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La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 25 décembre 2007 : 22:34

La grande histoire des juifs
Le «peuple- monde»

propos recueillis par Christian Makarian sur l'Express.fr




Des Hébreux à l'Etat d'Israël, il y a plus qu'une trajectoire exceptionnelle: un destin. L'historien Elie Barnavi explore ce lien indéfectible et si singulier qui, de l'Antiquité à aujourd'hui, rattache les juifs au divin et à une terre.



Les Hébreux, les juifs, Israël, trois mots qui désignent un seul et même peuple, dont le destin, unique, couvre quatre mille ans d'histoire. Comment expliquer une telle continuite ?


Ce sont trois séquences d'une continuité idéelle qui n'est pas nécessairement historique. Il y a eu des coupures, des conversions, des pertes, mais la fiction féconde qui veut que nous descendions tous des Hébreux anciens et que nous soyons tous issus de Palestine est avant tout une vérité idéologique et spirituelle. Le secret réside dans la singularité de la croyance de ce groupe humain. Il faut partir d'une phrase de la Bible, tirée de la bénédiction de Balaam: «Am levadad ishkon», c'est-à-dire «Un peuple qui demeure seul». Cela signifie que ce peuple se reconnaît dans un rapport singulier au divin et que, de ce fait, il se retranche volontairement des autres et se trouve retranché par les autres. Ce n'est pas seulement un peuple qui a été ostracisé par les autres, c'est aussi un peuple qui s'est ostracisé lui-même.

«Un peuple, un livre, une terre.
Cette triade nous suit depuis quatre mille ans»


En quoi ce rapport à Dieu façonne-t-il la relation aux autres hommes?

Les Hébreux se sont donné un Dieu plus puissant que tous les autres, invisible, immatériel, impossible à représenter, transcendantal, qui supplante toutes les formes de divinité et les renvoie à leur inexistence. On passe ainsi de l'hénothéisme, la croyance en un dieu supérieur, au monothéisme, la foi en un Dieu unique. Or ce Dieu a des caractéristiques exceptionnelles parmi les nombreuses religions du Moyen-Orient. Il se définit comme le Dieu de tout le genre humain; il s'identifie au Bien; il a une essence morale, à la différence des dieux païens qui sont dotés de passions humaines; il entretient une relation privilégiée avec les Hébreux dans le cadre de ce que l'on appelle l' «élection». Ce peuple a beau vivre exactement comme tous ceux qui l'environnent, toute son histoire est colorée par le sentiment très fort d'être élu, par la conviction d'être particulier.

L'autre grand thème reste celui de la Terre promise. Est-ce que la notion de déplacement dans l'espace est également constitutive de l'identité hébraïque?

Dans l'Antiquité, tous les peuples se déplacent, sauf les Egyptiens, civilisation plus ancienne. Ce qui est singulier, c'est d'avoir transformé aussi ce déplacement en partie intégrante du récit des origines, en un élément constitutif du destin. Le point d'ancrage que constitue la Terre promise est très fort. Il est souvent fantasmé dans la mesure où l'on circule également en fonction de contingences purement humaines: la famine, la guerre, les aléas climatiques produisent des migrations fréquentes. Mais on garde en mémoire la promesse de cette terre, et cela représente un deuxième élément de continuité. Un élément formidable, puisqu'on le retrouve jusqu'à nos jours. Il n'y aurait pas eu d'Etat d'Israël sans cette mémoire-là; conservée, fantasmée, codifiée, faite loi, mais qui a permis un jour l'avènement d'un pays séculier et laïque. De sorte que la triade originelle se compose ainsi: un peuple, un livre et une terre. Cette triade nous suit depuis quatre mille ans et ne nous a pas lâchés.


Après la terre, la ville. Pourquoi cette fixation sur Jérusalem?


C'est une décision stratégique du roi David, dans les années 1000 avant notre ère, fondée sur le fait que la tribu principale, celle de Judée, pouvait par sa position géographique centrale rallier autour d'elle toutes les autres tribus. La sacralité du lieu procède d'abord d'un raisonnement politique, mais il est certain qu'en plaçant l'arche de l'Alliance en ce lieu on achevait l'édifice. Du coup, il y a une sorte d'aspiration de l'être national collectif vers cette cité. En cercles concentriques, Jérusalem focalise, mais aussi diffuse, le sentiment national et religieux. On a d'abord un centre transcendantal qui a la particularité d'être mobile, l'arche d'Alliance, puis un lieu fixe, Jérusalem. Cela permet de refaire le chemin entier à l'envers en investissant le tout d'un destin collectif unique.

D'où la nécessité de porter rétroactivement l'ensemble par écrit, ce que l'on appelle la Bible...

La Bible est écrite plus tard, par morceaux, livre par livre, processus qui s'étale sur des siècles. On transforme les récits qui circulent, on les codifie, on définit un canon. En soi, c'est un phénomène assez classique - songez aux chants homériques - mais il revêt une dimension sacrale grâce à l'accompagnement constant de Dieu au fil de tous les épisodes.

Au fond, Israël est un des seuls Etats de la région qui n'ait jamais rêvé d'être un empire...

Je pense que c'est lié au caractère sacral du destin national. Israël ne peut pas s'étendre à l'infini. Il ne pourra le faire, atteindre les limites du genre humain, que lorsque le temps sera venu, c'est-à-dire lorsque le Messie adviendra. En attendant, il faut garder sa spécificité. Cette conception est parfaitement contradictoire avec l'idée d'empire. Un empire est inclusif; le judaïsme est exclusif. C'est pourquoi la Terre promise est un espace délimité. Il est vrai qu'au temps des Hasmonéens le territoire s'est étendu, des conversions forcées on eu lieu: si Hérode, le roi contemporain de Jésus, était juif, c'est parce que ses ancêtres avaient été convertis de force. Mais cela concernait toujours le même espace, il ne s'agissait pas d'aller conquérir des terres lointaines. La vocation du peuple juif est de devenir le peuple-monde dans une dimension eschatologique, pas dans une vision politique.

Nous n'avons jamais prétendu que nous étions modestes... Nous l'avons payé très cher.

D'une certaine manière, c'est un concept encore plus ambitieux que celui d'empire...


Comment se fait-il alors que, très tôt, ce peuple émigre et essaime sur tout le pourtour méditerranéen?

Cela s'explique par une initiative héroïque prise au moment du siège de Jérusalem, en 70 après Jésus-Christ, au terme duquel le Temple est rasé. Il a fallu prendre une décision lourde de conséquences pour l'avenir. Est-ce que le judaïsme se résumait au Temple, ce qui supposait sa disparition dès lors que le Temple était détruit? Ou bien, est-ce que l'on pouvait imaginer un Temple portatif, itinérant, qui permettait de pérenniser la foi? Ce n'était pas évident, puisque le Temple était conçu dès l'origine comme la demeure de Dieu. La décision est prise par les sages. Yohanan ben Zakaï, le plus important d'entre eux, s'enfuit de Jérusalem enfermé dans un cercueil; il aurait demandé à l'empereur romain Vespasien l'autorisation de se rendre à Yavné, dans le centre du pays, et d'y fonder une synagogue. Ce sera une réduction du Temple et il suffira de dix mâles juifs pour que le judaïsme se perpétue. A partir de ce moment-là, il y a une coupure physique, mais non spirituelle, entre le peuple et la terre. On peut être juif ailleurs: c'est une décision révolutionnaire. Et la religion vient à l'appui de cette «translation»: il faudra attendre que le Messie revienne pour retourner chez nous. Les événements politiques ultérieurs donnent raison à cette modification. En 135, avec la révolte de Bar Kochba contre Hadrien, Jérusalem est rasée, rebaptisée Aelia Capitolina, les juifs sont interdits dans la cité: c'est la fin d'une présence juive significative dans toute la région. L'écroulement du centre oblige les juifs à imaginer un autre moyen de poursuivre leur existence. Pour la première fois de leur histoire, la périphérie devient plus importante que le centre. Cette dialectique du centre et de la périphérie ne cessera de poursuivre les juifs pendant deux mille ans. La deuxième révolution se fera avec la création de l'Etat d'Israël, en 1948, et produira un renversement de perspective: le centre redeviendra alors plus important que la périphérie.


Le modèle juif n'est-il pas l'inverse des modèles hellénique ou romain, qui se sont caractérisés par la fusion des cultures?

Oui, c'est vrai. Partout où les peuples ont été conquis par les Grecs ou les Romains, ils ont absorbé la culture du vainqueur. Le cas le plus frappant est celui de la Gaule et de la culture gallo-romaine. C'est la loi commune. Le modèle juif est l'inverse - même si de nombreux juifs ont été attirés par la culture hellénique ou romaine (on trouve même des juifs qui se font refaire le prépuce pour combattre nus dans l'arène, à l'imitation de leurs occupants). Les Romains ne comprenaient pas cette résistance, car le polythéisme est inclusif. Ils étaient prêts à incorporer Yahvé à leur panthéon, pourquoi les Juifs refusaient-ils d'accepter Jupiter, ou César, dans le leur? L'incompréhension était telle que les Romains nommaient cela superstitio, expression qu'ils ont également appliquée aux chrétiens, car ils trouvaient cet exclusivisme barbare. Il y avait là deux manières complètement différentes de concevoir le lien au divin, mais aussi le sens de l'humain. Du coup, les Romains ont fécondé l'ensemble du monde méditerranéen, mais ils ont disparu. Nous, nous sommes toujours là.

Comment expliquer que les juifs aient été nombreux à Rome, avant même la destruction du Temple?

Ils y étaient présents comme tous les autres peuples soumis par les Romains. Mais la différence, encore une fois, c'est qu'ils y maintenaient leur spécificité, pour des raisons religieuses, et présentaient de ce fait une visibilité plus grande que d'autres. Ils auraient pu, peut-être, devenir la religion majoritaire de l'Empire romain, sauf qu'ils n'en ont jamais eu la volonté. Pas plus qu'ils n'ont eu la volonté de procéder à des compromis essentiels; ce que les chrétiens, eux, ont consenti. Pour dépasser la loi juive, il fallait en effet un autre dessein, celui qu'ont montré les juifs Pierre et Paul, surtout ce dernier, en sachant passer ces compromis avec les Gentils (les païens). Ils ont ainsi apporté le judaïsme aux Gentils: c'est ce que l'on appelle le christianisme. La transformation d'une loi réservée à un petit groupe en une loi universelle a produit une autre révolution. Il suffisait de supprimer la circoncision, ce qui n'était pas en soi insurmontable, mais surtout d'abolir la kashrout, c'est-à-dire l'ensemble des lois alimentaires mentionnées dans la Torah, or cela était impensable pour l'écrasante majorité des juifs.

Pour vous, le christianisme est-il un judaïsme universalisé?

Bien sûr, c'est l'évidence même. D'où l'opposition entre christianisme et judaïsme: il faut bien tuer le père, sans vouloir faire de psychanalyse sauvage. Chez les Pères de l'Eglise, il existe une forte hostilité envers les juifs parce qu'ils n'ont pas accepté cette mutation d'une religion tribale à une religion universelle. S'il n'y avait pas eu de filiation directe, il n'y aurait pas eu autant d'aigreur. L'antijudaïsme d'Eglise est une donnée incontournable; il ne pouvait pas en aller autrement. Car l'Eglise, loin de renier l'héritage juif, s'en déclare la seule vraie dépositaire et se proclame verus Israël. Il est clair que l'Eglise n'aurait pu ni vivre ni croître si elle ne s'était pas d'emblée opposée au judaïsme. Cet antijudaïsme n'est pas racial, et ne peut pas l'être, puisque les textes chrétiens ne cessent de vouloir établir une ligne droite entre les prophètes d'Israël et le Christ. Ce faisant, l'Eglise considère que ceux qui n'acceptent pas ce dépassement sont rebelles à leur propre message. C'est pourquoi il y a un Nouveau Testament, qui n'abolit pas l'Ancien mais qui se réclame de son accomplissement.

Néanmoins, la présence des juifs est indissociable de l'histoire européenne...

Ils sont très nombreux en Europe, car la civilisation chrétienne présente des caractéristiques économiques paradoxales. Etrangers dans leur propre pays, les juifs n'ont pas le droit de posséder de la terre, d'avoir des employés chrétiens. Pour assurer leur subsistance, ils se spécialisent très vite dans l'artisanat, le commerce, en particulier celui de l'argent, qui, en principe, est interdit aux chrétiens. La croissance économique de l'Europe fait de plus en plus appel au crédit, ce qui ouvre aux juifs un nouveau domaine d'activité nécessaire au développement de la production et des échanges. Du reste, là où une classe marchande chrétienne a pu suffisamment se développer, comme en Italie, les juifs sont beaucoup moins nombreux. En revanche, ils sont massivement présents en Pologne, où ils finiront par constituer à eux seuls toute la classe moyenne, entre une aristocratie et une paysannerie catholiques très éloignées l'une de l'autre. D'où l'extraordinaire hostilité qu'ils susciteront dans ce pays.

Faut-il lier indissociablement l'antijudaïsme et l'antisémitisme?

Personnellement, je distingue assez nettement les deux.

L'antijudaïsme chrétien traditionnel est au départ un affrontement uniquement religieux, puisque le racisme est contradictoire avec le sens même du message chrétien, qui tend à l'universalité. Certes, il prend, au fil du temps, une coloration sociale et économique; à partir des xiie et xiiie siècles, par exemple, l'aspect racial apparaît, notamment dans l'iconographie. Cela reste toutefois marginal. En Espagne, au moment de l'adoption des lois de pureté du sang (limpieza de sangre), au xve siècle, surgit pour la première fois une aggravation. Ces lois interdisent aux juifs convertis à la religion chrétienne, ainsi qu'à leurs descendants directs, l'accès aux hautes fonctions étatiques ou ecclésiales. Mais, là encore, le fait que le mouvement ne déborde pas de l'Espagne limite les dégâts. En réalité, c'est avec la sécularisation de l'Occident que tout se précipite. L'antijudaïsme chrétien se transforme en un autre phénomène, qui prend une existence autonome. Une mutation s'opère. Pour forcer le trait, je dirai que, au Moyen Age, les juifs ont le nez de tout le monde et sont habillés différemment; à l'époque moderne, ils sont habillés comme tout le monde mais ont un nez différent. Or on peut changer d'habit, mais pas de nez. Plus l'Europe se sécularise, plus l'antijudaïsme traditionnel cède la place à l'antisémitisme racial. Du reste, le terme d'antisémitisme date de 1879, sous la plume du journaliste allemand Wilhelm Marr. En tant qu'historien, j'observe que l'antisémitisme est le plus dangereux là où la part de l'antijudaïsme chrétien est la plus faible et où la composante raciale est la plus forte. Et la composante raciale est la plus forte là où il n'y a plus du tout d'élément chrétien, là où il n'y a plus qu'un paganisme, comme ce fut cas du nazisme.


Pourquoi l'Allemagne a-t-elle atteint ce paroxysme alors que l'antisémitisme existait partout ailleurs?

L'antisémitisme intellectuel est plutôt français, tandis que l'antisémitisme viscéral est plutôt allemand. Cela tient aux conditions de développement de l'Etat allemand. L'Allemagne est une nation inaboutie, malheureuse, une nation qui a longtemps attendu d'être une entité unifiée. Elle n'a pas connu d'enveloppe étatique susceptible d'embrasser tout un peuple dans ses multiples composantes. Face aux antisémites français, les juifs restaient quoi qu'il en soit des citoyens français; tandis qu'en Allemagne, en l'absence d'Etat unitaire, les juifs n'étaient pas allemands au sens collectif du terme. Pour remplacer ce tissu conjonctif, les Allemands ont mis en avant la Kultur. Or la Kultur, ce n'est pas la civilisation, ce sont les origines, Hermann, Siegfried, le sang, la terre. Et tous ceux qui n'en relèvent pas ne font pas partie de ce corps-là. Ils deviennent des corps étrangers, qui constituent la cible idéale contre laquelle s'unir. C'est pourquoi il a existé en Allemagne plus facilement qu'ailleurs, ce que Saul Friedländer appelle l' «antisémitisme rédempteur», qui est un antisémitisme éradicateur.

«Israël s'inscrit à la fois dans une
longue continuité et dans une rupture complète»


Comment s'est forgé le sionisme?

Je m'en tiendrai à deux idées. Premièrement, de la même manière que l'antijudaïsme s'est sécularisé en antisémitisme, l'aspiration à Sion s'est sécularisée en sionisme. Il y eu une translation du Messie au peuple; au lieu de retourner vers la Terre promise à l'avènement du Messie, comme le dit la Torah, les juifs ont commencé à penser: «Nous y retournerons quand nous le déciderons.» Deuxièmement, sans l'antisémitisme, le sionisme serait quand même né, en raison du puissant mouvement des réveils nationaux au xixe siècle, mais sa réussite, elle, aurait été hasardeuse. Il n'aurait eu presque aucune chance de réussir. On le voit dans les statistiques, dès l'aube du xxe siècle. Il existe un courant continu d'immigration vers la Palestine, mais à chaque vague de pogroms il gonfle sensiblement, jusqu'à devenir irrésistible pendant la Shoah. De façon paradoxale, je pense que, sans la Shoah, il n'y aurait pas eu d'Etat d'Israël. Seule la disparition d'un tiers du peuple juif a convaincu les juifs qu'il fallait donner naissance à un Etat juif; et a également convaincu les autres nations de cette nécessité.

Certains disent aujourd'hui que rattacher la création d'Israël à la Shoah affaiblit ce pays, dans la mesure où le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes devrait suffire en soi à rendre Israël légitime. Qu'en pensez-vous?

Je ne suis pas du tout de cet avis. Dans la déclaration d'indépendance, il n'est pas question de la Shoah; on évoque seulement le droit naturel du peuple juif et la résolution des Nations unies. Jusqu'au procès Eichmann, au tout début des années 1960, Israël n'évoquait presque jamais la Shoah. Mais, historiquement, humainement, la Shoah est la justification ultime de l'existence nationale juive. Non seulement cela n'enlève rien à la légitimité d'Israël, mais cela l'assoit définitivement, et il n'existe pas de justification humaine plus élevée.


Comment Israël s'inscrit-il aujourd'hui dans le destin du peuple juif?

L'Etat d'Israël se vit comme une très vieille aventure. Dans la déclaration d'indépendance, il est question de l'héritage des prophètes d'Israël. Israël se veut comme la continuité d'une histoire plurimillénaire. En même temps, il représente une nouvelle mutation, puisqu'il a été créé par la volonté des hommes, non celle de Dieu, et que la loi y est faite par les représentants du peuple, non par la Torah. C'est donc une création ambiguë, un peu curieuse: Israël se revendique à la fois d'un long passé, de l'appartenance à un peuple théophore et d'une Constitution moderne, propre aux Etats-nations classiques. Il n'y a donc aucun moyen de faire une séparation nette entre ce qui est religieux et ce qui ne l'est pas. On peut être chrétien et français, chrétien et allemand, mais on ne peut être que juif et juif: c'est très compliqué. Notre religion est ethnique, tribale, nationale: il est plus difficile de distinguer ce qui dépend du domaine de la foi et ce qui relève du champ de l'Etat. C'est pourquoi la création d'Israël s'inscrit à la fois dans une très longue continuité et une rupture complète. Les Pères fondateurs l'avaient bien compris. Ben Gourion disait: «L'Etat d'Israël est l'interprétation moderne du judaïsme.» A l'opposé, les juifs orthodoxes ont rejeté cette définition en considérant qu'il n'y avait pas de retour possible vers la Terre promise sans la venue du Messie: l'exil était la volonté de Dieu, la refondation d'Israël devait l'être aussi.

Quelles perspectives voyez-vous pour Israël?

J'ai une impression politiquement confuse mais existentiellement très claire. En tant qu'historien, je suis relativiste par profession. Nous traversons une éclipse; ce n'est pas un bon moment pour Israël. Mais l'être israélien est indestructible, pour autant qu'une collectivité humaine puisse l'être. En ce qui concerne la diaspora, pour la première fois de l'Histoire, la quasi-totalité du peuple juif vit dans des régimes libéraux et démocratiques où il a le choix de rester ou de partir. Il y aura encore des temps difficiles, mais je ne vois aucun scénario dans lequel l'Etat d'Israël pourrait disparaître.



Elie Barnavi Né à Bucarest en 1946, Elie Barnavi a suivi des études d'histoire et de sciences politiques à Tel-Aviv et à la Sorbonne. Professeur d'histoire de l'Occident moderne à l'université de Tel-Aviv, il a également été ambassadeur d'Israël à Paris, de 2000 à 2002. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont une Histoire universelle des juifs (Hachette Littératures) et, récemment, Les Religions meurtrières (Flammarion). Il est actuellement directeur scientifique du musée de l'Europe, à Bruxelles.

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La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
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Date: 25 décembre 2007 : 22:57

De Canaan à l'Etat juif

Chronologie
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Entre 2000 et 1850 avant Jésus-Christ

Abraham, né à Our (Mésopotamie), émigre à Harran (nord de la Syrie). Selon la Bible, il y reçoit l'appel de Dieu: «Quitte ton pays, ta parenté, et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai» (Genèse, 12, 1). Il quitte Harran pour Canaan (Palestine). Avec son fils Isaac et son petit-fils Jacob, Abraham, premier des trois patriarches, ouvre l'histoire des juifs par la période des patriarches. Selon la tradition, les 12 fils de Jacob, nés de ses deux femmes et de leurs servantes, donnent naissance aux 12 tribus d'Israël. Dieu donne à Jacob et à sa descendance le nom d'Israël.


Vers 1850 av. J.-C.
Conquête de Canaan, la Terre promise.


Vers 1700 av. J.-C.
La famille de Jacob s'installe en Egypte. Ensuite, oppression et esclavage des Hébreux en Egypte.


Vers 1250 av. J.-C.
Moïse. Sortie d'Egypte (Exode). Traversée du désert. Alliance au Sinaï. Les Dix Commandements.


Vers 1220 av. J.-C.
Josué conquiert la Terre promise. Conflits fréquents avec les Cananéens dans l'intérieur et les Philistins sur la côte. Prise de Jéricho.


1210 av. J.-C.
Première mention archéologique d'Israël - sur une stèle égyptienne.


Vers 1190-1050 av. J.-C.
Période dite «des Juges». Sous la conduite de ces derniers et des prophètes, l'apprentissage de la solidarité se fait entre les tribus. Poursuite de l'installation à Canaan.


Vers 1030 av. J.-C.
Sous la pression du danger philistin, le prophète Samuel, dernier des Juges, introduit la royauté en Israël. Saül devient le premier roi des Hébreux.


Vers 1010 av. J.-C.
David, écuyer de Saül, tue le géant philistin Goliath. A la mort de Saül, il mène victorieusement le combat contre ses ennemis. Il conquiert Jérusalem.


Vers 970 av. J.-C.
Règne de Salomon et construction du premier Temple.


Vers 930 av. J.-C.
Division entre Israël (nord du pays) et Juda (sud); formation de deux royaumes.


Vers 885 av. J.-C.
Omri, roi d'Israël, fonde Samarie, sa capitale.


Vers 721 av. J.-C.
Prise de Samarie par Sargon II d'Assyrie. Fin du royaume du Nord (Israël). Les Samaritains, représentant 10 des 12 tribus, sont emmenés en exil. Les deux livres des Rois accuseront ensuite la population de Samarie d'être composée de colons venus de Babylonie et de Syrie et d'être passée à un syncrétisme païen.



622 av. J.-C.
Apparition du Deutéronome («deuxième Loi»), qui forme un second code de lois et contient les trois derniers discours de Moïse, notamment le «Chema Israël» (Ecoute Israël), profession de foi fondamentale du judaïsme.


605 av. J.-C.
Le Babylonien Nabuchodonosor écrase les Egyptiens à Karkemish. Jérémie prophétise l'Exil.


597 av. J.-C.
Première prise de Jérusalem et première déportation des Hébreux à Babylone.


587 av. J.-C.
Seconde prise de Jérusalem et destruction du Temple.


587-538 av. J.-C.
Deuxième déportation du peuple hébreu à Babylone. Prophète Ezéchiel.


539 av. J.-C.
Cyrus II, roi des Mèdes et des Perses, s'empare de Babylone. Par un édit, il libère les déportés. Premiers retours des «juifs».


515 av. J.-C.
Inauguration du second Temple, à Jérusalem.


Entre 500 et 400 av. J.-C.
Rédaction finale de la Torah ou Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible).


333 av. J.-C.
Alexandre le Grand met fin à l'empire perse et arrive en Palestine. Prosélytisme juif dans le monde méditerranéen.


250 av. J.-C.
Début de la traduction grecque de la Bible dite «des Septante». Hellénisation de la Palestine.


200-142 av. J.-C.
La Judée (ancien royaume de Juda) est soumise aux Séleucides de Syrie (dynastie hellénistique dominant la partie orientale de l'empire d'Alexandre).


167 av. J.-C.
Persécution de la Judée par le Séleucide Antiochos Epiphane.


167 av. J.-C.
Soulèvement des Maccabées (fondateurs de la dynastie juive des Asmonéens) contre l'hellénisation forcée. Les Asmonéens obtiennent la reconnaissance de l'indépendance juive en 142 avant Jésus-Christ.
Affirmation des tendances spirituelles: sadducéens (parti des grands prêtres et des conservateurs, attachés à la lettre de la Torah et refusant la tradition orale, ennemis des pharisiens), esséniens (manuscrits de Qumran), pharisiens (enseignements de la Loi orale, à l'origine du judaïsme actuel), philosophie hellénistique, messianisme apocalyptique (qui donnera naissance au christianisme).


63 av. J.-C.
Conquête romaine de la Judée. Pompée entre à Jérusalem.


37 av. J.-C.
Règne d'Hérode le Grand. Procurateurs romains en Palestine.


20 av. J.-C.
Début de la rénovation massive du second Temple et du mont du Temple par Hérode. Il n'en reste aujourd'hui que le mur occidental (kotel hamaaravi en hébreu), improprement nommé mur des Lamentations.


Vers 6 av. J.-C.
Naissance de Jésus.

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Date: 25 décembre 2007 : 23:11

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8 après Jésus-Christ
Naissance de Paul, à Tarse.


30, 7 avril (14 Nisan)
Mort de Jésus.


66-70
Grande révolte juive contre Rome.


67
Exécution de Paul, à Rome.


70
Siège et destruction du second Temple de Jérusalem par Titus.


73
Les Romains prennent la forteresse de Massada et découvrent que toute la population juive a péri. Le suicide collectif est aujourd'hui remis en question par les historiens, qui considèrent que les résistants, fanatisés, se sont vraisemblablement entre-tués.



132-135
Dernier soulèvement juif contre Rome, conduit par Simon Bar-Kokhba.


135
Prise de Jérusalem par Hadrien, rebaptisée Colonia Ælia Capitolina. La ville est interdite aux juifs.


Fin du IIe siècle
Publication de la Mishna, projet des pharisiens, qui est la compilation écrite des lois orales juives et la base de la littérature rabbinique. La Mishna contient un corpus de décisions légales constituant la base du Talmud.


Fin du IVe siècle
Clôture du Talmud de Jérusalem. Le Talmud est l'enseignement rabbinique de la Loi orale mise par écrit. Il comprend la Mishna et la Gemara (commentaires de la Mishna).


499
Achèvement du Talmud de Babylone.


537
Edits de Justinien: perte de l'égalité civile et de la liberté religieuse.


Du VIIe au XIe siècle
Le rayonnement des académies babyloniennes s'étend à l'ensemble du monde juif.


1185
Moïse Maimonide achève en Egypte son code de la Loi juive.


Du Xe au XIIe siècle
«Age d'or» espagnol, interrompu par l'invasion et les persécutions almohades.


XIe - XIIe siècles
Apogée de l'école talmudique du nord de la France avec Rachi et ses successeurs. Première croisade, suivie de persécutions antijuives dans la vallée du Rhin.


1215
Le IVe concile du Latran décide le port d'un insigne distinctif par les juifs.


1242
Le Talmud brûlé en place publique à Paris.


1290
Expulsion des juifs d'Angleterre.


1394
Expulsion des juifs de France.


XIIIe - XIVe siècles
Problèmes spirituels de la persécution: repensée messianique de la vocation d'Israël. Courant piétiste en Allemagne du Sud, débuts de la Kabbale en Provence et Languedoc, puis en Espagne. Grandes expulsions de juifs en Europe.


1492
Chute de Grenade, dernier bastion musulman en Espagne. Expulsion des juifs d'Espagne.


1516
Premier quartier juif, créé à Venise - le «ghetto» - entouré de murs et de portes.


XVIe siècle
Installation massive en Pologne et en Russie: cristallisation de l'étude du Talmud. La Palestine devient ottomane.


1648
Les traités de Westphalie rattachent les juifs d'Alsace à la France. Massacre des juifs de Pologne par les Cosaques.


1657
Retour des juifs en Angleterre sous Cromwell.


XVIIIe siècle
Les Lumières. Réformes de Frédéric II (Prusse), Joseph II (Autriche) et Louis XVI, favorables aux juifs. Naissance à Berlin des Lumières juives (Haskala): ouverture aux valeurs séculières. Renaissance rationaliste en Hollande, Italie, Allemagne.


1791
Emancipation des juifs de France par décret de l'Assemblée nationale. Même phénomène en Hollande (1796).


1807-1809
Convocation du Grand Sanhédrin par Napoléon. Organisation des consistoires en France.


1840
Les juifs sont accusés de meurtres rituels à Damas. Emotion des juifs occidentaux. Naissance de la solidarité juive moderne.


Entre 1848 et 1870
Emancipation des juifs en Europe occidentale et centrale. Création de l'Alliance israélite universelle à Paris (1860).


1870
Décret Crémieux: les juifs d'Algérie deviennent citoyens français.


A partir de 1880
Développement de l'antisémitisme en Europe. Début des pogroms systématiques en Russie.


1882
Première vague d'immigration juive pionnière en Palestine.


1894-1906
Affaire Dreyfus.




© GPO/Getty Images/AFP





1896
Publication de L'Etat juif, de Theodor Herzl.


1897
Premier congrès sioniste à Bâle. Création, à Vilna (aujourd'hui Vilnius, Lituanie), du Bund, mouvement socialiste juif.


1917
Déclaration Balfour: le gouvernement britannique se déclare favorable à la création d'un foyer national juif en Palestine.


1919-1939
Vagues d'immigration juives en France, en provenance d'Europe de l'Est.


1922
Mandat britannique sur la Palestine.


1933
Avènement de Hitler.


1935
Lois raciales de Nuremberg.


1936
Emeutes arabes en Palestine.


1938 (9-10 novembre)
Nuit de cristal.



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1939-1945
6 millions de juifs sont exterminés dans toute l'Europe. Les camps de concentration d'Auschwitz, de Majdanek, de Bergen-Belsen leur étaient spécialement destinés. Début 1942 sont mis en fonction des camps d'extermination, centres de mise à mort immédiate: Auschwitz-Birkenau, Majdanek, Treblinka, Sobibor, Belzec, Chelmno, tous situés en Pologne.
En France, après la promulgation d'un statut des juifs par Vichy (3 octobre 1940), un quart des juifs disparaîtront.



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1945-1946
Procès de Nuremberg. Les criminels de guerre nazis sont jugés par un tribunal militaire allié. Raphael Lemkin, juriste américain, d'origine juive polonaise, invente le terme de «génocide» (1946).


1947
Plan de partage de la Palestine par l'Assemblée générale de l'ONU. Guerre d'indépendance d'Israël.


1948 (14 mai)
Proclamation de l'indépendance d'Israël.


1967
Guerre des Six-Jours. Occupation de la Cisjordanie, du Sinaï, du Golan, de la bande de Gaza par Israël. Résolution 242 de l'ONU qui prévoit «le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés pendant le récent conflit». La question palestinienne prend un nouveau tournant.


1973
Guerre du Kippour.


1978 (17 septembre)
Accords de Camp David, signés par Anouar el-Sadate et Menahem Begin sous la médiation de Jimmy Carter.


1979
Traité de paix entre Israël et l'Egypte.


1982
Première guerre israélienne du Liban.


1987
Première Intifada.


1993
Accords d'Oslo entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat. Reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP.

1994
Traité de paix entre Israël et la Jordanie.


1995 (4 novembre)
Assassinat d'Itzhak Rabin.


2000
Début de la seconde Intifada.


2005
Evacuation de Gaza par Israël.


2006
Seconde guerre du Liban.

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La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 26 décembre 2007 : 06:51

Espagne : de l'âge d'or à l'exil

par Pascal Ceaux

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La péninsule Ibérique fut, pendant quinze siècles, la seconde terre des juifs. De Tolède, la Jérusalem séfarade, à Grenade, ils ont vécu ballottés entre chrétiens et musulmans, jusqu'à leur expulsion en 1492.


José Suarez Nava se veut le témoin enthousiaste de cette histoire à fleur de pierre. Agé de 64 ans, le retraité tolédan se présente comme le descendant d'une famille de conversos, ces israélites convertis devenus des catholiques - souvent par contrainte - et qui, parfois, restèrent des juifs en secret. Depuis 2000, José Suarez Nava a transformé la maison familiale en territoire d'exploration. Les fouilles dans sa cave ont fait apparaître les traces de deux habitations de familles séfarades (Sefarad veut dire Espagne en hébreu), dont l'origine a été confirmée par les spécialistes.

Aujourd'hui, l'archéologue amateur a affiché un panneau qui vante ces découvertes et propose de les visiter gratuitement. Il suffit de descendre quelques marches pour s'y croire: des murs de pierre, des fragments d'objets usuels, et revoilà l'Espagne séfarade, un Moyen Age où Tolède compta jusqu'à dix synagogues et sept yeshivas (centres d'études bibliques), une époque où la ville avait gagné la réputation de «Jérusalem des juifs d'Espagne».

Conquise par les Arabes en 711, la péninsule Ibérique n'est regagnée que peu à peu par les chrétiens, dans une suite confuse de guerres et de coexistence armée qui dure plusieurs siècles. Les juifs vivent des deux côtés de cette frontière mouvante entre christianisme et islam. Ils sont tour à tour, et au gré des humeurs des «maîtres», persécutés ou tolérés.

«L'époque musulmane du xe au xiie siècle est celle de l'âge d'or, affirme Anna Maria Lopez Alvarez, conservatrice du Musée séfarade à Tolède. Dans Al-Andalus (nom arabe de l'Espagne), les juifs entretiennent une relation avec le pouvoir plus facile qu'en terre chrétienne. Ils paient un impôt, mais exercent librement leur culte et vaquent à leurs occupations.» Leur influence s'étend de l'économie à la culture, via le commerce et la poésie où une petite musique judéo-espagnole se laisse entendre dans les vers arabes.

Furie de massacres et de conversions forcées La ville de Tulaytula est reprise par l'armée chrétienne du roi Alphonse VI en 1085. Elle redevient Tolède. La majorité des juifs qui résident dans le quartier nommé la «médina al-Yahud» décident d'accepter la domination catholique. Partir? La plupart d'entre eux n'y songent pas, parce que Tolède est leur ville, l'Espagne leur pays, et depuis longtemps, au moins depuis le début de l'ère chrétienne. Pour répondre aux accusations de «déicides», ils argueront d'ailleurs de leur ancienneté sur cette terre. Une justification légendaire traversera les âges, puisque Théophile Gautier s'en fait l'écho en plein xixe siècle dans son Voyage en Espagne. L'écrivain français y raconte que les juifs tolédans assuraient n'être pour rien dans la mort du Christ. Lorsqu'ils avaient été consultés par le conseil des prêtres sur le sort du fils de Dieu, ils s'étaient prononcés pour l'acquittement.


Sous le règne d'Alphonse VI et sous ses successeurs, les juifs de Tolède parviennent à faire vivre leur société au milieu de poussées de fièvre parfois hostiles. En 1108, la ville connaît sa première émeute antijuive. «Ils sont néanmoins tolérés parce qu'ils appartiennent aux religions du Livre, explique Adeline Rucquoi, historienne au CNRS. Même si subsiste l'idée qu'il faudra les convertir à la fin.»

Commerçants, artisans, prêteurs, ils participent à la vie locale, et leur quartier n'est pas coupé du reste de la cité. Certains occupent des fonctions en vue à la cour: ils sont financiers ou diplomates, voire conseillers du roi, sous le nom d'almojarifes. En 1212, après la victoire déterminante des chrétiens à Las Navas de Tolosa, les juifs se mêlent aux autres Tolédans pour acclamer Alphonse VIII.

Au xiie siècle, sous l'impulsion de l'archevêque don Raimundo, Tolède devient un rendez-vous de l'Europe savante, un centre d'études des textes profanes ou sacrés sans égal, le lieu où, pour la première fois, entre 1126 et 1151, le Coran est traduit en latin. Bons connaisseurs de l'arabe et parfois du grec, en plus de l'hébreu, les savants séfarades sont mis à contribution. Religion, philosophie, sciences, les matières les plus variées sont à leur programme. L'astronome Isaac ben Sid traduit ainsi, au xiiie siècle, des ouvrages de sa spécialité pour le roi Alphonse X le Sage. Ces hommes de sciences reçoivent l'appui de coreligionnaires venus d'Al-Andalus. Car, depuis 1147, un vent de peur souffle dans le sud de la Péninsule. A la tolérance de la dynastie des Almoravides a succédé le radicalisme des Almohades, nouveaux maîtres de l'Espagne musulmane. Confrontés au choix de la conversion ou de la mort, de nombreux juifs trouvent refuge dans les royaumes chrétiens.

A la fin du xive siècle, nouveau tournant et nouveaux tourments dans cette Espagne que la Reconquista en marche rend de plus en plus catholique: c'en est fini de l'ère du sol y sombra (soleil et ombre), mélange de tolérance et de conflits. Des moines dominicains et franciscains imposent l'idée que les juifs n'ont pas leur place dans la société catholique.

En 1391, l'un de ces fanatiques, Martinez de Ecija, déclenche, par des prêches enflammés au petit peuple des villes, une furie de massacres et de conversions forcées à Séville, Valence ou Tolède. Il ordonne aux prêtres «de raser les synagogues où les ennemis de Dieu et de l'Eglise se livrent à l'idolâtrie».

Peu à peu, les quartiers juifs des villes se vident de leurs habitants. Certains quittent l'Espagne. Ceux qui restent se heurtent à une hostilité de plus en plus manifeste. En 1412, une ordonnance leur interdit d'exercer une charge publique, de se couper les cheveux et la barbe; ils sont obligés de porter de longs manteaux noirs qui descendent jusqu'aux pieds.

Leur situation ne cesse de se dégrader, en dépit d'une tentative pour se donner un statut légal en 1432. Elle aboutit au décret d'expulsion du 31 mars 1492 décidé par les Rois Catholiques. Le judaïsme y est qualifié de «crime grave et détestable». Ses adeptes disposent de trois mois pour accepter le baptême ou vendre leurs biens à perte et partir. L'exil d'une centaine de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, commence, vers le Portugal, l'Italie et surtout l'Empire ottoman, vers des villes comme Istanbul et Salonique.


L'histoire troublée de l'Espagne et des juifs ne s'arrête pas là. Les conversos deviennent la cible de l'Inquisition créée en 1478 pour combattre les mauvais chrétiens. A Tolède, entre 1485 et 1500, 90% des victimes des moines de l'inquisiteur Tomas de Torquemada sont d'origine juive. Le pays est gagné par l'obsession de la «pureté du sang» (limpieza de sangre). Au xviie siècle encore, le poète Francisco de Quevedo (1580-1645) écrit un texte évoquant le complot juif. «Ce sont les premiers "protocoles des sages de Sion" [pamphlet antisémite fabriqué par la police du tsar à la fin du xixe siècle], explique l'historien des idées Henry Méchoulan. Quevedo raconte que les juifs se rencontrent à Istanbul pour fomenter de mauvais coups à la chrétienté!». Il faudra attendre le xixe siècle pour voir revenir des juifs en Espagne. Aujourd'hui, ils ne sont qu'environ 15 000 et le décret d'expulsion n'a été officiellement abrogé qu'en 1967...

Maimonide, le philosophe errant Au fil des siècles, la réputation philosophique de Moshe ben Maimon ou Maimonide (1135-1204) ne s'est pas démentie. Son œuvre, dont le Guide des égarés est le livre le plus célèbre, reste au centre de la pensée juive contemporaine. Elle a été longuement étudiée par Leo Strauss (1899-1973). Mais son histoire personnelle est, elle aussi, édifiante, tant elle évoque le sort de nombreux juifs d'Espagne au Moyen Age.

Natif de Cordoue dans l'Al-Andalus des Arabes, il doit quitter très jeune son pays natal, à la suite de la prise de pouvoir des Almohades. Ces musulmans radicaux contraignent les juifs à la conversion ou à l'exil. Commence alors une longue errance qui conduit Maimonide au Maroc, en terre d'Israël, puis en Egypte, où il meurt médecin à la cour du sultan. Témoin des violences faites à ses coreligionaires par les chrétiens et les musulmans, il explique, dans son Epître aux juifs du Yémen, qu'il n'y a ni honte ni disgrâce à se convertir sous la contrainte, et que mieux vaut un juif converti et vivant qui pratique toujours en secret qu'un juif mort.

1492: «Que jamais ils n'y reviennent» Par le décret du 31 mars 1492, pris à Grenade, les Rois Catholiques expulsent les juifs d'Espagne, pour «faire cesser cette offense» à la «foi catholique» que constitue, selon eux, leur présence parmi les chrétiens. «Après mûre délibération, est-il écrit, nous ordonnons de renvoyer de nos royaumes tous les juifs et que jamais ils n'y reviennent.» Le document précise qu'ils doivent être partis avant la fin du mois de juillet, sans espoir de retour, pas même pour une simple visite. «En cas de contravention au présent édit, indique le décret, ils encourront la peine de mort et la confiscation de tous leurs biens.»




La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 26 décembre 2007 : 06:54

Le destin des Ashkénazes

Henri Raczymow*

L'écrivain Henri Raczymow revisite l'épopée des juifs d'Europe de l'Est,
devenus, des Lumières aux années noires, diaspora dans la Diaspora.

[www.lexpress.fr]





Tout a commencé au tournant des ixe et xe siècles, entre le Rhin et la Meuse. Les premiers avaient suivi les légions romaines, puis les autres, du nord de l'Italie, ont afflué jusqu'à Cologne ou à Trèves. A la veille de la première croisade, les juifs sont environ 20 000 en Lotharingie. D'autres encore, venant de France, sous le coup des expulsions réitérées des bons rois de France et d'Angleterre, les rejoignent tout au long du Moyen Age. Ashkénaz est né, terme d'abord biblique (c'est le petit-fils de Noé), qui va désigner la Germanie, entre la France du Nord, celle du commentateur Rachi de Troyes (1040-1105), et les pays de langue slave. Naissent les communautés urbaines de Spire, de Worms, de Mayence, autour de la synagogue, des écoles, du bain rituel, du cimetière. Les juifs s'y regroupent dans la Judengasse, la rue juive. A la fin du Moyen Age, sous le coup de nouvelles expulsions et surtout des terribles croisades, l'émigration reprend, vers l'est cette fois, où la vie ashkénaze se développe, qui va bientôt jouir d'une grande autonomie politique. Malgré l'adversité que leur valent les accusations répétées de meurtres rituels, de propagation de la peste, d'empoisonnement des puits ou de profanation d'hosties, les juifs s'intégraient à la faveur de leur contribution décisive à l'essor économique et financier. C'est que l'Eglise avait interdit le commerce de l'argent; cette fonction était dévolue aux juifs - cela arrangeait tout le monde. Voilà les ashkénazes en Pologne, protégés par les seigneurs dont ils sont la «propriété» et jouissant d'une large autonomie qui va durer jusqu'au milieu du xviiie siècle. Cette protection des seigneurs, à qui ils rendent d'insignes services pécuniaires, leur vaut l'inimitié des paysans. D'où, au xviie siècle surtout, d'incessants et sanglants massacres, en Pologne et en Ukraine. Il n'empêche que le judaïsme de l'Europe de l'Est devient dès lors la plus nombreuse communauté juive au monde.

Le prestige de la langue yiddish En Allemagne même, comme en France, les Lumières se répandent au xviiie siècle. Pour les juifs, avec un certain retard, ce sera le mouvement de la Haskala (les Lumières juives), dont la figure de proue est sans conteste Moses Mendelssohn, contem- porain et rival de Kant, traducteur de la Bible en allemand, qui prône pour ses coreligionnaires l'abandon du «jargon», à savoir le judéo-allemand. Il s'agit de sortir du ghetto. Le mouvement atteindra bientôt la Pologne, où au contraire la langue yiddish va jouir d'un prestige nouveau en devenant une langue proprement littéraire. Ce sera la naissance d'une immense littérature en langue yiddish qui ne s'éteindra qu'avec la Shoah et qui essaimera en Europe occidentale et en Amérique du Nord et du Sud, la Palestine d'abord, Israël ensuite ayant opté pour l'hébreu au mépris du yiddish. De l'émancipation des Lumières (et de la Révolution française) vont naître en Europe orientale maints mouvements politiques et culturels, de toutes les nuances du sionisme à tous les degrés du marxisme, quand ils ne sont pas à la fois l'un et l'autre...

Un petit monde souvent très politisé La judéité est dès lors, pour la frange «émancipée» des juifs de l'Est, jugée à l'aune d'autres paramètres que religieux. Le Bund, ainsi, né à Vilnius en 1898, est un mouvement socialiste ouvrier, antisioniste, anticommuniste, antireligieux, et pourtant marxiste! Idem pour l'Hachomer Hatzaïr (la Jeune Garde), mouvement sioniste et léniniste!

Dans l'Empire austro-hongrois, le monde juif post-émancipation est également en effervescence. Les juifs, en 1914, y sont plus de 2 millions d'individus. A Vienne et à Prague, notamment, ils sont partie prenante à une haute culture libérale et moderne. Citons pêle-mêle Freud, Arthur Schnitzler, Kafka, Theodor Herzl, fondateur du mouvement sioniste en 1897, tous issus d'une idéologie assimilatrice, chose impossible, sinon impensable, en Europe orientale: l'antisémitisme ambiant l'interdisait.

A partir de la fin du xixe siècle, le centre de gravité du judaïsme ashkénaze se déplace vers l'Europe occidentale et surtout vers les Amériques. La presse, la littérature, le théâtre yiddish s'y épanouissent. Ce petit monde y est souvent très politisé (à gauche). A New York, dans le Lower East Side pullulent les sweatshops, les ateliers de la sueur, où croupissent pour des salaires de misère les ouvriers de la confection. Naîtra bientôt une grande littérature qu'on appela l'école du roman juif américain, avec Saul Bellow, Bernard Malamud, Norman Mailer, Philip Roth. Woody Allen, si proche de l'humour yiddish ancestral, s'illustre au cinéma...

Le «peuple ashkénaze» constitue aujourd'hui en France et aux Etats-Unis ce qu'on pourrait appeler une diaspora dans la Diaspora. Hormis quelques groupes ultrareligieux, basés à Brooklyn, il n'en reste que des traces à peine visibles, comme des clins d'oeil que les connaisseurs repèrent dans des romans, des films, des mets en devanture dans telle pâtisserie de la rue des Rosiers, à Paris. Le génocide nazi, sans doute, explique en grande partie cet effacement. L'assimilation est une autre explication à cette invisibilité. Les ashkénazes sont sortis du ghetto. Mais leur demeure, entre-temps, à l'Est, fut ravagée.

* Auteur de Dix Jours polonais (Gallimard)




La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 26 décembre 2007 : 07:05


«Je suis avant tout un Européen»


propos recueillis par Christian Makarian

[www.lexpress.fr]


Prix Nobel de littérature 2002, Imre Kertesz est un survivant d'exception. Il a connu la Budapest d'avant guerre, Buchenwald, Auschwitz, le Rideau de fer, les chars soviétiques en 1956, le dégel...
Auteur d'un des plus beaux livres écrits sur la Shoah, Etre sans destin (Actes Sud), il publie en janvier 2008 Dossier K. (Actes Sud), une confession en forme de dialogue avec un ami. On y retrouve toute la mémoire de ce juif hongrois, une douleur profonde, mais aussi une prodigieuse prise de distance. Rencontre avec un pessimiste qui a su recouvrer la force de vivre. Une leçon.


Vous écrivez que l'Holocauste a fait de vous un juif. Ne l'étiez-vous pas auparavant?


Je n'ai pas reçu d'éducation juive et je n'étais pas religieux. J'ai vécu dans une ambiance où la pratique n'avait guère de place et, comme tout le monde, j'ai grandi dans un environnement plutôt chrétien. L'école où j'allais en tant qu'enfant juif m'a enseigné des principes chrétiens, qu'il s'agisse de morale ou d'éthique. J'avais conscience d'être juif, mais, dans la Hongrie de l'époque, on ne pouvait pas toujours affirmer ses origines juives, d'autant plus que la loi du numerus clausus, appliquée dans le système scolaire en vertu des lois antijuives adoptées à partir de 1938, stipulait qu'il ne devait pas y avoir plus de 6 juifs sur 100 élèves qui accèdent aux études supérieures. Globalement, la question de ma judéité m'était étrangère.

Vous avez néanmoins fait votre bar-mitsva...

A l'école, une fois par semaine, nous avions un cours de religion avec un rabbin, pour les catholiques comme pour les juifs. C'est à lui que la tâche est revenue. En échange, il a demandé à mon père de lui faire cadeau d'une oie. Il n'y en avait pas, sauf au marché noir. On en a finalement trouvé une, ce qui était plutôt coûteux, en ce temps-là.

Qu'évoque pour vous la Hongrie d'avant guerre?

Même sous la monarchie austro-hongroise, le fait d'être juif était une question délicate. Gustav Mahler, par exemple, qui venait d'être nommé directeur de l'Opéra de Vienne, avait dû se convertir, puisqu'un juif ne pouvait pas occuper ce poste. Mais, alors, c'était une question non pas de race, mais de religion. La différence est énorme, dans la mesure où, d'un côté, il s'agit d'un problème spirituel, d'une affaire de foi, tandis que, sous l'angle racial, celui qui naît juif n'a aucun moyen d'échapper à l'anéantissement. Si j'ose dire, cela fait une différence de «qualité».

Vous employez le terme «Holocauste», quoiqu'il suscite chez vous bien des réserves. Pourquoi l'avoir adopté?

J'utilise ce mot comme tout le monde le fait. A ma connaissance, «holocauste» est un adjectif - qui signifie «brûlé» en grec - plutôt qu'un substantif mais je l'utilise pour simplifier mon propos. On emploie ainsi par conformisme un terme qui permet d'oublier l' «anéantissement des juifs d'Europe», ce qui serait pourtant la meilleure expression.



Que pensez-vous du mot «Shoah», que nous utilisons davantage en France?

Je ne connais pas l'étymologie du mot, mais c'est le titre du grand film de Claude Lanzmann. C'est le meilleur film, le plus remarquable, qu'il y ait eu sur le sujet.

Mais Holocauste est aussi un film...

Oui, de Steven Spielberg. Mais ce n'est pas une évocation de l'Holocauste que j'apprécie.

Comment expliquez-vous que, pendant deux décennies, on n'ait pas trouvé de mot spécifique pour désigner l'enfer des camp?

Il existait la Lager Literatur (la «littérature concentrationnaire»). Les bourreaux, eux, parlaient de Nacht und Nebel Programm (programme Nuit et brouillard).

Vous écrivez que l'ordre du monde n'a pas changé, même après Auschwitz. Vraiment?

Oui, je le crois. La vie quotidienne de millions de gens n'a pas été changée par le «fait Auschwitz». Ils vivent comme dans les années 1930. Parce que la nature humaine est ce qu'elle est et que l'existence de la majorité des Européens n'a pas été blessée, seules les familles des victimes ayant été concernées. Il y a toujours de l'indifférence envers l'altérité, il y a du conformisme partout, et, de mon point de vue, rien de fondamental n'a été modifié. Pendant un temps, on a parlé d'Auschwitz, puis les habitudes ont repris. Est-ce que vous imaginez un instant que tout puisse s'arrêter pour que le monde entier se mette à réfléchir à Auschwitz? Dans l'histoire européenne, c'est un événement majeur; pourtant, cela occupe peu de place. Mais je comprends pourquoi. Si l'on mesurait vraiment le poids que cela représente, on ne pourrait plus continuer à vivre.

Vous dites que l'époque des grands moralistes est révolue. Quel pessimisme!

Que signifie «pessimisme»? Je connais une blague. Quelle est la différence entre un optimiste et un pessimiste? Le pessimiste est mieux informé.

Il y a pourtant eu de nouveaux espoirs après la guerre. L'ONU, la construction européenne, les droits de l'homme...
Certes, on ne peut pas dire que cela ait été insignifiant. Cela existe, et il est très important d'y réfléchir. Mais c'est la vision d'un optimiste que de penser que la culture de paix est une conséquence d'Auschwitz.

Il y a aussi eu la naissance d'Israël. Quel est votre sentiment, par rapport à cet idéal?

C'est difficile à dire en quelques mots. J'ai écrit sur ce sujet. Je ne suis pas sioniste. Je suis un juif qui ne connaît pas la culture juive, qui ne parle pas hébreu et qui vit en Europe. Je suis solidaire avec les juifs, avec Israël; je sais que mon destin est lié à eux. Mais je suis un Européen. Je crois que beaucoup de juifs, en Europe, sont non pas sionistes, mais avant tout européens. Ils vivent leur propre histoire dans une langue européenne. Je pense qu'ils disparaîtront lentement, en se mélangeant, en s'assimilant au pays où ils vivent. Ils s'effaceront en tant que diaspora. En réalité, la Diaspora n'existe plus depuis que Jérusalem est devenue la capitale d'Israël. Autrefois, on disait: «L'an prochain à Jérusalem!» Maintenant, les juifs sont établis à Jérusalem. Chacun peut s'y rendre en quatre heures d'avion. Cela modifie profondément la nature de la Diaspora que l'on a connue. Quand on n'est pas un ressortissant de l'Etat d'Israël, il est difficile de se voir désormais un avenir dans la Diaspora.



Dans Dossier K., vous évoquez le concept de Weltvertrauen, que l'on peut traduire par «confiance accordée au monde» et vous rappelez combien il est difficile de vivre sans cette confiance.

Le concept de Weltvertrauen, créé par Jean Améry, m'a beaucoup aidé, notamment pour survivre aux camps. En écrivant des livres, j'ai pu verbaliser mon Weltvertrauen et mettre des mots sur les choses qui m'oppressent et paraissent insolubles. L'écriture procure un espoir profond, mais je ne sais pas en quoi j'espère.

N'est-ce pas en soi la définition de la vie?

Vous avez raison.

Votre Å“uvre laisse parfois l'impression que vous doutez sans cesse. C'est faux, n'est-ce pas?

Je suis croyant, mais je n'ai pas la conviction que Dieu soit un vieux monsieur qui veille sur moi. Je ne pense pas qu'il y ait une résurrection pour moi, mais je me bats quand même pour la résurrection. Mon sentiment religieux me pousse à dire «merci pour la vie». Mais je ne sais pas à qui il faut s'adresser. Même si personne ne l'entend, il faut dire merci! La question n'est pas de savoir si Dieu existe ou non. Il faut vivre comme s'Il existait.




La grande histoire des Juifs - Le "peuple-monde"
Posté par: delphinos (IP enregistrè)
Date: 28 février 2008 : 05:01

TEL-AVIV LA BELLE EMBOURGEOISEE

Voila un quart de siècle que la capitale économique et culturelle d’israel Vit au rythme des métropoles occidentales. A force de ne plus dormir, elle risque la migraine.

Pourrait-il vivre ailleurs que Tel-Aviv ? « Absolument pas, Agay ayad. Ma maison, c’est ici » parce qu il est juif ? Il soupire. « Si des personnages tels qu ahmadinejad, le président iranien, préféreraient sans doute me voir mort, c’est parce que je suis juif et pédé. Je suis né comme ça. Et pour des gens comme moi libertaires, par la force des choses-il n’y a pas de plus bel endroit au monde.l’amerique ?trop coincée ! »
Tel-aviv est une bulle, comme on dit.et si les bullent finissent souvent par éclater, en attendant, elles protègent. Quand trois missiles du hizbollah iranien sont tombés, l’année dernière, dans les environs de Hadera, à 46 kilomètres d’ici, cela n as pas eu le moindre impact sur le nombre des transats et des parasols présents sur la plage.the party must go on.car arrêter la fête, ce serait arrêter de vivre.


L’express 20/12/2007
M.E.



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