa Negra ouvre la porte du souvenir.


Juliette Laurent (Septembre 2007)
[www.dw-world.de]




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 18:59

BELMONTE - MEMOIRE ET IDENTITE.




À Belmonte, un village situé à l’extrême nord du district de Castelo Branco, a survécu une communauté dont les membres sont identifiés comme des juifs.

Pendant des siècles, l’absence de chefs religieux, l’éloignement des textes sacrés, la maille d’échanges culturelles intercommunautaires pourraient avoir abouti à l’assimilation des juifs de Belmonte par la société environnante. Mais le “miracle” c’est qu’ils ont résisté et ont perpétué des rituels, ont crée une religion spécifique, vécue dans la clandestinité.

Les versions connues sur l’origine de cette communauté ont révélé qu’en ce qui concerne les questions identitaires, même les évènements sont manipulables, dociles à des intérêts. On avait entendu souvent et lu aussi que ces juifs étaient revenus au bourg, au XVIIIème siècle, après les lois de Pombal, Premier ministre du roi D. José I, qu’a ordonné la fin de la distinction entre les vieux et les nouveaux chrétiens – un nom qui est apparu après la conversion forcée au temps de D. Manuel – 1497 -. Et le plus on disait que le nom du quartier oú ils demeuraient s’appelaient Maroc parce qu’ils étaient tous revenus de ce pays. L’histoire officielle connue, écrite par des non juifs, leur retirait le partage du territoire justement après le Décret d’Expulsion de 1496. Tout le monde était parti, aux ordres du roi, et tout le monde a décidé revenir à Belmonte, après quelques centaines d’années. Les livres publiés sur l’Inquisition portugaise n’enregistraient pas des gens du village, saufHistória da Inquisição de Évora,[b] de [b]António Borges Coelho, oú on peut trouver le nom d’une femme de Belmonte, mariée, qui a été emprisonnée avec son mari.

Les juifs de la communauté racontaient une autre histoire sur leur origine; ils parlaient d’un couple initiateur, Maria Caetana e Diogo Henriques, et montraient leur arbre généalogique, incomplète, bien sur, et sans rigueur, élaboré par un juif, dont ils avaient oublié le nom. Ce couple avait vécu à Belmonte au XIXème siècle.

Les recherches qu’on a développées – Les juifs de Belmonte, les chemins de la mémoire ; Judaïsme au féminin - ont montré que les documents de l’Inquisition de Lisboa témoignent une histoire différente. La présence des inquisiteurs à Belmonte est documentée, et on a pu étudier des procès des gens naturelles et qui demeuraient dans le village, le XVIème, le XVIIème et le XVIIIéme siècles.

La vie sous l’Inquisition n’a pas été indifférente: comme dans tout le pays, la pratique cryptique, la duplicité, l’endogamie se sont perpétuées comme modus vivendi engendrant des marques culturelles propres.

Le long vécu marranique a tissé des singularités et une autonomie religieuse qui a éloigné la communauté de juifs et de non juifs. Les protagonistes de ce processus ont été les hazzanot (les diseuses de prières, les parleuses de la Loi) . Leur prestige sacerdotal pendant la longue période cryptojudaique, la socialisation, la fidélité à la Loi mosaïque ( envisageant la vie comme mission, privilégiant l’endogamie, traçant des stratégies protectrices du maintien de l’ordre communautaire), le travail au dehors ( assurant une indépendance économique et l’élargissement des espaces de sociabilité) ont engendré une chaîne de transmission, une zone protégée de croyances, de rituels et de symboles judaïques.

Au début du XXème siécle, Samuel Schwarz , un ingénieur polonais, juif, qui est venu travailler dans les mines de Gaia, près de Belmonte, découvre cette communauté. Il publiera un livre, Os Cristãos novos em Portugal no século XX, oú il relate comment il s’est rencontré avec ces juifs. On croit que la présence de Schwarz au bourg, s’est révélé un des facteurs, des plus importants pour le survécue de la communauté. Avec lui ils ont allumé les chandelles de la mémoire. Ils ont célébré des cérémonies religieuses déjà oubliées, et ont appris des préceptes. Dans une période oú se développait le mouvement du rachat des marranes, lidéré par Barros Basto, il a pu compter avec un appui relevant de cet ingénieur dans la région de Beira ; beaucoup de jeunes, de Belmonte, de Covilhã, de Fundão, ont fréquenté la Yeshivá Rosh Pinah dirigée par Barros Basto à Porto.

Après la fin de la Première République – 1910 –1926 -et de ses lois de tolérance religieuse, la vie des juifs de la région est devenue plus difficile. La connaissance du nazisme, la politique portugaise, la peur d’appartenir à une minorité qu’était poursuivi un peu partout, a installé le secret, a fermé la communauté aux autres. Ils se cachaient et quand ils voudraient se rappeler les préceptes religieux leur recours était la mémoire des femmes et bien le livre de Schwarz : on l’appelle souvent Le Manuel du parfait cryptojuif. ( Il faut dire que la Différence dite par l’antisémitisme et par l’antimarranisme qui relèvent de l’intermédiation avec la société environnante, a aussi participé dans la construction identitaire de la communauté) .

On a connu la communauté depuis les années soixante dix. À Belmonte tout le monde savait qui étaient les juifs. Leur religion marquée par le syncrétisme les plaçait entre des feux : les catholiques ne les acceptaient pas parce qu’ils étaient juifs ; les juifs orthodoxes leur refusaient son judaïsme parce qu’ils s’étaient baptisés, souvent mariés, et toujours enterrés par l’Église. Et pourtant ils se sentaient juifs. Vers les années 80 ils ont éveillé un grand intérêt de quelques membres de la communauté de Lisboa et de l’ambassadrice d’Israël au Portugal, Collette Avital. Alors, le bonheur régnait entre les juifs de Belmonte, ils étaient acceptés pour le judaïsme officiel.

La présence de rabbins orthodoxes, depuis 1990, n’a pas éteint complètement le marranisme, malgré la construction de la synagogue – 1996 -, du cimetière judaïque – 2000 -, des circoncisions, de la connaissance des fêtes, des prières, des lois de cacheroute et de pureté familière.

La définition des frontières, la rigidité des critères d’identification judaïque s’est confronté aux résistances et a produit des dissidences. Dans les modèles du Judaïsme orthodoxe n’ont pas de place les croyants d’une religion vécue hors des canons institutionnels.

Après les années 90, Belmonte est un microcosme oú sont lisibles multiples questions qui concernent le monde judaïque. Il s’agit d’un temps de reconstruction, de doute, et pour quelques membres de nostalgie du passé ; la femme s’est maintenue, souvent, l’éducatrice privilégiée, l’artisane de l’identité, qui fait la transmission d’un patrimoine et d’une cosmovision qui n’ont pas été complètement substitués. La fidélité à la Loi écrite, à la Parole du Père, est un devoir, mais fut/ c’est le rôle d’agent de socialisation qui a rendu la femme gardienne du système. La volonté et la détermination de veiller à la non détérioration des cadres de référence, la transmission de croyances et de codes se joint à l’envie de construction d’un espace communautaire assurant.

Héritières du marranisme, à Belmonte il y a des personnes déracinées qui ont vécu leur religion librement ; confrontées aux pratiques rabbiniques, il y a des gens qui les acceptent, avec des différents degrés d’attachement et de connaissance, il y a d’autres pour qui le poids de la conversion, de la ré-éducation a été insoutenable. Elles maintiennent leur autarcie judaïque, s’éloignant de la religion officielle ; ce sont les neo-marranes qui participent à la construction de la richesse polymorphe du Judaïsme.



Maria Antonieta Garcia pour
[www.sefarad.org]




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 19:06

Quelques images sur video (pas gratuite)

[www.vodeo.tv]

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juillet 2008 : 19:11

Histoire(s) de deux villes juives Lisbonne et Riga

Deux villes, aussi éloignées l'une de l'autre qu'il est possible en Europe. Deux petits pays, aux deux extrémités du continent, qui ont connu en ce siècle l'un le fascisme et l'autre le communisme. Deux communautés juives durement éprouvées par l'histoire, et dont la survie symbolique est due à une immigration récente. Deux femmes enfin, pour qui ce voyage était une sorte de retour aux sources. Voici ce qu'elles ont vu et entendu.

Lisbonne, si je t'oublie...
PAR ESTHER BENBASSA

[www.col.fr]

Un texte que je releve de cet article...

"Les crypto-juifs de Belmonte, dont on a tant parlé il y a quelques années, auraient un peu tendance à faire oublier la présence dans le pays d'un bon millier de Juifs. Dans le même temps, étrangement, les recensements comptabilisent 5 000 personnes qui disent appartenir au groupe juif. Curieux pays, où les chiffres eux-mêmes enregistrent les bizarreries de l'imaginaire : des Portugais de souche, se considérant comme d'anciens marranes, n'hésitent ainsi pas à se faire recenser comme Juifs. Pour une fois, l'assimilation paraît fonctionner en sens inverse…"

et

"La papauté autorise la création de l'Inquisition en 1535. Elle s'implante définitivement en 1547. Beaucoup de " nouveaux chrétiens " n'ont d'autre choix que le départ. Ils se dispersent à travers l'Europe - en France, aux Pays-Bas, en Allemagne du Nord. D'autres rejoignent les colonies portugaises, l'Afrique du Nord, l'Italie et l'Empire ottoman, et investissent dans le négoce de l'Atlantique."




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 31 juillet 2008 : 04:36

LA FOI DU SOUVENIR, Labyrinthes marranes

de Nathan Wachtel. Seuil


Partir, alors, n'était pas une mince aventure. Ils ont traversé l'océan pour fuir l'Inquisition et miser sur l'avenir dans cette Amérique de tous les possibles, au Brésil, au Mexique, au Pérou et dans les pays alentour.

La plupart venaient du Portugal où, en 1497, tous les juifs avaient été convertis de force en nouveaux chrétiens. Leur fortune était inégale : il y avait parmi eux des hommes d'affaires puissants dont les activités [s'étendaient sur plusieurs continents, des chanceux enrichis dans les fameuses mines d'argent du Potosi péruvien, des commerçants jouissant d'une relative aisance, de modestes artisans et des colporteurs misérables. Riches ou pauvres, ils ont été rattrapés par le bras long de l'Inquisition venue traquer outre-Atlantique ceux qui étaient soupçonnés de judaïser en secret.

Dans les possessions espagnoles où trois tribunaux du Saint-Office furent installés à Lima, à Mexico, puis à Carthagène, une première vague de répression a commencé dans les années 1590, suivie d'une autre dans les années 1630-1640. Au Brésil, la chasse aux marranes a démarré plus tard, à l'extrême fin du XVIIe siècle pour se poursuivre dans la première moitié du XVIIIe.

Des milliers de procès ont été consignés dans les archives inquisitoriales. C'est là, dans ces liasses jaunies, que l'anthropologue Nathan Wachtel a retrouvé leurs traces. A partir de ces sources à la fois fragmentaires et détaillées - comptes rendus d'interrogatoires, observations des gardiens de prison, rêves plus ou moins prémonitoires d'un prisonnier notés par un mouchard, et jusqu'aux gémissements du malheureux ligoté sur un chevalet et soumis à la question -, il recompose une série de portraits d'une remarquable vivacité. La restitution de ces figures marranes doit tout à l'art méticuleux et à la science profane de l'historien, mais elle n'est pas sans évoquer la tradition juive consistant à rappeler le souvenir de ceux qui sont morts pour "la sanctification du nom" (tués en tant que juifs).

Un destin commun à l'humble Juan Vincente, le savetier vagabond, qui connut de longues années de prison, fut deux fois "réconcilié", affublé du san benito (la tunique d'infamie) et finalement condamné au bûcher en 1626 ; à l'érudit Francisco Maldonna de Silva, impressionnant de détermination, qui défiait ses juges, citait Aristote et multipliait les arguments théologiques dans une extraordinaire combinaison de foi intense et de passion pour la raison, avant d'être brûlé vif en 1639 ; ou encore au riche marchand d'esclaves Manuel Bautista Perez, surnommé "le Grand Capitaine", considéré comme le guide spirituel des judaïsants de Lima, en dépit d'une dévotion chrétienne certaine et d'un attachement à la loi de Moïse plus mémoriel que religieux ; un homme très connu vers qui tous les regards convergeaient lors de ce même autodafé de 1639.

La pratique clandestine du judaïsme se cachant dans l'espace domestique, les femmes y prenaient une grande part. D'où la persécution de ces "matrones" qualifiées de "dogmatistes" et de "rabbines" par les inquisiteurs. Leonor Nunez, par exemple, une fervente à laquelle les judaïsants de Mexico s'adressaient pour la toilette des morts, une sainte, disait-on, qui avait le don de prophétie et qui permettait à ses filles d'avoir des relations sexuelles à condition que celles-ci soient accompagnées de jeûnes. Pour Nathan Wachtel, cette surprenante association entre rapports charnels et observances rituelles s'inspirait peut-être de courants illuministes chrétiens, mais elle se rapprochait également des rites de certains groupes juifs hérétiques cherchant à hâter l'avènement de la Rédemption par des pratiques orgiastiques. Il n'est pas toujours aisé, en effet, de faire la part des influences dans le synchrétisme marrane qui prenait parfois la forme de surprenants "bricolages" théologiques. Ainsi, au Brésil, la maladroite et naïve Theresa Paes de Jesus avoua pour sa défense une sorte de "marranisme à l'envers" : elle n'avait judaïsé qu'en apparence, pour complaire à ses proches, tout en conservant en son for intérieur la foi chrétienne, mais une foi sacrilège qui scandalisa le tribunal et lui valut d'être condamnée au bûcher, car elle avait crû que "Moïse et Jésus étaient la même personne, fils de la reine Esther elle-même assimilée à la Vierge Marie". Soupçon et répression frappaient aussi les "vieilles chrétiennes" ayant épousé un judaïsant, telle Maria de Zarate, emprisonnée, interrogée, examinée par des médecins cherchant sur son épaule la cicatrice révélatrice d'une bizarre "circoncision" et qui assista au supplice de son époux, l'inflexible Francisco Botello, brûlé vif sur la Plaza Mayor de Mexico en 1659.

L'acharnement des juges était d'autant plus implacable qu'il était enté sur une absolue certitude de défendre le bien et le vrai. Forts de cette terrible conviction, tout leur était bon pour démasquer les judaïsants, obtenir aveux, dénonciations et actes de contrition : la torture comme les débats cléricaux sans fin, les espions, les pressions sur l'entourage, l'organisation systématique de la délation, les "inspections" des docteurs cherchant sur le sexe des hommes la petite coupure attestant une circoncision symbolique et, enfin, le terrible cérémonial du châtiment, lors des grands autodafés publics où les irréductibles étaient brûlés vivants et les repentants tués avant d'être livrés aux flammes. Face à une telle menace, l'obstination secrète des marranes paraît d'autant plus émouvante. Ils avouaient, se repentaient pour la plupart, tant la pression était forte, mais ils persistaient, inventaient d'innombrables ruses, des codes, des signaux, des simulations, et puis, d'une arrestation à l'autre, sur dénonciation le plus souvent, ils finissaient par être condamnés à périr comme "relaps".

A travers cette saisissante et savante recherche au long cours, Nathan Wachtel a atteint son objectif : construire à la fois une mémoire vivante et une histoire intelligible. Ces figures marranes arrachées à l'oubli ou, pour certaines, au glacis de la légende, acquièrent une singulière densité. Les statuts, les itinéraires, les caractères de ces personnages diffèrent, chaque parcours est unique et, en même temps, de portrait en portrait, se dégagent des manières d'agir et de penser communes : une préférence pour les alliances endogames, un fonds variable de croyances et de coutumes et cette "valorisation du secret" uniformément partagée. S'y ajoutent de nombreuses hybridations entre éducation chrétienne et héritage juif, mais aussi, dans la tension entre les deux, des formes de relativisme religieux et des tendances sceptiques annonçant la modernité.

Répression, syncrétisme, érosion des croyances, trois ou quatre siècles plus tard, il ne devrait rien en rester. Or voici qu'aujourd'hui, dans le nord-est du Brésil, dans des familles chrétiennes, des prohibitions alimentaires ou des habitudes inexpliquées, comme cette bougie allumée pour "les anges" le vendredi, suscitent curiosité et mouvement de retour vers la foi de possibles ancêtres juifs. Anthropologue autant qu'historien, familier des voyages entre présent et passé, Nathan Wachtel a rencontré quelques-uns de ces marranes contemporains, tel Odmar Pinheiro Braga, homme de mélanges assurément, guide religieux, policier et poète. Mais ce n'est là qu'un début d'enquête, le sujet d'un livre à venir, que l'on attend déjà.

* Nicole Lapierre, Juifs cachés du Nouveau Monde
[www.denistouret.net]




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 31 juillet 2008 : 05:03

A lire, et ce par la bibliotheque numerique qui parait sur Google

"La Nef Marrane: essai sur le retour du judaïsme aux portes de l'Occident
By Anne-Lise Polo"

[books.google.com]

500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 05:30

EXILES DE L'EXIL







Comment dire ces sentiments qui se pressent
Comment dire l'étrange
Comment dire l'inquisition et ne dire qu'un mot
Comment dire ce supplice qui a cinq siècles
Comment dire cette dissimulation, cette terreur et cette peur, ce spectre encore vivant qui hante les mémoires
Comment dire cette histoire qui n'est pas celle d'un autre mais la notre
Comment dire cette foi inébranlable dont témoignent ces gestes graves et ces prières chantonnées comme des comptines entêtées et entêtantes
Comment dire ce Miracle
Comment dire cette judéité qui se cache mais qui vit cependant
Comment dire ce qui se refuse à être dit
Comment dire, comment montrer ce qui est marque du sceau de la dissimulation
Comment restituer l'essence d'une situation
Comment rendre signifiant ce qui n'épouse aucun modèle du judaïsme vivant
Comment signifier si l'on ne peut s'accrocher à aucun modèle déjà existant
Comment restituer l'existence de deux univers, leur imbrication et leurs influences réciproques
Comment restituer dans un rectangle l'essence et la dissimulation, ce qui se cache sans ôter ce qui aide à cacher
Comment dire cette situation impossible



Lisbonne, le 10 aout 1983

Titre du livre de Frederic Brenner et Yossef Hayim Yerushalmi - Editions de la difference.






500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 05:48

Les derniers marranes, le temps, la peur, la memoire

par Yosef Hayim Yerushalmi



Ce livre relate en photos et prieres l'histoire de cette communaute miraculeusement restee juive malgre l'Inquisition et les menaces terribles qui pesaient sur elle.

Belmonte, province de Beira, à quelques kilomètres de la frontière espagnole. Deux mille cinq cents habitants, cent vingt marranes, derniers témoins de ce défi.
On est marrane pour soi, au sein de la famille. Le concept même de communauté est étranger à la réalité marrane. Le cloisonnement est la règle de survie primordiale chez les clandestins. Officiellement, on est chrétien : baptisé, marié devant le cure, recevant les derniers sacrements de l'église. En secret, dans l'intimité de la cellule familiale, on est Juif. On célèbre le sabbat, Kippour, le Jeune d'Esther, Pessah. Concrètement, dans le quotidien, on ne peut déceler aucun signe apparent de judaïsme :

- Pas de circoncision ;
- pas de livre, pas de trace écrite, mais une traditions orale transmise aux générations ;
- pas de langue non plus. Toutes les prières sont en portugais, à l'exception du Nom de Dieu, prononcé en hébreu - Adonaï
- pas de synagogue, mais des greniers, parfois des caves, des vergers et des champs à l'abri des regards ;
- pas d'institution, pas de rabbins. Ce sont les femmes qui transmettent la tradition de génération en génération, ce sont les femmes qui réunissent pour prier. C'est la grand-mère qui marie sa petite-fille.

Voila une religion sans appareil et sans faste, réduite à l'essentiel, au noyau humain.

Demeurer Juif dans ces conditions, dans une société ou seul le catholicisme a droit de cite, relève du défi.




500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 06:06

Ces bouleversantes photos ont ete prises par Frederic Brenner qui
avec Yosef Hayim Yerushalmi ont redige ce livre sur les "Marranes".

On y trouve egalement toutes les prieres que ces Juifs du secret disaient
avant Shabbat ou pour Pessah... Elles etaient dites non pas en hebreu
mais en Portugais.

Cette photo m'est si familiere qu'il me semble y voir un membre de la famille.
Il y a sur la table cette nappe de crochet, la meme que je voyais chez
mes grands-parents ainsi que la theiere et la physionomie du visage...

Tres emouvant ! Je precise que ces photos sont assez recentes et
elles ont ete prises en 1983.

Photos Frederic Brenner

Voici Sarah, gardienne des traditions




C'est la photo de Antonio Pereira da Silva, Pennamacor, province de Beira



Olivia et son mari dans leur chambre. Valarinho dos Galegos, province de
Tras-os-Montes




Sexta-Feira, ceremonie d'entree du Shabbat



Encore la ceremonie d'entree du Shabbat.









500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 06:12

D'autres photos encore, toutes aussi poignantes...


Olivia et ses amies.



Preparation et cuisson du pain dans le four du village.Vilarinho dos
Galegos, province de Tras-os-Montes.




500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 06:17

La Paque, priere sous les toits,

Recit de la sortie d'Egypte, et prieres pendant la fabrication du pain

azyme.

Photos Frederic Brenner.



Ils etaient curieusement vetus de blanc...








500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 06:25



Priere apres le partage des eaux.



Les 8 jours de la Paque. Repas dans les champs, loin des regards,
Offrande du pain azyme a l'"altissimo senhor" et prieres



La Paque,la priere a l'aube, apres le partage des eaux ;

deux attitudes dans la priere - les mains jointes ou une main voilant la face -
qui revelent une tendance au syncretisme du marranisme.




500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 octobre 2008 : 06:30

En allumant les bougies du shabbat...



Et une petite anecdote amusante...





Photos tirees du livre de Frederic Brenner et Yosef Hayim Yerushalmi - Editions la Difference (epuisee)

500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: preciosa (IP enregistrè)
Date: 05 octobre 2008 : 02:07

darlett magnifique, tres emouvant, j'ai lu et relu. Je ne sais comment ils continuent a faire la religion chez eux, et surtout que ca vient de generation en generation et sans livres.

j'aimerai bien lire ce livre.

Merci et bravo

500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 05 octobre 2008 : 17:55

Merci Preciosa, leur "crime" a ces hommes et pour lequel ils etaient cruellement poursuivis et depossedes, etait d'etre Juif...

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: Marie-Jose (IP enregistrè)
Date: 26 janvier 2009 : 23:20

merci Darlett


pour ce reportage

je n'ai pas tout lu loin de là, je viens seulement de découvrir cette rubrique ....

je lirai dans les jours qui viennent ...

je voulais juste vous donner une précisuion concernant la région de TRAS os MONTES que tu cites avec les photos

c'est une région au nord est du Portugal, assez pauvre ..
j'y suis passée dans les années 80, elle était encore très pauvre
et un peu isolée des autres régions par les montagnes.

qui plus est cette région avait été bien déboisée pour la construction des caravelles .. portugaises

depuis la fin de la dictature, les gouvernements essaient de reboiser ...


et son nom veut dire : derrière les montagnes !!

et pourtant c'est de cette région qu'est partie la création du Portugal ...

les Nobles de Bragance, la capitale de cette région !!

bonne soirée et amitiés

Marie josé

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 mai 2009 : 03:16

"Dire le secret" est le theme de la revue intitulee "Sigila"

Sigila est une publication semestrielle transdisciplinaire consacrée à
l'analyse de la figure du secret.




Dans la région portugaise du Trás-os-Montes, la transmission silencieuse de l’héritage crypto-juif au sein de nombreuses communautés locales a gardé jusqu’à présent les traces d’un passé historique enterré vif dans le temps. Le secret des descendants de juifs convertis y est devenu presque oublié par les gardiens mêmes de cette histoire involontairement cachée. Mais il s’y manifeste toujours, à travers des débris et fragments de ruines ethnographiques, des riens qui font un tout et sont au cœur de l’identité des crypto-juifs. Comme des échos d’une absence, ces groupes reproduisent toute une inarticulation de l’histoire qui devient cependant de plus en plus intelligible dans le contexte démocratique actuel du Portugal.

[www.sigila.msh-paris.fr]
[www.sigila.msh-paris.fr]




Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 mai 2009 : 03:50

500 ANS DE SOLITUDE

Assim que me levantei,
As minhas mâos lavei,
Com alma e com vida,
Ao Sehor louvarei,
Andaremos neste dia
Com grande atento
O Sehor nos livrara
Do fogo e do tormento
Amen, Sehor ao ceu va, ao ceu chegue.





Quand l’Inquisition arriva également au Portugal, les Juifs du pays durent se faire baptiser par contrainte s’ils ne voulaient pas finir sur le bûcher. Des milliers de ces prétendus néo-chrétiens ou Marranes s’enfuirent à l’avenir devant les sbires de l’église vers l’impraticable Portugal du Nord : car, même baptisés, ils pouvaient risquer leur vie. Là, en secret et dans une angoisse constante, ils restèrent attachés à leur ancienne religion – jusqu’à maintenant. Un voyage chez les derniers Marranes de Belmonte.

Benditos sejas, Tu, Adonai, nosso Deus, Rei do Universo… » Béni sois-tu, Adonai, notre Dieu, roi de l’univers. On dit qu’il n’y a que des Juifs qui habitent à Belmonte. Tout le nord du Portugal est la « terre des Juifs », est surnommé de temps immémorial terra de judeus et est discriminé dans le monde car, ici, vivent des gens d’aujourd’hui avec des âmes d’autrefois.

Lorsque l’on part de Lisbonne, des chemins fréquentés vers ceux non tracés, l’on passe d’un monde familier vers un monde étranger. L’ignorance y régna pendant 500 ans. Car Belmonte est située derrière les montagnes, au bout du monde, derrière le temps. Ici, où la croyance est plus fougueuse, plus pesante, la haine plus passionnée, vivent des hommes qui, élevés dans le Christianisme, s’étaient attachés a quelque chose qui, au cours des siècles, leur avait glissé des mains, mais non de leur souvenir. Malgré, ou justement à cause des trois siècles d’Inquisition qui anéantirent des familles entières, qui firent des courageux des lâches, des instruits des ignorants, qui repoussèrent le Portugal au Moyen-Age, lorsque le pays s’apprêtait à fonder un nouveau monde. Des milliers de Juifs baptisés par contrainte, que l’on appela les « néo-chrétiens » ou « Marranes », s’enfuirent autrefois des villes pour gagner les montagnes qui leur accordaient une protection contre la persécution. Ils mirent la clé sous la porte de leurs maisons de Lisbonne, vendirent leurs commerces à Coimbra ou quittèrent les cloîtres d’Evora. Ils se mirent en route vers le Nord, vers Tras-os-Montes, vers la Beira Baxia, leurs pieds sentant toujours l’odeur de feu des bûchers. Avec les années se sont effacés le souvenir de leurs maisons, de leurs commerces, leurs traces dans les cloîtres. De la vie juive, il ne resta qu’une pâle et indistincte certitude. Mais avec opiniâtreté, ils manifestèrent leur fidélité à leur foi dans le seul Dieu. Dans les siècles pendant lesquels ils vivèrent comme Chrétiens parmi les Chrétiens, la Tora s’érigea toujours derrière le Nouveau Testament. Même dans l’église, ils prient encore en silence aujourd’hui leur Dieu : « je n’entre pas dans cette Maison pour adorer le bois ou la pierre , mais pour vénérer Dieu qui nous régit et ses 73 noms ».

Ils ne furent que quelque-uns à quitter le pays, à aller à Amsterdam, Hambourg, Livourne, ou Londres, où ils retrouvèrent le Judaïsme ou continuèrent de vivre en tant que Chrétiens...



Nossa esperança
Nâo esta perdida
E antiga e singular :
Voltaremos a Terra Prometida
Para onde David
Nos quis levar.
Coraçao ardente
Palpita a alma breve,
Limpa e pura
Epara os lados do Oriente
Que olhamos com amargura




Une rue principale allongée, des maisons à un et deux étages, une place, un château-fort s’offrent à la vue de l’étranger entrant dans la ville. En face de lui, l’Eglise Saint Jacques. Impossible de ne pas remarquer les armes glorieuses sur les maisons blanchies et les manoirs recouverts de tuiles romaines. La ville est protégée par la statue d’un vert patiné du navigateur Pedro Alvares Cabral ; il porte une énorme croix dans la main sur laquelle est inscrit : Pays de la Croix du Salut. C’est sous la protection de cette croix que les habitants de la ville vont vaquer à leurs affaires quotidiennes. A l’écart de la rue principale, l’étranger se perd dans des ruelles larges comme un mouchoir de poche. Ici, des enfants jouent dans la boue, un cafetier s’adosse à sa tasca noircie ; des femmes habillées tout de noir, trapues et les bras toujours couverts, évitent le regard de l’étranger et disparaissent furtivement dans les maisons. Et, comme partout au Portugal, des hommes âgés se traînent dans l’oisiveté. Belmonte est une ville triste.

Je comprend alors qu’ici, la tristesse est quotidienne et que le quotidien est triste. Il fait froid maintenant, le vent hurle impitoyablement à travers cette ville aux pieds de la Serra da Estrela. Cela fait des jours qu’il pleut. « Hoje nasceu algum Judeu », explique l’un des vieux en ricanant. A chaque fois que le vent hurle, il naît un Juif, racontent les gens d’ici.

Que l’on pénètre dans cette ville sans guide et l’on est déjà perdu. Les maisons sont ouvertes mais le secret n’est pas dévoilé. On ne remarque pas les étrangers, on ne les évite même pas. Le silence est impitoyable, la marginalisation sans pitié. « Uma casa sim, una casa nao ». Ici vivent les uns, ici vivent les autres. Les autres – ce sont toujours les Juifs qui, pourtant, vont à l’église avec eux, ont été baptisés et sont enterrés au cimetière. Dans ce nord délaissé par Dieu, il y avait des églises ; c’est alors qu’une corde, uma corda divisa la communauté en deux moitiés et les fidèles en « vieux » et « néo-chrétiens ». Dans le nord du pays, les églises ont supprimé la corde, mais il existe toujours des milliers judeus da corda.

Les Marranes ne se marient-ils qu’entre eux ?

Demandai-je à Senhor Antonio, avec lequel j’ai rendez-vous. « Du vivant de mon père, sim Senhor, nous étions encore tous purs, todos eram puros dos quatro costados, les parents, les grands-parents, personne n’aurait osé épouser uma goia, une non juive. Personne. Dit-il. Il est membre de la nouvelle communauté juive de Belmonte qui professe son ancienne croyance. Puis nous nous mettons en route. Dans la Rua das Lajes, avait été érigée a esnoga, la synagogue, qui servit d’église aux catholiques, après le baptême contraint du 16ème siècle. Elle fut abattue il y a cent ans et aujourd’hui plus rien ne rappelle les chrétiens qui y prièrent et expulsèrent sur une pierre datant de l’année de 1297 est encore le témoin de la foi des expulsés : « Dieu est dans son temple sacré et tout le monde se tait devant lui ».

Ce vide crée une impression de désolation, même si les Juifs de Belmonte possèdent à nouveau depuis peu une toute petite esnoga . Les Marranes continuent d’aller à l’église. Pour défier les cordes invisibles.

En silence, nous entrons dans le cimetière. Leurs croix juxtaposée, les pierres tombales des défunts s’alignent de façon bien ordonnée. Nés dans la foi chrétienne, enterrés comme chrétiens : les Mouares, Diogos, Caetanos, Vaz et Sousas. Leurs parents les appelèrent Daniel, Moïses, Tobias ou Rafael, Judite, Amalia, Leonor, Elisa ou Ester. Pour ne citer que quelques noms. Ici tout le monde est parent avec tout le monde. Ici reposent des « néo-chrétiens », cristaos, novos, qui ne vécurent pas selon la loi juive – qu’ils avaient oubliée au cours du temps – et pas selon la doctrine catholique – qu’ils méprisaient. Ils reposent jusque dans l’éternité en face des « vieux » Chrétiens qui les traitaient, du temps de leur vivant et façon méprisable, de chiens, perros ou salmenteiros, de psalmistes eux-mêmes appelés par les « néo-chrétiens » gôlos, non juifs. Une croix surveille leur paix catholique et, quelquefois, une étoile de David, leur paix juive. Leurs pierres tombales sont sans ornement, comme s’ils ne voulaient pas que la mort leur rappelle leur vie. Uniquement un « saudade de… » ou la date de naissance ou de décès. Le silence est toujours une arme des survivants.

L’angoisse accompagne les Marranes depuis leur naissance jusqu’à leur mort, même de nos jours. Ils prient pour implorer la protection de Dieu, contre les dangers. Et lorsque leurs enfants demandent qui il sont, alors on leur répond par une ancienne prière : « Une Juive qui resta dans ce monde t’engendra. Elle t’enseigna ce qu’elle savait, mais ne put t’enseigner comme il est écrit ». Lorsque nous quittons le cimetière, je dépose sur une tombe une petite pierre que j’ai rapportée de la Terre Sainte. Saudade de…

Ces Marranes savent-ils quelque chose des Belmontais d’Amsterdam ou de Hambourg ? Connaissent-ils l’histoire du noble « néo-chrétien » Sampayo qui fut investi au 16ème siècle de la ville de Belmonte et dont ils descendent tous, les diplomates et les poètes d’Amsterdam, le député des citoyens de Hambourg Solomon Abendana Belmonte et les frères Belmonte qui décédèrent dans le camp de concentration de Hamboug-Fuhlsbüttel ? Ont-ils entendu parler de Dom Antonio le prieur de Crato, fils d’une Marrane, qui fut couronné roi du Portugal et perdit sa couronne au profit de Philippe II d’Espagne ? Leur a-t-on raconté le destin de leurs coreligionnaires dans le lointain Hambourg qui là, sous le nom de Hinrichsen (Henriques), Albers (Alvaro) ou Schönberg (Belmonte), devinrent des citoyens estimés, des banquiers couronnés de succès, des médecins, des armateurs des éditeurs, et fondèrent ensemble au 17ème siècle la Banque de Hambourg ? Lorsque plus tard, je demande aux vieux hommes dans la rue à quoi l’on reconnaît les Marranes, ils me répondent en riant, un peu embarrassés, mais tout de même aimables : nous les connaissons, ils ont la suprématie du commerce et, à Covilha, de la draperie. Ils sont les premiers sur les foires. Ils vendent de la cotonnade indienne, des étoffes et des frusques. Ils sont presque tous riches. Non, pas riches, mais ils ont plus que nous. Et puis, ils sont différents. Ils se tiennent à l’écart. Même s’ils vont à l’église : ce ne sont pas des catholiques. Ils ne viennent que pour le baptême, le mariage ou pour l’enterrement. Ils ne savent que très peu de notre région. Un pasteur Noster, un Ave Maria…

Combien donc de Marranes vivent alors à Belmonte et dans la Beira Baixa, demandai-je. Ils se taisent. « Nous n’avons pas de chiffres exacts », me dit-on également à la mairie. « Nous avons plus de 100 Juifs. Des Marranes ? Ils continuent de se faire passer pour des catholiques. Peut-être deux cents, peut-être trois cents. Ils sont marchands, commerçants, ils ne travaillent jamais dans l’agriculture. Ici, il n’y a pas de Juifs pauvres, bien au contraire ».

Ils travaillent dur parce qu’ils ont peur, me dira plus tard le nouveau rabbin Joseph Sebag. Parce qu’ils ont peur, ils ménagent leur argent. Puis il me lit un extrait d’une prière de nuit : « Si je suis bien couvert, je n’ai pas peur, et je ne crains pas les étrangers ». Ils sont étrangers et pourtant, ils vivent en coexistence, porte à porte, depuis des siècles. Mais déjà des croix gammées annoncent des temps nouveaux ; depuis quelques mois, circule le « procès-verbal des sages de Sion ». Belmonte est considérée comme la « Jérusalem de Beira Baixa » par les antisémites. C’est là que les Juifs de la terre se réunissent, disent-ils, « pour régner sur le monde ». Lorsque je m’apprête à parler avec ceux qui, soit-disant, gouvernent le monde, je ne tombe que sur ceux que le monde a oubliés et qui, au cours du temps, oublièrent les commandements. Ceux qui ne savent pas d’où vinrent leurs familles, qui ne connaissent pas leur ancien nom en hébreu. Dans las siècles qui suivirent le baptême, contraint, le caractère païen et chrétien s’allia avec le caractère juif. A l’âge de trois ou quatre ans, on leur apprend qu’ils sont juifs, bien avant d’être traités comme tels par les autres.

A l’âge de neuf ans, ils apprennent à observer les jours de jeûne. Surtout le Yom Kippour, qu’ils appellent la grande fête. Dans les petits villages et les villes du nord, de petites étoiles de David ornent également le dessus des entrées des maisons de ceux qui, ayant épousé des « vieux Chrétiens », ne font pas partie du monde des Marranes et qui, comme allant de soi, barricadent les portes de leurs magasins le jour de Yom Kippour. Ils abandonnèrent la circoncision traîtresse, mais ils continuèrent de tailler aujourd’hui les cimes de certains arbres dans le nord du pays car il est écrit qu’il faut tailler les arbres. Et comme ils ont oublié quand on célèbre la fête de Pessah, ils la fêtent avec les Pâques chrétiennes. Lorsqu’une personne est à l’article de la mort, les parents se rendent toutes les nuits dans la chambre de l’agonisant pour lui faire ses adieux. Puis, ils lui coupent les ongles des mains, et les cheveux, les enveloppent dans du papier, ajoutent un peu de pain et une monnaie d’argent et lui montrent. S’il finit par mourir, ils illuminent la chambre mortuaire avec une lumière éclatante, et ce pendant 9 jours.

« Non, le Juif ne meurt pas », m’explique plus tard José Vito, étudiant en ethnologie à Lisbonne. « Ils le tuent. Ils l’étranglent ». Il se passe des choses terribles dans les maisons des Marranes ! Des meurtres. Des meurtres rituels qui répètent ceux des « néo-chrétiens ». D’après ce que l’on raconte à Belmonte, la famille du défunt appelle l’abafador, l’égorgeur, qui étrangle le mourant avec un drap. Ce soir-là, je lis dans la petite pension une histoire de Michel Torga ayant pour personnage Alma-Grande, l’un des serviteurs de Moïse, un habitant du village Riba Dal, et qui est chargé, en tant qu’abafador, de mettre un terme aux souffrances de ce monde….

La nuit, chuchote-t-on à Belmonte, quand les Chrétiens dorment, les Marranes se réunissent dans leurs maisons, ferment les fenêtres, barricadent les portes. Des paroles incompréhensibles s’échappent alors de leurs demeures. Ils prient leur Dieu, qui n’est pas le nôtre. L’inquisition est passée à côté de notre ville, soit, mais rien n’a échappé aux yeux et aux oreilles des catholiques. On sait que les Marranes survécurent par dizaines de milliers, dans le pays derrière les montagnes . L’exercice de la religion devint le domaine des femmes. Comme elles ne quittaient pas la maison pour gagner leur vie, elles pouvaient garder le secret. Elles transmirent oralement les rituels, elles développèrent de longue prières, pour leurs enfants et les enfants de leurs enfants. Sans Tora, qui était défendue , sans bible qu’elles ne pouvaient de toute façon pas lire. Jusqu’à maintenant. Un rabbin d’Italie les vénéraient au dix-septième siècle comme « femmes pieuses du Portugal ». Jusqu’à il y a peu de temps, ces rezadeiras judaicas, prêtresses juives, croyaient que les Marranes avaient été les seuls à avoir échappé à l’Inquisition, elles étaient persuadées être les derniers Juifs de la terre. Une vieille femme, Dona Judite, le sait exactement. Moïse guida les Juifs hors d’Egypte à l’époque de l’Inquisition. Et Belmonte compte l’unique communauté juive dans le monde . les Marranes, oui, ils avaient tenu le coup. Ils avaient résisté.

« Ils se tiennent les coudes » m’explique le rabbin Sebag. Si l’un d’eux est en difficulté, la famille l’aide. Ils se marient presque exclusivement entre eux. Ils ne prennent pas part à la vie des autres, ne font pas partie du corps des pompiers volontaires, de la musique. A Pâques et les dimanches suivants, ils se rassemblent sur les rives des fleuves et sous les arbres. Sur la rive, ils battent l’eau avec un rameau d’olivier et rappellent ainsi la traversée de la Mer Rouge. Les « vieux Chrétiens » appellent ces assemblées Festa do Espinheiro, la fête du buisson épineux. Car Dieu apparut à Moïse sur le mont Sinaï (en hébreu, buisson épineux). Ils vont dans les champs, dansent autour du buisson épineux et le battent jusqu’à ce qu’il soit détruit.

Le vendredi, les femmes se rassemblent à la maison pour préparer le « cierge du Seigneur », un morceau de lin trempé dans de l’huile d’olive. Ce sont des mèches de sept fils qui ont été fabriquées par des personnes spécialement initiées. Ensuite, la mèche est posée dans un pot, comme aux temps de l’Inquisition, quand ils étaient alors obligés de cacher leur croyance juive devant les espions. Triste et la tête baissée, les femmes sont assises ensemble, penchées les unes au-dessus des autres, tels des chaumes oubliés. La rezadeira, celle qui prie, couvre son visage d’un drap de toile blanc. Puis, dirigeant son regard vers l’est, elle cache ses yeux dans ses paumes et récite tout haut une prière que les autres reprennent à voix basse. Ces femmes ne veulent pas redevenir juives, mais rester marranes. Le secret de leur histoire est devenu un rituel de leur religion.

Depuis quelques temps, il y a un rabbin à Belmonte. L’on a fait une collecte pour la construction d’une grande synagogue. Ce lieu actuel n’est plus assez grand pour offrir une place suffisante au nombre croissant de Marranes qui désirent être admis dans le Judaïsme.

Les Juifs de Belmonte ne sont donc plus aujourd’hui une nouveauté qu’il s’agit de tenir secrète. Les natifs du pays savent déjà ce qu’ils vont raconter aux étrangers venus à Belmonte pour « découvrir les Marranes ». Des bréviaires avec des lettres romaines et des mélodies que le rabbin marocain Joseph Sebag leur a apprises ont été spécialement imprimés pour les « nouveaux » Juifs. Le nouveau rouleau de Tora venu d’Allemagne fut porté 7 fois autour de la teva, la chaire, à la fin du sabbat et en présence de tous les jehedim revêtus de façon cérémonieuse, et accompagné de danses et chants – tout comme autrefois à Amsterdam ou Hambourg où les Marranes, au 17ème siècle, retrouvèrent le judaïsme.


Bendito tu Adonaï,
nosso Rei e Rei de
Todo o Mundo
Que escolheste em
Nos mais que en
todos
E nos deste a tua
Santa Lei.



Belmonte est une petite ville oubliée dans le nord-est du Portugal. A peine trois mille habitants, une rue principale, une église, un château-fort. L’on est bon catholique, comme partout dans le pays. Et l’on rencontre l’étranger avec méfiance. Depuis trois générations, des linguistes et des ethnologues, des cinéastes et des journalistes viennent dans la ville pour étudier la langue et la vie des Marranes. Les Marranes et les chrétiens en sont maintenant presque fiers, même si une corde invisible les sépare toujours les uns des autres.

L’article paru en 1993 dans le numéro 3/1993 de la revue Merian de Hambourg, est traduit de l’allemand par l’auteur.



Michaël Studenmund-Halévy, né à Hamadzija (Azerbaidzhan), en 1948, descend d’une famille italo-hongroise-allemande, émigrée en Russie en 1938 ; il est l’arrière-petit-fils de l’éminent philologue strasbourgeois Guillaume Studemund et du célèbre chef d’orchestre Joseph Goldschmidt, et petit-fils des musicologues Zsigmond et Rozsa Halévy.

Il étudia à Bucarest, Lisbonne, Lausanne , Pérouse, Fribourg et Hambourg la linguistique générale et comparée, la philologie moderne et la psychiatrie. Il travailla comme psycho-linguiste dans un hôpital à Hambourg. Ses travaux portent d’une part sur le comportement verbal des schizophrènes, et d’autre part sur l’espagnol balkanique. Sa recherche actuelle porte sur les processus d’acculturation des communautés marranes dans une perspective comparative. Il dirige à ce sujet un ouvrage, dont le premier volume vient de sortir : « Die Sefarden in Hambourg (Editions Helmut Buske/Felix Meiner, Hambourg 1994). Ecrivain, il dirige la revue juive MaZe et co-éditeur de la Collection Romanistik in Geschichte und Gegenwart.



Michaël Studemund-Halévy

[74.52.200.226]

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: Cecilia13 (IP enregistrè)
Date: 12 mai 2009 : 16:32

Bonjour,

J'ai survolé vos articles et ces derniers sont très interessants.
Savez-vous où je peux trouver le livre sur "les Marranes"??
Je me suis déplacée à droite et à gauche sans succès!
Merci par avance

Cécilia

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 20 mai 2009 : 16:46

Bonjour Cecilia,

Non je ne sais pas ou il est possible de trouver ce livre en librairie car son edition est epuisee et personnellement je l'ai trouve dans une bibliotheque.

Salutations
Darlett

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: xime (IP enregistrè)
Date: 30 juin 2010 : 12:27

Bonjour à tous,

Merci pour ces informations precieuses.

Je cherche des infos sur les Marranes ( de Belmonte, de Courdoue, de Sicile et autres villes d'Europe ), et sur l'inquisition c'est pour préparer un mémoire.

Par ailleurs je désire savoir :

1- Comment il faut faire pour se rendre à Belmonte?

2- Avez vous les coordonnées des auteurs du livre?

3- Y a-t-il des pèlerinages vers ces villes ou des voyages en groupe?

merci beaucoup!!!

Portugal : le judaisme de Belmonte, un secret bien gardé
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 30 juin 2010 : 15:06

Bonjour xime,

Voila beaucoup de questions dont les reponses se trouvent ici et la sur ce forum. Il suffit d'utiliser la barre de recherche et tu trouveras enormement...

En ce qui concerne les voyages organises, il y en a quelques uns justement sur les sepharades et l'Inquisition. Le prochain se situera aux environs d'Octobre 2010. Voici l'email de l'organisateur :

arrik.delouya@wanadoo.fr

Bonne chance
Darlett

500 ans apres l'Inquisition, ils sont restes Juifs secretement...
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 07 octobre 2015 : 11:23

vv



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