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Psychanalyse de l'illusion religieuse
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 07 décembre 2007 : 19:21

Psychanalyse de l'illusion religieuse

par Benoit Virole






Selon la psychanalyse, la religion est une illusion fondamentale construite par les hommes pour atténuer l’angoisse liée à la faiblesse de l’homme devant la mort. Le religion permet de générer une aire d’illusion dans lequel le croyant se réfugie pour

- (1) atténuer la douleur de la vie terrestre dans l’attente d’un au-delà consolateur [fonction d’illusion]

- (2) donner sens à des énigmes existentielles telles que l’origine de la création ou la signification de l’existence [fonction cognitive]

- (3) maintenir un lien collectif identitaire avec les autres individus partageant la même croyance, ce qui implique la discrimination des individus ne partageant pas cette croyance [fonction identitaire].

Dans sa construction en tant que système, elle emprunte des traits aux problématiques du développement psychique de l’enfant et en particulier au complexe oedipien. Les religions monothéistes sont construites sur le rapport au Père (avec des différences importantes toutefois entre les différents monothéismes juif, chrétien et musulman). Les religions animistes réactualisent des composants plus anciens dans le développement psychique. En tant que système idéologique, toute religion possède sa propre histoire, ses propres conflits internes, ses spécificités logiques et textuelles.


Une des fonctions des religions est d’être un système idéologique capable d’unifier des groupes humains et de les distinguer des autres groupes [fonction identitaire]. Dieu est une personnification de la part de l’idéal du moi partagé par les membres d’un groupe auquel, par projection on attribue une énonciation et un texte, processus spécifiques du Sur-moi. Dans le même mouvement, on crée un objet répulsif participant également à la constitution du groupe. Ce phénomène s’observe à l’échelle des groupes restreints mais il s’observe aussi à l’échelle des grands groupes. On peut décrire parfaitement la naissance d’un nouveau groupe par l’émergence d’un nouveau Dieu annoncé par un prophète ayant hérité de traits schizoïdes lui permettant de se démarquer de l’environnement culturel et projetant ses propres voix intérieures sur la nouvelle instance divine. Le prophète initie la création d’un nouveau groupe qui se démarque par des traits symboliques du groupe originaire. Les membres de ce nouveau groupe projettent sur le guide prophétique leur propre idéal du moi. Les membres de l’ancien groupe sont alors ressentis comme hétérogènes.


Les religions mettent en avant la radicalité de la notion de sacré. D’après les thuriféraires du fait religieux, le sacré serait insaisissable par l’approche critique et renverrait à une expérience subjective incommensurable. La psychanalyse permet pourtant de rendre compte du sacré. Le sacré est la sublimation de la sexualité en tant que force interne à l’homme qui est en soi inassimilable à son économie psychique. Parce que continue et s’opposant à l’individualité, retorse aux structures anthropologiques (inceste, famille), cette force ne peut être refoulée, ni pleinement détournée, elle peut par contre être sublimée en tant que force créatrice. La création du sacré permet ainsi la gestion cognitive du rapport au néant, à la mort, à la création, au rapport à l’autre. En tant que force continue, le sacré est une prégnance. Sans texte ou objets, prêtre ou enclave pour le contenir, le sacré redevient diffus et se délite. Les religions deviennent des systèmes administratifs du sacré en délimitant les limites qui le sépare du profane. Les contingences historiques influent sur le fonctionnement de ces administrations qui gouvernées par des hommes sont soumises aux influences locales et aux dérives institutionnelles. Le rejet de ces administrations amène à repenser les fondements et à revenir aux textes (cf. par exemple La réforme ou les différents schismes.).


Morphodynamisme des religions monothéistes

Nous proposons de considérer les grandes religions monothéistes (la religion juive, le christianisme et l’islam) d’une autre façon. Nous les considérerons comme des solutions types, appartenant à un système clos de possibilités limitées par les dimensions même d’un problème. Comme pour une équation mathématique dont la caractéristique interne limite à un choix fixé le nombre des solutions, il est possible, moyennant l’analyse des solutions de définir les caractéristiques et les propriétés du problème initial. Dans la religion juive, le peuple juif est élu par Dieu parmi tous les peuples de la Terre. Cette élection établit une bipartition entre les juifs, connectés par un lien avec Dieu (l’Alliance) et les autres. La dynamique interne au système vise à maintenir l’Alliance jusqu’à la fin des temps et l’arrivée du Messie. L’autre, le non juif, n’est pas agressé mais il est ignoré. Dans le christianisme, Dieu s’est incarné dans l’Homme au travers du Christ. La dynamique est celle de l’acceptation de l’autre en tant que celui-ci contient potentiellement Dieu. L’autre est terre de mission et de baptême. Dans l’Islam, la dynamique est celle de la conquête de l’Oumma sur l’ensemble des hommes pour que le règne d’Allah puisse être. La dynamique est celle de la conquête au travers de la guerre sainte. Essayons de décrire ceci morphologiquement. Imaginons une boule dont la masse correspond à l’ensemble des hommes et des femmes de l’humanité. Dieu. Dans cette représentation, la religion juive décrit un cône allant du centre de la sphère représentant Dieu, à sa surface à sa superficie et opérant ainsi une partition locale correspondant au peuple élu. L’islam constitue une autre partition entre un espace de la sphère relié par une projection à un Dieu cette fois excentré hors de la sphère. La dynamique évolutive consiste à que la première partition conquiert l’ensemble de la sphère qui sera alors face à Dieu comme dans un miroir. Dans le cas du Christianisme, il faut imaginer une sorte d’invagination multiple d’un Dieu externe à l’intérieur de chacun des éléments (l’individu) constitutif de la sphère au travers de l’incarnation christique.



La question de l’Islam

Le conflit entre islam et occident est inéluctable. Tawfik Ramadan l’énonce clairement. L’islam est une vision de civilisation qui a une prétention à l’universalité de même que la civilisation occidentale. Le conflit des prétentions à l’universalité est inévitable. Il ne prendra pas forcément la forme d’un conflit armé ou d’un terrorisme international mais d’un conflit idéologique passant par des combats locaux en faveur des droits des minorités. L’arme démographique est centrale. Dans la plupart des pays, les musulmans, parfois population immigrée de plus faible condition sociale, font beaucoup plus d’enfants que les non musulmans. Le temps joue en faveur de la domination de l’islam. Il y a ainsi un facteur temps qui n’est pas apprécié de la même façon. Pour les islamistes modérés, le temps permettra de toutes façons l’avènement de l’islam sur l’ensemble de la planète. Il ne reste qu’à maintenir une conquête progressive des droits et faire du prosélytisme. La donne fondamentale est que l’islam se considère comme exclusif, dernière religion avérée. Elle ne peut tolérer au fond l’existence d’une insoumission. Ce qui est incroyable dans cette histoire de résurgence des conflits de civilisation, c’est la façon dont d’un seul coup toute la culture occidentale, l’histoire de sa pensée, deviennent si fragiles, si relatifs…



Benoît Virole

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Psychanalyse de l'illusion religieuse
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Date: 07 décembre 2007 : 19:24

Quelques annotations de Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss sur les religions


« Les hommes ont fait trois grandes tentatives religieuses pour se libérer de la persécution des morts, de la malfaisance de l’au-delà et des angoisses de la magie. Séparés par l’intervalle approximatif d’un demi millénaire, ils ont conçu successivement le bouddhisme, le christianisme et l’Islam : et il est frappant que chaque étape loin de marquer un progrès sur la précédente, témoigne plutôt d’un recul. Il n’y a pas d’au-delà pour le bouddhisme ; tout s’y réduit à une critique radicale, comme l’humanité ne devait plus jamais s’en montrer capable, au terme de laquelle le sage débouche dans un refus du sens des choses et des êtres : discipline abolissant l’univers et qui s’abolit elle-même comme religion. Cédant de nouveau à la peur, le christianisme rétablit l’autre monde, ses espoirs, ses menaces et son dernier jugement. Il ne reste plus à l’Islam qu’à lui enchaîner celui-ci : le monde temporel et le monde spirituel se trouvent rassemblés. L’ordre social se pare des prestiges de l’ordre surnaturel, la politique devient théologie. »



« Que l’occident remonte aux sources de son déchirement : en s’interposant entre le bouddhisme et le christianisme, l’Islam nous a islamisé, quand l’Occident s’est laissé entraîner par les croisades à s’opposer à lui et donc à lui ressembler, plutôt que de se prêter – s’il n’avait pas existé – à cette lente osmose avec le bouddhisme qui nous eût christianisés davantage et dans un sens d’autant plus chrétien que nous serions remontés en deçà du christianisme même. C’est alors que l’Occident a perdu sa chance de rester femme.»



« Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables ; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapable de supporter autrui comme autrui. »

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