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La memoire familliale et les traditions
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 29 novembre 2007 : 21:03

La mémoire familliale et les traditions

Par Jean-Marie Gélinas
Adaptation de Yves Gélinas et Raymond Cantin



La mémoire collective n’est pas faite seulement d’écrits, mais aussi de traditions qui ont survécu aux années.

Ma grand-mère Paré-Gélinas avait conservé les traditions orales de ses ancêtres depuis le début du régime français. À titre d'exemple, je vais vous raconter brièvement une bien curieuse tradition conservée dans la stricte intimité de notre famille depuis le début de la colonie. Une tradition qu'il ne faut pas raconter, disait ma grand-mère, et qui tire ses origines des traditions juives.

"Durant mon enfance et mon adolescence, à chaque année, le samedi avant Pâques, ma grand-mère Paré-Gélinas préparait un repas bien spécial. Ce jour là, était un jour unique dans l'année. Le samedi avant les Pâques catholiques, brûlait dans la salle à dîner un grand cierge que grand-mère avait allumé très tôt le matin, et possiblement aussi, que se soit le vendredi soir, je ne me rappelle plus exactement. Grand-mère qui ne faisait jamais la cuisine le samedi, depuis le matin s'affairait dans la cuisine à préparer le repas du soir tant attendu par toute la famille.

Grand-mère se sentait toujours troublé par cet accroc à la tradition familiale. Ce samedi était bien spécial, pour qu'elle se mette à faire la cuisine ce jour là. Habituellement, elle ne faisait ni cuisine ni ménage à partir du vendredi, 15 heures. Les repas étaient toujours cuisinés pour la fin de semaine. Et seulement le dimanche matin vers 10 heures, qu'elle se remettait à cuisiner.

Ce jour était béni entre tous les jours de l'année, grand-mère aimait dire : "que Dieu avait donné à Moïse la permission aux femmes d'Israël de travailler ce jour là, pour préparer le dernier repas, le sacrifice de l'agneau demandé par Dieu, avant le départ vers la terre promise".

C'est donc avec fébrilité que grand-mère préparait son repas du soir, repas qui occupait dans notre tradition familiale une place importante. Elle mettait le gigot d'agneau au four pour le faire rôtir, les mains dans la farine, elle préparait aussitôt les galettes sans levain, qui accompagneraient l'agneau avec une salade verte, assaisonnée d'huile d'olive.

Ce repas traditionnel avait toujours lieu le samedi soir avant les Pâques catholiques. La table était recouverte d'une nappe blanche, le rôtie de gigot d'agneau était déposé au milieu de la table, entouré du plat de galettes et du plat de salade verte, et de la carafe d'eau. La lueur des chandelles allumées dans la pièce dessinait des ombres inquiétantes sur les murs.

Nous étions tous revêtus autour de la table de nos plus beaux habits, chacun avait devant lui selon la tradition : une écuelle, un couteau tranchant, appelé "le couteau du voyage" et un verre pour l'eau. On se servait du couteau pour couper un morceau du gigot d'agneau dans le plat. Puis, on piquait le morceau d'agneau avec son couteau, et on le mangeait avec ses mains.

Je me rappelle le bel appétit avec lequel on mangeait l'agneau, tandis que grand-mère animait le repas du récit de la sortie d'Égypte de nos ancêtres les hébreux. Le personnage principal évoqué de cette soirée, était pour moi l'ange exterminateur qui devait épargner le premier né de chaque famille, seulement si on avait fait le sacrifice de l'agneau demandé par Dieu, et signer le linteau de la porte du sang de l'agneau sacrifié.

Enfant, chaque fois ce récit de l'ange exterminateur me remplissait de frayeurs. À la fin du repas, en se quittant pour la nuit, on se saluait en se disant mutuellement, "à demain dans la terre promise".

Le lendemain matin, c'était dimanche et, on fêtait les Pâques catholiques comme tout le monde. On avait un sourire en coin, lorsqu'on nous disait qu'en ce jour de Pâques, toutes les cloches des églises s'envolaient vers Rome.

Dans la maison, tout était revenu comme les autres dimanches. La table était toujours recouverte d'une nappe blanche, mais cette fois, des fleurs de papier la décoraient. Nous avions chacun une fourchette et un couteau pour manger le traditionnel jambon. Et, à côté de mon assiette, j'avais un chocolat de Pâques.



[www.gelinas.org]






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