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Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 juillet 2011 : 18:30

Israël et la question juive

par Pierre-André Taguieff





Nouveau livre de Pierre-André Taguieff sorti recemment. Editions Les Provinciales.

« Une guerre idéologique totale est aujourd’hui menée contre Israël et le sionisme… Cette guerre non conventionnelle est d’autant plus efficace qu’elle n’est pas déclarée. »


Extrait :



Il suffit de jeter un bref regard sur la longue histoire des judéophobies pour se convaincre d’un paradoxe tragique : d’une façon récurrente, les Juifs sont rejetés, successivement ou simultanément, soit parce qu’ils sont dispersés et à ce titre accusés d’être « apatrides », « internationalistes » ou « cosmopolites », donc voués au « nomadisme », soit parce qu’ils sont rassemblés, ce qui leur vaut d’être accusés de séparatisme, d’exclusivisme, de nationalisme ou de racisme. Les Juifs sont ainsi soumis à une injonction paradoxale : ils sont mis en demeure de cesser de « s’infiltrer » dans toutes les nations comme un « corps étranger », en même temps qu’ils sont exhortés à cesser de se comporter en peuple souverain dans le cadre d’un État-nation. Ils sont enfermés dans une double contrainte (double bind) : on leur reproche à la fois d’être trop nomadiques et trop identitaires, trop universalistes et trop communautaires. À cela s’ajoute un double grief mis en évidence naguère par Vladimir Jankélévitch : « Les Israéliens ont tort d’être victorieux, mais les Juifs ont tort d’avoir été malheureux.

Les premiers doivent expier le péché de survivre « dans un État-nation qui se défend contre ses ennemis, les seconds doivent cesser de revenir sur un passé de persécutions et de souffrances qui a le démérite de leur être propre. Ils doivent cesser de se référer à la Shoah sous peine d’être dénoncés avec indignation comme les tenants d’une « industrie de l’Holocauste » ou d’un « Shoah-business » qui servirait à « justifier la politique criminelle de l’État d’Israël»…

Presse

« …Ce nouveau livre explore avec une grande minutie et une immense érudition les innombrables facettes de l’antisionisme obsessionnel, de la guerre idéologique qui est menée contre Israël et les Juifs. Dans ce livre exemplaire, l’auteur montre bien qu’au nom de la sacro-sainte défense de la cause palestinienne, tous les coups sont permis, toutes les vilenies, les accusations les plus perverses et les plus monstrueuses. Nous assistons à un véritable matraquage d’Israël et il ne s’agit pas de critiquer une politique mais bel et bien de diaboliser et délégitimer cet Etat. Ce livre magistral doit être lu, impérativement. »

Marc Knobel, crif.org

Le site du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France présente ensuite trois extraits du livre de Pierre-André Taguieff :

• « L’autocritique de Richard Goldstone : la fin d’une imposture »

• « Les voies de la criminalisation des "sionistes" »

• « l’amalgame polémique entre "sionisme" et "racisme" »


Le Figaro

LE FIGARO. - Que vous inspire le roman d’Umberto Eco ?

Pierre-André TAGUIEFF. - Depuis longtemps, Eco a exprimé son intérêt pour les histoires de complots, souvent liées à la fabrication de faux et à des manipulations policières, dans lesquelles les faits historiques tendent à se confondre avec des fictions romanesques. Ce qui est le cas des Protocoles des sages de Sion (…) Mais ce qu’il en a fait dans son dernier roman ne m’a ni accroché ni convaincu. Ma déception vient peut-être du fait que je connais trop bien les matériaux sur la base desquels Eco a construit son dernier roman. Depuis le début des années 1990, dans le sillage de Léon Poliakov et de Norman Cohn, j’ai consacré plusieurs ouvrages à l’étude de la mythologie conspirationniste moderne et contemporaine, à l’analyse des divers récits et thèmes d’accusation mêlant l’antimaçonnisme à l’antisémitisme, où les faux politico-littéraires ont joué un rôle décisif. Eco s’est promené pour son compte dans les caves et les souterrains de la culture conspirationniste, curieux de tout, mais pour le plaisir avant tout. Quant au produit, de mauvais esprits diraient que c’est du Dan Brown sophistiqué et bien documenté, du Dan Brown pour bac + 3.

La polémique qui s’est développée dans la presse italienne vous semble-t-elle justifiée ?

Eco a déclaré avoir voulu se « confronter longuement et ouvertement avec les clichés antisémites, pour les démonter ». L’ennui, c’est qu’il les expose en long et en large avec un grain de complicité ironique, installé dans la zone d’ambiguïté où il mélange avec jubilation le vrai et le faux, le vraisemblable et le certain, les faits et les rumeurs, les légendes, les récits mythiques. Son roman ressemble à une compilation de textes antijuifs qui font oublier les intrigues. Et la fascination d’Eco pour la préhistoire des Protocoles est contagieuse. On peut dès lors craindre que son roman fonctionne, pour les lecteurs naïfs, comme un manuel d’initiation au conspirationnisme antijuif et antimaçonnique, et, pour les adeptes de la pensée conspirationniste, comme un aide-mémoire. « Le mélange du vrai et du faux est plus faux que le faux », disait Valéry. Eco, en virtuose, jouant lui-même les faussaires et les plagiaires, conduit le lecteur à imaginer le grand complot juif et le laisse seul juge de sa réalité. Plutôt qu’à un décryptage et un démontage des accusations mensongères et des stéréotypes antijuifs, c’est à un renforcement des préjugés qu’il risque d’avoir contribué, du moins pour une partie de son lectorat. Est-il vrai que « Les Protocoles des sages de Sion » sont considérés comme authentiques dans certains pays musulmans ?

Je ne connais pas un pays musulman où les Protocoles ne soient pas régulièrement invoqués dans les médias pour justifier la thèse du « complot sioniste mondial » et inciter au djihad contre Israël en particulier, et contre les « sionistes » ou les « Juifs » en général. Dans le film documentaire dont j’ai été le coscénariste, La vérité est ailleurs, ou la véritable histoire des Protocoles des sages de Sion (2008), la réalisatrice Barbara Necek a interrogé l’un des jeunes dirigeants du Hamas, Fawzi Barhoum, son porte-parole à Gaza, qui a déclaré : « Nous, au Hamas, considérons que Les Protocoles ont été écrits par les Juifs, parce que les Juifs sont des fauteurs de trouble partout dans le monde, dans les pays arabes, dans les pays musulmans, en Europe et aux États-Unis. C’est tout le temps la même chose : là où il y a un Juif, il y a un problème. » Hamid Chabat, maire de Fès et député influent de l’Istiqlal, parti conservateur et nationaliste qui a gagné les législatives de 2007, a expliqué début mars 2011, lors d’une réunion des militants de son parti, que les révolutions arabes étaient inscrites sur l’agenda des Protocoles : « Auparavant, le colonialisme et le protectorat assuraient leur suprématie grâce à la force militaire et à l’invasion. Aujourd’hui, c’est avec les idées, Facebook et le progrès scientifique. Et cela est expliqué dans un livre que connaissent bien les chercheurs, il s’agit des Protocoles des sages de Sion. » Le célèbre faux est ainsi utilisé pour prouver l’existence d’un « complot sioniste mondial ».

Propos recueillis par Paul-François Paoli, Le Figaro du 17 mars 2011

texte complet sur : • lefigaro.fr

• Israël et la nouvelle question juive, par Pierre-André Taguieff

[www.lesprovinciales.fr]

Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 06 juillet 2011 : 18:37

Ring

« Taguieff contre Super-Résistant »

« …On sera frappé par la gravité de ce livre. Maître en l’air délicat de l’ironie, (Taguieff) semble ne plus y croire. Ne plus croire en un sursaut ici, en France, en Europe, en Occident. Il observe : Israël est marginalisé sur la scène internationale. Et si Israël était finalement vaincu par les apôtres, combattants et sympathisants du jihad, parions que les Juifs auraient alors le choix entre la valise et le cercueil. Horizon qui oblige l’État hébreu, ce sublime anachronisme, à se battre, tandis que des armées d’intellectuels sans Histoire espèrent sa mort. Jusqu’à nouvel ordre, Israël maintient. On souhaite qu’il n’oublie jamais cette belle formule extraite de ce livre précieux : "Mieux vaut souffrir de n’être pas aimé que de disparaître sous les applaudissements de ses ennemis." »

Loïc Lorent, surlering.com

• suite de l’article de Loïc Lorent dans Ring icî

"Pour le peuple Palestinien la mort est devenue une industrie…..."
Fathi Hama
Hamas


"Nous devons continuer à agir pour isoler Israël à une échelle internationale, officielle et populaire plus élevée, à tous les niveaux et dans toutes les sphères, et poursuivre la campagne de boycott des produits israéliens, sans nous limiter exclusivement à ceux des implantations"

Marouane Barghouti
Fatah


[www.lesprovinciales.fr]

Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 02 aot 2011 : 20:11

Qui sont les anti-juifs d'aujourd'hui ?


A A l'occasion de la sortie son dernier livre "Israël et la question juive", le philosophe Pierre-André Taguieff a été interviewé par l'historien Andreas Pantazopoulos pour le journal grec Kathimerini.

Première partie.


Andreas Pantazopoulos : Vous parlez depuis une vingtaine d’années d’un antisémitisme nouveau que vous appelez “nouvelle judéophobie”. Pouvez-vous nous donner les traits de base de cette nouvelle configuration?

Pierre-André Taguieff: Le postulat de la nouvelle judéophobie est le suivant : les juifs constituent un peuple en trop. À cet égard, on note une continuité dans les formes de l’hostilité aux Juifs. La principale différence consiste dans le remplacement du grief de "cosmopolitisme" ou de "nomadisme" par celui de "nationalisme" ou de "colonialisme" : les juifs incarnaient le contre-type du « sans-patrie » dans le vieil antisémitisme politique, ils incarnent aujourd’hui le type négatif du "nationaliste" (colonialiste, voire "raciste") dans le cadre de la nouvelle judéophobie à base antisioniste.

Il s’ensuit que l’appartenance des juifs à la commune humanité est mise en doute, et même, par les antijuifs radicaux, niée purement et simplement. Ce qui peut se traduire par un impératif ainsi formulable : "juifs, cessez d’être juifs pour devenir humains !" Pour être humainement acceptables, les juifs doivent disparaître en tant que juifs. Or, dans la nouvelle vision antijuive du monde, la première étape de cette élimination n’est autre que la destruction d’Israël. La réalisation de cet objectif constitue la "solution" de la nouvelle "question juive", résultat de l’islamisation du discours antisioniste, mêlant les arguments de type nationaliste ou ethno-nationaliste aux thèmes politico-religieux du fondamentalisme musulman. Le programme "antisioniste", considéré dans ses formulations radicales, a un objectif explicite : "purifier" ou "nettoyer" la Palestine de la "présence sioniste" ou "juive", considérée comme une "invasion" qui souille une terre palestinienne ou arabe (pour les nationalistes) ou une terre d’Islam (pour les islamistes).



Que professe le judéophobe d’aujourd’hui ? Quelle est sa physionomie ? Est-il de droite, ou de gauche ?

Cinq traits permettent de définir le style et le contenu du discours des antisionistes radicaux :

Le caractère systématique de la critique d’Israël, une critique hyperbolique et permanente faite sur le mode de la dénonciation publique et recourant aux techniques de la propagande (sloganisation, amalgames, etc.) ;
La pratique du « deux poids, deux mesures » face à Israël, c’est-à-dire le recours au « double standard ». Cette pratique systématique de la mauvaise foi, dès qu’il s’agit de l’État juif, conduit à la condamnation unilatérale d’Israël, indépendamment de toute analyse des faits ;
La diabolisation de l’État juif, traité comme l’incarnation du mal, impliquant une mise en accusation permanente de la politique israélienne fondée sur trois bases de réduction : le racisme/nazisme/apartheid, la criminalité centrée sur le meurtre d’enfants palestiniens (ou musulmans) et le complot ;
La délégitimation de l’État juif, la négation de son droit à l’existence - donc la négation du droit du peuple juif à vivre comme tout peuple dans un État-nation souverain -, ce qui implique d’isoler l’État d’Israël sur tous les plans, en organisant notamment contre lui un boycott généralisé ;
L’appel répété à la destruction de l’État juif, impliquant la réalisation d’un programme de « désionisation » radicale, ou plus simplement une guerre d’extermination, où l’Iran nucléarisé jouerait le rôle principal.


Dans vos analyses, vous insistez particulièrement sur le complexe formé par l’islamisme radical et la nouvelle judéophobie. Le thème récurrent est la destruction d’Israël. Mais la question qui se pose est la suivante : peut-on critiquer la politique d’Israël sans être judéophobe?

Le vieil antisémitisme se survit à travers la simple substitution du mot "sioniste" au mot "juif", notamment chez les adeptes de la pensée conspirationniste : la "conspiration juive internationale" est ainsi rebaptisée "complot sioniste mondial". L’islamisation des Protocoles des Sages de Sion, auxquels se réfère la Charte du Hamas, en constitue le principal vecteur.

Le complot international est interprété par les islamistes radicaux, de façon paranoïaque, comme un grand complot contre l’islam et les musulmans, conduit par les juifs. L’existence même de l’État d’Israël est perçue comme la preuve du mégacomplot. Si Israël doit être détruit, c’est parce qu’il est le résultat d’une opération perçue comme criminelle : l’installation des juifs sur une prétendue "terre d’Islam".

L’islamisation de la cause palestinienne rend impossible toute véritable négociation susceptible d’aboutir à un compromis. Je distingue clairement, dans tous mes travaux depuis les années 1980, l’antisionisme radical de la critique légitime, dans une perspective libérale/pluraliste, de la politique de tel ou tel gouvernement israélien, de droite ou de gauche. La critique démocratique de la politique d’un gouvernement, relevant du débat public légitime, ne doit pas être confondue avec l’appel à la destruction d’un État-nation. Or, c’est un tel appel à l’éradication qui forme le cœur du programme de l’antisionisme radical.

[www.atlantico.fr]

Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 02 aot 2011 : 20:21

Les indignés :
degré zéro du politique



Andreas Pantazopoulos : Aujourd’hui en Grèce, mais aussi en Espagne, un nouveau mouvement, les “Indignés”, a fait son apparition spontanée. Il se dirige contre les systèmes politiques “corrompus”, contre l’ “oligarchie”. Comment interpréter ces mobilisations ? L’ “indignation” est-elle l’autre nom d’un populisme de gauche?

Pierre-André Taguieff : Je ne crois pas que les mobilisations se couvrant du mot “indignés”, en Espagne ou en Grèce, soient “spontanées”. Elles ont trouvé leur modèle dans les manifestations de masse qui, dans certains pays du Maghreb et du Machrek, ont abouti à ce que le monde médiatique, dans une flambée d’illusion lyrique, a baptisé le “printemps arabe”.

Leur seule originalité a été de s’emparer du vocable mis à la mode par le libelle insignifiant de Stéphane Hessel, le faux co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le mot “indignation” est un mot attrape-tout. Il peut être mis à toutes les sauces. Qui n’est pas “indigné” pour telle ou telle raison ? En tout mouvement politique, il faut distinguer la formule oratoire des visées ou des intentions réelles. La formule oratoire des “révoltes arabes” a privilégié les motifs de la “liberté”, de la “démocratie” et de la “justice”, ainsi que la dénonciation de la “corruption”. Leur visée réelle était de chasser l’équipe dirigeante en place (“Dégage !”) : le degré zéro du programme politique, expression d’un rejet accompagné d’un mouvement d’humeur.

Ces prétendues “révolutions” n’ont guère été que des coups d’État, et plus précisément des coups d’État militaires déguisés en victoires du “peuple” ou de la “démocratie”. Dans les démocraties européennes, pour les “indignés”, il s’agit également de prendre le pouvoir (en s’en tenant au moment négatif : chasser du pouvoir les “corrompus” ou les “voleurs”), mais l’ennemi n’est pas clairement désigné, ni le groupe contestataire bien identifié. Les leaders ne sont pas politiquement crédibles. Le programme est ici encore ultra-minimaliste et tout négatif : contre les “corrompus”, etc.

Le marxo-populiste français Jean-Luc Mélenchon en a formulé le slogan : “Qu’ils s’en aillent tous!” La diabolisation de l’ennemi remplace l’analyse de la situation et la réflexion sur les objectifs politiques. Rien n’est plus pitoyable que le recours des “indignés” grecs aux amalgames de propagande les plus éculés, du type “Nazi-Nazi/Merkel-Sarkozy”.

La nazification de l’adversaire est le nouveau socialisme des imbéciles. On reste affligé devant la misère intellectuelle d’une telle contestation politique. L’indignation n’est pas une politique, elle illustre la tendance contemporaine à l’impolitique, qui remplace la réflexion politique par un moralisme sans perspectives ou par des imprécations anticapitalistes relevant du rituel magique. Quant à la stratégie, elle se réduit à cette forme d’expression politique primaire qu’est la manifestation. Une fois de plus, la “colère” du peuple ou des masses est sacralisée. Mais, plus profondément, je crois que ces mobilisations expriment une peur de l’avenir, devenu totalement opaque. Le grand message qu’on entend dans ces rassemblements de victimes de la crise financière, c’est la question sans réponse : “Qu’allons-nous devenir?”.

La question qu’on pose lorsqu’on est pétrifié par le sentiment de vivre une décadence finale. Il s’agit donc moins de revendications que de lamentations, éventuellement accompagnées de violences. Du misérabilisme plutôt que du populisme. Des plaintes de “victimes”, plus ou moins rageuses, plutôt que de véritables révoltes. Les déçus du présent y apparaissent en même temps comme des exclus de l’avenir. La vérité de ces mobilisations, c’est le sentiment d’une impuissance totale des dirigeants politiques, emportés par les turbulences immaîtrisables d’une économie financiarisée. Ce qu’on appelle la globalisation, nouvelle figure du destin, sans visage et impitoyable. Aucune réponse n’est plus crédible à la question “Que faire?”. Ce qui est en progrès, c’est le désespoir, soit la passion impolitique par excellence. La haine des “pourris” ou des “voleurs” peut mener à tout. Y compris à une nouvelle forme de dictature, une dictature post-libérale.



Surtout ces derniers temps, “l’Europe de l’extrême droite” ne fait que progresser. Dernier épisode en date : les “Vrais Finlandais”. En France aussi, Marine Le Pen veut respectabiliser son parti. Quelles sont les causes de cette avancée?

Dans les années 2000, on a assisté à la disparition des éléments constitutifs du paysage de l’extrême droite tel qu’il s’était reconfiguré après la Seconde Guerre mondiale. Les “néo-” ont disparu, pour laisser la place à des mouvements ou des partis émergents ne se présentant pas comme des héritiers d’une tradition bien définie.

“Néo-nazi” et “néo-fascistes” ne sont plus que de folkloriques survivances, ayant plus à voir avec la culture “Underground” des années 1960 et 1970 qu’avec le Troisième Reich. Ce qu’on appelle encore aujourd’hui “l’extrême droite”, par une vieille habitude de langage, rassemble et amalgame d’une façon abusive toutes les réactions plus ou moins convulsives contre la globalisation financière et l’européisation dans un sens postnational. Or, ces réactions vont dans tous les sens : elles peuvent être interprétées comme des “progrès” ou comme des “régressions”, des “résistances” légitimes ou non, des formes émergentes de xénophobie ou des réaffirmations identitaires restant dans le cadre du pluralisme démocratique. Leur fond affectivo-imaginaire est la peur, qui se fixe soit sur le présent (peur de perdre des avantages acquis), soit sur l’avenir (peur de guerres civiles ethnicisées).

La paresse intellectuelle conduit à interpréter négativement toutes ces réactions de masse, à les diaboliser en les réduisant à des expressions d’une “extrême droite” fantomatique, qui serait condamnée par le Sens de l’Histoire. Telle est la grande illusion, héritage du XIXe siècle hégéliano-marxiste. Car il n’y a pas de Sens de l’Histoire : la globalisation va dans tous les sens, et engendre des réactions allant elles-mêmes dans tous les sens.

Le renforcement de l’Europe n’est pas plus probable que son effondrement après disparition de l’euro, accompagnée d’une réethnicisation et d’une reparticularisation généralisées, qui peut jouer en faveur des vieux États-nations mais aussi bien favoriser leur éclatement. Le nouveau Front national dirigé par Marine Le Pen illustre bien les ambiguïtés des nouveaux mouvements nationaux-populistes : dans leur discours idéologique, on trouve autant d’emprunts à l’antimondialisme d’extrême gauche que d’éléments issus des traditions nationalistes. C’est ce qui fait à la fois leur inclassabilité et leur attractivité. Mais c’est précisément ce qui doit nous conduire à les intégrer dans le jeu politique “normal”.



Que faire?

Les nouveaux populismes identitaires ou protestataires corrompent les démocraties représentatives de l’intérieur. Ils représentent pour elles un défi qu’elles doivent relever avec lucidité et courage. Si la "normalisation" des mouvements populistes ne s’opère pas, les vieux partis de gauche et de droite risquent de perdre ce qui reste de leur attractivité, et de finir par se confondre dans un centre indistinct face auquel s’affirmerait le nouveau camp du "changement" (mot magique aujourd’hui privilégié par tous les démagogues en âge de gouverner), monopolisé par les démagogues "antimondialisation". Ces derniers auront beau jeu de dénoncer la "ploutocratie" internationale ou les oligarchies financières, la "bureaucratie" européiste, etc.

Ce sont là les éléments du nouveau discours de révolte des "damnés de la terre". Que la crise se généralise en se radicalisant, et les nouveaux démagogues qui ne manqueront pas de surgir – la nature politique ayant horreur du vide -, se présentant comme des sauveurs, risquent de séduire les foules désemparées. Or, ces démagogues n’auront d’autre légitimité que celle qu’ils tiendront de leurs chasses aux responsables présumés des malheurs de leur "peuple", chasses aux sorcières prenant la forme d’appels à la guerre civile ou d’engagements dans des guerres régionales. Fuite en avant dans le chaos.

L’ironie de l’Histoire pourrait alors prendre le visage du tragique. Mais qui pouvait croire que la marche de l’Histoire ressemblait à celle d’un fleuve tranquille ?

[www.atlantico.fr]




Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 21 septembre 2011 : 21:13

Un extrait du livre de Pierre-André Taguieff sus-mentionne :

La question israélienne est la nouvelle question juive

par Pierre-André Taguieff




Certains prétendent qu’il est désormais « interdit de critiquer Israël ». On reste stupéfié devant une affirmation aussi fausse : jamais, depuis la création de l’État d’Israël, la critique systématique et diabolisante de ce petit État démocratique n’a été plus virulente ni plus répandue. Elle est au cœur du nouveau politiquement correct, elle est le signe de ralliement de tous les esprits conformistes, de droite comme de gauche. À proprement parler, il ne s’agit pas d’une critique de la politique menée un gouvernement de l’État hébreu, mais d’une mise en accusation de l’État-nation israélien comme tel, qui prend souvent la forme d’un appel à sa destruction. Cet appel à l’éradication forme le cœur du programme de l’antisionisme radical, postulant qu’Israël est un État en trop. Le seul État au monde à être traité comme un intrus.

Le discours politique de l'autorité palestinienne à surveiller

Comme le répète l’article 28 de la Charte du Hamas (1988), qui résume en une phrase l’idéologie antijuive du mouvement islamiste : « Israël, parce qu’il est juif et a une population juive, défie l’Islam et les musulmans. » Le programme « antisioniste », considéré dans ses formulations radicales, a un objectif explicite qui revient à vouloir « purifier » ou « nettoyer » la Palestine de la « présence sioniste » ou « juive », considérée comme une « invasion » qui souille une terre palestinienne ou arabe (pour les nationalistes) ou une terre d’Islam (pour les islamistes). La rhétorique raciste de la « purification » n’est pas le propre des islamistes du Hamas ou du Jihad islamique : en mai 2011, au cours d’une réunion de la Ligue arabe, Mahmoud Abbas a déclaré vouloir une Palestine « purifiée de la présence juive ». Ce programme ethno-nationaliste est parfaitement cohérent avec le refus de reconnaître Israël comme un État juif. L’enracinement et l’expansion, dans l’imaginaire du monde musulman, d’un grand récit négatif sur Israël et le « sionisme » constituent l’un des principaux obstacles à l’établissement d’une paix véritable et durable au Proche-Orient. La propagande et l’endoctrinement « antisionistes » entretiennent la haine et la méfiance à l’égard d’Israël, désormais profondément inscrites dans les mentalités des populations proche-orientales. En politique, prendre ses désirs pour la réalité, surtout quand vise à établir la paix entre les nations, c’est l’illusion dangereuse par excellence. Dans un Proche-Orient où les « démocrates » pèsent peu face aux forces militaires et aux organisations islamistes, il est politiquement et géopolitiquement irresponsable de rechercher la paix en continuant de sous-estimer la ré-islamisation dans un sens jihadiste de la cause palestinienne. C’est là rêver les yeux ouverts.

Quelques jours avant le dépôt, par Mahmoud Abbas, de sa demande de reconnaissance d’un État palestinien devant le Conseil de sécurité, le 23 septembre 2011, le représentant de l’OLP aux États-Unis, Maen Areikat, a déclaré ouvertement, comme l’avaient déjà fait Mahmoud Abbas et son Premier ministre Salam Fayyad, qu’il n’y aurait pas de Juifs dans le futur État palestinien. C’est là ériger la ségrégation ethnique en fondement de l’État palestinien. Concernant les mesures à prendre concernant les Juifs indésirables, Areikat a déclaré benoîtement : « Je ne parle pas de déporter tous les Juifs, mais simplement de les expulser. » La direction palestinienne a donc osé définir publiquement sa vision d’un État palestinien ethniquement « pur ». On pourrait s’étonner de ne pas assister, en réaction, à de fortes mobilisations dans les milieux antiracistes qui prennent la mouche pour une expression équivoque ou une formulation maladroite. Mais l’on ne s’étonne plus d’apercevoir une nouvelle preuve de l’extraordinaire complaisance dont bénéficient les Palestiniens, quoi qu’ils disent ou fassent.

L'islamisation de la cause palestinienne, un obstacle à la paix

La dernière trouvaille des ennemis d’Israël est donc de prétendre imposer la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien lors de la session de septembre 2011 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il s’agit d’abord pour eux d’alimenter le mouvement d’opinion international en faveur de la « cause palestinienne ». Mais il y a plus inquiétant. Cette opération qui se drape dans les grands principes est un nouveau coup de force publicitaire dans le cadre de la stratégie de délégitimation d’Israël, principale manière de rendre acceptable la destruction de l’État juif, non reconnu comme tel, démonisé comme l’État en trop, traité en paria des nations. Car soutenir le principe de la création d’un État palestinien sans négociations avec Israël, dans l’état de désordre conflictuel où se trouve la direction palestinienne soumise à des pressions islamistes permanentes et croissantes (qui se transforment en une tentation islamiste de moins en moins dissimulée), revient à faire confiance aux jihadistes dont l’objectif déclaré est l’éradication de l’État juif, parce que juif. L’horizon reste celui d’une troisième Intifada, soutenue de différentes manières par les États voisins hostiles et de multiples groupes islamistes armés. L’objectif à peine caché de la création imposée d’un État palestinien, c’est la destruction d’Israël. Ce qui devrait être pour nous, défenseurs des principes de la démocratie libérale/pluraliste, un scandale absolu, une perspective intolérable.

Derrière la flambée d’illusion lyrique qu’a provoquée le « printemps arabe » des premiers mois de 2011, l’islamisation de la cause palestinienne est loin de refluer. Or, elle rend impossible toute véritable négociation susceptible d’aboutir à un compromis. Dans l’Égypte post-Moubarak, où l’on observe une flambée d’accusations conspirationnistes visant Israël, les Frères musulmans relèvent la tête, envisagent publiquement d’imposer la Charia par une « action graduelle », « étape par étape », et rêvent de « restaurer le califat ». On oublie trop souvent que le Hamas a été créé pour constituer la « branche palestinienne » des Frères musulmans. Le 10 septembre 2011, plus de 5 000 manifestants ont attaqué l’ambassade d’Israël au Caire en criant « Mort aux Juifs ! ». Après le printemps, et les vacances d’été, on passe à l’« automne arabe ». Et ce, pendant que le gouvernement islamiste d’Ankara menace explicitement Israël. Le conte de fées n’est plus crédible.

Israël, la nouvelle question juive

La mise en question du droit à l’existence d’Israël constitue le thème central de la nouvelle « question juive ». La déjudaïsation de la nation israélienne par le « retour des réfugiés » en masse est aujourd’hui à l’ordre du jour. Promesse d’une mort douce. Mais il est d’autres formes de provocation visant à rendre acceptable aujourd’hui la destruction d’Israël, comme la campagne de boycottage visant à isoler et diaboliser Israël, ou comme la mise en scène pseudo-humanitaire de telle ou telle « flottille pour Gaza » jouant la carte du défi en vue de fabriquer des « martyrs », qu’il faudra bien sûr « venger ». Pour les dictatures proche-orientales menacées de déstabilisation, le choix le plus simple est de susciter ou de soutenir par tous les moyens une troisième Intifada. C’est-à-dire de lancer une forme de jihad adaptée au système de croyances et de valeurs dans lequel le Palestinien est la victime absolue et l’Israélien l’agresseur sanguinaire, résultat de ce « transfert de compassion » qui s’est lentement opéré après la guerre des Six-Jours. Un jihad compassionnel, mimant l’impératif majeur du droit humanitaire international : la protection des populations civiles.

Le 19 juillet 2011, visant à la fois le « Grand Satan » et le « Petit Satan », le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a réitéré sa menace en forme de prophétie d’extermination : « Nous lutterons de toutes nos forces contre Washington et Israël, jusqu’à leur destruction. Nous les enverrons dans les cimetières. Téhéran coupera les mains de celui qui voudrait nous attaquer. » Tel est le langage jihadiste tenu par l’un des hauts dirigeants d’une dictature islamiste qui s’est imposée comme le plus ferme soutien du Hamas. C’est cet inquiétant illuminé, doublé d’un négationniste militant, qui doit ouvrir la réunion organisée par l’ONU le 22 septembre 2011 à New York pour commémorer la Conférence internationale de Durban « contre le racisme » (fin août-début septembre 2001), qui se transforma en un pogrom symbolique visant « les sionistes », diabolisés en tant que nouveaux « nazis ». Cette Conférence fut la plus flagrante des manifestations publiques d’une perversion de la lutte contre le racisme dont on connaît le résultat : l’apparition d’un pseudo-antiracisme faisant de la nazification d’Israël et du sionisme son principal objectif, jumelé avec une prétendue « lutte contre l’islamophobie » destinée à interdire toute critique de l’islam politique, voire de l’islamisme radical.

À travers le boycottage multidimensionnel d’Israël ou la création d’un État palestinien « Judenrein » assortie du « droit au retour » des « réfugiés » en Israël afin de substituer à l’État juif un État judéo-arabe, il s’agit d’éliminer l’État hébreu par une euthanasie imposée, sous contrôle juridico-humanitaire international. Dans les démocraties occidentales, le propalestinisme aveugle et compassionnel représente la dernière forme historique observable de la judéophobie « de salon » (« salonfähig », disait-on naguère en Allemagne), une version euphémisée, diplomatiquement acceptable et culturellement attrayante, de la vieille haine des Juifs.

Comment ne pas avoir à l’esprit la percutante formule : « Si les Arabes palestiniens déposaient les armes, il n’y aurait plus de conflit. Si les Israéliens déposaient les armes, il n’y aurait plus d’Israël. » La formule n’a jamais aussi conforme à la réalité historique et aux rapports de force observables que depuis l’été 2011, alors que la région proche-orientale tout entière, après l’ébranlement du régime en Égypte, jusque-là l’allié le plus sûr d’Israël, est devenue une zone de turbulence et d’instabilité dans laquelle l’hypothèse de nouveaux affrontements armés paraît la plus vraisemblable. Aussi faible soit-elle, la probabilité d’une reconnaissance entre Israël et ses ennemis actuels doit cependant faire l’objet d’une espérance active. Il n’est pas impossible qu’une telle paix soit possible. Mais il est sûr que le chemin tortueux qui y conduira ne sera pas jonché de roses. L’Histoire ne saurait échapper au tragique. Elle demeure imprévisible

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Pierre-André Taguieff est philosophe, politologue et historien des idées. Il est directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les Fins de l’antiracisme (Michalon, 1995) et La Couleur et le sang. Doctrines racistes à la française (Mille et une nuits, 2002) et Israël et la question juive (Les provinciales, juin 2011).




Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: Bravo (IP enregistrè)
Date: 22 septembre 2011 : 01:53

La question Juive n'existe pas, c'est une pure fiction politique forgée par les mouvements antisémites !





Israël et la question juive par Pierre-André Taguieff
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 28 novembre 2011 : 19:20

Guy Milliere, apres avoir lu le livre de Pierre-André Taguieff, s'exprime a ce sujet sur [www.menapress.org]

Israël et l’antisémitisme européen



Par Guy Millière




Un emploi du temps très chargé m’a empêché de rendre compte plus tôt du dernier livre publié par Pierre-André Taguieff. Je le regrette, car c’est un livre majeur, et qui devrait être lu très largement. Le livre s’appelle Israël et la question juive [1]. Il a été publié par une maison d’édition dont chaque ouvrage est d’une immense qualité, Les provinciales.

Taguieff définit d’emblée son sujet : la « guerre idéologique totale » menée aujourd’hui contre Israël et les Juifs. Cette guerre, dit-il, est « d’autant plus efficace qu’elle n’est pas déclarée ». Et c’est un fait : il suffit d’ouvrir les journaux, d’allumer la radio ou la télévision, de se rendre sur Internet pour voir que, non seulement elle a lieu, mais qu’elle gagne en intensité.

En même temps que les Juifs vivant dans les pays occidentaux sont priés de « cesser de revenir sur un passé de persécutions » et de s’assimiler sans restes ou de partir, les Juifs israéliens sont invités à « expier le péché de survivre dans un Etat nation » et à cesser de se défendre contre leurs ennemis, quand bien même ceux-ci tiennent des discours exterminationnistes.

Cette double attitude, aux allures de quête continuée d’une « solution finale » par des moyens divers, que Taguieff appelle « incitation à disparaître et à faire disparaître », s’inscrit dans la continuation directe de l’antisémitisme européen traditionnel, qui a connu sa culmination dans l’ère nazie.


Boycott pour un massacre

Elle s’alimente, depuis les récentes décennies, de l’antisémitisme islamique, lui-même très ancien, ce qui a conduit à l’ « islamisation du discours anti-juif », elle-même imprégnée du « transfert de l’antisémitisme nazi » sur l’islamisme.

Elle a débouché sur une « volonté de purification des terres musulmanes » de toute présence juive, qu’incarnent toutes les tendances islamistes et des mouvements tels que le Hamas, et sur une acceptation de fait de cette volonté de purification par les gauchistes occidentaux.

Taguieff cite à l’appui les propos d’Hitler, tenus le 31 mai 1920 : « Il ne faut pas dire « prolétaires de tous les pays unissez-vous ! », mais « Antisémites de tous les pays unissez-vous ! », ce qui donne aujourd’hui : « antisionistes de tous les pays unissez-vous ! ».

Et, à ceux qui lui diraient que l’antisionisme n’est pas un antisémitisme, Taguieff répond que la façon dont l’Etat du peuple juif se trouve incriminé au présent, tout comme la façon dont les Juifs d’Europe se trouvent incriminés lorsqu’ils défendent Israël ou ne rasent pas suffisamment les murs, répondent, trait pour trait, aux caractéristiques précises qui permettent de définir l’antisémitisme.

Les nouveaux ennemis des Juifs, explique Taguieff, falsifient l’histoire et fabriquent un « tableau paranoïaque du monde », au sein duquel toutes les thèses conspirationnistes trouvent leur place, et par rapport auquel ne restent éventuellement acceptables que les Juifs pratiquant la haine de la judéité et de l’Etat juif.

Ces ennemis se caractérisent par une « intransigeance absolue avec laquelle aucun compromis n ‘est possible » : ce qui signifie que rien n’est négociable avec eux.

L’antisémitisme rebaptisé antisionisme est devenu, écrit Taguieff, une « nouvelle religion séculière », se proposant de faire disparaître la « principale source du Mal dans le monde », le peuple juif et l’Etat juif.

Taguieff évoque le rôle des Juifs antisémites d’aujourd’hui dans la dissémination de cette religion et, pour la France, le rôle nauséabond joué par Stéphane Hessel, le vieillard indigne, ou, comme le dit Taguieff, le « sophiste au travail », qui pratique le double discours : « culture de l’excuse » pour les islamistes, « indignation morale appliquée à Israël », et à Israël seulement.

En des pages remarquables, Taguieff expose la façon dont les islamistes ont mis en circulation les discours relativisant la Shoah, puis la niant, tout en inventant, en parallèle, le mythe de la Naqba « subie » par les Palestiniens ; la manière dont une délégitimation d’Israël s’est trouvée construite, jusqu’à matérialiser son aboutissement avec l’assimilation du sionisme au colonialisme et au racisme.

L’auteur explique la place dans cette stratégie d’un ouvrage tel celui de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé : pourquoi un peuple imaginaire devrait-il bénéficier d’un Etat nation indépendant et souverain ?

Pierre-André Taguieff : Ces islamistes malades de leur haine des juifs.
Posté par: darlett (IP enregistrè)
Date: 15 octobre 2012 : 11:09

Pierre-André Taguieff : Ces islamistes malades de leur haine des juifs.




Propos recueillis par Violaine de Montclos, dans Le Point, 11 oct. 2012

Le Point: Nous voilà face à ce « nouvel antisémitisme » contre lequel vous nous mettez en garde depuis des années. D'où vient cette nouvelle judéophobie et sur quel terreau progresse-t-elle ?

Pierre-André Taguieff: Elle fait irruption par la porte de derrière, par les banlieues et les « quartiers sensibles », portée par le nouveau Lumpenproletariat [sous-prolétariat] issu de l'immigration, endoctriné à la haine des juifs et de la France (et plus largement de l'Occident) par des prédicateurs islamistes, encouragé dans les actions violentes par les agitateurs du nouveau gauchisme « anticapitaliste » et islamophile. Ces jeunes djihadistes ont le plus souvent la nationalité française et, parmi les cibles privilégiées par les idéologues contemporains du djihad, ils visent surtout les cibles juives (écoles, lieux de culte, magasins, etc.). Le propre de ce Lumpenproletariat émergent, c'est qu'il oscille entre la délinquance, petite ou grande, et l'action djihadiste, c'est-à-dire le terrorisme au nom de l'islam. Le tueur islamiste Merah est devenu l'emblème de ce type émergent, dont les pulsions criminelles, stimulées par un fort ressentiment à l'égard de la société d'accueil, sont légitimées et transfigurées, dans le cadre d'un islam politique centré sur l'appel au djihad « contre les juifs et les croisés », par la «défense» des Palestiniens victimes. Ainsi, en assassinant des enfants juifs, Merah affirmait-il vouloir « venger les enfants palestiniens ». Pour parler comme Marx, disons que ce nouveau Lumpenproletariat islamisé ou islamisable est l'allié objectif de tous les ennemis de l'Occident libéral/démocratique, des juifs et du peuple français. Pourcomprendre la nouveauté du phénomène, il faut supposer l'existence, dans le champ des opinions et des croyances idéologisées, d'une forte corrélation entre la haine de l'Occident (l'hespérophobie), la haine de la France (la francophobie) et la haine des juifs (la judéophobie).

N'y-a-t-il pas d'islamisme radical sans antisémitisme?

Il faut bien comprendre que l'islamisation du discours antijuif ne se réduit pas à l'invocation de versets du Coran ou de certains hadiths. Il consiste à ériger, explicitement ou non, le djihad contre les juifs en sixième obligation religieuse que doit respecter tout musulman. Tel est l'aboutissement de la réinterprétation doctrinale de l'islam entamée, dans les années 30 par les idéologues des Frères musulmans, à commencer par Hassan el Banna (1906-1949), ainsi que par le « grand mufti » de Jérusalem, Hadj Amin el Husseini (1897-1974), leader arabe musulman ayant déclaré la guerre aux juifs dès les années 20, avant de s'installer à Berlin durant la Seconde Guerre mondiale, pour collaborer notamment à la propagande antijuive à destination du monde musulman, après sa rencontre avec Hitler le 28 novembre 1941. L'islamisation croissante de la « cause palestinienne » a conféré à cette dernière le statut symbolique d'un front privilégié du djihad mondial C'est pourquoi la dernière grande vague judéophobe se caractérise par une forte mobilisation du monde musulman contre Israël et le « sionisme mondial », s'accompagnant, chez les prédicateurs islamistes, d'une vision apocalyptique du combat final contre les juifs. Comme le répète l'article 28 de la charte du Hamas, qui résume en une phrase l'idéologie antijuive du mouvement islamiste palestinien. « Israël, parce qu'il est juif et a une population juive, défie l'islam et les musulmans. » Le programme « antisioniste », considéré dans ses formulations radicales, a un objectif explicite qui revient à vouloir « purifier » ou «nettoyer» la Palestine de la « présence sioniste » ou « juive », considérée comme une « invasion » qui souille une terre palestinienne ou arabe (pour les nationalistes), ou une terre d'islam (pour les islamistes).

Sur quelles bases théoriques, sur quels écrits cet antisémitisme se fonde-t-il ?

Le grand théoricien du djihad antijuif a été l'idéologue fondamentaliste égyptien Sayyid Qutb (1906-1966), auteur, au début des années 50, d'un opuscule intitulé « Notre combat contre les juifs », texte de référence pour la plupart des mouvements islamistes sunnites. Il y désigne les juifs comme les plus anciens et les plus redoutables des ennemis de l'islam : « Les juifs devinrent les ennemis de l'islam dès qu'un Etat musulman fut établi à Médine. Ils complotèrent contre la communauté musulmane dès que celle-ci fut créée (...) Cette âpre guerre que les juifs nous ont déclarée (...) dure sans interruption depuis quatorze siècles et enflamme, encore maintenant, la terre jusqu'en ses confins. »

Du fondateur des Frères musulmans, Hassan el-Banna, à Sayyid Qutb, la politisation de l'islam s'est en fait opérée selon deux voies corrélatives : d'une part, la djihadisation du système des devoirs religieux, impliquant de conférer à la « mort en martyr » le statut d'un idéal existentiel suprême, et, d'autre part, la désignation des juifs comme incarnation de l'ennemi absolu, dont le « sionisme » et Israël sont devenus les visages diabolisés. Les héritiers des « pères fondateurs » de cette islamisation de la cause antijuive, longtemps restée au stade du projet idéologique, sont passés à l'action au cours des trois dernières décennies du XXe siècle, puis au début du XXIe. Ces héritiers sont les groupes islamistes radicaux pratiquant le terrorisme, donc le meurtre de civils, pour lutter contre leurs ennemis, au premier rang desquels ils placent les juifs.

Cette judéophobie islamiste a-t-elle, selon vous, des racines communes avec l'antisémitisme théorisé par le national-socialisme ?

Ce que les nouveaux antijuifs militants se réclamant de l'islam ont en commun avec les nazis, c'est d'abord la diabolisation des juifs, accusés de former une puissance occulte internationale à l'origine de tous les malheurs du monde, ensuite la conviction de style apocalyptique que l'anéantissement des juifs est la voie de la rédemption. Les nazis visaient les juifs à la fois comme « judéo-bolcheviques » (ou « judéo-maçonnico-bolcheviques ») et comme « judéo-capitalistes » (« banquiers juifs internationaux », « haute finance juive »). Les antijuifs islamistes les désignent comme les pires ennemis de l'islam et comme « sionistes », fantasmés comme « comploteurs » et « assassins ». Qutb disait des juifs : « De la part de telles créatures, qui tuent, massacrent et diffament les prophètes, on ne peut attendre que des bains de sang et toutes les méthodes répugnantes par lesquelles ils accomplissent leurs machinations. » Le « complot juif (ou judéo-maçonnique) international » s'est transformé en « complot américano-sioniste mondial », conduit par les « judéo-croisés ». Pour décrypter les sombres mystères du « sionisme mondial », les islamistes recourent au même faux antijuif que les nazis : les « Protocoles des sages de Sion », fabriqués au tout début du XXe siècle par des antisémites russes.



Pierre-André Taguieff

© Le Point





Pierre-André Taguieff : Ces islamistes malades de leur haine des juifs.
Posté par: CEREJIDO (IP enregistrè)
Date: 15 octobre 2012 : 15:27

Leur seule maladie s'appelle la JALOUSIE DES JUIFS qui ont bien réussi dans tous les domaines et aussi bien intégrés dans le pays d'accueil, ils respectent les lois de la République, ne volent pas, n'agressent pas,ne s'attaquent pas aux bijouteries, ne vendent pas de drogue, n'agressent pas les forces de l'ordre, quoi dire de plus ?
Ils sont trés forts pour agresser notre jeunesse à la sortie des écoles ou des synagogues tel que ce Samedi à 17 heures 15 à la sortie de l'office du chabat un jeune a été bléssé par tir de balle à bille et devant le policier en faction à la Synagogue AVOTH OUVANIM à PARIS 13ème.



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