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Eliette Abécassis
Posté par: Arrik (IP enregistrè)
Date: 13 avril 2011 : 15:13

Qu’est-ce qui fait courir Eliette Abécassis?
Sa bio et sa bilio


Compilation et réalisation par Arrik DELOUYA
40 Photos illustrant ces 31 pages sont disponibles chez A Delouya

Eliette Abécassis est depuis quelques mois présidente d’honneur de l’Association APJM / Permanences du Judaïsme Marocain


« Je ne pense pas que Dieu soit un surhomme, c’est autre chose »

Son WebSite: [www.eliette-abecassis.com]
In.: Evene.fr : [www.evene.fr]

Eliette Abécassis Sépharade Interview sur son livre
Video: [www.youtube.com]

Rencontre avec Eliette Abécassis
[www.youtube.com]

Sépharade sur le site Evene
[www.evene.fr]
Eliette Abécassis, née en 1969 à Strasbourg en France dans une famille juive séfarade originaire du Maroc, est une femme de lettres française. En 1993, après avoir suivi les classes préparatoires littéraires - hypokhâgne et khâgne au lycée Henri IV à Paris, et avoir intégré l’école Normale Supérieure de la rue d’Ulm, elle obtient l’agrégation de philosophie. et enseigne la philosophie à Caen.
Son père, Armand Abécassis, enseigne la philosophie à la faculté de Bordeaux ; il est l’un des plus grands penseurs contemporains du judaïsme. Il est un historien renommé de la pensée juive. Il est aussi l’auteur d’un ouvrage de référence, Pensée juive (éd. Livre de Poche).
Elle-même est profondément pratiquante et son éducation et sa vie sont baignées de la religion et de la culture juives ; elle évoluera ainsi dans un environnement imprégné de religion et de culture juives.

Elle publie son premier roman, 'Qumran', en 1996.
Ce polar métaphysique connaît un grand succès ; un jeune juif orthodoxe enquête sur des meurtres mystérieux liés à la disparition de manuscrits de la mer Morte. Le roman remporte un succès immédiat. Plus de 100 000 exemplaires sont vendus ; le livre est traduit dans dix-huit langues et a même été adapté en bande dessinée. Elle ne s'est pas contentée de ses connaissances préalables sur le monde hébreu, elle a poussé ses recherches jusqu'en Israël, à Jérusalem, à Qumran et est allée aussi aux États-Unis afin d'obtenir le plus de renseignements possibles. Les recherches auront duré trois années. Elles seront payantes :
Qumran obtient immédiatement un succès énorme. Les principales maisons d'édition avaient refusé le manuscrit jusqu'à ce que Ramsay, qu'Eliette Abécassis a pu connaître grâce à son père, accepte avec enthousiasme.
L'année suivante elle est professeur de philosophie à l'université de Caen et publie son second roman, 'Dans L'Or et la cendre', elle met en scène le Démon et la contagion du Mal, l'histoire mystérieuse du meurtre d'un théologien berlinois, toujours aux éditions Ramsay.
En 1998, elle écrit un essai sur le Mal et l'origine philosophique de l'homicide : Petite Métaphysique du meurtre aux PUF.
Puis, Pour écrire le scénario du film israélien d’Amos Gitaï, Kadosh, elle s’installe pendant six mois à Mea Shearim, le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Centré sur la condition de la femme chez les juifs orthodoxes israéliens, le film est sélectionné à Cannes en compétition officielle et manque de peu le prix du scénario.
Son roman suivant en Mars 2001, 'La Répudiée', roman inspiré de son scénario pour le film Kadosh, trace le portrait de deux sœurs juives aux destins contraires,chez Albin Michel lui vaut le prix des Ecrivains croyants et est finaliste au Grand Prix du roman de l'Académie française et pour le Prix Fémina.

Ce roman s'inspire du scénario qu'elle a écrit pour le film Kadosh du réalisateur israélien Amos Gitaï. Pour élaborer ce scénario, Eliette a vécu six mois dans le quartier très orthodoxe de Jérusalem, Mea Shearim.

En Mai 2001, elle publie Le Trésor du temple relate la suite de Qumran sur les traces des Templiers : Les deux héros, Ary Cohen et Jane Rogers y mènent une enquête haletante autour du secret du Temple de Jérusalem.

La trilogie de Qumran emprunte avec talent la forme du roman d'aventure et de suspens mais dissimule dans les intrigues une véritable érudition et une réelle ambition métaphysique.
Juin 2001 Elle se marie à Jérusalem.
Juillet 2001 Avant-première du court-métrage, La Nuit de noces, qu’elle a réalisé d’après un scénario co-écrit avec Gérard Brach. Elle travaille actuellement au troisième volet de sa série «métaphysique».
En 2002, « Mon père » édité chez Albin Michel est sélectionné pour le prix Goncourt et le prix Femina. Il raconte la remise en cause d'une relation père-fille idyllique tandis que « Qumran » est décliné en bande dessinée par Gémine et Makyo. Prévue en 4 volumes, cette adaptation est validée par Eliette Abécassis (interveiw fnac)
« Toutes les femmes ont un père : il faut bien comprendre ceci, qui n'est pas une évidence. »

'Mon père' est le récit d'une relation passionnelle et quasi-incestueuse entre Hélèna et son père. La relation étouffante qui les lie s'accommode des caprices et frustrations qu'ils s'imposent l'un à l'autre. Le décès du père d'Hélèna précède l'arrivée d'une lettre qui lui apprend qu'un frère, dont elle ne soupçonnait pas l'existence, a été abandonné à sa naissance. Cet abandon et les questions que se pose ce frère jusque là inconnu sont les clés du suspense du roman, et donnent à la relation filiale une nouvelle dimension.
En 2003, son roman « Clandestin » raconte l'histoire d'un amour impossible. Il fait partie de la sélection des douze livres du Prix Goncourt.


En 2004, paraît le dernier volet de Qumran, « La dernière tribu ».
Mais c'est surtout 'Un heureux événement', dans lequel Eliette Abécassis aborde le thème de la maternité qui marque la rentrée littéraire 2005. Fustigeant le bonheur de cette maternité ancré dans notre société, son livre résonne comme un pamphlet.

Elle réalise également le documentaire-fiction Tel-Aviv la vie, avec Tiffany Tavernier.

En 2006, elle participe à deux collectifs dont 'La Cité de Dieu' et 'Va y avoir du sport !, recueil de nouvelles illustrées.

En 2007, elle signe un essai en collaboration avec Caroline Bongrand, un essai sur les femmes d'aujourd'hui, intitulé 'Le Corset invisible', dans lequel elle dénonce les nouveaux carcans 'invisibles'
que la société impose aux femmes - être toujours plus mince et toujours plus jeune. Familière des réflexions philosophiques, Eliette Abécassis écrit des ouvrages porteurs d'interrogations sur la vie quotidienne.
« Le Corset invisible ». parut chez Albin Michel en Fév 2007 - L’Après féminisme est un Manifeste pour une femme Française !
Si le féminisme a été un progrès incontestable de la condition féminine, il a eu des effets pervers qui plongent la femme dans une situation historiquement inédite et invivable. »

Le sociologue Pierre Bourdieu n’a – t – il pas déclaré lors de son entretien avec Catherine Portevin à Télérama n°2532, 22 juillet 1998 que « L'homme décide, la femme s'efface, »

Aujourd' hui, que vivent vraiment les femmes ? Les femmes n'en peuvent plus de faire le grand écart entre le travail et la vie familiale, d'être accablées de tâches ménagères, de se débattre dans le divorce, d'être affamées par les régimes, terrifiées par leur poids et par leurs rides, de recevoir de la société le message qu'elles ne sont jamais assez belles, performantes, bonnes mères, bonnes épouses. Il est temps de faire le bilan de la condition féminine et de tenter de comprendre ce qui ne va pas. Pourquoi des femmes belles et intelligentes restent célibataires ? Pourquoi celles qui se marient amoureuses se retrouvent cinq ans plus tard au bord du divorce ? Pourquoi ni l'homme ni la femme ne trouvent leurs marques dans la relation de couple ? Pourquoi les femmes ont tellement peur de la ménopause ? Pourquoi la société actuelle ne leur laisse pas d'autre choix que d'être toujours plus minces et toujours plus jeunes ? Pourquoi celle-ci leur inflige une telle pression ?

La femme moderne se voulait libérée, elle se retrouve 'esclavagisée', prise dans un corset, mais un corset invisible.

La critique [evene] par Thomas Yadan. Après ‘La Répudiée’ et ‘Un heureux événement’, Eliette Abécassis poursuit son exploration de la féminité, de ses singularités et de ses contraintes structurelles, à travers un essai ‘Le Corset invisible’, écrit en collaboration avec Caroline Bongrand. Autant un manifeste qu’un constat, la thèse soutenue évoque certaines conséquences paradoxalement négatives de la libération de la femme. En effet, le corset, symbole explicite de l’emprisonnement du corps et de l’aliénation de la femme et arraché grâce à la lutte efficace des féministes, s’est transformé en contraintes impalpables, invisibles, mais bien réelles : pression d’une esthétique corporelle figée et exigeante, association moderne des tâches traditionnelles et professionnelles, persistance des mythes fondateurs (le mariage, la maternité, la grand-mère). Le livre s’attache à décrire avec attention et précision cette situation quotidienne grâce à des témoignages et une enquête minutieuse. Loin d’être caricatural, le bilan est amer et sévère parce que fondé empiriquement, il ne concède ni tabou ni complaisance. On reste ainsi perplexe face à une représentation assez triste du couple et de la maternité, car si le livre est un message à l’endroit des féministes, comme un appel à une nouvelle manière d’aborder les rapports homme/femme, il s’adresse particulièrement aux hommes, leur proposant une complicité originale et réaliste, mais aussi un regard neuf et plus lucide sur la vie, désormais épuisante et remplie, des femmes actuelles. Un livre passionnant, qui a l’avantage de poser un certain nombre de questions et d’interroger l’altérité sous l’angle de la dissymétrie sexuelle. Peut-être, faudrait-il associer au fameux ‘J’attends un enfant’ de Laurence Pernoud, la bible immuable des futures mamans, la lecture du ‘Corset invisible’ pour anticiper avec un plus de discernement et moins de naïveté l’avenir du couple et de la famille.

En 2008, elle publie « Mère et fille »

"Personne ne te rendra plus heureuse que moi, puisque c'est moi qui t'ai faite.
Personne ne te comprend comme moi puisque tu viens de moi, puisque tu es moi"
Deux personnalités du monde de la mode, mère et fille; Une histoire d'amour, de possession, d'admiration et d'émancipation. Où la séduction, le désir sont le fil conducteur de la relation, la féminité un héritage. A travers le destin de deux femmes et le lien particulier qui les unit, Eliette Abécassis, l'auteur d'"Un heureux évènement" interroge dans ce texte à la fois pudique et dérangeant le rapport mère-fille, la maternité, la transmission.
L'auteure de Un heureux événement, La Répudiée et bien d'autres ouvrages aime parler des femmes, de la famille, et des relations que les femmes entretiennent en famille. Elle le fait sans complaisance. Son roman Un heureux événement avait déchaîné les passions pour la vision politiquement incorrecte de la maternité qu'il projetait. Femme enceinte comparée à un chien, perte de toute humanité, fusion totale avec l'enfant, douleurs de l'épisiotomie, baby clash et fin du couple à cause même de cette naissance, contraintes, perte de liberté... tous les aspects jusque là tus de la maternité y étaient abordés sans tabou et avec une grande finesse.
La parution d'un livre consacré aux relations mère-fille était donc très attendu. Je suis en retard, car le livre est sorti il y a déjà un moment. Mère et fille, un roman prend le parti de parler de ces relations si spéciales qui unissent une mère et sa fille, entre fusion et rivalité, entre adoration et crainte, entre amour et agacement. Elle a suivi Sonia Rykiel et sa fille Nathalie Rykiel plusieurs mois pour les regarder vivre, s'aimer et s'étriper.
Le style d'Eliette Abecassis est agréable bien que parfois trop écrit: la longueur des phrases, l'alternance entre de petites phrases courtes au style direct et des plus longues, succession de virgules (utilisé aussi par Justine Lévy) en devient lassant. Les mêmes idées sont répétées plusieurs fois, on a envie de lui dire "Oui on a compris, tu l'as déjà dit 3 pages avant, le chapitre d'avant et dans ton intro, ça".
Au-delà de ça, je ne me suis pas reconnue dans ce qu'elle décrit. Peut-être les modèles choisis étaient-il trop éloignés, mais je ne crois pas que l'histoire de succession soit si universelle que ça. Quand la fille (que j'adore au demeurant, Nathalie Rykiel) évoque son admiration pour sa mère, elle mentionne ses petits déjeuners au Flore.
J'ose espérer que si un jour, ma fille m'admire pour quelque chose, ce ne sera pas pour avoir pris un petit déjeuner au Café de Flore.
Elle est présente au Salon du livre de Paris en Aoüt 2009

La même année, elle réalise le court-métrage «La nuit de noces» dont le scénario est co-écrit avec Gérard Brach.

Nov 2009 Le Messager co-écrit avec Mark Crick aux éditions Baker Street

Sur le port, une jeune femme croise la route d'Anaël, un voyant. Celui-ci lui raconte son itinéraire et lui confie sa vision, révélant les secrets de son étrange pouvoir. Sans savoir pourquoi, elle accepte de le suivre pour une traversée qui la conduira vers un monde où le réel et l'imaginaire se rejoignent, pour laisser place au merveilleux et à la légende.
Il était un artiste du cœur de l’homme…
Sur le port, une jeune femme, la narratrice, croise la route d’Anaël, un voyant. Celui-ci raconte son itinéraire et lui confie sa vision, révélant les secrets de son étrange pouvoir…
De la terre de Judée aux broussailles de l’Afrique, la jeune femme entreprend alors une traversée qui la conduira à suivre les pas d’un bédouin dans le désert ou à écouter les enseignements millénaires d’un sorcier de Casamance.
Au gré de la vision d’Anaël, elle apprendra peu à peu à « lire les signes », au cours d’un cheminement intérieur à la puissance évocatrice.
Conte philosophique, retour aux origines, quête spirituelle et voyage initiatique, Le Messager échappe aux étiquettes littéraires, même si la simplicité et la poésie de ses dessins et ses textes peuvent rappeler Le Petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry ou Le Prophète de Khalil Gibran.
Conjuguant modernité du style et intemporalité des thèmes, ce récit transporte le lecteur dans un univers mystique où le réel et l’imaginaire se rejoignent pour laisser place au merveilleux et à la légende.
A l’origine du livre…
Quelques mois après la sortie de son grand "thriller métaphysique", Qumran, Eliette Abécassis reçoit une lettre qui l’intrigue. Évoquant ce premier roman, son correspondant se dit très toucher par l’univers de son œuvre qui lui évoque le sien. Il lui dévoile par la suite qu’il est voyant…
En dépit de ses réticences, l’écrivain et philosophe de formation accepte de le rencontrer. Celle qui se réclamait jusque-là de l’héritage de Descartes commence à découvrir une réalité nouvelle, emprunte de rêve et de poésie.
Suite à la publication d’un premier récit sur cette rencontre sous la forme d’une nouvelle, intitulée Le Voyant, qui paraît dans l’hebdomadaire ELLE à l’été 2004, Eliette Abécassis reçoit un courrier abondant qui lui révèle à quel point cet univers étrange et mystérieux agit comme un aimant sur un public des plus variés.
Une autre rencontre, celle-ci littéraire, avec le talentueux écrivain anglais Mark Crick va donner lieu à un projet original. Traductrice de deux pastiches pour l’édition française des recueils de l’auteur britannique, La Soupe de Kafka et La Baignoire de Goethe, Eliette Abécassis se passionne pour son univers fantaisiste et son imaginaire foisonnant.
Ensemble, père et fille vont concevoir un livre à quatre mains, qui va peu à peu revêtir la forme de ce récit pictural, sur le personnage du voyant, rythmé par Le Livre des passeurs : De la Bible à Philippe Roth, trois mille ans de littérature juive d'Armand et Eliette Abécassis [Spiritualité et Religion] Editeur : Hachette Littératures 11 / 2 / 2009

Résumé du livre Réunis pour la première fois dans un projet d'écriture, Eliette et Armand Abécassis, la fille et le père, offrent une vision d'ensemble singulière du judaïsme. De la Genèse à Philippe Roth, de Franz Kafka à Albert Cohen, mais aussi à travers les écrits des Prophètes et de leurs commentateurs, ils mettent en lumière les liens qui unissent des textes et des auteurs a priori séparés, mais dont le rapport à l'absolu est toujours la marque. Un regard sur le sacré, la littérature et l'homme

En 2009, elle publie son 13° ouvrage Sépharade (deux autres livres seront publiés depuis) chez Albin Michel Publication : 20/8/2009 sur 464 pages
Video: [www.youtube.com]
[www.evene.fr]

C'est le constat de l'héroïne, Esther Vidal, juive sépharade, française, alsacienne. Une identité multiple qui la conduit à une quête existentielle depuis l'enfance, entre tradition et rébellion.
Lorsqu'elle part pour Israël épouser Charles Halévy, sépharade comme elle, mais très libre, Esther se retrouve immergée dans l'histoire familiale, dans l'histoire sépharade, d'abord insidieusement, puis de façon de plus en plus inexorable.
A côté de la profusion de couleurs, de chants, de cérémonies rituelles, se profilent la face sombre des rumeurs, des luttes intestines, et l'implacable mauvais oeil.


Le destin des deux familles se croise depuis longtemps et de multiples secrets vont être révélés.
La transmission du talisman qui devait marquer leur union suprême entraînera des tensions fatales. Esther se retrouvera à nouveau seule, sans repères, contrainte de n'être qu'elle-même.

La Presse
« L'histoire des juifs du Maroc : une épopée comme la littérature en raconte rarement. »
Le Figaro

« Le livre qu'on attendait d'elle depuis longtemps, mêlant son sens aigu de la littérature populaire à l'intelligence de l'agrégée de philosophie. »
Les Echos

« Un roman qui se déguste comme un repas de mariage succulent et foisonnant... Rien n'échappe au regard tendre et ironique de l'auteure. »
Nathalie Dupuis, Elle

« Un roman charpenté qui rend enfin à la communauté des juifs d'Afrique du Nord, l'hommage qu'elle mérite, en la délivrant des clichés réducteurs. On savait que l'auteur de Qumran avait du souffle, on ne la savait pas capable d'une si belle déclaration d'amour. »

Frédéric Beigbeder, Voici
« Un roman ambitieux sur l'identité, l'amour et la religion qui se savoure comme un bonbon au miel. Sucré et piquant à l'image des personnages. »
Direct Soir

« Sous sa plume érudite, mais toujours enlevée, on revit l'épopée de ces Sépharades qu'elle dépeint avec une sympathie distanciée. »
Les Echos

« Un grand roman du monde sépharade, ambitieux et réussi. »
Stéphane Haïk, France soir

« Voilà une lecture de rentrée dont nul ne sortira indemne. Elle horripilera, fascinera, séduira, agacera, passionnera... »
Gilles Pudlowski, Le Point

« Une merveilleuse saga, qui mêle d'une étonnante manière érudition et romantisme... Un texte plein de souffle, dont on ferme les pages heureux, initié à un secret de sagesse et baigné d'un authentique désir d'amour, celui qui réconcilie avec soi, l'autre et la vie. »
Alice Ferney, Le Figaro littéraire

« Il y a de l'angoisse dans ce récit nerveux et saisissant, mais aussi une vitalité, un désir, une fierté qui en font la saveur... Une brillante leçon de sagesse. »
Marianne Dubertret, La Vie

Quatrième de couverture
Peut-on échapper à son destin? A celui qu'on choisit pour vous? se demande Esther Vital.
Juive marocaine née à Strasbourg, écrasée par le poids de la tradition et de la famille, mais aussi déchirée par la nostalgie des paradis abandonnés - l'Espagne de Cordoue à Tolède, le Maroc, de Mogador à Fès -, Esther tente de savoir qui elle est, dans l'illusion de la liberté. Lorsqu'elle choisit l'amour comme évasion, tout ce à quoi elle pensait avoir échappée la rattrape.
La veille de son mariage, vêtue de la robe pourpre des promises sépharades, Esther découvre les maléfices du mauvais œil, et le terrible secret qui la marque…

A travers cette quête des origines, Eliettes Abécassis explore avec émotion et érudition l'histoire des juifs marocains depuis l'Inquisition jusqu'à l'époque contemporaine, leurs rivalités, leur culture et leurs croyances. Voici le grand roman du monde sépharade.

Les extraits de "Sépharade"
La première phrase
Nous avons tous des identités multiples.
Morceau choisi
Avec sa couronne dorée, Esther avait l'air d'une princesse orientale. D'une fiancée sépharade, telle qu'elle était en son éternité. les bracelets de la Semana s'entrechoquaient sur ses bras, et de longues boucles en or se mêlaient à sa sombre chevelure répandue sur ses épaules. Les cheveux d'Esther. Ils évoquaient le paradis perdu des jardins orientaux aux bassins immaculés. Elle les avait coupés court plusieurs fois, mais ils repoussaient [...] - chapitre : 8. Le fiancé sépharade - page : 124 - éditeur : Albin Michel - date d'édition : 2009 -

[www.voir.ca]

Eliette Abécassis: "Le Canada est un des endroits où les Sépharades immigrés ont le mieux gardé leurs traditions."

Riche, diverse, ancestrale, la culture sépharade méritait son roman, sa saga écrite. Mais Eliette Abécassis n'est pas Christian Jacq ou Max Gallo, c'est dans le présent qu'elle ancre son récit. C'est tant mieux. Car même si Sépharade garde comme point de référence permanent l'âge d'or judéo-espagnol, cette époque médiévale d'avant Torquemada, où la noblesse sépharade officiait auprès des rois et des califes, où fleurissait "cette civilisation raffinée pieuse et tolérante, ayant le sens de la douleur et du tragique, de la spontanéité, de l'hospitalité, de la tolérance", ce roman traite surtout du sépharadisme contemporain, de la manière dont vivent les juifs marocains d'aujourd'hui, du quotidien et des aspirations de ces familles souvent écartelées entre les grands pôles de leur diaspora: le Maroc, Israël, la France, le Québec.
"Je voulais aller contre ce cliché du Sépharade qui ne s'intéresse qu'à faire la fête. Je voulais évoquer un monde complexe, fait de traditions orales, d'artisanat, de danse, de musiques, de rituels. Et puis, il y a aussi cette tradition kabbalistique, ésotérique qui est si importante pour le monde sépharade. Cette tradition a beaucoup rayonné en Europe, a beaucoup influencé la culture espagnole. Saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d'Avila, par exemple, étaient d'origine marrane (Espagnols juifs convertis)."
Dans Sépharade, nous sommes, par contre, bien loin de Cordoue. Esther Vital, jeune juive marocaine née à Strasbourg, tente de définir sa vie, de jeter les bases de son propre destin, quelque part entre son désir de liberté et la nécessité de faire partie d'une chaîne de transmission qui a traversé les âges. "Nous avons tous des identités multiples", écrit Eliette Abécassis en prélude à son roman. C'est d'autant plus vrai pour les Sépharades, dont les vies oscillent entre le devoir de mémoire imposé par les anciens et le désir de modernité et d'indépendance que ressentent les plus jeunes. Un dilemme connu par tant de fils d'immigrés, quelles que soient leurs origines.
Pour préparer son livre, Eliette Abécassis a beaucoup voyagé. Elle a parcouru les chemins de la diaspora, jusqu'à Montréal. Ici, plus qu'ailleurs, elle a retrouvé un monde sépharade total. "Le Canada est un des endroits où les Sépharades immigrés ont le mieux gardé leurs traditions. J'ai retrouvé dans
la communauté sépharade de Montréal une fierté de revendiquer ses origines marocaines qui existe moins en France, par exemple, où la tradition républicaine est plus forte et le communautarisme est mal vu. Lors de mon séjour chez vous, j'ai eu l'impression de revivre les traditions de mes parents, de mes grands-parents. À Montréal, il y a une école, un journal, un prix culturel sépharades, un festival même. La culture sépharade s'est développée au Québec de manière épanouie et décomplexée."


Mariage maudit chez les Sépharades
[www.lesechos.fr]
[ 01/09/09 ]
T. G., Les Echos

Quelle mouche a donc piqué Esther Vital pour qu'elle s'obstine ainsi à vouloir épouser Charles Tolédano ? Suzanne Vital, la mère d'Esther, ne décolère pas. Comme le dit un fameux proverbe sépharade : « Le couscoussier n'est pas tombé sur le bon couvercle ! » Comment sa fille chérie, aristocrate parmi les aristocrates, issue des meilleures familles des deux villes les plus prestigieuses du Maroc, Fès et Mogador, peut-elle épouser un « type » - elle refuse de prononcer le nom de son futur gendre - originaire de Meknès ? Quel déshonneur ! Se marier avec l'un de ces Meknassis dont on sait qu'ils sont « les retardés du Maroc », tous des menteurs, des manipulateurs, des pingres et des provinciaux à l'esprit balourd ! Et encore, si le « type » faisait Pessah, si c'était un bon pratiquant ; mais non, le « type » se veut un esprit libre, hors de la religion. Sans parler de son métier, un amuseur public, un bouffon qui monte sur scène pour se moquer des Sépharades !

Mais Esther s'entête. Après quelques expériences désastreuses, accessoirement torpillées par ses parents, elle est enfin amoureuse. Surtout, elle étouffe dans sa famille. Son mariage, même maudit, c'est une façon d'échapper au carcan de la communauté, à la tradition, à la pesante vie de province, l'Alsace, où elle a été éduquée. « Tu ne seras jamais heureuse sans ta famille »,rétorque sa mère à bout d'arguments. « Sépharade tu es née, Sépharade tu mourras ! Le mariage, chez nous, ce n'est pas de l'amour. C'est pour construire quelque chose à deux et vieillir ensemble ! »

A peine est-elle arrivée en Israël pour célébrer son mariage qu'Esther comprend que sa mère n'est pas la seule à vouloir empêcher son union avec Charles. Le mauvais oeil plane au-dessus de la cérémonie. Et malgré tous les sortilèges déployés par sa grand-mère Sol pour conjurer le « chrour » (sort) - cérémonie du henné, décoctions à base d'herbes, d'alun ou de sable mêlés, petit paquet de sel glissé dans la poche -, les noirs desseins des « cheitanes » (anges maudits) se précisent. A mesure que les différentes étapes du rituel se déroulent, Esther mais aussi Charles vont découvrir des secrets de famille enfouis depuis plusieurs générations et dont ils sont les innocentes victimes.

Avec le talent qui est le sien pour trousser des intrigues, Eliette Abécassis retrouve la veine des romans populaires - « Qumran », « L'Or et la Cendre » - qui ont fait son succès. Sous la plume érudite, mais toujours enlevée de l'agrégée de philo, on revit l'épopée, depuis l'Inquisition et jusqu'au développement de l'Etat d'Israël, de ces Sépharades qu'elle dépeint avec une sympathie distanciée , « sucrés-salés,
doux-amer, drôles et nostalgiques, généreux et orgueilleux, sincères et hypocrites, toujours entre rires et larmes ». Mais à cette peinture, elle ajoute cette fois une dimension plus personnelle de quête identitaire : comme Esther, Eliette est à la fois juive, sépharade, française, alsacienne. Et admiratrice de Montaigne.
Comment passe-t-on du roman historique (‘Qumran’) à une littérature plus engagée (‘Un heureux événement’ et ‘Le Corset invisible’) ?
« …Mon travail est assez éclectique. J’ai écrit des thrillers, des romans épiques et de la philosophie. Là, le livre est plus sociologique dans un contexte d’enquête. Ca me plaît de ne pas faire la même chose, d’explorer des thèmes et des genres différents. Il y a beaucoup d’écrivains qui, une fois qu’ils ont trouvé leur genre, donnent l’impression d’écrire constamment le même livre. J’ai besoin du changement, du mouvement et une fois que j’ai exploré quelque chose, il faut que je change, que je découvre d’autres univers, d’autres sujets. J’aimerais bien, par exemple, tenter l’expérience de la science-fiction…. »
ÉLIETTE ABECASSIS
En quête de son identité?
Karine Vilder
7Jours 2009-11-04 10:00:36

[7jours.canoe.ca]

Arriko

Eliette Abécassis
Posté par: Arrik (IP enregistrè)
Date: 13 avril 2011 : 15:14

Eliette Abécassis sUITE 2



En 2009, elle publie le roman Sépharade, une sorte d'autobiographie romancée, dont l'héroïne dans sa quête existentielle va s'immerger dans le monde des juifs sépharades du Maroc. Ce roman est inspiré de la propre expérience de l'auteur, d'un mariage raté.

Elle a mis 10 ans pour écrire Sépharade, un roman magistral qui revisite l’histoire des sépharades à travers les péripéties d’Esther, une future mariée qui cherche désespérément à comprendre quelles sont ses origines avant de dire oui. Comme on a adoré ce roman, on a voulu en savoir plus sur celle qui nous a aussi donné Qumran et Clandestin.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter l’histoire des juifs sépharades? C’est une évolution personnelle, des questions que je me posais sur mon identité et mes origines. J’ai aussi pris conscience du fait que l’histoire des juifs sépharades n’était pas très présente dans le champ de la littérature. Les mondes yiddish et juif new-yorkais ont leurs écrivains, mais les sépharades ont surtout une mémoire et une tradition orale. J’ai senti la nécessité de faire un écrin à cette culture. C’est un monde et un joyau littéraire, source d’inspiration pour moi.
L’ampleur de ce sujet ne vous a pas fait peur? Oui, ça m’a fait peur au point que j’ai eu beaucoup de mal à terminer ce livre. Justement parce que c’était important, parce que je me sentais investie d’une mission et que j’avais peur de ne pas réussir. J’ai fait beaucoup de recherches, j’ai recueilli énormément de documentations, j’ai filmé de nombreux juifs marocains, j’ai voyagé en Espagne, au Maroc, au Canada et en Israël. Je voulais vraiment recréer un monde. C’était effrayant et enthousiasmant à la fois. Quand on a envie d’écrire et qu’on se retrouve devant un tel sujet, on est à la fois content et intimidé.
Qu’est-ce qui a été le plus dur en cours de rédaction? Ce qui a été le plus dur, c’était toute la partie espagnole concernant l’Inquisition. J’ai parcouru beaucoup de textes qu’écrivaient les inquisiteurs sur les tortures. Et tout ce qui a été fait aux juifs à cette époque — vieilles personnes, femmes ou enfants — est innommable. On se retrouve devant un trou, une absence de sens. On ne comprend pas comment il a été possible de mettre des enfants juifs dans un bateau et de les abandonner sur une île pour qu’ils soient dévorés par des bêtes sauvages.
Comme Esther, vous êtes juive, sépharade, française et alsacienne. Cette histoire est-elle le reflet de ce que vous avez vécu? En partie, oui. Comme mon héroïne, et comme beaucoup de femmes, j’ai des identités multiples. Les angoisses d’Esther, ses hésitations, ses déchirements et ses errances sont aussi les miennes. Il y a cette phrase dans mon livre, qui est une phrase d’alchimiste: «Descends au plus profond de toi-même et trouve la base solide à partir de laquelle tu pourras construire une nouvelle personnalité, un homme nouveau.» C’est un peu ce que j’ai fait pour construire mon héroïne. Je suis partie de moi, mais j’ai construit un autre personnage, en tirant l’universel du particulier.
Êtes-vous ou avez-vous aussi été en quête de votre identité? En effet. Mes parents sont des sépharades du Maroc, qui ont eu un fort désir d’intégration et qui nous ont transmis l’amour de la France. Je me sens très française mais je me suis aperçue que j’étais aussi très marocaine, même si c’était enfoui en moi. Ce qui me passionne, c’est tout ce qui se transmet de façon consciente ou inconsciente. Maintenant, je sais que je suis la somme — et non pas la synthèse — de toutes ces identités.
La rédaction de ce livre vous a-t-elle permis de découvrir d’autres facettes de vous-même?
Oui, bien sûr. Mon héroïne m’a influencée autant que je l’ai influencée. Au cours de ces 10 années de recherche et d’écriture, j’ai compris que j’étais très marquée par mes origines, que mes angoisses étaient celles d’un passé qui continue de me hanter, et je parle autant d’un passé collectif que d’un passé familial. Esther Vital a plongé au cœur des ténèbres pour en renaître différente, et elle m’a montré la voie.
Croyez-vous au mauvais œil? J’ai étudié et enseigné la philosophie, donc je suis rationaliste, héritière du Siècle des lumières. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’y croire. Je n’aime pas qu’on dise de mes enfants qu’ils sont beaux, et je me méfie beaucoup de la jalousie des autres, qui est grande.
J’ai accroché des mains à l’entrée de chez moi, et j’essaie de me prémunir contre le mauvais œil grâce au chiffre 5... C’est fou, quand j’y pense! [mondalire.pagesperso-orange.fr]
«L’existence du Mal est la matière première de la réflexion philosophique.»
«Le nouveau roman, c’est daté […]. Je crois que le romancier doit raconter une histoire, prendre le lecteur par la main, et l’entraîner dans une intrigue construite qu’il ne puisse plus quitter.»
Une affaire conjugale, 2010
En quête de son identité? Karine Vilder 7Jours 2009-11-04 10:00:36
Éliette Abécassis © Catherine-Cabrol
Albin Michel – août 20110 – 336 pages
Présentation de l'éditeur :
Entre Agathe, parolière de chansons, et Jérôme, dirigeant d'une start-up, c'était le grand amour. Huit ans de mariage et deux jumeaux plus tard, tout a changé : elle écrit de moins en moins, happée par l'éducation des enfants ; il s'absente de plus en plus et la délaisse pour ses maîtresses. Bafouée, rabaissée, Agathe s'interroge : aura-t-elle le courage de demander le divorce ? Commence alors un chassé-croisé entre les époux qui se déchirent jusque devant les enfants, déterminés l'un et l'autre à en obtenir la garde, et, accessoirement, à triompher de l'autre. Agathe aura-t-elle gain de cause ? Pourra-t-elle surmonter la dévastation de son monde et de ses idéaux ? Aura-t-elle droit à une deuxième chance ?
Juste, drôle, émouvant et cinglant, ce roman délibérément ancré dans le monde contemporain, dévoile les dessous du divorce.
Mon avis : (lu en août 2010)
En quatrième de couverture, la phrase qui résume le livre "Pour bien faire les choses, il faudrait commencer par divorcer. Et se marier ensuite".
C’est une histoire de couple assez courante de nos jours. Après huit ans de mariage et la naissance de jumeaux, Agathe découvre que son mari Jérôme ne l’aime plus. Elle commence par le surveiller en fouillant son portable, son ordinateur, ses mails. Convaincue qu’il la trompe, une seule solution : le divorce.
Agathe résume ainsi : « Telle était l’histoire. Si je devais en faire un pitch, je dirais ceci : j’ai rencontré un homme. Je suis tombée amoureuse de lui, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants. Aujourd’hui, cet homme est devenu mon pire ennemi. »
Nous suivons donc pas à pas le processus du divorce entre ce couple de quarantenaires, c’est un vrai parcours du combattant. On découvre alors le vrai visage de son conjoint, les masques tombent et il faut désormais lutter pour se protéger.
Il y a l’annonce aux enfants, Sacha et Max ont six ans et ils ne comprennent bien ce qui arrive, ils se croient coupables. «J'aurais préféré ne pas savoir. Maintenant je sais. Et la tristesse est dans mon cœur. Et je ne pourrai plus jamais l'enlever de mon cœur.»
Il faut réunir des témoignages auprès des proches, des amis, des connaissances.
Il faut continuer à vivre dans le même appartement tout en faisant la guerre. « La tension était à son comble. Je sortais tous les matins pour accompagner les enfants à l'école avec ma valise. La nuit, je me couchais avec mon ordinateur, mon téléphone, mon agenda, tous les documents nécessaires pour le divorce, ceux que je lui avais pris et les miens, qu'il n'avait pas pu me prendre. Je dormais en chien de fusil, au beau milieu de mes affaires. »
Et la préparation du dossier qui est longue et coûteuse… « L’équipe du divorce était maintenant au complet. J’étais devenue à moi seule une PME qui employait une dizaine de personnes : un avocat, un notaire, un avoué, un expert-comptable, un détective, un coach de divorce et une psychiatre, sans compter les assistants et les secrétaires. J’avais vidé mon compte en banque, mais j’avais quand même fini par réunir toutes les pièces nécessaires à mon dossier. »
Avec ironie, sans aucune concession et avec férocité, Eliette Abécassis décortique et analyse les sentiments et les trahisons des deux protagonistes.
Le livre se lit facilement, j’ai suivi cette prise d’armes entre Agathe et Jérôme avec à la fois sourire, compassion et parfois colère. Il y a un même un certain suspens quand à la conclusion de l’histoire.
Un petit bémol sur le personnage de Jérôme qui est souvent décrit comme « un vrai salaud ».
crois, que ma vie bascula.

FigaroMagazine
22 décembre 2010
[www.youtube.com]
“Interlignes” : Interview Video sur Curiosphere TV
En Collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France
Dominique Antoine s’entretient avec Eliette Abécassis sur « Une Affaire Conjugale »
Production Striana
Eliette Abécassis, Dominique Antoine, Interlignes, Le Figaro Magazine, entretien littéraire, auteur, Albin Michel, Une affaire conjugale.

Confidentielles
25 septembre 2010
Interview Video d’Éliette Abécassis sur Une affaire conjugale
[www.youtube.com]

« Pour bien faire les choses, il faudrait commencer par divorcer » : voici en substance la présentation du nouveau roman d'Eliette Abécassis, Une affaire conjugale (Albin Michel).
Une phrase qui attire le regard, et derrière laquelle se cache l'histoire de Jérôme et Agathe, un couple comme tous les autres : amour, mariage, naissance des enfants... 8 ans après, que reste-t-il de cette passion des premiers instants ? Visiblement, plus grand-chose, découvre un jour Agathe en apprenant les infidélités répétées de son mari... L'heure des comptes a sonné, la bataille s'engage pour le divorce : une guerre sans merci, dans laquelle Agathe va se révéler et acquérir son indépendance. Eliette Abécassis nous parle de ses personnages.
[www.confidentielles.com]

TerrafeminaTV
16 novembre 2010
Interview Video par Muriel Beyer d’Éliette Abécassis sur Une affaire conjugale
[www.youtube.com]

Personne n'avait encore jamais osé raconter le divorce de façon aussi directe et crue. Le mensonge et le dégoût, appuyés par les nouveaux moyens de s'espionner s'étalent dans le nouveau roman d'Eliette Abécassis, « Une affaire conjugale ».
L'un des ouvrages marquants de cette rentrée littéraire, selon Muriel Beyer

Éliette Abécassis: Une affaire conjugale
Vidéo de 4 mn sur YouTube d’Éliette Abécassis sur Une affaire conjugale
[www.youtube.com]

Éliette: «Le divorce fait grandir les hommes»
[www.lematin.ch]
Anne-Sylvie Sprenger - le 28 août 2010, 19h44 - Le Matin Dimanche
Photo Éliette Abécassis Image © DR -

Dans son dernier roman, «Une affaire conjugale», l'écrivaine française plonge avec virulence dans les affres du divorce pour en montrer «l'envers du décor». Quand le couple est mort, qu'il n'y a plus rien à sauver, que tout n'est plus que haine, jalousie et désir de nuire. Un roman terriblement réaliste et déchirant. Interview
Eliette Abécassis a la voix douce lorsqu'elle nous répond au téléphone. Une timidité presque enfantine qui lui donne des airs candides, et ce malgré ses nombreux diplômes universitaires en philosophie. A voir son joli visage, à l'entendre, Eliette Abécassis donne l'impression d'être un ange descendu sur terre. Il serait plutôt sorti de l'enfer, si l'on en croit son dernier roman, «Une affaire conjugale», où elle décrit la barbarie du divorce, et peut-être même aussi du mariage, quand celui-ci n'est plus qu'une chaîne implacable qui nous enferme et nous attache, plus encore que l'amour ne l'a jamais fait, à l'être tant haï. Un livre qui fait mal, car terriblement réaliste. Interview d'une auteure... fraîchement divorcée?
Ce livre offre une vision très déprimante du couple. L'amour doit-il forcément se transformer en haine? Certainement pas forcément. Mais si souvent l'amour se transforme en haine, c'est qu'on n'y fait pas assez attention. On vit encore sur le mythe de l'amour romantique, qui serait quelque chose de donné, d'éternel, et on ne se rend pas compte que l'amour est un travail de chaque instant. On accorde tellement de soin à sa carrière, à sa profession et à ses loisirs, et on pense que l'amour va de soi, alors que c'est tout le contraire. Ce livre est plus une critique de la façon dont on envisage l'amour que de l'amour lui-même.
Votre héroïne, en instance de divorce, réalise que la haine la rapproche encore plus de son mari que l'amour. C'est terrifiant. La haine attache terriblement. La haine captive car elle est toujours passionnelle. La haine occupe tout l'être, comme l'amour l'est quand il est fort, au moment de la passion amoureuse. J'ai voulu un peu décrire ce processus de haine et cette lucidité. Autant l'amour est dans l'illusion et la cristallisation, autant la haine est d'une lucidité implacable.
La haine peut aussi rendre paranoïaque! Oui, le divorce rend d'ailleurs paranoïaque, parce qu'on est dans un processus de lutte, d'avocats, de procédures, de preuves à fournir, de témoignages, etc. Il y a une grande part de paranoïa et de fantasmes. Dans l'amour comme dans la haine, on est toujours prisonnier de ses fantasmes. Finalement, on n'a jamais véritablement rapport à l'autre mais plutôt aux fantasmes que l'on a de l'autre...
Ici, le divorce apparaît à la fin comme synonyme de libération, mais... encore faut-il y arriver!
Le divorce n'est pas une libération en soi, mais il libère de la haine que l'on peut ressentir juste avant. J'ai voulu montrer l'envers du décor. On a une image d'Epinal du divorce: «Bon, ben si ça va pas, on divorce, et on refonde des familles recomposées qui iront en 4×4 sur l'autoroute des vacances.» Mais ce n'est pas du tout ça. Il y a une barbarie dans le quotidien d'un couple qui se déchire, et surtout quand il y a des enfants. C'est pour ça que le divorce n'est pas une libération en soi. La libération vient plutôt de pouvoir échapper enfin à tout ce cataclysme qu'est le divorce.
A lire votre roman, on ne peut s'empêcher de penser que c'est quelque chose que vous avez vécu...Il se trouve, oui, que j'ai divorcé. C'est pour ça que j'ai voulu écrire sur le divorce, mais ce n'est pas une autobiographie puisque ce n'est pas mon histoire, C'est plus un livre générationnel. J'ai remarqué qu'autour de moi tout le monde divorçait, il y a une sorte d'hécatombe. Alors, oui, ça part d'une expérience personnelle, mais je pense qu'il faut sortir du personnel pour aller à l'universel.
Les nouvelles technologies - les e-mails, Facebook et les SMS qui permettent un «espionnage domestique», comme vous dites - sont très présentes dans ce livre. C'est une critique ou vous êtes accro? Moi-même je suis accro, je suis toujours entre mon MacBook, mon iPad et mon iPhone. Mais c'est aussi une critique. Ce qu'il y a de fascinant dans ces nouvelles technologies, c'est qu'elles permettent un accès à la vérité. En cherchant un peu, on peut découvrir toute la face cachée de l'autre. Et finalement, tous ces moyens de communication, au lieu de nous rapprocher, ne font que nous éloigner.
Dans le livre, vous exprimez presque une nostalgie du temps où le mensonge était encore possible... (Rires.) Non, c'est ironique. C'est l'éternelle question: est-ce qu'il vaut mieux être un pur sot satisfait ou un Socrate mécontent? Je crois qu'il faut quand même mieux savoir. De toute façon, c'est un processus irréversible, on a envie de savoir. Et tant mieux aussi, parce qu'on ne va pas vivre dans le mensonge. Les couples tenaient peut-être un peu plus longtemps, mais je ne crois pas qu'il faille regretter cette époque. Je pense qu'il faut essayer d'aller vers plus d'exigence morale ou spirituelle.
Vous écrivez: «Il faut divorcer pour faire un homme.» Est-ce à dire que les hommes ont besoin d'un divorce pour grandir? Le divorce fait grandir les hommes, il transforme tout à coup les époux volages et les pères fuyants en papas poules. A cette occasion, les hommes vont évoluer, grandir... Malheureusement, c'est trop tard.

Plongée dans la violence du désamour
Elle n'en a pas l'air, mais elle est violente, Eliette Abécassis. Violente dans sa façon de nous asséner une certaine réalité... Avec une lucidité terrifiante - et que l'on souhaiterait tant exagérée - elle capte dans son dernier roman, «Une affaire conjugale», les dernières heures enragées d'un couple en instance de divorce. Loin d'elle la vision paradisiaque du couple qui se sépare «et puis c'est tout. Restons amis»! Avec minutie, l'écrivaine décrit la haine qui s'installe quand l'amour s'en va, avec sa lâcheté et ses mensonges, sa paranoïa et ses coups bas, sa jalousie, sa soif de vengeance aussi. L'envie de faire mal, de détruire l'autre, puisqu'il a tout détruit.
Agathe, des jumeaux de 6ans et dix de mariage sur les bras, découvre un jour que son homme se dope au Viagra et vit une vie sexuellement palpitante, sur Internet mais aussi sur le canapé de la maison, en son absence. Mais tout cela n'est qu'un début, l'enfer ne fait que commencer... Toute la vie de la narratrice ne sera dès lors articulée qu'autour de ce divorce qui s'annonce avec certitude, mais se laisse désirer - les méandres administratifs et législatifs obligent -, le temps pour les deux époux de s'entre-tuer en paix à coups d'espionnage domestique (merci saints Facebook et téléphones portables!), de manipulations diverses et autres chantages affectifs.
Eliette Abécassis pousse ici la haine du couple à son paroxysme. Avec fureur et terreur. Un livre qui fait peur: et nous, comment finirons-nous?
Eliette Abécassis : "Le divorce toujours une guerre"
[www.parismatch.com]
actu-match | Lundi 7 Février 2011
"Un divorce rend la séparation plus solennelle"
Rodolphe Bosselut avocat au barreau de Paris
Paris Match. Quelles plus grosses erreurs commettons-nous quand on s’engage dans un divorce ? Rodolphe Bosselut.
En général, on n’anticipe pas les difficultés. On pense qu’on n’a pas besoin de documents. Or il n’y a pas de droit sans preuve.
Vous tenez souvent un rôle d’arbitre et de psychothérapeute... On fait du cocooning tous les jours ! On a affaire à des personnes atteintes par la violence de la séparation. Beaucoup déplacent le vrai objet du divorce sur des blessures personnelles. Et c’est lorsque se liquide la question psychologique – la blessure intime... – que tout se débloque. Il faut du temps.
Photo Nadji
Comment faire quand l’autre refuse de divorcer ? Avec ce refus, l’autre a l’impression de conserver son conjoint pour lui ; il est dans le déni de la réalité. Et aidé en quelque sorte par la loi car un divorce n’acquiert pas de caractère définitif tant que les voies de recours persistent. Mais il est possible d’assigner son conjoint récalcitrant en divorce après une séparation effective de deux ans. Certains s’acharnent même après le prononcé du divorce sur les questions matérielles de la liquidation du régime matrimonial, et on entame un deuxième “round” contentieux !
Les rancœurs se chiffrent alors en prestation compensatoire... [qui vient compenser la disparité dans les niveaux de vie] ? Oui, dans le désir de faire “payer” l’autre, on surévalue les manques. Nous sommes là pour rappeler les éléments objectifs : l’âge et la durée de vie commune, la carrière, les droits à la retraite, le patrimoine...
Donc, après un long mariage, vous ne croyez pas aux divorces éclair ? Non, car on fait l’impasse sur cette complexité. La procédure rend la séparation plus solennelle et participe au travail de deuil d’une histoire.
Est-il toujours illégal de quitter le domicile conjugal ? En principe l’abandon du domicile conjugal constitue une faute et l’autorisation de résider séparément doit être ordonnée par le juge mais, dans la pratique, les choses sont plus souples. En cas de violences, une loi de juin 2010 permet une procédure d’urgence où l’on fait partir l’époux fautif du domicile.
Quid du divorce pour adultère ? L’adultère n’entraîne plus automatiquement le divorce aux torts exclusifs car on estime qu’il peut être induit : on prend un amant par provocation, car l’autre a une maîtresse. Ainsi, la faute est partagée. Ce qui ne change pas, c’est la blessure narcissique : comme on ne supporte pas d’être quitté, on ne supporte pas d’être trompé. Combien de fois ai-je entendu : “Oui, j’ai un amant (ou une maîtresse) d’accord, mais moi ça n’est pas pareil” !
Quelles sont les situations les plus inextricables ? Elles découlent de névroses, les pires se cristallisent sur les enfants : le conjoint veut en priver l’autre, il conditionne l’enfant, l’enlève... Ça arrive.
Et si l’on souhaite revenir à un divorce à l’amiable ? La loi prévoit toute une série de passerelles dans la procédure tant que le divorce n’est pas prononcé. Mais si la loi favorise la décrispation, il reste les jusqu’au-boutistes. Certains cas sont de vraies psychanalyses judiciaires.

Le prix d’un divorce ?
Le divorce étant chronophage, les clients optent le plus souvent pour la forfaitisation des honoraires plutôt que pour une facturation au temps passé. En effet, on doit beaucoup écouter, les clients sont fragilisés et il faut un suivi intense.
Interview Catherine Schwaab
Paru dans Match
Aujourd’hui, un SMS, un mail peuvent ruiner des années d’une union paisible. L’écrivain Eliette Abécassis en a fait l’amère expérience. Elle en a tiré un roman (« Une affaire conjugale » éd. Albin Michel), devenu best-seller, et nous livre ses enseignements de femme blessée à jamais.
Par Valérie Trierweiler et Catherine Schwaab - Paris Match
Dans son dernier essai, Pascal Bruckner s’interroge : le mariage d’amour serait-il une ¬folie vouée au fiasco ? L’écrivain – qui sait de quoi il parle – s’offusque qu’on se mette à fêter les divorces, « comme si le retrait était plus beau que l’alliance ». Il n’est pas le seul à s’affoler du délitement du lien sacré. Le psychiatre, psychanalyste, thérapeute du couple Serge Hefez y va, lui aussi, de son couplet avec « Scènes de la vie conjugale ». Sale temps pour la voie nuptiale. Contrairement aux Américains, la crise n’empêche pas les Français de rompre. Pourtant, avec 260 000 mariages l’année dernière, certains
continuent à plonger. Et si l’on en croit François Baroin, ministre du Budget, qui s’apprête à supprimer le – gros – avantage fiscal pour les jeunes mariés, comme pour les divorcés et les pacsés, le mariage est source de félicité : « On ne se marie pas pour des raisons fiscales, il y a le bonheur aussi. » Mais alors, si le bonheur est bien au rendez-vous au moment où l’on s’unit devant le maire, pourquoi ce bonheur s’échappe-t-il si vite ? Où donc l’amour s’évapore-t-il ? L’écrivain et le psy se rejoignent sur un point : le plus compliqué pour un couple est de ne pas confondre l’amour avec la passion physique. Garder la tête froide quand les corps sont chauds.
Pascal Bruckner a une théorie : « Nous attendons tout de l’amour, il est devenu la forme laïque du salut. » Ne dit-on pas que ce sont les femmes qui pérennisent le fantasme du prince charmant ? Pourtant ce sont elles qui, en grande majorité, demandent le divorce. Les hommes réclament, quant à eux, le mariage. A eux le besoin de sécurité. A elles la nécessité de la liberté. Les temps ont changé. Aujourd’hui, note Serge Hefez, chacun a besoin d’exister. « Le souci de soi l’emporte sur le reste. » Plus question d’être au service de l’autre au risque de faire éclater le mariage : « L’individu se sent mis en péril par le lien au lieu d’être soutenu par lui, il tend alors à détruire la relation. » Le thérapeute constate que les couples se quittent aussi vite qu’ils se sont rencontrés. « Avant je recevais dans mon cabinet des couples de dix ou quinze ans. Aujourd’hui, ce sont des couples d’à peine deux ou trois ans. » On en revient toujours à la difficulté de faire vivre l’amour. Serge Hefez : « Mariage et amour ne se conjuguent pas. Dans le mariage, il faut un objectif de construction pratique sinon ça ne marche pas. »
Bruckner, lui, remarque que de plus en plus de couples se marient après vingt ou trente ans de vie commune, comme une validation. Quand le risque d’une tentation ou d’un ailleurs est évacué. Il n’exclut pas que, peu à peu, nous allions vers un mariage à durée déterminée. Le mariage « pour toujours » offre cependant une ¬valeur symbolique qui confère un statut au conjoint. Les deux sexes sont attachés à la cérémonie. Est-ce pour cette raison que certains se marient, divorcent, se remarient et recommencent ? « Les personnes qui se remarient trouvent dans le mariage une occasion festive de ritualiser le couple, mais ce n’est pas le lien juridique qui compte. C’est une façon de dire à la face du monde : ¬regardez comme on est heureux. »
Valérie Trierweiler
Eliette Abécassis : "C’est à ce moment qu’on découvre qui on a épousé"
Paris Match. Le divorce n’est habituellement pas un sujet de roman, pourquoi avez-vous décidé d’écrire sur ce thème ?
Eliette Abécassis. C’est vrai, peu de livres traitent du divorce et pourtant c’est un sujet très romanesque. Aujourd’hui, quand on veut parler d’amour, on doit parler du divorce. A notre époque, le couple traverse une crise qui n’a pas de précédent. Le divorce me semble être le drame passionnel des temps modernes. Nous sommes dans une époque tellement atone et aseptisée, alors c’est le moment où tout l’aspect passionnel de l’amour jaillit avec une flambée de violence, de haine et de vérité. Et puis, on découvre la face cachée de l’autre. C’est un véritable parcours initiatique, extrêmement intense.
C’est aussi un phénomène de société, puisqu’un couple sur deux divorce à Paris.
Vous-même, vous avez connu cette expérience du divorce. Vous ne vous y attendiez pas ?
Oui, j’ai vécu cette expérience, mais c’est au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Cela m’a évidemment rendue sensible à ce sujet et davantage encore quand je vois autour de moi cette hécatombe chez les quadragénaires. Il y a une idéologie du divorce, comme il en existe une du mariage ou de la maternité. Il y a une espèce d’image du divorce heureux, de la famille recomposée. On se marie et, si cela ne marche pas, on divorce et on se remarie. On pense que c’est facile. Et quand on aborde le divorce, on ne sait pas très bien ce qui nous attend... C’est une traversée de l’enfer.
A ce point-là ? Ça ne l’est peut-être pas toujours pour tout le monde. Pour mon héroïne oui, et j’ai rencontré beaucoup de femmes qui m’ont dit qu’elles ne s’en relèveraient jamais. Quelque part, on ne s’en relève jamais. C’est tout un univers qui s’écroule : la fin de l’idéal. De l’idéal de l’amour, du couple, de la famille. En cela c’est un parcours initiatique. Et une immense souffrance.
Seulement pour les femmes ? Les hommes, eux, ne souffrent pas de divorcer ? Si, bien sûr. Mais j’ai résolument choisi d’aborder le point de vue féminin. Deux livres importants ont été écrits sur le divorce : “Kramer contre Kramer” d’Avery Corman et “La séparation” de Dan Franck, mais il s’agit là de points de vue masculins. Et ces références ont vingt ans. Or, depuis, les choses ont changé. La législation a rétabli le droit des hommes, et même en allant trop loin. Les hommes n’ont plus à se battre pour obtenir la garde de leurs enfants. Même s’ils souffrent, j’observe qu’ils refondent des foyers très rapidement. Alors que les femmes qui divorcent restent souvent seules.
Mais pourtant ce sont bien les femmes qui, à 70 %, demandent le divorce ? Oui, car elles ont plus d’exigences. Les hommes aiment rester dans leur vie, même si ça n’est pas satisfaisant. Ils ont du mal à trouver le courage de partir. Et ils ne détestent pas la double vie, ils y prennent même goût. Ils aiment garder leur foyer avec, d’un côté, la figure de la mère tutélaire et, de l’autre, une vie à l’extérieur. Les femmes, elles, ne peuvent pas supporter ces situations, même si après il leur arrive de regretter de s’être engagées dans la voie du divorce.
Quelles en sont alors les véritables causes ? Il y a des facteurs sociologiques. Le féminisme l’a rendu possible. Autrefois, en ce qui concerne les femmes, il n’était pas possible pour des raisons économiques. Encore une fois, tout tourne autour de l’idéal de l’amour. Les femmes restent dans l’idée que l’amour est quelque chose de magique. Alors, quand une passion s’évanouit, elles pensent qu’elles peuvent le trouver ailleurs. Mais l’amour n’est pas magique, au contraire, il est extrêmement fragile. Il s’entretient et se protège au quotidien ; il n’est pas donné, ni éternel, ni solide. Les femmes croient toujours au prince charmant, au sauveur, au coup de foudre, à la princesse d’un jour, au berceau rose, au père aimant.
L’envers du décor, c’est autre chose ! Alors, quand les femmes le découvrent, elles veulent une autre vie.
Vous évoquiez la face cachée, comment l’autre peut-il se révéler... autre ? Justement parce que le divorce est un révélateur de vérité. C’est au moment du divorce qu’on découvre celui qu’on a épousé et avec lequel on a fait des enfants. On a alors devant soi un inconnu ! Le divorce révèle la face noire de l’homme qui oscille entre haine et violence. Et la procédure pousse à cela. Il faut faire une enquête sur l’autre. Vous avez d’un seul coup des amis qui vous avouent ce qu’ils savaient depuis longtemps. On découvre tout ce dont l’autre est capable. Et avec les technologies, on finit par tout connaître. Il faut savoir ce qu’est le divorce à l’heure des e-mails, des SMS, des réseaux sociaux, des sites de rencontres ! On a accès à toutes les vérités et à tous les mensonges. Il y a une traçabilité de tous les actes. Combien de couples se déchirent à cause des téléphones portables !
La face cachée n’est pas seulement chez l’autre, votre héroïne est capable elle aussi de beaucoup d’actes malveillants. Oui, la curiosité devient malsaine. Une fois le dossier constitué, il y a possibilité de s’arrêter mais, non, elle continue, poursuit ses investigations, contaminée par une perversion dont elle ne se croyait pas capable. Mon héroïne va jusqu’à s’inventer un personnage sur Facebook pour interroger son mari. Elle se prend au jeu, elle se découvre elle-même en même temps qu’elle découvre la vraie personnalité de son mari. Tous les masques tombent, y compris et surtout le sien. Et c’est le plus difficile à supporter.
Quels sont les véritables enjeux du divorce ? Les enjeux sont vitaux : les enfants et l’argent. Les enfants sont ce qu’il y a de plus précieux mais, à travers l’argent, tous les autres enjeux s’entremêlent. On combat pour sa vie, pour soi. On a une image de soi altérée. Beaucoup de femmes en sortent avec des dépressions, des envies suicidaires. On se bat pour retrouver une dignité et pour
rattraper les années gâchées. Bref, l’enjeu, c’est sa propre survie.
Mais pourquoi autant de conflits et même de violence qui peut dégénérer en drame ? Pour l’homme, le divorce est une véritable remise en cause de lui-même. Lorsqu’il est quitté, alors qu’il a tout fait pour être quitté, la femme devient pour lui l’ennemie à abattre. Et, parfois, il l’abat vraiment, et avec les enfants. Ces drames n’arrivent que dans ce sens-là. Ce qu’il y a de plus difficile à surmonter pour lui, c’est la blessure narcissique qui touche sa virilité. Ce n’était déjà pas facile depuis que le féminisme est passé par là ! C’est tout le problème de l’identité masculine qui est posé. L’homme ne trouve plus sa place dans le couple, car la femme y occupe tous les rôles. C’est l’une des clefs explicatives de l’entrée de la pornographie dans la maison. L’homme y cherche une réponse à sa virilité défaillante. Il lutte aussi pour sa survie.
"Le divorce révèle nos faces cachées, nos perversions, nos curiosités malsaines"
Dans votre livre, tous les coups sont permis. C’est ainsi dans la réalité ? Oui, tout devient irrationnel. Même des parents jusque-là exemplaires peuvent se mettre à utiliser les enfants comme des pions. A partir du moment où l’on dit “Je ne t’aime plus”, c’est un anéantissement total. On perd la raison. Mais tout cela reste un mystère. Je n’arrête pas de me poser la question. Nous sommes face au mystère de la haine, de l’amour, du mal. Comment quelqu’un que l’on a aimé devient-il celui que l’on hait le plus ? C’est compliqué de penser que l’amour et la haine ont les mêmes
leviers ! Ou peut-être ne sait-on plus aimer – c’est-à-dire pardonner ?
Le divorce devient une obsession... Oui. La procédure elle-même pousse à cela. On demande un bilan de toute une vie. Cela devient une maladie, le divorce. Mon héroïne l’appelle “la divorcite”. Elle se lève, vit et mange en pensant au divorce. On ¬ressort de cette expérience pulvérisée et souvent cynique et désabusée, comme mon héroïne. Quand la ¬machine haineuse est en marche, elle suit sa logique. Ensuite la vision de l’amour n’est plus jamais la même. On se demande même si on pourra aimer à nouveau.
Ce que vous décrivez, aussi, c’est le business du divorce. Oui, parce que c’en est un ! Les avocats coûtent très cher, c’est très long. Mais il n’y a pas qu’eux. J’évoque aussi le notaire, la psychologue,
l’expert-comptable, le coach, le médiateur et le détective privé pour récupérer des preuves ! C’est une véritable PME du divorce !
La procédure a pourtant été récemment allégée ? Oui, et je comprends qu’il faille des étapes pour faire le deuil d’une relation. Je salue la promulgation de la loi sur le harcèlement moral et le travail remarquable de l’avocate Yael Mellul pour que la violence conjugale soit reconnue comme un délit. Mais il faut que la législation évolue encore pour repenser le divorce. Il y a, bien sûr, un côté militant dans mon livre. La période de cohabitation obligatoire sous peine d’être poursuivi pour abandon de domicile conjugal est hautement dangereuse. C’est un désastre pour les enfants comme pour la femme ! Je lutte aussi contre la garde partagée. On ne sépare pas un bébé de sa mère. Même les animaux savent ça. Faut-il être dans une époque barbare pour qu’on commette cette abomination ? C’est un vrai problème de santé publique. Il appartient aux juges de faire la part des choses et de prendre des décisions vitales, ce qui n’est pas simple.
Et vous ? Etes-vous la même après votre propre expérience ? Non ! j’ai changé, je n’ai plus la même idée de la vie. Je suis passée moi aussi par un moment de grande noirceur. Je suis désormais plus lucide dans mon idéalisme. Interview Valérie Trierweiler


Interview d’Eliette Abécassis

Après ‘La Répudiée’ et ‘Un heureux événement’, elle continue son exploration de la féminité à travers un essai intitulé ‘Le Corset invisible’.

Rencontre avec l’auteur, autour des concepts du féminisme, du couple et de la maternité.


Le corset invisible n’est pas une idée abstraite. Elle correspond pour les femmes à une nouvelle aliénation effective, paradoxalement issue du processus de libération. Loin de dénigrer l’héritage du combat féministe, l’écrivain s’attache surtout, dans ce livre, à constater l’état actuel de la condition féminine et à repenser les conséquences de la dissymétrie sexuelle.
Exemple concret : agir en homme, ce serait, lorsque vous rencontrez Eliette Abécassis, de s’attacher exclusivement à son charme irréductible, insaisissable. Un peu moins essentialiste, serait d’apprécier, durant l’interview, la rigueur intellectuelle et l’accomplissement original du féminisme. Beaucoup plus moderne, serait d’écouter la femme et de converser avec l’auteur.
Carrément avant-gardiste, serait d’échapper à ce genre de digression !
Comment passe-t-on du roman historique (‘Qumran’) à une littérature plus engagée (‘Un heureux événement’ et ‘Le Corset invisible’) ?
Mon travail est assez éclectique. J’ai écrit des thrillers, des romans épiques et de la philosophie.
Là, le livre est plus sociologique dans un contexte d’enquête. Ca me plaît de ne pas faire la même chose, d’explorer des thèmes et des genres différents. Il y a beaucoup d’écrivains qui, une fois qu’ils ont trouvé leur genre, donnent l’impression d’écrire constamment le même livre. J’ai besoin du changement, du mouvement et une fois que j’ai exploré quelque chose, il faut que je change, que je découvre d’autres univers, d’autres sujets. J’aimerais bien, par exemple, tenter l’expérience de la science-fiction.
Avec ‘La Répudiée’, ‘Un heureux événement’ et ‘Le Corset invisible’, il y a tout de même une continuité : la féminité ?
C’est vrai. Il y a une exploration de la féminité, de problématiques qui interrogent la femme. Ce fil rouge concerne le féminin, ses souffrances et son univers.
Pourquoi passer du roman à l’essai ?
Je désirais écrire un essai. ‘Le Corset invisible’ a été rédigé en collaboration avec Caroline Bongrand. On a voulu faire une enquête concrète, de terrain, un peu coup de poing. J’ai été extrêmement marquée par ‘Le Deuxième Sexe’ de Simone de Beauvoir et je voulais réaliser, dans la lignée de ce texte fondateur et génial, un bilan de la condition féminine actuelle.
Pourtant, vous ne semblez pas très en accord avec Beauvoir ?
En effet, on a pris le contre-pied de Simone de Beauvoir. Mais j’ai aimé son action concrète en faveur de l’émancipation de la femme. Interprété ainsi, le livre se situe complètement dans un combat féministe qui est loin d’être achevé. D’ailleurs, il ne s’agit plus d’un combat, mais d’une libération par la réappropriation de la féminité, sans chercher à devenir homme.
A qui s’adresse ce livre ?
Aux femmes et aux hommes, mais pas mal aux hommes. Ceux qui le liront seront peut-être un peu plus lucides et perspicaces par rapport à ce que vivent les femmes. Peut-être changeront-ils même d’attitude vis-à-vis d’elles.
Comment définir ce corset invisible ?

Avant, les femmes portaient des corsets qui leur comprimaient les poumons, qui les empêchaient de respirer. Un des actes de la libération de la femme a été de se débarrasser de ce corset, de libérer son corps. Aujourd’hui, on se rend compte que le corps de la femme est libre extérieurement mais, qu’en réalité, il reste cloisonné dans un corset invisible sous les formes d’une pression exercée par des modèles de minceur, de maigreur (à la limite de l’anorexie), d’une injonction à ne pas vieillir, des contraintes de la vie familiale que la femme doit, trop souvent, continuer à assumer seule. C’est comme si elle devait payer le prix de sa libération en jonglant entre les enfants, les tâches ménagères et le travail. En fait, elle n’a plus ni espace personnel ni temps. C’est un condensé de la pression concrète que la société exerce sur les femmes.
Vous reconnaissez clairement la dissymétrie sexuelle ?
Le plus important est de prendre en considération les différences naturelles entre l’homme et la femme. Un certain féminisme a voulu calquer la libération de la femme sur le modèle masculin, ce qui n’est pas très réaliste. Cette dissymétrie est aujourd’hui une évidence. Il faut la prendre en compte quand on veut libérer la femme. Il faut revenir à cette différence fondamentale.

Cette différence a-t-elle des conséquences sur la manière d’appréhender le pouvoir ? En pleine campagne présidentielle la question s’est souvent posée.
En ce qui concerne le pouvoir, c’est une question de compétence et de volonté. Je ne pense pas qu’il y ait de différence. Qu’une femme au pouvoir soit plus sensible à ces thématiques de femme, je ne crois pas non plus. C’est le quotidien qui m’intéresse et c’est dans ce cadre que la différence s’exprime avec évidence.
Dans votre livre vous parlez des mythes fondateurs de la femme : le mariage, la maternité, la grand-mère. Le propre du féminisme était de déconstruire tout cela ?
Les féministes ont eu un rôle essentiel et la révolution féministe a été un événement fondamental qui a transformé la société. Elles ont eu parallèlement ce rôle de déconstruction et c’est un élément essentiel qu’il n’est pas question de remettre en cause. Malheureusement, on s’aperçoit que les mythes fondateurs de la femme persistent. Les femmes veulent toujours se marier, avec une belle robe blanche, elles veulent avoir des enfants et elles s’imaginent parfaitement comme grand-mère. Peut-être que la femme est restée idéaliste, qu’elle a entretenu un rapport singulier à la transcendance.
Vous parlez aussi d’une responsabilité de la société de consommation qui entretient la femme dans ce modèle ?

La femme est une bonne consommatrice et le marché en profite. Dans ce contexte marchand, il est interdit d’être grosse, de vieillir et on exalte la maternité et un certain type d’amour. La femme est une vache à lait que l’on interpelle constamment afin de la faire consommer. Par exemple, les magazines féminins, qui au départ ont joué un rôle essentiel dans l’émancipation de la femme, participent aujourd’hui à cette pression sur les femmes et produisent une intériorisation de l’aliénation. L’univers féminin produit lui-même ses contraintes et ses exigences illégitimes sous la forme de recommandations (régimes, éducation, maternité, etc.) et de modèles que propagent ces magazines. On n’est pas contre la publicité ou réfractaire à la consommation, on dénonce juste un excès de pression sur les femmes. On ne rejette pas le système dans son ensemble.
Vous n’avez pas peur que les hommes, à la lecture de votre livre, renoncent par culpabilité à avoir des enfants ?
On dit clairement que le combat contre les hommes est terminé et qu’il faut avancer main dans la main. Mais on note tout de même que les hommes ont un vrai problème de repères et qu’ils ne savent plus tellement où ils en sont. C’est vrai que dans certains courriers que je reçois d’hommes qui ont lu mon livre, je sens une inquiétude face à la maternité. Ca n’est pas le propos. La maternité et le fait de pouvoir avoir des enfants sont des choses magnifiques. Maintenant, la société ne permet pas, malheureusement, de vivre pleinement ces événements. Il me paraît essentiel que les gens soient avertis pour prévenir les difficultés futures.
Beaucoup d’hommes ont évolué et se sont adaptés ?
On l’espère. Mais globalement les hommes s’en sortent mieux que les femmes.
Je vous cite : ‘L’avortement est l’exemple même du corset invisible qui emprisonne les femmes dans leur libération.’ Qu’entendez-vous par là ?
C’est l’exemple même d’une révolution nécessaire. Il ne s’agit pas de revenir au temps où l’avortement n’était pas légal et où les femmes mouraient dans d’atroces souffrances. Les choses sont claires. Mais l’avortement est un traumatisme pour la femme alors que pour l’homme il s’agit davantage d’une délivrance face à un enfant qu’il ne voulait pas avoir. Il faut absolument accompagner les femmes, reconnaître le traumatisme que ça représente, proposer un vrai suivi psychologique.
Aujourd’hui, quelle forme doit prendre la lutte pour aboutir à une libération effective de la femme ?
Pour libérer la femme, il ne faut pas essayer de copier l’homme ni de le voir comme un adversaire. Libérons la femme par sa féminité, sinon l’homme restera le grand gagnant du féminisme…
Extrait d'interview : :
21.09.2009
Qu’est-ce qui vous révolte le plus dans la vie ? La pauvreté et la misère dans le monde. Le fait que l’on ait du mal à recevoir en France des gens dits sans papiers me révolte aussi.
Ce qui vous émeut le plus dans la vie ? La relation humaine.
Que pensez-vous de la situation au Proche- Orient ? C’est terrible, très triste et inquiétant car on ne voit pas d’issue proche. J’en suis très inquiète.
Comment se passe une journée de travail d’Eliette Abécassis ? Je me lève en général vers 9h et je travail jusqu’en fin d’après-midi.
Avez-vous des moments particuliers pour écrire ? J’écris maintenant dans la journée. Il y a encore quelques temps j’écrivais beaucoup dans la nuit. J’ai changé mon rythme et j’écris toute la journée. Quand je suis en période d’écriture, je ne fais que ça, je ne peux en sortir car cela peut me faire perdre le fil de l’histoire. Je suis happée par ce que j’écris jusqu’au moment où j’ai l’impression que les personnages du livre deviennent réels.
Pendant votre période d’écriture, votre quotidien, votre entourage ou l’environnement médiatique ont-ils une incidence sur l’histoire que vous racontez ? Oui, tout à fait. Dans Le trésor du temple j’évoque la question du fanatisme musulman à travers une secte. Cela était évidemment lié à une fraîche actualité. Je m’inspire constamment de ce qui anime mon quotidien en terme de faits, d’informations et d’actualités.
Quel est le dernier livre qui vous ait marqué ? Les Misérables de Victor Hugo que j’ai relu récemment
Jean-François Copé, Eliette Abécassis : les femmes, la politique et… la France
8 juin 2010 leparisien.fr
[www.leparisien.fr]
La vidéo du face-à-face entre Jean-François Copé et Eliette Abécassis
Ils ne s’étaient jamais rencontrés… Jamais. Ni dans un cocktail, ni dans un dîner, pas même sur un plateau de télévision. Ils n’avaient pas cherché à s’éviter, mais la société du spectacle n’était pas parvenue à les réunir. Nous sommes au lendemain des élections régionales, un jour de fin d’hiver et de presque printemps, une femme de lettres et un homme politique échangent, pour mieux comprendre l’autre et se confier soi-même.
Nous sommes en fin d’après-midi, au café La Société, des frères Costes, personne pour venir troubler cette conversation privée que La Parisienne a voulue discrète, comme toutes ces conversations qui ont une chance d’aboutir… Eliette Abécassis parle de politique, Jean-François Copé aussi. Chacun porte un regard sur la France, celle d’hier et celle d’aujourd’hui, chacun évoque les femmes, l’Histoire, sa propre histoire, sans s’affranchir de sa vérité, de ses engagements…

C’est un moment pur, comme ces discussions d’amis qui s’éternisent le soir, lorsque personne ne veut vraiment rentrer chez soi par peur de voir la vie reprendre son cours. Une heure de regards, d’écoute, d’échanges nourris, pour deux personnages publics que finalement on ne connaît pas vraiment. Jean-François Copé est une belle machine politique, mais aussi un homme sensible recouvert d’un voile de pudeur, presque timide parfois… Eliette Abécassis, est une formidable conteuse qui parle doux, mais fort. L’une passe son temps à écrire, seule, l’autre s’épuise à vouloir convaincre les Français. Mais au fond que cherchent-ils? Pour le savoir, il suffisait de les réunir. C’est fait.



Pourquoi si peu de femmes en politique ?

J.-F. Copé : Parce que, comme pour le reste, tout est organisé pour qu’on empêche les femmes d’en faire, d’où l’exigence de lois sur la parité.

E. Abécassis : C’est-à-dire que les femmes ne peuvent pas en faire parce qu’elles sont obligées de faire des choix. Entre 30 et 40 ans, elles se marient, elles ont des enfants, elles doivent bâtir leur carrière, elles ont d’autres enfants, parfois elles divorcent. Elles doivent tout tenir, elles sont écartelées alors que les hommes ne le sont pas.

Qu’est-ce qui explique cette prise de conscience soudaine sur les femmes ?

J.-F. Copé : Elle n’est pas soudaine, elle est ancienne et elle touche en fait tous les sujets. Je pense qu’on mesure la modernité d’une société à la façon dont elle traite les femmes, dont elle les considère, du point de vue professionnel, du point de vue de leur identité, du point de vue de leurs aspirations. Je pense que les blagues machistes sont insupportables. Je pense enfin que les inégalités de rémunération et les retards de carrière sont inadmissibles.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y aura peut-être une femme élue en 2017 !

J.-F. Copé : Ah ça, je ne l’espère pas! (Rires)

Eliette, vous pourriez voter pour une femme parce que c’est une femme ?

E. Abécassis : Non. Je pourrais même voter pour la partie adverse si je considère qu’elle n’est pas à la hauteur.

Nous votons désormais d’abord pour des hommes et des femmes…

E. Abécassis : Oui, on vote vraiment pour un homme et particulièrement les Français. Je suis à chaque fois surprise de voir à quel point les gens n’ont au fond pas de ligne politique. Ils votent un jour à gauche, un jour à droite. Nous avons besoin de nous passionner pour une personne qui va, à un moment donné, incarner une sorte de souffle, des idées, des idéaux… En 2007, il y avait un homme et une femme, deux personnalités fortes, deux histoires, c’était comme un feuilleton.

J.-F. Copé : C’était une belle histoire des deux côtés. J’ai eu un très grand moment d’émotion lors du discours que Nicolas Sarkozy a prononcé le 14 janvier 2007, où il annonçait sa candidature aux Français, un discours énorme devant 100000 personnes. Et il a dit, en évoquant De Gaulle et Gambetta: «Ces grands hommes m’ont enseigné à moi, petit Français de sang-mêlé, l’amour de la France et la passion d’être français.» J’ai trouvé cette phrase essentielle. Pour la première fois, dans ce pays réputé de tradition chrétienne, très attaché à ses racines, on avait un homme qui disait son amour de la France et qui le disait d’autant plus qu’il était «un petit Français de sang-mêlé» et qui l’assumait. Il repoussait très loin la limite du possible dans la relation d’un homme avec son peuple, c’était très important.




Eliette, quel regard portez-vous sur les hommes politiques ?

E. Abécassis : Je suis assez admirative, parce que j’ai travaillé au Parti socialiste quand j’étais étudiante. J’ai suivi un homme politique en campagne et j’ai pu voir à quel point il faut un don de soi. Et puis, audelà de l’ego, il y a quelque chose qui dépasse le simple destin individuel, qui est au service d’autre chose. C’est quelque chose que je retrouve chez Jean-François Copé.
J.-F. Copé : C’est rare d’entendre ça. Généralement, on entend beaucoup de mal sur les hommes politiques! C’est sincère de le dire, et c’est courageux. J’ai beaucoup réfléchi à la question de l’engagement politique parce que les sacrifices demandés sont considérables. Chaque homme politique a sa réponse. La mienne, c’est une flamme très ancienne qui est liée à l’histoire de ma famille. Moi aussi je suis un petit Français de sang-mêlé. Il se trouve qu’une partie de ma famille issue de Roumanie a été sauvée d’une rafle, en 1943, par d’autres Français, à Aubusson, par des Justes. Toute mon enfance a été marquée par le récit de cette histoire. À l’âge auquel on raconte à des enfants l’histoire du Petit Chaperon rouge, mon père me racontait déjà cette histoire-là, le tout dans une atmosphère où l’amour de la France, la dette vis-à-vis de la France, étaient des valeurs très importantes dans ma famille. L’idée de consacrer ma vie à mon pays était très naturelle. La politique, c’est donc cette flamme, qui me porte à faire tous ces sacrifices. Et la flamme, c’est-à-dire la passion, l’emporte sur tout le reste.
Vous, Jean-François Copé, quel regard portez-vous sur Eliette Abécassis ?
J.-F. Copé : Il y a autant d’écrivains différents que d’hommes politiques différents, chacun a son histoire. Et du coup, il y a des histoires plus intéressantes que d’autres. Je suis toujours porté par l’éclectisme, même si je préfère les écrivains engagés, les écrivains qui choisissent de défendre des idées, que ce soit à travers le genre romanesque ou l’essai. Eliette Abécassis, c’est une femme de combat, une femme de convictions. Je ne peux pas vous dire autre chose que des mots admiratifs à son égard, même si je ne suis pas toujours d’accord avec tout ce qu’elle peut écrire.

Est-ce que lorsqu’on écrit, on reste fidèle à ce qu’on est ?
E. Abécassis : Oui, on est surtout fidèle à ce que l’on est profondément. Il faut se donner complètement, sinon c’est raté. La littérature, c’est une fidélité radicale.
Et peut-on faire de la politique en restant fidèle à ce que l’on est ?
J.-F. Copé : Oui, évidemment, sinon il ne faut pas en faire. J’ai tranché cette question. Je suis là pour marquer. Si j’imaginais faire de la politique sans être en conformité avec ce que je suis et ce que je pense durablement, je pense que j’arrêterais.
Eliette, pensez-vous que Jean-François Copé va marquer son époque ?
E. Abécassis : Ce qui me touche, c’est une certaine énergie, une sincérité et aussi un franc-parler. Il a une sorte de voix différente et une façon singulière de faire de la politique.

J.-F. Copé : Je ne suis pas un spécialiste de l’humilité, mais enfin, soyons sincères, je suis encore très loin d’avoir imprimé la moindre marque! Sauf, peut-être, au service de Meaux, la ville dont je suis le maire depuis quinze ans. L’action que j’y conduis renvoie à beaucoup des réflexions que vous avez décrites dans vos livres. C’est la question de l’identité française, de l’échec de l’intégration. C’est cette France qui se fissure en silence parce que ses habitants sont de plus en plus nombreux à se replier sur leurs communautés et à ne plus vouloir vivre ensemble, tant ils ne se supportent plus. C’est une question qui m’obsède parce qu’elle est le défi des années qui viennent si l’on veut redonner du sens à notre nation.
En quoi vous sentez-vous français ?
E. Abécassis : Pour moi, c’est d’abord la langue, la langue française, c’est quelque chose d’essentiel.

J.-F. Copé : Moi, j’ai plus de mal à dire pourquoi je me sens français, parce que c’est tellement une part de moi-même. Cela n’a jamais été même un débat, jamais. Je n’en suis même plus à cette question. Je me dis plutôt, qu’est-ce que ça exige d’être français? Comment est-ce qu’on peut rendre un peu à son pays, de ce que son pays vous a donné, voilà.

Faut-il être orgueilleux ou vaniteux pour faire de la politique ?
J.-F. Copé : Vaniteux, certainement pas. Orgueilleux oui, au sens où il faut être très attentif à la dignité de sa propre personne. Il ne faut pas accepter les insultes, il ne faut pas accepter l’asservissement au sens courtisan du terme, car le pouvoir génère forcément des effets de cour. Et bien sûr qu’il faut être ambitieux, et il faut l’assumer, il faut le dire, il faut même recommander à ses enfants de l’être.
Jean-François Copé milite pour une loi d’interdiction sur la Burqa. C’est un combat que vous partagez ?
E. Abécassis : Évidemment, cela pose la question de la liberté individuelle. Mais il y a une autre question majeure: la question du rapport entre la femme, l’État et la religion. C’est un problème qui n’est pas spécifique à l’islam. Il existe aussi des archaïsmes dans le judaïsme, il faut le dire, car il ne faut pas jeter la pierre uniquement sur l’islam. Il y a des choses qu’il faut changer et je pense que l’État, la République, doivent protéger la femme contre la religion quand la religion n’est pas capable d’évoluer. Chez les juifs, il y a le problème du divorce religieux qui est une véritable répudiation de la femme, qui n’a plus lieu d’être parce que le judaïsme est formidablement progressiste et l’a toujours été, sur tout ce qui concerne les femmes en particulier. Mais là, on ne sait pas pourquoi, les rabbins ne veulent pas changer cette loi. L’État doit légiférer. Pour la burqa c’est la même chose… il faut créer un écran, protéger la femme.

J.-F. Copé : C’est un combat que je mène depuis des mois et des mois, où j’ai été, il faut bien le dire, au début, extrêmement seul y compris dans mon propre camp, avec des arguments en réalité tous plus médiocres les uns que les autres. Aucun d’entre eux n’est recevable en vérité, aucun. On m’a dit qu’on ne faisait pas une loi pour 2000 personnes, on m’a dit que l’on stigmatisait la religion alors qu’au contraire c'est ne rien faire qui la déshonore, on m’a dit que je faisais ça pour ma propre promotion aussi, on m’a dit que ça allait rouvrir des plaies. J’ai absolument tout entendu. Mais je n’ai aucun doute. Ce n’est pas un problème religieux. Ce n’est pas non plus un problème d’immigration, puisque l’essentiel des femmes concernées sont françaises. C’est un problème de respect des femmes et un problème de sécurité. Ça nous ramène à une question existentielle qui est de savoir dans quelle société nous voulons vivre. Pour moi, c’est non négociable. D’où ma joie et mon émotion lorsque 220 de mes amis députés ont apporté leur soutien public à la proposition de loi contre la burqa que j’ai déposée. C’est un combat qui pour moi est essentiel, parce qu’en réalité, c’est un marqueur pour notre société. On ne doit pas accepter de banaliser ça, et il faut le faire parce que c’est un phénomène qui n’est pas répandu. Que fera-t-on si demain ce sont 50000 ou 80000 jeunes filles qui se mettent à porter un voile intégral?

Pour revenir à la religion, vous avez deux attitudes assez opposées ?
J.-F. Copé : C’est parce que je ne suis pas religieux. J’ai des racines juives qui sont fortes, liées à l’histoire de ma famille, mais qui ne se traduisent pas dans une pratique.
E. Abécassis : Pour moi, la Bible, c’est une source d’inspiration, une culture.
Si je vous dis à tous les deux Nicolas Sarkozy ?
J.-F. Copé : On se reparle de plus en plus ces temps-ci et ça me fait plaisir.
E. Abécassis : Complexe.
Benoît XVI ?
E. Abécassis : Soupir…

J.-F. Copé : Jean-Paul II nous manque!

Raymond Domenech ?

J.-F. Copé : Que voulez-vous que je vous dise! Domenech, c’est l’ambulance, il se fait tirer dessus à l’unanimité. Donc on attend les changements.

E. Abécassis : J’aimerais bien qu’on retrouve l’engouement de 1998.

Carla Bruni ?

J.-F. Copé : Joker.

E. Abécassis : J’aime beaucoup cette femme.

Jean François Copé ?

E. Abécassis : Différent.

Eliette Abécassis ?

J.-F. Copé : Impressionnante.






femmeactuelle
19 mars 2010
Interview Video sur les Habitudes d’écriture d’Eliette Abécassis
[www.youtube.com]
A l'occasion des 25 ans de Femme Actuelle, Eliette Abécassis nous a reçus chez elle pour nous parler de ces livres préférés. Elle a également expliqué comment et où elle écrit.

ensolmajeur
29 septembre 2009
[www.youtube.com]
Interview Video sur RFI : Après-coup Eliette Abécassis
Elle a le teint berbère, la langue voltairienne, la voix fillette, mais ne vous y trompez pas: son âme Sépharade ressort à des moments inattendus de notre promenade EnSolMajeur...

Rencontre avec Eliette Abécassis
Eliette présente ses 5 livres favoris
[www.youtube.com]

Le nouveau parfum de Guerlain
Entre "Sépharade", un livre témoignage paru chez Albin Michel, et un petit recueil inspiré d’Idylle (parfum créé par Thierry Wasser, présent sur la photo), le nouveau parfum féminin de Guerlain, elle met la beauté en mots.

Se regarder. Le premier miroir ? Le regard de la mère. Je n’aime pas l’idée de me regarder, je ne veux pas tomber dans le mythe de Narcisse. Pour pouvoir m’oublier, il faut que je me sente parfaitement bien. Grâce à un long cheminement avec la psychanalyse, je suis enfin en accord avec mon image. J’ai passé beaucoup de temps dans les bibliothèques à développer ma part intellectuelle. La pratique des arts martiaux, du kung-fu, du karaté, du vélo et du sport en salle, m’a appris la maîtrise du corps. Mais j’ai toujours besoin de me dépenser complètement pour compenser ma principale activité passée derrière un ordinateur.

Vieillir. C’est un bonheur pour un écrivain, on s’enrichit de tout ce qu’on a vécu. “Vivre et témoigner de vivre”, disait Camus. Je viens d’avoir 40 ans, c’est un vrai passage. Après le tumulte de la trentaine où il faut tout tenir en même temps : mariage, enfants, divorce… On est enfin en pleine possession de ses moyens, on peut commencer à respirer.
Transmettre. J’aime cette relation à la féminité, je choisis les habits de ma fille de 4 ans avec elle. Je lui laisse les cheveux longs même si c’est un sacerdoce, entre les poux et les nœuds. Je lui fais même la manucure et la pédicure dont je me prive par manque de temps !
Lifter. Une phrase terrible dit : “On ne se venge pas des femmes, le temps s’en charge.” La médecine esthétique est un formidable progrès dont il ne faut pas se priver. Elle délivre les femmes des inconvénients de l’âge.
Soigner. Les femmes des générations précédentes l’ont bien compris. Comme ma grand-mère – sans une ride jusqu’à 85 ans –, je ne m’expose jamais au soleil. J’applique de la crème hydratante à longueur de journée, il y a des pots partout dans la maison, c’est presque un tic.
Aimer. Comme le parfum Idylle de Guerlain. Ce nom m’évoque le jaillissement d’un amour, avec une certaine légèreté. Je l’ai porté lors d’un rendez-vous. À la fin du dîner, l’homme m’a demandé quel était mon parfum. L’histoire était dite.
Les citations d'Eliette Abécassis
«Un père, lorsqu'il transmet, a le souffle éternel. Les lumières s'incarnent dans ses yeux. Lorsqu'il parle à son enfant, la flamme de l'Histoire ne s'éteint pas, mais s'allume et l'anime.»
[ Eliette Abécassis ] - Mon père

«Tous les hommes ont un père : il faut bien comprendre cela, qui n'est pas une évidence.»
[ Eliette Abécassis ] - Mon père

«Il y a deux types d'hommes : ceux qui cherchent leur père, et ceux qui cherchent à tuer leur père.»
[ Eliette Abécassis ] - Mon père

«Le père a fait naître pour son enfant un compagnon, un ami d'enfance, un frère, qui n'est autre que lui.»
[ Eliette Abécassis ] - Mon père

«On ne peut pas mesurer tout ce qu'un père donne, lui qui disait qu'on ne donne que ce qu'on n'a pas.»
[ Eliette Abécassis ] - Mon père


Eliette Abécassis

Informations personnelles :

Pour écrire ses livres, elle se documente beaucoup, que ce soit par les voyages, les lectures ou en suivant les personnages de ses romans, comme Nathalie et Sonia Rykiel, pour « Mère et fille, un roman ».

Auteur de nombreux romans ("Qumran", "Un heureux événement", "Mère et fille, un roman", "Sépharade", etc...) et essais ("Le corset invisible, "Le livre des passeurs", etc...) ayant remporté un vif succès, elle excelle dans de nombreux genres littéraires.

Reconnue comme l'un des écrivains les plus remarqués de sa génération, Eliette a également rencontré son public dans la création d'ouvrages jeunesse (paru en novembre dernier "Il a tout et moi j'ai rien"), de chansons, de scénarios de films, notamment "Kadosh" d'Amos Gitaï, sélectionné à Cannes en compétition officielle.


Biographie
Il est l’auteur, entre autres, de « La Pensée juive », 4 volumes (LGF, coll. Le livre de poche, 1987 à 1996), « En vérité, je vous le dis. Une lecture juive des Évangiles ». Éditions n°1, 1999, « Judas et Jésus. Une liaison dangereuse », Editions n° 1, 2001, « L'Univers hébraïque. Du monde païen à l'humanisme biblique », Albin Michel, 2003, « Judaïsmes. De l'hébraïsme aux messianités juives », Albin Michel, 2006, et en collaboration avec sa fille, « Le Livre des Passeurs », Robert Laffont, 2007. Il est aussi l’auteur d’un récit autobiographique, « Rue des Synagogues », Robert Laffont, 2008.
Sa mère, Janine Abécassis, professeur de psychologie de l’enfant, est l’auteur de « La voix du père », PUF.
Elle a un frère, Joël, réalisateur et monteur, et une sœur, Emmanuelle, pédiatre.

Elle a récemment publié ses premiers albums pour la jeunesse, «T’es plus ma maman !» et «Je ne veux pas dormir ! » chez Thomas Jeunesse. Un troisième tome vient de paraître fin octobre 2009, «Il a TOUT et moi j'ai RIEN! »

Arriko






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