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Re: Petite histoire
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 04 avril 2007 : 17:03

Et c'est pour ca qu'il y a des personnes qui sont elles, justement douees pour cela. On ne peut pas faire tout soi-meme.

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 05 avril 2007 : 09:37

Voici la suite...

Bonne lecture

Chapitre V : La circoncision

Pour les musulmans, comme pour les juifs d’ailleurs, la circoncision des hommes est obligatoire. Chez nous, il s’agit d’un acte, peut être rituel, mais en tout cas naturel. Jamais une famille marocaine ne remettrait en question la circoncision de l’un de ses fils.

La circoncision est aussi une excellente occasion de faire la fête. Un peu comme la Bar-mitsva des juifs. Chez nous, toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête : un mariage, une circoncision, des fiançailles, une naissance… Lors que je dis faire la fête, c’est dans le sens où la famille, au sens large du terme, se rassemble dans une même maison.

A l’époque, les garçons étaient généralement circoncis à un âge plutôt avancé. Cinq, six ou sept ans selon les cas. Aujourd’hui, c’est différent. Les enfants sont circoncis, avec l’accord du pédiatre, dans leurs premiers mois, si ce n’est leurs premières semaines.

Je me rappelle jour de la circoncision de mon cousin Walid. Il devait avoir six ans. C’était ce même été. Tout le monde savait qu’il allait être circoncis et comme par magie, lui n’en savait rien. Quelques jours avant le jour fatidique, mes parents, oncles et tantes, grand-oncles, grandes-tantes et autres ont commencé à affluer dans la maison. En comptant les enfants, nous devions facilement être une cinquantaine de personne dans la maison. C’était une véritable fourmilière.

J’ai encore dans les oreilles le son des casseroles dans la cuisine. Une véritable armée de femme avait pris d’assaut cette partie de la maison : la cuisine, le grenier, qu’on appelait la ‘Khzana’, qui se trouvait en dessous ainsi que la pièce adjacente à celle-ci.

Toutes les femmes de la maison entouraient mon cousin Walid d’attentions. Ma grand-mère le gavait de gâteaux, sa mère lui avait donné des habits tout neufs, même les hommes, qui sont généralement peu enclin à témoigner de l’affection en public, jouaient avec lui. Son père, mon oncle, tout comme mon grand-père, fermaient les yeux sur ses bêtises, et lui ne se rendait compte de rien. Même Ali et moi, qui étions les plus âgés des enfants, lui donnions de l’attention !

A la veille du jour J, notre voisin, le ‘Hajjam’, nous avait rendu visite. Il avait acheté du nougat pour Walid qui s’est empressé de tout manger avant que les autres enfants ne le voient. Le Hajjam est un homme qui exerce plusieurs métiers à la fois. C’est lui qui coupe les cheveux des hommes, c’est aussi lui qui s’occupe de circoncire les garçons. Notre voisin, El Haj Ahmed, était le Hajjam qui avait circoncis tous les garçons de ma génération et ceux de la génération de mon père. C’était un homme pieux et robuste qui exerçait ce métier traditionnel, comme son père avant lui, et son grand-père avant le sien, depuis toujours. Malgré son âge, sa main était toujours aussi précise.

Walid avait un petit frère qui était son cadet de deux ans. Les deux gamins étaient absolument insupportables. Il faut dire que ça ne s’est pas arrangé avec l’âge.

La veille du jour fatidique, mon oncle est sorti faire des courses en ville je crois et il a emmené Walid avec lui. Mon grand-père avait profité de l’absence de ce dernier pour nous rassembler dans le patio.

- « Venez ici les enfants, je dois vous parler »

Tous les enfants de la maison, une bonne douzaine, s’est rassemblé autour du vieil homme.

- « Tu vas nous raconter une histoire » lui demanda ma petite cousine Aicha.
- « Non, pas aujourd’hui, peut être demain si tu es sage »

Aicha était, je crois, la préférée de mon grand-père. En fait, elle était la préférée de tout le monde. Elle était très mignonne et c’était aussi une enfant sage. Pourtant, tout le monde la cajolait. Pas seulement les adultes, mais les enfants aussi. Aucun d’entre nous ne pouvait lui refuser quoi que ce soit.

Mon grand-père repris la parole.

- « Vous savez tous ce qui va se passer demain ? » nous demanda-t-il

Quelques voix s’élevèrent pour dire non. Je crois que les plus petits ne savaient pas très bien ce qu’était l’occasion de ce grand rassemblement familial.

- « Demain, c’est la Khtana de votre cousin Walid »
- « Ca veut dire quoi Khtana ? » a demandé la petite Aicha
- « C’est la circoncision. Demain, El Haj Ahmed va venir à la maison et il va s’enfermer avec Walid dans une chambre. Il va lui faire une petite opération très simple, mais Walid va avoir très mal. Il faudra donc que tout le monde soit très gentil avec lui »
- « Pourquoi il va lui faire mal ? » demanda l’un d’entre-nous
- « Comment vous expliquer ça » se demanda le vieil homme. « Vous savez pourquoi vos mamans vous coupent les ongles ? »
- « Comme ça on ne garde pas la saleté en dessous !”
- « Eh bien voilà, c’est exactement pareil. Au lieu que dans le cas de la Khtana, au lieu que ce soit l’ongle qu’on coupe, c’est un peu de peau qu’il y a autour de son zizi »

Ceux d’entre nous qui n’avaient pas encore été circoncis ont commencé à rire tout en regardant le vieil homme avec des yeux ronds. Ils étaient ahuris par ce qu’ils venaient d’entendre.

- « Est-ce vraiment nécessaire grand-père ? » demanda l’un de mes cousins qui n’avait pas encore été circoncis.
- « Bien sûr. Tu sais comment Allah nous ordonne d’être toujours propre dans notre vie de tous les jours »
- « Oui, notre maître au Msid nous répète toujours que la propreté fait partie de la piété » Le Msid est l’école coranique où on envoyait les enfants avant qu’il n’aie l’âge d’aller à l’école. On y apprend quelques versets du Coran ainsi que des règles de morale basique.
- « Et il a raison » commenta-t-il. « La peau qu’on coupe lors de la Khtana est inutile. Elle couvre le zizi des petits garçons et se plie sur elle-même. Si on ne la coupe pas, elle reste là à amasser de la saleté pendant toute notre vie. Donc, en tant que bons musulmans, nous faisons attentions a ne pas garder de la saleté sur notre corps»

Tous les enfants acquiesçaient en accord avec ce que venait de nous dire le grand-père. Il se remit à parler

- « Maintenant, voici ce que j’attends de vous : Vous allez tous être très gentil avec Walid. Il va recevoir beaucoup de cadeaux et de sucreries. Il ne faut pas que vous soyez jaloux et il ne faut pas que vous lui en preniez. Venez me voir pendant que El Haj Ahmed sera avec lui, je vous donnerais votre part de friandises » et il continua « dans les prochains jours, si vous jouez avec Walid, faites bien attention à ne pas le toucher au niveau de sa blessure car ça peut être dangereux. Est-ce qu’on est d’accord ? »

Tout en chœur, nous répondîmes que oui.

- « Déguerpissez maintenant et tâchez d’être sages »

Lorsque mon oncle et Walid sont rentrés, tout le monde regardait mon petit cousin d’une manière bizarre. Je crois même qu’à un moment de lucidité soudaine, il a dû se demander ce qui se passait. Il voyait bien qu’il était le centre d’intérêt principal de la maison ce jour là.

Le jour fatidique a fini par arriver. Lorsque je me suis réveillé ce matin là, la maison était au branle-bas de combat. Les femmes s’affairaient déjà devant leurs fourneaux, le soleil, pourtant n’était pas encore complètement levé.

J’ai encore un souvenir très clair de ce jour là car j’avais reçu ma première grande punition.

Nous étions tous en train de jouer dans une des chambres de l’étage et je crois que malgré tout le tapage que nous causions, les grands devaient être bien content de ne plus nous avoir dans leurs pattes. Après tout, la cérémonie de la circoncision au Maroc est une affaire importante qui fait appel à une organisation et une logistique impressionnante.

La chambre en question était située au-dessus de la mosquée de la maison et surplombait le potager de ma grand-mère, avec la porte principale de la maison en arrière plan. De forme rectangulaire, la pièce avait une porte large à deux battants qui s’ouvraient vers l’extérieur. En face de la porte, se trouvaient deux larges fenêtres aux rebords assez larges. Le rebord était assez large pour qu’une personne puisse s’y allonger sans pour autant perdre l’équilibre.

Nous voilà donc, une dizaine de bambins, en train de jouer à je ne sais plus trop quoi et soudain, l’idée de génie d’Ali. Il demande à Haitam, le petit frère de Walid.


- « Haitam ? Tu as déjà été circoncis ? »
- « Non »
- « Tu aimerais qu’on fasse ta circoncision aujourd’hui ? Comme ça, toi et ton frère seraient exactement pareils. »

Je regardais Ali, mon nouveau meilleur ami, avec des yeux ronds. Je ne comprenais pas tout à fait où il voulait en venir. D’un air malicieux, Ali m’a regardé en coin et m’a fait un clin d’œil, comme pour dire qu’il m’expliquerait plus tard ce qu’il comptait faire.

- « Bien Haitam, Youssef et moi allons chercher le nécessaire, quant à toi, prépare-toi à devenir un homme comme nous »

Sur ce, Ali m’entraîna hors de la chambre. Je le suivi, sans mot dire, dans les escaliers, puis à travers le patio pour sortir de la maison. Une fois dans le potager de ma grand-mère, il m’indiqua du regard, une énorme paire de ciseaux qu’utilisait le jardinier pour couper les mauvaises herbes. Mécaniquement, je m’en suis saisi.

- « Ecoute Youssef, on va remonter en haut, et on va couper une partie du zizi de Haitam, exactement comme le haj nous avait fait. Tu t’en souviens ? »
- « Oui, mais je me rappelle aussi que ça faisait très mal »
- « C’est vrai, mais après la douleur est partie et nous sommes devenus des hommes, c’est papa qui me l’a dit »
- « Ecoute, je ne suis pas si sur que ce soit une bonne idée » lui ai-je dit.
- « Regarde, de toutes manières ça va arriver tôt ou tard. Autant le faire tout de suite. En plus, j’ai vu comme le Hajjam le fait, et je suis sur que nous pouvons le faire facilement »
- « Peut être, mais on va se faire prendre et on va prendre la raclée de notre vie »
- « Justement, non ! Quand ils verront qu’on l’a fait, ils seront content, car ça leur fait une fête en moins à organiser. Je suis même certain qu’ils nous couvriront de sucreries ! »
- « Bon ben…. D’accord » ai-je répondu d’un air résigné.

Nous sommes remonté tranquillement à la chambre du premier, en faisant bien attention que personne ne nous voie. Une fois devant la porte, Ali m’a demandé de l’attendre quelques minutes. Au bout de quelques minutes, je l’ai vu ressortir de la cuisine avec une espèce d’assiette en métal dans laquelle il transportait quelque chose qui paraissait très chaud. De la fumée s’en échappait.

- « Qu’est ce que c’est que ça ? » lui ai-je demandé.
- « C’est de la braise »
- « Pourquoi faire ? »
- « C’est pour chauffer les ciseaux avant l’opération. Comme ça on tue les microbes et on cicatrise immédiatement la plaie»
- « Eh ben, tu en sais des choses ! »
- « Qu’est ce que tu crois, on ne m’a pas fait charité de la chahada ! » a-t-il répondu en bombant son torse de fierté. En effet, Ali venait de réussir son Certificat d’Etudes Primaires – la Chahada – juste avant le début de l’été.

Nous pénétrâmes dans la chambre où nos autres cousins étaient toujours en train de jouer. Lorsque Haitam a vu la taille de la paire de ciseaux que je tenais, il a pris peur et il a commencé à sangloter. Tous les autres ont commencé à le rassurer, en lui disant que ça allait, qu’il devait être courageux. Moi le premier, je lui disais que tous les hommes devaient passer par-là et que nous ferions tellement attention qu’il ne sentirait presque rien.

Il a commencé à s’essuyer ses yeux bouffis et rougis par les larmes en reniflant bien fort. Doucement, j’ai déposé les ciseaux sur un coussin et je lui ai dit qu’on ne ferait rien tant qu’il n’était pas prêt. Tout de suite Ali à répliquer « Mais un homme, c’est toujours prêt ! N’est ce pas Haitam ». Le petit hochait de la tête, sans vraiment être convaincu.

Ali a pris Haitam par le bras et lui a demandé de s’allonger sur le rebord extérieur de la fenêtre. A cette heure de la journée, celle de la sieste, le soleil d’Août était impitoyable. Le rebord de la fenêtre était tellement chaud qu’on aurait pu y cuire un œuf. Aussi, j’ai étalé une espèce de drap qui traînait par-là sur le rebord de la fenêtre pour que mon petit cousin puisse s’allonger sans se brûler.

- « Tu es prêt ? » Ai-je demandé à Haitam
- « Oui » m’a-t-il courageusement répondu
- « Baisse ton short alors »

Il s’est exécuté. Ali, qui ne voulait rien rater du spectacle s’est porté volontaire pour tenir le petit pénis de mon cousin en faisant bien attention à le tenir par le prépuce. J’ai déposé la paire de ciseaux sur la braise jusqu’à ce que la lame soit devenue brûlante.

- « On y va ! Haitam, sers bien les dents et essaie de te retenir pour ne pas crier trop fort, ni trop bouger »
- « Je suis courageux, je suis un homme ! » m’a-t-il répondu

Au moment où je tenais les ciseaux au-dessus du ventre de mon cousin, j’ai aperçu ma grand-mère en train de cueillir de la menthe dans le potager en contrebas. Ayant entendu du bruit, elle a mécaniquement levé les yeux pour voir ce qui se tramait. J’ai vu une effroyable peur se dessiner dans son regard. Sa bouche a formé un zéro parfait et elle a crié, très fort !

- « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah Mon Dieu !!!!!! »

Surpris par le cri, j’ai lâché les ciseaux qui sont tombé du hait de l’étage dans un bruit cassant. C’était comme si un vent de panique avait balayé la maison. En l’espace de quelques secondes, mon père, mes oncles, mes tantes…. Tout le monde s’était retrouvé dans le potager autour de la vénérable dame qui avait perdu le son de sa voix. D’une main elle se couvrait la bouche et de l’autre elle indiquait la direction de la fenêtre au rebord de laquelle mes cousins et moi étions installés quelques secondes auparavant.

Ayant tout de suite compris la taille de la sottise que nous venions de commettre, mes cousins en moi étions rentrés dans la chambre et essayions de prendre un air innocent, comme si rien ne s’était passé.

Quelques minutes plus tard, la voix de mon grand-père s’est fait entendre : « Youssef, Ali, Haitam et les autres ! Descendez immédiatement »

Une fois en bas, il y avait une espèce de conseil de guerre qui se tenait là. J’ai eu l’impression que je passais en jugement. Tout le monde était rassemblé dans l’une des pièces autour du patio. Tous faisaient face à la porte sur le pas de laquelle mes cousins et moi étions debout.

Mon grand-père a pris la parole :

- « Qu’est ce qui s’est passé ? »
- « …. »
- « Ne vous bousculez surtout pas pour répondre ! » A-t-il crié. « Si vous ne voulez pas aggraver votre cas, je vous conseille de parler et de parler vite. Je ne suis pas d’humeur à être patient. »
- « On ne faisait que jouer. Ali et moi voulions faire peur à Haitam c’est tout »
- « Rien que ça ! dites moi un peu, où est ce que vous comptiez vous arrêter ? Je veux dire, si Al Hajja ne vous avait pas vu, te serais-tu arrêté ? » Le ton de sa voix était cassant et montait en volume de manière impressionnante. Je sentais une boule se former dans la gorge et mes yeux se sont remplis de larmes contre ma volonté.

Il a continué de parler, sans que je ne me rende compte de quoi il parlait vraiment. Pour finir, le verdict est tombé :

- « Haitam, puisque tu as tellement envie d’être circoncis, tu le seras en même temps que ton frère. Quand à vous deux – il s’adressait à Ali et moi – vous montez tout de suite dans la chambre et je viens m’occuper de vous dans un instant»

Ali et moi pleurions à chaudes larmes en montant les escaliers. Non seulement on allait prendre une belle raclée dans la chambre maudite, mais en plus, nos pères respectifs allaient certainement nous corriger bien comme il faut une fois que l’aïeul ait terminé avec nous.


Marocains - tous frères!!!




Re: Petite histoire
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 05 avril 2007 : 14:58

OUiiiiillle j'ai eu chaud !!!!!

Fort heureusement, l'histoire se termine par un happy end et l'horreur a ete evitee !

Omar, c'est mignon et passionnant cette histoire. L'atmosphere me rappelle tant ces fetes au Maroc ou la smala familiale prenait d'assaut notre maison. C'etaient de longs preparatifs qui debouchaient sur une belle fete ou tout le monde etait present.

Bravo, c'est extremement bien decrit.

Re: Petite histoire
Posté par: gerard (IP enregistrè)
Date: 05 avril 2007 : 20:00

Omar bonjour,

Ces recits sont chacun passionnants.

C'est du roman classique, bien ecrit, imagé et definissant parfaitement l'endroit et l'ambiance regnante alors.
Ils nous ramenent a notre enfance personnelle, chacun de nous, lorsque nous etions enfants et ou ambiances et atmospheres nous faisaient vibrer, sentir le monde des adultes en l'occurence celui de nos grands parents.
Enfin, nous en venons a rechercher l'epilogue qui chez toi est "tout est bien, qui finit bien".

Vraiment un retour plaisant a l'enfance ....

Passionnant....

Amities/Gerard




Re: Petite histoire
Posté par: itri (IP enregistrè)
Date: 06 avril 2007 : 02:46

bonsoir omar
bravo,tu as un veritable don de narrateur.c'est un plaisir de te lire.
merci
j'attend la suite avec impatience.

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 08 avril 2007 : 09:30

Bonjour tout le monde,

Désolé d'avoir pris du temps, week-end oblige!

Voici la suite de l'histoire de Youssef, Ali et les autres.... Darlett... merci d'avoir replacé mon autre post dans la bonne catégorie.

Bonne journée à tous et joyeuses fêtes de Pessah et de Pâcques!

Omar


PS: Je préfère vous prévenir tout de suite, ceci est l'avant dernier chapitre que j'ai écrit!


Chapitre VI : La Limonade

Le sucre est une denrée très appréciée dans mon pays. On l’utilise pour faire du thé, mais aussi pour faire des gâteaux et toutes sortes de pâtisseries et délicatesses bien de chez nous. En été, le sucre est aussi utilisé pour faire de la limonade. Quatre mesures de citron pour trois mesures de sucre.

Je me rappelle la recette car ce fameux été, où j’ai failli circoncire mon cousin, il avait fait exceptionnellement chaud à Fez. Ma grand-mère, qui était un véritable cordon bleu, nous surprenais en préparant toutes sortes de mets et de gâteaux. Cependant, à cause de la chaleur écrasante, nous étions friands de jus de fruits et de lait aromatisé à la fleur d’oranger ou à l’eau de rose.

A l’époque, je ne pense pas qu’il y avait une machine pour faire des jus. Ma pauvre grand-mère pressait les oranges à la force du poignet et se fatiguait très rapidement. Imaginez la quantité de jus nécessaire pour rassasier toute la maisonnée. Aussi pour se simplifier la vie, elle a pensé à mettre sur pied une réserve de limonade qui serait, pour une fois, la responsabilité des enfants.

Ainsi, quelques semaines après la circoncision de Walid et son frère, ma grand-mère avait trouvé un moyen de rendre utile la ribambelle d’enfants qui lui traînaient dans les pattes.

Un soir, après dîner, comme à son accoutumée, elle s’était affalée sur de grands coussins dans un coin du salon pour reposer ses vieux os et siroter tranquillement son verre de thé. Et comme d’habitude, tous les enfants se sont pressés autour d’elle pour qu’elle nous raconte une histoire. Dieu sait à quel point elle était douée comme conteuse. Jamais elle n’a répété une histoire deux fois. Jamais, elle n’a hésité ou cherché ses mots. Je me demande encore aujourd’hui si elle ne faisait que répéter des histoires déjà entendues ou si elle les inventait de toutes pièces. Pour certaines, je suis certain qu’elle ne faisait que répéter des histoires déjà connues, des histoires qui faisaient partie des traditions de ma ville. Pour les autres, l’écrasante majorité, je ne les ai entendues que de sa bouche.

Quoi qu’il en soit, nous étions donc rassemblé autour de la vénérable et cette dernière, au lieu de commencer par la formule « Kane ya ma kane » qui veut dire « il était une fois ». Elle s’est plainte d’être fatiguée. Tout de suite, elle a demandé si nous voulions bien lui donner un coup de main le lendemain. Comme nous la regardions tous en l’interrogeant du regard, elle nous a dit : « Je vous fais un marché. A partir de demain, vous allez tous m’aider pendant deux heures. A chacun de vous, je vais assigner une tâche. Libre à vous d’accepter ou pas»

- « Mais qu’est ce qu’on y gagne » a demandé Ali
- « On voit bien que vous êtes fassis !!!! Bande de petits commerçants » a-t-elle jeté en riant – Dans mon pays, les gens originaires de Fès sont connus pour leurs talents en matière de troc et de commerce. « Bon, je m’attendais à ça et voici ce que je vous propose. Vous m’aidez, et en échange, je vous apprends à faire de la limonade. Vous en ferez autant que vous voudrez en vous pourrez en avoir autant que vous en avez envie »

La limonade de grand-mère était légendaire au sein de la famille. Avoir accès à ce breuvage, que dis-je ! à ce nectar, à volonté, était l’équivalent pour l’enfant que j’étais, à avoir accès au paradis – surtout par cette chaleur infernale qui tombe sur Fès tous les mois d’Août.

- « Ordonne et nous obéirons ! »
- « Très bien ! »
- « Tu peux nous raconter une histoire maintenant s’il te plait ?!? » a demandé la petite Aicha, la plus petite de mes cousines.
- « Mais bien sûr mon chou ! Est-ce que je vous ai déjà raconté l’histoire de notre voisin ? El Haj Bertal ? » - Bertal, dans le dialecte des fassis veut dire ‘oiseau’
- « Non, grand-mère » avions nous tous répondu en chœur.
- « Eh bien, Kane ya ma kane… »


Le lendemain, après le petit-déjeuner familial, mon grand-père a dû se frotter les yeux plusieurs fois tant il avait du mal à croire ce qu’il voyait. D’un seul élan, tous les enfants se sont levé de table et se sont mis à la débarrasser alors que ma grand-mère sirotait encore son verre de thé.

- « Ma parole !!!! » s’est-il écrié. « Ils sont possédés par un djinn !!! »

Ma grand-mère est partie d’un fou rire qui était d’autant plus incroyable qu’en général, elle se tenait toujours bien discrètement à l’écart lorsque son époux était dans les parages. Mais elle pouvait voir que son mari était d’humeur joyeuse ce matin là. De plus, il n’y avait personne, si ce n’était l’armée des petits enfants.

- « Tu vois Al Haj ! Avec une simple promesse, j’ai réussi à obtenir d’eux ce que je voulais »
- « Aha !!! Je vois ! Tu as dû tabler sur leur gourmandise !!! »
- « Et où est le mal ? tout travail mérite salaire, n’est ce pas ? »
- « si tu veux, j’espère juste pour toi que tu tiendra ta parole, car je n’ai pas envie de gérer une révolution de garnements !!! »
- « Ne t’en fais pas Al Haj. J’y compte bien. De toutes manières, ça me permet de souffler un peu et de reposer mes vieux os… »
- « Tes os ne sont pas si vieux que ça Al Hajja » lui dit-il en baissant la voix et en lui posant une main sur la sienne.
- « Ouili Assi El Haj » dit-elle tout aussi doucement en retirant sa main « retiens-toi un peu, il y a des enfants autour de nous, et en plus ça fait tellement longtemps » continua-t-elle en gloussant légèrement et en roulant ses yeux.

Mon grand-père se mit à rire et se leva de table. Il regarda sa femme avec affection et alla voguer à ses affaires. Ma grand-mère se leva également avec un sourire au coin des lèvres. Elle ramassa les pans de son caftan sur le devant et le coinça dans sa ceinture à la manière des fassis.

- « Bon, les enfants, retrouvez moi dans la cuisine lorsque vous aurez terminé de nettoyer la table ! » nous cria-t-elle en se dirigeant vers les escaliers.

Quelques minutes plus tard, nous étions tous au grand complet autour de la vielle dame dans son antre qu’était la cuisine.

La pièce était assez petite, mais l’espace était très bien géré. Tous les ustensiles, casseroles, poêles, assiettes et autres étaient rangés dans un coté de la pièce et il y avait une petite table qui trônait au milieu, juste à coté du trou qui donnait sur le grenier en bas. Le trou en question était couvert d’un morceau de bois et était entouré d’une espèce de haie en bambou de sorte à ce que personne ne tombe dans le trou.

La petite table, de forme circulaire, devait faire un peu moins d’un mètre de diamètre trônait juste à coté du trou. La table était très basse, même les enfants devait se pencher pour y déposer ou en prendre quelque chose. La table étant si basse, elle n’était entourée ni de chaises ni de tabourets. A la place, il y avait des espèces de bûches en bois circulaires très lourdes. Elles devaient faire une trentaine de centimètres de hauteur pour un diamètre d’à peu près vingt centimètres.

Ma grand-mère avait disposé sur la table des citrons frais d’un coté, un pain de sucre, un grand bol et d’autres ustensiles. Elle invita Ali, ma cousine Amina et moi, qui étions les plus âgés de ses petits enfants, de nous asseoir autour de la petite table. Je me rappelle que nous étions si nombreux dans la petite pièce qu’on faisait foule.

Elle pris un premier citron et commença à nous expliquer ce que nous devions faire :

- « Ali, tu es le plus âgé donc c’est toi qui maniera le couteau. Fais bien attention à ne pas te blesser. »

En disant cela, elle se saisit d’un couteau bien aiguisé et coupa d’un coup sec le citron qu’elle tenait dans l’autre main.

- « Tu coupes le citron en deux et tu le presse dans ce bol. Tu vas faire du jus de tout ce tas de citron » il devait bien y avoir trois ou quatre kilos de citrons bien frais.
- « Toi Amina, tu vas casser le sucre. Tu vas prendre le ‘Mehraz’ et du vas concasser le sucre jusqu’à ce que ça devienne une poudre.

Le mehraz est un ustensile bien de chez nous. Il s’agit d’une espèce de grand verre en cuivre, souvent décoré sur les coté. En plus de cette espèce de pot, il y avait ce qu’on appelait la ‘main’ qui en fait était un petit bâton de cuivre d’à peu près vingt centimètres de longueur et de trois ou quatre centimètre de diamètre. Cette main était assez massive et lourde. On entreposait les grains ou le sucre ou quoi que ce soit qu’on voulait concasser dans le pot et on laissait tomber de manière répétitive la main du Mehraz sur le tas tout en tournant le ‘verre’ de manière à faire de la poudre. On l’utilise pour faire du poivre, du sucre semoule et plein d’autre chose.

Cet outil était le favori de ma cousine Amina. Elle avait pour habitude de concasser des pois chiches grillés jusqu’à en faire une poudre. Elle y rajoutait de l’eau et en faisait des boules qu’elle enrobait par la suite de sucre granulé. C’était sa friandise favorite.

Donc, pendant que ma petite cousine cassait le sucre, Ali faisait du jus de citron. L’attention de ma grand-mère se portait sur moi à ce moment là.

- « Je ne t’ai pas oublié Youssef. Toi, tu vas prendre le grand bol en bois et la grande cuiller qui va avec et tu vas mélanger le jus que fait Ali avec la poudre que fait Amina. »

C’était là l’opération la plus dure. A partir du moment où il y avait bien plus de sucre que de jus, il a fallu que je fasse appel à tous mes muscles pour bien mélanger les deux ingrédients. Je crois me rappeler que c’était le jus d’un kilo de citron pour trois quart de kilo de sucre, ou quelque chose comme ça.

Une fois terminé, nous nous sommes retrouvé avec un espèce de pâte jaunâtre assez compacte que ma grand mère a gardé au frais.

A l’époque, nous n’avions pas de réfrigérateur. Il y avait dans le grenier, au rez-de-chaussée, une espèce de grande baignoire dont le font restait ouvert tout le temps pour laisser l’eau s’écouler. Une tous les deux jours en hiver, et une fois par jour en été, nous recevions deux grands blocs de glace que nous mettions dans la baignoire de manière à garder au frais toutes sortes de denrées. C’est dans cette baignoire que ma grand-mère à déposé notre mélange. Après, c’était très simple, à chaque fois que nous voulions étancher notre soif, nous prenions l’équivalent d’un verre à thé de la pâte que nous mélangions avec un bon litre d’eau fraîche. Un véritable nectar !

Re: Petite histoire
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 08 avril 2007 : 15:34

Bravooooo Omar ! Quelle tendresse et joie de vivre se degagent de cette ribambelle joyeuse d'enfants et grands-parents !

Encore une fois, tu reussis a maintenir l'attention autour de la simple preparation d'une limonade ! Il faut dire que cette sympathique grand-mere savait avec des moyens simples tenir l'attention de cette joyeuse equipee d'enfants.

J'ai particulierement apprecie le "mehraz" (pilon}, ustensile present dans toutes les cuisines au Maroc.
J'ai celui de ma grand-mere en souvenir. Il ressemble a cela.



Encore une fois felicitations Omar. Tu as un avenir d'ecrivain tres certainement !


Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 08 avril 2007 : 17:08

Merci Darlett...

Demain je posterais le dernier chapitre, que je viens de terminer il y a quelques jours... après, on verra...

Bonne journée

Omar

Re: Petite histoire
Posté par: ahmed (IP enregistrè)
Date: 08 avril 2007 : 21:27

Pour quelqu'un qui se dit ne pas avoir de talent......
Continue c'est très bien.

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 09 avril 2007 : 09:27

Merci Ahmed pour tes mots sympathiques!

Très bonne journée à tous... tout à l'heure je posterais le dernier chapitre.

Cordialement,

Omar

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 09 avril 2007 : 12:38

Bonjour tout le monde,

Voici le dernier chapitre de l'histoire... je vais essayer d'en écrire un autre bientôt, mais je vous préviens, ça prendra du temps!

Bonne lecture... et comme d'habitude, vos commentaires sont toujours les bienvenus!

Chapitre VII : La Mosquée

Un Vendredi de cet été là, alors que tout le monde était parti rendre visite à quelqu’un de la famille, je me suis retrouvé seul avec mon grand-père, à sa demande. Il n’était pas d’humeur à sortir et avait préféré rester à la maison.

J’étais resté un peu contre mon gré, car aller rendre visite à la famille signifiait bien plus qu’un simple changement de décor. Ça voulait dire, friandises à volonté chez nos hôtes, sans parler des divers jeux avec les enfants, gâteries en tous genres… Quoi qu’il en soit, mon père n’avait pas osé refuser au vieil homme sa requête de me laisser avec lui.

Vers le coup des onze heures, mon grand-père est venu me trouver dans le Patio pour me dire de me préparer à aller avec lui à la mosquée.

La maison familiale se trouve dans une rue en pente de la vieille ville de Fez. La maison se trouvait presque au bout de la rue, au bas de la colline. A l’autre bout de la rue, au sommet, se trouvait la petite mosquée du quartier. La mosquée a toujours été là. Le minaret était assez sommaire. Il était, à l’instar de la mosquée, construit avec de grosses pierres un peu vulgaires qui ont été polie par le temps. De l’autre coté de la colline, la mosquée surplombait un cimetière dans lequel se trouvait le caveau familial où étaient enterrés mes ancêtres.

Ce n’était pas la première fois que j’allais à la mosquée, cependant, le souvenir de cette prière de vendredi est à jamais resté gravé dans ma mémoire car c’étai ma première fois que j’y allais seul avec mon Grand-père.

Bien que nous soyons en plein été, il avait plu la veille de ce jour là et les rues de Fès étaient toutes mouillées et glissantes. Le soleil se reflétait sur les pavés polis par les siècles. A cause de son âge avancé et de la pluie qui rendait le chemin de la mosquée hasardeux, mon grand père avait pris sa canne.

Je me rappelle avoir été impressionné par le respect et la déférence avec laquelle les gens du quartier traitaient mon grand-père. Tout le monde lui souriait et demandait de ses nouvelles. Les marchands lui offraient des fruits, des noix, des raisins secs et autres friandises que le vieil homme refusait poliment, à mon grand regret je dois dire.

Nous avons une tradition dans mon pays que je n’ai retrouvé nulle part dans le monde musulman que j’ai visité plus tard dans ma vie. Il est normal que les fidèles lisent le Saint Coran dans la mosquée en attendant l’heure de la prière. En Orient, cette lecture se fait à voix basse et de manière individuelle, alors que dans mon pays, elle se fait à haute voix et en groupe. Personnellement, j’ai toujours trouvé cette particularité bien sympathique car même les gens qui ne savent pas lire peuvent apprécier, et surtout apprendre, les saints versets du livre sacré.

En arrivant à la mosquée, nous pouvions déjà entendre les voix des fidèles s’élever vers le ciel. Les fidèles arrivaient de toutes parts et se dirigeaient tous dans l’édifice religieux. C’était une petite mosquée de quartier sans grande prétention. Elle était carrée et on pouvant y accéder de chacun des coté. Au milieu de la moquée, il y avait une cour avec une fontaine qui trônait au milieu. La fontaine était là pour permettre aux musulmans de faire leurs ablutions rituelles avant la prière. Adossé à la mosquée, il y avait le ‘hammam’ – bains maures - du quartier où nous allions, une fois par semaine en moyenne, pour nous laver.

Lorsque nous avions terminé de faire nos ablutions à la fontaine, mon grand-père et moi sommes entré dans la grande salle de prières. C’était une grande salle rectangulaire avec des piliers sur deux lignes bien parallèles. Les murs et le plafond de la salle des prières étaient décorés de gravures géométriques et de versets du saint coran sculpté dans du plâtre. J’ai toujours trouvé l’intérieur des mosquées marocaines très beau. Même les mosquées les plus simples avaient des salles de prières très belles.

Malgré que la mosquée eue été pleine ce jour là, les fidèles qui étaient assis à même le sol nous frayait un chemin pour laisser mon aïeul passer. Petit comme j’étais, je me faufilais derrière lui. Il a fini par prendre place juste devant le ‘Mihrab’ qui est le pupitre sur lequel l’Imam se tient pour faire sa ‘Khotba’, l’équivalent musulman du prêche chrétien.

El Haj étala son tapis de prières par terre et s’installa avec difficulté en récitant en chœur avec le reste des fidèles des versets du saint Coran. Pour ma part, je ne connaissais pas par cœur ce passage particulier. Ainsi, je suis allé me chercher un exemplaire du saint livre qu’on peut trouver par dizaine dans toutes les mosquées du Maroc.

Après avoir mis la main sur un exemplaire, je me suis installé à coté de mon aïeul et je me suis mis à chercher la page que les fidèles étaient en train de réciter pour que je puisse suivre avec eux. Difficilement, j’ai fini par trouver le verset en question, mais à peine eu-je commencé à lire que les fidèles clôturaient leur récitation par la traditionnelle formule ‘Sadaka Allah Al Adim’ – Dieu le tout puissant dit vrai.

Quelques secondes après, un vénérable vieillard à fait son entrée par une petit porte sur le coté. Il avait le dos légèrement voûté et s’appuyait sur une espèce de grande canne pour pouvoir marcher. Il était tout habillé de blanc et la capuche de son Burnous lui recouvrait la tête. Il fit deux pas, s’arrêta, leva la tête pour laisser apparaître un visage que les années ont marqué et dont la barbe blanche qui l’ornait apportait une dignité qui m’impressionne encore aujourd’hui. ‘Assalam Alaikoum’. ‘Alaikoum Assalam’ avons nous tous répondu en chœur. Il rebaissa la tête et continua à se diriger vers le ‘Mirhab’ sur lequel il s’installa.

Une fois que l’Imam est installé dans son ‘Mihrab’, le silence se fait et une personne dans l’assistance, une espèce d’assistant de l’imam, se lève et récite deux ‘hadith’ d’une voix généralement belle, généreuse et mélodieuse. Ces hadiths insistent sur l’importance du silence des fidèles pendant le prêche pour qu’ils puissent tous écouter et suivre le sermon de l’imam. Une fois que l’assistant de ce dernier a terminé, le muezzin fait un premier appel à la prière. Lorsqu’il termine à son tour, un deuxième muezzin réitère le même appel à la prière. Enfin, une troisième personne, cette fois-ci dans la mosquée reprit une dernière fois l’appel à la prière, le ‘Adane’.

A chaque fois que l’appel se faisait entendre, tous les fidèles baissaient les yeux vers leurs paumes jointes et psalmodiaient des prières à voix basse.

L’imam s’est appuyé sur sa canne pour se lever. La cape de son ‘Selham’, l’habit d’apparat traditionnel, poussée derrière lui, il prit la parole :

- « Louanges à Dieu, le Miséricordieux, l’Omnipotent, l’Omniprésent et que la paix et le salut soient sur Son prophète, Mohammed, et ses compagnons. Aujourd’hui, je souhaite vous parler du Jihad, obligation de tous les musulmans, qu’ils soient hommes ou femmes, jeunes ou vieux. Du temps du prophète, et après lui, celui des califes, la nation de l’Islam s’est propagé grâce au Jihad. Ce dernier, mes chers frères, ne se limitaient pas à la maniabilité du sabre sur le champ de bataille, loin de là. Le combat sur les champs de bataille était clair et facile. Il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Ce n’est donc pas de ce combat que je souhaite vous entretenir aujourd’hui, mais plutôt du combat que chaque musulman doit mener contre ses démons qui sont la paresse, l’envie, la calomnie et autres péchés. Que Dieu nous éloigne de la tentation et nous montre le chemin de la vertu »

Et tous les fidèles, d’une voix haute et unies de dire ‘Amine’. L’imam continue

- « Notre prophète a dit : ‘La propreté est signe de piété’. S’il venait aujourd’hui à marcher dans nos rues, voyait les habit de nos enfants, l’état de nos maisons, il dirait de nous, que nous sommes une nation de mécréants. Honte à nous de nous laisser aller comme les pires des animaux ! Voici un premier Jihad, qu’il faut mener continuellement. L’autre jour, je passais par le Souk des Najjarines en rentrant chez moi et j’ai vu l’un des notables de notre ville marcher avec le cadet de ses enfants qui doit avoir six ou sept ans. L’enfant étant en train de manger une orange et jetait avec désinvolture et sans état d’âme les pelures de fruit dans la rue, sans soucis, sans craindre l’Oeil perçant du Tout puissant et encore moins, les remontrances de son père. Ce dernier l’a-t-il vu ? l’a-t-il grondé ? Je vous le donne en mille ! Il n’a rien fait. Et aujourd’hui, ce même homme est assis parmi nous, tête baissée en signe de piété. Mes chers amis, mes frères de religion, armez vous de patience et emplissez vos cœur de Dieu. Craignez le et craignez son châtiment et éduquez vos enfants. Donner leur l’exemple à suivre et donnez leurs les armes nécessaires pour qu’il puissent, eux aussi, faire leur propre Jihad ! Le Jihad commence par un travail sur soi. Certes, nous sommes tous humains et nul autre qu’Allah n’est parfait. Ce n’est cependant pas une excuse pour se laisser aller ! Rendez vous compte que si les cours de vos maisons sont propres, c’est que personne ne jette de détritus par terre. Si chacun de nous considérais les sols de nos rues comme sa propre maison, nos rues seraient si propres qu’elles ressembleraient au Paradis. Il n’y aurais plus ces nuisances desquelles tous ici présent nous nous plaignons : les mouches, les moustiques, les odeurs nauséabondes. Louons Dieu et Son prophète qui nous montrent le droit chemin et rendons nous digne de partager la fois des Imams Malik, Ali, Othman et Omar, que Dieu leur ouvre les portes de l’Eden. »

Et il continua son prêche :

- « Le deuxième type de Jihad dont je souhaite vous parler aujourd’hui est la paresse. Nos rues sont emplies de mendiants, ne le sont elles pas ? Hommes, femmes et enfants, infirmes ou non, marchent dans nos rues et demandent l’aumône. Si la pauvreté n’est pas un péché, elle a failli l’être comme l’a dit notre prophète. Il nous faut aider ces pauvres gens à retrouver une dignité ! Si Dieu nous a permis d’avoir jusqu’à quatre femmes, ce n’est pas pour multiplier nos plaisirs, mais pour des cas comme celui-ci. En âme charitable, et en n’attendant rétribution que du Très Haut, ceux qui en ont les moyens peuvent prendre pour épouse l’une de ces pauvres femmes qui est certainement orpheline ou veuve. Ces pauvres enfants orphelins qui courent nos rues, nous savons tous que s’ils ne sont pas sauvés aujourd’hui, ils deviendront brigands et bandits demain ! Dieu ne nous a-t-Il pas confié les orphelins ?!?!? Je vous le demande ? Il est de notre devoir de les sortir de la rue, de les éduquer et de leur apprendre un métier. Toute bonne action à son poids aux yeux du Créateur. Prendre en charge un orphelin pèse très lourd ! Et pour finir, parlons de ses hommes que le destin n’a pas gâtés et qui sont amenés à se dépouiller de leur honneur en mendiant dans les rues. Si vous avez un commerce ou une fabrique, donnez du travail à ces gens. Vous savez ce qu’on dit : ‘pour véritablement aidez l’affamé, lui donner un poisson, c’est bien, mais il faut mieux lui apprendre à pécher’.

- « Mes frères. Je sais qu’au moment ou je vous parle, vous êtes en train de vous promettre de faire plus attention, d’être de meilleurs musulmans. Mais le cœur et la tête ont la mémoire volatile, et d’ici Vendredi prochain, vous aurez certainement oublié ce que je vous dis maintenant. Préservez vos cinq prières quotidiennes. Si Dieu nous a ordonné de mettre face à terre cinq fois par jour, c’est pour nous éloigner du péché et nous rapprocher du droit chemin. L’appel à la prière et aussi un appel à notre conscience ! Ne soyons pas sourds et agissons en conséquence »

- « Puisse le Très Haut entendre nos prières »
o « Amine »
- « Puisse-t-Il nous protéger de la tentation d’Ibliss le Malin »
o « Amine »
- « Que Dieu protège nos foyer, nos villes et notre nation d’Islam »
o « Amine »
- « Que Dieu nous montre le droit chemin et nous détourne de la voie du péché »
o « Amine »
- « Que Dieu nous pardonne nos péchés passés et avenir. Mon Dieu, Tu nous as crée faible, pardonnes-nous nos erreurs »
o « Amine »
- « Mon Dieu, soit cléments avec tes serviteurs courbés devant toi. Pardonne leurs péchés à nos morts et à nos vivants »
o « Amine »

A ce moment là, l’Imam s’assit quelques minutes sur son Mihrab, comme pour reprendre son souffle. Pendant ce temps, chaque personne dans la mosquée regardait les paumes de ses mains jointes et psalmodiaient des petites prières en Silence.

L’imam se releva en s’appuyant sur sa canne. D’un geste élégant, il ramena les pans de son Selham – espèce de cape portée au dessus de la Djellaba – vers l’avant. Avec sa main libre, il réajusta ses lunettes et repris :

- « Mes chers frères. Je vous rappelle l’époque des grands califes Abu Bakr, Othman, Omar et Ali. Je vous rappelle l’époque d’Ibn Khaldoune et d’Ibn Tofeil. Je vous rappelle l’époque de l’Andalousie, l’époque de Salah Eddine El Ayoubi (Saladin). Ces différentes époques avaient pour point commun le fait que la lumière de notre nation d’Islam illuminait le monde. Les plus grandes découvertes et avancées en science, en philosophie, en médecine, en astronomie, en mathématique et en théologie ont eu lieu durant cette période. Savez vous pourquoi ?»
- …
- « Savez vous pourquoi ??? » a-t-il demandé à son audience, d’une voix maitrisée.
- « Le jihad ? »

L’imam n’a pas vu qui a prononcé le mot, mais il acquiesça à l’écoute de cette bonne réponse.

- « Oui, mes chers frères, oui… Le Jihad. A cette époque là, nos dirigeants, caids, gouverneurs, princes ou califes, menaient tous un combat quotidien contre la fainéantise. Ils ont embelli leurs villes et leurs pays. Ils ont développé le commerce avec les pays des Roums. Ils ont encouragé les scientifiques dans leurs recherches. Beit Mal Al Mouslimine – Le trésor des musulmans – était une réalité. Les gens pauvres ou handicapés, incapable de travailler pour subvenir à leur besoins gardaient quand même la tête haute, car ils ne mendiaient pas ! Beit Mal Al Mouslimine était là pour eux ! Aujourd’hui, en sortant de la prière, vous verrez – Astaghfiroullah ! – des dizaines de mendiants vous accoster et vous réclamer une pièce ! Allez voir chez les roums si les mendiants envahissent la sortie des églises, allez au mellah, regardez la sortie de la Synagogue et dites moi si vous y voyez des mendiants ! S’il y en a, ils seront musulmans et non pas juifs ! Honte à nous, Honte à nous ! Astaghfiroullah Al Adim !!! »

En disant ces dernières paroles, des voix dans l’audience se sont fait entendre. Un grondement sourd, mais distinct était là. Je le sentais, du haut de mes huit ans. Mon grand-père, assis à coté de moi, serrait ses poings, comme s’il s’apprêtait à se battre.

- « Mes chers frères… cette colère que vous ressentez à cet instant précis, je vous conseille de la garder. C’est votre foi en l’Unique qui se fait entendre. Écoutez-là cette colère ! Utilisez-là, car elle va vous permettre de persévérer. Lorsque vous serez las, fatigués, prêts à baisser les bras, cette colère qui inonde votre cœur maintenant, vous redonnera l’énergie et le courage de persévérer dans votre jihad. »

- « Mes chers frères, hier soir, juste avant la prière de l’âacha, je sortais du Hammam, ou j’ai oublié le temps. Pour rentrer plus rapidement, j’ai décidé de traverser le Mellah – quartier réservé aux juifs – et à ce moment là, juste quand, au tournant d’une ruelle je vis la Synagogue, j’entendis l’appel à la prière. Souhaitant répondre à l’appel au plus vite, je pressais le pas et à ce moment là, j’entends quelqu’un m’appeler ‘Hajj Brahim ! Hajj Brahim !’, je me suis retourné et je vis que c’était justement Rabbi Cohen, le Rabbin en charge de cette Synagogue »

- « A peine voulais-je lui dire que j’étais pressé, qu’il me coupa la parole. Il me dit – et je vous jure, mes frères, que je vous rapporte là les paroles même qu’il m’adressa !:

o Je sais, Sidi El Haj, que vous êtes pressé, j’ai entendu l’appel à la prière et je vous ai vu passer. Votre mosquée est encore loin d’ici, aussi, je souhaite vous proposer d’entrer dans notre synagogue et y prier. Vous me ferez un grand honneur ! »

A l’écoute des ses paroles, je me suis retourné pour effectuer un coup d’œil circulaire dans la salle de prière. L’image reste gravée dans ma mémoire… tout le monde, était bouche-bée, le souffle coupé, à attendre la suite.

- « Eh bien figurez vous, mes chers frères, que si ma première réaction eusse été de refuser son invitation, je me suis rappelé que Sidna Ismail et Sidna Isaac étaient tous les deux frères, fils de Sidna Ibrahim – Que Dieu apporte Sa bénédiction sur eux ! J’ai donc accepté, et j’ai expliqué à Rabbi Cohen qu’heureusement, je venais de faires mes ablutions avant de sortir du Hammam.

- « Il m’a introduit dans la synagogue qui est beaucoup moins bien décorée que nos mosquées. Il m’y montré un coin, et m’y a indiqué la direction de la Mecque. Pendant qu’il allait me chercher une serviette propre, je regardais autour de moi cette pièce exigüe ou je ne pensais jamais entrer un jour… comme quoi, nous n’allons que dans les chemins qu’Allah à tracé pour nous ! »

- « Une fois que j’ai terminé ma prière, Rabbi Cohen m’a invité à diner chez lui. Bien que je veuille refuser, il jura qu’il ne pouvait me laisser partir sans rompre le pain avec moi. Je vous le dis mes frères, ce Rabin a fait preuve d’une hospitalité rare. Au cours du diner, en hommes de religion, nous nous sommes posé mutuellement des questions sur nos fois respectives. Savez-vous pourquoi la Synagogue n’est pas aussi richement décoré que nos mosquées ? Parce que l’argent de la Sadaka – aumône – que les juifs appellent la Tseddaka, doit d’abord aller aux démunis d’entre eux ! Saviez vous que les juifs ont l’obligation religieuse – comme nous – d’apprendre à leurs enfants, garçons et filles – à lire et à écrire ? La différence réside dans le fait qu’eux le font, alors que beaucoup de musulmans ne le font pas. Rappelez-vous mes frères que la première chose que Sidna Jibril (L’archange Gabriel) dit à notre prophète – paix et salut sur lui – était ’Lis !’. Combien d’entre nous, plus de 1000 ans après, ne savent toujours pas lire »

- « Mes chers frères, si je vous parle de ma petite expérience avec les juifs, c’est parce qu’elle m’a ouvert les yeux sur eux et sur leur culture. Je me suis rendu compte que nous ne sommes pas aussi différents, si ce n’est que eux continue leur Jihad tous les jours, alors que nous nous complaisons dans la paresse ! »

- « Qu’Allah nous donne la force de faire le Jihad en nous »
o « Amen »
- « Qu’Allah nous ouvre les yeux et remplisse nos cœurs de courage »
o « Amen »
- « Qu’Allah nous aides à redonner à notre nation d’Islam son lustre d’antan »
o « Amen »
- « Puisse le Très Haut entendre nos prières »
o « Amine »
- « Puisse-t-Il nous protéger de la tentation d’Ibliss le Malin »
o « Amine »
- « Mon Dieu, Guide nos dirigeants, Sa Majesté le Sultan et son gouvernement, vers la voie des justes. Ouvres leurs yeux et aides les à faire le bons choix pour notre nation »
o « Amine »
- « Préparez vous à la prière ! »

Une fois la prière terminée, un groupe de fidèles, grossissant à vue d’œil s’est formé devant les quatre portes de la mosquée. En ordre, les musulmans sortaient de leur lieu de culte en psalmodiant, à l’unisson, des prières pour le prophète.

Re: Petite histoire
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 09 avril 2007 : 19:05

Cher Omar, je viens de terminer la lecture de ce dernier texte et je suis impressionnee par la sagesse des messages que portent ces prieres. C'est finalement le pouvoir de la religion, et son maintien dans le temps : transmettre aux fideles des normes et preceptes de bonne conduite en societe.

Bien evidemment, les religions se ressemblent et permets-moi un avis personnel, ce ne sont que les hommes qui apres avoir etabli et cree les bases religieuses, ont ensuite creer les divisions et ceci a ete, bien malheureusement, les pretextes aux conflits constants dans l'histoire et qui ne semblent pas prets a disparaitre de nos jours, bien au contraire.

Il y a tout de meme un terme dont la signification m'echappe encore aujourd'hui mais qui dans ton texte prend un sens autre que je lui donnais. Il s'agit du terme "Jihad". Je ne pensais pas que combattre la paresse, ou la mendicite pouvait s'appeler "Jihad". J'en conclus que le terme de Jihad inclut tous les combats menes par les musulmans pour se promouvoir et ceci inclut les luttes personnelles de chacun de nous en ce qui concerne nos defauts propres.

Merci Omar pour cette serie d'histoires tres bien ecrites et tres agreables a la lecture.

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 10 avril 2007 : 07:58

Merci Darlett pour tes commentaires qui sont fort appréciés.

J'ai choisi de parler du Jihad, justement parce que c'est un mot très important dans le vocabulaire musulman et qui est malheureusement utilisé à tort et à travers par tout le monde - y compris les pseudos musulmans qui sont auteurs d'actes innomables!

En effet, le Jihad pour les musulmans est un combat quotidien contre tout ce qui n'est pas positif: Qu'il s'agesse de saleté, de paresse, de faim, de secheresse...

Donc, ma conclusion est la suivante: Au lieu de regarder - et juger - la brindille dans l'oeil du voisin, occupe-toi d'abord de la poutre dans le tien! Les musulmans aujourd'hui ont vite fait de juger les occidentaux et non-musulmans sur toutes sortes de question, mais ils refusent de regarder ce qui ne va pas dans leur propre comportement, et leur propre civilisation!

Un prochain chapitre sera posté, mais il faut encore que je l'écrive... donc patience!

Merci pour la fidélité!

Omar




Re: Petite histoire
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 10 avril 2007 : 15:46

Merci pour cette explication et finalement c'est une bonne chose de mettre dans un contexte positif ce terme de Jihad qu'on entend souvent mais dans une connotation guerriere.

Je suis tres heureuse du succes de ces petites histoires. Les commentaires ne sont pas nombreux et c'est dommage mais le barometre grimpe jusqu'a plus de 400 lectures et c'est franchement pas mal comme score.

Ces petites histoires du quotidien marocain il y a une cinquantaine d'annees sont extremement rafraichissantes et c'est avec plaisir que j'ai retrouve cette ambiance bon enfant de notre jeunesse ou tellement de choses etaient semblables.

Re: Petite histoire
Posté par: demha (IP enregistrè)
Date: 10 avril 2007 : 23:28

Très cher OMAR,
--- ce que vous écrivez là me va droit au coeur !
En lisant attentivement, et en méditant profondément, j'ai la sensation que j'apaise ma soif, grâce à cette façon de présenter une réalité de tous les musulmans honnêtes, intègres et fidèles aux préceptes de l'Islam qu'is n'ont jamais déformés !
--- Ah ce que j'aimerais que ces textes apparaissent dans d'autres forums pour montrer au monde entier ce que signifie le mot ''Jihad ''

Encore une fois Bravo !

Re: Petite histoire
Posté par: itri (IP enregistrè)
Date: 11 avril 2007 : 00:06

bonsoir omar
merci ,tu nous gates.c'est un reel plaisir de lire.

Re: Petite histoire
Posté par: tarzan (IP enregistrè)
Date: 11 avril 2007 : 03:34



Bonsoir Omar Chaoui,

Je tiens à tout coeur de te remercier de tous ces épisodes merveilleusement très bien détaillés,dont j'ai eu le plus grand plaisir de lire.

Tu es un véritable écrivain,avec des éxplications sans bavures,très riches en vocabulaire,"TU SURVOLES LES PHRASES !!!"

Encore une autre fois merci,c'est éxactement comme si j'étais avec toi,dans cette médina de Féz El Bali,des années 1948/50.


mes amitiés.

" T A R Z A N " ./.

Re: Petite histoire
Posté par: Omar Chaoui (IP enregistrè)
Date: 11 avril 2007 : 11:25

Bonjour Tarzan, Darlette, Itri, Demha et tous les autres,

Je suis vraiment emu par vos commentaires tellements encourageants et flatteur. Je ne vous cache pas que ça donne envie de continuer à écrire! Sauf qu'il faudra que je fasse un peu de recherche...

Je suis arrivé hier soir en Suisse pour une dizaine de jours - donc je risque de ne pas venir aussi souvent que je voudrais sur le forum, mais je vous promet que je m'y remet dès que je rentre à la maison.

MErci à tous et à toutes!

Omar

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