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"Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 20 mars 2007 : 06:50

Pol Serge Kakon est auteur de chansons, romancier et peintre, il vit a Paris. En 1966, il y a cree le Bateau Ivre, qui a ete un haut lieu de la chanson poetique. Depuis plusieurs annees, des tournees ont conduit Pol Serge Kakon a travers le monde. Il a donne des recitals de chansons et de poesie dans plus de cinquante pays.
Pol Serge Kakon a publie de nombreux essais et romans, La Porte du Lion aux editions Souffles, Kahena la Magnifique, Rica la Vida aux editions Actes Sud. Passionné de peche et de voyages, il écrit egalement des contes et des chansons pour enfants ; pour eux, il signe son prochain ouvrage « L’Opera Plouf » aux editions Pere Castor –Flammarion.







Jacob, Jack et la France

Pol Serge KAKON



Une lampe en opaline suspendue par une chaîne au-dessus du lit oscillait comme un pendule. Dans le noir, les extrémités des pales blanches du ventilateur rappelaient les battements d’ailes d’un oiseau maléfique. Pour témoigner de la détresse qui s’était emparée de l’univers, le cri d’un animal qu’on étrangle s’est perdu dans la nuit. Il prévenait peut-être de l’imminence d’une réplique puisque la terre fut prise de légers tremblements à peine perceptibles, annonciateurs d’on ne savait quelles odieuses convulsions.


La végétation se devinait, en filigrane derrière la vitre. Ses dessins rappelaient les traits d’encre noire d’une gravure, les motifs de feuillages et de fleurs qu’Hélène inventait pour les impressions de tissus…

Depuis qu’Hélène n’est plus là, Jack vit comme un égaré au milieu d’une multitude d’individus qui s’agitent sous la grande bannière de l’orgueil… « Liberté, Egalité, Fraternité. » Mais quelle égalité si l’on n’a pas la même histoire ? Par bribes, à force de petits secrets livrés goutte-à-goutte, tout au long de sa vie Hélène lui a transfusé son histoire et celle de ses parents. Et là, soudain, tandis que la terre ruminait, une frénésie de souvenirs et de descriptions assiégeait sa mémoire…


Années bien maigres que celles qui ont suivi sa naissance… Un petit garçon vif et souriant à chacun, de grands yeux ronds, espiègles et soudain interrogateurs, les cheveux noirs et bouclés. Il jouait, vous interpellait, se jetait dans vos bras, courait en tous sens, vous échappait, attrapait des objets au passage et se sauvait comme un voleur. Sacha qui en était fou le soulevait, puis le jetait sur le lit, lui mordillait le ventre, les cuisses et le malmenait en rugissant. L’enfant criait, riait aux éclats, et son rire grisait l’atelier d’une fringale de bonheur. Il faisait pourtant froid dans cet atelier de la rue d’Odessa à Montparnasse, où Sacha s’était installé parmi ses amis peintres et russes pour la plupart, après plus de trois ans de « Bastille », rue du Chemin-Vert.


Devant des bols de thé fumant, penchées sur des « cartons » qu’elles étaient impatientes de livrer à un fabricant lyonnais de tentures, Sonia et Hélène, s’indignaient tout en souriant des frayeurs que suscitaient en elles les rudesses toutes de complicité entre le grand Sacha et le petit bonhomme. En souvenir de son géant de grand-père, ce croqueur d’oignons qui parcourait les campagnes enneigées pour vendre ses tissus, culbutant au passage à même le foin, dans les granges, des paysannes potelées aux joues d’abricot, Sacha lui avait donné le prénom de Jacob le jour de sa circoncision. Mais pour faire plus « français », il avait d’abord été convenu qu’on l’appellerait Jacques, puis ce fut Jack – « comme Jack London ».


L’humour, le mépris des conventions et la générosité de son grand-père n’avaient jamais cessé d’accompagner Sacha. À la naissance de Jack, il avait raconté à Robert :

« Mon Jacob était donc devant sa porte, en train de dire à un voisin dont la femme mettait au monde son neuvième enfant :

– Ne te tourmente donc pas, tu fais bien de peupler la terre, chaque enfant vient au monde avec son pain sous le bras.

Puis, se tournant vers des garçons qui étaient là à écouter d’un air niais, il avait ajouté :

– Et vous, au lieu de rester là comme des hiboux, les yeux dilatés sur les croupes des filles qui passent, allez donc voir le monde pendant qu’il en reste encore et peuplez-le… Il ne demande pas mieux !

– A t’entendre, on pourrait tout aussi bien faire un enfant à la première venue, pourquoi pas à une goy ?

– C’est les encourager à la débauche… avait rétorqué un long voisin, sombre, les sourcils broussailleux, dans le seul but d’amorcer une polémique à son avantage pour se montrer savant devant la grande naïve aux hanches larges qui hantait ses insomnies et se tenait là, béate.

– Au regard de Dieu, tous les enfants qui naissent sont pareils : ils ne sont ni juifs, ni goys. C’est seulement après que chacun veut faire porter tout le poids de son histoire… sur leurs petites épaules, avait rétorqué Jacob.

– Si tous les enfants sont pareils, pourquoi leur donner des noms différents ? Ils devraient tous s’appeler, par exemple… Jacob !

– Ils devraient… Ils auraient au moins ça en commun !

– Et si l’enfant ne vient pas avec son pain sous le bras ?

– Il y a assez de pain pour tous, il faut seulement aider le bonhomme à tenir sur ses jambes…

– Hum…Et après ?

– Après, si c’est un garçon, il voudra à son tour attraper une rondelette et lui faire… Tu vois ce que je veux dire ?

– Et la fille ?

– Elle lui fera lâcher son pain. S’il refuse, son pain se desséchera et aucune fille n’en voudra plus.

– Et le premier homme, il est arrivé avec son pain ?

– Non. Mais la première femme lui a fait crédit, en se disant : ses fils paieront pour lui. Depuis ça n’arrête pas : on vit à crédit !

– Tu as bien raison, Jacob, il faut du crédit… ! »



En arrivant à Paris, Sacha s’était rendu chez un lointain cousin de sa mère qui lui avait procuré un petit logement dans un fond de cour, rue du Chemin Vert. Dans la journée, il déchargeait des charrettes ou des camions chargés de balles de cotonnades dans la rue du Mail. Le soir, il dessinait ou allait flâner à Montparnasse pour retrouver des exilés comme lui, de Russie ou d’ailleurs, peintres ou sculpteurs. Ensuite il a été rebouteux : il détestait ce mot, mais n’en connaissait pas d’autre, et guérisseur lui était d’une insupportable prétention.
Sacha était parti de Minsk après une dispute avec son père ; à peine dix-sept ans, mais il en paraissait bien plus. Sa tante maternelle, une moqueuse, jamais mariée, toujours à encourager l’insoumission chez les filles et l’insolence chez les garçons, disait de lui : « Il suit son être » pour ne pas dire « Il suit son sexe ». Dans sa folle envie de rejoindre Paris pour y devenir peintre, il avait sauté dans des trains en marche, erré sur les routes et, pour finir, avait traversé une partie de l’Allemagne dans la roulotte d’une rebouteuse presque aveugle. Elle préparait les meilleures soupes du monde, la rebouteuse, quand ils s’arrêtaient pour la nuit à l’entrée d’un village, mais quelle tyrannie !

– Où as-tu été encore traîné ? Tu vas t’attraper une maladie qui va te manger tout le corps, des poux ou des morpions qui vont me pourrir la vie à moi aussi.


Elle ne supportait pas de le savoir en train de montrer ses dessins à de jeunes villageoises dont elle entendait les éclats de rire derrière les haies vives.

– Si seulement tu voulais être sérieux, je t’apprendrais des choses…
Il l’écoutait à peine ou la désarmait en proférant une de ces étrangetés dont il était coutumier, mais le plus souvent elle riait convaincue qu’il avait en lui ce grain de folie qui est la marque des bons ou des mauvais génies – sa préférence, bien sûr, allant aux mauvais.

– Tu as des mains en or, tu as du diable en toi. Je ferais de toi un homme riche si seulement tu voulais être sérieux et apprendre…

– Je comprends.

– C’est la vérité, ce que je te dis là.

– La vérité est rouge coquelicot.

– Ça veut dire quoi ?

– Ça veut dire qu’elle est effrontée, et honteuse, comme la vie…mais jolie parfois comme les coquelicots

– Coquelicot, effrontée… Ne recommence pas à délirer, tu me fais peur avec ta folie, je te parle sérieusement.

– Moi aussi.

Elle disait encore :

– Tu n’es pas comme les autres, tu as le feu en toi, mais tu es bon : il y a une grâce dans ta personne, malgré toi. Et tu ne le sais pas.

Un soir, elle avait supplié :

– Laisse-moi te toucher.

Il faisait nuit, La neige tombait dru sur un petit village allemand. Leur roulotte s’était abritée derrière une grange. Sacha, crispé, était certain qu’elle voulait l’amener à coucher avec elle.

– Seulement te toucher…

Sa main avait effleuré les épaules, sous la chemise, elle avait parcouru le dos et, comme à regret, s’était arrêtée à la taille.

– Tu as les muscles qu’il faut pour transmettre à tes mains le feu qu’il y a en toi.

Elle avait pris ses mains et, en effleurant ses longs doigts, avait répété une fois de plus :

– Avec ses mains-là, tu peux faire ce que tu veux.

Sacha se souviendra plus tard avec un frisson de dégoût que, si elle avait insisté, dans ce froid, cette nuit-là, il lui aurait peut-être mis son feu dans tout le corps. La Rebouteuse avait, elle aussi, un fluide formidable dans les mains, et une poitrine énorme et ferme.


Dans les jours qui avaient suivi, elle avait commencé à lui apprendre à explorer le dos, les membres, à se concentrer pour imposer les mains, à masser, à faire craquer les articulations. Lui s’était pris au jeu, allant jusqu’à éprouver quelque fierté en soulageant ici une paysanne qui semblait avoir le dos brisé tant elle hurlait de douleur, là un garçon à la hanche bloquée depuis plusieurs jours. Dès lors la Rebouteuse le présentait comme son disciple, détenteur d’un don prodigieux. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards se sont livrés aux mains miraculeuses de Sacha. Il commençait à prendre goût à ce pouvoir : vaincre la souffrance lui procurait un sentiment d’exaltation qui le grisait un bref instant pour laisser place à une profonde lassitude.

Mais un soir, à l’approche de la frontière qui sépare l’Allemagne de la France, Sacha s’était enfui.



Les années étaient passées qu’on disait folles, et les temps étaient devenus difficiles. Pour ne pas faire mentir le croqueur d’oignons et assurer le pain, Sacha avait repris « en main » ses talents de guérisseur. Des passantes le reconnaissaient dans certaines rues du quartier de la Bastille, toujours habillé d’un long manteau, sa crinière de lion irisée de reflets gris. Il allait à grands pas, rue du Chemin Vert ou rue de la Roquette, l’air affairé, quand en fait il s’impatientait de se voir interpellé par une de ses anciennes patientes. Cela se produisait de temps à autre et Sacha s’en retournait à Montparnasse avec quelques billets en poche, de quoi entretenir « l’Atelier » où les repas étaient pris en compagnie d’Hélène et de Robert.


Ses toiles se vendaient peu, mais Sacha continuait de peindre, des journées entières. Par instants s’adressant à son tableau, il se lançait, dans un français d’une surprenante exubérance, dans de longs monologues pleins d’humour, étayés de « contradictions en papillotes » comme il disait, évoquant l’éducation talmudique de son enfance. Ensuite, pour s’apaiser, il chantait en russe. Certains jours, il annonçait: « Considérez que je suis en voyage !». Là-dessus il enfilait alors son long manteau, s’en allait faire le tour des bistrots du quartier pour retrouver des amis et ne revenait que dans l’après-midi pour arpenter l’atelier à grands pas, sans ôter son manteau. Tandis qu’Hélène et Sonia étaient à leurs « cartons », Robert, lui, jouait avec le petit ou le promenait dans un parc voisin. Il avait de plus en plus de difficultés à placer ses articles dans les journaux et sa collaboration à une maison d’édition lui rapportait si peu… Il s’accablait alors de sarcasmes :

– Je ferai mieux de retourner chez les bouseux de ma campagne au lieu de traîner ici à faire le poète, à manger le pain des travailleurs…

– Et des travailleuses… avait un jour surenchéri Sacha. Un vrai poète, ça ne devrait même pas manger… un peu d’absinthe, à la rigueur. Ça doit errer comme un chien famélique et tousser… et s’éclipser les yeux brûlants de fièvre et d’amour sans quoi la postérité ne daigne même pas lui jeter un regard.

Tous avaient ri, surtout Robert qui était loin ce jour-là de penser que la mort de son père l’obligerait à retrouver sa campagne bordelaise. Fils unique, il décida de retourner auprès de sa mère, dans leur maison entourée de vignes, près de Castillon.
Les autres devaient le rejoindre un peu plus tard, décidés à partager leur temps entre Paris en crise, où les acheteurs de tableaux s’étaient fait rares, et le Bordelais, où les séjours se prolongèrent bien au-delà de l’été et des vendanges. « L’atelier en campagne », disait Hélène.

Hélène, Sacha et Sonia découvraient ce charme campagnard avec toute la fraîcheur de l’imagerie citadine. Peu à peu Robert retrouvait en lui une relation presque charnelle avec les vignes, forçant ainsi l’admiration émue de sa mère qui l’avait cru devenu étranger à l’exploitation familiale. Mais il continuait à écrire des poèmes, des textes d’un humour tendre et grinçant.

Avec le zèle des nouveaux convertis, Hélène était devenue une parfaite maîtresse de domaine. Sonia s’occupait du Jacquot et secondait Hélène. Souvent, elles s’installaient pour dessiner sur la grande table de la cuisine tandis que Mamie Madeleine, la maman de Robert, tricotait un chandail pour le petit bonhomme.

Sacha ne peignait plus que rarement, mais chaque jour, coiffé d’un grand chapeau, un sécateur à la main, on le voyait arpenter les vignes en compagnie de Robert. Les ceps dénudés et noueux, les pampres et les feuilles, de tous les bruns, de tous les jaunes de la fin de l’automne, l’émerveillaient et le désolaient à la fois :

– C’est magnifiquement biblique et nostalgique… un pas vers l’incertitude de la morte-saison. On voudrait entendre, ici, jouer un violon…

– Merveilleux mon Sacha, avait dit Sonia. Voyez avec quelle facilité il se fait vigneron après s’être fait rebouteux… sans jamais quitter sa peinture, toujours accompagné des violons de son ghetto…

Quand il avait un peu bu, Sacha se déclarait « dans les vignes du Seigneur », l’expression l’enchantait au point qu’il se mettait à déclamer un poème pour remercier cette image de l’état de grâce qu’elle lui inspirait. Reste que son chevalet lui manquait, Montparnasse et ses « rustres » aussi, ainsi qu’appelait Sonia leurs amis russes, peintres ou sculpteurs.

Les journées s’écoulaient, paisibles, loin de Paris et de ses vanités, mais le monde était à nouveau en proie à des démons, et ses rumeurs bourdonnaient au cœur même des soirs paisibles de « l’atelier en campagne ». C’est dans le Bordelais que la guerre vint les surprendre, avec son cortège de déclarations antisémites et de nouvelles incroyables.

L’Europe avait déjà glissé dans la fatalité de la destruction et les événements qui s’enchaînaient se présentaient déjà comme inéluctables, à la passivité des gens.

L’entrée des Allemands dans Paris, en 1940, avait fait rugir Sacha. Sa « France » – il n’était pas français ! – ne pouvait pas en arriver là. Certains soirs, Sonia était en proie à d’obscurs pressentiments qu’Hélène, muette, lisait sur son visage ; les yeux de Robert luisaient d’indignation ; Mamie Madeleine fixaient le feu de la cheminée : les lendemains ne seraient pas beaux.


L’appel du 18 juin fut une flambée d’orgueil dans le cœur de Robert. Ils étaient là, autour de la grande table, célébrant l’événement d’une bonne bouteille, quand Sacha s’est exalté :

– C’est celle-là, la France que j’aime. Je le suivrais jusqu’au bout, cet homme… de Gaulle…

Il s’est levé, a fait le tour de la table, dédié son sourire le plus charmeur à Mamie Madeleine, jeté le mégot de sa cigarette dans la cheminée et, attrapant au vol à l’instant où, courant derrière un chaton, il passait près de lui, il a soulevé le petit à bout de bras en proclamant :

– Vive la France !


C’est un peu dans cette euphorie que Sacha et Sonia avaient décidé de regagner Paris dès le lendemain pour payer le loyer de l’Atelier, pour y prendre quelques affaires, des toiles, du matériel de peinture. Sacha voulait ramener son grand chevalet et Sonia tenait tellement au dessin de Modigliani.

Hélène et Robert, ne les voyant pas revenir, comme convenu, le surlendemain, s’étaient étonnés, puis inquiétés ; toute la semaine ils les avaient attendus, au dernier train de Paris.

« Arrestation d’un millier de juifs étrangers », avaient-ils lu, un matin, dans le journal étalé sur la grande table de la cuisine. Ils s’étaient regardés, saisis par une même et odieuse prémonition, puis Robert avait dit :

– Je pars à Paris voir ce qui se passe…

Hélène avait approuvé d’un hochement de tête, mais pas un mot n’avait franchi ses lèvres. Pour ne pas affronter le regard de Robert, elle était sortie de la cuisine directement dans la cour où le petit était en train de jouer avec un chiot. Elle avait pris Jack par la main et ils s’étaient éloignés, le chiot courant désespérément pour les rattraper et mordiller les mollets du petit garçon riant aux éclats.
Pendant que le chiot et Jack se harcelaient sur le versant d’un coteau, elle avait continué d’avancer jusqu’au sommet, les yeux noyés de larmes. La lumière de mai éblouissait les champs striés de rangs de vignes. Hélène s’était tournée vers le soleil avec une expression de défi avant de baisser lourdement ses paupières durant quelques secondes, comme des volets soudain refermés sur la part la plus heureuse de son existence.


Il régnait un silence de mort dans cette cour de la rue d’Odessa. Sur la porte fermée de l’Atelier était apposé un étrange papier cacheté. « Sûrement un scellé », avait pensé Robert qui n’en avait jamais vu auparavant. Il avait frappé chez une voisine dans la cour qui avait attendu un long moment pour ouvrir sa porte, essayant de retenir son chat qui parvint tout de même à s’échapper.

– … longtemps que je ne les vois pas… Toujours à la campagne, je crois…
– Et c’est quoi, ça ? avait-il demandé en indiquant le scellé.

– Des gens de la police… ils sont venus la semaine dernière.

C’est à la gare Montparnasse que Sonia et Sacha ont été arrêtés par la police française :

– Vérification des papiers… Vous êtes étrangers ? Où habitez-vous… ? Vous n’êtes pas mariés ?

– Nous sommes des artistes. Nous vivons à Paris, nous sommes connus, des journaux ont écrit des articles sur nous.

Oui, mais, étrangers, il faut suivre les policiers pour vérification :
– Tout ira bien.

Mensonge, rien ne devait plus aller jamais, ni pour eux, ni pour leurs proches et leurs amis, depuis ce 14 mai 1941 où la police française arrêta et livra aux Allemands un millier de juifs.

Sacha et Sonia ne revirent plus le petit Jacob, Jacques, pour la France, Jacquot, Jack, et ce fût déjà le début de la mort : séparés pour travailler dans des camps jusqu’à n’avoir plus que la peau sur les os, ils ont été gazés et brûlés aux côtés de millions d’hommes, de femmes et d’enfants… et le monde avait autre chose à faire qu’à gémir sur tout cela : il en avait tant vu, il en verrait encore !


Copyright Pol Serge Kakon







Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: itri (IP enregistrè)
Date: 21 mars 2007 : 02:23

bonsoir darlett
l'histoire est belle , boulversante et angoissante.




Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 21 mars 2007 : 04:07

Merci itri, c'est bien gentil a toi de prendre la peine de la lire. Les autres darnneurs sont touuuuussss paresseux !

Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: itri (IP enregistrè)
Date: 21 mars 2007 : 04:26

ma chere darlett j'adore lire .je suis un rat de bibliotheque.les bouquins m'ont accompagné durant mon adolescence et ma vie d'adulte.
merci à toi de m'avoir permis de lire cette nouvelle.

Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 21 mars 2007 : 04:50

C'est la raison alors pour laquelle ton francais est excellent.

Moi aussi, je suis comme toi et j'adore lire. Mais il faut dire que les temps ont change et actuellement s'ajoutent a la lecture la television, l'internet, la multitude de journeaux.
Je crois que le marche des livres est en crise un peu partout dans le monde. Ici a Montreal, plusieurs librairies ont ferme et celles qui fonctionnent ne vendent plus au meme rythme qu'elles vendaient il y a une dizaine d'annees.

C'est triste ! C'etait bien d'avoir un bon bouquin et de se mettre sous les couvertures avec. J'adorais fouiner dans les librairies et je le fais beaucoup moins actuellement et cela me desole...

Mes filles ont herite cette passion de nous et toutes les 2 se sont faites bibliothecaires dans leurs ecoles pour avoir droit (tiens toi bien !) a plus de 4 livres par semaine !!! Elles etaient toute la journee avec un livre a la main. Aujourd'hui, c'est different et je les retrouve beaucoup face a l'internet au lieu de lire... Je crois que c'est dommage !




Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: echkol (IP enregistrè)
Date: 28 mars 2007 : 14:11

Darlett

pourquoi tu dit que nous sommes des feneants?
il ya des gens qui lisent et d'autres juste regardent les photos

libre a tous de faire comme bon leurs semble

david=echkol

Re: "Jacob, Jack de la France" de Pol Serge Kakon
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 28 mars 2007 : 15:00

Tu as raison Echkol, ce n'etait qu'une plaisanterie. Bien sur que chacun fait comme bon lui semble.

Hag Sameah



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